RELU Relations avec les parents à l`école maternelle

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RELU Relations avec les parents à l`école maternelle
La relation avec les parents d’élèves à l'école maternelle
Il peut paraître paradoxal de s’interroger sur la relation avec les parents d’élèves en
maternelle alors qu’elle paraît bien plus facile qu’en élémentaire sans parler des deux cycles du
secondaire. Certes, en maternelle, la nécessité de remettre chaque enfant à son père, sa mère ou
une personne habilitée favorise les contacts ; le flou qui règne encore en matière d’évaluation dans
beaucoup de classes et, en tous cas, l’absence de notes limitent les occasions de tension. Des
relations spontanément confiantes donc, mais qui gagnent à se développer et s’approfondir en
réponse à l’attente partagée de la réussite scolaire de chaque élève.
Cette réussite scolaire est fortement liée à l’attitude que leurs parents vont construire peu à
peu à l’égard de l’institution scolaire et celle-ci dépend d’une part de leur propre passé d’écolier
qui lui-même conditionne fortement leur place dans la société et, d’autre part, de l’image que leur
renvoie l’école. Or, le premier contact avec l’institution scolaire s’opère avec l'école maternelle, il
s’avère donc essentiel que les enseignants aient réfléchi à l’importance de cette première
rencontre avec un univers dont, de l’intérieur, on ne mesure pas assez l’étrangeté pour certaines
familles.
Quels objectifs une équipe doit-elle se fixer pour instaurer des relations de qualité avec les
parents des élèves de son école ? Quelles modalités doit-elle mettre en œuvre pour atteindre ces
objectifs ?
I. Principes et objectifs
On peut regrouper ces objectifs sous trois principes : il faut que les parents bénéficient d’un
véritable accueil à l’école, qu’ils s’y sentent reconnus dans leur rôle d’éducateurs, qu’ils
s’engagent dans la vie scolaire de leur enfant.
A. Offrir aux parents un véritable accueil
Pour que les parents viennent sans trop de réticences à l’école, il faut d’abord qu’ils y trouvent
leur repères c’est-à dire, qu’ils puissent s’orienter dans les locaux, identifier les acteurs et
comprendre comment ce lieu s’insère dans leur quartier.
1. S’orienter dans les locaux.
Ce qui relève de l’architecture : parking, largeur des couloirs, endroits pour entreposer les
poussettes… échappe à l’équipe enseignante ; toutefois, elle peut souvent améliorer la gestion de
l’espace pour faciliter l’accès aux parents. Il est essentiel que chaque parent repère rapidement la
classe de son enfant, les toilettes, le bureau du directeur et le cheminement à suivre pour s’y
rendre au plus vite. Certains bâtiments modernes offrent des complexités architecturales où on se
perd facilement ; des affichages sous forme de texte ou de photos, des flèches peuvent faciliter les
déplacements à travers des dédales de couloirs, de dégagements.
2. Identifier les acteurs
Dans les petites structures, écoles de trois classes ou moins, il est aisé de repérer qui fait quoi
puisque ATSEM et enseignants ne constituent qu’un groupe de six personnes, parfois un peu plus
avec les temps partiels. Mais dès que les parents scolarisent leur enfant dans une école plus vaste,
la question se pose pour eux de savoir à qui ils s’adressent. Sans connaître la totalité du personnel
de l’école, il est indispensable que tous les parents identifient, le jour de la rentrée, le directeur de
l’école – il peut avoir changé entre l’inscription et la rentrée – et soient en mesure de distinguer
dans les adultes présents les enseignants, le personnel communal et…les autres parents. Le port
d’une tenue réglementaire par les ATSEM facilite l’identification mais il n’est pas imposé partout.
3. Connaître les caractéristiques de l’école où l’enfant va être scolarisé
Les parents doivent savoir si l’école est rattachée à un groupe scolaire ou à plusieurs écoles
élémentaires, si elle s’insère dans un réseau et ce que cela signifie au quotidien pour les élèves. Ils
doivent connaître aussi les modalités de constitution des classes surtout lorsqu’elles prennent
quelque distance avec les traditions de fonctionnement : classes de cycle, PS/GS…
Le projet d’école doit leur être présenté de manière synthétique ; c’est une façon de les
sensibiliser aux priorités que se donnent les enseignants de l’école.
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La relation avec les parents d’élèves à l'école maternelle
La volonté d’offrir un véritable accueil aux parents ne signifie pas que l’école leur appartient,
qu’ils peuvent y venir et y demeurer comme ils l’entendent ; des impératifs de bon fonctionnement
et de sécurité rendent obligatoire une régulation des passages. Par ailleurs, l’organisation de l’école
reste de la compétence des enseignants, des parents ne sauraient intervenir pour l’adapter à leurs
désirs, par exemple choisir la classe et l’enseignant de leur enfant. Notons toutefois que bien des
contestations tombent lorsqu’on s’appuie sur la transparence et une forme de bon sens. Sur la
question sensible de la répartition des élèves, on peut facilement éviter les récriminations de
parents inquiets de voir leur fils de 5ans affecté avec un tout petit groupe de grands dans une
section de moyens ; il suffit de constituer deux classes de moyens/grands.
B. Reconnaître les parents dans leur rôle d’éducateur
Le monde enseignant adopte facilement une attitude ambivalente à l’égard des parents : d’un
côté, on parle de leur « démission », de l’autre, on les juge incompétents quand ils n’ont pas
l’attitude éducative conforme aux attentes de l’école qui souvent d’ailleurs n’ont pas été
explicitées. La première étape dans la construction d’un partenariat avec les parents passe par la
reconnaissance de leur statut d’éducateurs, quels que soient leur origine culturelle, leur milieu
social, leur mode de vie. Tous les parents peuvent aider leur enfant à devenir bon élève, pour les en
convaincre, il faut d’abord en être persuadé soi-même.
1. Manifester la même considération aux parents de tous les milieux sociaux
Bernard Lahire a montré dans Tableaux de familles que c’est avec les parents issus des classes
moyennes que les enseignants établissent les relations les plus constructives. Il l’explique par le fait
que « les relations parents/enseignants suivent les sociabilités sociales ordinaires ». Il peut se créer
entre un enseignant et un parent, proches par leurs goûts, leur culture, de véritables affinités. Elles
se doivent de rester discrètes. Dans le cadre professionnel, l’instauration de rapports privilégiés
avec certaines familles en éloignera d’autres de l’école, celles qui ont le plus besoin de se sentir
reconnues par l’institution scolaire.
De fait, dès l’école élémentaire, les parents issus des milieux populaires viennent moins
spontanément à la rencontre des enseignants, ce qui ne veut pas dire qu’ils se désintéressent de la
scolarité de leur enfant. Il faut donc en maternelle où leur présence est régulière, peut-être plus
forte que celle de parents des classes moyennes plus souvent engagés dans une activité
professionnelle qui les amène à recourir à des gardiennes, les conforter dans leur rôle d’éducateur
en leur manifestant écoute et considération.
2. Respecter cultures d’origine et modes de vie différents
Les remarques qui précèdent prennent encore plus d’importance lorsque l’école accueille une
population issue de l’immigration avec des parents qui ne maîtrisent pas le français et qui
confrontent les enseignants à un mode de vie très différent de notre organisation domestique
occidentale. Face à ces adultes et particulièrement à ces mères souvent en déshérence dans un
monde dont elles comprennent mal les règles, face à une structure, l’école maternelle, qu’ellesmêmes n’ont jamais fréquentée, il convient que l’école fasse un double effort de tolérance et
d’explicitation. L’école ne va pas leur prendre leur enfant, la maîtresse ne va pas se substituer à
elles mais va au contraire s’appuyer sur elles, sur leurs compétences de mère.
Il est possible de surcroît d'orienter certains parents vers des structures associatives qui vont
les aider à s’intégrer et principalement à apprendre notre langue mais il faut avoir en tête qu’une
telle démarche exige de la part des personnes concernées une autonomie voire une assurance qui
ne se bâtit pas du jour au lendemain.
3. Valoriser ce que les parents apportent à leur enfant
Le souci de promouvoir des pratiques culturelles d’accompagnement à la scolarité –lecture
d’albums, fréquentation de musées…- conduit parfois à négliger des apports familiaux d’une autre
nature que l’on rencontre fréquemment dans beaucoup de foyers : jeux physiques entre enfants et
parents, préparation de repas, courses au supermarché… Il faut reconnaître ces moments où les
parents partagent une activité avec leur enfant, éviter que le caractère prosaïque de celle-ci ne la
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prive abusivement, aux yeux de ceux-là mêmes qui la pratiquent, de toute légitimité éducative.
L’école doit aider les parents à se sentir fiers de ce qu’ils communiquent à leurs enfants.
Admettre les différences de modes de vie, valoriser les spécificités de chaque culture ne peut
cependant pas conduire au relativisme absolu et à une réglementation à la carte. A l’école, nul ne
saurait bafouer les principes républicains en particulier en matière de laïcité et d’égalité des sexes.
C. Favoriser l’engagement des parents dans la réussite de leur enfant
La quasi-totalité des parents attachent de l’importance à l’école et souhaitent que leur enfant
y réussisse mais un trop grand nombre d’entre eux, faute de comprendre les règles de ce monde qui
leur reste étranger soit parce qu’ils ne l’ont pas fréquenté dans leur enfance soit parce qu’ils y ont
échoué eux-mêmes, adoptent, dès les premières interrogations face à la scolarité de leur enfant,
une attitude qui, quelle que soit la forme extérieure qu’elle revêt, résignation ou agressivité, borne
les progrès de leur enfant. Il importe donc que les parents se construisent une vision juste de
l’école, de son mode de fonctionnement, de ses contraintes mais aussi qu’ils perçoivent tout ce que
l’école va apporter à leur enfant et qu’ils se persuadent que leur enfant va y réussir.
1. Construire une vision juste de l’école
Un enfant qui entre à l’école maternelle à trois ans débute là un long parcours qui obéit à
certaines règles que les enseignants ont à ce point intériorisées qu’ils ne voient plus toujours
l’intérêt de les expliciter sauf quand une organisation locale les amènent à les modifier.
À l’école les enfants sont regroupés par classe selon leur âge. Ils ont un enseignant, parfois
deux pour chaque année scolaire, du moins en milieu urbain car en zone rurale un enseignant peut
garder les mêmes élèves plusieurs années. Dans la classe, intervient aussi une ATSEM souvent toute
la journée en section de petits. Il n’est pas toujours aisé pour des parents « débutants » de bien
comprendre le rôle de ces deux adultes.
L’école maternelle n’est pas obligatoire, mais quand un enfant y est inscrit, il doit y venir
régulièrement, ce qui lui permettra de bien s’adapter et y arriver à l’heure même si avec des toutpetits on peut accepter une plus grande souplesse en matière d’horaire.
Les enseignants suivent des programmes dont il faut savoir présenter les grandes lignes sans
jargonner.
2. Mettre en avant tout ce que l’école va apporter à l’enfant
On ne saurait présenter les contraintes de cette première scolarisation sans insister sur les
spécificités de l’école maternelle. Il est indispensable de rassurer les parents surtout si on leur tient
un discours d’exigence. On ne va pas « dresser » leur enfant mais contribuer à son éducation,
compléter celle que donnent les parents.
À l'école maternelle, on consacre beaucoup de temps à des activités non-scolaires qu’on
qualifie d’informelles : les élèves apprennent à enlever leurs vêtements d’extérieur, à ranger leur
matériel… Il y a des temps de repos, de sommeil pour les plus jeunes. De nombreux apprentissages
passent par le jeu, par des activités en apparence gratuites.
Il faut dire aux parents qu’ils vont voir leur enfant changer même s’il n’est pas capable de
raconter ce qu’il fait à l’école, même s’il n’a pas beaucoup de traces écrites à leur présenter.
3. Convaincre les parents que leur enfant va réussir
Certains parents ne se posent pas la question : la réussite scolaire fait partie des traditions
familiales. D’autres, de par leur histoire, de par les parcours chaotiques de leurs aînés, sont déjà
prêts à envisager les difficultés scolaires voire l’échec futur d’un enfant de trois ans.
Il ne faut absolument pas les laisser s’installer dans cette vision déterministe. Aucun élève
n’est programmé pour échouer à l’école mais un regard désabusé du parent peut conditionner de
manière négative un jeune enfant. Les enseignants ont donc à charge de valoriser les enfants auprès
de leurs parents, de signaler leurs progrès, d’attirer l’attention sur les compétences qu’ils ont
construites au fil des mois. Le premier devoir que nous avons à l’égard des enfants qui nous sont
confiés c’est de mettre tout en œuvre pour que leurs parents aient foi en eux.
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Certains élèves ne réussiront pas comme nous le souhaitons à l’école. Il ne s’agit pas de nier
leurs difficultés ce qui nous dispenserait de les aider à les surmonter. Les parents doivent être
informés de la situation en temps voulu mais toute alerte doit se préoccuper de les mobiliser et non
de les décourager.
II. Modalités pratiques
L’instauration d’un partenariat de qualité avec les parents d’élèves suppose, surtout dans des
secteurs où la culture scolaire leur est largement étrangère, un travail de longue haleine que des
incidents malheureux peuvent parfois remettre brutalement en cause. On évoquera ici les temps
forts quasi institutionnels de ce parcours, puis le quotidien avant de suggérer des actions plus
ambitieuses qui donnent des résultats tangibles mais exigent une implication forte de toute
l’équipe.
A. Les temps forts
La confiance que les parents doivent accorder à l’école ne se décrète pas ; elle se construit au
fil la vie scolaire de leur enfant. Néanmoins, les premiers contacts avec l’institution créent un
terreau plus ou moins favorable aux relations qui vont se construire. Les équipes doivent être
sensibilisées à l’importance de ces moments forts : l’inscription d’abord, la journée de rentrée
ensuite et enfin la désormais traditionnelle réunion des parents en début d’année.
1. L’inscription et la visite de l’école
Il faut faire une différence entre les parents qui changent un enfant d’école suite à un
déménagement et une première scolarisation, a fortiori d’un enfant unique ou d’un aîné.
Dans le cas d’un changement d’école, le directeur aura à faire à des adultes qui connaissent
déjà le fonctionnement d’une école maternelle, l’entretien portera donc essentiellement sur les
particularités de l’école dont il a la charge. Avec des parents qui inscrivent leur premier enfant, il
faudra aborder avec plus d’insistance tous les aspects réglementaires.
Cela dit, dans tous les cas, il faut absolument proscrire tout accueil sur un coin de table et
consacrer un temps minimum à la réception des parents de chaque enfant, l’importance de ce
premier contact n’étant plus à démontrer. On ne saurait trop recommander que le futur élève
assiste à cet entretien qui le concerne directement et qui lui permettra de voir son école.
C’est le moment d’aborder les aspects relatifs au fonctionnement de l’école maternelle.
Certaines équipes ont élaboré un petit livret à remettre aux parents lors de l’inscription ; il porte
sur l’école maternelle en général et leur école en particulier. C’est une bonne initiative à condition
qu’on se limite à un format réduit - un recto-verso en A4, format paysage sur deux colonnes semble
un maximum. Les familles ne maîtrisant pas la langue française s’appuieront sur cet écrit pour une
ré-explication et une traduction par des personnes de leur choix, parents et voisins ou autres
familles de l'école partageant la langue d'origine. On peut signaler également des livrets présentant
le système éducatif français et édités en de nombreuses langues par les CASNAV.
Il faut aussi évoquer des questions plus délicates particulièrement en cas de séparation
parentale.
La visite de l’école ne peut pas toujours avoir lieu au moment de l’inscription mais elle doit
intervenir avant la rentrée. Il est possible d’inviter tous les nouveaux parents à une visite commune
et une rencontre de l’équipe enseignante en fin d’année scolaire. Néanmoins, dans les quartiers
sensibles, mieux vaut, même si c’est contraignant, privilégier les visites individuelles et veiller à
présenter toutes les personnes rencontrées alors.
2. Le jour de la rentrée
Si l’accueil des parents revêt une importance capitale lors de la première rentrée scolaire de
l’enfant, on ne peut pour autant le négliger au-delà car c’est souvent à ce moment là que les
parents vont construire leur première impression de l’enseignant de leur enfant, impression qui
peut s’avérer lourde de conséquences pour le climat dans lequel va se dérouler l’année.
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L’enseignant accueille les parents dans sa classe puis demande avec gentillesse mais fermeté
de sortir et de ne pas revenir pour un dernier bisou, ni un petit coucou en particulier en petite
section où il faut rassurer les parents et relativiser les larmes des enfants. En revanche, ne pas
hésiter à demander aux parents d’être à l'heure à la sortie en précisant qu’il ne s’agit pas pour
l’enseignant de se débarrasser au plus vite des élèves mais que ceux qui attendent alors que la
classe se vide progressivement peuvent alors vraiment s’angoisser.
En PS ou si l’on est nouveau dans l’école, expliquer que l’on ne les aura pas tous identifiés ou
associés à un enfant le jour-même et qu’on sera peut-être amené, par sécurité, à leur demander un
papier d’identité.
En fin de journée, malgré la fatigue, se montrer souriant, satisfait de ce premier contact avec
ses nouveaux élèves. Donner le sentiment que chaque enfant a été reconnu et qu’il a bien vécu sa
première journée de classe.
3. La réunion de début d’année
Fortement ritualisée, la réunion de début d’année se révèle incontournable pour les
enseignants ; en revanche, les parents ne s’y rendant, selon les quartiers, qu’en minorité, il ne faut
pas trop en attendre pour instaurer avec eux des relations de confiance.
La réunion aura lieu très probablement dans la classe ce qui n’offre pas les meilleurs conditions
de confort pour des adultes mais leur permet au moins de bien observer le local dans lequel les
élèves passent la journée.
Il serait souhaitable que l’ATSEM soit là, du moins au début ce qui permettra de la présenter
officiellement aux parents qui souvent connaissent son rôle. Préciser au besoin quand elle intervient
sur deux classes, où s’il y a des contraintes particulières. Evoquer l’Auxiliaire de Vie Scolaire tout en
restant prudent sur sa fonction ; parler d’une aide complémentaire.
La réunion se poursuit avec la présentation de la classe, de l’emploi du temps de la journée, du
projet de classe quand on en a élaboré un. Il n’est pas inutile de revenir sur les contraintes dues au
nombre, à la sécurité même si elles ont déjà été évoquées lors de l’inscription. On peut aussi, selon
le secteur, dire un mot sur l’environnement de l’école et les actions à destination des familles dont
les cours d’alphabétisation.
Selon la section où l’on enseigne, on doit attirer l’attention des parents sur des points
particuliers. L’enfant de PS n’est pas capable de raconter sa journée ; en outre il n’y aura
quasiment pas de traces écrites : les parents peuvent avoir le sentiment qu’on ne fait rien en
classe ; ils ne doivent pas hésiter à venir rencontrer l’enseignant. L’élève de MS est souvent à l’aise
à l’école, il parle volontiers de sa journée mais il peut fabuler. Il y aura des traces écrites mais elles
ne donnent qu’une image réductrice de la classe. Le « grand » n’a quand même que 5 ans. Il faut le
préparer à l’autonomie, moins l’assister mais limiter la pression sur lui.
L’enseignant doit profiter de ce moment pour exposer ses attentes à l’égard des parents en
termes pratiques (participation à l’encadrement de sorties, fourniture de matériel de
récupération), pédagogiques (oreille attentive aux comptines, chants appris en classe, feuilletage
des albums prêtés par l’école) voire déontologiques (pas de critique de l’enseignant devant les
enfants, pas de conflits entre adultes : parents, conjoints, voisins au sein de l’école).
Il faut aussi aborder quelques points sensibles relatifs à la communication avec les parents.
L’accueil du matin constitue un temps d’apprentissage important pour les élèves ; l’enseignant ne
peut se rendre alors disponible pour les parents. Les échanges à brûle-pourpoint au moment de la
sortie ne permettent pas de parler sérieusement de l’attitude d’un enfant en classe ; mieux vaut
prendre un rendez-vous un soir après la classe ce qui permettra à l’enseignant de préparer les
divers documents à montrer au parent.
Un dernier mot : comment s’exprimer ? L’enseignant doit se rendre compréhensible tout en se
posant en professionnel, ce qui suppose un usage modéré du jargon « éducnat ». Il doit surtout
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s’adapter à ses interlocuteurs ce qui peut s’avérer délicat, dans le contexte de cette réunion, face
à un public parfois très hétérogène, la maternelle restant un lieu de mixité sociale.
B. Le quotidien
Les parents d’élèves gardent souvent la nostalgie des relations tissées au jour le jour avec les
enseignants en maternelle qu’ils voient beaucoup plus facilement que leur homologues de l’école
élémentaire. Toutefois, des difficultés apparaissent quand il faut passer d’une communication entre
deux portes à un véritable échange professionnel ou quand surgissent des tensions susceptibles de
dégénérer.
1. Quelques recommandations générales
L’enseignant incarne l’institution, ce qui doit se traduire par sa tenue vestimentaire et sa
posture corporelle. S’habiller avec soin ou au moins convenablement, se tenir de manière correcte,
c’est marquer de la considération aux parents.
Par ailleurs, les parents doivent pouvoir parler aux enseignants. Il faut donc que ces derniers
organisent leur vie personnelle de manière à se rendre disponibles certains soirs de la semaine et
veillent à ce que l’ATSEM ne fasse pas écran entre les parents et eux-mêmes.
Avec les parents comme avec les élèves, il faut proscrire toute vulgarité et limiter l’emploi
d’une langue relâchée et le recours aux expressions trop familières, ce qui n’est en rien
contradictoire avec la nécessité de se faire comprendre.
Au quotidien les relations avec les parents doivent garder un caractère convivial tout en se
professionnalisant. Il convient de limiter les échanges en début de journée à des informations
ponctuelles. Voir l’enseignant accaparé par un petit groupe d’élèves, suffit souvent à dissuader des
bavards de s’incruster. Le soir, à ceux qui posent des questions sur le pas de la porte, ne donner que
des informations positives ; ne pas se laisser entraîner à parler d’un enfant alors que d’autres
parents se trouvent à proximité.
2. Les rendez-vous
Ils peuvent avoir lieu à la demande de l’enseignant ou du parent. Il faut les préparer et
disposer d’éléments objectifs pour étayer son propos : productions de l’élève, grilles d’observation,
portefeuille de compétences… Les parents sont reçus dans la classe et, sauf situation
particulièrement tendue, en tête-à-tête avec l’enseignant.
L’entretien doit se centrer sur « ce que fait l’enfant », sur « ce qu’on attend de lui » plutôt que
sur « ce qu’il est » voire sur les problèmes que rencontre sa famille. Certains parents en souffrance
risquent d’aborder des sujets connexes, difficultés économiques, conjugales…mieux vaut ne pas
entrer dans un échange de cette nature -l’école n’a pas le pouvoir de tout régler- et suggérer
d’autres lieux d’écoute à l’adulte en veine de confidences. Fixer la durée de l’entretien en
l’annonçant au début ou en indiquant l’heure d’un autre rendez-vous peut limiter ce type de
débordement ; malgré tout, il s’agit d’une rencontre humaine, on ne peut totalement la cadrer.
Deux recommandations : aussi forts que soient ses talents de persuasion, l’enseignant doit se
préparer à ne pas être entendu et surtout, attention quand on signale des difficultés, ne jamais
laisser penser aux parents que les jeux sont faits.
3. Les situations d’urgence
Il paraît souhaitable de recevoir les parents au calme lors de rendez-vous fixés en toute
sérénité et préparés mais s’imaginer que tous vont se plier à cette forme de communication et
accepter la frustration que constitue le report d’un échange au jour ou à la semaine suivante relève
d’une vision pour le moins irénique des relations entre adultes.
Lorsqu’un parent arrive dans la classe dans un état d’énervement manifeste voire
d’exaspération, on ne peut lui proposer calmement un rendez-vous en consultant son agenda. Il faut
accepter de le recevoir sur l’heure, le lui dire mais prendre le temps de s’écarter du groupe. Quand
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la tension semble très forte, mieux vaut, autant que possible, se faire assister d’un collègue surtout
si on sait que le parent agressif entretient des relations de confiance avec un membre de l’équipe.
Si le conflit oppose deux parents qui en viennent à échanger insultes ou même coups au sein de
l’école, il faut éloigner les élèves puis rappeler les adultes au respect du lieu et des enfants et, si
on ne parvient pas à les ramener à la raison, demander l’assistance des forces publiques.
C. Quelques pistes d’action
Des équipes d’enseignants confrontés à l’hostilité larvée d’une minorité importante de parents
ou simplement soucieux d’instaurer des relations de meilleure qualité avec les familles ont opté
pour une politique volontariste de communication avec les parents et ont réfléchi à d’autres formes
d’action pour bâtir un partenariat authentique.
1. La rencontre individualisée de chaque famille en début d’année
Ce procédé vise à établir une relation de confiance entre l’enseignant et les parents de chacun
de ses élèves, particulièrement dans les quartiers où ces derniers répugnent à participer à des
réunions. L’enseignant consacre un moment à chaque famille qui veut bien répondre à son invitation
avant qu’il y ait le moindre problème.
C’est très gourmand en temps mais efficace sur le moyen terme. Les équipes qui ont fait ce
choix notent toutes une amélioration du climat, un règlement plus apaisé des incidents quotidiens
même si cette action se révèle sans effet sur certaines familles qui d’ailleurs souvent s’abstiennent
d’honorer les rendez-vous.
Cette manière d’instaurer la communication avec les parents est à retenir en élémentaire où il
est encore plus difficile de rencontrer l’ensemble des parents.
2. Les journées portes ouvertes
Il s’agit d’inviter les parents selon des modalités à définir à venir voir comment se déroule la
journée de leur enfant à l’école. Cette action poursuit un triple objectif : d’abord rassurer les
parents inquiets, ensuite montrer la qualité et l’importance du travail conduit en maternelle, et
enfin contribuer à leur requalification en leur donner des idées d’activités ludiques à poursuivre
chez eux.
Ces journées sont souvent plébiscitées par les parents. Elles restent très lourdes à organiser et
à planifier dans l’année car il faut définir le nombre de parents accueillis chaque fois, leur
expliquer l’attitude qu’on attend d’eux, prévoir des temps d’explicitation. Ajoutons qu’elles
doivent se vivre à l’échelle de l’école sans que pour autant un directeur ou un groupe de collègues
ne fassent pression sur des collègues réticents à ouvrir leur classe aux parents.
Certaines équipes, conscientes des contraintes posées par les journées portes ouvertes,
préfèrent recourir à des vidéo tournées pendant la classe et projetées lors de réunion. Outre qu’il
faut passer par la gestion d’outils techniques que tout le monde ne maîtrise pas, le résultat déforme
souvent le réel et la projection, sauf film présentant un moment exceptionnel comme un carnaval
ou une classe transplantée, ne mobilise pas les parents avec la même efficacité que l’ouverture des
classes.
Les expositions de travaux d’élèves répondent-elles à ce souci de rapprocher les parents de
l’école ? Il est vrai que beaucoup de familles se déplacent à cette occasion. Quand ces expositions
présentent l’aboutissement d’un projet annuel auquel les parents ont été au moins en partie
associés, lorsque les enseignants prennent la peine d’expliquer avec leurs élèves les modalités de
réalisation des objets exposés, on se trouve tout à fait dans cette logique. Ce n’est
malheureusement pas toujours le cas. La volonté de présenter aux parents des objets réussis
conduit parfois à privilégier le produit fini au processus d’apprentissage. Rappelons qu’il n’est pas
acceptable de vendre aux parents les réalisations de leur enfant et que cette manière de procéder
peut aboutir au résultat inverse : des parents fuyant l’exposition de crainte d’avoir à sortir leur
porte-monnaie.
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3. Un livret scolaire plus explicite
L’évaluation régulière des élèves constitue pour les enseignants une nécessité pédagogique. On
ne peut concevoir un enseignement sans se préoccuper de son impact sur les élèves, sans
s’interroger sur les compétences que chaque élève a construit ou est en train de construire.
L’obligation de rendre compte aux parents de cette évaluation est d’un autre ordre ; elle pose
des problèmes d’une nature différente. Comment communiquer une trace écrite de l’évaluation qui
n’évoque que les compétences acquises ? Comment utiliser un support identique pour tous les
élèves sans risquer d’en dévaloriser certains aux yeux de leurs parents ? Comment faire de
l’évaluation un vecteur de communication avec toutes les familles ?
Sur ce dernier point, il faut bien reconnaître qu’on se heurte en maternelle à une véritable
difficulté car on doit impérativement parler en termes de compétences or celles-ci, très loin de la
représentation scolaire des parents aboutissent à des énoncés totalement abscons – « accède au
langage d’évocation » ou « effectue de petites collections » - pour la quasi totalité des parents. Il
faut donc agir dans deux directions : la remise aux parents en mains propres des supports
d’évaluation et des travaux réalisés, qui permet l’explicitation et l’élaboration d’un outil plus
accessible surtout pour des parents qui ne lisent pas le français. Des équipes ont travaillé dans ce
sens et ont construit des supports à base de photographies ou de dessins qui sans donner entière
satisfaction, offrent quand même de réels progrès en matière de lisibilité.
III.
Conclusion
La manière dont les parents s’engagent dans la scolarité de leur enfant conditionne fortement
la réussite de celle-ci. Les adultes qui ont fréquenté notre école, qui ont pu profiter de
l’enseignement qui leur était dispensé et qui en sont sortis nantis des savoirs attendus perçoivent
certes l’entrée de leur enfant en petite section de maternelle comme une étape importante mais
ne l’envisagent pas avec trop d’appréhension. Pour d’autres adultes, ceux qui connaissent mal notre
système scolaire ou qui y ont eux-mêmes vécu l’échec, le premier contact de leur propre enfant
avec le monde scolaire est vécu différemment : séparation angoissante d’avec la mère et plongée
dans un univers hostile inutilement contraignant.
Tous les parents ont besoin d’être rassurés sur ce qui attend leur enfant à l’école mais certains
plus que d’autres car leur passé comme leur présent les inclinent à penser que la partie est déjà
jouée et qu’ils doivent se borner à espérer que leur enfant ne soit pas trop malheureux à l’école. Ce
ne sont pas des parents démissionnaires mais démunis. L’instauration d’un partenariat éducatif avec
les parents ne peut se limiter à la circulation d’informations ; elle doit se fixer pour objectif la
requalification de tous les parents et particulièrement de ceux qui risquent d’oublier qu’ils
disposent, comme les autres, des compétences pour aider leur enfant à devenir bon élève.
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