Revue de presse février 2016

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Revue de presse février 2016
Maghreb février 2016
Table des matières
NEA -: 08 01 2016
Les attentats de Paris, un an après : une européisation de l’humanité !
Un an après les attentats de Paris ne perdons pas de vue qu’ils ont également (et
principalement) été perpétrés contre les valeurs de l’Europe et dans la lutte contre le
terrorisme, ces valeurs ne peuvent être mises en péril.
The Economist – Jan 30th, 2016
Foreign students
Train ’em up. Kick ’em out
Shrewd governments welcome foreign students. Stupid ones block and expel them
The Economist – Jan 30th, 2016
International students
Brains without borders
As Australia and Canada seek to attract more foreign students, America and Britain could
lose out
The Economist – Jan 30th, 2016
France’s missing refugees
Non, merci
Migrants are streaming into Germany, but few are interested in France
The Economist – Jan 30th, 2016
Value shoppers
Europe promised a principled foreign policy. Now it is desperate for quick deals
The Economist – Jan 30th, 2016
Marriage and migration
For richer, not for poorer
Raising the bar for migrant spouses has worked, at a cost
PanoraPost - 06 février 2016
Retour sur l’affaire Loubna Abidar, par Nadia Lamlili (Jeune Afrique)
Cela fait presque dix mois que cette polémique dure. Dix mois que les torrents de la haine se
déversent sur les réseaux sociaux et autres canaux d’informations adeptes d’un
sensationnalisme de bas étage.
PanoraPost - 06 février 2016
Tayeb Seddiki, ce géant de la culture marocaine, est mort
Le dramaturge prodige de la scène culturelle marocaine, Tayeb Seddiki, est mort ce
vendredi 5 février, à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie. Il aura marqué son
temps par son charisme, sa créativité et son panache. La culture marocaine perd un de ses
grands.
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El Watan - 08.02.16
Crise économique et poussée démographique
Risque d’explosion du chômage des jeunes
Même si le taux de chômage a enregistré une baisse chez les diplômés de l’enseignement
supérieur en 2015, passant de 16,1% en 2014 à 14,1% en 2015, les jeunes sont de plus en
plus confrontés au risque du chômage.
El Watan - 08.02.16
La population en âge de travailler s’accroît
L’emploi soumis à la pression démographique à moyen et long terme
Trouver des emplois pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail constituera à coup
sûr un casse-tête pour les futurs gouvernements.
PanoraPost - 08 février 2016
Entretien - Le Maroc, ce nouveau converti à la finance islamique
Fin novembre 2014, après plus de deux années d’attente, le projet de loi autorisant
l’implantation des banques islamiques est adopté à Rabat. Sous l’impulsion du chef de
gouvernement Abdelilah Benkirane, ce projet définit le statut des banques islamiques au
Maroc et précise les produits qui pourront y être commercialisés.
PanoraPost - 08 février 2016
Le jeune Safiote emprisonné pour dénonciation de malversations libéré sous la
pression des réseaux (vidéo)
Les réseaux sociaux sont de plus en plus puissants car mobilisateurs, et ils sont
mobilisateurs car la justice et l’intégrité sont recherchées par tous. C’est ainsi et pour cela
que le jeune Abderrahmane a été libéré ce mardi 8 février da la prison où il avait été envoyé
en fin de semaine dernière dans l’attente de son jugement. Il était devenu « le héros de la
vidéo de la route », comme on l’appelle depuis quelques jours.
PanoraPost - 09 février 2016
Hajj 2016, les dotations sont fixées par l’Office des changes
L’Office des changes vient d’annoncer le plafond des dotations réservées aux futurs pèlerins
à La Mecque pour l’opération Hajj 2016, qui se tiendra vers la moitié du mois de septembre
prochain. L’Office en a avisé le Groupement des banques du Maroc (GPBM). Les détails.
PanoraPost - 09 février 2016
Diplomatie de combat au Maroc,
« On ne croit qu’en ceux qui croient en eux », disait Talleyrand, diplomate chevronné qui
avait servi plusieurs rois dans la France du 19ème siècle. Le Maroc croit de plus en plus en
lui, et il vient, en la personne de son chef d’Etat, de désigner quelques 70 ambassadeurs,
changeant d’un coup plus que les deux tiers de son corps diplomatique à l’étranger. Une
première nationale, et certainement mondiale, hors révolutions et coups d’Etat. Pourquoi le
Maroc a-t-il fait cela, comment, qui ? Essai de décryptage en 3 enjeux, servis par 3 groupes
d’ambassadeurs, avec 3 remarques subsidiaires.
PanoraPost - 09 février 2016
UE- MAROC : Reprenez ces Marocains que je ne saurais voir…
"Un impératif humanitaire. Ni plus ni moins", c’est en ces mots qu’Angela Merkel définissait
la politique d’accueil des migrants à l’automne dernier. Avant de renchérir par son
expression fétiche « Wirschaffendas ! », traduit littéralement par « nous y arriverons » ! A
cette époque, des milliers de migrants affluaient en Méditerranée, fuyant notamment les
conflits en Syrie ou en Irak au péril de leur vie.
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Media24 – 9/2/19
FMI: Les banques marocaines vulnérables aux risques de concentration du crédit
Evaluant la stabilité du système financier dans son ensemble, le Programme d’évaluation du
secteur financier (PESF) du FMI note que le système financier marocain a grandi en taille et
en complexité et insiste sur les liens plus étroits entre la banque et l’assurance, ainsi que sur
l’expansion significative du secteur en Afrique subsaharienne. Détails.
The Economist – Feb 6th, 2016
A plan for Europe’s refugees
How to manage the migrant crisis
A European problem demands a common, coherent EU policy. Let refugees in, but regulate
the flow
The Economist – Feb 6th, 2016
Briefing
Europe’s migrant crisis
Forming an orderly queue
Europe desperately needs to control the wave of migrants breaking over its borders. This is
how to go about it
Schengen’s economic impact
Putting up barriers
A permanent reintroduction of border controls would harm trade in Europe
The Economist – Feb 6th, 2016
Bagehot
Sadiq Khan’s road to power
A cosmopolitan Muslim is set to become London’s next mayor
ASK Sadiq Khan for a case study and he gives you seven. Having casually inquired of
London’s would-be mayor whether he draws on any particular international example,
Bagehot was bombarded with the municipal merits of Detroit, New York, Chicago, Houston,
Paris, Berlin and Los Angeles
TelQuel 11/02/2016
Energies renouvelables. Le Maroc se dote d’une des plus grandes centrales solaires
au monde
La première tranche d’une installation produisant de l’électricité à partir des rayons du Soleil
vient d’être inaugurée dans le désert marocain. Le pays fait ainsi un gigantesque premier
pas dans l’univers des énergies renouvelables.
Al-Ahram HEBDO - Semaine du 3 au 9 février 2016 - Numéro 1112
La Laïcité, l'éducation et l'enseignement
Le terme « laïcité » a, dans le monde oriental et surtout islamique, une très mauvaise
réputation. En fait, il y a une grande différence entre la laïcité politique et la laïcité
existentielle.
Le Soir.be - 15/02/2016
Chaque lundi, « Le Soir » publie, ainsi que ses partenaires de LENA, une chronique, une «
lettre d’Europe ». Pour cette première publication, c’est Roberto Saviano, l’écrivain italien,
auteur du bestseller « Gomora », qui tient la plume.
S’en prendre aux flux financiers plutôt qu’aux flux de réfugiés
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El Watan - Lundi 15 février 2016
Rencontre autour d’un livre collectif sur l’Algérie
La démocratie mise à mal par le populisme et la rente
L’économiste et professeur à l’université de Béjaïa Mourad Ouchichi, le journaliste et écrivain
Amar Ingrachen, le penseur et écrivain Mohamed-Lakhdar Mouagal et l’ancien ministre de
l’Enseignement supérieur et ex-député FFS Abdeslam Ali-Rachedi, quatre des seize auteurs
du livre collectif Quelle transition démocratique pour quelle Algérie ?
El Watan - Lundi 15 février 2016
Salon du chocolat et de la confiserie
Habel Mohamed, confiseur : « les chocolatiers et confiseurs se font très rares en
Algérie »
Il s’appelle Habel Mohamed, il est confiseur de métier depuis 44 ans. Sa passion : le
chocolat. Il déplore le manque de mains d’œuvre pour ce métier. Nous l’avons rencontré au
salon du chocolat et de la confiserie qui se tient actuellement à Alger.
El Watan - Lundi 15 février 2016
Importations en hausse, exportations dérisoires : Comment en est-on arrivé là ?
La voie royale des importations
Plus de 50 milliards de dollars d’importations, des marchandises sans valeur commerciale,
des domiciliations bancaires sans contrepartie, des importateurs bidon, et des milliards de
dollars en transferts illégaux.
Exportations : Le parcours d’obstacles
El Watan - Lundi 15 février 2016
Brahim Guendouzi . Professeur en économie, spécialiste en économie internationale
«Le schéma organisationnel de nos ministères est dépassé par l’ampleur des défis»
On répète souvent que l’acte d’importer est plus facile que celui d’exporter. Est-ce une
question de réglementation, de mentalité ou de volonté politique ?
Quid.ma - fév, 11
Dîtes moi, maître, c’est quoi « le vivre-ensemble »
Le maître croyait pouvoir répondre aisément à son élève curieux des choses de la vie.
Quid.ma - fév, 12
22è édition du Festival des musiques sacrées du monde : Les « femmes fondatrices »
à l’honneur
La 22ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde sera organisée du 6
au 14 mai avec un hommage spécial dédié aux « Femmes fondatrices », qui ont toujours
marqué de leurs empreintes l’Histoire du royaume
El Watan - Vendredi 19 février 2016
Migrants subsahariens en Algérie : 68% sont en situation irrégulière
Dans le cadre de la célébration, hier, de la Journée maghrébine de l’enfant, les résultats
d’une enquête sur la situation des enfants migrants ou issus de la migration subsaharienne
en Algérie ont été présentés.
Nouvelobs - 18-02-2016
La gauche dans le piège de Cologne
La polémique ne faiblit pas après les agressions de Cologne survenues le 31 décembre
dernier. Tandis que la crise des migrants déchire les pays européens, l’écrivain Kamel
Daoud, violemment interpellé après sa tribune parue dans "le Monde", déclare vouloir arrêter
le journalisme.
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Quid.ma - fév, 19
« Le Maestro » s’est éteint
Moha Oulhouceine Achibane n’est plus
Quid.ma - fév, 18
Les entreprises Marocaines, invitées à adhérer à l’Identifiant Commun
La CGEM a lancé le projet de l’ « identifiant commun » de l’entreprise il y a plus d’un an.
Pourtant 550 000 entreprises seulement parmi les 1,4 millions ciblées ont fait parti de ce
projet. Le reste ne s’est pas encore aligné à ses directives, a écrit Al Akhbar dans son édition
du 18 février
Quid.ma - fév, 18
Logistique : Le Maroc se dote d’un projet de plateforme en côte d’ivoire
Dans le cadre du renforcement de sa politique d’exportation de fruits et légumes vers
l’Afrique de l’ouest, le Maroc compte se doter d’une plateforme commerciale et logistique en
Côte d’ivoire grâce à un partenariat public privé (PPP)
El Watan - Samedi 20 février 2016
Selon une enquête de médecins du monde
Un tiers des migrants subsahariens sans identité
L’Algérie, terre d’accueil pour des milliers de réfugiés, notamment subsahariens, offre-t-elle à
ce flux de personnes un cadre de vie meilleur que dans leur pays d’origine ?
El Watan - Samedi 20 février 2016
Prévention de la délinquance en Algérie : Au-delà des mots !
Depuis quelques années, les expressions «prévenir la délinquance», «guerre contre le
crime», «la sécurité est l’affaire de tous», ou encore «lutte contre la délinquance» sont
devenues des thèmes tellement galvaudés qu’ils ont perdu toute consistance, parfois toute
crédibilité. Le mot est dit, mais la pratique, une meilleure pratique, tarde à voir le jour.
El Watan - le 17.10.15
France-Immigration
La théorie du «grand remplacement» balayée par l’Insee
Il n’y a pas de hordes d’immigrés en France et la théorie de remplacement n’est que
fabulation. C’est ce qui ressort d’une enquête large et bien fouillée réalisée par l’Institut
national des études sociales et économiques français (Insee) entre l’année 2006 et 2013.
Cette enquête démographique a non seulement révélé que le nombre d’émigrés en France
reste stable, mais décline parfois.
L’Orient-Le Jour - Dimanche 21 février 2016
Les princes de sang-mêlé
Y a-t-il pire que l'ostracisme ? Oui. Le racisme envers les enfants de ses enfants, son propre
sang, son propre peuple.
Parlons peu, parlons bien. L'octroi de la nationalité libanaise devrait se faire sinon
naturellement, du moins par simple demande dès lors qu'un des deux parents est de
nationalité libanaise et qu'on en exprime le désir. Avec un père libanais et une mère
française, je suis comme Maya, une « princesse de sang-mêlé ». À part ma nationalité, je ne
vois, moi, aucune différence entre Maya et moi.
Le Soir.be - dimanche 21 février 2016
Carlo Strenger: "Toute croyance peut parfaitement être critiquée voire considérée
comme absurde"
Stop à la dictature du respect universel et du politiquement correct ! Il est urgent de retrouver
notre esprit critique. Car tous les systèmes de pensées ne se valent pas. Et attaquer les
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opinions et cultures d’autrui n’est pas interdit. Strenger prône un mépris civilisé pour les
intolérances. Sinon c’est l’extrême droite qui occupera tout le terrain. Interview.
PanoraPost - Publié le 22 février 2016
L’administration de la Mission française épinglée par le ministère français du Budget
Les associations des parents d’élèves auraient-elles finalement raison de dénoncer les
inexactitudes et les approximations de la gestion financière de l’AEFE ? Probablement, car
cette gestion est épinglée par un courrier du ministère français du Budget, à Bercy, adressé
à la Directrice de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, et dont PanoraPost
s’est procuré une copie. De plus, un autre courrier a été adressé par l’agent comptable du
lycée Descartes aux parents d’élèves, ouvrant la possibilité d’un paiement directement en
France pour les prestations effectuées au Maroc.
PanoraPost - Publié le 22 février 2016
Quand le « Nation Branding » devient une priorité de l’État, par Khalid Baddou
Le Maroc est en train de renforcer son capital immatériel avec une nouvelle composante, qui
pourra devenir dans le futur une pièce maitresse dans la mise en place de sa stratégie
« Nation Branding ».
Le Monde - 19.02.2016
Le Maroc enterre trente ans d’arabisation pour retourner au français
Selon les derniers chiffres officiels, le réseau des établissements scolaires d’enseignement
français au Maroc est tout simplement le plus dense au monde avec, à la rentrée de 2015,
plus de 32 000 élèves dont plus de 60 % de Marocains. Ces établissements (près de vingtcinq aujourd’hui) couvrent les principales villes du royaume. Seuls les Marocains les plus
aisés ont les moyens d’y inscrire leurs rejetons.
Quid.ma - fév, 22
Le FFS fustige le pouvoir algérien : « Le Grand Maghreb est une nécessité historique,
stratégique et économique »
La grogne contre le régime Algérien de Bouteflika monte d’un cran depuis la soi-disant
réforme constitutionnelle. Plusieurs partis montent au créneau pour condamner le pouvoir et
sa politique qui mène le pays vers la dérive et protester contre une crise économique qui
s’installe, entrainant des conséquences graves sur le pouvoir d’achat des Algériens.
The Economist Espresso via e-mail for Wednesday February 24th
No place like home: Europe’s migrants
PanoraPost - 24 février 2016
Amnesty International brosse un tableau plutôt sombre des droits de l’Homme au
Maroc
Comme chaque année, l’ONG de défense des droits établit son rapport, et comme chaque
année, elle reproche bien des choses aux pays qui ne respectent pas les droits humains, ou
si peu, sur les 160 examinés… la partie qu’AI consacre au Maroc revient sur les exactions
enregistrées et les dysfonctionnements de notre système de protection de droits de
l’Homme. Mais force est de reconnaître qu’on relève de la lecture de ce rapport une
amélioration de la situation des droits dans le pays, quoique tout soit perfectible…
PanoraPost - 24 février 2016
Accord Maroc-UE : le Conseil de l’Union Européenne fait appel de la décision de la
Cour européenne
Le Maroc savoure une petite victoire. Et pour cause. Le Conseil de l’Union européenne a
interjeté appel à la décision de la Cour européenne de justice annulant l’accord agricole avec
le Maroc, selon le service de presse du Conseil de l’UE.
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Le Monde.fr
Y a-t-il encore une solution « européenne » à la crise des migrants sur la table ?
L’Europe se ressaisira-t-elle ? Et si oui, quand ?
PanoraPost - 25 février 2016
Le Maroc gèle officiellement toute relation avec l’Union européenne… (vidéo de
Benkirane)
… ou presque ! Car il maintient, quand même, les discussions relatives au recours déposé
contre la décision de la Cour de justice européenne, prise le 10 décembre et considérant
l’Accord agricole comme étant contraire au droit international, selon les magistrats qui ont
rendu l’arrêt. Le Maroc avait très vite, et très mal, réagi. Et il vient de le confirmer au plus
haut niveau, car la décision prise par le chef du gouvernement vient comme on s’en doute de
plus haut.
PanoraPost - 26 février 2016
L’Union européenne arrondit les angles avec Rabat
Bruxelles n’aura pas tardé à réagir à la décision de suspension de toutes les relations avec
l’Union européenne, décidée unilatéralement par Rabat hier 25 février. En effet, moins de 24
heures après l’annonce de la décision en plein conseil de gouvernement, par son chef, la
Haute représentante de l’Union européenne pour la politique extérieure et la sécurité
commune Federica Mogherini a publié un communiqué plutôt conciliateur.
PanoraPost - 27 février 2016
Des voix s’élèvent en Europe pour soutenir le Maroc dans sa décision contre l’UE
PanoraPost - 15 février 2016
Et finalement, la révision des programmes et manuels de l’éducation religieuse, par
Ahmed Aassid
La décision récemment prise par l’Etat marocain et annoncée par le roi Mohammed VI à
Laâyoune était attendue depuis 2003. 13 ans d’attente donc, l’auteur de ces lignes ayant
réclamé cette mesure depuis 1994, l’année où il avait commencé à s’intéresser à la question
des valeurs dans les programmes et manuels scolaires.
PanoraPost - 27 février 2016
Que faut-il corriger dans les manuels et les programmes religieux dans
l’enseignement ?, par Ahmed Aassid
Partant du principe que l’islam évoqué dans la constitution et dans la charte de l’éducation et
de la formation est désigné par la « tolérance » et « la modération »… et du fait de cet autre
principe, élémentaire, que les manuels scolaires ne sont pas une partie de la religion, mais
une production humaine, et donc exposés à des erreurs d’appréciation car ils sont fondés
sur des lectures elles-mêmes basées sur des contextes historiques et politiques particuliers
et des positions idéologiques aussi particulières… On peut énumérer les éléments et
contenus qu’on peut ou qu’on doit changer dans les manuels d’éducation religieuse.
El Watan - Mercredi 2 mars 2016
Accord obtenu entre Alger et Berlin : Les algériens en situation irrégulière seront
extradés
Un accord a été obtenu entre les deux gouvernements algérien et allemand pour «le
rapatriement» des Algériens entrés illégalement en Allemagne depuis une année.
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Articles
NEA -:
Les attentats de Paris, un an après : une européisation de
l’humanité !
mise en ligne :08 01 2016 ( NEA say… n° 170 )
http://www.eu-logos.org/eu-logos_nea-say.php?idnl=3720
Un an après les attentats de Paris ne perdons pas de vue qu’ils ont également (et
principalement) été perpétrés contre les valeurs de l’Europe et dans la lutte contre le
terrorisme, ces valeurs ne peuvent être mises en péril. La présence de quasiment tous le
Etats de la planète au défilé dans les jours suivants a été un extraordinaire moment
d’humanité, une sorte d’européisation de l’humanité : chacun refusant de haïr les auteurs et
les inspirateurs, refusant de leur abandonner cette victoire. Souvent les Etats ont été
représentés au niveau le plus élevé : chefs d’Etat, ou de gouvernements Un an après revoir
ces images semblent à peine croyable.
Pourquoi ? Les attentats terroristes de Paris ont été perçus, à juste titre, comme une attaque
dirigée contre l’Europe et ses valeurs. Celles-ci sont désignées à l’article 2 du traité de
Lisbonne: «L'Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté,
de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'homme, y
compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes
aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la
tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes.» . Même dans
la lutte contre le terrorisme, ces valeurs ne peuvent être remises en question ou
compromises. Faute de quoi, les instigateurs de la terreur remporteraient une victoire : elle
leur est définitivement refusée, espérons le.
Ces réflexions sont le résultat d’une tension exigeante entre une éthique de conviction et
une éthique de responsabilité, entre la morale individuelle et la morale sociale, entre une
éthique religieuse ou agnostique.
Avons-nous assisté sans nous en rendre compte à une européisation de l’humanité ?
Question qui s’adresse à tous, mais plus particulièrement aux eurosceptiques, europhobes
et populistes qu’ Eulogos a décidé d’interpeller. Ces valeurs européennes seraient elles
donc si méprisables ? L’instant d’un défilé les chefs d’Etat et de gouvernement ont répondu
sans ambiguïté, qu’ils ne l’oublient pas et nous aussi. Ce défilé est un camouflet porté à la
rhétorique des populistes, eurosceptiques et europhobes.
The Economist – Jan 30th, 2016
Foreign students
Train ’em up. Kick ’em out
Shrewd governments welcome foreign students. Stupid ones block and expel them
http://www.economist.com/news/leaders/21689545-shrewd-governments-welcome-foreignstudents-stupid-ones-block-and-expel-them-train-em-up-kick
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YOUNGSTERS have long crossed borders in search of an education. More than 2,000 years
ago the Roman poet Horace went to Athens to join Plato’s Academy. Oxford University
admitted its first known international student, Emo of Friesland, in 1190. Today more than
4.5m students are enrolled in colleges and universities outside their own countries (see
article). Their fees subsidise local students. Their ideas broaden and enliven classroom
debate. Most go home with happy memories and valuable contacts, making them more likely
in later life to do business with the country where they studied. Those who stay on use what
they have learned to make themselves and their hosts wealthier, by finding work as doctors,
engineers or in some other skilled career.
Immigration policy is hard: Europe is tying itself in knots over how many Syrian refugees to
admit. But the question of whether to welcome foreign students ought to be much easier.
They more than pay their way. They add to the host country’s collective brainpower. And
they are easy to assimilate. Indeed, for ageing rich countries seeking to import young
workers to plug skills gaps and prop up wobbly pension systems, they are ideal. A foreign
graduate from a local university is likely to be well-qualified, fluent in the local lingo and at
ease with local customs. Countries should be vying to attract such people.
Places with the good fortune to speak English have a gigantic head start. Australia is the
leader: a quarter of its tertiary students come from abroad, a bigger share than in any other
country. Education is now its biggest export, after natural resources. For a while the influx of
brainy foreigners was slowed by an overvalued currency and the reputational damage from
the collapse of some badly run private colleges. But recently the Australian dollar has
weakened, degree mills have been shut down, visa rules have been relaxed—and foreign
students have flooded back. Last year their numbers rose by 10%.
Canada, until recently an also-ran, now emulates Oz. In 2014 it set a goal of almost doubling
the number of foreign students by 2022. It has streamlined visa applications and given
international students the right to stay and work for up to three years after graduating. Those
who want to make Canada their home have a good chance of being granted permanent
residence. Its share of the market for footloose students is growing, and numbers have more
than doubled in a decade.
America, by contrast, is horribly complacent. In absolute terms, it attracts the most foreign
students, thanks to its size, its outstanding universities and the lure of Silicon Valley and
other brainworking hotspots. But it punches far below its weight: only 5% of the students on
its campuses are foreign. Its visa rules are needlessly strict and stress keeping out terrorists
rather than wooing talent. It is hard for students to work, either part-time while studying or for
a year or two after graduation. The government wants to extend a scheme that allows those
with science and technology qualifications to stay for up to 29 months after graduating. But
unions oppose it, claiming that foreign students undercut their members’ wages. One that
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represents high-tech workers in Washington state has filed a court challenge, seeking to
have the scheme axed.
The self-harming state
Britain is even more reckless. It, too, has the huge advantages of famous universities and the
English language. But its government has pledged to reduce net immigration to 100,000
people a year, and to this end it is squeezing students. Applying for a student visa has grown
slower and costlier. Working part-time to pay fees is harder. And foreign students no longer
have the right to stay and work for two years after graduation. Britain’s universities are losing
market share: their foreign enrolments are flat even as their main rivals’ are growing strongly.
Sajid Javid, Britain’s business secretary, says the aim is to “break the link” between studying
and immigration. This is precisely the wrong approach. For a country that wants to recruit
talented, productive immigrants, it is hard to think of a better sifting process than a university
education. Welcoming foreign students is a policy that costs less than nothing in the short
term and brings huge rewards in the long term. Hence the bafflement of James Dyson, a
billionaire inventor, who summed up Britain’s policy thus: “Train ’em up. Kick ’em out. It’s a
bit shortsighted, isn’t it?”
The Economist – Jan 30th, 2016
International students
Brains without borders
As Australia and Canada seek to attract more foreign students, America and Britain
could lose out
http://www.economist.com/news/international/21689540-australia-and-canada-seek-attractmore-foreign-students-america-and-britain-could
MONTANA HIRSCHOWITZ remembers exactly when she decided she would seek her
higher education abroad: one night when she was ten, and armed robbers broke in and
terrorised her family in Johannesburg. Quang Nguyen dates his decision to no particular
moment: he simply did not want to spend a big chunk of his classroom time on communist
ideology, as is standard in his native Vietnam. Jehanne Aghzadi, from Morocco, had
attended American schools all through her childhood; she wanted to continue her studies in
English. Joy Lin was looking for a better course than she could find in China, with more
social activities on campus and the chance to gain foreign work experience after graduating.
All four students ended up at the University of Miami in Florida, for reasons that varied as
much as those that pushed them to leave home in the first place: good weather, highly
regarded courses in subjects they liked, student aid and in one case a scholarship. But
beyond the specifics, they are part of a mass trend. More university and college students
than ever are studying outside their home countries. Foreigners now make up a sizeable
share of students in some countries and courses—a quarter of all those in Australia, for
example, and around a million of those on American campuses.
There are 4.5m international students globally, up from 2m in 2000, and that is expected to
swell to 7m-8m by 2025, driven by population and income growth in developing countries
where local provision is poor. Some places that have not traditionally hosted many foreign
students are trying to grab market share. Japan has a goal of 300,000 foreign students by
2020, 60% more than now; Malaysia, of almost doubling numbers to 250,000 by 2025.
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Foreign study took off in the 1980s, when several rich countries started to offer large
numbers of scholarships as part of their aid programmes. Rising incomes in poorer countries
added a financial motive. Universities in rich countries are often constrained by their
governments in how many locals they can recruit and how much they can charge them.
Foreigners, who can be charged more, help pad out budgets and subsidise local students.
But not every country lucky enough to have lots of foreign students is doing what is needed
to keep them coming.
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/original-size/images/printedition/20160130_IRC257.png
Today Anglophone countries take the biggest share, since English is quite a useful language
to acquire. France is popular with bits of its former empire and pupils from the Frenchlanguage schools around the world that France’s government subsidises. Germany, which
has started to offer postgraduate courses in English and has abolished all tuition fees, even
for foreigners, also takes large numbers.
America leads in absolute terms, with 975,000 foreign students in 2014-15. Its best
universities have long attracted the very brightest foreign minds, especially in the sciences,
often luring them with generous scholarships. But for its size its performance is less
impressive: just 5% of all students on its campuses are from abroad.
One reason is tighter visa rules imposed after the terrorist attacks of 2001; another is that
students must seek special permission to work off-campus while studying, and it is hard to
stay and work for long after graduating. Longer-term employment visas are also hard to get,
so many students without deep pockets choose to go elsewhere so they can defray some of
the cost. And most American institutes refuse to pay education agents—consultants who
help youngsters, particularly in Asia, to choose institutions and apply to them. According to igraduate, a consultancy, agents rank America as the most attractive destination, but are less
likely to recommend American institutions, as they mostly work on commission.
Students usually choose their target country first and then decide which college to apply to.
That means national advertising strategies matter, says Mark Reid of the University of Miami.
But America has none, leaving individual institutions to promote themselves overseas. Mr
Reid and his staff give presentations at international schools and attend trade fairs in around
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65 countries each year. This has paid off: the proportion of Miami’s students who are foreign
is three times the national average. Latin Americans like living in a Hispanic-majority city.
Chinese students became interested in 2009, when Miami broke into the top 50 of the
ranking of American universities produced by US News and World Report.
Higher learning, down under
Australia, by contrast, has long seen international students—and their fees—as a national
priority. Education is the country’s second-biggest export industry, behind only mining, worth
A$18 billion ($15 billion) in 2015. A quarter of all its students—and in business and
management courses, close to half—are from abroad. At a couple of particularly enterprising
institutions, Australian-born students are a minority.
Australia’s allure faded between 2009 and 2012, partly because of a strong currency but also
because racist attacks against Indian students in Melbourne, and the collapse of some poorly
run private colleges, tarnished its image overseas. A government crackdown on visa scams
and low-quality courses drew attention to uneven provision and slowed visa-processing times
for all students, even those applying to elite institutions. As the currency has fallen and visa
rules have been relaxed again, applications have rebounded. The tale offers two morals,
says David Hetherington of Per Capita, a think-tank in Sydney. First, foreign students need
clear visa rules and the right to work while they study. Second, the national brand matters.
Canada, where universities until recently had few foreign students, has learned from
Australia’s experience. About a decade ago its government decided that universities could
bolster their finances by admitting more foreign students paying higher fees, and that after
graduation those students would be a valuable source of well-qualified young workers.
Immigration rules were always quite favourable, says Paul Brennan of Colleges and
Institutes Canada, an industry organisation, but until recently there was no clear path from
study to work and then permanent residence. Now, if new graduates can find a job they can
automatically stay in Canada for up to three years, depending on the length of their courses.
That work experience is then taken into account if they apply for permanent residency.
A collaboration between colleges, universities and Canada’s immigration office has brought
down visa-rejection rates for Indian students, a target market. A quarter of all foreign
students—and half of those from India and China—end up being granted permanent
residence. Recent growth in international-student numbers has largely come in shorter
college and polytechnic courses, says Mr Brennan. These are popular with Indians who
already have degrees but cannot find work—and with youngsters from unemploymentplagued Italy and Spain. The number of Indian students arriving for such courses rose from
1,200 in 2008 to 14,000 last year.
Britain, too, sees policy on international students as intertwined with immigration policy, but
has taken the opposite tack. Its universities have a cachet among foreigners. Overall, 14% of
students on its campuses come from outside the European Union. Another 5% come from
other EU countries (under EU rules they are admitted on the same basis as locals, and pay
the same fees). In 2013-14 English universities took in £3.3 billion of non-EU student fees,
which are not capped by the government, 13% of revenue. Half of those studying full-time for
work-focused master’s degrees are from outside the EU, and research by the British Council
shows that in some scientific fields, such as electronic engineering and biosciences, the
share is over 80%.
But in recent years this success story has been threatened by a populist pledge made in
2010 by the Conservative Party, then in opposition, to cut net immigration to 100,000 people
a year. With many immigrants entering Britain from bits of its former empire under familyreunion laws, and free movement within the EU, most immigration is outside the
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government’s power to stop. Non-EU students are the main exception. In power the
Conservatives have sought to keep them out by tightening visa rules, raising application
costs, restricting students’ right to work part-time during their courses and making it far
harder to stay after graduation.
They have choices, you know
The result is visible in the figures. In 2014-15 the number of new students from outside the
EU fell by 3%, even as the number of foreign students worldwide rose strongly. Britain’s
three big English-speaking competitors all saw strong growth. Chinese students, who are
often leaving to escape the gaokao, China’s vicious university-entrance exam, rather than
because they want to earn money in a richer country or emigrate, are still coming. But
applications from Indians and Pakistanis, who typically need to work while studying and for a
year or two afterwards to afford the fees, have fallen by half.
Britain is dangerously exposed to a slackening of demand from China, says Will Archer of igraduate. He also notes that education agents have become less likely to regard Britain as
an attractive destination—even though more of its international students rate their education
highly, and more say they are satisfied with their experience and would recommend Britain to
other students, than anywhere else.
Learning’s allure
The quality of education in some countries that have long sent many students abroad is
improving. Local hubs such as Singapore and Hong Kong are growing more popular: of
Asians who study abroad, the proportion who do so in Asia rose from 36% in 1999 to 42% in
2007. And more students are plumping for “transnational” rather than international study,
says Michael Peak of the British Council: mixing and matching local and foreign provision, for
example by starting degrees at home and taking just a final year abroad.
The trend is most evident in executive education, which is less about the chance to work in a
rich country and more about gaining international experience, says Andrew Crisp of
CarringtonCrisp, an education-marketing firm. A growing share of MBAs and executive
master’s courses are now offered by partnerships or groups of institutions, with students
expected to spend time in several different locations. Online education, too, could cut
demand for pricey overseas study, if not by replacing it then by allowing students to do part
of a foreign institution’s courses more cheaply from home.
English-speaking countries have benefited hugely from international students. Those
students have subsidised locals, kept courses in the hard sciences viable, acted as informal
ambassadors on their return—and eased skills shortages when they have stayed. Some
countries have seized the opportunity; others have taken it for granted. More fool them.
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The Economist – Jan 30th, 2016
France’s missing refugees
Non, merci
Migrants are streaming into Germany, but few are interested in France
http://www.economist.com/news/europe/21689649-migrants-are-streaming-germany-feware-interested-france-non-merci
ON A quiet bend of the River Oise, beside a wooded lake, the Ile de Loisirs activity centre
usually runs sailing schools and high-wire tree-climbing adventures. Last autumn its
dormitories were briefly turned into an emergency welcome centre for 98 Syrian and Iraqi
refugees. Today, however, the gardens outside the residential block are empty again, the
wooden picnic benches deserted. The refugee families are already gone. Their speedy
resettlement shows that France has plenty of capacity to absorb migrants. It also raises the
question of why it is that while Germany is coping with a vast flood of Syrian refugees,
France is attracting only a trickle.
The refugees who turned up in this new town, some 40km (25 miles) north-west of Paris,
travelled in specially chartered coaches from Munich last September. Officials from the
French Office for the Protection of Refugees and Stateless Persons (OFPRA) had gone to
Munich in a gesture of solidarity to persuade refugees to settle in France, to help relieve the
pressure on the Germans. Less than 48 hours after Cergy offered to take them in, the first
coach pulled up outside the activity centre.
“The welcome in Cergy was really great,” says Ali Tarabein, a former seed trader, who fled
Syria via Turkey and the Greek island of Lesbos before making a four-day journey overland
to Germany. Dozens of locals brought clothes and toys. “Cergy has always been very
welcoming to people who come from elsewhere,” says Jean-Paul Jeandon, the Socialist
mayor of the town, which is informally twinned with a village in Palestine and another in
Senegal. Within two weeks, all primary-aged refugee children were in a local school. Adults,
none of whom spoke French, were given language classes while they awaited official papers.
By mid-December all the original refugees had been offered housing, five of them in Cergy
and others elsewhere in France.
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Asylum applications in France take an average of two years to process, but officials in Cergy
cut through the bureaucratic thicket and speeded things up. It helped that the town is no
stranger to new arrivals, with a mix of 130 nationalities. Many refugees were skilled, among
them a dentist and an engineering student, and the numbers were manageable. “If we’d had
hundreds or even thousands it would have been more complex,” says Mr Jeandon.
Yet it is precisely those low numbers that are puzzling, not just in Cergy but in France as a
whole. Overall asylum applications rose last year by 22%, but to just 79,000—nothing
remotely close to the million-plus who registered in Germany. In 2015, 158,657 Syrians
completed asylum applications in Germany, compared with only 3,553 in France. Last year
the European Union agreed on a relocation programme to share 160,000 refugees from Italy
and Greece. By mid-January France had taken in only 19; another 43 arrived this week.
The explanation seems to be a mix of migrants’ relatively weak ties to France, and the limited
opportunities in a country with 10% unemployment. “I wanted to go to Sweden, then
Germany or England,” says Mr Tarabein, who had friends in those countries and spoke
English but not French. He ruled out Britain after friends warned him on Facebook and
WhatsApp about the perils of trying to cross from the French port of Calais: “It was too
dangerous, I don’t want to die.” As for France, he says he had heard it took months to get
papers (France does not allow refugees to work for nine months) and that Syrian refugees
there “live on the streets”. It was only when the OFPRA officials promised fast-track
settlement that he agreed to take his seat on the coach. Now, relocated to Narbonne, he is
trying to bring his wife and three small children from Syria.
“It’s Germany that is in an extraordinary situation, not France,” says Pascal Brice, director of
OFPRA. If the EU redistribution scheme is not yet working, he says, this is simply because
refugees prefer to go to Germany. Yet there is no French political appetite to speed matters
up. The xenophobic National Front continues to shape the debate. In a recent poll, 60% of
French said they do not want more refugees, and terrorism has hardened sentiment. (Two of
those behind the November 13th attacks in Paris posed as asylum-seekers.) Manuel Valls,
the prime minister, put it bluntly last week: “The first message we need to send now, with the
greatest of firmness, is to say that we will not welcome all the refugees in Europe.” Cergy
may turn out to be the exception, not the makings of a solution to ease Europe’s migrant
crisis.
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The Economist – Jan 30th, 2016
Value shoppers
Europe promised a principled foreign policy. Now it is desperate for quick deals
http://www.economist.com/news/europe/21689602-europe-promised-principled-foreignpolicy-now-it-desperate-quick-deals-value-shoppers
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/full-width/images/printedition/20160130_EUD000_0.jpg
NOTHING excites the febrile intellects of Brussels more than analysing the theoretical
underpinnings of European foreign policy. Entire tracts are devoted to the security strategy of
the European Union, its neighbourhood policy, the countless “tools”, “instruments” and
“levers” it has designed to help it advance its global concerns. A keen student can lose
himself for hours in strategy papers and advisory memos to the policymakers supposedly
shaping Europe’s place in the world.
When the EU signed a German-inspired deal with Turkey to help stem the flow of refugees
late last year, none of this mattered a jot. Presented by European officials as a hard-nosed
piece of statecraft, the “action plan” offers Turkey money, the prospect of visa-free travel
inside the EU and an acceleration of its membership bid so long as the Turks keep the
migrants away. It was one of the most important European foreign-policy initiatives in years,
but there was not a sniff of strategy to it. It reeked of desperation.
Turkey-watchers in Europe and liberals inside Turkey were united in outrage. The Europeans
were averting their gaze as Recep Tayyip Erdogan, Turkey’s president, was locking up
journalists, harassing the opposition and prosecuting a bloody war against unruly Kurds—in
an official EU candidate country, no less. The European Commission even postponed
publication of its highly critical annual report on Turkey’s membership bid while Mr Erdogan’s
party campaigned in national elections.
The deal seemed emblematic of a “realist” turn in European foreign policy. Ideas such as
slashing aid to countries that refuse to accept the return of failed asylum-seekers are doing
the rounds. Officials in international-development agencies tear their hair out as carefully
nurtured relationships in Africa are tossed aside to make way for quick-and-dirty deals to ship
back rejected migrants. Southern European countries fret that a plan to open EU markets to
Middle Eastern exports (to create jobs for refugees) will crowd out their manufacturers.
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This is not the Weltinnenpolitik (global domestic policy) that grand thinkers like Jürgen
Habermas thought regional clubs such as the EU were well placed to cultivate. Instead, to
borrow from the late American neoconservative Irving Kristol, Europeans have started to
resemble liberals mugged by reality. It is easy to bleat about human rights when you are
living in a peaceful, postmodern paradise; less so when you have millions of illegal migrants
barging through your back door.
Europeans are hardly new to Realpolitik (the clue is in the word). There has long been a
division of foreign-policy labour within the EU, says Michael Leigh of the German Marshall
Fund, a think-tank. Larger countries delegated values-based policy to Brussels while they got
on with the hard stuff, such as security or access to oil. For every pious expression of
support for international justice or condemnation of capital punishment, there was a shabby
energy deal or quiet support for a useful dictator. Some feel this category includes the Nord
Stream 2 gas pipeline, which would run directly from Russia to Germany under the Baltic
Sea and could undermine the EU’s energy policy, but which has the support of Angela
Merkel, Germany’s chancellor.
Tougher than they look
Even in its soft and fuzzy days, the EU was not toothless. Its strongest tool—the attraction of
membership—combined European interests and values in one package. Enlargement to the
east brought stability to the region while strengthening the rule of law and democratic
institutions inside candidate countries. (Maintaining them once countries have joined has
proved harder, as the recent examples of Hungary and Poland demonstrate.) Globally,
Europeans have, in their gentle way, sought to bolster a rules-based order that has enabled
their exporters to flourish.
That looked like the future, once. But today’s threats lead down a different path. Europe’s
power no longer extends outward; instead, the surrounding countries have turned their
pathologies on Europe. Enlargement is off the table—even in the Balkans the EU’s main
interest is in keeping order, as millions of migrants tramp through a historically unstable
region. Russia’s bloody intervention in Ukraine tore up the European belief that borders may
not be changed by force—and Europe initially struggled to respond. It dithered again last
year as the stream of migrants coming through Greece swelled, eventually leaving Mrs
Merkel with little choice but to shower gifts upon Mr Erdogan in the hope of an agreement to
stanch the flow.
The Turkey deal may yet work (although Charlemagne is struggling to find anyone who
believes that it will). If it cuts the number of refugees and the borderless Schengen area
survives, a European ideal will have been saved. Optimists think that, even if it flops, the
EU’s relations with an important neighbour will have emerged from the deep freeze.
Denouncing Mr Erdogan’s power grabs through bloodless progress reports had little effect;
now EU politicians can slip their concerns into exchanges on refugees, as some visiting
commissioners did this week in Ankara. The crisis may also force the EU to look outward
again. Tunisia, notes Jan Techau of Carnegie Europe, another think-tank, is crawling with
European diplomats and money, testament to the EU’s desperation to preserve a rare
success from the Arab spring.
But these are slim hopes. Europe’s vulnerabilities are on full display. Some future Qaddafi
will be alert to the concessions he might win by threatening to unleash hordes of migrants
upon European shores. Finland and Norway fear that Vladimir Putin may decide to do
precisely that by waving through a host of Syrians and Afghans. As for Turkey, had the
Europeans woken up to the coming danger last spring, they might not have found
themselves compromising their values so grubbily in the autumn. That would have been the
strategic thing to do. Time to dust off some of those far-sighted think-tank reports.
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The Economist – Jan 30th, 2016
Marriage and migration
For richer, not for poorer
Raising the bar for migrant spouses has worked, at a cost
http://www.economist.com/news/britain/21689634-raising-bar-migrant-spouses-has-workedcost-richer-not-poorer
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/full-width/images/printedition/20160130_BRP001_0.jpg
Till minimum-income threshold do us part
THE Conservative Party promised ahead of its election victory in 2010 that it would bring
annual net migration below 100,000 a year. As the economy has grown, sucking in foreign
workers, the government has conspicuously failed to meet this goal: net migration in the year
to June 2015 was 336,000, a record. However, one small but socially significant subsection
has declined and remained low: immigration by Britons’ foreign spouses.
In 2012 the government introduced a new requirement that British citizens and permanent
residents meet an income threshold before being allowed to bring in a partner from outside
the European Union. The threshold is £18,600 ($26,500), or higher if children are to come
too. This gives Britain the strictest policy on family unification of 38 rich countries, according
to the Migration Policy Group, an NGO. The rules have been challenged in a case that will be
heard by the Supreme Court next month.
The income threshold is high: the Migration Observatory at Oxford University calculates that
41% of British citizens would not meet it. And its reach is uneven: whereas almost threequarters of men clear it, most women do not. In poor parts of the country, such as the North
East, twice as many are ruled out as in the wealthy capital. And in London white people are
twice as likely to be able to import a partner as non-whites. So far the new rules are
reckoned to have affected up to 15,000 children, many kept apart from a parent.
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The government projected in 2012 that 13,600-17,800 people per year would be prevented
from coming to Britain as a result of the changes. Though the true figure is unknowable, the
number of spousal visas granted fell by nearly one-third following the rule’s introduction (see
chart). Those most affected are Pakistanis, who account for almost one-fifth of such visas.
The government has not trumpeted it, but the new policy has an additional motive. Some
believe that the ability to bring in spouses from overseas has put a brake on integration,
especially among Pakistanis. About three-quarters of spousal visas are issued to women.
David Goodhart of Policy Exchange, a think-tank, says that the constant replenishment of
first-generation wives has been a bar to integration with British society.
Saira Grant of the Joint Council for the Welfare of Immigrants, which is supporting the
appellants at the Supreme Court, argues that “integration is not achieved by an artificial
financial threshold”. She says there is no evidence that migrant spouses are a burden to the
state. Yet studies suggest family migrants do have lower employment rates than the British
average, though more than half work after their arrival.
A quirk of the income threshold is that it does not apply to citizens of other EU countries,
meaning they can bring their non-EU spouses to Britain without satisfying any income
requirement. Some Britons get around the rules by moving to a European country where they
meet up with their spouse and, after living there for a short period, returning together to
Britain under the EU’s free-movement laws.
One of the issues the Supreme Court may examine is whether the foreign spouse’s income
might count towards the threshold. At present, some low-earning British expatriates have
trouble moving back from abroad with their foreign spouse, even if that partner is a high
earner. The court has the power to declare these rules unlawful, though that is unlikely,
believes Ms Grant. In the absence of many other ways of reducing immigration, the
government will want to cling on to the strict new rules, for better or worse.
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PanoraPost (maroc)
Publié le 06 février 2016
Retour sur l’affaire Loubna Abidar, par Nadia Lamlili (Jeune Afrique)
http://www.panorapost.com/article.php?id=12119
Cela fait presque dix mois que cette polémique dure. Dix mois que les torrents de la haine se
déversent sur les réseaux sociaux et autres canaux d’informations adeptes d’un
sensationnalisme de bas étage.
Machisme
Plus qu’une histoire de machisme dans ses plus belles manifestations, les déboires de
Loubna Abidar posent un problème de fond : le droit à la différence dans une société où la
place de l’individu dans le groupe reste à construire. Voilà une femme, marocaine, qui a
incarné à l’écran avec talent le rôle d’une prostituée, qui a quitté un pays qui ne peut plus la
protéger de la violence de certains de ses compatriotes et qui ose afficher sa liberté et ses
choix dans sa nouvelle vie. La totale !
Elle ose, a osé
De quel droit Loubna Abidar a-t-elle osé sortir de son groupe même si ce dernier l’a insultée
et agressée ? Comment peut-elle être nommée aux Césars pour « un rôle de pouf » ? (sic !)
C’est à peine si l’on n’entend pas sur les réseaux sociaux ces voix haineuses susurrer : c’est
une fille de chez nous, et nos filles doivent baisser les yeux quand on leur parle et faire acte
de repentance si elles ont commis un écart ou un péché…
Elle reste dans toutes les mémoires
Personne ne l’a oubliée même si elle est installée en France depuis novembre. Et chacune
de ses apparitions est sujette à polémique. Détestée, l’actrice est au centre des attaques les
plus basses. Tout cela parce qu’elle a eu le courage d’interpréter un rôle qui renvoie à
certains Marocains, peut-être trop crûment, l’image d’une réalité qu’ils ne veulent pas voir
mais que personne ne peut contester pour peu qu’on regarde en face le monde de la
prostitution et de ces filles qui se démènent pour survivre et faire vivre leur familles.
Le livre
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Veut-elle écrire un livre sur la femme et l’islam radical ? Et alors : chacun a le droit de
s’exprimer… Elle poste des vidéos de sa nouvelle vie de star pour « narguer » ses
compatriotes ? Et alors ? Seuls les gens remplis d’agressivité se sentent provoqués.
Pourquoi ouvre-t-on les plateaux télé français à une fille qui « parle si mal le français » ? J’ai
envie de demander à ceux qui posent la question s’ils n’ont jamais vu sur ces mêmes
plateaux des invités non francophones essayer, comme ils peuvent, de se faire comprendre.
Je dirais même que railler Loubna Abidar pour son expression en français un peu hésitante
traduit un profond complexe d’infériorité.
Une femme blessée
Car ce que je vois dans ses déclarations jugées « provocantes », c’est d’abord une femme
profondément blessée, toujours dans l’incompréhension de ce qui lui est arrivé, de la part de
gens qu’elle a aimés et qu’elle aime sûrement encore. Éprise du métier d’actrice, elle voulait
interpréter le vécu d’une prostituée qu’elle a côtoyée dans son enfance et ne s’attendait pas
à autant de haine de la part de certains Marocains. Sonnée, elle est rentrée dans leur jeu
agressif, mais pas pour leur faire du mal, simplement pour réhabiliter son image et affirmer
son droit d’exister.
Jeune Afrique
PanoraPost (maroc)
Publié le 06 février 2016
Tayeb Seddiki, ce géant de la culture marocaine, est mort
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Le dramaturge prodige de la scène culturelle marocaine, Tayeb Seddiki, est mort ce
vendredi 5 février, à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie. Il aura marqué son
temps par son charisme, sa créativité et son panache. La culture marocaine perd un de ses
grands.
Feu Tayed Seddiki a adapté 36 pièces étrangères et écrit une trentaine de pièces théâtrales,
en plus d’avoir mis en scène 85 pièces. Directeur général du Théâtre municipal de
Casablanca de 1964 à 1977, il est le père spirituel des deux grands groupes mythiques de la
musique marocaine, en l’occurrence Nass el Ghiwane et Jil Jilala. Comme acteur de cinéma,
il est apparu dans une dizaine de films marocains ou étrangers. Également comédien de
théâtre, il a joué dans une cinquantaine de pièces.
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Il a composé, entre autres, le Diwan de Sidi Abderrahman al Mejdoub, Le Livre des
déclarations et du plaisir partagé, Molière, ou Pour l’amour de l’humanité(En français), Un
incident technique indépendant de notre volonté (En français), Soultane Attalaba…
Né en 1939 à Eassouira dans une famille d’érudits, le défunt avait obtenu son baccalauréat à
Casablanca avant de partir pour la France où il avait suivi des études d’art dramatique. Il
était revenu au pays pour se mettre au service de la culture et du théâtre plus précisément.
Innovateur et « touche-à-tout », il a bâti une œuvre riche et diversifiée. Amoureux de la
poésie, il a eu le mérite de remettre au goût du jour, dans les années 60, des textes
littéraires arabes comme les maqamattes de Badii Azzamane Al Hamadani.
Doté d’un fin sens de l’humour, il était connu et très apprécié pour sa spontanéité et la
drôlesse de ses réactions. Une anecdote circule à son sujet, avec le roi Hassan II… Un jour
qu’il avait fait part de son intention de se présenter aux élections parlementaires, le roi défunt
lui demande la raison de cette décision.
- Pour ne voter qu’un seul article d’une seule loi, Sire
- Et quelle est cette loi, a Seddiki ?
- La loi de Finances, Votre Majesté, et l’article concerne le budget du palais royal…
- Ah… Et quel serait ton vote alors, à cet article ?
- « Je voterai non, Votre Majesté », et avant que le souverain ne réagisse et n’attire toutes
les foudres du monde sur le comédien, celui-ci ajoute précipitamment : « Parfaitement,
Majesté, j’aurais dit non, le budget dévolu au palais n’est absolument pas suffisant pour
permettre au roi d’assurer toutes les fonctions et attributions qui sont les siennes ».
Que voulait-il dire, alors que le roi défunt riait aux éclats ? Il a emporté sa pensée dans la
tombe. Adieu l’artiste.
El Watan - 08.02.16
(Algérie)
Crise économique et poussée démographique
Risque d’explosion du chômage des jeunes
http://www.elwatan.com/economie/risque-d-explosion-du-chomage-des-jeunes-08-02-2016313891_111.php
Même si le taux de chômage a enregistré une baisse chez les diplômés de
l’enseignement supérieur en 2015, passant de 16,1% en 2014 à 14,1% en 2015, les
jeunes sont de plus en plus confrontés au risque du chômage.
Les difficultés économiques que travers le pays risquent d’accentuer ce fléau. Le taux de
chômage de 29,9% enregistré en 2015 pourrait passer à 30% chez les 16-24 ans en 2017,
selon les prévisions du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Audelà, il pourrait même dépasser les 31,1% réalisés en 2005. «Le risque d’exposition des
jeunes au chômage est réel.
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La problématique d’accès des jeunes à l’emploi, surtout à l’emploi économique se posera
avec acuité», nous dira ce sujet Amokrane Faouzi, chef de la division des études sociales au
Conseil national économique et social (CNES). «Pour cela, il faut faire en sorte qu’elle (ndlr,
la problématique) ne devienne une menace», ajoutera t-il pour souligner l’urgence de
prendre en charge cette question.
Conjuguée à la conjoncture économique actuelle, la croissance démographique amplifie en
effet cette pression sur le marché de l’emploi et expose les jeunes à des difficultés d’accès à
un travail décent, accentuant ainsi le danger de la précarité de l’emploi dans une économie
non productive.
Le CNES ne manque pas de relever ce point dans son résumé du rapport national sur le
développement humain «2013-2015». «Les jeunes se trouvent les plus exposés au chômage
; dans le même temps, lorsqu’ils y échappent, ils se trouvent également les plus enclins à
occuper des emplois précaires», indique le document du CNES. Comment faire face à une
telle situation ?
Repenser les aides
«Repenser les aides de l’Etat pour permettre aux jeunes à s’insérer dans le marché du
travail», nous répondra Amokrane Faouzi, pour qui l’essentiel est de pouvoir juguler ces
risques avant qu’ils ne deviennent une véritable menace. Certes, la problématique se pose
au niveau mondial, mais les défis à relever sont différents d’un pays à un autre.
Dans le cas de l’Algérie, il s’agit surtout d’en finir avec les systèmes d’appui à la création
d’emplois qui ont montré leurs limites. «dans le paquet des mesures mises en œuvre ces
dernières années, ce sont les dispositifs sociaux et d’attente qui ont pris une grande part,
alors que ceux proprement orientés vers les jeunes sont en relative baisse. De même que
les dispositifs dédiés à la création de richesses. C’est ce qui interpelle justement», nous
expliquera M. Amokrane.
Un point que rappelle le document du CNES dans lequel les rédacteurs évoquent la
dominance sociale dans les aides dégagées. Un avis que partage l’économise Youcef
Benabdallah. Pour ce dernier, l’emploi s’est certes développé, mais sans contribuer à créer
des richesses. «En créant de l’emploi, on détruit la productivité et nos capacités de créer des
richesses», dira-t-il encore notant que c’est le résultat d’une politique excluant la croissance
économique.
Effet d’accalmie sociale
En d’autres termes, comme le répètent les différentes études sur l’emploi en Algérie, les
dispositifs mis en œuvre ont eu davantage un effet d’accalmie sociale que de catalyseur sur
le marché du travail. D’où, d’ailleurs, le renforcement de ces systèmes en 2011 après les
événements du mois de janvier de cette année-là. Les résultats sont là aujourd’hui, un attrait
pour l’immigration (pour les diplômés universitaires) et un refuge dans le secteur informel
(pour les niveaux d’instruction faibles).
«Les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur s’ils ne sont pas employables en Algérie,
le sont ailleurs», notera pour sa part Mohamed Saïb Musette, qui donnera en exemple le
nombre de 50 000 étudiants inscrits en PHD. «Dans quelques années, est-ce qu’ils seront
absorbés par le marché du travail sachant que le privé ne recrute que des techniciens ?»
s’interroge le chercheur du Centre de recherche en économie appliquée au développement
(CREAD).
Avec 27% de la tranche 15-29 ans cherche à migrer, le temps est à l’organisation de cette
mobilité pour M. Musette. «En organisant la mobilité, vous aurez moins de harraga, mais
plus de retours», plaidra-t-il. Une manière de rappeler qu’en l’absence d’emplois productifs,
l’Algérie s’expose de plus en plus au risque de gaspillage de ses ressources humaines.
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Solutionner le problème avant 2020
Et pourtant, le risque de se retrouver à faire face à l’explosion du chômage est bien là. «Les
moyens existent. Il faudrait juste les canaliser pour qu’ils soient beaucoup plus efficaces»,
nous précisera M. Amokrane. A moyen terme, la pression est appelée à baisser sur le
marché entre 2015 et 2020, résultat de la baisse de natalité entre 1990-2000.
D’où la nécessité de profiter de cette brèche pour le chef de la division des études sociales
au CNES. Cela permettra de solutionner la problématique de l’emploi en attendant l’arrivée
de nouveaux demandeurs sur le marché du travail par la suite, de l’avis de notre
interlocuteur.
En effet, au-delà de 2020, la situation sera beaucoup plus grave avec un retour à la pression
dans ce domaine, avec le risque d’accentuation du chômage et des disparités liées au genre
et au niveau d’instruction. «Autant régler ces questions entre 2016 et 2020. C’est une des
ouvertures qu’il faut absolument investir pour réduire la complexité de la chose entre 2020 et
2025», résumera-t-il Faudrait-il donc mettre le paquet. A commencer par l’évaluation et la
révision des dispositifs actuels, proposent les experts.
Samira Imadalou
El Watan - 08.02.16
(Algérie)
La population en âge de travailler s’accroît
L’emploi soumis à la pression démographique à moyen et long
terme
Trouver des emplois pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail constituera
à coup sûr un casse-tête pour les futurs gouvernements.
Jusqu’en 2015, le rythme de progression de la population arrivant sur le marché du travail
évoluait légèrement plus rapidement que les créations d’emploi. Selon les chiffres de l’Office
national des statistiques (ONS), entre 2012 et 2015 la population occupée a augmenté de
4,1% quand la population active évoluait à 4,6%.
Dans les années de fortes dépenses budgétaires et d’investissements publics dont une
grande partie dans les infrastructures, le secteur du bâtiment de même que l’auto-emploi
grâce notamment aux mécanismes Ansej, Cnac, Angem, ont largement bénéficié de ce
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boom. Aujourd’hui, en cette période de crise avec des perspectives pour l’emploi qui
s’assombrissent à mesure que les recettes du pétrole se tarissent, des inquiétudes
surgissent quant à la capacité de l’économie à créer de nouveaux emplois pour les
nouveaux arrivants sur le marché du travail.
Rien que pour l’université, il faut compter «entre 150 000 et 200 000 nouveaux diplômés
chaque années», explique Abdelmalek Rahmani, coordonateur du Conseil national de
l’enseignement supérieur (CNES).
L’Algérie est déjà dans une situation de hausse du ratio de dépendance démographique,
autrement dit la proportion des personnes de moins de 15 ans et de plus de 60 ans par
rapport à la population en âge d’activité (15-60 ans) est en augmentation, selon les derniers
chiffres relatifs à la croissance démographique (voir graphe). En d’autres termes, la
proportion de la population qui dépend des autres était supérieure en 2014 (58%) par rapport
aux années précédentes (54% à la fin de 2008).
Si la proportion des 10-14 ans (celle qui rejoindra le groupe des plus de 15 ans dès 2019) a
baissé, celle des 5-9 ans a augmenté à plus de 3,6 millions de personnes, soit autant
d’individus qui viendront s’ajouter à la population en âge d’activité à l’horizon 2024, tandis
que d’autres la quitteront.
Ainsi, à en juger par les chiffres de l’ONS, ce sont potentiellement 6,5 millions de personnes
qui vont rejoindre la population en âge de travailler à l’horizon 2024, alors que 2,9 millions de
personnes la quitteront. Des chiffres dont la portée sur le marché de l’emploi est à relativiser
sachant que tous ceux qui sont en âge de travailler ne font pas forcément partie de la
population active.
En effet, selon les dernières statistiques disponibles sur l’emploi, 42% de la population en
âge de travailler est active, alors qu’un peu plus d’une personne en âge de travailler sur 3 est
occupée. Autrement dit, le problème de l’emploi ira en s’aggravant à moyen long terme si
des solutions économiques autres que celles qui ont permis de résorber le chômage jusquelà ne sont pas trouvées.
Car il s’agira de créer de l’emploi avec une croissance qui ne saurait se suffire des 3 à 4%
enregistrés jusque-là. L’actuel ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, affirmait
avant de prendre cette fonction qu’il faudra «doubler le PIB actuel» pour prendre en charge
les besoins futurs.
Un défi important quand on sait que même si le chômage a été considérablement réduit ces
dernières années, le rythme de création d’emplois reste totalement aléatoire. Selon les
chiffres de l’ONS sur le chômage, il ressort que sur les 5 dernières années (2011-2015), le
nombre de la population au chômage a augmenté en moyenne de 261 000 personnes,
tandis que la création d’emplois a été d’à peine
171 000 en moyenne.
Safia Berkouk
PanoraPost (maroc)
Publié le 08 février 2016
Entretien - Le Maroc, ce nouveau converti à la finance islamique
http://www.panorapost.com/article.php?id=12130
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Fin novembre 2014, après plus de deux années d’attente, le projet de loi autorisant
l’implantation des banques islamiques est adopté à Rabat. Sous l’impulsion du chef de
gouvernement Abdelilah Benkirane, ce projet définit le statut des banques islamiques au
Maroc et précise les produits qui pourront y être commercialisés.
Depuis cette adoption, les déclarations d’implantations de « finance participative », comme
elle est appelée communément dans le royaume, croissent. Pas moins de 17 demandes
d’accréditations ont été déposées à la banque centrale marocaine. A l’instar de ce nouveau
protagoniste, la Banque participative… Cette banqu,e en attente d’agrément, est le fruit
d’une alliance entre la Banque populaire et le groupe américain Guidance Financial Group.
Cette fusion internationale n’est pas la première du genre au Maroc.
C’est d’abord BMCE Bank of Africa et le groupe bahreïni Baraka Banking Group qui ont
montré l’exemple. A deux, ils ont donné naissance à Al Baraka Bank,en juin dernier.
Quelques mois plus tard, c’était au tour du Crédit immobilier et hôtelier de s’allier avec Qatar
International Islamic Bank (QIIB). Les banques s’activent donc pour se lancer dans ce
créneau participatif. Environ 40 millions de musulmans dans le monde sont aujourd’hui
clients de la finance islamique. Un marché prometteur donc mais qui reste encore inconnu
du grand public au Maroc. Concrètement, la finance islamique, c’est quoi ?
Panorapost a demandé un éclairage à un expert : Kader Merbouh, directeur de l’Executive
master de finance islamique à l’université Paris Dauphine.
En quoi consiste la finance islamique ? En quoi diffère-t-elle de la finance dite
conventionnelle ?
C’est une finance qui s’inspire de l’éthique issue du droit musulman des affaires et qui fait
appel à des techniques spécifiques de structuration financière. Elle a de nombreux points
communs mais également de réelles différences avec la finance conventionnelle. En
l’occurrence, elle poursuit les mêmes objectifs en terme de performance financière. Sa
spécificité provient du fait qu’elle veille au respect d’un ensemble de règles et de principes
dictés par l’éthique musulmane. Ses principes sont les suivants : le partage des pertes et
des profits, l’interdiction de la spéculation, l’interdiction d’investir dans des secteurs jugés
non vertueux en islam (la pornographie, le tabac, l’alcool, etc ). La finance islamique impose
ainsi des contraintes spécifiques en matière, notamment, de traçabilité des investissements
et des risques.
A qui s’adresse la finance islamique ? Et quels sont les avantages pour le particulier
comme pour l’entreprise de recourir à la finance islamique ?
Il y a deux cibles:
- la première concerne le marché des gens de confession musulmane. Ces personnes
souhaitent que leur argent soit investi en conformité avec leurs valeurs religieuses. Ça
transcende toutes les couches sociales.
- la seconde concerne ceux qui pensent que le système financier actuel dit conventionnel ne
répond pas à leurs attentes en termes d’équité.
La finance islamique semble ne pas avoir été affectée par les crises financières. Peuton en déduire qu’elle a moins de risque d’être impactée par ce type de perturbations ?
Toutes les études montrent que les banques islamiques ont été largement moins touchées. Il
n’y a eu aucune faillite d’établissements de ce genre. Les banques islamiques ont
simplement été impactées par la frilosité des banques conventionnelles car il y a forcément
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des interactions. Le poids de la finance islamique représente 1% de la finance normale. Elle
est effectivement moins contrainte à des crises cycliques.
On entend souvent parler de Sukuk comme produit phare de la finance islamique.
Concrètement, qu’est ce que c’est ?
Le Sukuk est une obligation qui se base sur le principe de partage des pertes et des profits
en finance islamique. A la différence de l’obligation classique, le Sukuk est adossé à un actif
tangible. Il confère à l’investisseur une part de propriété dans un actif sous-jacent identifié
préalablement à l’émission. Les détenteurs de Sukuk jouissent de l’usufruit de cet actif à
hauteur du montant de leur investissement. Par conséquent, leur rémunération dépend de la
performance du sous-jacent. La plupart des structurations de Sukuk font intervenir une entité
dédiée qui détient l’actif sous-jacent et qui expose les investisseurs à un risque de crédit.
En 1997, les Etats-Unis avaient donné leur accord pour les premières banques
islamiques. Le Maroc semble à la traîne en la matière. Pourquoi le Royaume s’ouvre-til tardivement à la finance islamique alors qu’il est un pays musulman ?
La finance islamique ne se développe que maintenant car il n’y avait pas assez de recul
auparavant. La finance islamique moderne n’a que 40 ans, et elle n’est jamais venue des
pays arabes, mais des pays de l’Asie du Sud-Est, notamment de la Malaisie. Puis, ce sont
les pays européens qui se sont approprié ce type de finance comme le Royaume-Uni ou le
Luxembourg.
Les modèles qu’on a donc pu voir émerger ont créé ensuite une sorte de poussée. Et le
Maroc a été pragmatique. Il a su se positionner de manière prudente. Et il se doit d’être
réfléchi, car sa réussite est scrutée par l’Europe et l’Afrique. Son développement se pose
dans une dynamique régionale. Le Maroc s’est donc appuyé sur des expériences de réussite
et des alliances internationales. Le royaume a importé l’expertise internationale sur le champ
marocain pour développer une place financière sûre et pouvoir devenir un hub
incontournable en Afrique.
La finance islamique en quelques chiffres :
- un marché de 800 milliards de dollars ;
- un taux de croissance annuel moyen supérieur à 15% ;
- en 2020, elle devrait représenter 1.300 milliards de dollars ;
- 40 millions des 1,6 milliard de musulmans dans le monde sont aujourd’hui clients de la
finance islamique ;
- la Malaisie reste le principal marché émetteur devant l’Arabie saoudite et les Émirats
arabes.
PanoraPost (maroc)
Publié le 08 février 2016
Le jeune Safiote emprisonné pour dénonciation de malversations
libéré sous la pression des réseaux (vidéo)
http://www.panorapost.com/article.php?id=12131
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Les réseaux sociaux sont de plus en plus puissants car mobilisateurs, et ils sont
mobilisateurs car la justice et l’intégrité sont recherchées par tous. C’est ainsi et pour cela
que le jeune Abderrahmane a été libéré ce mardi 8 février da la prison où il avait été envoyé
en fin de semaine dernière dans l’attente de son jugement. Il était devenu « le héros de la
vidéo de la route », comme on l’appelle depuis quelques jours.
Abderrahmane el Mekraoui était en effet apparu voici quelques semaines sur une vidéo où il
se montrait à visage nu, arrachant des pans entiers d’une route asphaltée, à mains nues,
commentaires à charge à l’appui contre la commune et son président… Le président de la
commune concernée, Jamaât Shaïm (région de Safi), avait esté en justice et porté plainte
pour détérioration de biens publics, fausse dénonciation, insulte et diffamation. Le parquet
avait requis son incarcération à titre provisoire. Le jeune Abderrahmane avait été conduit,
bien évidemment, en prison, avec une facilité déconcertante…
Mais c’était sans compter avec la toile et le militantisme nouveau des Marocains. Levée de
boucliers violente, donc, sur les réseaux et, comme toujours en pareil cas, les autorités
reculent précipitamment, et toujours en désordre. Le ministre de la Justice s’est
opportunément rappelé qu’il était aussi ministre des Libertés et a demandé à « son »
procureur d’accepter la comparution du jeune Abderrahmane en état de liberté provisoire.
Et puis, aujourd’hui, Khalid Anouiked, président Istiqlal de la commune, celui-là même qui
avait été accusé par le jeune homme d’être derrière ce raté, a annoncé qu’il était prêt à
retirer sa plainte contre lui pour l’audience du mercredi 10. Aujourd’hui, aussi, une
manifestation s’est tenue devant les locaux du tribunal de Safi, exigeant la libération du
jeune homme.
Et en fin d’après-midi, le jeune héros malgré lui a recouvert sa liberté, trouvant à la sortie de
prison le collectif de militants de droits de l’Homme et d’avocats qui l’avaient défendu.
La vidéo objet des tourments d'Abderrahmane el Mekraoui
https://youtu.be/Yf6hzQKBtws
La libération du jeune homme
https://youtu.be/F6P7rpINOds
PanoraPost (maroc)
Publié le 09 février 2016
Hajj 2016, les dotations sont fixées par l’Office des changes
http://www.panorapost.com/article.php?id=12139
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L’Office des changes vient d’annoncer le plafond des dotations réservées aux futurs pèlerins
à La Mecque pour l’opération Hajj 2016, qui se tiendra vers la moitié du mois de septembre
prochain. L’Office en a avisé le Groupement des banques du Maroc (GPBM). Les détails.
Les pèlerins pourront bénéficier d’une dotation en devise de l’ordre de 10.000 DH, une
somme qui pourra être cumulable avec leur dotation touristique habituelle. La dotation de
pèlerinage pourra s’élever à 30.000 DH pour les personnes ayant obtenu un visa d’entrée en
Arabie Saoudite sans intermédiation d’agence, ou pour celles qui ne voyagent pas avec le
ministère des Affaires islamiques.
Par ailleurs, l’Office a également défini les plafonds des dotations à accorder aux agences
de voyages au titre de l’opération du Hajj 1437/2016 destinées à régler les frais de séjour
des pèlerins et de leurs accompagnateurs auprès des prestataires. Ces plafonds sont fixés à
61.000 DH pour les agences de voyages commercialisant un produit premium, à 42.000 DH
pour les agences aux produits standards et, enfin, à 29.000 DH pour les agences aux
produits sociaux.
Les banques intermédiaires agréées pourront délivrer directement aux pèlerins une dotation
en devises d'un montant limite de 10.000 DH sur présentation du document ad hoc du
ministère de l'Intérieur prouvant que la personne est retenue pour effectuer le Hajj.
Il convient de préciser qu’ en cas de dépassement des seuils fixés, la différence pourra être
prélevée dans les comptes en dirhams convertibles et les comptes en devises des agences
ou l’un des deux.
PanoraPost (maroc)
Publié le 09 février 2016
Diplomatie de combat au Maroc,
par Aziz Boucetta
http://www.panorapost.com/article.php?id=12136
« On ne croit qu’en ceux qui croient en eux », disait Talleyrand, diplomate chevronné qui
avait servi plusieurs rois dans la France du 19ème siècle. Le Maroc croit de plus en plus en
lui, et il vient, en la personne de son chef d’Etat, de désigner quelques 70 ambassadeurs,
changeant d’un coup plus que les deux tiers de son corps diplomatique à l’étranger. Une
première nationale, et certainement mondiale, hors révolutions et coups d’Etat. Pourquoi le
Maroc a-t-il fait cela, comment, qui ? Essai de décryptage en 3 enjeux, servis par 3 groupes
d’ambassadeurs, avec 3 remarques subsidiaires.
Les 3 grands (nouveaux) enjeux de la diplomatie marocaine.
Il est loin le temps où l’on disait, fiers, que la politique marocaine pouvait se résumer dans la
formule « Taza avant Gaza ». C’était inconséquent, et depuis quelques années, le slogan a
quelque peu changé en « Taza ET Gaza, et même Brazza »… Le Maroc s’ouvre donc, après
une décennie de quasi enfermement diplomatique. Le roi voyage, beaucoup, et reçoit encore
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plus. Entre les deux, il envoie ses missi dominici un peu partout. La raison est que la
diplomatie du Maroc se trouve confrontée aujourd’hui à trois grands défis.
1/ L’évolution de la question du Sahara et le durcissement à l’égard d’Alger.
La question du Sahara a connu, globalement, quatre grandes périodes. Le conflit armé de
1975 à 1991, puis le conflit larvé de 1991 à 2007, année de la présentation du plan
d’autonomie, et attentisme jusqu’en 2013. Depuis cette date, le Maroc est passé à
l’offensive, en mettant en œuvre une diplomatie royale plus agressive dans le propos
d’abord, puis dans l’acte ensuite.
Depuis 2013, donc, avec les réelles avancées en droits de l’Homme et en développement
économique – toutes choses étant perfectibles par ailleurs –, le Maroc a fait l’objet
d’attitudes inamicales, des Etats-Unis, de l’ONU, parfois d’Espagne, et même de France. La
diplomatie marocaine avait réagi, remettant les pendules à l’heure, mais son action était
dans la réaction, non dans l’anticipation. Nommer des ambassadeurs nouveaux, et bien
choisis, permettrait de devancer les différents problèmes qui peuvent se poser, pour ne pas
avoir à les résoudre en catastrophe. Et les nommer à Laâyoune représente une symbolique
plus qu’évidente, marquant un acte de pleine souveraineté à partir d’une région où le Maroc
dispose de (toute) sa souveraineté.
Avec l’Algérie, la guerre diplomatique est déclarée côté Maroc aussi, et c’est la nouveauté.
Jusque-là, on encaissait, en silence. Là encore, c’est Mohammed VI qui est à la manœuvre,
de manière spectaculaire lors de son discours du 6 novembre 2015. Avec Alger, le conflit a
comme terrain d’engagement l’Afrique et l’ONU essentiellement et, dans une moindre
mesure, l’Europe. Il faut des diplomates aptes à porter la parole du Maroc, et surtout à se
départir de la traditionnelle courtoisie marocaine.
2/ La COP22.
Le Maroc veut faire de « sa » COP une réussite aussi grande que fut celle de la COP21 en
France. Pour cela, il ne suffit pas de lancer Noor I, avec toute l’importance que peut quand
même revêtir ce gigantesque projet. Il faut savoir vendre le Maroc auprès des quelques 200
gouvernements dans le monde, pour espérer en recevoir la moitié au moins au plus haut
niveau (chef d’Etat ou premier ministre). Et ce n’est pas en septembre qu’il faut commencer
les démarches.
En octobre, le gouvernement changera très certainement et les (désormais) trois chefs de la
diplomatie aussi. Il faut un appareil aguerri, expérimenté, rôdé, qui s’est déjà mis en ordre de
marche et qui fonctionne de manière optimale. D’où la vague de nouvelles nominations et la
COP22 devra faire partie de la feuille de route sur laquelle les diplomates seront
régulièrement évalués.
3/ La nouvelle position diplomatique du Maroc, fondée sur sa sécurité et ses services.
Cela n’aura échappé à personne. Le Maroc est sollicité de toutes parts, aujourd’hui, pour
l’efficacité de ses services de sécurité, bien utiles et même demandés en ces temps troubles
où les organisations terroristes tuent et estropient, aveuglément. Cela a eu un coût, et cela
doit avoir un prix. Les nouveaux ambassadeurs devront être là pour savoir rappeler où se
trouve leur intérêt aux Etats qui sollicitent l’aide de Rabat. Les communiqués du ministère
des Affaires étrangères accolent toujours « la coopération sécuritaire » quand il s’agit
d’Union européenne.
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Pour tout cela, le Maroc a nommé près de 70 nouveaux ambassadeurs, répartis en trois
grands groupes, du moins selon les informations disponibles aujourd’hui, dans l’attente de
l’officialisation de leurs désignations.
Les 3 catégories des nouveaux diplomates
Avant, on nommait « les copains et les coquins », mais ça, c’était avant… Aujourd’hui, des
noms circulent, et certains ont été confirmés par eux-mêmes ou par des « sources sûres »,
comme on dit. L’un d’eux, Ahmed Reda Chami, a même fait montre d’une certaine légèreté
en annonçant sa nomination sur Twitter, une légèreté qui n’enlève par ailleurs rien à sa
compétence,mais une légèreté quand même. On peut scinder les nouveaux missi
dominici du royaume en trois grandes catégories.
1/ Les politiques
Il semblerait que chaque parti a son ambassadeur, désormais. Même le PJD, et c’est une
première, verra un de ses cadres figurer dans le corps diplomatique marocain, en la
personne de Reda Benkhaldoune. La « normalisation » avec ce parti est en marche, et c’est
heureux. Que ce soit en Malaisie, en Indonésie, au Liban ou au Danemark, les nouveaux
ambassadeurs partisans se disperseront à travers le monde, mais auront – et leurs partis
avec eux – une idée précise de la déclinaison de la diplomatie nationale new age.
2/ La société civile
Certains noms circulent, venant de la société civile, comme Abdeslam Aboudrar, Amina
Bouayache ou encore Abdelkader Chaoui (muté). Cela va dans le sens de la constitution qui
entérine et consacre le rôle de la société civile dans la politique du pays. La diplomatie ne
peut ni ne doit rester l’apanage des diplomates de carrière ; elle doit s’ouvrir sur les
compétences de celles et ceux qui militent en dehors des cercles gouvernementaux. C’’est
actuellement chose faite.
3/ Les diplomates de carrière
Le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar a dû, et su, faire montre d’un
talent d’équilibriste hors pair pour sélectionner les diplomates de carrière qui sillonnent à
longueur de journée les couloirs de son (grand) ministère. C’est à un jeu de chaises
musicales que le ministre s’est livré, dépêchant certain(e)s à l’étranger et permettant des
promotions aux autres, resté(e)s à Rabat et appelé(e)s à combler les postes désormais
libérés. La diplomatie est un métier et les professionnels ne doivent pas manquer, apportant
leurs connaissances et leur expérience aux nouveaux, et c’est la tâche qui incombera au
nouveau ministre délégué nommé dans la foulée, Nacer Bourita, qui devra remplir le rôle de
la courroie de transmission entre ces dizaines de nouveaux ambassadeurs.
… et les 3 remarques subsidiaires…
1/ A notre connaissance, deux femmes de sensibilité de gauche sont nommées dans deux
capitales scandinaves (Khadija Rouissi et Amina Bouayache). C’est heureux et bien pensé,
les pays de cette zone sont résolument féministes et ancrés à gauche. La forme est
respectée et le fonds suivra, vu les compétences de ces dames, qui auront à affronter
l’agressivité des Algériens (sous couvert du Polisario) dans cette zone géographique.
2/ La princesse, et cousine du roi, Lalla Joumala Alaoui traverse l’Atlantique pour s’en aller
de Londres à Washington, dit-on… tout le monde admet son action engagée et utile au
Royaume-Uni, et son départ à Washington permet de penser à une anticipation des
Marocains sur une très probable élection d’Hillary Clinton à la Maison Blanche. Si tel est le
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cas, cela serait une heureuse anticipation, connaissant les relations très étroites de Clinton
avec les Alaouites.
3/ Dans la continuité de sa politique d’indépendance à l’égard de Riyad, dont l’amitié devient
quelque peu encombrante en raison des soubresauts de la politique moyen-orientale, de la
politique va-t-en guerre des al-Saoud et de la volatilité des engagements saoudiens vis-à-vis
du Maroc, Rabat envoie un ambassadeur en Iran. L’acte fera du tort à Riyad, mais il sera fort
pour Téhéran. Il ne faut pas insulter l’avenir, et l’avenir des relations internationales est avec
la Perse, moins avec les Wahhabites.
Il était temps, donc, que la diplomatie marocaine s’active. Et il est à noter que ce très large
mouvement ait été initié par celui qu’on avait, un peu trop vite, désigné comme « le plus
mauvais ministre des Affaires étrangères » du Maroc. On sait, en effet, que ce mouvement a
été conçu et pensé au ministère, quoique encadré par le palais, dont la diplomatie est le
domaine réservé. Voici quelques mois, Mezouar avait confié à des proches qu’un
mouvement diplomatique était en cours, spectaculaire, qu’il sera orienté autour de
thématiques régionales et que les nouveaux ambassadeurs allaient tous être évalués
régulièrement. « Son passage à la tête de la diplomatie marocaine en sera marqué », affirme
un ancien titulaire de la fonction.
Aujourd’hui, la machine diplomatique est enfin en ordre de marche et en position de combat,
avec ces nouveaux ambassadeurs qui « croient en eux », pour reprendre le mot de
Talleyrand. On ne peut que s’en féliciter.
PanoraPost (maroc)
Publié le 09 février 2016
UE- MAROC : Reprenez ces Marocains que je ne saurais voir…
http://www.panorapost.com/article.php?id=12133
"Un impératif humanitaire. Ni plus ni moins", c’est en ces mots qu’Angela Merkel définissait
la politique d’accueil des migrants à l’automne dernier. Avant de renchérir par son
expression fétiche « Wirschaffendas ! », traduit littéralement par « nous y arriverons » ! A
cette époque, des milliers de migrants affluaient en Méditerranée, fuyant notamment les
conflits en Syrie ou en Irak au péril de leur vie.
De nombreux Marocains ont tenté de s’engouffrer dans la brèche. Résultat : en près deux
mois, ils sont plus de 10.000 à avoir clandestinement franchi les frontières de l’Allemagne via
la Turquie et la Grèce. Mais les premiers incidents ont vite douché leurs espoirs.
La police de Cologne s’est plaint d’une recrudescence de criminalité émanant, entre autres,
de jeunes Marocains. Notamment après les agressions à Cologne lors du Nouvel An. Selon
la police, une large part des personnes incriminées sont marocaines.
Sous la pression de l’opinion publique et de la classe politique allemande, Angela Merkel a
durci le ton à l’égard des étrangers en situation irrégulière et a assoupli le cadre des
expulsions.
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Au sein de la coalition gouvernementale allemande, une décision a été prise. Le Maroc est
désormais classé aux côtés de l’Algérie et de la Tunisie sur la liste des pays classés « sûrs »
par l’Allemagne. L’objectif est clair : juguler le nombre de migrants venus de ces pays, qui a
considérablement augmenté ces derniers mois. Lors d’un entretien téléphonique avec
Mohammed VI, la chancelière allemande a évoqué le sort de ces Marocains résidant
illégalement sur le territoire allemand. Le roi et la chancelière ont ainsi convenu que « les
responsables concernés des deux pays renforcent leurs échanges en vue de préparer et
étudier les dossiers des personnes en séjour illégal, et de procéder au transfert sans délais
vers le Maroc », selon un communiqué.vLe ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de
Maizière, devrait ainsi se rendre prochainement au Maroc, « en vue de travailler étroitement
sur ce sujet avec son homologue marocain », Mohamed Hassad.
En parallèle, le gouvernement allemand a également approuvé des mesures devant rendre
l’Allemagne moins attractive pour les migrants économiques : obligation de résidence pour
certains demandeurs d'asile, réduction des aides et limitation du rapprochement familial.
Mais l’Allemagne n’est pas le seul pays à prendre un virage serré en matière de politique
migratoire. La Suède aussi.
Le ministre suédois de l’Intérieur, Anders Ygeman, a estimé qu’entre 60.000 et 80.000
demandeurs d’asile enregistrés l’an dernier seraient déboutés et expulsés, soit près d’un
requérant sur deux. « Nous devons nous occuper du mieux possible de ceux qui peuvent
rester, mais ceux qui reçoivent une réponse négative doivent repartir », a justifié pour la
Suède le chef du gouvernement Stefan Löfven.
Sur le banc des « accusés » : les mineurs marocains résidant illégalement sur le territoire
suédois. Sur un total de 35.369 mineurs non accompagnés ayant déposé une demande
d’asile l’an dernier en Suède, 403 seraient marocains, à peu après autant en 2014. Mais ces
chiffres sont bien inférieurs à la réalité : l’Office des migrations estime qu’un mineur marocain
sur trois ou quatre disparaît dans la nature après son entrée sur le territoire scandinave, de
peur de se voir refuser l’asile. Seul 4 % des demandes d’asile de ressortissants marocains
ont en effet reçu un avis favorable en 2015.
Et donc, Anders Ygeman et le président de la Chambre des représentants du Maroc Rachid
Talbi Alami ont pris l’engagement d’«œuvrer de concert à un meilleur retour des
ressortissants marocains ».
Le royaume chérifien, longtemps réticent, est désormais « disposé à reprendre un plus grand
nombre de ses citoyens », indique un communiqué ministériel suédois. Afin de faciliter les
rapatriements, un comité travaille à l’identification de ces mineurs. Stockholm se dit prêt à «
soutenir les organisations de la société civile pour permettre une meilleure réadaptation des
enfants au Maroc ». La Suède envisage de fournir une aide en matière de formation et
d’expertise technique.
Media24 – 9/2/19
L’information économique marocaine
FMI: Les banques marocaines vulnérables aux risques de
concentration du crédit
http://www.medias24.com/print16160109022016FMI-Les-banques-marocaines-vulnerablesaux-risques-de-concentration-du-credit.html?layout=default&print=1&tmpl=component
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Evaluant la stabilité du système financier dans son ensemble, le Programme d’évaluation du
secteur financier (PESF) du FMI note que le système financier marocain a grandi en taille et
en complexité et insiste sur les liens plus étroits entre la banque et l’assurance, ainsi que sur
l’expansion significative du secteur en Afrique subsaharienne. Détails.
L’organisme de Christine Lagarde note que les banques marocaines sont suffisamment
capitalisées et rentables et que leur financement demeure stable. Elles fournissent
majoritairement des crédits à court et à moyen termes, financés principalement par des
dépôts de détail.
Toutefois, Le FMI attire l’attention sur l’augmentation des prêts non performants, en
raison de la régression de l’activité de certains secteurs, comme le BTP et l’immobilier.
Néanmoins, ces prêts non performants sontbien provisionnés selon le FMI et la régression
enregistrée dans les secteurs précités n’affectera probablement pas la stabilité financière du
pays à l’heure actuelle. Ceci dit, la surveillance des prêts risqués devrait être renforcée.
Par ailleurs, les stress tests effectués dans le cadre du PESF suggèrent que le système
financier marocain est résilient face aux chocs liés à la faible croissance européenne et à la
volatilité des marchés financiers mondiaux.
Cependant, le système bancaire est plus particulièrement vulnérable aux risques de
concentration des crédits. En effet, le FMI rapporte que pour chacune des huit banques
marocaines, le défaut des trois plus grandes expositions sur les entreprises pourrait conduire
à une sous-capitalisation.
Dans le cas peu probable d’une perte importante des dépôts, les banques marocaines
maintiendraient toutefois un ratio de liquidité au-dessus du seuil réglementaire de 60%. Par
ailleurs, le FMI note également que les liens d’interdépendance entre les grandes
banques et les assureurs doivent être étroitement surveillés, ces derniers étant
vulnérables à d’éventuelles faillites bancaires.
En outre, les risques liés à la présence des banques marocaines en Afrique
subsaharienne semblent maîtrisés. Ainsi, les résultats des stress tests de du PESF
suggèrent qu’en moyenne, le risque qu’une sévère défaillance des filiales subsahariennes
affecte les banques marocaines via des canaux de crédit et de financement est très limité
(environ 1% du capital réglementaire). Toutefois, le FMI note que des efforts immédiats
doivent se concentrer sur des lacunes liées à la réglementation et au contrôle des activités
transfrontalières des banques.
D’un autre côté et dans un contexte réglementaire favorisé par la loi bancaire présentée en
décembre 2014, le FMI salue l’engagement de Bank Al Maghrib pour renforcer son
indépendance et son rôle de surveillance, en élargissant son rôle pour inclure, entre
autres, la contribution à la stabilité financière et la surveillance des infrastructures des
marchés financiers.
Le PESF a fait ressortir une nette amélioration de la réglementation bancaire de BAM, qui
s’étend au-delà des conglomérats financiers, pour englober les institutions de microfinance
et les banques off-shore.
Le PESF fait également référence au nouveau «Comité de coordination et de surveillance
des risques systémiques» de BAM, prévu dans la nouvelle loi bancaire et visant à fournir le
cadre nécessaire pour la coordination des politiques macro-prudentielles. Toutefois, le FMI
insiste sur la nécessité d’une amélioration continue de la supervision mise en place, ainsi
que des examens périodiques de la qualité des actifs, avec une supervision plus significative
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des marchés financiers. BAM devrait poursuivre ses fonctions de base que l’institution
qualifie d’«efficaces», tout en prenant de nouvelles responsabilités.
En outre, le FMI note que la loi devrait désigner une autorité de résolution des défaillances
bancaires, au-delà du régime déjà mis en place, qui nécessite par ailleurs une base juridique
plus solide.
Le PESF salue par ailleurs les progrès affichés par le Maroc en matière d’inclusion
financière, en insistant tout de même sur la nécessité de maintenir les efforts déployés dans
ce sens: «Il est nécessaire de fixer un mécanisme de coordination entre les principales
parties prenantes dans la future stratégie nationale d’inclusion financière», note l’institution.
La mise en œuvre réussie de cette stratégie nécessitera des ressources financières et
humaines adéquates, une bonne gouvernance, une surveillance robuste, ainsi qu’un cadre
d’évaluation pour suivre les améliorations enregistrées.
The Economist – Feb 6th, 2016
A plan for Europe’s refugees
How to manage the migrant crisis
A European problem demands a common, coherent EU policy. Let refugees in, but regulate
the flow
http://www.economist.com/news/leaders/21690028-european-problem-demands-commoncoherent-eu-policy-let-refugees-regulate
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/fullwidth/images/2016/02/articles/main/20160206_ldd001.jpg
REFUGEES are reasonable people in desperate circumstances. Life for many of the 1m-odd
asylum-seekers who have fled Syria, Iraq, Afghanistan and other war-torn countries for
Europe in the past year has become intolerable. Europe is peaceful, rich and accessible.
Most people would rather not abandon their homes and start again among strangers. But
when the alternative is the threat of death from barrel-bombs and sabre-wielding fanatics,
they make the only rational choice.
The flow of refugees would have been manageable if European Union countries had worked
together, as Angela Merkel, Germany’s chancellor, has always wished (and The
Economist urged). Instead Germany and Sweden have been left to cope alone. Today their
willingness to do so is exhausted. Unless Europe soon restores order, political pressure will
force Mrs Merkel to clamp down unilaterally, starting a wave of border closures (see article).
More worrying, the migrant crisis is feeding xenophobia and political populism. The divisive
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forces of right-wing nationalism have already taken hold in parts of eastern Europe. If they
spread westward into Germany, France and Italy then the EU could tear itself apart.
The situation today is a mess. Refugees have been free to sail across the Mediterranean,
register and make for whichever country seems most welcoming. Many economic migrants
with no claim to asylum have found a place in the queue by lying about where they came
from. This free-for-all must be replaced by a system in which asylum applicants are screened
when they first reach Europe’s borders—or better still, before they cross the Mediterranean.
Those who are ineligible for asylum should be sent back without delay; those likely to qualify
should be sent on to countries willing to accept them.
Order on the border
Creating a well-regulated system requires three steps. The first is to curb the “push factors”
that encourage people to risk the crossing, by beefing up aid to refugees, particularly to the
victims of the civil wars in Syria and Iraq, including the huge number who have fled to
neighbouring countries such as Turkey, Jordan and Lebanon. The second is to review
asylum claims while refugees are still in centres in the Middle East or in the “hotspots”
(mainly in Greece and Italy), where they go when they first arrive in the EU. The third
element is to insist that asylum-seekers stay put until their applications are processed, rather
than jumping on a train to Germany.
All these steps are fraught with difficulty. Consider the “push factors” first. The prospect of
ending Syria’s civil war is as remote as ever: peace talks in Geneva this week were
suspended without progress. But the EU could do a lot more to help refugees and their host
countries. Scandalously, aid for Syrians was cut in 2015 even as the war grew bloodier: aid
agencies got a bit more than half of what they needed last year, according to the UN. Donors
at a conference on Syria in London this week were asked for $9 billion for 2016—about as
much as Germans spend on chocolate every year. Far more is needed and will be needed
every year for several years.
Europe’s money should be used not only to feed and house refugees but also to coax host
countries into letting them work. For the first four years of the conflict Syrians were denied
work permits in Turkey, Jordan and Lebanon. Recently Turkey has begun to grant them.
Donors should press Jordan and Lebanon to follow. European cash could help teach the
400,000 refugee children in Turkey who have no classes.
Sometimes the answer is no
The next task is to require asylum-seekers to register and be sorted as close to home as
possible, probably Turkey, Lebanon and Jordan. Ideally those who travelled by boat to
Europe would be sent back to a camp in one of those three countries—to prove that they had
just wasted their precious savings paying people-traffickers to take them on a pointless
journey. But that would meet legal and political objections, partly because of Turkey’s
human-rights record (see our special report this week). So, there should also be processing
camps in the first EU country they reach, probably Greece or Italy.
The cost of this should fall on the whole EU, since the aim is to establish control over its
external borders. Dealmaking is possible. In exchange for hosting large refugee hotspots and
camps on its soil, Greece should get help with its debt and budgets which it has long sought
to ease its economic crisis.
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INTERACTIVE: A guide to Europe’s migrant crisis, in numbers
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Refugees will fall in with this scheme (rather than cross the EU illegally) only if they are
confident that genuine applications will be accepted within a reasonable time. So the EU
needs to spend what it takes to sort through their claims swiftly. And member states ought to
agree to accept substantial numbers of bona fide asylum claimants. Some refugees may
prefer Germany to, say, France—and there is little to stop them crossing borders once they
are inside the Schengen area. But, if they are properly looked after, most will stay put.
The crisis needs a bigger resettlement programme than the one run by the UN’s refugee
agency, which has only 160,000 spaces. Countries outside the EU, including the Gulf states,
can play their part. Priority should go to refugees who apply for asylum while still in Turkey,
Jordan or Lebanon—to reduce the incentive for refugees to board leaky boats to Greece.
Ineligible migrants will have to be refused entry or deported. This will be legally difficult, and it
is impossible to repatriate people to some countries, such as Syria. But if the system is not to
be overwhelmed or seen as unfair and illegitimate by EU citizens, the sorting must be
efficient and enforceable. EU governments should sign and implement readmission
agreements allowing rejected migrants to be sent home quickly to, say, Morocco or Algeria. If
such agreements are impossible (or if, as with Pakistan, governments fail to honour them),
the prospect of waiting indefinitely in Greece will make economic migrants who want to reach
Germany hesitate before coming.
Once these measures are in place, it will become possible to take the most controversial
step: halting the uncontrolled migrant flow across Greece’s northern border with Macedonia.
It has become clear over the past five months that Europe cannot gain control over the
numbers or the nature of the migrant stream while border officials wave asylum-seekers
through and bid them safe travel to northern Europe.
Since the start of the refugee crisis, we have argued that Europe should welcome persecuted
people and carefully manage their entry into European society. Our views have not changed.
Countries have a moral and legal duty to provide sanctuary to those who flee grave danger.
That approach is disruptive in the short term, but in the medium term, so long as they are
allowed to work, refugees assimilate and more than pay for themselves. By contrast, the
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chaos of recent months shows what happens when politicians fail to take a pan-European
approach to what is clearly a pan-European problem. The plan we outline would require a big
chunk of cash and a lot of testy negotiations. But it is in every country’s interest to help—
because all of them would be worse off if the EU lapses into a xenophobic free-for-all.
There is an encouraging precedent, too. When more than 1m “boat people” fled Vietnam
after the communists took over in 1975, they went initially to refugee camps in Hong Kong
and other parts of Asia before being sent to America, Europe, Australia and wherever else
would take them. They arrived with nothing but adapted astonishingly fast: the median
household income for Vietnamese-Americans, for example, is now above the national
average. No one in America now frets that the boat people will not fit in.
The Economist – Feb 6th, 2016
Briefing
Europe’s migrant crisis
Forming an orderly queue (74)
Schengen’s economic impact
Putting up barriers (13)
The Economist – Feb 6th, 2016
Europe’s migrant crisis
Forming an orderly queue
Europe desperately needs to control the wave of migrants breaking over its borders. This is
how to go about it
http://www.economist.com/news/briefing/21690066-europe-desperately-needs-control-wavemigrants-breaking-over-its-borders-how
SYRIA’S five-year civil war has killed hundreds of thousands of people and displaced millions
more. It has sucked regional powers into a geopolitical vortex. It has inspired terrorists and
fanatics, and exported violence to a historically volatile region. It has also given rise to
Europe’s worst refugee crisis in recent times.
The numbers are, in themselves, not overwhelming: the European Union, with a population
of 500m, received 1m illegal migrants last year, slightly fewer than the number of Syrian
refugees accepted by Lebanon, which has only 5m people. But the chaos of the flows and
the determination of migrants to reach a handful of wealthy countries has set governments
against each other and opened cracks in Europe’s piecemeal approach to asylum. No
country can resolve the problem alone. But most have responded by unilaterally closing
borders and tightening asylum rules, leaving migrants to endure dangerous journeys at the
hands of criminal smuggling networks—which elude every attempt at disruption.
An ever-growing number of border controls undermines the EU’s supposedly border-free
Schengen area, hampering trade, commuting and tourism (see article). Political pressure at
home may yet force Angela Merkel, Germany’s chancellor, to close her country’s doors,
setting off border closures across the continent. Jean-Claude Juncker, the president of the
European Commission, says the end of Schengen could cause the collapse of the euro and
even the single market, one of the EU’s outstanding achievements. That is an exaggeration,
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but it would threaten European co-operation in other areas and knock back a club already
beset by crises.
More broadly, the migrant crisis is fuelling the rise of right-wing populist parties across
Europe. Anti-immigrant violence is growing in countries that have shouldered the largest
burden: this week a German police chief spoke of a “pogrom atmosphere” after a spate of
attacks on asylum centres. The Paris killings and sexual assaults by asylum-seekers in
Cologne have added terrorism and cultural neuralgia to a toxic brew. Xenophobic nationalism
has already set parts of eastern Europe against Germany. The resentments that it creates
are a threat to the EU, too.
While Europeans bicker, the migrant situation remains grave. The death rate in the Aegean
Sea has soared in wintry conditions: 365 migrants crossing from Turkey to Greece died or
went missing last month (see chart 1). Registered daily arrivals in the Greek islands fell to
just under 2,000 in January compared with almost 7,000 last October. But Germany is taking
in 3,000 migrants a day, suggesting that the true number reaching Europe is somewhat
higher. When spring arrives the flows will surely return to their autumn peaks.
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/original-size/images/printedition/20160206_FBC299.png
Most proposed solutions look unfeasible, repugnant or pointless. A settlement in Syria is
more remote than ever. This week the latest attempt to start peace talks were suspended
without making progress. Libya, the gateway to Italy, has no functioning government. Inside
Europe, the fences built by politicians like Hungary’s prime minister, Viktor Orban, merely
displace the problem. Yet EU governments are bound by law to provide refuge to those
fleeing war. They cannot push back migrant-laden boats from Greece (as a Belgian politician
reportedly suggested). Ejecting Greece from Schengen, as some urge, would deter nobody,
for it shares no land borders with other Schengen countries.
Plans cooked up in Brussels, meanwhile, are too ambitious, leaving governments to
squabble while the migrants pour in. A quota scheme to relocate asylum-seekers across
Europe has succeeded only in reviving an east-west split in the EU. Mutual recognition of
positive asylum decisions across the EU, which would give refugees the freedom of
movement that ordinary citizens enjoy, is years away.
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Instead, the priority must be to restore a sense of order to the migrant flows. That will help
overburdened countries like Germany plan for arrivals and reassure worried citizens who see
no end in sight. Europe also needs to get much better at distinguishing refugees with a
genuine claim for international protection from migrants fleeing hardship, a growing number
of whom have started to join the highway to Europe.
These immediate measures should buy time for Europeans to provide protection for those
who need it, to work out how to share the asylum burden more equitably and ultimately to
accept more refugees in an orderly fashion. But for that to happen, all the pieces in the
puzzle need to fall into place, and in the right order.
INTERACTIVE: A guide to Europe’s migrant crisis, in numbers
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/originalsize/images/2016/02/articles/body/20160206_wop912_290.png
The work begins in Turkey, partly because it hosts 2.7m refugees, most of them Syrian, and
partly because it has become a gathering ground for refugees and migrants from elsewhere.
There are two parts to the European strategy. The first is a deal hastily assembled last year
that rewards Turkey for reducing the migrant flows—including a pledge of €3 billion ($3.3
billion) to help refugees and visa-free access to the EU for Turks in exchange for the
implementation of a plan to take back migrants.
The grand bargains envisaged in the deal are probably too ambitious in the limited time
Europe has; all EU governments will have to approve the visa deal, which seems unlikely.
The EU dithered before finding the cash this week—and then it is only a fraction of what is
needed. The agreement has had some effect: Turkish police targeting smugglers have made
3,700 arrests. But the number of migrants landing on Greek shores has not fallen by as
much as the Europeans had hoped.
Other elements of the deal might prove more fruitful. Turkey recently introduced a limited
work-permit scheme for Syrian refugees. Freeing tens of thousands of them from the grip of
the country’s vast grey economy could help keep some in place. It has also slashed the
number of Syrians arriving from Jordan and Lebanon, many of whom were travelling
onwards to Europe, by imposing visa requirements.
Unburdening the poor
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Much more must be done to ensure that the burden on those countries does not become
intolerable. This is the second part of Europe’s approach. Together, Turkey, Jordan and
Lebanon host over 5m refugees, including 2m children. Most are poor. Under huge strain,
governments are now doing their best to keep refugees out. Some 20,000 Syrians languish
in the desert next to Jordan, which refuses to let most in. Lebanon has closed its borders.
Conditions inside these countries are bad and getting worse, making the hazardous journey
to Europe seem more appealing. Half the Syrians in Jordan say they want to leave. Up to
150,000 Syrians sailed from Lebanon to Turkey last summer, seeking to join the migrant trail
to Europe.
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A donors’ conference in London on February 4th, as we went to press, aimed to secure
nearly $9 billion of funding for the region. Britain this week pledged £1.2 billion ($1.75 billion)
of new money. Cash is needed for schools and overburdened infrastructure, such as
Lebanon’s strained water supply. One idea is for donors to press Jordan and Lebanon to
ease restrictions on refugees seeking jobs. European countries can help by ensuring that
markets are open. If refugees have reasons to stay, fewer will risk the trek to Europe.
Stemming the flow across the Aegean saves lives and dents the smugglers’ profits. But the
clamour to reach Europe will continue: routes are too well established, smuggling networks
too strong and demand too robust. Perhaps two-thirds of Syrians reaching Greece are
fleeing the country directly rather than upping sticks from Turkey, Jordan and Lebanon.
Large numbers will therefore continue to land in Greece. In response the EU has tried to
establish “hotspots” on the five islands where most migrants land. But only one of these
processing and registration centres, on Lesbos, is fully functional. (Of the six in Italy, one is
reportedly working well.) Here, migrants are screened, fingerprinted and interviewed.
Interpreters test the claims of self-identified Syrians; many other Arabs claim to come from
Syria to improve their chances of getting asylum. Identity cards are checked for fraud under
ultraviolet lights. At the end, confirmed north Africans are taken to Athens, from where they
are supposed to lodge an asylum claim or face deportation. Most others are given a
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document that allows them to move on to the Greek mainland independently. Most do so
immediately.
On other Greek islands locals have held up the establishment of hotspots, fearing the impact
on tourism. The army is now responsible for opening the remaining four; officials say all will
be operational by mid-March. But a spring surge could still overwhelm the hotspots, and
there is plenty of anecdotal evidence of migrants evading registration or gaming the system.
A bigger problem is that registering immigrants will not stop them moving on if they have no
fear of being sent back. Since November officials on Greek-Macedonian border have only let
through Syrians, Iraqis and Afghans, who have good grounds for asylum (see chart 2). Other
countries on the route are starting to do the same. The idea is that word of stricter controls
will spread, deterring some from making the journey in the first place. Sub-Saharan Africans,
once a common sight in the Serbian border town of Presevo, are almost entirely gone, bar
the odd Somali. North Africans are trying to get across, but must use smugglers or act alone,
traipsing through woods or ripping up fences. Some are robbed or beaten. Many freely admit
that they are coming to Europe for a better life.
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Making borders harder to cross is one thing. But Germany and the European Commission
are considering sealing Macedonia’s border with Greece altogether. Nikola Poposki,
Macedonia’s foreign minister, says that is not feasible, and that the priority is clamping down
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on illegal routes. But border closures farther up the line would leave Macedonia with no
choice, if it wanted to avoid a vast build-up of migrants on its own soil.
Sealing the border to asylum-seekers could create huge bottlenecks in Greece. The EU’s
relocation scheme, which aims to move 66,400 asylum-seekers from Greece (and 39,600
from Italy), is supposed to tackle this problem. For Brussels bureaucrats the plan holds much
promise: it turns unpredictable flows of asylum-seekers into orderly distribution and shares
the burden equitably across Europe. “It is not for migrants or refugees to choose where to
go,” says Dimitris Avramopoulos, the EU’s migration commissioner.
But fewer than 500 asylum-seekers have been moved so far. EU countries have refused to
play their part, smothering the process in red tape. The migrants who agree to move are
often woefully ill-informed. One group of Eritreans, preparing to leave Rome for Sweden,
remarked to journalists that they were looking forward to leaving Italy’s cold weather behind.
The EU is sticking to its guns, but even the most optimistic projection will not cope with the
short-term build-up in Greece should its northern border close. The government expects to
have 40,000 reception places ready in a few months, but may need many more. The UNHCR
and EU governments are preparing support. In exchange for Greek co-operation some in
Berlin and Brussels have murmured about treating Greece’s vast public-debt pile more
leniently when the issue comes up later this year.
If there is an iron law of illegal migration, it is that border closures shift routes—even fewer
people take them. Anticipating a sealing of Greece’s northern border, criminals in
neighbouring Albania are sniffing out smuggling opportunities. Officials have observed more
flows through Bosnia via Serbia. Italy fears the re-emergence of the central Mediterranean
route, which is more dangerous than the Aegean crossing. More could cross into Norway or
Finland via Russia. It is harder than ever to predict what sort of diversion will emerge, says
Elizabeth Collett of the Migration Policy Institute Europe, a think-tank.
Europe’s hardening mood appears to be inspiring many to move now, before it is too late.
“You can feel the fear,” says a UNICEF worker on the Macedonian border. “They want to get
through as fast as possible.” It is only that rapid flow that stopped Greece from collapsing
under the weight of migrants last year. No one can be sure that this year will be better. “We
may be talking about millions of people,” says a Greek official. “No matter what contingency
we put in place, it will overtake us.”
Too hot to handle?
One way to alleviate Greece’s burden would be to hasten the return of some migrants to
Turkey from Greece. “Hot returns” of migrants whose asylum bids fail, or who choose not to
lodge one, are controversial. But an existing deal between Greece and Turkey to send back
asylum-seekers could work if Greece declares Turkey a safe place for third-country nationals
and Turkey upgrades its rules to allow them to apply for full asylum (currently only
Europeans are eligible). In theory returns could take place in days; in practice it is often more
complicated. The aim should be to convince nationals with little chance of protection, such as
Moroccans or Pakistanis, that there is no prospect of moving on if they reach Greece.
Sources say Turkey may be willing to take such people back, though not the far larger
numbers of Syrians or Afghans.
But deporting failed asylum-seekers once they have reached their chosen destination is
hard. Some disappear; others exploit generous legal systems. In Germany three-quarters
obtain temporary permission to stay after their asylum bids fail, often on dubious grounds like
the absence of a passport or self-diagnosed post-traumatic stress disorder. Sweden’s recent
announcement that 80,000 of its asylum-seekers were probably eligible for deportation is
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more a cry of despair than a plan for action. Countries are often reluctant to accept the return
of their nationals, not least because they can be a useful source of remittances. No wonder
just 40% of failed asylum-seekers across the EU are returned.
So what will work? Not simply dumping people on planes, as Greece learned in December
when most of the 39 Pakistanis it returned home were sent straight back by the authorities in
Islamabad on spurious administrative grounds. Similarly, there has been a misguided focus
on the bureaucratic fictions of readmission agreements cooked up by the EU with sending
countries. Instead European governments must build partnerships with their developingworld counterparts that go far beyond migration policy. The success stories in Europe involve
bilateral relationships with long and deep histories: Britain and Pakistan, Spain and Morocco,
Italy and Tunisia.
INTERACTIVE: Explore border fences between countries around the world
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/originalsize/images/2015/09/articles/body/20150919_wop000_290_1.png
The focus should thus be political, not legal. The Germans are thinking about how trade and
aid may be used as diplomatic leverage and a source of jobs, particularly with countries that
rely on remittances. Improved channels for legal labour migration would help. Governments
might also club together to forge return deals with sending countries. The EU is working on a
common list of “safe countries”, to which it is assumed most asylum-seekers can be
returned. Last year Germany slashed claims from Kosovars and Albanians by placing their
countries on its own such list. This week it did the same for Morocco, Algeria and Tunisia.
Let’s get resettling
Rich countries should not rely on poor ones to shoulder as much of the refugee burden as
they have. Once flows have started to fall, Europe could begin a much more ambitious
attempt to resettle refugees directly from the region around Syria. A starting point might be
250,000 a year, with the bulk coming from Turkey. To reach this number countries may need
to be less picky about who they take in. Some may want to work with Turkey directly,
bypassing the UNHCR, which usually brokers resettlements. EU countries could join forces
in identifying and screening candidates to save time and money. Reuniting divided families
will be a priority.
Countries such as Germany and Netherlands will have to be in the vanguard of resettlement;
with luck, others will follow. The failed attempt to impose relocation by diktat from Brussels
shows that quotas inspire only rancour. But some of the huge unused relocation numbers
(from within Europe) can be shifted to the politically easier task of resettlement (from
outside). Britain and France can do much better.
A series of international refugee conferences this year, culminating with a summit in New
York in September, will offer a chance to do more. European action might inspire rich
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countries like Canada and Australia to chip in. The Gulf states could add to their informal
share of Syrians by formally resettling more. The presidential campaign may rule out any
contributions from America before November, but after that, if there is international
momentum, even a Republican president might help.
The consequences of inaction look clear: tighter borders, more people-smuggling, misery for
refugees. Crucially, if the numbers do not fall Germany may lose its appetite for a European
solution and follow the unilateral course charted by others. Yet there is an astonishing lack of
real urgency among Europe’s leaders. Only Mrs Merkel appears to think beyond the
constraints of national politics.
That may not change. But even self-interest demands a more pressing approach. Otherwise
governments that value Schengen may find themselves locked out of it, and countries that
thought themselves immune to migration may see their territory turned into refugee marching
grounds. Failure to contain the crisis would be a terrible outcome for Europe as it battles to
hold itself together. It would be worse still for the refugees it has a duty to care for.
The Economist – Feb 6th, 2016
Schengen’s economic impact
Putting up barriers
A permanent reintroduction of border controls would harm trade in Europe
http://www.economist.com/news/briefing/21690065-permanent-reintroduction-bordercontrols-would-harm-trade-europe-putting-up-barriers
LONG lines of lorries once blotted the chocolate-box alpine landscape of the Brenner Pass,
an important road link between southern and northern Europe. The Schengen agreement,
which came into effect in 1995 and has now abolished border controls between 26 European
countries, kept those lorries moving. But where trucks go, so do refugees. To stem the flow
Austria, Denmark, France, Germany, Norway and Sweden have temporarily reintroduced
controls. Others have increased spot checks in border regions.
Open borders ease the flow of exports as well as individuals. Every year people make 1.3
billion crossings of the EU’s internal borders along with 57m trucks carrying €2.8 trillion ($3.7
trillion) of goods. As well as speeding the passage of Greek olives and German dishwashers,
borderless travel allows hotels in the east of Germany to have their sheets cleaned in
Poland, where wages are lower, and workers in Italy to commute to Switzerland (also in
Schengen though not in the EU), where wages are higher.
Reintroducing controls such as checking passports and searching lorries is mostly an
irritation, though the costs are mounting. A strategy unit of the French government estimates
that in the short term border checks within Schengen would cost France €1 billion-2 billion a
year by disrupting tourism, cross-border workers and trade. If Schengen collapses the
economic consequences would be more serious, it says: curtailing the free passage of goods
permanently would amount to a 3% tax on trade within Schengen. The overall effect of
hampering cross-border activity would reduce output in the Schengen area by 0.8%, or €110
billion, over the next decade.
Not only will money have to be found to patrol long-abandoned frontiers. Around 1.7m
Europeans cross a border to get to work and in some regions as much as a third of the
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workforce makes this trip daily. Malmo in Sweden and Copenhagen, the Danish capital, have
in effect become one big city. Border controls at the bridge that connects them add around
30 minutes each way. A nuisance could become a deterrent to cross-border employment,
reducing job opportunities and the pool of labour employers can draw upon.
The greatest pain will be felt by exporters. Over a third of road-freight traffic in Schengen
crosses a border. Delays are creeping up. Around Salzburg in Austria lorries now sit for up to
three hours before getting into Germany. Strict EU rules dictate that such waiting times still
count as hours behind the wheel for drivers, who are obliged to rest when they hit an upper
limit. If waiting becomes a permanent feature DSLV, a German association of shippers, puts
the direct costs at €3 billion a year for the EU as a whole, based on a one-hour delay for
every lorry.
Businesses likely to suffer most include those with perishable goods, such as fruit,
vegetables and fish. Others will pass on costs. Suppliers will need to store extra inventory
across the continent to ensure customers get deliveries on time. The German chamber of
commerce says that once indirect costs, such as renting storage and the impact on transittrade with non-EU countries, are taken into account the extra costs for Germany alone could
run to €10 billion per year.
Calculations of potential costs depend on what happens if Schengen disappears: will spotchecks merely increase or will countries reintroduce border posts with barriers and barbed
wire? Many firms, particularly those used to sending goods to non-Schengen countries such
as Britain, may adapt swiftly to stricter border checks. Far worse than the direct costs to
trade, says Guntram Wolff from Bruegel, a Brussels-based think-tank, would be the signal
that European integration can go into reverse.
The Economist – Feb 6th, 2016
Bagehot
Sadiq Khan’s road to power
A cosmopolitan Muslim is set to become London’s next mayor
http://www.economist.com/news/britain/21690058-cosmopolitan-muslim-set-becomelondons-next-mayor-sadiq-khans-road-power
ASK Sadiq Khan for a case study and he gives you seven. Having casually inquired of
London’s would-be mayor whether he draws on any particular international example,
Bagehot was bombarded with the municipal merits of Detroit, New York, Chicago, Houston,
Paris, Berlin and Los Angeles (“The previous mayor wanted to green LA and expand the
port, but Barack Obama couldn’t get it through Congress or the Senate...so he jumped in a
plane and went to China to get the funding.”). For such is Mr Khan: frenetic, keen to show
that he is on top of his brief and—every bit the politician—even keener to say what he thinks
his interlocutor wants to hear.
His selection last September as Labour’s candidate for the mayoralty and his subsequent
success in the opinion polls have defied expectations. Tessa Jowell, a doyenne of the party’s
liberal right (and a member of The Economist Group’s board) had appeared better equipped
to win over the centrist suburbs of Britain’s left-wing capital in its election on May 5th, but fell
short. Mr Khan’s campaign has since proven too thin-skinned; howling that (admittedly
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unfair) Conservative accusations that he is a “radical” and a “lab rat” for Labour’s leadership
were respectively anti-Islam and anti-London. His bid has been weakened by Jeremy
Corbyn, the party’s hard-left leader who in his victory speech last September—horror flitting
across Mr Khan’s face—proclaimed: “Sadiq, we’re going to be campaigning together.”
Nonetheless, it seems the MP for Tooting is comfortably ahead of Zac Goldsmith, his
thoughtful but posh Tory rival—by 45% to 35%, according to a recent poll by YouGov. It
helps that the hard-left Mr Corbyn is driving moderate Labour activists towards Mr Khan,
even though he is on the party’s soft-left. And Labour’s candidate has worked hard to
distance himself from his leader, pledging to be London’s most pro-business mayor ever and
decrying Mr Corbyn’s policies on tax and finance.
Mr Khan’s main strength is that he exemplifies the city he wants to run. His parents moved
there from Karachi, in Pakistan. The son of a bus driver, he grew up in a council flat in south
London and lived out of a bunk-bed there until he was 24. He trained as a lawyer and
subsequently ended up in Gordon Brown’s cabinet (by contrast, Mr Goldsmith was gifted the
editorship of the Ecologist, an environmental magazine, by his uncle). “London gave me and
my family the chance to fulfil our potential,” argues Mr Khan convincingly. Firmly proEuropean, comfortable with immigration and a model of liberal Islam (he backed gay
marriage and fought to keep a local pub open), he encapsulates the city’s contradictions:
internationalist and parochial, swaggering and insecure, original and clichéd, socialist and
capitalist.
Would he make a good mayor? His programme, which he launched on February 2nd, is
mixed. He has promising plans to improve Londoners’ skills and to accelerate the
construction of Crossrail 2, a new subterranean railway that will run from London’s southwest to its north-east. Most excitingly, he wants to expand the debilitatingly meagre scope of
the city’s mayoralty, pledging to lobby for new tax-raising abilities and local health powers to
rival those which Manchester will acquire, ahead of the capital, in April.
On the other hand, his “pro-business” programme seems to be more about what firms can do
for the mayor (building infrastructure and houses, raising wages, advising on policies) than
what the mayor can do for firms (beyond vague talk of the “jobs of tomorrow” and “engines of
growth”). Meanwhile his housing policy—introducing rent controls, bolstering tenants’
protections and mandating a larger proportion of “affordable” homes while refusing to
countenance building on the often ugly and mostly pointless green belt—does not match the
scale of the task (40% of Londoners experience damp and the average house price could
reach £1m, or $1.5m, in 2030). His stance on airport expansion is similarly disappointing:
London’s probable next mayor opposes new runways at Heathrow, its only hub airport.
London’s turning
The good news is that Mr Khan will probably abandon these commitments if he wins office.
When pushed, he struggles to justify his views on either Heathrow or the green belt. Mr
Goldsmith may have had a point when he called his rival’s stance on the former “as authentic
as Donald Trump’s hair”. That need not be a bad thing: if this, as is often asserted, is the age
of mayors, it is thus also the age of pragmatism and ideological flexibility. Youthfully
energetic despite his grey streaks, punchily ambitious (he boxes to keep fit) and hyperactive,
Mr Khan—who even talks too fast, slamming one word into another—may just be the real
deal. “I have heard him speak a number of times and he gets better and better,” says a
senior Labourite close to Ms Jowell.
The best argument for him is that, by all accounts, he is a good and likeable manager, aware
of his weaknesses and (as his monologue about London’s rival cities suggests) open to
external ideas. Unlike Boris Johnson and Ken Livingstone, London’s previous mayors, he is
a team player. Unlike Ed Miliband, the former Labour leader whose campaign to run the
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party he led in 2010, he can take criticism. “If there’s a good idea I’ll replicate it; I’m not
precious if it’s a Labour idea, a British idea, or not,” he insists. There is one caveat. If—as
seems likely—Mr Khan wins on May 5th he will need to build a team that can anchor his
mayoralty and give it public-policy ballast. Andrew Adonis, the Labour peer obsessed with
detail and currently leading the government’s infrastructure commission, would be an
excellent choice of policy chief. With someone like that on board, Mr Khan could prove a fine
mayor indeed.
Read a transcript of Bagehot’s interview with Sadiq Khan: Economist.com/blogs/bagehot
TelQuel
Energies renouvelables. Le Maroc se dote d’une des plus grandes
centrales solaires au monde


Maroc
TelQuel - Casablanca
Publié le 11/02/2016 - 14:44
http://www.courrierinternational.com/article/energies-renouvelables-le-maroc-se-dote-dunedes-plus-grandes-centrales-solaires-aumonde?utm_campaign=&utm_medium=email&utm_source=Courrier+international+au+quoti
dien
La centrale solaire près de Ouarzazate, au Maroc, le 4 février 2016. PHOTO FADEL
SENNA/AFP
La première tranche d’une installation produisant de l’électricité à partir des rayons du Soleil
vient d’être inaugurée dans le désert marocain. Le pays fait ainsi un gigantesque premier
pas dans l’univers des énergies renouvelables.
“Sur 450 hectares sont plantés 500 000 miroirs incurvés, hauts de 12 mètres, qui, comme le
font les tournesols, se déplacent tout au long de la journée pour suivre la course du Soleil et
capter ses rayons.” C’est ainsi que le site de l’hebdomadaire marocain TelQuel décrit
l’installation électrique Noor 1, mise en service le 4 février en plein désert, au
sud de Ouarzazate.
Cette centrale solaire thermodynamique – l’une des plus grandes au monde par ses
dimensions – est la première tranche d’un complexe de production d’électricité. D’ici à 2018,
trois autres unités viendront la compléter pour atteindre une capacité de production de
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580 mégawatts. Ce qui en ferait “le plus grand complexe solaire multitechnologique du
monde” selon TelQuel.
Les énergies renouvelables ont à nouveau le vent en poupe
Concentrés par les miroirs, les rayons du soleil chauffent un fluide caloporteur – une sorte
d’huile mélangée à de l’eau – qui se transforme en vapeur et c’est cette vapeur qui va
actionner les turbines qui produisent de l’électricité. La capacité de production annoncée de
Noor 1 est de 160 MW, contre 377 MW pour l’actuelle plus grande centrale
thermodynamique au monde, installée aux Etats-Unis.
Au total, le Plan solaire marocain prévoit la construction d’une capacité de production de
2 gigawatts à l’horizon 2020.
TelQuel
Fondé en 2001, ce newsmagazine francophone s’est rapidement distingué de ses
concurrents marocains en faisant une large place aux reportages et aux faits de société. Se
méfiant du dogmatisme, TelQuel délaisse la politique politicienne et s’attaque à des sujets
tabous tels que la sexualité.
Al-Ahram HEBDO - Semaine du 3 au 9 février 2016 - Numéro 1112
La Laïcité, l'éducation et l'enseignement
Akram Al-Sissi03-02-2016
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/4/132/15110/La-La%C3%AFcit%C3%A9,l%C3%A9ducation-et-lenseignement.aspx
Le terme « laïcité » a, dans le monde oriental et surtout islamique, une très mauvaise
réputation. En fait, il y a une grande différence entre la laïcité politique et la laïcité
existentielle. La dernière est une doctrine philosophique ainsi que littéraire surnommée
l’existentialisme. Cette théorie philosophique est incompatible avec la religion. D’une façon
précise, elle nie complètement l’existence des religions. Le philosophe Jean-Paul Sartre
(1905-1980) est considéré comme le père de cette théorie philosophique. Son ouvrage
intitulé L’Etre et le Néant (1943) représente l’idée principale de sa philosophie, qui estime
que l’être humain forme l’essence de sa vie par ses propres actions.
Elle considère que chaque personne est un être unique, maître de ses actes, de son destin
et des valeurs qu’il décide d’adopter sans aucune référence religieuse. Selon Sartre, « la
vérité pragmatique a remplacé la vérité révélée ». La laïcité politique n’est pas une doctrine,
mais une loi ou théorie politique fondée sur la séparation entre la religion et la politique
(l’Etat). Elle estime que la politique est un acte humanitaire variable en fonction du temps, du
lieu et des conditions qui dépendent principalement des intérêts pragmatiques.
La laïcité est une loi promulguée en France le 9 décembre 1905 séparant l’Eglise de l’Etat.
Cette loi ne nie absolument pas la religion. En revanche, elle reconnaît la liberté de croyance
et garde la religion en tant que foi dans la vie privée de chaque citoyen. Plus précisément,
cette loi refuse que la religion intervienne dans la façon dont fonctionne le pays.
Après les attaques terroristes en France contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo en janvier
2015, le président François Hollande a décidé de célébrer la journée de la laïcité dans les
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écoles, afin d’enraciner les principes de liberté, d’égalité et de fraternité : les trois icônes de
la Révolution française. On voit ici comment il est possible de consolider les principes
fondamentaux de la liberté de croyance, de tolérance, du rejet du racisme et de même la
propagation de la paix entre tous les citoyens de différents dogmes d’un seul pays et entre
tous les autres peuples.
En fait, l’Etat français donne — comme tous les pays du monde qui respectent la vie privée
de chaque personne — la responsabilité de l’apprentissage de la liberté et de la tolérance à
l’école, qui renforce chez les élèves les concepts de la cohabitation pacifique entre tous les
citoyens. Ceci est approuvé par l’islam. Dieu dit : « Vous, vous avez votre religion et Moi, J’ai
la mienne » (sourate 109, verset 6). C’est un principe qui a été établi par le premier Etat civil
du prophète à Médine.
C’est ainsi qu’existaient nos écoles en Egypte dans le passé. Tous les élèves vivaient dans
une ambiance fraternelle, sans aucune distinction dogmatique. Seul l’esprit de compétition
scientifique régnait entre nous. Mais malheureusement, ces principes laïques ont été
démolis sous l’ancien régime. Lors de cette période de corruption, les groupes religieux
extrémistes ont pu fonder des écoles religieuses qui n’acceptaient que les musulmans. Ils
ont pu y organiser un système d’éducation spécial. En outre, on a vu certains établissements
portant des noms chrétiens. C’est ainsi que les divisions ont été initiées dans les écoles, et
par conséquent, dans la société en entier qui n’a pas connu de séparation religieuse tout au
long de son histoire de tolérance.
C’est donc dans les écoles primaires qu’on doit implanter la tolérance dans l’esprit des
élèves. Il faut enseigner aux enfants la laïcité comme une loi et non comme une doctrine
incompatible avec la religion, et affirmer aussi que les laïcs ne sont donc pas mécréants !
Bref, la laïcité ne forme pas de système plus humain. C’est un système qui vise l’égalité
absolue en matière politique et sociale. C’est une loi qui résout le problème de la diversité
des religions et des doctrines entre les citoyens d’un même pays
Le Soir.be Chaque lundi, « Le Soir » publie, ainsi que ses partenaires de LENA, une chronique, une «
lettre d’Europe ». Pour cette première publication, c’est Roberto Saviano, l’écrivain italien,
auteur du bestseller « Gomora », qui tient la plume.
S’en prendre aux flux financiers plutôt qu’aux flux de réfugiés
MIS EN LIGNE LE 15/02/2016 À 08:28
http://plus.lesoir.be/25907/article/2016-02-15/sen-prendre-aux-flux-financiers-plutot-quauxflux-de-refugies
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http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_extra_big/node_25907/681837/
public/thumbnails/image/B977851552Z.1_20160215083710_000%2BG7966OHS0.10.jpg?itok=0cq6I4Jm
Alors que les ministres des Finances de l’Eurogroupe se réunissaient vendredi dernier dans
le bâtiment Justus Lipsius, siège du Conseil de l’Union européenne, signant un arrêté de
mise en demeure contre la pauvre Grèce pour ses défaillances dans la gestion de la crise
migratoire – et amorçant pratiquement, de ce fait, le rétrécissement de l’espace Schengen –,
de l’autre côté du monde – dans un luxueux bureau d’un gratte-ciel de Dubaï ou dans un
ranch ultra-protégé du Nord-Est mexicain –, le comptable de service aura laborieusement
appuyé sur la touche « envoyer » d’un PC, d’un ordinateur portable, voire même d’un simple
smartphone : et pour la énième fois, un flot d’argent plus ou moins sale se sera déversé,
sans rencontrer la moindre résistance, sur les côtes de notre continent.
Mais oui, disons-le tout de suite. Y a-t-il réellement encore quelqu’un, en Europe, qui pense
arrêter le massacre des migrants et l’horreur du djihad en érigeant un énième mur ? Y a-t-il
sérieusement quelqu’un qui imagine pouvoir bloquer les êtres humains en décrétant la mort
de Schengen ? Non, prétendre de se protéger en établissant de nouveau les frontières est
une erreur. Une erreur monumentale. Tout d’abord parce qu’il a été démontré que les
structures militaires et terroristes n’ont nul besoin d’utiliser les filières clandestines : elles
réussissent à s’organiser et à être opérationnelles dans chaque pays, et ce indépendamment
des flux migratoires actuels. Il est désormais établi que ceux qui agissent au sein de ces
organisations – et nous l’avons malheureusement observé au Bataclan et à Charlie Hebdo –
sont des hommes et des femmes issus de la deuxième génération d’immigrés. Et s’il est vrai
que nous nous sommes trouvés, dans certains cas, face à des personnes qui avaient
demandé l’asile politique et se sont ensuite transformées en miliciens, il ne s’est agi que
d’une « évolution » indépendante de la structure-mère.
Tel est l’élément essentiel permettant de comprendre qu’arrêter Schengen ne reviendrait
qu’à anéantir l’intégration européenne. Et pas simplement dans le domaine des droits, mais
également dans la formation même de sa structure sociale. Arrêter Schengen aurait pour
conséquence de mettre à mort le projet initial, à savoir la construction des Etats-Unis
d’Europe. Arrêter Schengen serait la victoire d’une vision que l’on croyait désormais
dépassée : celle affirmant qu’il est possible de se défendre en édifiant des châteaux et des
barrières. Et nous autres Italiens ne le savons que trop. Machiavel ne le disait-il pas déjà
dans Le Prince ? Bâtir de nouveaux châteaux ne donne lieu qu’à de nouveaux assauts.
Mais ce n’est pas tout. Le paradoxe est encore plus grave. Car cette politique prétend arrêter
les corps et non les flux illégaux et financiers, devenus désormais incontrôlés. Qu’est-ce qui
a rendu possible la création d’un véritable pouvoir terroriste en Belgique ? Les financements
en provenance de Dubaï, de l’Arabie saoudite ou, d’une façon plus générale, du MoyenOrient sont arrivés par le biais des circuits financiers réguliers.
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La France a le Luxembourg. L’Allemagne, le Liechtenstein. L’Espagne, Andorre. L’Italie, la
République de Saint-Marin. Le monde entier, la Suisse. Nous parlons ici de paradis fiscaux
qui attirent, dans le meilleur des cas, des fraudeurs fiscaux, mais aussi des organisations
criminelles et financières en plein cœur de l’Europe : il suffit de penser à la récente affaire El
Chapo, le roi des narcotrafiquants qui recyclait en Suisse des montagnes de dollars, lesquels
finissaient ensuite dans une banque de Vaduz, au Liechtenstein. Alors, arrêtons de croire à
ceux qui veulent nous convaincre que l’Europe paie le prix qu’elle paie – l’immigration non
contrôlée, la terreur sans fin – parce qu’elle est trop exposée. C’est faux : l’Europe paie le
prix fort du fait de son incapacité à gérer les flux financiers et le recyclage. Le cœur de la
réflexion est là : le problème, ce sont les capitaux, non les êtres humains. Ce sont les
capitaux qui circulent sans contrôle et compromettent la protection de l’économie licite et la
stabilité sociale. C’est la guerre des pouvoirs financiers qui rend l’Europe de moins en moins
sûre. Parviendront-ils un jour à le comprendre dans les salles du bâtiment Justus Lipsius ?
Roberto Saviano
Né à Naples en 1979, c’est en enquêtant sur les milieux mafieux de cette ville italienne que
Roberto Saviano se fera connaître du grand public. Gomorra, son livre qui décrit les milieux
mafieux et leurs trafics, lui permet de remporter le prix « Giovanni Falcone pour la Justice »
ou encore le PEN/Pinter International Writer of Courage Award.
Mais aussi d’être victime de menaces de mort de ces mafias. Il vit sous protection policière
depuis 2006. Il est également un chroniqueur régulier pour La Repubblica.
El Watan - Lundi 15 février 2016
(Algérie)
Rencontre autour d’un livre collectif sur l’Algérie
La démocratie mise à mal par le populisme et la rente
http://www.elwatan.com/actualite/la-democratie-mise-a-mal-par-le-populisme-et-la-rente-1502-2016-314454_109.php
L’économiste et professeur à l’université de Béjaïa Mourad Ouchichi, le journaliste et
écrivain Amar Ingrachen, le penseur et écrivain Mohamed-Lakhdar Mouagal et l’ancien
ministre de l’Enseignement supérieur et ex-député FFS Abdeslam Ali-Rachedi, quatre
des seize auteurs du livre collectif Quelle transition démocratique pour quelle Algérie
?
Constat, enjeux et perspectives (coordonné par Amar Ingrachen et paru récemment aux
éditions Frantz Fanon) ont été, hier, les invités du Café littéraire de Béjaïa. Dans sa
contribution intitulée Stratégie fatale des simulations démocratiques, Mohamed-Lakhdar
Mouagal qui, d’emblée, déplore une Algérie «livrée à la dérive», remonte à l’histoire de la
Révolution algérienne qu’il trouve «indigente» en matière d’idées, même si elle était de type
démocratique.
Selon lui, les oppositions qu’il y avait entre les partisans d’une «démocratie populaire»
soucieuse, en plus de la décolonisation, des libertés démocratiques du peuple, et ceux d’une
démocratie de «type nationaliste» excessive (messalistes), focalisée sur la décolonisation,
ont donné lieu à des blocages dont les effets perdurent jusqu’à aujourd’hui.
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Le conférencier relève dans ce sens les oppositions entre une «centralité interne et une
centralité externe» et condamne sans ambages l’effet de «frein» de certaines résolutions du
Congrès de la Soummam pour l’émancipation démocratique, à l’instar de la centralisation et
la «bureaucratisation» qui en ont découlé, lesquelles «ont ôté aux régions leur autonomie»
dans la gestion de la Révolution. De ce fait, déplore le conférencier, même si elle était de
type démocratique, la Révolution algérienne était «indigente» en matière d’idées et ce
problème a conduit aux «blocages qui perdurent jusqu’à aujourd’hui».
De son côté, Abdeslam Ali-Rachedi, dont la contribution est intitulée La prégnance du
discours nationaliste populiste : obstacle à la transition démocratique, impute le blocage à
deux raisons : l’idéologie d’essence «nationale islamo-populiste» de l’Algérie et son modèle
économique rentier. Invoquant, lui aussi, l’histoire du Mouvement national, notamment la
phase où le nationalisme de type «culturel et identitaire» était imposé au peuple algérien, en
opposition au nationalisme civique et politique. De cet état de fait est né, décrit le
conférencier, «une vision globalisante» du peuple algérien.
C’est donc l’opposition du populisme à la citoyenneté, au détriment de la démocratie.
Evoquant l’économie rentière, Ali-Rachedi considère qu’il y a «un contrat implicite» entre
l’Etat et le peuple. En d’autres termes, explique-t-il, «le régime ne jouit pas de légitimité
politique et populaire, d’où son recours à l’achat de la paix sociale à travers la rente qu’il a
accaparée». Pour en sortir, le conférencier préconise une solution politique, mais ne manque
pas de prédire des lendemains «sombres» inévitables pour l’Algérie.
Dans le même sillage, Mourad Ouchichi, dont la contribution est intitulée Concordance entre
les réformes politique et économique, relève les échecs répétitifs des tentatives d’ouverture
de l’économie algérienne, en l’occurrence la thérapie du choc d’après la révolte de 1988 et le
plan d’ajustement structurel qui l’a suivie. L’économiste déplore «un dédoublement du
pouvoir» au sein des institutions, plaidant que la transition politique est liée à une transition
économique. Pour cela, plaide-t-il encore, «seul un rapport de forces qui va nous opposer à
ce pouvoir militaro-islamiste» est capable de sortir l’Algérie de l’ornière.
Pour sa part, le journaliste Amar Ingrachen s’est posé des questions sur la capacité de
l’opposition algérienne, en l’occurrence les partis regroupés au sein de la CLTD, de
représenter une alternative à même de buter sur la transition démocratique tant voulue. A
ces questions, il répond qu’«il est pessimiste que l’opposition actuelle puisse imposer le
changement».
Explication : pour le conférencier, «les démocrates ont une vision un peu fantasmée de la
démocratie», estimant que la démocratie est un projet qui se construit et non une nécessité
historique qui aura lieu qu’on lutte ou pas. Il reproche, par ailleurs, aux forces démocratiques
leur alliance avec les partis islamistes, lesquels, selon lui, «n’entrent dans le jeu
démocratique que dans le but de s’emparer du pouvoir».
M. H. Khodja
El Watan - Lundi 15 février 2016
(Algérie)
Salon du chocolat et de la confiserie
Habel Mohamed, confiseur : « les chocolatiers et confiseurs se font
très rares en Algérie »
le 14.02.16
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http://www.elwatan.com/actualite/habel-mohamed-confiseur-les-chocolatiers-et-confiseursse-font-tres-rares-en-algerie-14-02-2016-314405_109.php
Il s’appelle Habel Mohamed, il est confiseur de métier depuis 44 ans. Sa passion : le
chocolat. Il déplore le manque de mains d’œuvre pour ce métier. Nous l’avons
rencontré au salon du chocolat et de la confiserie qui se tient actuellement à Alger.
Habel Mohamed est amoureux de la créativité, la passion et la conquête de nouvelles idées.
Il dit avoir parcouru 24 pays pour conquérir le monde du chocolat. « J’ai même été à New
Jersey » nous affirme-t-il comme pour nous dire la nécessité de se renouveler à travers les
voyages afin d’apporter de nouvelles idées pour la confection du chocolat. Pour lui, la
nouvelle génération a le tort de ne pas s’intéresser aux métiers faits à la main, notamment
pour ce qui est de la confiserie et du chocolat.
Le stand que l’artisan a animé au salon du chocolat a été prisé du grand public et à
l’occasion, il leur a fait découvrir sa toute nouvelle confection chocolatée, à savoir : Chocolat
au yaourt.
http://www.dailymotion.com/elwatanvideo
El Watan - Lundi 15 février 2016
(Algérie)
Importations en hausse, exportations dérisoires : Comment en est-on
arrivé là ?
La voie royale des importations
http://www.elwatan.com/economie/la-voie-royale-des-importations-15-02-2016314430_111.php
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http://www.elwatan.com/images/2016/02/14/sans-titre-1_2612343_465x348.jpg
Plus de 50 milliards de dollars d’importations, des marchandises sans valeur
commerciale, des domiciliations bancaires sans contrepartie, des importateurs bidon,
et des milliards de dollars en transferts illégaux.
Sans conteste, la libéralisation du commerce extérieur coûte cher à l’Algérie. Entre les
opérateurs qui minorent la valeur des marchandises pour éviter les droits et taxes et ceux qui
les majorent pour transférer des capitaux de manière illicite vers l’étranger, les
administrations chargées du contrôle, à leur tête les Douanes, semblent un peu dépassées.
Mais ce sont sans doute les surfacturations qui posent le plus de problèmes.
La majoration de la valeur des importations est une infraction à la réglementation des
changes ; or, selon la direction du contrôle a posteriori au niveau des douanes, les
infractions de change ont connu une hausse très importante ces dernières années et
représentent en termes d’amendes encourues. 88 % des infractions constatées .
Entre 2014 et 2015, leur nombre a augmenté de plus de 300%, alors que le nombre total des
infractions relevées a augmenté de 10,5% pour un montant d’amendes encourues en
hausse de près d’un tiers, passant de 52 milliards de dinars en 2014 à plus de 68 milliards
de dinars en 2015.
Il y a quelques mois, le ministre du Commerce évaluait le phénomène de la surfacturation à
30% de la valeur globale des importations. Mais le chiffre correspondrait plutôt au niveau de
la majoration des prix à l’importation des valeurs dans les cas où il y a surfacturation, nous
explique-t-on au niveau des douanes.
Quoi qu’il en soit, les surfacturations prennent de l’ampleur. «Si on analyse la situation de
2009 jusqu’en 2014, elles ont connu une augmentation considérable», selon Mahmoud
Aoudia, directeur par intérim de la direction du contrôle a posteriori à la direction générale
des douanes.
Dans certains cas, les prix sont multipliés par 5 ou 10, et dans d’autres cas ils sont majorés
de 20% ou 30%. Avec des milliers d’opérations souscrites et des tonnes de marchandises
importées, le contrôle a vite fait de montrer ses limites. «La surfacturation concerne surtout
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ceux qui ne payent pas beaucoup de droits de douanes, qui importent des machines ou des
équipements. Ceux qui payent de grosses taxes comme pour les marchandises revendues
en l’état ne sont pas concernés», nous confie un importateur de jouets.
Astuces
Globalement, les fraudeurs «ciblent les marchandises faiblement taxées ou encore les
régimes spécifiques offrant des exonérations fiscales ou des taxes réduites», affirme
Mahmoud Aoudia. Les biens d’équipement sont, à ce titre, très bien placés. Depuis 2000,
leur facture a été multipliée par 4, et en 2014 ils représentaient un tiers de la facture globale
des importations à près de 19 milliards de dollars. Quant aux produits destinés à la revente
en l’état, qui sont fortement taxés (30% de droits de douanes, 17% de tva), «ce n’est pas
intéressant pour les fraudeurs», nous dit le représentant des douanes.
Dans ce cas-là, ce sont plutôt les minorations de valeur qui prévalent. «Aucun importateur ne
déclare la valeur réelle de la marchandise», avoue un importateur dans le domaine de la
plomberie. «Je dois payer 47% de droits et taxes. Vous imaginez si j’importais pour 6
millions de dinars ; déclarer le réel reviendrait à payer quasiment 3 millions de dinars.
Au lieu de cela, je ne paie que 2 millions.» Comment les douaniers sont-ils floués ? Pour cet
autre importateur, «ils ne le sont pas, mais ils savent comment nous faire comprendre ce
dont ils ont besoin pour fermer les yeux.» Cet opérateur utilise un registre de commerce loué
entre 30 000 et 400 000 DA, et c’est le propriétaire du registre qui s’occupe «de tout régler
avec les douaniers», précise-t-il.
L’administration des douanes est souvent accusée de complicité et de corruption face à
l’ampleur des fraudes à l’importation. Le cas des produits pyrotechniques en est un exemple.
Pour Mahmoud Aoudia, «tous les douaniers ne sont pas des saints certes», mais «contrôler
toutes les marchandises n’est pas possible, au risque que cela soit contreproductif». Sans
compter que les fraudeurs s’adaptent. Parfois, les marchandises interdites d’importation sont
libellées sous d’autres produits qui eux ne font pas l’objet de contrôle (des cintres par
exemple).
L’effet Credoc
Avant l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union européenne, la Grande zone
arabe de libre échange (GZALE) et le démantèlement tarifaire, il y avait surtout des
minorations de valeur car les taxes étaient élevées, aujourd’hui ce sont les majorations qui
prennent des proportions alarmantes.
Les infractions à la législation des changes ont surtout connu une croissance depuis les
années 2009-2010, nous dit Mahmoud Aoudia. Une année qui correspond à l’adhésion
officielle de l’Algérie à la Zone arabe de libre échange, mais aussi au choix du crédit
documentaire comme unique mode de payement des importations.
«C’est un facteur qui a été mis à profit par certains opérateurs fraudeurs. Le Credoc permet
le transfert des montants domiciliés dès la réception par la banque domiciliataire de
l’importateur des documents relatifs à la marchandise. Ainsi, des opérateurs fraudeurs
utilisant généralement des registres de commerce loués ont pu expédier depuis l’étranger
des containers de marchandises sans aucune valeur commerciale (déchets de tissus,
gravats, matériel vétuste d’électroménager)», explique le représentant des douanes.
Les opérateurs constituent des sociétés écrans à l’étranger dans des paradis fiscaux ou
dans des pays avec lesquels l’Algérie n’a pas de convention d’assistance (Suisse, Iles
Marshall, Iles Caïman, Dubaï, Luxembourg) et par la suite expédient vers l’Algérie les
marchandises depuis les pays avec lesquels nous avons des accords (UE, GEZAL), profitant
des faibles taxations ou des exonérations. «Les factures sont de complaisance, les banques
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qui ont reçu de faux documents effectuent les transferts et les fraudeurs disparaissent dans
la nature.»
Parfois, ce sont carrément des importations «fictives» qui ont permis des transferts de
devises sans qu’aucune marchandise ne rentre en Algérie. «Lorsque nous avons fait des
recoupements entre les flux financiers et les flux physiques des marchandises, nous avons
constaté que certaines domiciliations n’ont pas de contrepartie. Cela a permis de transférer
des montants importants à l’étranger», indique Mahmoud Aoudia. Il dénombre, entre 2011 et
2015, 4 à 5 opérateurs épinglés pour ce type d’opérations d’un montant de 12 à 14 millions
de dollars chacune.
Panoplie
Dans la panoplie des fraudeurs, on retrouve le canal de l’ANDI. De prétendus opérateurs ont
obtenu des décisions ANDI leur ouvrant droit à l’importation de marchandises ou
d'équipements industriels en exonération totale de droits et taxes. Il y a aussi la double
facturation qui permet au fraudeur d’importer une marchandise dont la valeur est dérisoire et
la déclarer en tant que telle auprès des services douaniers, alors qu’au niveau de la banque
il domicilie autre chose avec une facture 100 fois plus chère et une déclaration falsifiée
conforme à la facture domiciliée.
Accusées souvent de financer plus facilement les importations que les exportations, les
banques sont pointées du doigt. «L’intérêt est aussi bien pour l’import que pour l’export, mais
à l’import il y a plus de risques pour les banques», explique un banquier. Ce risque concerne
surtout les documents. «S’ils sont falsifiés et qu’il y a complicité de l’autre côté, le banquier
ne peut pas le savoir, et si le banquier a un escroc devant lui, il ne peut pas le savoir non
plus.
Le travail à faire consiste donc à bien sélectionner ses clients. C’est la meilleure façon de se
prémunir.» Face à l’ampleur du phénomène, les douanes ont tenté de réagir. Pour les
marchandises qui sont touchées par la fraude de manière récurrente, «nous avons fixé des
valeurs minimales et maximales. Quand une marchandise sort de ces lignes, on soumet le
dossier à des contrôles approfondis. Mais on ne peut pas établir ces valeurs références pour
tout le tarif douanier», tempère Mahmoud Aoudia.
Vers un accord avec la Chine
Outre la fourchette des valeurs, il y a aussi les valeurs boursières pour les marchandises
cotées et des conventions d’assistance mutuelle avec des pays avec lesquels l’Algérie
commerce (France, Italie, Turquie, Tunisie, Egypte, Jordanie, Maroc, etc), sauf la Chine.
Devenue premier fournisseur de l’Algérie avec une part de 16% dans nos importations, la
Chine pose problème car jusqu'à présent il n’existe aucune convention d’assistance avec
cette dernière. Toutefois, les choses seraient en train de changer. «Nous sommes en bonne
voie pour établir une convention qui permettra d’authentifier des factures émises par des
opérateurs chinois», explique le responsable.
En bonne voie également avec les Emirats arabes unis concernés par des opérations de
transferts illicites. Les douanes ont aussi recours à certains organismes ou entreprises en
Algérie qui peuvent les aider pour certaines marchandises (Saidal par exemple pour les
médicaments), Algex, le ministère de l’Agriculture. Mais ce n’est pas toujours simple «au vu
de la variété des marchandises, des régimes dérogatoires, préférentiels, etc.».
Resserrage
Pour juguler le problème, il y a également des interconnexions électroniques entre des
bases de données des douanes et celles des domiciliations bancaires. Les banques ont ainsi
un œil sur les transactions qu’elles ont domiciliées. Des mesures de resserrage qui se font
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sentir pour les importateurs, surtout depuis le renforcement des contrôles aux frontières.
«Avant, on importait l’équivalent de 4 pays car il y avait beaucoup de contrebande.
Aujourd’hui, on peut constater la taille réelle de notre marché», explique un importateur. La
marchandise importée (habillement, jouets, cosmétiques, articles de sport, etc.) se vendait
en 2e ou 3e main pour se retrouver en Libye ou en Tunisie, transportées «par semiremorque» à partir des frontières.
La détérioration de la situation sécuritaire en Libye et à la frontière avec la Tunisie semble
avoir changé la donne. «Avant, on ramenait 15 containers, aujourd’hui on en ramène 3. Je
n’ai pas mis les pieds en Chine depuis un an. La marchandise qu’on a ramenée lors de notre
dernier voyage est toujours là», dira cet opérateur ; selon ce dernier, la contrebande aurait
baissé de 50% à 80% ces deux dernières années.
Safia Berkouk
El Watan - Lundi 15 février 2016
(Algérie)
Exportations : Le parcours d’obstacles
http://www.elwatan.com/une/exportations-le-parcours-d-obstacles-15-02-2016314457_108.php
Plus de 50 milliards de dollars d’importations, des marchandises sans valeur
commerciale, des domiciliations bancaires sans contrepartie, des importateurs bidon,
et des milliards de dollars en transferts illégaux. Sans conteste, la libéralisation du
commerce extérieur coûte cher à l’Algérie.
Entre les opérateurs qui minorent la valeur des marchandises pour éviter les droits et taxes
et ceux qui les majorent pour transférer des capitaux de manière illicite vers l’étranger, les
administrations chargées du contrôle, à leur tête les Douanes, semblent un peu dépassées.
Mais ce sont sans doute les surfacturations qui posent le plus de problèmes. La majoration
de la valeur des importations est une infraction à la réglementation des changes ; or, selon la
direction du contrôle a posteriori au niveau des douanes, les infractions de change ont connu
une hausse très importante ces dernières années et représentent en termes d’amendes
encourues. 88 % des infractions constatées (voir graphes 1).
Entre 2014 et 2015, leur nombre a augmenté de plus de 300%, alors que le nombre total des
infractions relevées a augmenté de 10,5% pour un montant d’amendes encourues en
hausse de près d’un tiers, passant de 52 milliards de dinars en 2014 à plus de 68 milliards
de dinars en 2015. Il y a quelques mois, le ministre du Commerce évaluait le phénomène de
la surfacturation à 30% de la valeur globale des importations. Mais le chiffre correspondrait
plutôt au niveau de la majoration des prix à l’importation des valeurs dans les cas où il y a
surfacturation, nous explique-t-on au niveau des douanes. Quoi qu’il en soit, les
surfacturations prennent de l’ampleur. «Si on analyse la situation de 2009 jusqu’en 2014,
elles ont connu une augmentation considérable», selon Mahmoud Aoudia, directeur par
intérim de la direction du contrôle a posteriori à la direction générale des douanes.
Dans certains cas, les prix sont multipliés par 5 ou 10, et dans d’autres cas ils sont majorés
de 20% ou 30%. Avec des milliers d’opérations souscrites et des tonnes de marchandises
importées, le contrôle a vite fait de montrer ses limites. «La surfacturation concerne surtout
ceux qui ne payent pas beaucoup de droits de douanes, qui importent des machines ou des
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équipements. Ceux qui payent de grosses taxes comme pour les marchandises revendues
en l’état ne sont pas concernés», nous confie un importateur de jouets.
Astuces
Globalement, les fraudeurs «ciblent les marchandises faiblement taxées ou encore les
régimes spécifiques offrant des exonérations fiscales ou des taxes réduites», affirme
Mahmoud Aoudia. Les biens d’équipement sont, à ce titre, très bien placés. Depuis 2000,
leur facture a été multipliée par 4, et en 2014 ils représentaient un tiers de la facture globale
des importations à près de 19 milliards de dollars.
Quant aux produits destinés à la revente en l’état, qui sont fortement taxés (30% de droits de
douanes, 17% de tva), «ce n’est pas intéressant pour les fraudeurs», nous dit le
représentant des douanes. Dans ce cas-là, ce sont plutôt les minorations de valeur qui
prévalent. «Aucun importateur ne déclare la valeur réelle de la marchandise», avoue un
importateur dans le domaine de la plomberie. «Je dois payer 47% de droits et taxes. Vous
imaginez si j’importais pour 6 millions de dinars ; déclarer le réel reviendrait à payer
quasiment 3 millions de dinars.
Au lieu de cela, je ne paie que 2 millions.» Comment les douaniers sont-ils floués ? Pour cet
autre importateur, «ils ne le sont pas, mais ils savent comment nous faire comprendre ce
dont ils ont besoin pour fermer les yeux.» Cet opérateur utilise un registre de commerce loué
entre 30 000 et 400 000 DA, et c’est le propriétaire du registre qui s’occupe «de tout régler
avec les douaniers», précise-t-il. L’administration des douanes est souvent accusée de
complicité et de corruption face à l’ampleur des fraudes à l’importation.
Le cas des produits pyrotechniques en est un exemple. Pour Mahmoud Aoudia, «tous les
douaniers ne sont pas des saints certes», mais «contrôler toutes les marchandises n’est pas
possible, au risque que cela soit contreproductif». Sans compter que les fraudeurs
s’adaptent. Parfois, les marchandises interdites d’importation sont libellées sous d’autres
produits qui eux ne font pas l’objet de contrôle (des cintres par exemple).
L’effet Credoc
Avant l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union européenne, la Grande zone
arabe de libre échange (GZALE) et le démantèlement tarifaire, il y avait surtout des
minorations de valeur car les taxes étaient élevées, aujourd’hui ce sont les majorations qui
prennent des proportions alarmantes.
Les infractions à la législation des changes ont surtout connu une croissance depuis les
années 2009-2010, nous dit Mahmoud Aoudia. Une année qui correspond à l’adhésion
officielle de l’Algérie à la Zone arabe de libre échange, mais aussi au choix du crédit
documentaire comme unique mode de payement des importations.
«C’est un facteur qui a été mis à profit par certains opérateurs fraudeurs. Le Credoc permet
le transfert des montants domiciliés dès la réception par la banque domiciliataire de
l’importateur des documents relatifs à la marchandise. Ainsi, des opérateurs fraudeurs
utilisant généralement des registres de commerce loués ont pu expédier depuis l’étranger
des containers de marchandises sans aucune valeur commerciale (déchets de tissus,
gravats, matériel vétuste d’électroménager)», explique le représentant des douanes.
Les opérateurs constituent des sociétés écrans à l’étranger dans des paradis fiscaux ou
dans des pays avec lesquels l’Algérie n’a pas de convention d’assistance (Suisse, Iles
Marshall, Iles Caïman, Dubaï, Luxembourg) et par la suite expédient vers l’Algérie les
marchandises depuis les pays avec lesquels nous avons des accords (UE, GEZAL), profitant
des faibles taxations ou des exonérations. «Les factures sont de complaisance, les banques
qui ont reçu de faux documents effectuent les transferts et les fraudeurs disparaissent dans
la nature.»
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Parfois, ce sont carrément des importations «fictives» qui ont permis des transferts de
devises sans qu’aucune marchandise ne rentre en Algérie. «Lorsque nous avons fait des
recoupements entre les flux financiers et les flux physiques des marchandises, nous avons
constaté que certaines domiciliations n’ont pas de contrepartie. Cela a permis de transférer
des montants importants à l’étranger», indique Mahmoud Aoudia. Il dénombre, entre 2011 et
2015, 4 à 5 opérateurs épinglés pour ce type d’opérations d’un montant de 12 à 14 millions
de dollars chacune.
Panoplie
Dans la panoplie des fraudeurs, on retrouve le canal de l’ANDI. De prétendus opérateurs ont
obtenu des décisions ANDI leur ouvrant droit à l’importation de marchandises ou
d’équipements industriels en exonération totale de droits et taxes. Il y a aussi la double
facturation qui permet au fraudeur d’importer une marchandise dont la valeur est dérisoire et
la déclarer en tant que telle auprès des services douaniers, alors qu’au niveau de la banque
il domicilie autre chose avec une facture 100 fois plus chère et une déclaration falsifiée
conforme à la facture domiciliée. Accusées souvent de financer plus facilement les
importations que les exportations, les banques sont pointées du doigt. «L’intérêt est aussi
bien pour l’import que pour l’export, mais à l’import il y a plus de risques pour les banques»,
explique un banquier.
Ce risque concerne surtout les documents. «S’ils sont falsifiés et qu’il y a complicité de
l’autre côté, le banquier ne peut pas le savoir, et si le banquier a un escroc devant lui, il ne
peut pas le savoir non plus. Le travail à faire consiste donc à bien sélectionner ses clients.
C’est la meilleure façon de se prémunir.» Face à l’ampleur du phénomène, les douanes ont
tenté de réagir. Pour les marchandises qui sont touchées par la fraude de manière
récurrente, «nous avons fixé des valeurs minimales et maximales. Quand une marchandise
sort de ces lignes, on soumet le dossier à des contrôles approfondis. Mais on ne peut pas
établir ces valeurs références pour tout le tarif douanier», tempère Mahmoud Aoudia.
Vers un accord avec la Chine
Outre la fourchette des valeurs, il y a aussi les valeurs boursières pour les marchandises
cotées et des conventions d’assistance mutuelle avec des pays avec lesquels l’Algérie
commerce (France, Italie, Turquie, Tunisie, Egypte, Jordanie, Maroc, etc), sauf la Chine.
Devenue premier fournisseur de l’Algérie avec une part de 16% dans nos importations, la
Chine pose problème car jusqu’à présent il n’existe aucune convention d’assistance avec
cette dernière. Toutefois, les choses seraient en train de changer. «Nous sommes en bonne
voie pour établir une convention qui permettra d’authentifier des factures émises par des
opérateurs chinois», explique le responsable.
En bonne voie également avec les Emirats arabes unis concernés par des opérations de
transferts illicites. Les douanes ont aussi recours à certains organismes ou entreprises en
Algérie qui peuvent les aider pour certaines marchandises (Saidal par exemple pour les
médicaments), Algex, le ministère de l’Agriculture. Mais ce n’est pas toujours simple «au vu
de la variété des marchandises, des régimes dérogatoires, préférentiels, etc.».
Resserrage
Pour juguler le problème, il y a également des interconnexions électroniques entre des
bases de données des douanes et celles des domiciliations bancaires. Les banques ont ainsi
un œil sur les transactions qu’elles ont domiciliées. Des mesures de resserrage qui se font
sentir pour les importateurs, surtout depuis le renforcement des contrôles aux frontières.
«Avant, on importait l’équivalent de 4 pays car il y avait beaucoup de contrebande.
Aujourd’hui, on peut constater la taille réelle de notre marché», explique un importateur.
La marchandise importée (habillement, jouets, cosmétiques, articles de sport, etc.) se
vendait en 2e ou 3e main pour se retrouver en Libye ou en Tunisie, transportées «par semiremorque» à partir des frontières. La détérioration de la situation sécuritaire en Libye et à la
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frontière avec la Tunisie semble avoir changé la donne. «Avant, on ramenait 15 containers,
aujourd’hui on en ramène 3. Je n’ai pas mis les pieds en Chine depuis un an. La
marchandise qu’on a ramenée lors de notre dernier voyage est toujours là», dira cet
opérateur ; selon ce dernier, la contrebande aurait baissé de 50% à 80% ces deux dernières
années.
Safia Berkouk
El Watan - Lundi 15 février 2016
(Algérie)
Brahim Guendouzi . Professeur en économie, spécialiste en économie
internationale
«Le schéma organisationnel de nos ministères est dépassé par
l’ampleur des défis»
http://www.elwatan.com/economie/le-schema-organisationnel-de-nos-ministeres-estdepasse-par-l-ampleur-des-defis-15-02-2016-314429_111.php
On répète souvent que l’acte d’importer est plus facile que celui d’exporter. Est-ce une
question de réglementation, de mentalité ou de volonté politique ?
Que ce soient les importations ou les exportations, elles obéissent globalement aux règles
du commerce extérieur (passages en douane, logistique internationale, paiements en
devises, etc.). Il existe néanmoins des particularités des unes par rapport aux autres. C’est
cet aspect qui prédomine dans notre pays. A l’importation, les opérateurs ont la possibilité
d’être financés en devises à condition d’avoir une surface financière en dinars suffisante et
être en règle sur le plan réglementaire par rapport à l’activité elle-même.
Il suffit, dans ce cas, de procéder à la domiciliation bancaire (procédure obligatoire) pour
pouvoir concrétiser les opérations d’importation. Avec le niveau élevé des réserves de
change, nous avons assisté à une prolifération d’importateurs dès lors que l’accès aux
devises est garanti ainsi que la rentabilité.
Cela s’est fait malheureusement au détriment de la production de biens et services. En
revanche, à l’exportation, c’est tout autre chose. Il est de notoriété que les opérations
d’exportation nécessitent un savoir-faire, des frais spécifiques lourds, une confrontation à de
nombreux intermédiaires, et une prise de risques élevée, dont on sait que les entreprises
algériennes, en majorité des PME, ne sont pas toujours à même d’accepter. Il y a
précisément le fait de la taille de ces entreprises en termes de moyens matériels, humains,
financiers, organisationnels et technologiques pouvant les handicaper à l’approche des
marchés étrangers.
Ces raisons avancées ne doivent aucunement occulter la dimension micro-économique où il
est reconnu et démontré par des analyses que les entreprises, quelle que soit leur taille,
celles dont le chiffre d’affaires comporte un pourcentage élevé de produits exportés,
enregistrent un taux de croissance largement supérieur à celui de leurs concurrentes dont
les activités à l’exportation sont modestes, voire nulles. Ainsi, une entreprise qui réussit à
vendre à l’étranger est donc mieux armée pour affronter ses concurrents nationaux
qu’étrangers, car elle est capable de s’adapter à l’évolution des situations.
Les infractions et les fraudes liées aux importations nous coûtent cher. Où se situent
les limites des systèmes de contrôle et à quels niveaux se situent les responsabilités
?
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Le démantèlement tarifaire auquel a procédé l’Algérie à partir de 2001 (ordonnance n°01-02
du 20 août 2001 instituant un nouveau tarif douanier) est considéré comme étant précoce
du fait que l’économie algérienne, fortement bureaucratisée par un long passage par la
planification rigide, et à plus forte raison rentière (rente pétrolière), ne peut logiquement se
permettre aussi rapidement une ouverture sur l’économie mondiale sans aucune
préparation. Le rush sur les importations a généré des pratiques malsaines qui ont gangrené
non seulement le commerce extérieur, mais également toute l’économie nationale.
Aussi, relève-t-on des atteintes au contrôle des changes, à la fuite des capitaux par la
surfacturation, l’évasion fiscale par la sous-facturation, la mise sur le marché de
marchandises de contrefaçon, voire dangereuses pour la santé des consommateurs, la
corruption à différents échelons de la chaîne du commerce extérieur, un secteur informel
puissant, etc.
Il est de la responsabilité des pouvoirs publics d’assurer un contrôle en amont et en aval des
opérations d’importation sans pour autant pénaliser les opérateurs intègres, surtout ceux qui
activent dans la sphère de la production. L’absence ou l’insuffisance de coordination des
différentes administrations et institutions concernées par le commerce extérieur est
manifeste. Il existe de nombreux dysfonctionnements par lesquels certains importateurs
arrivent à contourner la réglementation, comme par exemple la pratique des lettres de crédit
depuis que le crédit documentaire a été rendu obligatoire pour ceux qui effectuent la revente
en l’état.
Les entreprises nationales qui arrivent à exporter sont très rares, mais il y en a quand
même quelques-unes (SIM, Hamoud Boualem, NCA Rouiba). Qu’est-ce qui rend ces
exceptions possibles et pourquoi ont-elles du mal à se dupliquer ?
Il est reconnu qu’en Algérie il existe un potentiel latent de diversification des exportations du
fait même de la présence de nombreuses PME publiques et privées. Mais l’activité
d’exportation elle-même n’arrive pas à décoller malgré la mise en place d’un mécanisme de
promotion des ventes à l’étranger, qui d’ailleurs gagnerait à être amélioré compte tenu des
limites rencontrées par les exportateurs eux-mêmes.
Les entreprises algériennes exportent de façon sporadique. Rares sont celles qui perdurent
dans l’acte d’exporter.
La question de l’adaptation des produits aux marchés étrangers, l’assistance du secteur
bancaire et de la douane, l’assurance-qualité, les normes techniques, la logistique, etc., sont
autant de paramètres à prendre en considération pour espérer réussir à l’exportation. Le
mode de gouvernance des entreprises, ainsi que la faiblesse manifeste de la productivité
constituent aussi des handicaps à l’exportation.
Enfin, les pouvoirs publics se doivent également d’ouvrir la voie aux entreprises vers
l’exportation en leur facilitant l’accès aux différents marchés.
Le commerce mondial est certes régi par les règles de l’OMC dont l’Algérie est encore en
dehors, mais cela ne doit pas l’empêcher de déployer une diplomatie sur les plans
économiques et commerciaux en faveur de ses entreprises. La signature d’un accord
d’association avec l’Union européenne et l’adhésion à la Grande zone arabe de libreéchange n’ont pas eu les effets escomptés en matière d’exportations hors hydrocarbures. La
prospection de nouveaux marchés (Afrique, Moyen-Orient, Asie, Amérique latine) doit être
continuelle.
La crise actuelle nous impose de trouver d’autres sources de devises. Où se situe
réellement notre potentiel d’exportation et vers quels marchés faudra-t-il regarder ?
En dehors des hydrocarbures, le potentiel d’exportation est latent et en même temps fragile
dans l’industrie manufacturière (agroalimentaire, pétrochimie, engrais, etc.) et l’agriculture
(produits de pêche, fruits et légumes). L’Algérie a rarement atteint le seuil de deux milliards
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de dollars hors hydrocarbures. La crise économique nous donne l’opportunité de construire
une économie diversifiée nécessitant plusieurs années d’efforts et une stratégie à long
terme. Le schéma organisationnel de nos ministères est dépassé par l’ampleur des défis
auxquels ils doivent faire face pour arriver à sortir de la mono-exportation.
Il faudrait opérer un changement organisationnel qui corresponde à la situation de crise.
L’acte d’exporter doit devenir une priorité nationale. Mettre en place divers mécanismes
économiques qui ont fait leurs preuves dans différents pays, comme par exemple la création
d’une zone franche d’exportations, la mise en place de groupements d’intérêts communs à
l’exportation, etc.
Et pourquoi ne pas ériger un Secrétariat d’Etat au commerce extérieur pour plus de synergie
entre les différents acteurs concernés par les échanges commerciaux avec l’étranger ? Pour
le moment, il faut se contenter de gérer les réserves de change le plus rationnellement
possible en attendant les probables résultats d’une diversification de l’économie nationale
sur le moyen et long termes, à condition de mener de nouvelles réformes, surtout avec la
nouvelle orientation du commerce international autour des chaînes de valeur mondiales.
Safia Berkouk
Quid.ma un espace pluriel.
Dîtes moi, maître, c’est quoi « le vivre-ensemble »
Par Abdejlil Lahjomri* //fév, 11 à 09:20
http://www.quid.ma/culture/dites-moi-maitre-cest-quoi-le-vivre-ensemble/
http://www.quid.ma/wp-content/uploads/2016/02/88a716f3-3456-418e-9d1d10781064af25.jpg
*Universitaire spécialiste de la littérature française, secrétaire perpétuel de l’Académie du
Royaume
Le maître croyait pouvoir répondre aisément à son élève curieux des choses de la vie.
Facilement parce que, comme l’écrit, le philosophe Raphael Enthoven, « le vivre-ensemble
apparaît comme … une évidence, une règle d’or, une morale, un slogan… Nul n’y échappe.
Impossible d’allumer la radio, d’ouvrir un journal, de marcher ou de surfer sans croiser cette
injonction ». Mais le maître aura quelques difficultés à cerner un concept qui, comme le
suggère, ce même philosophe « ne veut rien dire ». Il peinera surtout à expliciter ce « rien »
au jeune esprit assoiffé de savoir. Jeune esprit, exigeant à juste titre, parce que harcelé de
slogans, il désire construire un projet de vie au-delà de la vacuité des slogans qui le
submergent.
Page 63 sur 106
Pour pouvoir l’aider et répondre avec justesse à cette interrogation inquiète, le maître devrait
construire une pédagogie des relations humaines, une didactique de l’Autre, une philosophie
du Bien, donc du Mal, une éthique de la liberté, une morale de la fraternité, une vision d’une
cité fondée sur l’égalité, imaginer un enseignement des valeurs (mais quelles valeurs ?), une
éducation qui peut surtout les transmettre, une maîtrise des émotions, une pratique du «
savoir vivre » pour que « le vivre-ensemble » ait un sens, et ne reste pas une illusion pour le
jeune élève dans son apprentissage de la vie. Comme le dit le philosophe André ComteSponville « On ne nait pas vertueux, on le devient ». Ainsi, pour que le maître puisse
répondre à son disciple avec une clarté convaincante il aurait fallu que ceux qui, aujourd’hui
font profession d’éducateurs aient conçu un système où «promouvoir une éducation éthique
dans un monde aux repères flottants » … ne reste plus une tâche impossible mais devienne
un impératif exaltant. Le maître ne s’attendait pas à peiner de la sorte parce que pour bien
donner une réponse séduisante à la question de son disciple, il aurait fallu d’abord et avant
toute chose mettre en œuvre une pédagogie de la différence, une anthropologie comparée
des cultures et des croyances. Et le maître ne dispose d’aucune didactique pour aider son
disciple à comprendre l’Autre, son « autre soi-même ». La représentation que l’on se fait de
l’Autre est superficielle, erronée, incomplète, voire humiliante. Cet Autre n’est pas loin d’être
ou de devenir selon les contingences mon enfer (relire Sartre). Comme le dit Kamel Daoud «
dans l’autre, l’un dans l’autre, (être ou devenir) un ennemi de soi ». Consultez les manuels
scolaires de tous les systèmes éducatifs du monde et vous verrez comment se construit une
aversion de l’Autre, une haine de l’Autre, au mieux une indifférence à l’Autre. Les images
qu’y véhiculent les sociétés les unes des autres…. Vous verrez comment les stéréotypes, les
mythes, agressent, désorientent, comment sont minés de l’intérieur tous les élans généreux
du « vivre ensemble ». Le maître découvre avec inquiétude que, démuni, il ne peut, seul,
briser ce verrou si ancré dans les systèmes de formation dont il est lui-même le produit. Il a
besoin, grand besoin d’outils didactiques que ne peut lui offrir qu’une refonte fondamentale
de l’enseignement comparé des cultures, et des croyances. Il connaît peu d’institutions
d’éducation et de recherches, surtout de recherche qui s’investissent dans une étude
comparée des civilisations. Il est vrai que pour cela il faudrait enseigner la langue arabe, la
langue ou les langues berbères, la langue hébraïque, la langue grecque, la langue latine, le
sanscrit, l’araméen, les langues modernes. Mais où donc trouvera-t-il ces langues vivantes
ou mortes enseignées chez lui ? Et pourtant elles s’interpénètrent, se parlent et se répondent
jusque dans les textes fondateurs.
Le maître, déboussolé, renonça à donner une explication à l’interrogation angoissée de
l’élève découragé, qui s’enfermera dans une insondable solitude.
Solitude, annonciatrice de toutes les dérives.
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22è édition du Festival des musiques sacrées du monde : Les
« femmes fondatrices » à l’honneur
Par Quid //fév, 12 à 11:36
http://www.quid.ma/culture/22e-edition-du-festival-des-musiques-sacrees-du-monde-lesfemmes-fondatrices-a-lhonneur/
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http://www.quid.ma/wp-content/uploads/2016/02/Lalla-Salma-l-epouse-de-Mohammed-VI.jpg
La 22ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde sera organisée
du 6 au 14 mai avec un hommage spécial dédié aux « Femmes fondatrices », qui ont
toujours marqué de leurs empreintes l’Histoire du royaume
Cette édition sera l’occasion pour rendre hommage à ces femmes bâtisseuses à travers une
création originale et des artistes venus de plusieurs pays, notamment les Marocaines Samira
Said et Hindi Zahra, l’Iranienne Sahar Mohammadi, l’Irakienne Farida Muhammad Ali, la
Malienne Oumou Sangaré ou encore la Réunionnaise Christine Salem et la Brésilienne
Virginia
Rodrigues.
Abderrafih Zouitene, président de la Fondation Esprit de Fès, explique ce choix en
soulignant que l’histoire contemporaine du Maroc a été marquée par la continuité du rôle
déterminant de la femme dans la vie du pays avec un événement majeur : le Code de la
famille institué par le discours Royal du 10 octobre 2003 qui met le Maroc à l’avant-garde
des
pays
arabes
et
musulmans.
Dans une note de présentation, il a ajouté que les femmes au Maroc ont toujours joué un
rôle primordial dans le progrès du Royaume, rappelant le rôle symbolique de Kenza El
Awrabiya, l’épouse de Moulay Idriss à l’origine d’une unification et d’une fusion entre la base
amazighe et arabo-musulmane qui a constitué le socle de l’identité marocaine.
Outre l’épouse de Moulay Ismaël, Khnata Bent Bakkar qui occupait le poste de ministre et
secrétaire personnelle de ce sultan, les femmes marocaines ont été, durant la période de la
lutte pour l’indépendance, des résistantes et ont lutté pour l’indépendance du Maroc au
même
titre
que
les
hommes,
a
expliqué
Zouiten.
Pour Alain Weber, directeur artistique Festival, le programme proposé pour cette édition se
veut le reflet des différentes facettes du monde féminin au cœur de la musique et des arts
dans la mesure où chacune des invitées se fait l’écho de la notion de savoir symbolisée par
Fatima El Fihriya, autrement nommée Oum El Banine, à l’origine de la construction de la
mosquée
et
de
l’université
Al-Qaraouiyine
de
Fès.
Venues du monde arabe, de l’Asie lointaine, du Brésil, de l’Afrique, du continent indien, de
l’Europe et bien sûr du Maroc, « ces femmes forment les grains d’un chapelet qui, pour
reprendre le sens du chapelet (selsela) dans le soufisme, figure la transmission, aujourd’hui
gage de renouveau et pôle de résistance contre une globalisation désincarnée ».
Cette édition s’annonce riche en créations comme en témoigne le spectacle d’ouverture, un
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ciel plein d’étoiles, qui se veut un hommage exceptionnel aux femmes mythiques de l’Orient
et du Maroc dont les histoires seront contées par Shéhérazade.
El Watan - Vendredi 19 février 2016
(Algérie)
Migrants subsahariens en Algérie : 68% sont en situation irrégulière
http://www.elwatan.com/actualite/migrants-subsahariens-en-algerie-68-sont-en-situationirreguliere-18-02-2016-314695_109.php
http://www.elwatan.com/images/2016/02/18/migrants_2612452_465x348.jpg
Dans le cadre de la célébration, hier, de la Journée maghrébine de l’enfant, les
résultats d’une enquête sur la situation des enfants migrants ou issus de la migration
subsaharienne en Algérie ont été présentés.
D’après Imène Benchaouche, chargée de plaidoyer et d’accès aux droits à la mission
d’Algérie de l’ONG Médecins du monde, cette enquête a touché un échantillon de 361
enfants issus de 261 familles migrantes en Algérie. Les axes principaux de notre enquête,
menée dans les wilayas d’Alger, Oran, Annaba et Tamanrasset, sont essentiellement l’accès
aux soins et à la scolarité ainsi qu’à l’identité de ces enfants, le lien de famille qu’ils ont avec
les adultes qui les accompagnent, leur accès aux documents d’état civil puis aux loisirs.
Sans oublier le travail de ces enfants en bas âge et leur utilisation dans les réseaux de
mendicité», explique Imène Benchaouche la représentante de Médecins du monde, qui
justifie cette enquête par le nombre important de migrants subsahariens en Algérie,
notamment des femmes et des enfants, en l’absence quasi-totale d’informations sur leur
cadre de vie. Médecins du monde indique que le pays qui «exporte» le plus de migrants est
le Cameroun avec plus de 43% suivi du Niger, du Nigeria, du Mali, du Congo et de la Côte
d’Ivoire.
L’illégalité comme mode de vie
Sur cet échantillon d’enquêtés, les chiffres de Médecin du monde démontrent que 89% des
migrants subsahariens présents en Algérie depuis plus de 15 ans sont en situation
administrative précaire dont 68% sont en situation irrégulière. Démunis, sans ressources
financières, 72% de ces migrants vivent dans des habitations précaires (maisons
inachevées, garages, gourbis, bidonvilles) ou carrément sur leur lieu de travail. «Sur ce
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chiffre, sachant que le nombre moyen de personnes par ménage est de 3 à 4 individus, près
de 61% des familles migrantes vivent dans une seule pièce.
73% de ces familles enquêtées n’ont pas accès à l’eau potable, 57% ne possèdent pas de
chauffage et la majorité déclare que leur lieu de résidence est loin d’être sûr», déclare Imène
Benchaouche, qui explique que l’absence de moyens financiers et la difficulté de la
scolarisation ont obligé certaines familles migrantes à se séparer de leurs enfants soit en
migrant en Algérie seuls ou les renvoyer dans leur pays d’origine. Selon cette enquête
menée par Médecins du monde en collaboration avec l’Unicef et le ministère de la Solidarité,
de la Famille et de la Condition de la femme, sur les 361 enfants ciblés, 74,5% sont âgés de
moins de 5 ans et près de 65% sont nés en Algérie.
Un accès restreint à l’école
En matière de scolarisation, les enfants inscrits dans les écoles ne représentent que 25,5%
de la population migrante enquêtée avec une grande orientation vers les écoles privées au
détriment du secteur public qui n’accueille que 44,8% de ces enfants. Même si 43,6% des
parents migrants souhaitent que leurs enfants intègrent l’école publique, les raisons de la
non-scolarisation sont l’absence de documents administratifs (47%) et la non-maîtrise de la
langue arabe à hauteur de 40%.
En matière de soins, seulement 3,5% des femmes migrantes enceintes ont consulté un
médecin. Même si 83% de ces femmes accouchent dans des établissements hospitaliers,
seules 53% d’entre elles bénéficient d’un suivi médical post-accouchement. Contrairement à
la santé de la maman et son suivi médical précaire, les chiffres concernant la santé de
l’enfant migrant en Algérie sont assez satisfaisants.
Les carnets de vaccination sont à jour pour plus de 81% des enfants et leurs consultations
médicales sont régulières. Dans le flux des chiffres qui démontrent la précarité dans laquelle
vivent les familles de réfugiés subsahariens en Algérie, plus du tiers des enfants nés en
Algérie ne sont pas déclarés à l’état civil et n’ont aucun document administratif prouvant leur
identité.
Les raisons de cette situation calamiteuse sont non seulement la résidence illégale des
parents, mais aussi le fait que l’enfant soit le fruit d’une relation hors mariage. Ces deux
facteurs mènent aussi les mamans à utiliser des identités d’emprunt pour pouvoir accoucher
dans les établissements hospitaliers publics.
Parmi les recommandations auxquelles a abouti cette rencontre tenue hier à l’auditorium
Aïssa Messaoudi de la Radio algérienne, l’obligation des familles migrantes à déclarer leurs
enfants nés en Algérie et à les scolariser, à favoriser le contact entre ces enfants migrants et
les enfants algériens sans oublier la nécessité d’agir sur la maltraitance des enfants et leur
utilisation dans les réseaux de mendicité.
Asma Bersali
Nouvelobs La gauche dans le piège de Cologne
Par Aude Lancelin
Publié le 18-02-2016 à 19h11
http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160218.OBS4920/la-gauche-dans-le-piege-decologne.html#xtor=EPR-1-[ObsActu8h]-20160219
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La polémique ne faiblit pas après les agressions de Cologne survenues le 31
décembre dernier. Tandis que la crise des migrants déchire les pays européens,
l’écrivain Kamel Daoud, violemment interpellé après sa tribune parue dans "le
Monde", déclare vouloir arrêter le journalisme.
Les récents viols de Cologne vus par le magazine polonais "wSieci". Avec ce titre ultradroitier: "Le viol islamique de l'Europe."
http://referentiel.nouvelobs.com/file/14867185.jpg
À lire aussi
 Kamel Daoud : l'homme révolté "qui ne peut pas se taire"
 Comment sortir de la haine : grand entretien avec Jacques Rancière
 Les mille salopards de Cologne, par Slavoj Zizek
Les eaux sales de Cologne n’en finissent pas de répandre leurs remugles sur un débat
public déjà très pollué. A peine la nouvelle de l’agression de centaines de jeunes femmes
dans la nuit du 31 décembre dernier fut-elle connue que la droite anti-immigrés et l’extrêmedroite trépignaient déjà d’excitation dans l’Europe entière.
Le scénario semblait, il est vrai, accomplir un fantasme longuement caressé: celui de voir
des hordes basanées se ruer par milliers sur la chair blanche occidentale, celui de voir «la
dame européenne» livrée à l’avidité d’anciens colonisés devenus les nouveaux maîtres d’un
continent lâchement agenouillé devant eux. Le réel cauchemardesque que Jean Raspail
avait halluciné dans «Le Camp des saints», nanar d’épouvante daté de 1973, était semble-til en train d’advenir. Un monstre déferlait bel et bien sur le Nord, et celui-ci prenait en effet la
forme d’un «grouillement» d’obscènes masturbateurs, d’un véritable «fleuve de sperme»,
selon les mots mêmes de Raspail dans son roman à l’époque.
C’est un fait qu’on entendit alors peu de gens à gauche pour faire autre chose que minimiser
les faits, ou se hâter d’attendre que l’affaire se perde dans l’incertain (à ce jour, 73 mises en
examen ont eu lieu, celles-ci concernant très majoritairement des individus marocains et
algériens, «immigrés économiques» illégaux). C’est un fait qu’on entendit peu, oui, tant
grande est la crainte d’alimenter le sourd désir de ratonnades qui rôde désormais dans
l’Europe entière, depuis les mouvements extra-parlementaires comme Pegida jusqu’aux
partis nationaux-populistes déjà solidement implantés comme le Front National français. Et
cette crainte-là, c’est peu de dire qu’on la comprend.
Lire Le récit de la nuit où Cologne a basculé
Notre conviction est pourtant que cette crainte ne saurait suffire à exonérer la gauche
intellectuelle de penser les événements de Cologne. Ce réel-là, sa sale gueule, vient sans
doute heurter de front beaucoup trop de ses croyances spontanées pour être aisément
assimilable. Raison de plus pour s’y confronter avec courage.
La plus paralysante de ces croyances est sans doute cette espèce de rousseauisme mal
compris qui tend spontanément à prêter aux persécutés, réfugiés de guerre à proprement
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parler ou immigrés balayés vers le Nord par la misère, une common decency supérieure,
intrinsèquement conférée semble-t-il par leur rang de victime. Il faut pourtant le reconnaître
avant toute chose, tant c’est l’évidence qui justifie la nécessité même d’une prise en charge
politique : quelle que soit leur provenance ou leur religion, une foule d’hommes livrés à euxmêmes, zonant en toute anomie un soir de liesse, est aussi dangereuse qu’une nappe
d’hydrogène attendant l’étincelle dévastatrice.
Cette évidence-là, qui explique pour l’essentiel les événements de Cologne, tout sauf
mystérieux en réalité, ne put même pas être énoncée sur le vif, tant le discours sur les
«migrants» était encore lénifiant, se bornant à des sollicitudes de Madame Le Quesnoy
ouvrant grand son canapé-lit aux mendiants, quand c’était la plus imposante vague de
migration depuis la Seconde Guerre mondiale qui était en train de s’accomplir sous nos
yeux.
Depuis une certaine gauche radicale française, croyant voir naître à cette occasion
l’émergence d’un nouveau peuple de «citoyens européens virtuels» (1), jusqu’à la droite
allemande, soucieuse de rattraper les dommages moraux de l’été grec et de répondre aux
intérêts bien compris de l’économie allemande, il semblait jusqu’ici impossible de penser
vraiment le colossal événement migratoire en cours, ni de faire face à sa conséquence à ce
jour encore la plus probable: ni plus ni moins à terme que l’éclatement pur et simple de
l’Union européenne.
A cette première phase de déni face aux événements de Cologne, vint bientôt succéder
une phase de reprise de soi, tout aussi paternaliste en vérité. C’est qu’on leur avait menti
aux braves gens, ces migrants n’étaient pas les bons sauvages qu’on leur avait annoncés.
Non pas de gratifiants dominés, mais de possibles prédateurs, non pas de reconnaissants
opprimés mais de sournois violeurs.
Il fallait les rééduquer, voilà ce qu’il convenait de faire en toute hâte. Leur apprendre, y
compris par de burlesques panneaux de signalisation pour mal-comprenants, qu’au pays de
Mama Merkel, une main aux fesses est chose verboten.
Comme s’ils étaient de grands enfants à remettre dans les clous. Comme si de Tunis
jusqu’au Sud marocain, l’ambiance dans la rue était au Club Med échangiste
houellebecquien. Comme s’il était commun là-bas de mettre la main aux fesses aux
passantes. Comme si, plus bornés qu’un bus à impériale remplis de supporters du PSG, ces
hommes-là savaient à peine ce qu’ils faisaient, et ignoraient en tout point que c’était grave.
Lire Les 1000 salopards de Cologne, par Slavoj Zizek
Ce qu'a dit Kamel Daoud
Nous en étions là de l’inversion totale des stéréotypes, lorsque l’écrivain algérien Kamel
Daoud décida de s’élancer, depuis Oran, sur ce champ de foire déjà extrêmement miné. Il le
fit dans une tribune publiée par «le Monde» le 21 janvier dernier, et il eut raison de le faire
car ce texte, immédiatement déchiqueté par tout ce que la gauche compte de bien-pensants
bas de plafond, restera comme l’une des plus importantes contributions apportées à la
douloureuse affaire de Cologne.
Qu’y disait-il de si grave, Kamel Daoud, qu’il était insupportable d’entendre à la cohorte
d’anthropologues et d’historiens qui s’assembla le 12 février pour lui faire la peau dans les
colonnes du même journal ? Que confronté au déracinement et au choc de l’arrivée dans un
pays nouveau, le déraciné avait tendance à se replier sur les réflexes identitaires de sa
culture d’origine. Que face à cette réaction bien connue, «les adoptions collectives ont ceci
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de naïf qu’elles se limitent à la bureaucratie et se dédouanent par la charité» - phrase aussi
juste que cruelle, et qui lui sera entre toutes difficilement pardonnée.
Mais Kamel Daoud y disait surtout que le rapport aux femmes et au désir est malade en terre
d’islam. Il y disait que la misère sexuelle sévit avec une profondeur inouïe chez les hommes
arabo-musulmans, thème qu’il développera du reste dans un autre article paru peu de temps
après dans le «New York Times» . Que ce rapport aux femmes et à leur propre corps
explique autant le phénomène des kamikazes qui attendent la mort comme une variété
d’orgasme supérieur, que celui du «porno-islamisme» dont use les prêcheurs, lorsqu’ils font
miroiter auxdits kamikazes un paradis conçu sur le mode du bordel militaire.
Kamel Daoud (©Ulf Andersen/SIPA)
http://referentiel.nouvelobs.com/file/14867203.jpg
Voilà qui n’était apparemment pas supportable. Ainsi Kamel Daoud fut-il immédiatement
accusé de répandre des «clichés orientalistes» et des «lieux communs navrants» sur
l’homme maghrébin. Ainsi l’auteur de «Meursault, contre-enquête» se fit-il donner des leçons
de choses sur la réalité de la rue arabe par ledit collectif, l’accusant d’effacer «les conditions
sociales, politiques et économiques qui favorisent ces actes».
Misère des sciences sociales, lorsqu’elles tombent dans leur pire travers: récuser tout
discours qui ne sacrifie pas à leurs exigences pseudo-scientifiques d’échantillonnage
rigoureux. Misère des sciences sociales lorsqu’elles accusent d’«essentialisme» quiconque
entre dans la chair du réel sans avoir les autorisations requises, lorsqu’elles dénient tout
droit à énoncer un discours général au prétexte de sa généralité même. Blessé par le
lynchage subi, Kamel Daoud a depuis déclaré, le 17 février, dans «Le Quotidien d’Oran»
qu’il souhaitait «arrêter le journalisme sous peu», et se consacrer désormais exclusivement à
la littérature.
Derrière le procès méthodologique, c’est toutefois bien sûr le fond du discours de Daoud qui
fait trépigner d’indignation ce quarteron de chercheurs, représentatif du malaise d’une large
partie de la gauche dès lors qu’il est question d’identités collectives. Ce que dit l’écrivain
algérien n’est rien d’autre que ceci: l’amoncellement ne suffit pas à former un collectif stable,
l’humain n’est pas de la limaille, et il faudra bien que se pose à un moment donné le
problème des valeurs partagées lorsqu’on voudra sérieusement se résoudre à incorporer
ces centaines de milliers de migrants.
Le philosophe Jacques Rancière, peu suspect de pulsions islamophobes rampantes, ne
disait pas autre chose dans «L’Obs» le 28 janvier dernier, lorsqu’il avançait que «seule la
reconstitution de "subjectivations collectives" fortes, au-delà des différences culturelles,
pouvait remédier à la situation que nous connaissons», et se risquait même à affirmer que
«les populations qui s’identifient comme musulmanes doivent aussi dire comment elles
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veulent vivre avec les autres, comment elles veulent faire partie de notre monde et inventer
des formes de participation politique.»
Lire Sortir de la haine : grand entretien avec Jacques Rancière
Infériorisation de la femme
Nul ne peut sérieusement nier que l’une des «différences culturelles» majeures entre le
monde de l’islam et l’Europe actuelle, de provenance chrétienne, concerne bien le statut des
femmes et le degré de liberté, notamment sexuelle, qu’elles sont susceptibles
d’expérimenter au sein de nos sociétés. A cet égard, Kamel Daoud choisit de présenter
l’islamisme comme la version criminelle et échevelée d’une infériorisation de la femme hélas
commune selon lui à tout le monde musulman. De ce statut de la femme, il choisit même de
faire la clé unique des événements de Cologne, sans doute exagérément d'ailleurs, tant il est
vrai qu'un millier de «white trash» hors contrôle n'auraient sans doute pas fait mieux, un soir
de beuverie, que les hommes qui traînaient ce soir-là autour de la gare.
Ce propos ne fait pas pour autant de Daoud un vulgaire islamophobe. Ce propos est le fait
d’un intellectuel condamné à se battre sur deux fronts, c’est-à-dire à se défendre contre deux
formes de bêtise adverses: d’un côté la haine raciste déguisée en laïcisme qui ne demande
qu’à instrumentaliser sa position, de l’autre la démagogie pro-immigrés qui ne trouve d’autre
solution pour se maintenir hors du réel que de salir un homme.
Aux yeux de l’islamiste, écrit encore Daoud, «la femme est coupable d’un crime affreux: la
vie», ce dernier état étant envisagé comme «une perte de temps avant l’éternité.» Et de
poursuivre : «La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit
d’une femme. L’islamiste en veut à celle qui donne la vie, perpétue l’épreuve et qui l’a
éloigné du paradis.»
A la lecture de ces phrases, c’est aux grands classiques de la misogynie européenne qu’on
pense irrésistiblement. A la très violente «Lettre à d’Alembert» (1758) écrite sur les femmes
par Rousseau, penseur politique devenu le parangon même du progressisme dans tous les
imaginaires contemporains. Au livre de Schopenhauer paru un siècle plus tard, «Essai sur
les femmes» (1851), où l’on trouve des phrases telles que: «Les femmes n’ont pas voulu
l’extinction du monde, c’est pourquoi je les hais.» A tous ces autres textes où l’auteur du
«Monde comme volonté et comme représentation» affirme traiter la sexualité «en ennemie
personnelle ainsi que la femme, cet instrumentum diabolicum», et vomir la spiritualisation de
l’amour, cette invention de la femme destinée à répandre la vie, c’est-à dire à «éterniser la
douleur sur terre».
Ce n’est décidément pas un sympathisant des Frères musulmans un peu survolté qui a écrit
ces mots. C’est un philosophe allemand du XIXème siècle, un penseur par ailleurs puissant,
éblouissant d’intelligence. Quelle leçon en tirer? Plutôt que de s’en lamenter, choisissons d’y
voir un motif d’espoir. L’Europe, qui a semble-t-il choisi d’oublier dans quel état de minorité,
sinon de servage moral, elle a longtemps tenu les femmes, devrait s’en souvenir lorsqu’elle
aborde la question féminine dans le monde musulman contemporain. Nulle culture n’est
vouée à demeurer fixement identique à elle-même à travers les âges, et c’est un fait que sur
la question des mœurs, le monde musulman a plusieurs pas de géant à accomplir.
Rappeler cela, ce n’est pas faire le jeu des forces obscures qui virent en Cologne une divine
surprise. Rappeler cela, c’est considérer, aux côtés de Kamel Daoud, que s’il serait scélérat
pour l’Europe de fermer ses frontières aux réfugiés, il serait tout aussi criminel de fermer les
yeux sur le long chemin vers l’intégration qui reste encore à parcourir.
Aude Lancelin
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(1) « Europe, crise et fin ? », par Etienne Balibar, Editions du Bord de l’eau, 2016.
(2) « Nuit de Cologne : "Kamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés"», par
collectif, «le Monde», 12 février.
(3) « La misère sexuelle du monde arabe », «New York Times», 12 février.
(4) « Comment sortir de la haine », entretien avec Eric Aeschimann, «L’Obs», 28 janvier.
Quid.ma un espace pluriel.
« Le Maestro » s’est éteint
Par Quid //fév, 19 à 13:42
http://www.quid.ma/culture/le-maestro-sest-eteint/
Moha Oulhouceine Achibane n’est plus
Le célèbre chanteur, danseur et chef d’orchestre marocain Moha Oulhouceine Achibane, dit
« Le Maestro », a rendu l’âme, vendredi matin chez lui dans son village d’Azrou Aït Lahcen,
cercle de Lakbab (province de Khénifra), à l’âge de 113 ans, selon le président de
l’Association, le Maestro des poètes amazighes Khalid Zouani.
Le défunt devait être inhumé le même jour dans son village, après la prière d’Al Asr.
Figure emblématique de la scène culturelle marocaine, Moha Oulhouceine Achibane a
entamé sa carrière artistique dès 1950 au cours de laquelle il a trôné sans partage, pendant
plus de 60 ans, à la tête de l’art d’Ahidous du Moyen-Atlas.
Le défunt, qui compte à son actif près de 150 participations à des forums et festivals
internationaux, a été le premier marocain à avoir allumé le flambeau de la Coupe du monde
en Espagne (1982).
Il compte également à son escarcelle plusieurs distinctions et prix nationaux et
internationaux qui lui ont été remis par des personnalités mondiales de renom.
Avec sa disparition, c’est un monument de l’art marocain et de la culture amazighe qui
s’éteint, après avoir conféré, avec brio et maestria, une dimension internationale à une
danse locale et populaire typiquement marocaine.
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Quid.ma un espace pluriel.
Les entreprises Marocaines, invitées à adhérer à l’Identifiant
Commun
Par Quid
//fév, 18 à 11:00
http://www.quid.ma/economie/les-entreprises-marocaines-invitees-a-adherer-a-lidentifiantcommun/
La CGEM a lancé le projet de l’ « identifiant commun » de l’entreprise il y a plus d’un
an. Pourtant 550 000 entreprises seulement parmi les 1,4 millions ciblées ont fait parti
de ce projet. Le reste ne s’est pas encore aligné à ses directives, a écrit Al Akhbar
dans son édition du 18 février
Ce projet, parrainé par le chef du gouvernement, vise la simplification et l’homogénéisation
des procédures dans la mesure où cet ICE « identifiant commun de l’entreprise » va
identifier l’entreprise et ses filiales de manière unique chez toutes les administrations.
Certes, l’identifiant en question ne va pas se substituer à ceux déjà existants et qui ont une
portée légale et obligatoire, pourtant il va permettre à terme d’éviter la présentation des
mêmes documents aux différentes administrations.
La CGEM dans une conférence de presse, mardi dernier à Casablanca, a annoncé que d’ici
Juillet 2016 au plus tard toutes les entreprises ciblées par le projet doivent se munir de leurs
identifiants.
Le projet a revêtu son caractère obligatoire suite à l’approbation de la loi de finance 2016, et
ce dans le but de rendre les relations entre l’entreprise et l’administration plus flexibles.
Des acteurs ont soutenu l’opération, en tête de liste : l’OMPIC, la CNSS et la DGI. Ils ont
favorisé le climat pour les entreprises afin de les encourager à suivre les directives du projet
rendu obligatoire par la loi de finance de l’année en cours, notamment à travers la mise en
place d’un site internet dédié. Dans le même cadre, la CGEM déploie des efforts
considérables à travers les partenariats qu’elle met en place avec les administrations
concernées.
Quid.ma un espace pluriel.
Logistique : Le Maroc se dote d’un projet de plateforme en côte
d’ivoire
Par Siham Bouhaddi //fév, 18 à 11:00
http://www.quid.ma/economie/logistique-le-maroc-se-dote-dun-projet-de-plateforme-en-cotedivoire/
Dans le cadre du renforcement de sa politique d’exportation de fruits et légumes vers
l’Afrique de l’ouest, le Maroc compte se doter d’une plateforme commerciale et
logistique en Côte d’ivoire grâce à un partenariat public privé (PPP)
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Ayant réalisé au préalable une étude de faisabilité du projet, le service de l’agriculture va
lancer un appel d’offre au cours du deuxième trimestre 2016 afin de recruter un consultant
pour la réalisation de l’étude technique du projet du PPP ainsi que pour son assistance
technique. Le consultant retenu va contribuer au choix du partenaire privé qui sera en charge
du développement et de la gestion de cette plateforme.
Cette plateforme va permettre au Maroc de se doter d’un hub d’exportation et d’avoir
plusieurs avantages compétitifs, ce qui va contribuer à booster les exportations de fruits et
légumes du pays vers la sous région ouest-africaine.
Le partenariat public-privé s’inscrit dans le cadre d’un échange bilatérale pour développer les
échanges commerciaux de produits agroalimentaires entre les deux pays.
La réalisation de ce projet portera dans un premier temps sur la mise à disposition du terrain
par le gouvernement ivoirien pour le compte du Maroc, qui va s’occuper quant à lui de la
construction de la plateforme avec la participation du secteur privé.
L’étude qui sera réalisée par le consultant potentiel va mettre l’accent sur l’aspect financier
du projet ainsi que sur les options de structuration juridique dans le but est de sécuriser le
financement du projet et assurer sa réussite.
Il convient de rappeler que cette plateforme est venue consacrer les efforts de l’association
marocaine de développement de la logistique qui a signé un mémorandum d’entente dans le
domaine de la logistique avec l’Office Ivoirien des Chargeurs (OIC) à Rabat le 27 novembre
2015 dans le but de favoriser les partenariats entre les opérateurs logistiques des deux pays
et à développer une coopération mutuellement bénéfique, notamment, dans les domaines de
développement des zones et plateformes logistiques, de modernisation de chaines
logistiques et de développement des compétences et de la formation dans les métiers
logistiques.
Elle va permettre néanmoins au Royaume d’atteindre l’un des objectifs fixés par le plan
Maroc vert à savoir la multiplication par 2 ou 3 des exportations agricoles marocaines à
l’horizon de 2020.
El Watan - Samedi 20 février 2016
(Algérie)
Selon une enquête de médecins du monde
Un tiers des migrants subsahariens sans identité
http://www.elwatan.com/actualite/un-tiers-des-migrants-subsahariens-sans-identite-20-022016-314792_109.php
L’Algérie, terre d’accueil pour des milliers de réfugiés, notamment subsahariens,
offre-t-elle à ce flux de personnes un cadre de vie meilleur que dans leur pays
d’origine ?
Mis à part l’absence d’un état de guerre, les conditions dans lesquelles vivent ces réfugiés,
souvent venus en famille, ne connaissent le terme de meilleur que dans leurs rêves. D’après
les résultats de l’enquête menée par l’ONG Médecins du monde en collaboration avec
l’Unicef et le ministère de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, ces
milliers de réfugiés vivent dans une extrême précarité et dans l’isolement. Cette enquête,
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menée sur un échantillon de 261 familles, s’est essentiellement basée sur la situation des
enfants migrants ou issus de la migration subsaharienne en Algérie. Ils sont au nombre de
361, dont 74,5% sont âgés de moins de 5 ans et près de 65% ont vu le jour en Algérie.
Un avenir flou
Même si 83% des mamans ont accouché dans des infrastructures hospitalières publiques,
la déclaration de naissance à l’état civil est loin d’être un droit pour tous. Si 88% des
enfants nés en Algérie sont enregistrés, seulement 69% possèdent un extrait de naissance.
Sur ce document important, le nom du père figure dans 80% des cas, montrant qu’il est
difficile pour 20% des mamans de déclarer le nom du père de leur enfant. Cela est sûrement
dû à la formation de couples sans acte de mariage. Pis encore, sur ces derniers chiffres,
seulement 57% de ces actes portent la réelle identité du père.
La vraie identité de la mère est indiquée sur 79% de ces documents administratifs. Les
raisons probables de cette situation calamiteuse sont, selon Imène Benchaouche, chargée
de plaidoyer et d’accès aux droits à la mission d’Algérie de l’ONG Médecins du monde, le
recours de la maman à des documents d’emprunt pour pouvoir accoucher dans un
établissement hospitalier public.
Avec un nom et une nationalité d’emprunt, cela influe directement sur l’avenir de cet enfant
qui ne sera pas affilié à ses parents ou à leur nationalité d’origine. La situation de ces
enfants portant une fausse identité pourrait paraître moins pénible comparée à d’autres
bébés issus de l’immigration ne possédant pas d’extrait de naissance. Ils représentent un
pourcentage de 31%, dont plus de la moitié ne possédent aucun document administratif
prouvant leur identité et leur affiliation. Grandir dans la précarité et l’isolement, en plus de cet
immense problème d’identité, ces enfants vivront écartés, isolés. D’après l’enquête de
Médecins du monde, la grande majorité de ces petits réfugiés auraient dû vivre leur enfance
dans l’insouciance, chez eux. Seuls 21% d’entre eux sortent jouer dehors. Un chiffre presque
identique à celui des enfants qui ont un contact avec des petits Algériens.
La scolarisation qui facilite le contact et l’intégration n’est pas à la portée de ces petites
victimes de la migration. Les enfants inscrits dans les écoles ne représentent que 25,5% de
la population migrante enquêtée, avec une grande orientation vers les écoles privées au
détriment du secteur public qui n’en accueille que 44,8%.
Même si 43,6% des parents migrants souhaitent que leurs enfants intègrent l’école publique,
les raisons de la non-scolarisation restent l’absence de documents administratifs (47%) et la
non-maîtrise de la langue arabe à hauteur de 40%. S’ajoute à cela l’immigration illégale de
parents dont la situation administrative est irrégulière pour 68% d’entre eux. Démunis et sans
ressources, 72% de ces migrants vivent dans des habitations précaires (maisons
inachevées, garages, gourbis, bidonvilles) ou carrément sur leur lieu de travail. «Sur ce
chiffre, sachant que le nombre moyen de personnes par ménage est de 3 à 4 individus, près
de 61% des familles migrantes vivent dans une seule pièce.
73% des familles enquêtées n’ont pas accès à l’eau potable, 57% ne possèdent pas de
chauffage et la majorité déclarent que leur lieu de résidence est loin d’être sûr», déclare
Imène Benchaouche. Elle explique que l’absence de moyens financiers et la difficulté de
scolarisation ont obligé certaines familles migrantes à se séparer de leurs enfants, soit en
migrant en Algérie seuls ou en les renvoyant dans leur pays d’origine.
La violence au quotidien en plus de vivre dans la précarité, l’isolement et l’absence d’identité,
beaucoup de ces enfants en sont victimes. D’après cette même enquête, 85% de ces
enfants ont subi des violences verbales ou physiques. Selon les témoignages de parents
réfugiés recueillis par Médecins du monde, la violence ne provient pas seulement des
adultes, mais aussi des enfants de leur âge. En plus d’être repoussés par la société
algérienne, ils sont souvent comme un punching-ball pour leurs parents ou les membres de
la communauté des réfugiés. Ils le sont aussi pour les enfants algériens de leur âge qui
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voient en eux une proie facile. «Ils sont insultés et tapés», déclare le père d’une petite fille
de 5 ans. Très peu d’entre eux exercent une activité rémunérante mais ils sont contraints de
suivre leurs parents dans leur activités, entre autres la mendicité qui représente souvent la
première source de revenu de la population enquêtée.
Signalons que les axes principaux de l’enquête, menée dans les wilayas d’Alger, Oran,
Annaba et Tamanrasset, sont essentiellement l’accès aux soins et à la scolarité ainsi qu’à
l’identité de ces enfants, le lien de famille qu’ils ont avec les adultes qui les accompagnent,
leur accès aux documents d’état civil puis aux loisirs. Sans oublier le travail de ces enfants
en bas âge et leur utilisation par les réseaux de mendicité.
L’ONG Médecins du monde a entamé cette enquête, vu le nombre important de migrants
subsahariens en Algérie, notamment des femmes et des enfants et dans une absence quasi
totale des informations sur leur cadre de vie. Cette ONG, basée à Paris, indique aussi à
travers cette enquête de terrain que le pays qui exporte le plus de migrants vers l’Algérie est
le Cameroun avec 43%, suivi par le Niger, le Nigeria, le Mali, le Congo puis la Côte d’Ivoire.
Asma Bersali
El Watan - Samedi 20 février 2016
(Algérie)
Prévention de la délinquance en Algérie : Au-delà des mots !
http://www.elwatan.com/contributions/prevention-de-la-delinquance-en-algerie-au-dela-desmots-20-02-2016-314775_120.php
Depuis quelques années, les expressions «prévenir la délinquance», «guerre contre le
crime», «la sécurité est l’affaire de tous», ou encore «lutte contre la délinquance» sont
devenues des thèmes tellement galvaudés qu’ils ont perdu toute consistance, parfois
toute crédibilité. Le mot est dit, mais la pratique, une meilleure pratique, tarde à voir le
jour.
Les slogans se succèdent, se suivent, se ressemblent mais n’ont guère de prise sur la
réalité, réalité criminelle ai-je dit. Plusieurs pays tentent de trouver les solutions pour
diminuer la criminalité. Diminuer n’est toutefois pas supprimer, car le crime, aussi
paradoxalement que cela puisse paraître, est «un facteur de santé publique» comme l’avait
très justement souligné un certain Durkheim au début du siècle dernier. On l’aura donc bien
compris, il est illusoire de vouloir éradiquer totalement et définitivement le crime pour la
simple raison que celui-ci existe depuis l’assassinat de Caïn de son frère Abel, et continuera
certainement d’exister sous d’autres formes, dans toutes les sociétés, aujourd’hui, ici,
ailleurs, et dans les temps à venir.
Ceci dit, faut-il conclure pour autant à l’impuissance ou à la défaite de l’appareil étatique ou
sociétal face à ce spectre existentiel ?! Assurément non. Mais, que nous disent les politiques
anticriminelles chargées de prévenir, réprimer ou dissuader les criminels ? Quel est l’état des
lieux des programmes de lutte contre la délinquance ? Qu’en est-il de leurs résultats ? Sontils encourageants ou décevants ? Bien sûr, les réponses à toutes ces interrogations diffèrent
d’un pays à l’autre.
Certains, arrivent à obtenir des résultats positifs ou probants quoique temporaires. D’autres
au contraire connaissent une progression alarmante des taux de criminalité sous toutes ses
formes. D’autres encore préfèrent négliger «subrepticement» le problème et récitent sans
cesse le prêche qui veut que la délinquance est en chute libre ou que les efforts déployés à
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cette fin ont bel et bien réussi à faire baisser le nombre de crimes et délits. Mais là aussi, il
ne faut se tromper d’objectif, puisqu’il faut au préalable préciser la nature de la délinquance
contre laquelle on souhaite et doit lutter.
S’agit-il de la lutte contre les infractions à la circulation routière, contre le vol à l’arraché, le
cambriolage, la délinquance en «col blanc», ou contre de simples incivilités ? Et puis,
concernant les personnes mises en cause pour tous ces méfaits, faudrait-il seulement les
punir, les resocialiser, les rééduquer ou les considérer comme des êtres susceptibles
d’amélioration ? Et pour compliquer le tout, on peut avec intérêt se poser la question,
néanmoins philosophique, de savoir à qui revient la faute si tel ou tel individu en manque de
self-control a franchi le Rubicon en agressant son voisin, en dépouillant une dame passante
dans la rue ou en dévalisant une voiture stationnée dans un parking pour y prendre l’autoradio ? Dans tous ces exemples, la faute incombe-t-elle au voisin qui a provoqué cet individu
en l’insultant, à la dame passante qui a trop exhibé son collier en or en empruntant une rue
mal famée, ou au propriétaire de la voiture qui a fourni l’occasion de vol en oubliant la vitre
ouverte ? En des termes plus généraux et loin des théories de la culture de l’excuse, est-ce
la société qui incite directement ou indirectement à commettre des actes délictueux en
offrant des occasions criminelles aux délinquants potentiels, ou est-ce bien dans l’homme
quels qu’en soient le pays, les circonstances, l’origine, la religion ou la culture qu’il faut
rechercher la culpabilité, et si nécessaire les solutions aux problèmes criminels ? Ainsi, on
voit bien à travers tous ces exemples que la lutte contre la délinquance quelles qu’en soient
la couleur, les formes, les acteurs ou les victimes, n’est pas chose aisée, et qu’il faut se
garder, comme le fait malheureusement souvent certains spécialistes, d’avancer ou de
présenter la réalité criminelle en des termes simples, voire simplistes.
C’est pourquoi, il faut si l’on veut être sérieux avec la matière, regarder cette réalité avec
prudence, humilité, lucidité et je dirais surtout avec le regard de la complexité.
Ceci dit, que peut-on faire maintenant face à cette réalité si complexe et si ennuyeuse qui
entrave l’évolution de toute société saine et en quête de «liberté» et de «sécurité», puisque
les premières victimes en sont, on l’oublie de le dire souvent, ces deux besoins primordiaux
sans lesquels rien n’est possible dans la vie ? Comme on vient de l’indiquer, les programmes
de lutte contre la délinquance établis dans différents pays produisent des résultats mitigés.
En termes de prévention, les Anglo-Saxons privilégient la prévention situationnelle qui vise à
réduire ou à éliminer les occasions criminelles par l’augmentation des difficultés du délit,
l’accroissement des risques d’appréhension ou par la réduction des bénéfices que l’acte
délictueux peut procurer à son auteur. Les autres pays du vieux continent, comme la France,
commencent depuis quelques années à délaisser sans complètement abandonner, la
prévention sociale qui, elle, s’intéresse à l’amélioration de la personnalité du délinquant et
son milieu d’évolution.
Dans d’autres pays situés à l’autre extrémité du monde, comme le Japon, connaissent une
forme traditionnelle de prévention où les contrôles informels sont plus présents et plus
pesants sur la conduite des individus. Dans les pays d’Afrique et dans les pays arabes, on
observe certes quelques initiatives préventives salutaires, mais qui restent éparpillées,
timides et insuffisantes à cause notamment du problème du terrorisme qui a envahi les
préoccupations des responsables des politiques anticriminelles. En termes répressifs, on
observe un constat quasi similaire qui donne priorité à la répression et au durcissement des
dispositions du code pénal, du moins dans les textes, plutôt qu’aux voies raisonnables de la
prévention. Le phénomène de la surpopulation carcérale suffit pour en témoigner.
A présent, et après avoir esquissé brièvement la problématique délinquantielle, il faut se
poser la question : où se situe un pays comme l’Algérie au regard de tous ces programmes ?
Quelles sont les politiques engagées par les pouvoirs publics pour prévenir la délinquance et
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protéger la société ? Quelle est la doctrine préventive nationale suivie par ceux qui
réfléchissent, conçoivent et mettent en œuvre les plans de lutte contre la délinquance ? Mais
avant de répondre à toutes ces questions, il faut aussi se renseigner au préalable sur la
nature de la criminalité qui domine dans notre pays ? Est-elle comparable en termes de
volume et de structure à celle que connaissent les pays industrialisés par exemple ? Il est
vrai que sur le plan quantitatif, le taux de criminalité qui sévit en Algérie est en dessous de
celui qui frappe les pays occidentaux. Mais, là encore, il faut se méfier de cette assertion, car
le «chiffre noir» de la criminalité, c’est-à-dire l’ensemble des infractions inconnues des
services de police et de justice, demeure largement supérieur à celui rapporté par les
statistiques officielles.
C’est la raison pour laquelle on utilise depuis plusieurs années, pas encore en Algérie
malheureusement, ce que l’on appelle les enquêtes de victimisation et d’auto-confession
dans l’espoir d’approcher ce chiffre noir. D’autre part, il faut rappeler que même si l’on
considère cette criminalité comme «traditionnelle» ou de «besoin» par rapport à une
criminalité de «perversion» qui caractérise les sociétés occidentales, on observe aujourd’hui
que les manifestations de cette criminalité sont très peu répandues en Algérie et même ne
caractérisant que rarement les nouvelles formes de la «criminalité actuelle».
Ce que l’on peut au contraire remarquer dans la criminalité nouvelle, c’est l’apparition
d’autres formes de délinquance, telles que le trafic de drogue, le banditisme, la pédophilie, le
kidnapping ou encore l’explosion de la petite et moyenne délinquance comme le vol avec
violence, les voies de fait, et les atteintes à la personne. La contrebande, la
commercialisation, la détention et l’usage de stupéfiants sont également des phénomènes
nouveaux qui connaissent une propagation alarmante surtout dans les villes frontalières.
Face à toutes ces évolutions, les pouvoirs publics en Algérie essayent, certes, bon gré mal
gré de contenir les phénomènes criminels. A titre d’exemple, on peut citer parmi les actions
préventives menées par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, celles
qu’entreprennent la Direction générale de la Sûreté nationale et les polices spécialisées.
C’est le cas de la campagne nationale de prévention contre la drogue et la violence en milieu
urbain lancée en mars 2013 et baptisée «Année algérienne de prévention en milieu urbain».
Dirigée essentiellement vers les jeunes, cette campagne d’information consiste à sensibiliser
la population sur les conséquences néfastes de la consommation des drogues et de
l’utilisation de la violence dans les rapports interpersonnels. Entre également dans les
actions de sensibilisation en faveur de la prévention de la délinquance, l’organisation de
portes ouvertes par la police sur ses activités pour informer la population et l’inciter à
participer dans la lutte contre la délinquance. On peut citer aussi les opérations coup-depoing menées par les brigades mobiles de police judiciaire (BMPJ), qui visent les foyers de
la criminalité en agissant en amont de la «commission» des actes de délinquance,
notamment, le vol, les agressions et la consommation de drogues. De la même manière, les
efforts préventifs menés par la Gendarmerie nationale sont eux aussi à considérer.
C’est le cas du Plan Delphine, lancé depuis quelques années et destiné à renforcer la
sécurité des personnes estivantes et la tranquillité publique sur les plages et les sites de
vacances. A cet effet, pas moins de 45 000 gendarmes ont déjà été mobilisés rien que pour
l’année 2015 dans 272 plages qui sont autorisées à la baignade au niveau des 14 wilayas
côtières du pays et 72 forêts récréatives. L’objectif, précisent les initiateurs de ce Plan, est
non seulement de dissuader toute tentative criminelle contre les usagers de la route et les
vacanciers, y compris sur les plages non surveillées, mais aussi réduire le nombre
d’accidents de la route pendant la saison estivale et prévenir les infractions liées à l’hygiène
publique.
Or, bien que les résultats de ce Plan aient été jugés positifs, rien n’indique de la nécessité de
son maintien tout au long de l’année pour pouvoir prolonger son effet préventif. La mise en
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œuvre d’un tel dispositif reste malheureusement limitée dans le temps et dans l’espace. Pis
encore, il faut rappeler que les actions de tous ces organes (police et gendarmerie) n’ont
donné lieu à aucune évaluation scientifique au sens anglo-saxon du terme. Tout au plus, on
n’en possède que des bilans administratifs établis par la police ou la gendarmerie, de telle
sorte qu’ils sont le plus souvent positifs que leur crédibilité en est d’emblée suspecte. Par
ailleurs, il est nécessaire de souligner le rôle de la société civile dans le processus préventif,
notamment à l’égard des jeunes. La figure de proue en est bien évidemment le secteur
associatif qui, depuis ces dernières années, n’a cessé de progresser. Ainsi, selon une étude
sur le Mouvement associatif en Algérie établie en 2006, il existe dans notre pays plus de 81
000 associations qui œuvrent dans plusieurs domaines. Parmi leurs cibles privilégiées, on
trouve la jeunesse, la famille, les enfants et les victimes de violences conjugales.
Le secteur social occupe la part du lion des activités principales de ces associations, suivi du
secteur de la culture et de l’environnement. Leurs intervenants arrivent bon gré mal gré à
entrer en contact avec les jeunes qui présentent des difficultés de socialisation. Ils leur
offrent conseils et soutien psychologique et les informent sur les dangers de certaines
habitudes et activités quotidiennes, notamment la consommation de drogue, l’intolérance, la
violence, etc. La plupart des observations relevées par les responsables d’association
situent l’origine de la délinquance des jeunes en Algérie dans des causes liées à la
toxicomanie, l’effritement des valeurs socio-morales, la dislocation familiale et le décrochage
scolaire. De plus, ils observent que, tiraillés entre tradition et modernité, les jeunes en
Algérie sont en tension psychologique permanente et en manque de repères. D’un côté, ils
s’attachent aux traditions familiales et religieuses qui leur offrent refuge et protection du
moins symbolique. De l’autre, ils succombent très vite aux séductions de la culture
occidentale que l’on peut aisément observer à travers leur style vestimentaire, leur coiffure,
la musique qu’ils écoutent, etc. A tout cela, se pose le problème de leur accès aux services
des associations puisque la fréquence de leur présence n’est pas la même selon que l’on se
trouve dans une région urbaine ou rurale.
Toutefois, la diversité des acteurs qui sont impliqués dans la prévention de la délinquance et
l’enchevêtrement de leurs actions, qu’elles soient officielles ou sociétales, n’ont fait que
rendre difficile la coordination de leurs efforts. Cet imbroglio se dévoile nettement à travers la
complexification des processus de décision et de mise en œuvre des programmes de
prévention. A vrai dire, le problème de fond qui empêche d’aspirer à une lutte plus efficace
de la délinquance en Algérie, est l’absence d’une stratégie nationale claire et cohérente qui
guide l’ensemble des actions et programmes engagés pour prévenir la délinquance. Or,
toute politique anticriminelle digne de ce nom doit nécessairement reposer sur une doctrine
nationale bien définie, qui, elle-même, doit s’inspirer des connaissances des phénomènes
criminels fiables que peut fournir les sciences criminologiques. De même, il faut cesser cette
culture du «prêt-à-porter» par l’importation de ce qui se passe dans les pays étrangers, et
amorcer une nouvelle culture qui serait celle du «sur mesure». Ce qui marche dans les pays
occidentaux ne veut nécessairement pas dire qu’il en sera ainsi en Algérie. Les contextes
d’applications des politiques préventives sont tellement différents que le «plagiat» est
vivement déconseillé. Ceci dit, les expériences étrangères en matière de prévention de la
délinquance demeurent néanmoins très enrichissantes et empêchent de reproduire les
erreurs déjà commises par le passé. Par exemple, on sait depuis plusieurs années que la
police communautaire ou de proximité est sans effet tangible sur la délinquance.
Tout au plus, elle permet une certaine réduction du sentiment d’insécurité des citoyens. On
sait également que la prévention sociale a un impact très limité sur la délinquance et
occasionne des moyens budgétaires colossaux. La prévention situationnelle, quant à elle,
même si elle arrive à des résultats probants, produit des contraintes sur la liberté et la vie
privée. Les caméras de surveillance, fer de lance de cette forme de prévention, peuvent tout
aussi prévenir la délinquance que d’attenter au droit à l’image qu’à la liberté d’aller et venir. A
tout cela s’ajoute le problème du déplacement de la délinquance qui demeure le talon
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d’Achille de ces deux types de prévention de la délinquance. Reste alors la prévention
pénale par l’intimidation collective et la menace de la peine.
Et là encore, il est très connu depuis les travaux d’Enrico Ferri à la fin du XIXe siècle et ses
substituts pénaux ou équivalents de la peine, que celle-ci n’arrive malheureusement pas à
faire diminuer la délinquance, qu’aux Etats-Unis, on a même pu identifier un phénomène de
«brutalisation» suite à la réintroduction de la peine de mort dans certains Etats de ce pays.
Dès lors, que peut-on conclure suite à ce sombre tableau ? Qu’il faut céder aux thèses
fatalistes et supprimer le système pénal par exemple, comme le veulent les abolitionnistes ?
Ou, dire que quoi que l’on fasse, la prévention de la délinquance reste un leurre qu’il faut
rapidement abandonner ? Assurément non ! Et pour cause. La prévention, si elle veut garder
ses lettres de noblesse doit cesser d’être utilisée comme un «mot-sac» dans lequel on met
tout et n’importe quoi, pourvu que les intentions soient bonnes. Elle doit rester affaire de
spécialistes sachant analyser les phénomènes criminels, réfléchir aux bonnes méthodes et
proposer des solutions adéquates. La prévention est aussi affaire d’équilibre. Trop de
répression tue la répression. En revanche, peu de prévention encourage la prédation.
En substance, il faut encourager les recherches scientifiques sur les phénomènes criminels,
car on ne peut lutter efficacement que contre ce que l’on sait et connaît déjà. Mais si ces
recherches finissent par être rangées dans les tiroirs, ou ne sont pas suivies
d’expérimentations pratiques, et si ces expérimentations ne font pas l’objet d’évaluations
scientifiques, nous resterons toujours dans l’obscurité et nous reproduirons toujours les
mêmes erreurs. La société civile doit également s’impliquer davantage dans les efforts de
prévention. Les parents, les écoles, les associations, les comités de quartier, bref, les
contrôles informels doivent être redynamisés et sensibilisés régulièrement aux méfaits de la
délinquance. Ceci, prendra du temps, beaucoup de temps. Mais a-t-on d’autre choix ? Je
veux bien le croire… !!!
Par Farid OUABRI
Docteur en droit privé et sciences criminelles, université d’Alger 1
Farid OUABRI
El Watan - le 17.10.15
(Algérie)
France-Immigration
La théorie du «grand remplacement» balayée par l’Insee
http://www.elwatan.com/hebdo/france/la-theorie-du-grand-remplacement-balayee-par-linsee-17-10-2015-305638_155.php
Il n’y a pas de hordes d’immigrés en France et la théorie de remplacement n’est que
fabulation. C’est ce qui ressort d’une enquête large et bien fouillée réalisée par l’Institut
national des études sociales et économiques français (Insee) entre l’année 2006 et 2013.
Cette enquête démographique a non seulement révélé que le nombre d’émigrés en France
reste stable, mais décline parfois.
En cause, de nombreux ressortissants étrangers qui quittent la France pour aller s’installer
dans leur pays d’origine ou dans d’autres contrées étrangères. L’Insee estime officiellement
à 8,9% environ le nombre d’étrangers vivant en France en janvier 2014, soit environ 4
millions sur une population globale dépassant les 65 millions d’habitants.
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Autant dire une petite goutte dans un océan, mais que les hommes politiques, notamment
ceux de la droite et de l’extrême droite, exploitent à outrance pour faire passer leurs
messages de déclin ou rallier vers eux certains Français pris dans le tourbillon du chômage
et qui accusent en partie les étrangers d’en être responsables.
Beaucoup d’étrangers quittent la France
L’étude montre également qu’entre 2006 et 2013, «l’ensemble de la population résidant en
France a augmenté de 2,6 millions de personnes, celle de nationalité française de 2,1
millions».
Les résidents, qui ne sont pas tous de nationalité étrangère, comptent 700 000 personnes en
plus, à raison donc de 100 000 personnes par an. Le «solde migratoire» de la France
«résulte de flux importants qui se compensent», explique l’Insee.
En 2013, par exemple, «332 000 personnes sont arrivées en France et 229 000 en sont
parties». Sur les 332 000 entrées, 235 000 étaient des immigrés, «ce qui représente 70% de
l’ensemble». «Les autres entrées correspondent à des retours de personnes qui sont nées
en France (77 000) et à l’arrivée de personnes nées françaises à l’étranger (20 000).» Mais il
faut noter ici que de nombreuses personnes entrées en France durant cette année l’ont fait
pour des raisons politiques ou sécuritaires. Le nombre de Syriens, d’Afghans et même de
Tunisiens a cru, certes, mais il s’agit de situation exceptionnelle dictée par un contexte
politique très particulier.
Par ailleurs, il est utile de noter que les personnes nées en France, même de parents
immigrés, sont également plus nombreuses à sortir. «En 2013, près de 197 000 personnes
nées en France ont quitté le territoire, soit 59 000 de plus qu’au cours de l’année 2006.
Parallèlement, les retours de personnes nées en France sont stables, autour de 78 000
personnes.» De ce fait, le déficit du solde migratoire entre 2006 et 2013 pour les personnes
nées en France double littéralement, passant de 60 000 à 120 000 manquants.
La France n’arrive plus à retenir ses natifs sans doute à cause de la situation économique
moribonde et de la discrimination dont souffrent certaines catégories de personnes, en
premier lieu les Maghrébins et les Africains. Cette tendance semble s’amplifier en 2014 et en
2015, dès lors que les horizons économiques demeurent bouchés, surtout pour les jeunes.
L’Insee, à travers son rapport, va à l’encontre des fantasmes et des préjugés, notamment
ceux véhiculés par l’extrême droite supposant que dans 20 ou 30 ans les immigrés et les
musulmans seront majoritaires en France. Une idée vite balayée par l’institut qui estime que
seuls 8,9% de la population française est d’origine étrangère.
L’Orient-Le Jour - Dimanche 21 février 2016
Le quotidien libanais d'expression française
Les princes de sang-mêlé
CAROLINE TORBEY
OLJ20/02/2016
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http://www.lorientlejour.com/storage/attachments/972/P05-1_541411_large.jpg
Y a-t-il pire que l'ostracisme ? Oui. Le racisme envers les enfants de ses enfants, son propre
sang, son propre peuple.
« Souriez mademoiselle, vous êtes à Beyrouth ! » C'est sur les paroles sarcastiques et le
sourire narquois d'un représentant du pays que Maya sortit des bureaux du Amn el-aam, la
Sûreté générale, rue de Damas. Avec un père français et une mère libanaise, Maya, elle est
comme moi, mais à l'envers. Seulement voilà, Maya, elle a plein de problèmes que je n'ai
pas. Merci papa. Ni « tout à fait » libanaise ni « tout à fait » française, comme moi, elle a le
cul entre deux chaises. Elle apporte son charme européen aux Libanais qui l'apprécient, et
ravit son entourage allochtone de son orientalisme. Pourtant, elle ne détient que le petit
passeport de couleur bordeaux. Le bleu marine, ça fait des années qu'elle court après, en
vain. Bardée de diplômes, Maya galère pour trouver du travail. Elle essuie les échecs,
compagnie après compagnie.
La raison ? Une paperasse contraignante, compliquée, trop coûteuse pour embaucher une
« étrangère » qui parle pourtant l'arabe et dont le sang a la même couleur que celle du
drapeau libanais. Membre d'une association, elle milite fermement pour le bien de son pays
de cœur, à commencer par ramasser elle-même les détritus qui jonchent les trottoirs de
Beyrouth. Tandis que certains émigrent pour gagner une autre nationalité jugeant la leur peu
avantageuse, Maya, elle, reste et se bat pour un pays auquel elle croit. Prier pour le départ
ou l'élection de l'un, mendier la faveur d'un autre ou se décarcasser à rendre des services à
des incongrus profiteurs, telle est la lourde corvée de ces binationaux qui espèrent voir un
jour aboutir leur rêve de citoyenneté libanaise.
Libanais seulement de cœur – car nés de la souche inappropriée –, ils se battent jour après
jour pour obtenir le passeport dont les prérogatives, soyons honnêtes, ne servent pas à
grand-chose. Telles des automobiles, ces hybrides sont recensés grâce à une carte bien
rigide, la iqama, qui leur accorde ainsi le droit à rester dans leur pays. À la différence des
voitures, le système d'immatriculation ne définit en rien leur considération aux yeux des têtes
couronnées du pays, celles-là même qui délivrent les fameux cahiers de doléances,
promettant tout pour ne rien garantir.
Pendant que certains parents confiants dans l'avenir de leur pays investissent en inscrivant
leurs enfants dans des écoles privées et des universités hors de prix, injectant ainsi leurs
sous dans une économie libanaise déjà métastasée, d'autres francisent ou anglicisent leur
identité et voguent vers de nouveaux horizons. Métis, fruits d'un amour entre une Libanaise
et un étranger, ils payent le prix injustifié d'une loi obsolète et d'un passé sur lequel le pays
du Cèdre n'arrive pas à tirer un trait. Et s'il n'y avait que le passé, d'ailleurs !
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Comment voulez-vous que ces jeunes nés de pères étrangers, donc étrangers eux-mêmes,
et qui se sentent génétiquement libanais, puissent affectionner un pays qui ne les reconnaît
pas, comme le fait un père sans honneur qui ne reconnaît pas son enfant adultérin. Quel
sentiment peuvent-ils éprouver pour ce pays qui ne les accepte pas comme citoyens à part
entière, membres de la nation, qui leur met des bâtons dans les roues pour l'obtention de
choses élémentaires mais indispensables comme trouver un emploi, acheter un bien de la
superficie qu'ils souhaitent, participer à des élections, et j'en passe... pour insister sur la plus
agressive des obligations qui est d'avoir besoin d'un iqama pour vivre sur sa « propre » terre.
Parlons peu, parlons bien. L'octroi de la nationalité libanaise devrait se faire sinon
naturellement, du moins par simple demande dès lors qu'un des deux parents est de
nationalité libanaise et qu'on en exprime le désir. Avec un père libanais et une mère
française, je suis comme Maya, une « princesse de sang-mêlé ». À part ma nationalité, je ne
vois, moi, aucune différence entre Maya et moi.
Caroline TORBEY
Le Soir.be Carlo Strenger: "Toute croyance peut parfaitement être critiquée
voire considérée comme absurde"
MONIQUE BAUS Publié le dimanche 21 février 2016 à 18h08 - Mis à jour le dimanche 21
février 2016 à 18h15
Stop à la dictature du respect universel et du politiquement correct ! Il est urgent de
retrouver notre esprit critique. Car tous les systèmes de pensées ne se valent pas. Et
attaquer les opinions et cultures d’autrui n’est pas interdit. Strenger prône un mépris
civilisé pour les intolérances. Sinon c’est l’extrême droite qui occupera tout le terrain.
Interview.
"Le monde libre a le devoir de défendre ses valeurs fondamentales": telle est la
première phrase de l’avant-propos de votre livre dans lequel vous affirmez qu’il ne le
fait plus. Comment en est-on arrivé là ?
Jusqu’au début du XXe siècle, l’Occident s’est senti très supérieur. Il pensait que sa
civilisation était unique. L’esprit des Lumières prônant les principes de tolérance (dans le
sens où tout individu doit être protégé de l’arbitraire d’un Etat ou d’une religion) et
d’universalité (la vérité et la justice pour tous) a aussi débouché, à la grande époque du
colonialisme, sur des horreurs. Des hommes furent asservis, réduits en esclavage voire
massacrés, tandis que quelques pays occidentaux se partageaient la planète. Puis, la
Première Guerre mondiale a tout fait voler en éclats y compris les empires coloniaux. Et
l’image de l’Occident s’en trouva considérablement écornée. Ainsi commença son processus
d’autocritique. Malheureusement, on bascula alors dans l’excès inverse et l’Occident en vint
à être présenté, surtout par la gauche, comme la source de tous les maux du monde. C’est
ainsi que s’est développée l’idéologie du politiquement correct : il n’y avait plus aucune
raison d’accorder à la culture occidentale une valeur supérieure. On pouvait critiquer
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l’héritage de la culture occidentale présenté comme une tradition de répression à l’encontre
d’autres cultures que, du coup, il n’était plus question de juger.
Quelle est votre définition du politiquement correct ?
C’est une idéologie très puissante et floue basée sur l’idée simpliste qu’il n’existe pas de
vérité, seulement des points de vue et des perspectives. Toutes les visions du monde se
valent et il est illégitime d’affirmer que certaines formes de savoir sont supérieures à
d’autres. Comme je l’écris dans mon livre, le principe de la critique universelle est remplacé
par celui du respect universel. La notion initiale de tolérance, telle que définie par l’esprit des
Lumières, a été complètement tordue. On n’a pas compris que ce qui était protégé, au
départ, c’était l’individu et non la croyance qui, elle, peut parfaitement être critiquée voire
considérée comme absurde.
Pourquoi est-il urgent de réagir maintenant ?
Parce que le monde, et l’Occident en particulier, est en face d’une série de crises très
graves. La population européenne diminue et l’Europe ne peut pas vivre sans les migrations.
D’autre part, l’Afrique abritera bientôt 40 % de la population mondiale. Or, dans les deux
prochaines décennies, 40 % du sol de l’Afrique ne sera plus arable. Ce qui signifie que la
guerre en Syrie n’est qu’une pression minimale comparée à celle qui pèsera bientôt sur les
migrations. En outre, le problème du terrorisme ne va pas non plus disparaître. L’idée qu’on
peut l’éradiquer est une illusion complète. Il y a donc danger. Mais, si les citoyens ignorent
pour quelles valeurs il faut encore se battre, comment sauver les acquis obtenus après des
centaines d’années de dur travail, tout va s’effondrer. Et je ne parle pas de combat militaire,
mais de combat intellectuel, celui du savoir.
Quel est le risque ?
Notre incapacité à défendre de façon argumentée notre mode d’existence ouvre la voie aux
populismes de droite. Mais le nationalisme n’est pas l’essence de l’Occident. C’est, au
contraire, une de ses inventions les plus destructrices. Tout n’est pas encore en train de
s’écrouler complètement mais nous sommes en danger. Pour moi qui suis né dans une
famille juive, l’idée d’une Europe qui reprend l’extrémisme de droite est une véritable
catastrophe. C’est là qu’est le véritable problème et pas ailleurs, même si la question de
l’islamisation de l’Europe est aussi une difficulté à laquelle il faut s’attaquer car les gens ont
peur, en partie à cause du silence de la plupart des partis politiques, et en partie par
ignorance.
A ce propos, un autre thème très important ressort de votre essai : vous dénoncez la
paralysie intellectuelle ambiante. C’est-à-dire ?
L’éducation pour la liberté est capitale. Et nous sommes en train de l’abandonner. Sous la
pression des intellectuels de gauche pour lesquels la seule chose à faire est de critiquer
l’Occident pourri, on a arrêté d’étudier les grands textes, les grands courants de pensée.
L’unique étalon de mesure de l’éducation demeure la question de savoir si telles études
peuvent, ou pas, déboucher sur un emploi qui fait du fric.
Cela signifie-t-il que, plus personne ne possédant de connaissances suffisantes, il est
devenu impossible d’appréhender correctement la réalité ?
Pas impossible, non. Mais le relativisme imposé dans les années ‘60 a considérablement
appauvri le discours public. Heureusement, à côté de cela, il reste quand même un courant,
mené notamment par les nouveaux philosophes, qui insiste sur l’importance de se
reconnecter aux grandes idées des Lumières pour pouvoir produire des analyses pertinentes
de ce qui se passe.
Mais cette connaissance essentielle est-elle à la portée de tout le monde ?
Nous sommes dans un moment historique très paradoxal. L’accès au savoir n’a jamais été
aussi démocratisé qu’aujourd’hui. Le savoir mondial est accessible à tout le monde, il suffit
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d’un ordinateur. Ce qui manque, en revanche, c’est la mentalité de croire qu’il vaut la peine
de penser sérieusement. On se contente de se demander si tel politicien est télégénique, s’il
a été bon à la dernière émission, sans aborder du tout la substance de ses idées. Je
reconnais que je suis un peu pessimiste. Mais je veux être un pessimiste combatif. Nous
avons tous les outils pour changer cette tendance mais nous ne les employons pas.
Puisque vous affirmez que toutes les idéologies ne se valent pas, comment les
différencier ?
Il faut se forger une opinion responsable des idées, comme nous le faisons avec des
informations médicales (quand on est chez le médecin, ce ne sont plus les convictions qui
comptent mais le savoir) ou qui concernent notre argent. La tendance qui consiste à se fier à
ses convictions plutôt qu’à des informations précises et fondées est irrationnelle. C’est
pourtant ainsi que cela se passe souvent en matière de vie, de mort, de politique ou de
religion.
En guise de solution, vous proposez une attitude de mépris civilisé. En quoi consiste
celle-ci ?
C’est une autodiscipline intellectuelle qui engage à collecter des informations et à les évaluer
avec soin. Par exemple, j’ai du mépris profond pour système d’apartheid mais je ne le hais
pas : Un mépris civilisé parce qu’il ne vise pas les gens mais les idées et qu’il n’incite pas à
la violence.
Biographie
Ses origines. L’enfant est né le 16 juillet 1958 à Bâle (Suisse), dans une famille juive
orthodoxe, d’une mère belge et d’un père suisse. Il a la double nationalité suisse et
israélienne. A 20 ans, ayant rompu avec sa culture religieuse nationaliste, il émigre un an en
Israël avant de revenir en suisse poursuivre des études de philo et psycho. En 1989, il est
habilité comme prof à l’université hébraïque de Jérusalem. Son épouse, Julia, est également
enseignante et psychologue.
Ses casquettes. L’homme est philosophe, psychologue, psychanalyste, membre du
Séminaire de psychanalyse existentielle de Zurich et du conseil scientifique de la Fondation
Sigmund Freud à Vienne, l’un des théoriciens les plus créatifs de la psychanalyse moderne,
professeur de philosophie et de psychologie (Université de Tel Aviv), écrivain, journaliste
politique (il publie entre autres dans le journal israélien "Haaretz", le suisse "Neue Zürcher
Zeitung" et l’anglais "The Guardian"), et chercheur au Center of Terrorism Studies de la City
University de New York.
Ses idées. Le journaliste politique étrille la politique de colonisation d’Israël tout autant que la
condamnation unilatérale d’Israël, notamment par la gauche européenne. L’intellectuel se
passionne, depuis quinze ans, pour la question de l’influence de la mondialisation sur le
psychisme individuel. Sans concession pour le capitalisme, il en dézingue le mythe selon
lequel tout est faisable. A cause d’un tel contexte, dit-il, il devient très difficile pour l’individu,
beaucoup plus influencé par les médias et Internet que par l’histoire et les traditions, de
développer une estime de soi stable, d’où une peur panique de l’insignifiance. Dans "La Peur
de l’insignifiance nous rend fous" (Belfond 2013, vient de ressortir en Pocket), il commence
aussi à développer l’idée que la culture occidentale est affaiblie par un relativisme qui
l’empêche de défendre ses valeurs. Telle est l’idée centrale développée dans "Le Mépris
civilisé", son deuxième livre récemment publié en français.
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PanoraPost - Publié le 22 février 2016
(maroc)
L’administration de la Mission française épinglée par le ministère
français du Budget
http://www.panorapost.com/article.php?id=12214
Les associations des parents d’élèves auraient-elles finalement raison de dénoncer les
inexactitudes et les approximations de la gestion financière de l’AEFE ? Probablement, car
cette gestion est épinglée par un courrier du ministère français du Budget, à Bercy, adressé
à la Directrice de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, et dont PanoraPost
s’est procuré une copie. De plus, un autre courrier a été adressé par l’agent comptable du
lycée Descartes aux parents d’élèves, ouvrant la possibilité d’un paiement directement en
France pour les prestations effectuées au Maroc.
Bercy conteste la gestion de l’AEFE
« J’ai l’honneur de vous notifier l’approbation expresse du budget initial (…). J’exprime
toutefois deux réserves quant à la conformité des documents budgétaires au décret GBCP
(gestion budgétaire et comptable publique) » écrit le directeur du Budget dans ce courrier.
Quelles sont ces deux réserves ?
1/ Le non-respect du principe de sincérité, du fait que la logique d’agrégation des masses
budgétaires et comptables génère un « gonflement artificiel des flux financiers entre les
services centraux et les établissements en gestion directe ». De fait, l’activité économique
réelle de l’établissement n’est pas fidèlement rendue en raison de la « complexification de la
lecture des documents budgétaires de l’agence ».
Le « principe de sincérité » est exprimé à l’article 53 du décret GBCP, qui dispose que « la
comptabilité publique doit permettre de « saisir, de classer, d'enregistrer et de contrôler les
données des opérations budgétaires, comptables et de trésorerie afin d'établir des comptes
réguliers et sincères, (ainsi que) de présenter des états financiers reflétant une image fidèle
du patrimoine, de la situation financière et du résultat à la date de clôture de l'exercice ».
2/ Le non-respect du principe de limitativité des crédits, énoncé en l’article 178 du même
décret GBCP, en raison de l’existence de doubles flux internes.
L’opacité de la gestion de certains établissements de l’AEFE au Maroc – dénoncée par les
associations – proviendrait donc d’écritures comptables jusque-là décriées par ces
associations, qui se voient donc confortées dans leur contestation de cette gestion par le
courrier de Bercy adressé à l’AEFE.
Si rien n’indique effectivement que ces deux entorses aux règles comptables par l’AEFE se
sont produites dans les lycées marocains relevant de l’Agence, il n’en demeure pas moins
que le doute reste permis, surtout que les parents contestent la décision de ponctionner 2,6
millions d’euros du fonds de réserve du seul pôle de Rabat pour répondre au besoin de
financement international de l’AEFE.
Les parents contestent également les décisions jugées unilatérales d’augmentations
régulières des frais de scolarité de leurs enfants. Dans un courrier adressé à la directrice de
l’Agence, les parents dénoncent cet unilatéralisme, reconnu de facto dans la réponse qu’ils
ont reçue de la concernée et qui explique que, en gros, « nous allons continuer d’augmenter
les frais, mais en vous en avisant préalablement ».
Paiements directs en France, est-ce légal ?
« Je vous rappelle que les titulaires d’un compte bancaire en euros hors Maroc ont la
possibilité d'effectuer un virement en euro sur le compte Trésor Public (TGE) du lycée
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Descartes sous le RIB suivant… », annonce le comptable aux parents d’élèves, en date du
26 janvier 2016.
Nous avons contacté aussi bien l’Office des Changes qu’un expert comptable marocain. La
réponse est identique et formelle : « Il n’est pas prévu dans la circulaire de l’Office
concernant les comptes de Marocains à l’étranger de payer la scolarité de leurs enfants au
Maroc par le débit, en euros, de leurs comptes ouverts à l’étranger ». L’expert ajoute que
celui qui paierait dans ces conditions serait en infraction à la législation des changes au
Maroc et celui qui recevrait ce paiement serait « receleur » d’infraction à ladite législation.
Si un tel paiement est effectué par un Marocain, il serait donc en fraude par rapport à la
législation marocaine en vigueur. Contactée par PanoraPost, l’agence comptable du lycée
Descartes nous a affirmé ne pas être informée de la législation de l’Office des Changes et
que ce courrier sera rectifié pour les prochains envois. Le principe de bonne foi peut être
appliqué…
Mais cela dénote d’un manque de communication entre l’administration de l’AEFE, dont la
directrice reconnaît dans son courrier adressé aux associations de parents d’élèves « une
erreur de communication » et « demande aux services concernés d’assurer une meilleure
information à (leur) égard ».
Le problème des relations entre les associations et l’Agence est récurrent depuis plusieurs
années car, qu’il y ait ou non communication, les premières dénoncent régulièrement les
décisions unilatérales prises par la seconde à leur égard, commençant par des
augmentations d’année en année des frais de scolarité et s’achevant sur cette ponction de
2,6 millions d’euros effectuée sur le fonds de réserve du pôle Rabat-Kenitra.
PanoraPost - Publié le 22 février 2016
(maroc)
Quand le « Nation Branding » devient une priorité de l’État, par
Khalid Baddou
http://www.panorapost.com/article.php?id=12216
Le Maroc est en train de renforcer son capital immatériel avec une nouvelle composante, qui
pourra devenir dans le futur une pièce maitresse dans la mise en place de sa stratégie
« Nation Branding ».
Les nouveaux projets structurants en énergies renouvelables deviennent un élément clé
dans le positionnement régional et international du Maroc, non seulement en relation avec la
baisse de la dépendance aux énergies classiques, mais aussi au niveau de l’image et la
réputation que le pays commence à se forger dans ce domaine à l’échelle régionale et
internationale.
Dans le même sens, l’organisation du Maroc de la COP22 en fin de cette année mettra le
pays sous les feux des projecteurs et en fera une plateforme mondiale pour la protection de
l’environnement.
Pourquoi le « Nation Branding » ?
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Pendant la dernière décennie, l’État Marocain a initié plus d’une douzaine de stratégies
sectorielles, de l’agriculture au tourisme, de l’artisanat aux investissements… Des stratégies
pilotées par différents organismes et institutions publiques et dont la composante de
promotion du « Label Maroc » est toujours présente. Pour ce faire, les départements publics
investissent un budget important dans les études, les campagnes de Communication,
l’organisation et la participation dans des Salons dans le Monde.
Ces initiatives, souvent pilotées en mode silos, engendrent un manque à gagner
considérable pour l’État Marocain. Qualitativement, puisque l’absence de coordination entre
les différents projets promotionnels aboutis fatalement à une faible cohérence dans le
message, qui se dilue face à une audience avertie, puis quantitativement, si ce n’est qu’au
niveau de l’optimisation des ressources humaines et financières, la planification des
évènements et le pouvoir de négociation face aux medias et aux organisateurs des
manifestations internationales.
Le Maroc est un pays qui devient de plus en plus conscient de son potentiel et de ses
avantages compétitifs dans une région à forte instabilité. L’usage de ces « Soft powers »
dans le cadre d’une stratégie transversale « Nation Branding » - à la différence des
campagnes de communication ponctuelles - est ainsi nécessaire pour renforcer une image
fragilisée par un ensemble d’opinion et de stéréotypes que le pays a largement dépassé
dans les faits.
Quand le « Nation Branding » devient une priorité de l’État
Nombreux sont les pays qui ont franchi le cap pour adopter ce concept de valorisation des
atouts de leur capital matériel et immatériel, notamment pendant ou suite à une période de
transformation ou de mutation profonde. Alors que les objectifs sont les mêmes, chaque
pays a opté pour un mode de gouvernance différent.
L’Espagne, par exemple, a opté pour la création d’un Haut-Commissariat, sous le nom de
« Marca España » et ce par décret Royal. Le Haut-Commissaire est chargé de la
planification, de l'encouragement et de la gestion coordonnée des activités menées par tous
les organismes publics (dont les Gouvernements régionaux) et privés (dont les groupements
d’entreprises locales et multinationales) qui cherchent à promouvoir une image plus forte de
l'Espagne.
Dans notre Continent, L’Afrique du Sud a mis en place une agence sous le nom « Brand
South Africa » sous la tutelle du ministère de la Communication et dont le tour de table est
composé d’intervenants publics et privés. Cette agence a comme prérogatives la
sensibilisation à l'échelle internationale de tout ce que l'Afrique du Sud a à offrir aux
investisseurs, la gestion des missions opérationnelles à l'étranger, la promotion de
l'investissement et de l'exportation des industries, la mobilisation de personnalités SudAfricaines influentes ainsi que les membres des médias à l'étranger, et enfin, la stimulation
de la fierté locale et le patriotisme.
La Turquie, quant à elle, a mis en place dès l’arrivée de Tayyip Erdogan à la primature, une
commission interministérielle rattachée au premier Ministre, dont la mission principale est la
coordination de toutes les initiatives visant la promotion de la Turquie. Les piliers de cette
commission sont le Sous-secrétariat au Commerce, le Conseil des Relations Économiques
extérieures, l’Agence Turque de Coopération (TIKA), la Fondation de la recherche politique,
économique et sociale et l’Office Turque de Tourisme.
Ces trois pays ont considérablement grimpé le classement « Brand Finance » qui valorise le
Top 100 des Marques pays dans le monde. Ce tableau résume l’évolution sur les 4 dernières
années :
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http://www.panorapost.com/upload/2016/02/Tableau-AMMC-22-2-16.jpg
La Gouvernance… le point critique !
Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a émis en 2014, dans le cadre
d’une consultation auto-saisine, sa recommandation pour la création d’une Fondation
« Image du Maroc », dont la mission serait la coordination des initiatives de Communication,
menées jusqu’à aujourd’hui par les différents départements publics.
Alors que l’idée semblerait être la plus adéquate pour accélérer la convergence des
stratégies promotionnelles du pays, elle pourrait susciter de la résistance de la part des
entités existantes qui gèrent aujourd’hui des budgets promotionnels importants.
Or, le mode de gouvernance n’est qu’un maillon dans la chaine de mise en place du « Nation
Branding ». Avant d’arriver au modèle adéquat, des travaux approfondis d’évaluation doivent
être menés : état des lieux des stratégies promotionnelles actuelles, bilan d’image, études de
perceptions du Maroc à l’échelle nationale et internationale… La gouvernance qui régira
l’implémentation de la stratégie en découlera naturellement.
L’Institut royal des études stratégiques (IRES) a initié récemment une étude qui a tenté
d’évaluer la réputation du Maroc dans le monde. L’objectif de ce travail, commandé à un
cabinet américain spécialisé, est d’analyser la réputation du Maroc pour ressortir les forces
et les insuffisances, ainsi que les leviers qui pourraient constituer des opportunités de
communication sur l’image du Royaume à l’international.
Alors que ces initiatives restent louables pour construire les bases du « Nation Branding »,
elles restent toutefois de « bonnes intentions » tant qu’elles ne convergent pas vers une
politique d’état coordonnée pour servir la stratégie d’image du Maroc.
« Nation Branding » Daba !
Comme tous les projets stratégiques et structurants, la mise en place du « Nation Branding »
ne peut être initiée et cautionnée que par une haute autorité de l’État. Cela donnera
l’impulsion nécessaire pour l’implémentation de stratégies coordonnées par les différents
intervenants, avec un retour sur investissement positif - avec effet immédiat - au niveau de:
1/ La cohérence dans la vision, le discours et l’image utilisés par tous les promoteurs du
Maroc, les VRP, les Lobbyistes et les agences,
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2/ L’optimisation des ressources humaines et financières qui pourront être redéployées de
manière plus efficace et productive,
3/ La proactivité dans la construction de l’image du Maroc pour résister aux éventuels
incidents politiques, économiques ou sociétaux, surtout avec la montée en puissance des
réseaux sociaux comme vecteur d’influence et de construction / destruction d’image.
Les différentes mutations que connait le Maroc aujourd’hui constituent non seulement une
opportunité pour réaliser son aspiration à intégrer le club des pays émergents, mais aussi
une occasion pour transformer son image en toute cohérence avec ses réalisations
politiques, économiques et sociales et son nouveau positionnement dans le monde Arabe et
en Afrique.
Le Monde ENQUÊTE
Le Maroc enterre trente ans d’arabisation pour retourner au français
Par Omar Brouksy (Contributeur, Le Monde Afrique, Rabat)
LE MONDE Le 19.02.2016 à 14h45 • Mis à jour le 20.02.2016 à 12h26
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/02/19/maroc-le-roi-mohamedvi-enterre-trente-ans-d-arabisation-pour-retourner-aufrancais_4868524_3212.html#PS6gxToWRrLhAXXR.99
Le 1er décembre 2015, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, apprend que le
ministre de l’éducation nationale, Rachid Belmokhtar, un proche du palais, avait
présenté au cabinet royal un important programme visant à « franciser »
l’enseignement desmathématiques, des sciences naturelles et
des sciences physiques. Ce projet, qui prévoit aussi l’enseignement du français dès la
première année du primaire au lieu de la troisième actuellement, a été préparé en
catimini et présenté par le ministre au roi sans que Benkirane en soit informé.
Celui-ci est hors de lui et devant les députés médusés, il ne mâche pas ses mots en
s’adressant à son ministre de l’éducation : « Tu t’es attelé à l’introduction du français, mais
alors le feu va prendre ! Cela, c’est le chef du gouvernement qui l’estime et l’évalue... C’est
pour cela que quand sa majesté le roi a décidé un jour de choisir un chef du gouvernement,
il n’a pas désigné Belmokhtar, il a choisi Benkirane… S’il voulait Belmokhtar, il l’aurait pris, il
le connaît avant moi. Il m’a désigné moi pour que ce soit moi qui décide… et c’est pour cela
que je [t’ai] adressé une lettre pour [te] dire que cette décision de franciser ces matières, il
faut que [tu] l’ajournes afin que nous y réfléchissions parce que moi je n’étais pas au courant
et que [tu] n’y as pas accordé d’importance. »
Lire aussi : Le Maghreb dans toutes les langues
Mais rien n’y fait. Le 10 février, l’enterrement de l’arabisation de l’enseignement est validé
lors du dernier conseil des ministres présidé par le roi à Lâayoune, chef-lieu du Sahara
occidental. La bataille pour la mise à l’écart de ce projet paraît définitivement perdue pour les
islamistes qui dirigent l’actuel gouvernement, se réjouissent les partisans du retour à la
langue de Molière dans les écoles et les lycées.
« Arabisation et islamisation vont de pair »
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« Pour eux [les islamistes], arabisation et islamisation vont de pair car la langue est liée à la
pensée », se félicite Ahmed Assid, un professeur de philosophie aux positions laïques. « Ce
retour aurait dû se faire depuis longtemps. Nous avons perdu trente ans à cause de petits
calculs idéologiques. Avant d’arabiser, l’Etat marocain aurait dû d’abord réformer la langue
arabe dont le lexique et les structures n’ont pas varié depuis la période préislamique »,
ajoute-t-il.
C’est dans le début des années 1980, avec l’arrivée au gouvernement du parti conservateur
de l’Istiqlal, que l’arabisation de l’enseignement public a été mise en place avec la
bénédiction implicite du roi Hassan II (1961-1999). Renforcer les conservateurs et les
islamistes au détriment de la gauche marocaine (moins enthousiaste à l’égard de
l’arabisation) était un objectif majeur du palais.
Lire aussi : L’arabe au ban de l’école
« A partir des années 1960, le Maroc a commencé à “importer” des enseignants d’Egypte et
de Syrie afin de conduire le processus d’arabisation. C’est à cette époque que le
wahhabisme et la pensée des Frères musulmans se sont progressivement introduits dans le
royaume », souligne l’historien Pierre Vermeren. Plus de seize ans après la mort d’Hassan II,
la réforme de l’éducation n’a toujours pas eu lieu alors que l’enseignement privé ne cesse de
s’amplifier au détriment de l’école publique : de 9 % en 2009, la part des élèves scolarisés
dans le privé est passée à 15 % en 2015, selon Global Initiative for Economic, Social and
Cultural Rights, un centre de recherches sur les inégalités dans l’accès à l’éducation.
« Inutile et contreproductif »
Ouvertement hostiles au projet, les islamistes du PJD adoptent pour l’instant un profil
bas. « Franciser notre enseignement n’est pas la meilleure solution, mais nous n’allons
pas entrer en conflit avec la monarchie. C’est inutile et contreproductif. Ce projet montre à
quel point le lobby francophone est encore puissant et à quel point notre pays dépend de
la France », commente, désabusé, un député du PJD qui a préféré garderl’anonymat.
Selon les derniers chiffres officiels, le réseau des établissements scolaires d’enseignement
français au Maroc est tout simplement le plus dense au monde avec, à la rentrée de 2015,
plus de 32 000 élèves dont plus de 60 % de Marocains. Ces établissements (près de vingtcinq aujourd’hui) couvrent les principales villes du royaume. Seuls les Marocains les plus
aisés ont les moyens d’y inscrire leurs rejetons.
Le Maghreb dans toutes les langues
LE MONDE CULTURE ET IDEES | 03.04.2014 à 19h55 • Mis à jour le 03.04.2014 à 22h22 |
Par Frédéric Joignot
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/03/le-maghreb-dans-toutesles-langues_4395001_3246.html#GcYP3Ph0U1McfUDZ.99
L’arabe au ban de l’école
LE MONDE CULTURE ET IDEES | 18.06.2015 à 11h40 • Mis à jour le 18.06.2015 à 18h48 |
Par Florence Aubenas
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2015/06/18/l-arabe-au-ban-de-lecole_4657092_1473685.html#RVOpPPXe6mhqoe6T.99
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Quid.ma un espace pluriel.
Le FFS fustige le pouvoir algérien : « Le Grand Maghreb est une
nécessité historique, stratégique et économique »
Par Kamal Mountassir
//fév, 22 à 12:12
http://www.quid.ma/dans-lactu/57442/
La grogne contre le régime Algérien de Bouteflika monte d’un cran depuis la soidisant réforme constitutionnelle. Plusieurs partis montent au créneau pour condamner
le pouvoir et sa politique qui mène le pays vers la dérive et protester contre une crise
économique qui s’installe, entrainant des conséquences graves sur le pouvoir d’achat
des Algériens.
Après les sorties courageuses du parti des travailleurs conduites par Louiza Hanoune,
signataire de la lettre des 19 au président et les réclamations sur l’ouverture des frontières
avec le Maroc par le RDC, c’est au tour du parti Kabyle du Front des Forces Socialistes de
protester contre la situation économique grave qui prévaut en Algérie.
« Le mythe du développement et de la stabilité économique et sociale, tant chanté, est vite
tombé à l’eau. Il s’est avéré illusion et mensonge. Les répercussions de la crise et les effets
néfastes de la politique d’austérité se font sentir de plus en plus». C’est en ces termes que
s‘est exprimé Mohamed Nebbou, le premier secrétaire du FFS à Tizi Ouzou lors de
l’ouverture des travaux du Congrès du parti fondé par Feu Hocine Ait Ahmed.
Le patron du FFS ne mâche pas ses mots en condamnant une politique unilatérale qui a
conduit le pays à une crise qui se fait sentir et dans le secteur économique et dans le
quotidien des Algériens débordés par la cherté de la vie.
« La cherté de la vie et la dégringolade continue de notre monnaie nationale accablent nos
concitoyens qui s’enlisent dans la précarité et la pauvreté. Face à cela, le pouvoir en place
n’affiche aucune volonté politique pour le changement de l’ordre établi. Il continue dans sa
gestion unilatérale et autoritaire des affaires de l’Etat, sans se soucier des risques et des
retombées d’une telle gestion sur l’avenir du pays», a expliqué Mohamed Nebbou.
Le secrétaire du parti du FFS a insisté sur la nécessité de donner une importance
particulière au projet du Grand Maghreb. « La non-construction du Maghreb pénalise tous
les peuples de la région et s’avère irresponsable, voire suicidaire».
Et le patron du FFS de préciser que l’édification démocratique du Grand Maghreb est une
nécessité historique, stratégique et économique. « C’est la seule option qui peut garantir la
paix, la stabilité et le développement pour les peuples et les pays de la région», a-t-il indiqué.
Pendant ce temps le clan Bouteflika poursuit son entêtement à placer les jalons d’une
succession qui risque fort d’être fatale à l’Algérie alors que la classe politique ne cesse de
lancer des appels pour éviter le pire.
The Economist Espresso via e-mail for
Wednesday February 24th
No place like home: Europe’s migrants
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At a ten-country summit today in Vienna, Austria and the Balkan states will discuss
“Managing Migration Together”. They aren’t. Greece, where nearly 100,000 have arrived
this year, is furious that Austria did not invite it. Moreover, Austria’s new daily limit has,
predictably, prompted its southern neighbours to impose their own restrictions. In
November the Balkan states blocked north Africans and others deemed economic
migrants and said only Afghans, Iraqis and Syrians could pass. Now they have started
blocking Afghans, who are backing up in already over-burdened Greece. Closing borders
fuels the flow: many fear this is their last chance. The transit countries worry that Austria
and Germany will finally slam their doors shut and unless they follow suit, they will be
overwhelmed with tens of thousands of angry refugees and migrants. These are all
justified worries. Frustration, fear and anger are flowing up the migrant trail.
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PanoraPost (maroc)
Publié le 24 février 2016
Amnesty International brosse un tableau plutôt sombre des droits
de l’Homme au Maroc
http://www.panorapost.com/article.php?id=12233
Comme chaque année, l’ONG de défense des droits établit son rapport, et comme chaque
année, elle reproche bien des choses aux pays qui ne respectent pas les droits humains, ou
si peu, sur les 160 examinés… la partie qu’AI consacre au Maroc revient sur les exactions
enregistrées et les dysfonctionnements de notre système de protection de droits de
l’Homme. Mais force est de reconnaître qu’on relève de la lecture de ce rapport une
amélioration de la situation des droits dans le pays, quoique tout soit perfectible…
Préambule concernant le Maro dans le rapport 2015-2016 : « La liberté d'expression,
d'association et de réunion était soumise à des restrictions. Les autorités ont arrêté et
poursuivi des critiques du gouvernement, harcelé des groupes de défense des droits
humains et dispersé par la force des manifestations. Des cas de torture et d’autres mauvais
traitements ont été signalés, ainsi que des procès inéquitables. Les femmes continuaient de
faire l’objet de discrimination. Des migrants et des demandeurs d’asile ont été arrêtés de
manière arbitraire et victimes d’une utilisation excessive et injustifiée de la force. Cette
année encore, les tribunaux ont prononcé des peines capitales ; aucune exécution n’a eu
lieu ».
Lors d’une conférence tenue ce mercredi 24 février, le président de la section Maroc d’AI
Driss Haidar est revenu sur les acquis en matière des droits de l’Homme dont se prévaloir le
Maroc, mais en même temps, il a appelé le gouvernement à aller plus haut, plus fort et plus
loin dans le respect et la mise en œuvre de ses propres législations, en mettant fin à « la
politique entravant la liberté d'expression et de rassemblement et la création
d'associations », en plus de fournir aux ONG œuvrant dans le domaine des Droits humains
le « soutien politique et financier nécessaire » pour accomplir leurs missions.
Qu’est-il reproché aux autorités publiques marocaines ? Les restrictions à la liberté
d’expression, d’association et de réunion, en plus de poursuites contre les journalistes, les
cas le plus emblématiques cette année ayant été celui de Hicham Mansouri, ce journaliste
d’investigation qui avait été poursuivi et incarcéré pour… adultère !, ainsi que celui de Maâti
Monjib, poursuivi pour des délits financiers supposés avoir été commis du temps où il
dirigeait un centre de recherche.
Le rapport dénonce aussi les comportements à l’égard des migrants subsahariens, souvent
embastillés, violentés, et privés de leurs droits élémentaires que la loi marocaine reconnaît
pourtant. AI revient sur les arrestations arbitraires avec un usage excessif de la force contre
ces populations venues du sud du Sahara. « En février plus de 1 000 migrants et
demandeurs d’asile ont été arrêtés à la suite d’opérations de police dans la ville portuaire de
Nador (nord-est du pays) et aux alentours. Ces personnes ont été transférées dans des
villes du sud du Maroc et détenues pendant plusieurs jours, puis relâchées ».
Pour les femmes, l’ONG reproche aux autorités publiques nationales le maintien de plusieurs
formes de discrimination, et s’étonne de ce qu’aucun texte sur l’avortement n’ait été
promulgué en matière d’avortement, en dépit de l’intervention du roi dans ce dossier. « En
mars, le roi a demandé au gouvernement de réviser les lois restrictives relatives à
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l’avortement. En mai, les autorités ont annoncé que l’accès à l’avortement serait étendu aux
femmes dont la santé est menacée en raison d’une malformation fœtale ou qui sont
enceintes à la suite de viol ou d’inceste. Aucun projet de loi n’avait été rendu public à la fin
de l’année. En juillet, les autorités ont inculpé deux femmes d’outrage à la pudeur,
apparemment parce qu’elles portaient des jupes courtes. Les poursuites ont été
abandonnées à la suite de protestations publiques au niveau national et international ».
Il y a aussi un volet sur la liberté de réunion, où il est reproché aux autorités marocaines de
ne pas respecter le droit de rassemblement. « Les forces de sécurité ont dispersé, dans
certains cas par la force, des manifestations organisées par des défenseurs des droits
humains, des militants politiques, des diplômés sans emploi et des étudiants. Des
manifestants ont été arrêtés, condamnés à verser des amendes et emprisonnés ».
PanoraPost (maroc)
Publié le 24 février 2016
Accord Maroc-UE : le Conseil de l’Union Européenne fait appel de la
décision de la Cour européenne
http://www.panorapost.com/article.php?id=12230
Le Maroc savoure une petite victoire. Et pour cause. Le Conseil de l’Union européenne a
interjeté appel à la décision de la Cour européenne de justice annulant l’accord agricole avec
le Maroc, selon le service de presse du Conseil de l’UE. C’est sans surprise que le recours a
été déposé ce vendredi 19 février, quelques jours avant la « deadline », fixée au 22 février
par les ministres européens en décembre dernier, pour le dépôt de leur pourvoi. Le Conseil a
joué avec le temps afin de consolider sa demande d’annulation auprès de la Cour
Européenne.
Le 10 décembre 2015, suite à une requête du Polisario, la Cour de Justice avait rejeté
l’accord de libéralisation des échanges agricoles et de pêche entre le Maroc et le conseil de
l’Union européenne, au motif que cet accord « ne présente pas les garanties nécessaires
pour que les ressources de la région du Sahara profitent aux habitants locaux ».
Le Maroc n’avait pas tardé à réagir. « Le Maroc prendra toutes les mesures nécessaires
pour la défense de ses intérêts », avait menacé Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires
étrangères du Maroc. Tant que les responsables européens ne clarifieraient pas leur
position, le Maroc avait décidé de geler toutes collaborations bilatérales.
En signe d’apaisement, les ministres européens avait décidé le 14 décembre d’introduire
« des mesures provisoires, sous la forme de suspension de l’exécution de l’arrêt, afin
d’assurer la sécurité juridique complète concernant les effets de l’accord agricole avec le
Maroc ». Le 22 février avait été fixé comme date butoir pour le dépôt de leur pourvoi.
Pour l’heure, rien n’est encore acquis. Le Royaume a gagné une bataille juridique mais pas
la guerre. Le délai de réponse pour ce type de recours en cassation nécessite plusieurs mois
d’examen au sein de la Cour. En cas d’annulation, l’accord sera redéfini afin d’y contourner
l’illégalité relevée par la Cour Européenne, explique un membre du Conseil de l’UE. Mais,
selon cette même source, une annulation définitive paraît peu probable car il en va de
l’intérêt du Maroc autant que de l’Union Européenne.
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Eleonor Lasou
Le Monde.fr
Y a-t-il encore une solution « européenne » à la crise des migrants
sur la table ?
Le Monde.fr | 25.02.2016 à 22h27 • Mis à jour le 25.02.2016 à 22h45 |
Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
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http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/02/25/y-a-t-il-encore-une-solution-europeenne-ala-crise-des-migrants-sur-la-table_4871963_3214.html
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L’Europe se ressaisira-t-elle ? Et si oui, quand ? La réunion des ministres de l’intérieur
de l’Union, jeudi 25 février, à Bruxelles, a donné une nouvelle preuve, édifiante,
désespérante, de son incapacité à surmonter la crise des migrants. Invectives, étalage
public des dissensions entre des pays pourtant amis, comme la France et la Belgique
(concernant la « jungle » de Calais), l’Allemagne et l’Autriche (à propos de
l’établissement de quotas de migrants par Vienne). Accidents diplomatiques inédits,
avec le rappel par Athènes de son ambassadrice en Autriche. Manque total de
solidarité d’une partie de l’assistance (Autriche, pays de l’Est) à l’égard de la Grèce,
qui est pourtant en train de se transformer à grande vitesse en vaste « piège à
migrants »…
Les ministres ont certes réitéré leur volonté de trouver des « solutions européennes », de
poursuivre dans la voie de la relocalisation des réfugiés décidée en 2015, de continuer à
miser sur les « hotspots » (des centres d’enregistrement et de tri en Italie et en Grèce), mais
les pays des Balkans et d’Europe centrale, à commencer par l’Autriche, ne sont pas revenus
sur leurs « décisions unilatérales » de ne plus faire passer les migrants, et même les
réfugiés, qu’au compte-gouttes. Et tant pis si en Grèce, à l’autre bout de la « route des
Balkans », la crise humanitaire menace, avec potentiellement des dizaines de milliers de
migrants coincés à la frontière macédonienne. Tant pis aussi si cela condamne, à très court
terme désormais, l’espace de libre circulation Schengen. « Nous n’avons plus que dix
jours », a prévenu le commissaire européen à la migration, le grec Dimitris Avramopoulos,
jeudi.
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« La réunion a été très dure, le ministre de l’intérieur grec [Yannis Mouzalas] a été très dur. Il
a reproché longuement à l’Autriche d’avoir organisé, la veille à Vienne, une réunion des
Balkans sans l’inviter, a dit que son pays, lui, n’organisait pas ce genre de club », témoigne
une source diplomatique. Il a même dénoncé une démarche jugée « ennemie » assure un
autre diplomate européen, effaré que ce type de termes puisse être prononcé lors de
réunions d’habitude extrêmement policées.
Lire aussi : Crise migratoire : Athènes rappelle son ambassadrice à Vienne
« Cela montre à quel niveau intellectuel le débat est tombé »
D’autres, pays de l’Est et des Balkans, ont accusé la Grèce de n’avoir pas fait son travail
pour stopper les migrants. Le ministre français Bernard Cazeneuve et son homologue
allemand Thomas de Maizière, ont, a contrario, et avec énergie, selon plusieurs sources, pris
la défense d’Athènes, disant qu’elle avait fait beaucoup d’efforts (en installant quatre
hotspots désormais opérationnels), qu’il ne servait à rien de continuer à l’accuser, qu’il fallait
au contraire l’aider. « Certains, à l’est, ont même mis en doute les chiffres de Frontex
[l’agence de gardes-côtes et gardes-frontières européenne], en disant que la majorité des
personnes arrivées en Grèce étaient des migrants économiques et pas des réfugiés »,
témoignait encore un diplomate, jeudi, « cela montre à quel niveau intellectuel le débat est
tombé » ajoutait-il, un peu effaré lui aussi.
C’est la présidente suisse, Simonetta Sommaruga, participant au conseil en temps que
membre de Schengen, qui a résumé le mieux la situation : « La volonté d’assumer les
décisions communes n’est pas très grande, la pression [des opinions publiques] est forte. »
De fait, un nombre de plus en plus important de gouvernements — au Danemark et en
Suède au début de 2016 ; en Hongrie dès septembre dernier ; en Autriche, il y a dix jours —,
ne veulent plus attendre les solutions « propres », « solidaires », de Bruxelles.
La seule « solution » qui fait encore consensus à vingt-huit, c’est la proposition de la
Commission faite à la mi-décembre dernier de décupler les moyens et les pouvoirs du corps
de gardes-côtes et de gardes-frontières européens — un projet soutenu par la France, qui
en revendique la paternité. Les ministres de l’intérieur se sont félicités jeudi que les
discussions, sur cette proposition aient très vite progressé, et espèrent désormais un accord
au Conseil européen en avril, et un accord du Parlement européen, avant l’été. Un record
pour la machine à légiférer bruxelloise, mais qui semble une éternité face à l’urgence de la
situation.
Les gouvernements semblent désormais entrés en « panique ». Ils sont tétanisés par les
arrivées depuis janvier en Grèce (102 000 migrants), et par la perspective de flux encore
plus importants avec le retour du printemps, ils ferment leurs frontières, contreviennent au
droit européen et aux conventions de Genève (l’Autriche, avec ses quotas de réfugiés), pour
répondre à une opinion publique rétive et à des partis populistes de plus en plus écoutés.
La chancelière Angela Merkel est désormais seule en Europe — avec la Commission
européenne — à défendre encore l’accueil de réfugiés. Mais elle est tellement affaiblie
qu’elle n’a pas pu empêcher les initiatives erratiques de l’Autriche et de ses alliés, à Vienne,
mercredi 24 février, ni l’annonce d’un référendum sur la relocalisation des migrants par le
premier ministre Viktor Orban, pourtant membre, comme elle, du Parti populaire européen…
La chancelière a réussi à obtenir de ses collègues européens un sommet avec la Turquie, le
7 mars, à Bruxelles. Pour gagner du temps, tenter de retarder d’autres mesures unilatérales
de fermeture des frontières. Et limiter la « casse » pour son parti, la CDU, qui est menacé
par trois élections régionales en Allemagne, le 12 mars.
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La Turquie a signé un « plan d’action » avec l’Union, le 29 novembre dernier, s’engageant à
limiter les flux de migrants quittant ses côtes pour la Grèce, contre de l’argent, et la
promesse de la réactivation du processus d’adhésion du pays à l’Union. Pour l’instant, cet
accord est en grande partie lettre morte. La décision d’enrôler l’OTAN, il y a quinze jours,
pour aider à traquer les passeurs et renvoyer les migrants sur la cote turque pourrait aider.
« Il faudrait un signal politique, avant le 7 mars, qu’il fonctionne, par exemple, un ferry plein
de migrants économiques reconduits de la Grèce vers la Turquie », suggérait un diplomate
européen, jeudi…
En attendant, Bruxelles, fataliste, en est réduite aux pis-aller : dans l’urgence, les
fonctionnaires de la Commission travaillent à une proposition d’aide « humanitaire » à la
Grèce. Du jamais-vu : l’Europe dispose de fonds ad hoc pour les situations d’urgence, mais
jusqu’à présent, ils avaient toujours été destinés à des pays tiers.
Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Correspondante à Bruxelles
PanoraPost (maroc)
Publié le 25 février 2016
Le Maroc gèle officiellement toute relation avec l’Union
européenne… (vidéo de Benkirane)
http://www.panorapost.com/article.php?id=12236
… ou presque ! Car il maintient, quand même, les discussions relatives au recours déposé
contre la décision de la Cour de justice européenne, prise le 10 décembre et considérant
l’Accord agricole comme étant contraire au droit international, selon les magistrats qui ont
rendu l’arrêt. Le Maroc avait très vite, et très mal, réagi. Et il vient de le confirmer au plus
haut niveau, car la décision prise par le chef du gouvernement vient comme on s’en doute de
plus haut.
Rappelons que suite à une requête du Polisario, la Cour de Justice avait rejeté l’accord de
libéralisation des échanges agricoles et de pêche entre le Maroc et le conseil de l’Union
européenne, au motif que cet accord « ne présente pas les garanties nécessaires pour que
les ressources de la région du Sahara profitent aux habitants locaux ».
Rabat avait donc demandé fin décembre, dans un courrier adressé par la ministre déléguée
au Affaires étrangères Mbarka Abouaïda à ses pairs au gouvernement, de suspendre toutes
discussions avec l’Union européenne, sans préjudice pour les relations bilatérales.
Aujourd’hui, c’est au niveau de la présidence du gouvernement que la décision est
confirmée, de manière particulièrement spectaculaire. Abdelilah Benkirane a reçu à cet effet
Rupert Joy, l’ambassadeur de l’UE, et lui a signifié la décision de Rabat.
Le Maroc, selon un communiqué du porte-parole du gouvernement, n’entend ni n’admet être
traité comme n’importe quelle objet judiciaire, comme du vulgus, pas plus qu’il n’accepte
d’être balloté entre les différentes structures européennes. Faire cela remettrait en cause la
confiance mutuelle, sachant que le Maroc a contribué, avec loyauté, à bâtir des relations
avec l’Europe durant le demi-siècle écoulé.
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La semaine dernière, le service juridique du Conseil européen a déposé un recours auprès
de la Cour de justice européenne contre son arrêt, mais aucun détail n’avait été fourni en
appui de cette action, intervenue, il faut le souligner, plus de deux mois après la décision de
la justice européenne. Le gouvernement marocain prend aussi mal les choses que les
Européens prennent mal la mesure de l’importance du Sahara pour le Maroc.
Et donc, explique le gouvernement, « Comme le Maroc l’a toujours démontré sur des
questions importantes pour l’Europe, l’esprit authentique de partenariat exige écoute,
partage, solidarité et respect mutuel en toutes circonstances », et comme le dit joliment
Benkirane, « le Maroc peut consommer ses tomates et laisser ses poissons en mer, mais il
ne peut permettre et il ne permettra pas qu’on galvaude son intégrité territoriale ».
Les choses sont dites, à l’Europe maintenant de voir et savoir où se trouve son intérêt.
https://youtu.be/w-U0Yh9DE7M
PanoraPost (maroc)
Publié le 26 février 2016
L’Union européenne arrondit les angles avec Rabat
http://www.panorapost.com/article.php?id=12243
Bruxelles n’aura pas tardé à réagir à la décision de suspension de toutes les relations avec
l’Union européenne, décidée unilatéralement par Rabat hier 25 février. En effet, moins de 24
heures après l’annonce de la décision en plein conseil de gouvernement, par son chef, la
Haute représentante de l’Union européenne pour la politique extérieure et la sécurité
commune Federica Mogherini a publié un communiqué plutôt conciliateur.
Le gouvernement du Maroc a donc annoncé hier qu’ « en attendant de recevoir les
explications et les assurances nécessaires de la partie européenne (…), (il) a décidé de
suspendre tout contact avec les institutions européennes, à l’exception des échanges
attendus sur ce dossier », précisant en outre que « comme le Maroc l’a toujours démontré
sur des questions importantes pour l’Europe, l’esprit authentique de partenariat exige écoute,
partage, solidarité et respect mutuel en toutes circonstances »… Mme Mogherini a repris les
mêmes mots, ou presque, et a répondu dans son communiqué que « l'Union européenne
est prête à fournir les clarifications et assurances complémentaires pour répondre aux
préoccupations du Maroc afin que les contacts et la coopération puissent être pleinement
rétablis dès que possible », ajoutant que « notre conviction est qu'un véritable partenariat
implique l'écoute, le partage, la solidarité et le respect mutuels entre partenaires ».
Cependant, en réponse à ce point du communiqué du gouvernement marocain, où il dit que
« tout en prenant note de la réaction rapide et unanime du Conseil de l’UE contre cet arrêt,
(il) exprime sa profonde déception à l’égard de la gestion opaque que certains services de
l’UE ont faite de cette question », Mme Mogherini tient à préciser dans sa réponse que « de
nombreux contacts ont été effectués à tous les niveaux entre l’UE et le Maroc sur cette
question depuis le mois de décembre, et le Maroc a été tenu pleinement informé tout au long
du processus, dans le cadre des contraintes juridiques qui s’appliquent ».
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Cela étant, et comme pour satisfaire Rabat et ne pas compromettre les relations existantes,
la Haute-Représentante européenne conclut son communiqué en annonçant que « l’UE
restera en relation avec les autorités marocaines dans les prochains jours et évaluera aussi
rapidement que possible les implications de la situation actuelle pour nos programmes de
coopération existants ».
PanoraPost (maroc)
Publié le 27 février 2016
Des voix s’élèvent en Europe pour soutenir le Maroc dans sa
décision contre l’UE
http://www.panorapost.com/article.php?id=12247
La Cour de Justice européenne a décidé d’annuler l’Accord agricole entre Rabat et
Bruxelles. L’UE a interjeté appel de cette décision, mais en ne tenant pas compte des
recommandations marocaines, visant à impliquer Rabat dans la réponse de l’UE à la Cour
de justice. Le Maroc a spectaculairement suspendu ses relations avec Bruxelles, et, déjà,
des voix se font entendre en Europe pour soutenir cette décision.
En Allemagne, c’est le ministre de la Coopération économique Gerd Müller qui exprime en
premier sa position. Le responsable allemand considère que le Maroc est « garant de la
stabilité dans la région », et, de ce fait, il a déclaré à Rabat que son pays comprend « la
position du Maroc et (veut) tout faire pour que le Maroc soit impliqué dans ce processus sur
un pied d'égalité ». Le ministre allemand a également fait part de la volonté de son pays
d'approfondir la coopération avec le Maroc dans le domaine des énergies renouvelables et
du développement rural et de l'élargir à d'autres domaines notamment la formation
professionnelle des jeunes.
Pour sa part, le sénateur français Christian Cambon a exprimé à son tour, vendredi, son
soutien à la réponse que le Maroc vient d'apporter à la décision «politique et arbitraire» du
tribunal de l'Union européenne. Il est certes président du groupe interparlementaire d’amitié
France-Maroc, mais il est aussi et surtout Secrétaire (Les Républicains) du Sénat, 1er viceprésident de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées.
Pour rappel, la Haute-Représentante de l’Europe pour la politique extérieure et la sécurité
commune Federica Mogherini a fait paraître vendredi un communiqué où elle dit que des
contacts seront entrepris avec Rabat « dans les prochains jours » pour surmonter cette
situation de gel effectif, unilatéralement décidé par le Maroc.
D’autres réactions seront à attendre de plusieurs pays européens pour soutenir le Maroc
dans son bras de fer avec la Commission européenne, qui a mal pris la mesure de
l’importance du Sahara dans les priorités de la politique marocaine. Des accords bilatéraux
lient en effet une grande partie des pays européens avec le Maroc, tant sur les plans
agricole que commercial, migratoire que sécuritaire.
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PanoraPost (maroc)
Publié le 15 février 2016
Et finalement, la révision des programmes et manuels de
l’éducation religieuse, par Ahmed Aassid
http://www.panorapost.com/article.php?id=12177
La décision récemment prise par l’Etat marocain et annoncée par le roi Mohammed VI à
Laâyoune était attendue depuis 2003. 13 ans d’attente donc, l’auteur de ces lignes ayant
réclamé cette mesure depuis 1994, l’année où il avait commencé à s’intéresser à la question
des valeurs dans les programmes et manuels scolaires.
Quel est donc le problème de la discipline religieuse dans le système éducatif précisément ?
La réponse en 6 points qui représentent des écueils chroniques…
1/ Le problème des valeurs dans l’éducation religieuse au Maroc consiste dans la nonconformité des contenus enseignés avec la philosophie et les fondements de l’école
moderne. L’Etat a, en effet, intégré l’éducation religieuse dans le corpus pédagogique en
réponse à ses besoins tactiques et non sur la base d’une stratégie de long terme. Le
désordre qui règne autour de cette question depuis les années 70 du siècle dernier montre
bien cette confusion. Ainsi, au départ, l’éducation religieuse avait été programmée sur la
base d’une vision salafiste wahhabite, aux fins de lutter contre les idéologies radicales
réformistes : puis, face à l’extension du fondamentalisme religieux quelques décennies plus
tard, les pouvoirs publics ont amorcé un virage à 180°, appelant à la révision des
programmes scolaires religieux dans le sens des valeurs de tolérance, de modération et de
respect de l’Autre.
2/ Le second problème tient dans le manque de courage consistant à reconnaître que si
l’islam comporte des valeurs humanistes intemporelles, il contient également des passages
liés à des contextes historiques aujourd’hui révolus, des principes de pensée théologique ou
jurisprudentielle qui répondaient alors aux besoins d’un califat entretemps dépassé. On
prendra à titre d’exemple l’enseignement des « sanctions » corporelles que l’Etat ne
prescrivait pourtant pas dans sa législation pénale qui était, elle, fondée sur le droit positif
moderne.
3/ Il existe aussi ce qu’on peut appeler l’ambivalence de l’Etat qui a mis en place des
matières lesquelles, non seulement ne sont pas complémentaires mais qui, à plusieurs
égards, donnent le sentiment qu’elles sont fort éloignées les une des autres, voire en
contradiction extrême. Ainsi, un système éducatif dans un Etat moderne, qui se voudrait un
chantier national stratégique, voudrait que les programmes et les manuels scolaires
convergent vers un seul et même objectif, clair et clairement défini, qui conférerait toute son
importance à la pensée scientifique et à l’approche critique pour aller dans le sens de
l’épanouissement et du développement individuel. Mais dans la réalité, les choses en vont
tout à fait autrement car l’Etat, en pleine ambigüité et plongé dans ses contradictions, avance
à vue, en dents de scie, en hachures et en fonction de ses calculs conjoncturels étroits.
4/ L’éducation islamique dans un système d’enseignement moderne devient la seule voie
pour les courants conservateurs pour saper les fondements de l’Etat moderne et mettre à
mal ses valeurs philosophiques auxquels la pensée salafiste ne peut s’adapter, car elles
l’empêchent de contrôler et de dominer la société. En effet, l’école moderne et ses
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enseignements s’appuient essentiellement sur la liberté et l’indépendance de l’individu créatif
et innovant, alors même que les courants conservateurs aspirent à « normaliser » la société
et à soumettre l’individu, désormais conditionné, à la collectivité.
5/ L’enseignement est prodigué par une génération d’enseignants qui ont eux-mêmes été
formés à l’école d’Hassan II, et donc exposés à une extraordinaire opération
d’endoctrinement idéologique religieux. Il est donc difficile d’éviter de fabriquer des
pépinières du fondamentalisme sans l’absence d’une nouvelle génération de pédagogues
auxquels on aura inculqué de nouvelles valeurs.
6/ La situation de sous-développement général et les conditions qui l’accompagnent ont fait
naitre dans les cœurs et les esprits des enseignants un sentiment d’exclusion sociale et
civilisationnelle. Dès lors, la pensée religieuse conservatrice représente chez ces gens une
sorte de réhabilitation sociétale des valeurs ancestrales, qui passe par l’idée et la tentative
de remplacement de la révolution scientifique, technologique et « droitdelhommiste » par la
prétention de disposer de valeurs meilleures. Ainsi, les cours d’éducation islamique ont été
volontairement et sciemment orientés dans le sens de rassurer ces enseignants et de leur
assurer l’équilibre psychologique dont ils ont besoin, au grand bénéfice d’une stabilité
contrôlée par le pouvoir.
Et donc, la grande question qui se pose est la suivante : Comment ce pouvoir pourra-t-il
remédier aux maux réels qu’il a lui-même créé durant des décennies ? Eléments de réponse
à venir…
PanoraPost (maroc)
Publié le 27 février 2016
Que faut-il corriger dans les manuels et les programmes religieux
dans l’enseignement ?, par Ahmed Aassid
http://www.panorapost.com/article.php?id=12245
Partant du principe que l’islam évoqué dans la constitution et dans la charte de l’éducation et
de la formation est désigné par la « tolérance » et « la modération »… et du fait de cet autre
principe, élémentaire, que les manuels scolaires ne sont pas une partie de la religion, mais
une production humaine, et donc exposés à des erreurs d’appréciation car ils sont fondés
sur des lectures elles-mêmes basées sur des contextes historiques et politiques particuliers
et des positions idéologiques aussi particulières… On peut énumérer les éléments et
contenus qu’on peut ou qu’on doit changer dans les manuels d’éducation religieuse.
Il faut, pour ce faire, retenir préalablement les critères suivants
1/ L’abolition de tout ce qui entre en opposition avec les desseins divins visant à honorer la
personne humaine et à préserver sa dignité, en prônant la paix, la fraternité et la solidarité
humaine ;
2/ La suppression de tout ce qui n’est pas en conformité avec les engagements de l’Etat en
matière de citoyenneté, d’égalité, d’équité et de respect des libertés individuelles et
collectives ;
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3/ Le renoncement à tout ce qui enfreint les principes internationaux des droits de l’Homme
tel que repris dans la constitution marocaine, considérée de fait comme « un tout
indivisible » ;
4/ L’abandon de tout ce qui peut contribuer à répandre la haine et à promouvoir la violence
ou les conflits entre individus, menaçant la paix sociale et la stabilité du pays par le nonrespect des différences en matière de religion, de langue, de couleur, d’origine ou
d’appartenance familiale ;
5/ La renonciation à tout ce qui pourrait être lié à des contextes sociaux et/ou politiques
aujourd’hui révolus, qui aurait pu être souligné dans le passé par des textes religieux, à
l’époque du califat, et qui de nos jours ne saurait être maintenu en raison de l’évolution des
sociétés.
Ces critères, à notre sens, sont aussi nécessaires qu’incontournables pour distinguer, dans
les manuels scolaires, entre ce qui participe au renforcement de la citoyenneté et à
l’instauration d’une transition véritable vers la démocratie, et ce qui va à l’opposé de ces
valeurs en nuisant à la prise de conscience des citoyens et en les orientant dans le sens
contraire du contrat social entre un Etat moderne et l’individu citoyen.
Du point de vue de la méthodologie :
1/ Il est important de rompre avec l’approche patrimoniale(ancestrale) de la religion et de
promouvoir un enseignement religieux sur la base d’une jurisprudence nouvelle, d’une
pensée religieuse des Lumières élaborée par des théologiens et des exégètes à l’idéologie
renouvelée car intégrée dans la série d’évolutions de leur pays, des intellectuels qui ne
voient pas de contradictions entre les valeurs des droits de l’Homme et les acquis de notre
siècle d’une part et, d’autre part, les contenus religieux.
2/ Il faut considérer la religion comme un moyen et non une fin en soi, plaçant l’Homme au
centre des réflexions, en sa qualité de valeur suprême, de même qu’il faut considérer
l’éducation religieuse comme un moyen pour répandre la valeurs humaines et humanistes
dans tout ce qu’elles comportent comme noblesse auprès des jeunes générations.
3/ Il est crucial de renoncer à cette idée de « particularité islamique » dans son sens étroit,
en ce qu’elle sème dans l’esprit des apprenants comme rejet des valeurs contemporaines et
modernes car cela fait de l’éducation islamique un outil d’assujettissement idéologique
contre la raison, la science et les valeurs d’équité et d’égalité des êtres humains.
4/ Il faut retenir l’idée que l’objectif ultime de l’éducation religieuse est de façonner un
citoyen modèle vertueux, apte à dérouler une pensée méthodique et critique saine, et non un
citoyen qui sublime le patrimoine et sacralise le passé révolu, avec tous ses manquements,
versant par là-même dans la lutte contre l’évolution positive.
5/ Il faut renoncer à approche selon laquelle l’éducation religieuse est destinée à des enfants
enfermés dans une communauté confessionnelle aussi intégrée que renfermée sur ellemême, et remplacer cette approche par une autre… celle de leçons qui inculquent aux
enfants les notions de citoyenneté fondée sur les vertus qui ne contredisent pas les concepts
modernes d’une société plurielle avec ses différences et ses Autres. En effet, l’idée de
« Jamaâ », de communauté, détruit le principe du vivre-ensemble des sociétés modernes.
6/ Il faut intégrer l’éducation religieuse dans une ouverture sur les sciences et les acquis
modernes, ouvertes sur les inventions et les innovations de notre temps, afin de permettre
aux jeunes d’épouser la civilisation actuelle de la connaissance et de la découverte et de
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rejeter l’idée que tout ce qui est moderne est « étrange » ou « étranger », que seul l’islam est
« authentique » et porteur de nos racines.
7/ Il faut rapprocher l’éducation islamique des autres religions pour trouver et retrouver les
valeurs communes avec les autres confessions, rompant avec ce concept qui veut que la
force de l’islam se bâtit sur la négation de ces autres religions et en confrontation avec elles.
8/ Il faut fonder l’éducation islamique sur une culture de vie, d’amour, de création et de
beauté, et renoncer à l’idée et à la culture qui célèbrent la mort et la terreur, l’effroi et la
haine de l’Autre.
9/ Il faut éviter de confier la révision de ces manuels d’éducation religieuse à ceux qui se
sont rendus coupables des errements passés dans cette discipline, afin d’éviter à notre
enseignement ce qui s’est produit en Arabie Saoudite. Dans ce pays, et avec l’apparition et
la montée du terrorisme, les Etats-Unis avaient imposé aux dirigeants de revoir leurs
manuels d’enseignement religieux, et ces responsables, obtempérant, avaient chargé les
mêmes oulémas wahhabites extrémistes qui avaient confectionné les anciens programmes
de repenser les nouveaux ; le résultat en a été l’absence d’évolution, ces gens ayant
reformulé leurs idées condamnées par le monde par d’autres, exprimées autrement mais
portant les mêmes contenus.
Du point de vue du contenu :
1/ Les premiers contenus qu’il est important de supprimer et de remplacer dans les manuels
scolaires sont ceux qui font l’apologie de la violence, matérielle et symbolique. En effet,
dans les livres scolaires de l’éducation religieuse, et en contradiction avec les préceptes de
l’école moderne, la foi est déclinée dans la description et l’explication des versets détaillant
le châtiment, effrayant jeunes enfants qui apprennent ces leçons, en plus du fait qu’elle
exalte le fait que les grandes conquêtes islamiques où le fait de tuer des non-musulmans est
une marque de la grandeur de l’islam. Ainsi, on lie la religion à la violence et à la conquête
hégémonique et on fait de cette conquête une partie de la foi, dans l’esprit de jeunes enfants
qui n’ont pas encore assez de recul et de connaissances pour remettre tout cela dans son
contexte historique.
2/ Dans la même logique, il faut relier la foi à l’amour au lieu de la peur, à la tolérance au lieu
de la violence, à la liberté au lieu de la haine… faisant ainsi de Dieu le symbole du Bien
absolu et la Beauté absolue. De cette manière, la croyance devient une responsabilité et les
potentiels émotionnels des enfants seront orientés vers la vertu des relations avec les autres
et non plus vers le manichéisme croyant-non croyant, conflictuel, violent et destructeur.
3/ Il est important de proscrire les contenus qui entrent en flagrante contradiction avec le
droit positif en vigueur. En effet, à quoi cela sert-il de réviser le Code de la famille
(Moudawana) tout en maintenant des contenus relevant des anciennes jurisprudences ?
Que signifie de laisser passer des enseignements sur les châtiments corporels (amputation
de la main des voleurs) alors que dans le Code pénal, ce sont des peines privatives de
liberté qui ont prévues ?
4/ Il faut également proscrire dans les nouveaux manuels scolaires d’éducation religieuse
tout ce qui porte sur le rabaissement des chrétiens et des juifs ou tous adeptes d’autres
religions que l’islam. Au lieu d’insister sur le fait que notre religion est la seule « vraie », et
que les autres, toutes les autres, sont des « déviances », il est meilleur de proclamer la
complémentarité des confessions, car autrement on détruit la capacité de tolérance et de
respect des enfants pour les religions et on renforce leurs aptitudes à la haine pour ceux qui
ne seraient pas ses coreligionnaires. Cela va à l’encontre de la vertu moderne du vivreensemble.
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5/ Il est crucial de renoncer à cette idée de préférence pour l’homme au détriment de la
femme, ou de son exclusivité pour certains métiers, à l’exclusion de la gent féminine, ou de
considérer les différences physiologiques comme un facteur de discrimination envers les
femmes… les nouveaux manuels doivent épouser les évolutions de notre époque, qui
entérinent l’égalité des genres et la compétence des femmes dans tous les domaines. Il est
aussi important que les images des femmes et des filles incluses dans les livres d’éducation
religieuse soient conformes à la réalité sociale. Ainsi, on doit supprimer les dessins ou
photos de femmes portant des tenues vestimentaires prônées par un courant de pensée
déterminé alors que les femmes et filles marocaines s’habillent de façons différentes. L’islam
et la foi ne sont pas liés aux mises vestimentaires ou aux apparences extérieures, comme on
le peut constater chaque jour dans nos villes, nos avenues et nos quartiers.
6/ Dans les manuels d’éducation religieuse, il existe des principes qui brouillent les principes
de droits humains en les diluant dans d’autres idées qui ne correspondent pas aux normes
nationales actuelles. Exemple : « la tolérance avec ton frère musulman » est une idée qui
comporte une connotation discriminatoire, contre laquelle la tolérance précisément s’élève.
7/ Il faut, enfin, veiller à éviter les antagonismes et les contradictions dans le même cours, ce
qui contreviendrait à la pédagogie la plus élémentaire. Ainsi, pourquoi parler dans une seule
et même leçon de l’utilité de la copulation et de la multiplication des progénitures, puis du
planning familial ?
Tous ces contenus énumérés plus haut sont de nature à isoler l’individu du contexte général
d’évolution qui caractérise l’Etat et la société, et cela précisément peut le conduire à une
situation conflictuelle avec son propre environnement, avec ce que cela implique comme
déraison, irrationalité et même violence. Il existe donc d’autres contenus sur lesquels nous
reviendrons plus tard avec des cas précis.
Cet article fait suite à un autre, du même auteur.
El Watan - Mercredi 2 mars 2016
(Algérie)
Accord obtenu entre Alger et Berlin : Les algériens en situation
irrégulière seront extradés
le 01.03.16 | 10h00 | mis à jour le 01.03.16 | 16h52
http://www.elwatan.com/actualite/accord-obtenu-entre-alger-et-berlin-les-algeriens-ensituation-irreguliere-seront-extrades-01-03-2016-315583_109.php
Un accord a été obtenu entre les deux gouvernements algérien et allemand pour «le
rapatriement» des Algériens entrés illégalement en Allemagne depuis une année.
C’est ce qu’a indiqué le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, à l’issue d’une
réunion de travail avec son homologue algérien Noureddine Bedoui. «Nous sommes
parvenus à un accord concernant le rapatriement des ressortissants algériens entrés
clandestinement en Allemagne depuis une année», a déclaré le ministre allemand.
Il a par ailleurs précisé que les détails techniques «seront discutés au niveau des polices des
deux pays». Les opérations d’extradition se feront «par voie aérienne commerciale par les
compagnies des deux pays et chaque vol ne transportera pas plus de 30 personnes une fois
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qu'elles seront identifiées, et ce, en contrôlant les empreintes digitales», a-t-il encore
souligné.
Le ministre allemand n’a toutefois pas indiqué le début des opérations de rapatriement ni le
nombre d’Algériens concernés. Des chiffres non officiels évoquent un millier de personnes.
Pour rappel, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait déclaré par le passé
que «l’Algérie est un pays sûr et les ressortissants algériens n’auront plus accès au droit
d’asile».
Hacen Ouali
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