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Notes fauniques de Gembloux 2006 59 (4), Communications brèves
leur participation aux observations et à Bernard
Vandoren pour nous avoir permis l’accès au site.
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(11 réf.)
A propos de l’Hétéroptère Nabidae Prostemma
guttula (Fabricius, 1787)
Michel Dethier(1)
(1) Collaborateur scientifique à la Faculté universitaire des Sciences agronomiques, Unité d’Entomologie fonctionnelle
et évolutive (Prof. E. Haubruge). B-5030 Gembloux (Belgique).
Correspondance personnelle : rue du Cimetière 91, B-4030 Liège. E-mail : [email protected]
Reçu le 9 octobre 2006, accepté le 24 octobre 2006.
Le 10 septembre 2006, lors d’une visite de la
réserve naturelle de l’« Ile aux Corsaires », le
conservateur du site, M. V. Louwette, attira mon
attention sur une punaise noire et rouge (fig. 1) qui
courait sur les graviers de la pelouse calaminaire. Il
s’agissait d’un individu brachyptère du Nabidae
(sous-famille des Prostemmatinae) Prostemma
guttula
(Fabricius,
1787)
parfaitement
reconnaissable (fig. 1). L’individu ayant été relâché,
nous n’avons pas pu en déterminer le sexe. Cette
observation est intéressante à plus d’un égard car cet
insecte qui vit sur les terrains secs et découverts,
pierreux ou sablonneux, atteint chez nous la limite
nord de sa répartition et est rare dans notre pays.
Péricart (1987) l’y estimait même en voie de
disparition. Elle est considérée comme très rare aux
Pays Bas (Péricart, 1987) et rare au Grand Duché de
Luxembourg : Reichling (2001) n’indique que huit
points sur la carte de répartition, tous situés dans la
partie calcaire du sud du pays (Gutland). C’est une
espèce prédatrice qui s’attaque essentiellement à
d’autres Hétéroptères, Lygaeidae et Pentatomidae
en particulier. Les adultes hibernent sous les pierres
ou dans les mousses.
Bosmans (1979) n’avait relevé que 25 occurrences
en Belgique, dont seulement une après 1950 (la
Communications brèves
Figure 1 : Habitus de P. guttula (tiré de Péricart, 1987) :
a) femelle brachyptère, b) femelle macroptère.
première remontant à 1870). Depuis, l’espèce a été
revue à six reprises (en comptant l’observation
mentionnée ici), toujours dans des stations
xérothermiques (Delescaille et al., 1991 ; Baugnée,
1998 ; Dethier & Baugnée, 2002 ; Baugnée, 2004).
Elle n’a cependant pas été retrouvée récemment à la
Montagne Saint Pierre (Dethier & Chérot, 1997), ni
récoltée à Corphalie (Dethier, Chérot & Viskens,
2003) et pas davantage à Chokier (Dethier, Viskens
& Bruers, 2005), sites qui présentent pourtant des
stations a priori favorables à l’espèce. Ces six
observations, effectuées au cours des quinze
dernières années, permettent d’espérer que l’espèce
n’est pas en voie de disparition, comme le craignait
Péricart (1987). Il est curieux de constater qu’en
Suisse, P. guttula semble avoir également connu
une longue « éclipse ». Dethier & Péricart (1988)
signalaient une bonne quarantaine d’occurrences
avant 1950 (la première remontant à 1868) mais
seulement trois dans la suite. Or, depuis 1988, une
dizaine d’observations ont été faites, la plupart
situées dans le sud du pays (cantons de Vaud, du
Valais et du Tessin : Delarze & Dethier, 1988 ;
Otto, 1996 ; Göllner-Scheiding & Rezbanyai-Reser,
2000 ; Witschi & Zettel, 2002 ; Wyniger &
Burckhardt, 2003). Faut-il y voir une recrudescence
de l’espèce ou, plus simplement, l’effet de
recherches plus intensives sur les Hétéroptères ? Il
faut espérer que la première hypothèse soit la bonne.
La nouvelle station signalée ici est une pelouse
calaminaire où poussent des métallophytes, telles la
violette calaminaire (Viola calaminaria), la silène
(Silene vulgaris), le gazon d’Olympe (Statice
armeria), le tabouret calaminaire (Thlaspi
caerulescens calaminare) et l’armérie calaminaire
(Armeria maritime halleri), ainsi que des espèces de
sols pauvres et secs (Rumex acetosella, Campanula
rotundifolia) et quelques espèces ligneuses
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indésirables (Robinia pseudacacia, Buddleja
davidii,…). Elle se situe sur la commune d’Angleur
(coord. Lambert : 237.8 – 145.2), entre l’Ourthe et
son canal, à quelques kilomètres à peine du centre
de la ville de Liège et à une altitude d’environ 70 m.
Jadis, on y a déposé des résidus de l’industrie
métallurgique et les sols sont intoxiqués par du zinc,
du plomb et sans doute d’autres métaux lourds mais,
depuis le printemps 2005, le site jouit du statut de
réserve naturelle. Parmi les insectes remarquables
qu’il abrite, citons le petit nacré Issoria lathonia (L.,
1758), le demi-argus, Cyaniris semiargus (Rottem.,
1775) et le criquet à ailes bleues, Oedipoda
caerulescens (L., 1758). Graitson et al. (2005) citent
treize espèces de Rhopalocères et six espèces
d’Orthoptères de cette réserve d’environ trois
hectares, dont plusieurs sont vulnérables, voire
menacées. Lors d’une brève visite effectuée en août
1999, j’y avais déjà relevé la présence de quelques
autres Hétéroptères : les Miridae Stenodema
calcarata (Fallén, 1807), S. laevigata (L., 1758) et
Phytocoris varipes Boh., 1852, les Nabidae
Himacerus mirmicoides (O. Costa, 1834) et H.
apterus (F., 1798), l’Anthocoridae Anthocoris
nemorum (L., 1761), le Lygaeidae Kleidocerys
resedae (Panzer, 1797), le Rhopalidae Rhopalus
parumpunctatus
(Schilling,
1828)
et
les
Pentatomidae Aelia acuminata (L., 1758),
Eurydema oleracea (L., 1758) et Palomena prasina
(L., 1761). S. calcarata et R. parumpunctatus
fréquentent volontiers les milieux secs et herbeux.
J’avais
également
observé
Myrmeleotettix
maculatus (Thunberg, 1815), un Acrididae qu’on
rencontre surtout sur les haldes calaminaires en
Wallonie.
La présence de P. guttula vient encore confirmer
l’intérêt du site. En outre, parmi les stations
récemment recensées pour cette espèce en Belgique,
celle-ci est la plus septentrionale.
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