vie des soldats américains au Vietnam
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vie des soldats américains au Vietnam
Vie des soldats américains au Vietnam 1 Tables des matières I. Introduction................................................................................3 II. Contexte historique....................................................................4 III. Qui étaient ces soldats et pourquoi se sont-ils engagés ............5 IV. Quelle personnalité avaient les soldats et quelles ont étés les modifications de cette personnalité au cours de la guerre.........7 V. Vie réelle d’un soldat................................................................9 VI. A quoi se raccrochaient les soldats pour survivre dans l’enfer de la guerre...............................................................................16 VII. Quels étaient les idéaux des soldats avant la guerre et quelles ont étés leurs déceptions..........................................................19 VIII. Conclusion...............................................................................21 IX. Bibliographie............................................................................23 Vie des soldats américains au Vietnam 2 Résumé Ce travail de maturité à pour but de décrire le quotidien d’un soldat américain durant la guerre du Vietnam, et ce à partir d’informations trouvées dans divers films et documentaires. Les informations trouvées dans les films seront ensuite comparées à celles trouvées dans les documentaires. Je vais commencer par un bref historique de la guerre du Vietnam. Ce travail sera ensuite divisé en cinq thèmes différents. Je vais d’abord traiter la question du statut social des soldats et des raisons pour lesquelles ils se sont engagés. Ensuite, je vais parler de la personnalité de ces soldats et des modifications que la guerre à provoquées sur leur personnalité. Le sujet suivant est la vie réelle du soldat américain durant la guerre. Ce sujet est le plus vaste de tous. Il englobe en effet de nombreux thèmes tels que les combats, les soins apporté aux blessés, l’armement, les permissions. Vient ensuite la question « à quoi se raccrochaient les soldats pour survivre dans l’enfer de la guerre ? » Cette thématique nous expose les moyens utilisés par les soldats pour s’évader de leur quotidien pénible. Le dernier thème abordé sera les idéaux des soldats avant la guerre et les déceptions de ces hommes tout au long de leur séjour. La procédure que j’ai utilisée pour réunir toutes ses informations est la suivante : j’ai visionné chaque film et chaque documentaire en prenant note de toutes les informations se référant aux cinq thèmes mentionnés plus haut. De ce travail sont ressorties les conclusions suivantes : Les soldats américains qui ont combattu au Vietnam étaient pour la plupart très jeunes (dix-huit à dix-neuf ans) et venaient d’horizons tout à fait divers. La plupart n’avaient pas choisi de venir combattre au Vietnam mais ils furent contraints d’effectuer leur service d’un an. La guerre a causé de nombreuses modifications dans la personnalité des ces jeunes hommes. Elle a laissé de lourdes séquelles que les soldats vont devoir supporter tout le reste de leur vie. Pour le thème de la vie réelle du soldat, je me suis beaucoup basée sur les informations trouvées dans les documentaires qui étaient plus complètes et détaillées que dans les films. De nombreux moyens ont étés utilisés par les soldats afin d’adoucir quelque peu leur quotidien, comme les permissions, la religion, la fréquentation de prostituées, mais aussi l’héroïne. Au cours de la guerre, le marché de cette « poudre blanche » a pris des proportions énormes. Sa vente et sa consommation était fréquente, bien qu’illégale. Les idéaux des soldats avant de partir sont peu nombreux. En revanche, beaucoup ont étés déçus par leurs camarades, par la façon dont se terminait cette guerre ou, plus généralement, par la nation américaine. Les films et les documentaires apportent globalement les mêmes informations à propos de cette guerre du Vietnam et ils constituent un témoignage considérable de ce qu’elle à été. On ne peut cependant se fier totalement à ces longs métrages. Je pense en effet qu’il n’est pas possible de donner une image parfaite de la réalité de cette guerre, chaque réalisateur influençant sa production par sa vision des choses et l’idée qu’il veut transmettre. Vie des soldats américains au Vietnam 3 I. Introduction : La guerre du Vietnam est un sujet qui a beaucoup fait parler de lui. Elle fut très médiatisée et de nombreux journalistes ont ramené des clichés de ce qui se déroulait sur le sol Vietnamien, et ces images ont souvent choqué beaucoup d’américains. Elle fut par la suite abondamment critiquée, particulièrement aux Etats-Unis, lors de la célèbre révolution sociale de mai 1968. Des personnes du monde entier se sont opposées à cette guerre durant cette période, notamment par des marches et manifestations. Nous connaissons cette guerre au travers de nombreux films qui ont eu, pour la plupart, un succès important. Ce succès est probablement dû à la médiatisation qui à été faite de cette guerre et aux nombreuses révoltes qui l’ont accompagnée. Un hippie face aux armes de l’armée De nombreux aspects de cette guerre ont été narrés au travers de ces films et documentaires. Par exemple : la vie quotidienne d’un vietnamien, le combat, la vie des vétérans américains de retour au pays, la vie quotidienne des soldats américains sur place. Au cours de ce travail, je vais me pencher sur cette dernière problématique : quelle était la vie du soldat américain au Vietnam ? Je vais aborder ce sujet au travers de différents thèmes : - Qui étaient ces soldats et pourquoi se sont-ils engagés ? - Quelle type de personnalité avaient-ils et quelles ont été les modifications de leur personnalité au cours de cette dernière ? - Quel était le quotidien d’un soldat ? Comment se déroulaient les combats, quel équipement possédaient-ils, comment les blessés étaient-ils soignés ? - A quoi se raccrochaient les soldats pour survivre dans l’enfer de la guerre ? - Quels étaient leurs idéaux avant la guerre, et quelles ont été leurs déceptions après ? Etant donné que chaque réalisateur a voulu transmettre sa vision des choses, chaque version est différente. Je vais donc essayer de comparer des documentaires, crées sur la base de lettres authentiques de soldats et d’images d’archives américaine, à des films très connus. Je vais traiter quatre de ces films : -Voyage au bout de l’enfer du réalisateur américain Michael Cimino. -Outrages du réalisateur Brian De Palma, cinéaste américain d’origine italienne. -Full Metal Jacket du réalisateur américain Stanley Kubrick. -Platoon du réalisateur américain Oliver Stone Je vais également parler de deux documentaires : -La Guerre du Vietnam : images inconnues du documentariste français Daniel Costelle -Dear America : lettres du Vietnam du producteur américain Bill Couturié La plupart de ces longs métrages ont été produits par des réalisateurs américains. En effet, il existe peu de films ayant étés crées par des réalisateurs Vietnamiens. On peut Vie des soldats américains au Vietnam 4 donc en déduire que l’histoire qui nous est décrite dans ces films n’est pas toujours racontée d’un point de vue objectif. II. Contexte historique : Avant de développer certains aspects de la guerre du Vietnam, je vais faire un bref rappel des diverses causes qui ont conduit à cette guerre, en commençant par la guerre froide. La guerre froide oppose les Etats-Unis et leurs alliés à l’URSS et ses alliés. Les causes de cette guerre sont principalement les deux idéologies totalement opposées de ces puissances. Les Etats-Unis, qui possèdent un système démocratique, sont très hostiles au système communiste mis en place par l’URSS et veulent éviter l’extension de ce système. L’URSS prévoit d’attaquer le Japon en août 1945 si celuici n’a pas encore capitulé, mais les russes sont devancés par les USA qui larguent deux bombes atomiques, le 6 et 9 août, sur les villes de Hiroshima et Nagasaki. En Septembre 1946, les Etats-Unis déclarent être en train de construire un sous-marin atomique, et c’est ainsi que la course aux armements commence. Cette guerre n’est en fait pas une guerre « chaude » ou les hommes s’affrontent face à face, sur le terrain. Chacune des deux puissances essaye d’asseoir son influence en intervenant dans divers conflits ou en aidant des pays affaiblis par la 2ème guerre mondiale. Les Etats-Unis vont offrir une aide de 12 milliards de dollars à l’Europe occidentale, pour la reconstruction de l’après-guerre. L’URSS refuse cette aide pour elle et tous ses pays colonisés. Les Etats-Unis et d’autres nations Européennes établissent en 1949 l’OTAN, un traité qui a pour but la protection des pays occidentaux après la 2ème guerre mondiale. La plupart des états du bloc soviétique signent ensuite le pacte de Varsovie dans le but d’agir comme contrepoids à l’OTAN. De cette guerre froide naîtra aussi la conquête de l’espace, autre forme de concurrence entre les Etats-Unis et l’URSS. En juin 1954 au Vietnam, les accords de Genève sont mis en vigueur afin de marquer officiellement la fin de la guerre d’Indochine entre la France et l’Indochine, et le retrait des troupes françaises dans cette région. Ces accords incluent notamment la séparation du pays en deux parties, le Vietnam du nord et le Vietnam du sud. Le Vietnam du nord devient communiste sous le régime d’Hô Chi Minh. Ce dernier soutient le « Front national pour la libération du Vietnam (FNL) » qui était une force armée Vietnamienne à tendance communiste et nationaliste. Ce front de libération est également appelé Viêt-Cong par ses adversaires. Les Viêt-Congs sont donc toutes les personnes luttant aux côtés du FNL. Le Vietnam du sud, quant à lui, est dirigé par Ngo Dinh Diem qui s’est autoproclamé chef de cet état. Il est soutenu par les EtatsUnis qui veulent empêcher les élections de 1956, de peur de voir le communisme sortir victorieux des élections. Les Etats-Unis, par l’intermédiaire de Diem, tentent d’empêcher la progression des communistes dans le Vietnam du sud, mais ces derniers parviennent tout de même à s’implanter au sud. La guerre du Vietnam va alors discrètement commencer, et elle prendra au fil du temps de plus en plus d’ampleur. Vie des soldats américains au Vietnam 5 III. Qui étaient ces soldats et pourquoi se sont-ils engagés ? Le documentaire de Daniel costelle, images inconnues, précise que près de 2'500'000 hommes ont étés envoyés au Vietnam. De tous ces jeunes gens, 80% ne l’avaient pas choisi. Ils furent appelés pour effectuer leur tour of duty1. Ces jeunes, obligés de s’en aller n’attendaient en général qu’une chose, repartir. Le documentaire lettres du Vietnam nous montre comment les jeunes recrues comptent les jours jusqu’au DROM, date de retour d’outre-mer. Un soldat sur le point de rentrer décrit sa joie dans une lettre à sa famille : « Dans un avenir très proche, le soussigné sera à nouveau parmi vous. Déshydraté et découragé, il reprend sa place en tant qu’être humain dans un monde libre et juste. » Certains ne savent pas pourquoi ils sont là. Un américain écrit à sa famille : « Je ne comprends pas cette guerre. Je ne comprends pas la guerre en général. 2» Voyage au bout de l’enfer montre que les trois personnages ont une certaine appréhension à l’idée da partir au combat : « Hé Nick, tu crois qu’on en reviendra ? » demande Michael à son ami Nick. Ce dernier dit aussi : « Si jamais ça tournait mal, surtout ne me laisse pas là-bas. » Certains jeunes appelés à effectuer leur tour of duty réussirent à se soustraire à ce devoir, par exemple en faisant valoir le fait qu’ils étaient étudiants. D’autre détruisirent leurs papiers militaires. Voyage au bout de l’enfer raconte la vie de trois jeunes américains qui, ayant reçu leur ordre de marche, doivent partir au Vietnam. Il semble qu’il ne leur vienne pas à l’idée de fuir leur devoir. Ils sont considérés comme des héros avant de partir. Lors du mariage d’un des trois hommes, on peut lire sur une banderole décorative « Serving God and Country proudly3 ». Dans le documentaire lettres du Vietnam, le jeune soldat Jack explique : « Mais je préfère me battre et mourir pour la liberté que vivre dans l’oppression et la peur ». Dans le film Platoon, on comprend que le jeune américain Taylor s’est engagé pour le Vietnam sans l’approbation de ses parents. Taylor raconte : « Bien sûr papa et maman ne voulaient pas que je vienne ici. (…) ils m’ont poussé à la révolte avec leur monde mesquin ! Je ne demande qu’à (…) faire mon devoir pour mon pays !» A un certain moment, nous apprenons que Taylor vient d’une famille aisée. Peut-être ses parents ont-ils voulu user de leur argent pour éviter à Taylor d’effectuer son séjour obligatoire au Vietnam, et c’est pour cela qu’il s’est engagé, afin de se rebeller contre ses parents. Il semble aussi qu’il ait choisi de venir ici afin de prouver qu’il était capable de faire quelque chose de bien. « C’est peut être à partir de cette tourbe que je peux m’élever à nouveau » écrit Taylor dans une lettre à sa grand-mère. On peut donc en déduire, grâce à toutes ces informations, que ces soldats s’étaient fixé le but de servir leur patrie et de la protéger contre l’« Ennemi » durant leur temps de service. Age des soldats Ces soldats sont en général très jeunes. Ray raconte à ses parents : « On dirait que chaque jour un garçon est tué, 18, 19 ans, comme moi ! » Une infirmière sur place explique : « Ce sont des enfants ! 18, 19 ans. Leur vie est gâchée ! »Dans le film Outrages, un ami du personnage principal lui dit « C’est un gosse Eriksson, tout comme toi ! » Dans chaque film les soldats semblent être très jeunes. 1 Séjour obligatoire d’un an au Vietnam Dear America : Lettres du Vietnam 3 « Servir fièrement Dieu et sa patrie » 2 Vie des soldats américains au Vietnam 6 Nouvelles recrues Si l’on en croit les films Outrages et Platoon, les nouvelles recrues sont très peu estimées par leurs camarades. Les nouveaux venus semblent laissés de coté par tous, personne ne s’occupe d’eux. Le personnage principal de Platoon raconte son calvaire : « Personne ne me dit ce que je dois faire parce que je suis nouveau. Personne ne s’occupe des nouveaux, on ne veut même pas savoir leur nom. (…) La vie d’un nouveau ne vaut pas grand-chose parce qu’on n’a pas d’expérience. » Une scène du film Outrages met en scène une jeune recrue complètement perdue et tétanisée qui cherche à rester en compagnie des plus anciens, mais tous le rejettent. Il fini par marcher accidentellement sur une mine et meurt. Les documentaires ne mentionnent pas ce détail à propos des jeunes recrues, mais cela me semble plausible, bien que je ne pense pas que chaque soldat agissait avec un tel dédain envers les nouvelles recrues. Provenance Ils viennent d’horizons très divers, autant géographiquement que professionnellement. Dans le film Platoon, le personnage principal, Taylor, a fait des études. Dans une lettre à sa famille, il écrit lui-même : « La plupart d’entre eux viennent du plus bas niveau social. (…) deux ans de lycée au maximum et peut-être, si ils ont de la chance, un boulot dans une usine à leur retour. Mais le plus grand nombre n’a rien. » Les trois héros de Voyage au bout de l’enfer sont ouvriers sidérurgistes. Racisme Dans les quatre films, la distinction raciale est racontée de manière très différente. Dans le film Full Metal jacket, l’instructeur qui enseigne les nouvelles recrues affirme : « Aucun sectarisme racial ici ! » Et pourtant il attribue ironiquement à un homme de sa section ayant la peau noire le nom de blanche neige, ce qui prouve que cet instructeur fait bien une distinction entre noirs et blancs. Le film Platoon évoque brièvement la question lorsqu’un soldat noir répond à une insulte raciste en disant : « Dire qu’on se casse le cul pour les blancs ?! Y’a pas de justice ici ! » Daniel Costelle dans son documentaire images inconnues nous apprend qu’en 1969 (en plein cœur de la guerre) un tiers de l’infanterie est constituée de personnes ayant la peau noire alors qu’ils constituent un dixième seulement de la population américaine. Les soldats noirs au Vietnam auraient subit 30% de plus de pertes que les autres. En effet, ces soldats, n’ayant pas eu la chance d’être instruits comme le reste de la population, ont obtenu peu de postes dans les bureaux par exemple, ou ils auraient été beaucoup moins exposés. On en retrouve très peu dans l’aviation. Certains se considèrent comme la « chair à canon de l’Amérique4 ». L’infanterie est également composée d’une minorité mexicaine ou portoricaine, plus exposée elle aussi. 4 La guerre du Vietnam: images inconnues Vie des soldats américains au Vietnam 7 IV. Quelle personnalité avaient les soldats et quelles ont étés les modifications de cette personnalité au cours de la guerre. A l’arrivée « Dans leur immense majorité, les GI sont des braves types du middle-west ou du Mississippi. Ils préféreraient être là pour aider, soigner5 » explique Daniel Costelle dans son documentaire. Cette phrase montre que beaucoup de soldats n’étaient pas forcement favorables à cette guerre. Dans le film Outrages, au début de son séjour, le soldat Eriksson apprécie beaucoup la compagnie des enfants et des villageois et on le voit qui aide les vietnamiens au travail. Ce comportement est assez contradictoire avec celui d’autres soldats dans d’autres films, ces derniers montrant souvent les soldats comme des hommes endurcis et violents à l’égard de la population vietnamienne. Dépression « On a peur de la mort. On compte les jours jusqu’au départ6 » explique un soldat. Kevin raconte: « Je n’ai pas été blessé mais j’ai vu si souvent la mort et la destruction que j’ai vieilli. Je me sens comme un homme âgé. (…) J’ai peur, mais pas suffisamment pour renoncer. 7» L’impact psychologique de cette guerre sur les soldats est très important. Mais, si l’on se fie à la citation ci-dessus, pour le jeune Kevin le désir de protéger sa patrie est plus fort que la peur constante. Au bout d’un certain temps passé sur place au milieu des combats, certains hommes n’arrivent plus à s’exprimer par phrases complètes.8 Un soldat se confie dans une lettre : « Souvent je ne dors pas la nuit. Je ne peux plus être seul. (…) J’aimerais tenir ma tête entre mes deux mains et m’enfuir. Je suis creux, une coquille vide. 9» Cette phrase montre l’impact terrible qu’ont eu les combats, la guerre, sur le mental de ce soldat. Dans une autre lettre, un homme révèle ses sentiments : « J’aimerais tout jeter dans un coin et pleurer.10» Une scène du film Voyage au bout de l’enfer est très représentative de la pression qu’endurent les hommes sur place. Cette scène nous montre les trois amis soldats qui ont étés fait prisonniers par les Viêt-Cong. Ces derniers pratiquent la « roulette russe » afin d’interroger les soldats américains. Lorsque c’est au tour de Steve de se faire interroger, il supporte très mal la pression et se met à crier, à balbutier et à pleurer. Voyage au bout de l’enfer, Mike tentant de rassurer son ami Steve 5 La guerre du Vietnam: images inconnues Dear America : lettres du Vietnam 7 Dear America : lettres du Vietnam, lettre de Kevin 8 Dear America : lettres du Vietnam 9 Dear America : lettres du Vietnam, lettre de Johnny Doy 10 Dear America : lettres du Vietnam 6 Vie des soldats américains au Vietnam 8 Exactions pratiquées La vie sur place est éprouvante physiquement et psychologiquement. A tel point que certains agissent sans penser aux conséquences, et quelques uns commettent des actes qu’ils n’auraient jamais imaginé auparavant. Eriksson, héro du film Outrages, s’indigne du comportement de ses camarades : « Sous le prétexte que tout le monde peut y laisser sa peau à tout moment, tout le monde agit comme si tout était permis.11» Une scène de Full Metal jacket nous montre également la folie d’un soldat, mais ici, la recrue n’est pas encore sur le sol Vietnamien. Les Marines sont en camp d’entrainement avant de partir à la guerre. Déjà à l’entrainement, l’effort est intense et l’une des recrues ne supporte plus. Le jeune homme tue son sergent instructeur, avant de se suicider à l’aide de son fusil. Voici un autre exemple tiré du documentaire images inconnues : « Les mines, les pièges, les booby traps ont tué ou blessé les GI. Les autres, à bout de nerfs, ont exécuté tous les habitants de ce village12» explique un homme à la découverte d’un massacre dans un village. Tout au long de la 3ème partie du documentaire images inconnues, nous suivons le parcours d’un jeune soldat, Billy Brown, au Vietnam. Son histoire sert en fait de fil conducteur à tout ce qui nous est montré dans cette partie du documentaire. Billy Brown narre un épisode peu glorieux de son séjour à sa fiancée : « On était tous devenus complètement fous. Un jour on s’est acharné sur une pagode. Y’avait pas de raisons (…) mais il faut nous comprendre ! On se fait tirer dessus, on voit rien, il y a des copains qui meurent. On court après Charlie13 qu’on ne trouve jamais. » Ce même homme écrit : « Je suis mort ici. J’ai fait des choses que j’aurais pas dû faire, j’ai vu des choses que j’aurais pas dû voir. » La mort des camarades peut être un moteur puissant de la haine des américains envers les Viêt-Cong, ou les vietnamiens en général. Cet aspect nous est décrit dans le film Full Metal Jacket, pendant le combat final. A la fin du film Outrages, lors du jugement des soldats pour viol et meurtre, le soldat Clark affirme ne pas se sentir coupable des crimes qu’il a commis, ce qui exprime bien la haine profonde que ressent cet homme envers le peuple Vietnamien. Il n’a pas honte de son crime, et peut être est-ce parce qu’il rend les vietnamiens coupables, chaque vietnamien représente pour lui un ennemi potentiel. En effet, un de ses camarades se trouvant dans sa section s’est fait tuer par des Viêt-Congs. Un soldat raconte son étonnement à sa famille : « Le plus effrayant est la facilité qu’on a à tuer pendant la guerre. (…) On tue parce que l’autre fait son possible pour te tuer. 14» Folie Un aspect traité autant dans les films que dans les documentaires est le fait que certains soldats sombrent dans une sorte de folie. Une phrase du personnage principal du film Platoon résume bien la situation intérieure qu’un soldat devait éprouver au cœur des affrontements. « Jour après jour je lutte pour conserver non seulement mes forces mais aussi mon équilibre moral. (…) Je ne sais plus ce qui est bien et ce qui est mal. » Le documentaire images inconnues montre des soldats qui décorent un arbre de Noël avec des crânes humains, symbole de leur folie. 11 12 13 14 Outrages, Brian de Palma La guerre du Vietnam : images inconnues Nom de code utilisé par l’armée américaine pour « Viêt-Cong » Dear America : lettres du Vietnam Vie des soldats américains au Vietnam 9 Il semble que certains se plaisent au Vietnam. « Je suis heureux ici. On fait ce qu’on veut et personne ne vient te faire chier. L’emmerde, la seule, c’est qu’on risque d’être tué. 15» Un personnage interviewé dans le film Full Metal Jacket explique qu’il se plait à faire la guerre, il semble prendre plaisir à tirer sur les villageois. Je pense cependant que les soldats qui appréciaient la vie en temps de guerre au Vietnam étaient très peu nombreux. Retour au pays Le retour au pays après la guerre est dur. Ainsi, Voyage au bout de l’enfer montre le retour de Michael (un des personnages principaux) chez lui. On a préparé une fête en son honneur, mais il fait tout pour ne pas y assister. Peut être ne se sent-il pas à l’aise, ou alors n’a-t-il plus envie de faire la fête, après tout ce qu’il a enduré au Vietnam. Ce même personnage réagit très violemment lorsqu’un de ses amis sort un revolver de sa poche et feint de tirer sur son compagnon, alors que le revolver n’est pas chargé. Michael s’empare du revolver et le fait tourner comme à la roulette russe, ce qui ravive ses souvenirs de la guerre et de l’horreur du camp de prisonniers ViêtCong. Son passé au combat est encré en lui et il ne peut s’en débarrasser. Dans le même film, Steve, qui à été gravement blessé au combat, refuse de retourner chez lui et de reprendre une vie de famille normale car il ne se sent plus à sa place parmi ses proches. Outrages montre que le personnage Eriksson est torturé par ce qu’il a vu au Vietnam. Bien après le retour au pays il en rêve encore. Ces soldats américains ont étés profondément bouleversés par la guerre. Pour beaucoup, l’instinct de survie à pris le dessus durant ces mois passés au combat. La pression psychologique a modifié nombre de personnalités, et les souvenirs de la guerre s’effacent rarement, aussi abominables qu’ils soient. V. Vie réelle d’un soldat Entrainement avant le départ La première partie du film Full Metal Jacket nous montre comment étaient préparés les soldats. Les GI semblent presque endoctrinés durant cet entraînement de huit semaines. L’instructeur qui forme les jeunes recrues leur demande « C’est quoi notre métier mesdemoiselles ? » et tous répondent à l’unisson « Tuer ! Tuer ! Tuer ! » Le même instructeur dit à ses recrues qu’ils vont assister à un spectacle pour Noël et il explique : « L’aumônier va vous dire comment notre monde libre l’emportera sur le communisme, avec l’aide de Dieu et d’une poignée de marines. » 15 Platoon, Oliver stone, réplique de Bunny Vie des soldats américains au Vietnam 10 Full Metal Jacket, au camp d’entrainement L’entrainement physique est intense. Les jeunes recrues doivent renforcer leurs capacités physiques en faisant des pompes, abdominaux, marches, parcours. Ils sont réveillés à n’importe quelle heure de la nuit afin d’effectuer des exercices. Ils apprennent à obéir sans réfléchir et sont disciplinés à l’extrême. Ils apprennent également à utiliser leurs armes. Oliver Stone, le réalisateur de Platoon voulait que son film ressemble le plus possible à la réalité. C’est pourquoi il a décidé de recréer un camp d’entrainement pour les acteurs du film et il les a soumis à deux semaines d’entrainement intenses à la guerre afin de leur permettre de s’immerger totalement dans le quotidien d’un soldat. Le documentaire images inconnues nous montre qu’a leur arrivée au Vietnam, les soldats assistent à une séance de cinéma leur expliquant qui est l’ennemi et comment le reconnaître. Equipement du soldat américain et armes utilisées L’arme par excellence du soldat américain est le fusil. Voici une « prière » récitée par des marines dans le film Full Metal Jacket : « Mon fusil c’est mon vrai copain. Lui c’est ma vie. (…) Sans mon fusil je ne sers plus à rien. Mon fusil et moi-même sommes les défenseurs de ma patrie. » Dans le même film, l’instructeur du camp d’entraînement des marines explique « l’arme la plus destructrice au monde, c’est un marine et son fusil. » Comme je l’ai dit précédemment, Oliver Stone à tout mis en œuvre pour que Platoon soit le plus proche de la réalité possible. L’équipement des soldats américains, les armes utilisées, les décors, tout est quasiment semblable à ce que fût réellement la guerre du Vietnam. Les soldats du film Outrages sont équipés avec notamment des mitraillettes, un casque, une radio, un uniforme, des grenades à fragments et des fumigènes. Les soldats de Voyage au bout de l’enfer possèdent l’équipement normal eux aussi. Le documentaire lettres du Vietnam nous parle peu de l’équipement du soldat. On constate que certains se déplacent en jeep ou en hélicoptère. Un soldat décrit un départ en mission à sa famille : « J’ai juste emmené un rasoir et du savon. On a les vêtements qu’on porte et on les lave en traversant les rivières. » Le documentaire images inconnues, quant à lui, est riche d’informations concernant l’équipement à proprement dit du soldat, ainsi que l’aviation développée au cours de la guerre. Au tout début de la guerre, des gros bombardiers, vétérans de la 2ème guerre mondiale, sont utilisés. D’autres vieux avions sont utilisés. Ils sont percés d’ouvertures où sont installées des mitrailleuses et canons rotatifs, ce qui leurs octroie une cadence de tir très élevée. Puis, tous les avions chasseurs et les bombardiers sont mobilisés, car le gouvernement américain veut privilégier en Vie des soldats américains au Vietnam 11 premier lieu l’effort aérien. Des bombardiers géants (Boeing B-52) sont envoyés. Ils mettent en place des milliers de canons anti-aériens guidés par radar. Le char M48 Patton est très utilisé. Avec un canon de 90 millimètres tirant des obus incendiaires, il est analogue à un lance-flamme très puissant. Mais la plus connue est la mieux adaptée des armes est l’hélicoptère. On lui a donné une puissance de feu immense et il a été utilisé à une échelle encore inconnue avant la guerre du Vietnam. Daniel Costelle explique dans son documentaire : « L’hélicoptère c’est la mobilité extrême, dans l’attaque comme dans l’esquive. C’est le transport des charges les plus invraisemblables. (…) l’hélicoptère c’est le sauvetage des hommes, des machines, l’évacuation des blessés. » Une autre arme utilisée est le canon sans recul, qui tire des milliers de fléchettes d’acier en même temps. Des aéroglisseurs sont utilisés pour traverser les fleuves et rivières, et de petits bateaux patrouillent jour et nuit sur le Mékong. Ils sont appelés la « Brown navy », le terme « blue navy » étant réservé à la marine sur l’océan. Une des armes célèbres de cette guerre du Vietnam est le défoliant. C’est un herbicide très puissant. Cette arme chimique a été utilisée dès 1961. Le défoliant à été déversé sur de nombreuses forêts du Vietnam afin de repérer l’ennemi. «Charlie se cache dans la jungle, il n y a qu’a supprimer la jungle ! 16» Cet herbicide a dévasté environ un tiers des forêts du sud Vietnam. Mais le défoliant utilisé par le gouvernement américain est surtout célèbre car il est très toxique. Beaucoup de soldats américains ont étés contaminés par cette substance et 32 000 d’entre eux ont poursuivi l’armée américaine en justice pour les dommages que leur a causés cette arme. Une autre des armes très connues employée durant cette guerre est le napalm. Ayant le même but que le défoliant, le napalm a été utilisé très fréquemment en tant que bombe incendiaire. Les « douglas skyraiders », une sorte d’avion, transportaient d’énormes charges de napalm et les déversaient sur les régions voulues. Lors de l’impact, le napalm libérait une chaleur de 2000 degrés qui brûlait tout sur son passage. Le napalm a quelques fois été combiné au phosphore, ce qui rendait la substance encore plus puissante. A la fin du film Platoon, un avion largue du napalm au dessus d’une forêt. Cette scène ne semble pas vraiment réaliste car après le passage du napalm, la végétation semble avoir été peu touchée. Hors, il a été expliqué précédemment que le napalm détruisait presque tout sur son passage, ce qui ne « colle » pas avec la scène montrée dans le film. Cependant, ces techniques n’étaient pas aussi efficaces que l’aurait espéré le gouvernement. Ils créèrent alors des armes plus précises afin de repérer l’ennemi directement sur le terrain. Un fusil très sophistiqué, le « sniffer » fut élaboré. Il était censé être capable de « renifler » l’odeur d’excréments humains, afin de repérer si des ennemis se trouvaient à proximité. Des sondes qui situent les pas d’un homme furent placées dans les forêts et des capteurs infrarouges, localisant les sources de chaleur, furent développés. Mais le gouvernement est bientôt obligé d’engager l’armée américaine dans le conflit. C’est à ce moment que la guerre du Vietnam devient également une guerre dans laquelle l’infanterie est enrôlée. « Le dangereux métier de la guerre est désormais une affaire de fantassin : un homme et son fusil. » dit Daniel Costelle. L’équipement traditionnel du soldat américain s’appelle ALICE, ce sont les initiales anglaises de : équipement individuel léger. Cet équipement léger pèse en réalité 30 16 La guerre du Vietnam : images inconnues, Bill Couturié Vie des soldats américains au Vietnam 12 kilos. Il contient des munitions, des rations de nourriture, des outils, des vêtements, des pansements, le tout sur une armature de métal. Le soldat est également équipé d’un gilet par balle qui pèse à lui seul 5 kg. Il est composé de 23 plaques protectrices. Il doit également supporter de lourdes bandes de mitrailleuse, des grenades et une radio. Le casque est réglementaire afin de protéger chacun de blessures à la tête, mais il n’est de loin pas porté par tous. En effet, sous une chaleur de 40 degrés, le casque est difficile à supporter. Les soldats peuvent glisser sur leurs casques divers objets. La plupart ont un briquet et une minuscule bouteille en plastique qui contient de l’eau ou de l’essence. Full Metal Jacket, casque du personnage principal pourvu de munitions Tout comme dans le film Full Metal Jacket, on nous explique que l’arme principale du GI est le fusil M16. Ce fusil à la particularité d’avoir un tir très rapide. Il est également léger, grâce à l’utilisation du plastique. Mais il a, en tout cas au début, un gros défaut : il s’enraie souvent. Ce qui implique que lors d’un combat, le soldat ne peut plus rien faire, il ne peut plus tirer pour attaquer ou même se défendre. C’est pourquoi tous les soldats reçoivent des consignes de nettoyage rigoureuses des mécanismes délicats de l’arme. Des bombes à fragmentations sont utilisées. Elles projettent, en explosant, 600 billes, chaque bille contenant 300 dards d’acier. Il semble que certains soldats possèdent un lance-flamme. Combats Platoon se déroule essentiellement dans la jungle. Cette dernière nous est montrée comme un endroit chaud et humide ou les divers insectes s’attaquent aux soldats. Ces derniers croisent même un serpent. Au début du film, on assiste a une marche dans la jungle, et une jeune recrue est sujette un malaise, probablement du à l’effort physique, à la chaleur et à l’humidité étouffante. Lors de la traversée d’une rivière, une sangsue se colle à la peau d’un des personnages. Outrages nous montre la jungle de la même manière, un endroit broussailleux où on ne voit rien. Un soldat s’énerve en racontant : « On s’est tapé quoi ? Cinq, six heures de marche dans cette brousse (…) ? Et c’est cinq, six heures de serpents et d’araignées degueu ! » Dans le documentaire images inconnues, on apprend que la jungle s’étend sur des milliers de kilomètres carrés. Elle y est décrite comme dans les films. « La jungle c’est comme le brouillard, comme la nuit. On n’y voit pas à 20 centimètres. C’est tellement humide, on suffoque de chaleur. » Il y a des nuages de moustiques. Dans la jungle vietnamienne vivent 133 espèces de serpents, toutes venimeuses. Certaines sont très mortelles comme le crotale vert ou le cobra. C’est pourquoi les soldats transportent un petit revolver, afin de s’en débarrasser. Ils assistent à des cours spéciaux afin de savoir comment réagir s’ils se font attaquer par un serpent. Dans ce cas, l’infirmier de la compagnie essaie de sucer la blessure pour en faire sortir le venin et il pose un garrot, mais si l’hélicoptère d’évacuation du blessé n’arrive pas assez vite, le soldat succombe et personne ne peut rien faire. Vie des soldats américains au Vietnam 13 Les soldats doivent quelques fois traverser des marécages dégageant une odeur nauséabonde où il y a des sangsues. « Je hais les sangsues plus que le Viêt-Cong » raconte un jeune homme. Lorsqu’un homme a marché trop longtemps dans ces eaux marécageuses, il se peut qu’il attrape une maladie au pied. Celui-ci devient blanc et il saigne sans arrêt. Un homme résume assez bien l’enfer de la jungle dans une lettre: « Imagines-toi de l’herbe avec des cotés tranchants, haute de 4,5 mètres et si dense que la visibilité est de 1 mètre.17» On peut déduire que, à propos de l’équipement du soldat et de l’environnement dans lequel ces derniers évoluent, la fiction est assez proche de ce qui nous est montré dans les documentaires. Journée d’un soldat Le personnage principal du film Platoon résume sa journée ainsi : « On se lève à cinq heure du matin, on creuse des trous, on mange. Ensuite on désigne une patrouille de nuit ou un poste de trois hommes à l’écoute de la jungle. Si on est verni on reste dans le périmètre du campement la nuit et on se tape à son tour trois heures de garde. » L’effort physique lorsque les soldats sont en mission est intense, « Mes pieds étaient sur le point de péter, mon estomac souffrait de la faim et de diarrhée, mon dos était comme un miroir brisé en mille morceaux (…) 18» raconte un soldat. Lorsqu’une équipe va dans un village, ils doivent le fouiller de fond en comble. Chaque objet est retourné, même les tombes sont inspectées afin de trouver l’entrée d’une galerie Viêt-Cong. Une équipe de « tunnel rats », littéralement rats de tunnel, est envoyée dans les galeries Viêt-Cong. Cette équipe est constituée de quelques hommes courageux qui partent en expédition avec seulement un poignard, une lampe de poche et un colt 4519. Les soldats pratiquent régulièrement ce qu’ils appellent un « Zippo-raid ». Ils répandent de l’essence sur les maisons en paille suspectes et y mettent le feu grâce à leur Zippo20. On comprend que les soldats préfèrent rester au campement plutôt que d’aller dans la jungle. Voici une série de citations de soldats21. Un soldat écrit dans une lettre à ses proches : « Le jour, tout est calme. Les nuits sont l’enfer.» Mike, un autre soldat, explique : « L’ennemi dans notre région est fermier le jour et Viêt-Cong la nuit.» Il se peut que les soldats tombent dans une embuscade créée par les ennemis. Ainsi, durant une courte partie du film Voyage au bout de l’enfer, on voit le périple des trois personnages faits prisonniers par des Viêt-Congs. Les ennemis sont très violents avec leurs prisonniers et n’hésitent pas à les tuer. Il semble qu’il n’y ait aucun espoir de survivre dans cet endroit, et pourtant le documentaire images inconnues nous montre le contraire. En effet, on voit des prisonniers américains revenir sur le sol des USA à la fin de la guerre, ce qui prouve qu’ils ne sont pas morts dans ces « camps de prisonniers ». Il est expliqué dans ce même documentaire que de nombreux pilotes d’avions bombardés furent faits prisonniers dans ces goulags. Ils se sont éjectés de leur avion après avoir été touchés par l’ennemi, et les Viêt-Congs les ont accueillis à leur atterrissage afin de les faire prisonniers. Les soldats américains ont baptisé par dérision ces goulags « Hanoï Hilton ». Les soldats doivent constamment être sur leurs gardes, car Charlie leur tend de nombreux pièges. Ils peuvent tomber dans des trous creusés par l’ennemi, et au fond 17 18 19 20 21 Dear America : lettres du Vietnam Dear America : lettres du Vietnam Pistolet semi-automatique Briquet à essence Dear America : lettres du Vietnam Vie des soldats américains au Vietnam 14 de ces trous se trouvent des pics dont le bout est enduit d’excrément. Cela ne tuerait pas le soldat directement, mais une gangrène pourrait en découler, ce qui pourrait être mortel. De nombreuses mines sont également posées par les Viêt-Congs. Pour y faire face, les américains forment des chiens afin de les dépister, mais cette méthode n’est de loin pas infaillible. Les blessés Chacun des quatre films nous montre la même chose lorsqu’un soldat est blessé. Celui-ci reçoit les soins de premiers secours par le médecin de la section, puis le blessé est évacué par hélicoptère. Seul deux films nous montrent ce qu’il se passe par la suite pour les blessés. Le film Outrages nous montre les infirmeries de secteur. On constate que le matériel à disposition des médecins est relativement rudimentaire et que l’infirmerie est bondée de blessés graves. Voyage au bout de l’enfer décrit les hôpitaux se trouvant en ville. Un des personnages ayant été blessé, il se retrouve dans un hôpital à Saigon. Il est pris en charge par toute une série de médecins et infirmières. Cet hôpital semble être bien mieux équipé que l’hôpital de secteur, confortable, mais également bondé de soldats blessés. Dans ce même film, on voit également les hôpitaux aux USA, réservés aux blessés très graves qui sont dans l’incapacité de retourner au combat. On y retrouve un autre des personnages, Steve qui a été amputé des deux jambes. Le documentaire images inconnues explique qu’un hôpital mobile, l’ASH22, se déplace où il est appelé afin de soigner les blessés. Il est composé de nombreux médecins et chirurgiens. On voit dans ces documentaires la même chose que dans les films : les blessés reçoivent des soins de premiers secours et sont ensuite évacués par hélicoptère dans un hôpital. Si la blessure est trop grave, le soldat est renvoyé au pays. Les soldats reçoivent des soins de qualité dans les hôpitaux de ville ou en Amérique, mais dans les infirmeries de secteur, les soins qu’on leur prodigue sont très sommaires car il y a en général beaucoup de blessés et trop peu de personnel soignant. Le matériel y est également rudimentaire. Un soldat exprime sa lassitude en parlant de ses nombreux séjours à l’hôpital : « C’est le cinquième hosto que je vois. Je ne sais pas si je peux rentrer. 23» A la morgue, les corps sont identifiés grâce à la plaquette d’identification que chaque soldat porte autour du cou. Un code est mis en place pour désigner les hommes blessés, disparus ou morts. KIA veut dire « killed in action », ce qui signifie « tué au combat ». WIA veut dire « wounded in action », blessé au combat. Enfin, MIA, « missing in action », signifiant littéralement « perdu au combat », ce terme représente les disparus. Au bout d’un certain temps, les américains mettent en place une comptabilité quelque peu surprenante, le « body count 24», consistant à compter après chaque combat le nombre de décès du côté américain, mais aussi du côté Viêt-Cong. Confort, permissions, divertissements Les films ne nous apportent que peu d’informations à ce sujet. On s’aperçoit que dans Full Metal jacket, Outrages et Voyage au bout de l’enfer, les personnages sont, 22 23 24 ASH : mobile Army Surgery Hospital Dear America : lettres du Vietnam Body count: compte des corps Vie des soldats américains au Vietnam 15 durant quelques jours, en permission, ce qui veut dire qu’ils ont le droit de sortir du campement et ont quelques jours pour se reposer. Ils en profitent alors pour se rendre dans les grandes villes proches de leur campement afin de se changer les idées. Dans le documentaire lettres du Vietnam, on voit des jeunes soldats ainsi que des infirmières en permission au bord de la mer au Vietnam. Ils semblent être en vacances, ce qui contraste complètement avec la réalité qui les attend lorsqu’ils repartiront en mission. Le documentaire images inconnues nous parle du centre de repos de China Beach, prévu spécialement pour les soldats en permission. Paradoxalement, ce centre de repos se trouve à quelques centaines de mètres des Viêt-Congs. Il y est aussi expliqué que le gouvernement américain a essayé de rendre la vie des soldats plus agréable au Vietnam. Ils lancent par exemple l’opération « manger chaud ». Cette opération consistait à s’assurer que chaque soldat, même dans les postes les plus reculés, mange chaud et plus ou moins équilibré, quitte à transporter la nourriture par jeep ou hélicoptère. Cependant, beaucoup d’hommes mangent encore ce que l’on appelle des rations C : haricots et saucisses en boîtes. Une autre opération visait à confectionner un énorme gâteau d’anniversaire pour chaque compagnie afin que chaque homme puisse en avoir un morceau. Une usine de production d’ice-cream et de lait frais à également été mise sur pied et des milliers de bœufs ont étés abattus dans le but de procurer de la viande fraîche aux hommes. Des moyens sont mis en place afin de divertir quelque peu les soldats. Ainsi, le célèbre acteur John Wayne a rendu visite à de nombreux soldats pour les féliciter et les encourager. A Noël, de nombreux hommes ont le privilège de pouvoir assister au spectacle de Bob Hope, un acteur et humoriste très apprécié. La nourriture fournie par l’armée est évoquée lors d’une conversation entre deux soldats dans Outrages : « Haricots et riz. L’armée ne nous étonnera jamais ! » Un des grands ennemis du soldat américain moyen est l’ennui. Tous essaient de lutter du mieux qu’ils peuvent contre l’ennui. En effet, seulement 1% des opérations amènent à un contact avec l’ennemi, explique Daniel Costelle dans son documentaire. Il raconte: « Les américains s’enfoncent dans une sorte de quête crépusculaire d’un ennemi qui s’évanouit dans la jungle pour frapper ailleurs. » Un homme interviewé raconte que, pour lui, le plus difficile est de ne pas savoir ou se trouve l’ennemi25. Le manque d’action, de « distractions » est également évoqué dans Full Metal Jacket. Un des personnages, déçu du calme persistant qui règne dans la région où il se trouve, s’exclame : « Je veux aller la où ça canarde. Je voudrais bien me servir de mon flingue ! » Un de ses camarades, souffrant également de l’ennui, explique : « Le combat, faut que j’y retourne. J’ai pas entendu aboyer un flingue depuis des semaines. » Ces remarques peuvent s’expliquer par le fait que, comme il est expliqué précédemment, durant cette guerre, les ennemis se cachent et surviennent lorsqu’on s’y attend le moins. L’attente peut être très pesante, tandis que lors d’un combat, les soldats savent où se trouvent les ennemis. Un personnage du film Outrages dit « Je vais là-bas me payer des tronches. Je vais pas louper cette distraction ! » Il fait cette réflexion lorsqu’il voit que ces camarades vont devoir tirer sur des suspects. Si l’on en croit cette réplique, il semble que tuer ou être pris dans un combat est une distraction, ce qui est contraire à ce que nous 25 Dear America : lettres du Vietnam Vie des soldats américains au Vietnam 16 montrent les documentaires, qui eux tendent à dire que les soldats préfèrent rester et attendre plutôt que de se battre et de risquer la mort. Fatigue et lassitude des soldats « Une nouvelle guerre se dessine : guerre d’usure, ou les Américains vont s’user plus que l’ennemi. » explique Daniel Costelle26. Effectivement, les soldats sont las de cette guerre, la situation morale des combattants se dégrade. Le « fragging » fait son apparition et devient de plus en plus fréquent au fil du temps. Cette pratique consiste à tuer un officier gênant qui mènerait son équipe au combat. Pour commettre cet attentat, un soldat place une bombe à fragmentation (d’où le nom fragging) à proximité de l’officier visé afin qu’il périsse. Mille attentats de ce genre ont étés commis, dont une centaine se sont révélés mortels. On remarque aussi dans quelques films que certains soldats n’attendent que de repartir. L’un dit à son camarade : « J’attends qu’on me renvoie au pays de l’oncle Sam27 ! »28 Un autre soldat, désireux de retourner au pays explique qu’il ne peut plus marcher, ses pieds étant gonflés et cloqués. Il a en réalité vaporisé de l’insecticide sur ses pieds afin de pouvoir s’en aller29. VI. À quoi se raccrochaient les soldats pour survivre dans l’enfer de la guerre ? Camaraderie Full Metal Jacket évoque la notion de camaraderie dans deux scènes. La première se déroule au début du film. Au camp d’entraînement, un des soldats à beaucoup de difficultés à accomplir ce qu’on lui demande. C’est pourquoi une autre recrue, plus douée, prend le jeune homme sous son aile afin de l’aider durant les dernières semaines. On pourrait tout de même se poser la question, en voyant ce moment, si cette jeune recrue agissait par obligation ou par compassion. La deuxième scène évoquant la camaraderie est, pour sa part, plus claire. C’est une des dernières scènes du film. Une compagnie à été prise dans une embuscade, et un soldat se fait grièvement blesser en avançant afin de repérer les tirs ennemis. Tous les camarades du soldat se dévouent pour aller le récupérer, tout en sachant qu’ils risquent eux aussi leur vie. La camaraderie est très présente dans le film Voyage au bout de l’enfer. On voit qu’elle est même, pour certains, vitale. Un des personnages, Michael, soutient moralement et physiquement son ami Steve durant une grande partie de leur séjour au Vietnam. Il le réconforte et le console lorsque Steve commence à « craquer », la pression psychologique étant trop forte. Il le porte en marchant, Steve s’étant brisé les jambes. Plus tard dans l’histoire, le même personnage de retour aux USA, 26 27 28 29 La guerre du Vietnam : images inconnues Expression familière qui désigne les Etats-Unis Full Metal jacket, Stanley Kubrick Platoon, Oliver Stone Vie des soldats américains au Vietnam 17 Michael, décide de repartir chercher son ami Nick, resté au Vietnam. Il met sa vie en danger afin de faire revenir son camarade. Le film Outrages nous montre aussi une camaraderie assez présente entre les soldats. On peut le constater grâce à une des premières scènes du film se déroulant au Vietnam. La jeune recrue Eriksson est prise au piège dans un trou, une galerie ennemie s’étant partiellement effondrée sous les pieds du soldat. Son supérieur n’hésite pas à risquer sa vie pour aller le chercher. On constate également que la perte d’un camarade est difficile et très mal vécue par toute l’équipe. Bars, Prostitution La prostitution est également évoquée plusieurs fois dans Full Metal Jacket et il semble que tous les soldats y aient déjà eu recours afin de passer le temps et de se distraire. Lettres du Vietnam mentionne également la prostitution « À Saigon on dépense notre argent pour des femmes et de la bière. On a désespérément besoin d’amour. » Cette phrase montre que la situation morale et affective des soldats est désastreuse. On voit aussi des images montrant des soldats dans des bars, entourés de prostituées. Un soldat explique : « Leur âge préféré est de 21 à 23 ans. » Le documentaire images inconnues parle aussi de la prostitution, mais sous un autre angle. Le narrateur nous explique qu’à un certain moment, les soldats sont mis en garde par rapport à la prostitution par un film explicatif. Il y est dit « Où il y a des filles, il y a du danger. » Il est probable que les soldats ont ainsi été mis en garde pour éviter la propagation de MST. Voyage au bout de l’enfer l’évoque pendant un court moment. Un des trois personnages principaux se fait proposer ses services par une prostituée, et le soldat, peu convaincu au départ, fini par céder. Pourtant, il semble que cette distraction ne suffise pas à lui changer les idées, au contraire il repense encore plus à sa patrie natale. Il finit par s’en aller, trop préoccupé pour réussir à se distraire. Un autre moyen de se « changer les idées » utilisé par les soldats à été narré dans ce film. Cette distraction consiste en des jeux d’argent. Dans ce film, l’accent est mis sur les paris faits lors d’un jeu aussi étrange que dangereux, la roulette russe. Deux concurrents s’affrontent, les deux armés d’un revolver. Le public doit parier sur celui qui sortira vivant du duel. Il semble que ce jeu brassait des sommes d’argent considérables, mais la version du film nous pousse à penser que ce jeu était peu apprécié des soldats. En effet, sur toutes les personnes participantes, un seul est un soldat américain. Tous les autres sont des civils Vietnamiens. Voyage au bout de l’enfer, combat de roulette russe Vie des soldats américains au Vietnam 18 Drogue et alcool Dans le film Outrages, on assiste à une scène où de nombreux soldats fument de la marijuana, et ces soldats semblent êtres tout à fait heureux, ne pensant plus du tout à la guerre. À un autre moment, les soldats, complètement dépités par le fait qu’ils ne peuvent pas sortir en ville, noient leur ennui dans l’alcool. Le film Platoon met plutôt l’accent sur la drogue comme moyen d’« évasion ». Le héros de l’histoire, Taylor, est initié au joint par ses camarades. Voici une courte conversation qui nous aidera à comprendre ce que ressent Taylor après avoir pris de cette substance : « Tu te sens bien ? » lui demande son camarade. « Oui je me sens heureux, j’ai plus mal au cou. » répond Taylor. Il semblerait donc que le fait de fumer procurait aux soldats non seulement une sensation de bien-être, mais en plus leurs maux étaient atténués. Cependant, tous les soldats ne sont pas du même avis : « Il me semble que…Que tu ne vois plus les différences parce que tu te shoot tout le temps ! » explique un soldat à son ami. Un officier réprimande ses hommes en leur disant: « Vous fumez cette saleté pour échapper à la réalité ! » Le problème de la drogue est largement développé dans le documentaire images inconnues. On y apprend que le gouvernement américain à d’abord plus ou moins laissé faire car, au début, seule la marijuana était consommée à grande échelle, mais les hommes se tenaient « tranquilles ». Lors des dernières années de la guerre, la consommation d’héroïne par les soldats est devenue plus fréquente, et bien plus nocive que la consommation de marijuana. Au combat, les hommes ayant consommé de la drogue devenaient un véritable danger. Ils attiraient l’attention des ennemis et mettaient en péril la vie de leur camarade et la leur. Le trafic d’héroïne était couvert, et parfois même organisé, par les ministres sud-vietnamiens qui s’enrichissaient rapidement grâce à ça. Les employés civils vietnamiens passaient la drogue par sacs entiers. Elle était en vente quasiment libre au marché. On pouvait acheter des seringues sur les étals aussi facilement que des légumes. Les dealers ne se cachaient presque pas et proposaient leur substance à de nombreux soldats. La poudre blanche qu’ils offraient était pure à 90%, ce qui est un pourcentage astronomique si l’on compare avec l’héroïne que l’on trouve aux Etats-Unis, pure à 2 %. Il paraîtrait que plus d’un tiers des hommes ayant servis au Vietnam auraient touché à l’héroïne et environ 100'000 hommes sont restés toxicomanes de retour aux USA. La guerre du Vietnam a largement contribué à l’importation de l’héroïne sur le sol des Etats-Unis. Religion, espoir de retour, famille Le besoin de se confier à quelqu’un est exprimé lors d’une scène du film Outrages. Le protagoniste se confie à un de ses amis, puis à un aumônier, quelque temps après le viol et le meurtre de la jeune vietnamienne par son sergent et ses camarades. Platoon aborde le fait que certains soldats sont très attachés à la religion, leur espoir de rester en vie réside là. Il nous montre également le besoin de rester en contact avec les proches. Durant tout le film, le personnage principal entretien une correspondance avec sa grand-mère, moyen de rester en contact avec son ancienne vie, sa famille, son chez-soi. Le film présente aussi l’espoir de retourner au pays comme quelque chose qui aide les combattants. « La seule chose qui compte c’est de partir entier ! » explique un soldat à Taylor. Il est rapidement question de religion dans le documentaire images inconnues comme moyen de ne pas céder à la pression et de sombrer. Il est expliqué que pratiquement tous les soldats vont à la messe, même les juifs car « Dans les coups durs, Dieu vous protège. » Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les soldats avaient probablement besoin de se sentir protégés d’une certaine manière. Vie des soldats américains au Vietnam 19 Dans le documentaire lettres du Vietnam, on retrouve plusieurs fois le besoin de se confier ou le besoin de rester en contact avec sa famille, son pays, au travers des lettres. En voici quelques exemples : « Je dois écrire sinon je deviens fou. » « C’est beau de pouvoir se confier. » « Que ma journée soit bonne ou pas dépend du fait qu’une lettre arrive. » Cette citation montre que, dans le cas de ce soldat, le contact avec l’extérieur est très important et a une grande incidence sur l’état d’esprit et le moral de ce soldat. Les films et les documentaires nous décrivent à peu près la même chose en ce qui concerne la question « à quoi se raccrochaient les soldats pour survivre ? ». Cependant, je trouve que les films minimisent beaucoup le fait que la drogue était très présente durant cette guerre. Le problème de l’héroïne n’est jamais abordé, seule la marijuana et l’alcool sont évoqués. Quels étaient les idéaux des soldats avant la guerre et quelles ont été leurs déceptions VII. Je n’ai retenu qu’une réplique dans le film Full Metal Jacket qui pourrait s’apparenter à un idéal. Cette réplique est proclamée par un colonel désireux d’encourager des soldats. « Nous aiderons le peuple vietnamien parce qu’au fond de tout viet nous savons qu’un américain est prêt à se réveiller. » Cet homme espère que de plus en plus de vietnamiens rallient les USA dans leur combat contre le communisme. Voici une discussion entre deux soldats, suite à la mort de deux de leurs camarades : «-En tout cas, ils sont morts pour une bonne cause. -Ah oui ? Et laquelle ? -La liberté. -Tu crois que c’est pour la liberté qu’on bute du Viet ? » Le deuxième personnage n’est visiblement pas du même avis que le premier. Selon son point de vue, la guerre qu’ils sont en train de mener ne sert pas à libérer quiconque d’une quelconque oppression. L’ingratitude de nombreux vietnamiens semble également être une cause de déception. Un soldat raconte dans une interview : « Je sais pas moi ! On se fait tuer pour ces vietnamiens et ils sont même pas reconnaissants ! » Cette réplique contraste nettement avec celle mentionnée plus haut, comme quoi chaque vietnamien est susceptible d’entrer dans les rangs américains. Le film Platoon met en avant les déceptions des soldats, il n’y est pas, ou peu, fait mention d’un quelconque idéal avant la guerre. Pour le personnage principal, Taylor, les contraintes physiques et psychologiques sont éprouvantes et le pousse à regretter son engagement dans l’armée. « Quelqu’un à écrit un jour : "L’enfer c’est la suppression de la raison." C’est l’impression que me donne ce pays. L’enfer. » Il dit aussi : « Je ne crois pas que je réussirai à tenir un an. J’ai fait une bêtise en venant ici. » Taylor est très déçu du comportement de certains de ses camarades qui se Vie des soldats américains au Vietnam 20 permettent tout et n’importe quoi. « Vous êtes des bêtes, tous autant que vous êtes (…)! » s’exclame-t-il après avoir sauvé une jeune villageoise d’une tentative de viol de la part d’autres soldats. Un autre combattant s’indigne du comportement violent de son supérieur face à des villageois. « Moi je pense qu’un chrétien n’occupe pas un village en coupant des têtes ! Cette saloperie ça s’excuse pas. Ca me paraît qu’il perd son contrôle. » En effet, le supérieur de ce jeune soldat vient d’exécuter sans raison un paysan "suspect". «- Barns croit profondément à cette guerre. -Et vous, vous y croyez ? -En 65, oui. Aujourd’hui, non (…) Pour nous cette guerre est perdue. » Ce dialogue entre deux personnages dans le film Platoon représente assez bien l’état d’esprit de nombreux soldats à ce moment-là. Le temps passe, et la guerre semble ne jamais prendre fin. Découragés, les hommes ne croient plus en la victoire. Ils se rendent compte que l’Amérique invincible n’était qu’une illusion. Le film Outrages nous parle essentiellement d’un soldat, horrifié et déçu par le comportement de ses camarades. Selon ce personnage, la guerre pousse les hommes à commettre des abus. « Cette saloperie est en train de nous tourner la tête.» explique le soldat Eriksson. Il est d’autant plus déçu par leur comportement violent qu’il pensait être venu sur place afin d’aider les vietnamiens dans le besoin. Voyage au bout de l’enfer nous montre que ces jeunes américains qui partent au Vietnam sont vus comme des héros par leur entourage. La scène finale de ce film exprime clairement la déception des soldats ayant combattu au Vietnam, mais aussi la déception des amis et de la famille. Cette scène se déroule après l’enterrement d’un des jeunes américains, mort au Vietnam. Tous ses amis se retrouvent dans un restaurant. Ils entonnent l’hymne américain d’une voix extrêmement triste. Cette scène dégage une tristesse immense est une déception visible face à cette guerre du Vietnam qui leur à pris leur ami. Le documentaire lettres du Vietnam mentionne quelques idéaux de soldats. « Quelques enfants traînent, les uns sont orphelins. Ils me font pitié (...). J’espère que c’est une des raisons pour lesquelles on se trouve là. Pour leur assurer un avenir. » Ce soldat pense avoir été envoyé sur place afin de venir en aide à la population. Certains sont pessimistes, ou plutôt réalistes. Ils n’ont pas d’idéaux par rapport à cette guerre. « Ca m’est égal de partir. Mais il y en a qui n’y arriveront pas. Je crois qu’ils ne survivront pas » dit Bob dans une lettre à son père. Un autre s’étonne de ce pessimisme : « Un des fait les plus surprenants est que la plupart des hommes pensent que nous ne gagneront pas. » Le documentaire images inconnues mentionne le fait que le rêve de nombreux soldats est d’épouser une infirmière américaine qu’il aurait rencontrée sur place, au Vietnam. Voici plusieurs citations provenant du documentaire lettres du Vietnam. Un jeune soldat raconte la première fois qu’un de ses camarades est décédé : « Ca m’a beaucoup touché. (...) Il a été le premier cadavre que j’aie jamais vu, et parce qu’il était mon ami, je n’ai pas supporté. Je me suis assis dehors et j’ai pleuré. Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie. » Vie des soldats américains au Vietnam 21 Le soldat Phil proteste après la mort d’un camarade : «Ils diront qu’il est mort pour sa patrie. (...) Non. Nous luttons, mourons pour un peuple qui ne veut pas de nous.» Phil est profondément déçu et révolté car il ne comprend pas pourquoi ils se battent, alors que les Vietnamiens semblent ne pas vouloir de leur aide. Sandy, blessé de guerre, attend avec impatience que le général vienne lui remettre une décoration militaire, mais lorsque ce moment arrive, il est déçu. « Tout compte fait, ça a été un spectacle épouvantable, mais c’est la routine ! » Plusieurs soldats ont été déçus du comportement de nombreux américains, aux EtatsUnis, vers la fin de la guerre. En effet, un vent de révolte soufflait sur les USA et beaucoup de citoyens américains se sont révoltés contre la guerre du Vietnam, ce qui fut particulièrement dur pour les soldats combattants au Vietnam. Un soldat écrivit à l’éditeur d’un journal américain après avoir lu une publication sur la mort de deux jeunes étudiants qui manifestaient contre la guerre. « Pourquoi ne criez-vous pas, ne pleurez-vous pas plus de 40'000 américains, des hommes courageux, sans crainte, fidèles qui ont sacrifié leur vie ? (...) On n’est pas à la recherche d’éloges. Nous demandons juste le soutien de notre pays pour terminer la guerre. 30» Le documentaire images inconnues nous raconte la déception d’un soldat de retour au pays à la fin de son service. Le jeune homme est bouleversé de constater que de plus en plus d’américains s’opposent à cette guerre. Dégoûté de la réaction ingrate de son pays, il retourne au Vietnam afin de se battre à nouveau. Dans l’ensemble, les films et les documentaires se ressemblent lorsqu’il s’agit de la question des idéaux et déceptions des soldats. Certains nous parlent de l’ingratitude des vietnamiens ou de celle des américains. D’autres mentionnent la déception face au comportement des camarades ou l’envie de retourner chez soi, en Amérique. La douleur face à la mort d’un camarade est également souvent racontée. VIII. Conclusion Les soldats américains qui ont combattu durant la guerre du Vietnam venaient tous d’horizons différents. Ils étaient pour la plupart très jeunes. Certains étaient volontaires pour aller se battre pour leur patrie, mais la plupart de ces hommes furent obligés d’effectuer leur service d’un an, sans qu’ils en aient forcément le désir. Beaucoup de soldats ne savaient même pas réellement pourquoi cette guerre avait lieu. Sur les points énumérés ci-dessus, les documentaires et les films s’accordent à dire plus ou moins la même chose. La distinction raciale est présente dans les fictions, mais elle est plus transmise par l’image que par la parole. Les documentaires nous expliquent clairement que la distinction raciale était présente, et que les minorités (noires, mexicaines,…) étaient défavorisées. 30 Lettres du Vietnam Vie des soldats américains au Vietnam 22 En ce qui concerne les modifications de personnalité des soldats, tous les films s’accordent sur le fait que la guerre laisse de lourdes séquelles dans la personnalité de chaque combattant. Certains deviennent plus facilement irritables, d’autres perdent leur assurance et s’effraient de tout. Un point souvent montré dans les films est l’attitude qu’ont les soldats en temps de guerre. Selon les fictions, l’instinct de survie prend souvent le dessus en temps de guerre, et les soldats peuvent commettre des actes graves avec une facilité effrayante. Les documentaires nous exposent la même chose, mais insistent plus sur l’instabilité psychologique qui s’ensuit de ce temps passé au combat. Ils nous montrent se que ressentent les soldats, leurs angoisses, les traumatismes qui vont laisser des séquelles dans leur vie de retour au pays. L’équipement du soldat, la façon dont se déroulaient les journées, les combats, les soins apportés aux blessés, les armes utilisées, tout est à peu près similaire dans les fictions et dans les documentaires. Cependant, un aspect n’a pas du tout été développé dans les films. Il s’agit des permissions des soldats ainsi que de l’effort qui a été fourni par les Etats-Unis pour améliorer le quotidien des soldats. Cet aspect était probablement peu intéressant à raconter et les efforts fournis pour rendre le quotidien des hommes meilleur sont tellement minimes par rapport aux ravages que la guerre à causé qu’il ne valait peut être pas la peine de les mettre en scène. Les films et les documentaires sont identiques à propos des moyens utilisés par les soldats pour survivre dans la réalité de cette guerre, mais le développement du marché de l’héroïne et l’impact de cette dernière sont minimisés dans les films. Beaucoup utilisaient la drogue ou l’alcool pour s’évader de leur quotidien. Certains se distrayaient lors des permissions et grâce à la prostitution. Les films et documentaires nous parlent peu des idéaux des hommes avant de partir au Vietnam. Quelques-uns évoquent rapidement le fait que certains soldats espèrent avoir été envoyés sur place afin d’aider la population. La perte d’espoir que les USA gagnent la guerre est racontée plus ou moins explicitement dans chaque fiction et chaque documentaire. J’ai rapidement noté une différence entre les films et les documentaires au sujet des déceptions. Dans les fictions, il semble que les soldats sont déçus lorsqu’il n’y a rien à faire. Cependant, les documentaires paraissent montrer le contraire : la majorité des hommes préfèrent rester à ne rien faire plutôt que de risquer leur vie sous les feux ennemis. L’indignation de certains soldats face au comportement honteux de leurs camarades est narrée uniquement dans les films, les documentaires n’en parlent pas. Cependant, je ne doute pas que certains aient pu être choqués par leurs collègues. Dans l’ensemble, les fictions sont relativement proches des documentaires, et ces derniers paraissent être une description assez bien faite de la réalité de la guerre du Vietnam. Cependant, il est probable que de nombreuses choses ont été modifiées, romancées ou même cachées, autant dans les films que dans les documentaires. Je pense, en effet, que chaque réalisateur déforme un peu la réalité, même si il essaie de donner un point de vue objectif. Chaque long métrage reste une mise en scène et ne reflétera donc jamais l’absolue vérité. C’est pourquoi l’ensemble de ces fictions et documentaires nous laissent un grand témoignage de ce que fut la guerre du Vietnam, bien que quelque peu déformé. Vie des soldats américains au Vietnam 23 IX. Bibliographie: Cimino, Voyage au bout de l’enfer (the Deer hunter), USA 1978 De Palma Brian, Outrages, 1989 Kubrick Stanley, Full Metal Jacket, Angleterre 1987 Stone Oliver, Platoon, 1986 Costelle Daniel, La Guerre du Vietnam : images inconnues, images libérées dès 1988 Couturié Bill, Dear America : lettres du Vietnam, USA 1988 FERAY Pierre-Richard, Le Vietnam, Paris : PUF(QSJ), 2001 (1984) http://festival-woodstock.over-blog.net/article-15589581.html http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-16363746.html www.wikipedia.org