vie des soldats américains au Vietnam

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vie des soldats américains au Vietnam
Vie des soldats américains au Vietnam
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Tables des matières
I.
Introduction................................................................................3
II.
Contexte historique....................................................................4
III.
Qui étaient ces soldats et pourquoi se sont-ils engagés ............5
IV.
Quelle personnalité avaient les soldats et quelles ont étés les
modifications de cette personnalité au cours de la guerre.........7
V.
Vie réelle d’un soldat................................................................9
VI.
A quoi se raccrochaient les soldats pour survivre dans l’enfer
de la guerre...............................................................................16
VII. Quels étaient les idéaux des soldats avant la guerre et quelles
ont étés leurs déceptions..........................................................19
VIII. Conclusion...............................................................................21
IX.
Bibliographie............................................................................23
Vie des soldats américains au Vietnam
2
Résumé
Ce travail de maturité à pour but de décrire le quotidien d’un soldat américain durant
la guerre du Vietnam, et ce à partir d’informations trouvées dans divers films et
documentaires. Les informations trouvées dans les films seront ensuite comparées à
celles trouvées dans les documentaires.
Je vais commencer par un bref historique de la guerre du Vietnam. Ce travail sera
ensuite divisé en cinq thèmes différents. Je vais d’abord traiter la question du statut
social des soldats et des raisons pour lesquelles ils se sont engagés. Ensuite, je vais
parler de la personnalité de ces soldats et des modifications que la guerre à
provoquées sur leur personnalité. Le sujet suivant est la vie réelle du soldat américain
durant la guerre. Ce sujet est le plus vaste de tous. Il englobe en effet de nombreux
thèmes tels que les combats, les soins apporté aux blessés, l’armement, les
permissions. Vient ensuite la question « à quoi se raccrochaient les soldats pour
survivre dans l’enfer de la guerre ? » Cette thématique nous expose les moyens
utilisés par les soldats pour s’évader de leur quotidien pénible. Le dernier thème
abordé sera les idéaux des soldats avant la guerre et les déceptions de ces hommes
tout au long de leur séjour.
La procédure que j’ai utilisée pour réunir toutes ses informations est la suivante : j’ai
visionné chaque film et chaque documentaire en prenant note de toutes les
informations se référant aux cinq thèmes mentionnés plus haut.
De ce travail sont ressorties les conclusions suivantes :
Les soldats américains qui ont combattu au Vietnam étaient pour la plupart très
jeunes (dix-huit à dix-neuf ans) et venaient d’horizons tout à fait divers. La plupart
n’avaient pas choisi de venir combattre au Vietnam mais ils furent contraints
d’effectuer leur service d’un an.
La guerre a causé de nombreuses modifications dans la personnalité des ces jeunes
hommes. Elle a laissé de lourdes séquelles que les soldats vont devoir supporter tout
le reste de leur vie.
Pour le thème de la vie réelle du soldat, je me suis beaucoup basée sur les
informations trouvées dans les documentaires qui étaient plus complètes et détaillées
que dans les films.
De nombreux moyens ont étés utilisés par les soldats afin d’adoucir quelque peu leur
quotidien, comme les permissions, la religion, la fréquentation de prostituées, mais
aussi l’héroïne. Au cours de la guerre, le marché de cette « poudre blanche » a pris
des proportions énormes. Sa vente et sa consommation était fréquente, bien
qu’illégale.
Les idéaux des soldats avant de partir sont peu nombreux. En revanche, beaucoup ont
étés déçus par leurs camarades, par la façon dont se terminait cette guerre ou, plus
généralement, par la nation américaine.
Les films et les documentaires apportent globalement les mêmes informations à
propos de cette guerre du Vietnam et ils constituent un témoignage considérable de
ce qu’elle à été. On ne peut cependant se fier totalement à ces longs métrages. Je
pense en effet qu’il n’est pas possible de donner une image parfaite de la réalité de
cette guerre, chaque réalisateur influençant sa production par sa vision des choses et
l’idée qu’il veut transmettre.
Vie des soldats américains au Vietnam
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I. Introduction :
La guerre du Vietnam est un sujet qui a beaucoup fait parler de lui. Elle fut très
médiatisée et de nombreux journalistes ont ramené des clichés de ce qui se déroulait
sur le sol Vietnamien, et ces images ont souvent choqué beaucoup d’américains. Elle
fut par la suite abondamment critiquée, particulièrement aux Etats-Unis, lors de la
célèbre révolution sociale de mai 1968. Des personnes du monde entier se sont
opposées à cette guerre durant cette période, notamment par des marches et
manifestations. Nous connaissons cette guerre au travers de nombreux films qui ont
eu, pour la plupart, un succès important. Ce succès est probablement dû à la
médiatisation qui à été faite de cette guerre et aux nombreuses révoltes qui l’ont
accompagnée.
Un hippie face aux armes de l’armée
De nombreux aspects de cette guerre ont été narrés au travers de ces films et
documentaires. Par exemple : la vie quotidienne d’un vietnamien, le combat, la vie
des vétérans américains de retour au pays, la vie quotidienne des soldats américains
sur place. Au cours de ce travail, je vais me pencher sur cette dernière
problématique : quelle était la vie du soldat américain au Vietnam ?
Je vais aborder ce sujet au travers de différents thèmes :
- Qui étaient ces soldats et pourquoi se sont-ils engagés ?
- Quelle type de personnalité avaient-ils et quelles ont été les modifications de leur
personnalité au cours de cette dernière ?
- Quel était le quotidien d’un soldat ? Comment se déroulaient les combats, quel
équipement possédaient-ils, comment les blessés étaient-ils soignés ?
- A quoi se raccrochaient les soldats pour survivre dans l’enfer de la guerre ?
- Quels étaient leurs idéaux avant la guerre, et quelles ont été leurs déceptions après ?
Etant donné que chaque réalisateur a voulu transmettre sa vision des choses, chaque
version est différente. Je vais donc essayer de comparer des documentaires, crées sur
la base de lettres authentiques de soldats et d’images d’archives américaine, à des
films très connus.
Je vais traiter quatre de ces films :
-Voyage au bout de l’enfer du réalisateur américain Michael Cimino.
-Outrages du réalisateur Brian De Palma, cinéaste américain d’origine italienne.
-Full Metal Jacket du réalisateur américain Stanley Kubrick.
-Platoon du réalisateur américain Oliver Stone
Je vais également parler de deux documentaires :
-La Guerre du Vietnam : images inconnues du documentariste français Daniel
Costelle
-Dear America : lettres du Vietnam du producteur américain Bill Couturié
La plupart de ces longs métrages ont été produits par des réalisateurs américains. En
effet, il existe peu de films ayant étés crées par des réalisateurs Vietnamiens. On peut
Vie des soldats américains au Vietnam
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donc en déduire que l’histoire qui nous est décrite dans ces films n’est pas toujours
racontée d’un point de vue objectif.
II. Contexte historique :
Avant de développer certains aspects de la guerre du Vietnam, je vais faire un bref
rappel des diverses causes qui ont conduit à cette guerre, en commençant par la
guerre froide.
La guerre froide oppose les Etats-Unis et leurs alliés à l’URSS et ses alliés. Les
causes de cette guerre sont principalement les deux idéologies totalement opposées
de ces puissances. Les Etats-Unis, qui possèdent un système démocratique, sont très
hostiles au système communiste mis en place par l’URSS et veulent éviter
l’extension de ce système. L’URSS prévoit d’attaquer le Japon en août 1945 si celuici n’a pas encore capitulé, mais les russes sont devancés par les USA qui larguent
deux bombes atomiques, le 6 et 9 août, sur les villes de Hiroshima et Nagasaki. En
Septembre 1946, les Etats-Unis déclarent être en train de construire un sous-marin
atomique, et c’est ainsi que la course aux armements commence. Cette guerre n’est
en fait pas une guerre « chaude » ou les hommes s’affrontent face à face, sur le
terrain. Chacune des deux puissances essaye d’asseoir son influence en intervenant
dans divers conflits ou en aidant des pays affaiblis par la 2ème guerre mondiale. Les
Etats-Unis vont offrir une aide de 12 milliards de dollars à l’Europe occidentale, pour
la reconstruction de l’après-guerre. L’URSS refuse cette aide pour elle et tous ses
pays colonisés. Les Etats-Unis et d’autres nations Européennes établissent en 1949
l’OTAN, un traité qui a pour but la protection des pays occidentaux après la 2ème
guerre mondiale. La plupart des états du bloc soviétique signent ensuite le pacte de
Varsovie dans le but d’agir comme contrepoids à l’OTAN. De cette guerre froide
naîtra aussi la conquête de l’espace, autre forme de concurrence entre les Etats-Unis
et l’URSS.
En juin 1954 au Vietnam, les accords de Genève sont mis en vigueur afin de marquer
officiellement la fin de la guerre d’Indochine entre la France et l’Indochine, et le
retrait des troupes françaises dans cette région. Ces accords incluent notamment la
séparation du pays en deux parties, le Vietnam du nord et le Vietnam du sud. Le
Vietnam du nord devient communiste sous le régime d’Hô Chi Minh. Ce dernier
soutient le « Front national pour la libération du Vietnam (FNL) » qui était une force
armée Vietnamienne à tendance communiste et nationaliste. Ce front de libération est
également appelé Viêt-Cong par ses adversaires. Les Viêt-Congs sont donc toutes les
personnes luttant aux côtés du FNL. Le Vietnam du sud, quant à lui, est dirigé par
Ngo Dinh Diem qui s’est autoproclamé chef de cet état. Il est soutenu par les EtatsUnis qui veulent empêcher les élections de 1956, de peur de voir le communisme
sortir victorieux des élections. Les Etats-Unis, par l’intermédiaire de Diem, tentent
d’empêcher la progression des communistes dans le Vietnam du sud, mais ces
derniers parviennent tout de même à s’implanter au sud. La guerre du Vietnam va
alors discrètement commencer, et elle prendra au fil du temps de plus en plus
d’ampleur.
Vie des soldats américains au Vietnam
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III. Qui étaient ces soldats et pourquoi se sont-ils engagés ?
Le documentaire de Daniel costelle, images inconnues, précise que près de 2'500'000
hommes ont étés envoyés au Vietnam. De tous ces jeunes gens, 80% ne l’avaient pas
choisi. Ils furent appelés pour effectuer leur tour of duty1. Ces jeunes, obligés de s’en
aller n’attendaient en général qu’une chose, repartir. Le documentaire lettres du
Vietnam nous montre comment les jeunes recrues comptent les jours jusqu’au
DROM, date de retour d’outre-mer. Un soldat sur le point de rentrer décrit sa joie
dans une lettre à sa famille : « Dans un avenir très proche, le soussigné sera à
nouveau parmi vous. Déshydraté et découragé, il reprend sa place en tant qu’être
humain dans un monde libre et juste. » Certains ne savent pas pourquoi ils sont là.
Un américain écrit à sa famille : « Je ne comprends pas cette guerre. Je ne comprends
pas la guerre en général. 2» Voyage au bout de l’enfer montre que les trois
personnages ont une certaine appréhension à l’idée da partir au combat : « Hé Nick,
tu crois qu’on en reviendra ? » demande Michael à son ami Nick. Ce dernier dit
aussi : « Si jamais ça tournait mal, surtout ne me laisse pas là-bas. »
Certains jeunes appelés à effectuer leur tour of duty réussirent à se soustraire à ce
devoir, par exemple en faisant valoir le fait qu’ils étaient étudiants. D’autre
détruisirent leurs papiers militaires. Voyage au bout de l’enfer raconte la vie de trois
jeunes américains qui, ayant reçu leur ordre de marche, doivent partir au Vietnam. Il
semble qu’il ne leur vienne pas à l’idée de fuir leur devoir. Ils sont considérés
comme des héros avant de partir. Lors du mariage d’un des trois hommes, on peut
lire sur une banderole décorative « Serving God and Country proudly3 ».
Dans le documentaire lettres du Vietnam, le jeune soldat Jack explique : « Mais je
préfère me battre et mourir pour la liberté que vivre dans l’oppression et la peur ».
Dans le film Platoon, on comprend que le jeune américain Taylor s’est engagé pour
le Vietnam sans l’approbation de ses parents. Taylor raconte : « Bien sûr papa et
maman ne voulaient pas que je vienne ici. (…) ils m’ont poussé à la révolte avec leur
monde mesquin ! Je ne demande qu’à (…) faire mon devoir pour mon pays !» A un
certain moment, nous apprenons que Taylor vient d’une famille aisée. Peut-être ses
parents ont-ils voulu user de leur argent pour éviter à Taylor d’effectuer son séjour
obligatoire au Vietnam, et c’est pour cela qu’il s’est engagé, afin de se rebeller contre
ses parents. Il semble aussi qu’il ait choisi de venir ici afin de prouver qu’il était
capable de faire quelque chose de bien. « C’est peut être à partir de cette tourbe que
je peux m’élever à nouveau » écrit Taylor dans une lettre à sa grand-mère.
On peut donc en déduire, grâce à toutes ces informations, que ces soldats s’étaient
fixé le but de servir leur patrie et de la protéger contre l’« Ennemi » durant leur
temps de service.
Age des soldats
Ces soldats sont en général très jeunes. Ray raconte à ses parents : « On dirait que
chaque jour un garçon est tué, 18, 19 ans, comme moi ! » Une infirmière sur place
explique : « Ce sont des enfants ! 18, 19 ans. Leur vie est gâchée ! »Dans le film
Outrages, un ami du personnage principal lui dit « C’est un gosse Eriksson, tout
comme toi ! » Dans chaque film les soldats semblent être très jeunes.
1
Séjour obligatoire d’un an au Vietnam
Dear America : Lettres du Vietnam
3
« Servir fièrement Dieu et sa patrie »
2
Vie des soldats américains au Vietnam
6
Nouvelles recrues
Si l’on en croit les films Outrages et Platoon, les nouvelles recrues sont très peu
estimées par leurs camarades. Les nouveaux venus semblent laissés de coté par tous,
personne ne s’occupe d’eux. Le personnage principal de Platoon raconte son
calvaire : « Personne ne me dit ce que je dois faire parce que je suis nouveau.
Personne ne s’occupe des nouveaux, on ne veut même pas savoir leur nom. (…) La
vie d’un nouveau ne vaut pas grand-chose parce qu’on n’a pas d’expérience. »
Une scène du film Outrages met en scène une jeune recrue complètement perdue et
tétanisée qui cherche à rester en compagnie des plus anciens, mais tous le rejettent. Il
fini par marcher accidentellement sur une mine et meurt.
Les documentaires ne mentionnent pas ce détail à propos des jeunes recrues, mais
cela me semble plausible, bien que je ne pense pas que chaque soldat agissait avec un
tel dédain envers les nouvelles recrues.
Provenance
Ils viennent d’horizons très divers, autant géographiquement que
professionnellement. Dans le film Platoon, le personnage principal, Taylor, a fait des
études. Dans une lettre à sa famille, il écrit lui-même : « La plupart d’entre eux
viennent du plus bas niveau social. (…) deux ans de lycée au maximum et peut-être,
si ils ont de la chance, un boulot dans une usine à leur retour. Mais le plus grand
nombre n’a rien. » Les trois héros de Voyage au bout de l’enfer sont ouvriers
sidérurgistes.
Racisme
Dans les quatre films, la distinction raciale est racontée de manière très différente.
Dans le film Full Metal jacket, l’instructeur qui enseigne les nouvelles recrues
affirme : « Aucun sectarisme racial ici ! » Et pourtant il attribue ironiquement à un
homme de sa section ayant la peau noire le nom de blanche neige, ce qui prouve que
cet instructeur fait bien une distinction entre noirs et blancs.
Le film Platoon évoque brièvement la question lorsqu’un soldat noir répond à une
insulte raciste en disant : « Dire qu’on se casse le cul pour les blancs ?! Y’a pas de
justice ici ! »
Daniel Costelle dans son documentaire images inconnues nous apprend qu’en 1969
(en plein cœur de la guerre) un tiers de l’infanterie est constituée de personnes ayant
la peau noire alors qu’ils constituent un dixième seulement de la population
américaine.
Les soldats noirs au Vietnam auraient subit 30% de plus de pertes que les autres. En
effet, ces soldats, n’ayant pas eu la chance d’être instruits comme le reste de la
population, ont obtenu peu de postes dans les bureaux par exemple, ou ils auraient
été beaucoup moins exposés. On en retrouve très peu dans l’aviation. Certains se
considèrent comme la « chair à canon de l’Amérique4 ». L’infanterie est également
composée d’une minorité mexicaine ou portoricaine, plus exposée elle aussi.
4
La guerre du Vietnam: images inconnues
Vie des soldats américains au Vietnam
7
IV. Quelle personnalité avaient les soldats et quelles ont étés les
modifications de cette personnalité au cours de la guerre.
A l’arrivée
« Dans leur immense majorité, les GI sont des braves types du middle-west ou du
Mississippi. Ils préféreraient être là pour aider, soigner5 » explique Daniel Costelle
dans son documentaire. Cette phrase montre que beaucoup de soldats n’étaient pas
forcement favorables à cette guerre. Dans le film Outrages, au début de son séjour, le
soldat Eriksson apprécie beaucoup la compagnie des enfants et des villageois et on le
voit qui aide les vietnamiens au travail. Ce comportement est assez contradictoire
avec celui d’autres soldats dans d’autres films, ces derniers montrant souvent les
soldats comme des hommes endurcis et violents à l’égard de la population
vietnamienne.
Dépression
« On a peur de la mort. On compte les jours jusqu’au départ6 » explique un soldat.
Kevin raconte: « Je n’ai pas été blessé mais j’ai vu si souvent la mort et la destruction
que j’ai vieilli. Je me sens comme un homme âgé. (…) J’ai peur, mais pas
suffisamment pour renoncer. 7» L’impact psychologique de cette guerre sur les
soldats est très important. Mais, si l’on se fie à la citation ci-dessus, pour le jeune
Kevin le désir de protéger sa patrie est plus fort que la peur constante.
Au bout d’un certain temps passé sur place au milieu des combats, certains hommes
n’arrivent plus à s’exprimer par phrases complètes.8 Un soldat se confie dans une
lettre : « Souvent je ne dors pas la nuit. Je ne peux plus être seul. (…) J’aimerais tenir
ma tête entre mes deux mains et m’enfuir. Je suis creux, une coquille vide. 9» Cette
phrase montre l’impact terrible qu’ont eu les combats, la guerre, sur le mental de ce
soldat.
Dans une autre lettre, un homme révèle ses sentiments : « J’aimerais tout jeter dans
un coin et pleurer.10»
Une scène du film Voyage au bout de l’enfer est très représentative de la pression
qu’endurent les hommes sur place. Cette scène nous montre les trois amis soldats qui
ont étés fait prisonniers par les Viêt-Cong. Ces derniers pratiquent la « roulette
russe » afin d’interroger les soldats américains. Lorsque c’est au tour de Steve de se
faire interroger, il supporte très mal la pression et se met à crier, à balbutier et à
pleurer.
Voyage au bout de l’enfer, Mike tentant de rassurer son ami Steve
5
La guerre du Vietnam: images inconnues
Dear America : lettres du Vietnam
7
Dear America : lettres du Vietnam, lettre de Kevin
8
Dear America : lettres du Vietnam
9
Dear America : lettres du Vietnam, lettre de Johnny Doy
10
Dear America : lettres du Vietnam
6
Vie des soldats américains au Vietnam
8
Exactions pratiquées
La vie sur place est éprouvante physiquement et psychologiquement. A tel point que
certains agissent sans penser aux conséquences, et quelques uns commettent des
actes qu’ils n’auraient jamais imaginé auparavant.
Eriksson, héro du film Outrages, s’indigne du comportement de ses camarades :
« Sous le prétexte que tout le monde peut y laisser sa peau à tout moment, tout le
monde agit comme si tout était permis.11»
Une scène de Full Metal jacket nous montre également la folie d’un soldat, mais ici,
la recrue n’est pas encore sur le sol Vietnamien. Les Marines sont en camp
d’entrainement avant de partir à la guerre. Déjà à l’entrainement, l’effort est intense
et l’une des recrues ne supporte plus. Le jeune homme tue son sergent instructeur,
avant de se suicider à l’aide de son fusil.
Voici un autre exemple tiré du documentaire images inconnues : « Les mines, les
pièges, les booby traps ont tué ou blessé les GI. Les autres, à bout de nerfs, ont
exécuté tous les habitants de ce village12» explique un homme à la découverte d’un
massacre dans un village.
Tout au long de la 3ème partie du documentaire images inconnues, nous suivons le
parcours d’un jeune soldat, Billy Brown, au Vietnam. Son histoire sert en fait de fil
conducteur à tout ce qui nous est montré dans cette partie du documentaire. Billy
Brown narre un épisode peu glorieux de son séjour à sa fiancée : « On était tous
devenus complètement fous. Un jour on s’est acharné sur une pagode. Y’avait pas de
raisons (…) mais il faut nous comprendre ! On se fait tirer dessus, on voit rien, il y a
des copains qui meurent. On court après Charlie13 qu’on ne trouve jamais. » Ce
même homme écrit : « Je suis mort ici. J’ai fait des choses que j’aurais pas dû faire,
j’ai vu des choses que j’aurais pas dû voir. »
La mort des camarades peut être un moteur puissant de la haine des américains
envers les Viêt-Cong, ou les vietnamiens en général. Cet aspect nous est décrit dans
le film Full Metal Jacket, pendant le combat final.
A la fin du film Outrages, lors du jugement des soldats pour viol et meurtre, le soldat
Clark affirme ne pas se sentir coupable des crimes qu’il a commis, ce qui exprime
bien la haine profonde que ressent cet homme envers le peuple Vietnamien. Il n’a pas
honte de son crime, et peut être est-ce parce qu’il rend les vietnamiens coupables,
chaque vietnamien représente pour lui un ennemi potentiel. En effet, un de ses
camarades se trouvant dans sa section s’est fait tuer par des Viêt-Congs.
Un soldat raconte son étonnement à sa famille : « Le plus effrayant est la facilité
qu’on a à tuer pendant la guerre. (…) On tue parce que l’autre fait son possible pour
te tuer. 14»
Folie
Un aspect traité autant dans les films que dans les documentaires est le fait que
certains soldats sombrent dans une sorte de folie. Une phrase du personnage principal
du film Platoon résume bien la situation intérieure qu’un soldat devait éprouver au
cœur des affrontements. « Jour après jour je lutte pour conserver non seulement mes
forces mais aussi mon équilibre moral. (…) Je ne sais plus ce qui est bien et ce qui
est mal. » Le documentaire images inconnues montre des soldats qui décorent un
arbre de Noël avec des crânes humains, symbole de leur folie.
11
12
13
14
Outrages, Brian de Palma
La guerre du Vietnam : images inconnues
Nom de code utilisé par l’armée américaine pour « Viêt-Cong »
Dear America : lettres du Vietnam
Vie des soldats américains au Vietnam
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Il semble que certains se plaisent au Vietnam. « Je suis heureux ici. On fait ce qu’on
veut et personne ne vient te faire chier. L’emmerde, la seule, c’est qu’on risque d’être
tué. 15» Un personnage interviewé dans le film Full Metal Jacket explique qu’il se
plait à faire la guerre, il semble prendre plaisir à tirer sur les villageois. Je pense
cependant que les soldats qui appréciaient la vie en temps de guerre au Vietnam
étaient très peu nombreux.
Retour au pays
Le retour au pays après la guerre est dur. Ainsi, Voyage au bout de l’enfer montre le
retour de Michael (un des personnages principaux) chez lui. On a préparé une fête en
son honneur, mais il fait tout pour ne pas y assister. Peut être ne se sent-il pas à
l’aise, ou alors n’a-t-il plus envie de faire la fête, après tout ce qu’il a enduré au
Vietnam. Ce même personnage réagit très violemment lorsqu’un de ses amis sort un
revolver de sa poche et feint de tirer sur son compagnon, alors que le revolver n’est
pas chargé. Michael s’empare du revolver et le fait tourner comme à la roulette russe,
ce qui ravive ses souvenirs de la guerre et de l’horreur du camp de prisonniers ViêtCong. Son passé au combat est encré en lui et il ne peut s’en débarrasser.
Dans le même film, Steve, qui à été gravement blessé au combat, refuse de retourner
chez lui et de reprendre une vie de famille normale car il ne se sent plus à sa place
parmi ses proches.
Outrages montre que le personnage Eriksson est torturé par ce qu’il a vu au Vietnam.
Bien après le retour au pays il en rêve encore.
Ces soldats américains ont étés profondément bouleversés par la guerre. Pour
beaucoup, l’instinct de survie à pris le dessus durant ces mois passés au combat. La
pression psychologique a modifié nombre de personnalités, et les souvenirs de la
guerre s’effacent rarement, aussi abominables qu’ils soient.
V. Vie réelle d’un soldat
Entrainement avant le départ
La première partie du film Full Metal Jacket nous montre comment étaient préparés
les soldats. Les GI semblent presque endoctrinés durant cet entraînement de huit
semaines. L’instructeur qui forme les jeunes recrues leur demande « C’est quoi notre
métier mesdemoiselles ? » et tous répondent à l’unisson « Tuer ! Tuer ! Tuer ! » Le
même instructeur dit à ses recrues qu’ils vont assister à un spectacle pour Noël et il
explique : « L’aumônier va vous dire comment notre monde libre l’emportera sur le
communisme, avec l’aide de Dieu et d’une poignée de marines. »
15
Platoon, Oliver stone, réplique de Bunny
Vie des soldats américains au Vietnam
10
Full Metal Jacket, au camp d’entrainement
L’entrainement physique est intense. Les jeunes recrues doivent renforcer leurs
capacités physiques en faisant des pompes, abdominaux, marches, parcours. Ils sont
réveillés à n’importe quelle heure de la nuit afin d’effectuer des exercices. Ils
apprennent à obéir sans réfléchir et sont disciplinés à l’extrême. Ils apprennent
également à utiliser leurs armes.
Oliver Stone, le réalisateur de Platoon voulait que son film ressemble le plus
possible à la réalité. C’est pourquoi il a décidé de recréer un camp d’entrainement
pour les acteurs du film et il les a soumis à deux semaines d’entrainement intenses à
la guerre afin de leur permettre de s’immerger totalement dans le quotidien d’un
soldat.
Le documentaire images inconnues nous montre qu’a leur arrivée au Vietnam, les
soldats assistent à une séance de cinéma leur expliquant qui est l’ennemi et comment
le reconnaître.
Equipement du soldat américain et armes utilisées
L’arme par excellence du soldat américain est le fusil. Voici une « prière » récitée
par des marines dans le film Full Metal Jacket : « Mon fusil c’est mon vrai copain.
Lui c’est ma vie. (…) Sans mon fusil je ne sers plus à rien. Mon fusil et moi-même
sommes les défenseurs de ma patrie. » Dans le même film, l’instructeur du camp
d’entraînement des marines explique « l’arme la plus destructrice au monde, c’est un
marine et son fusil. »
Comme je l’ai dit précédemment, Oliver Stone à tout mis en œuvre pour que Platoon
soit le plus proche de la réalité possible. L’équipement des soldats américains, les
armes utilisées, les décors, tout est quasiment semblable à ce que fût réellement la
guerre du Vietnam.
Les soldats du film Outrages sont équipés avec notamment des mitraillettes, un
casque, une radio, un uniforme, des grenades à fragments et des fumigènes.
Les soldats de Voyage au bout de l’enfer possèdent l’équipement normal eux aussi.
Le documentaire lettres du Vietnam nous parle peu de l’équipement du soldat. On
constate que certains se déplacent en jeep ou en hélicoptère. Un soldat décrit un
départ en mission à sa famille : « J’ai juste emmené un rasoir et du savon. On a les
vêtements qu’on porte et on les lave en traversant les rivières. »
Le documentaire images inconnues, quant à lui, est riche d’informations concernant
l’équipement à proprement dit du soldat, ainsi que l’aviation développée au cours de
la guerre. Au tout début de la guerre, des gros bombardiers, vétérans de la 2ème guerre
mondiale, sont utilisés. D’autres vieux avions sont utilisés. Ils sont percés
d’ouvertures où sont installées des mitrailleuses et canons rotatifs, ce qui leurs
octroie une cadence de tir très élevée. Puis, tous les avions chasseurs et les
bombardiers sont mobilisés, car le gouvernement américain veut privilégier en
Vie des soldats américains au Vietnam
11
premier lieu l’effort aérien. Des bombardiers géants (Boeing B-52) sont envoyés. Ils
mettent en place des milliers de canons anti-aériens guidés par radar. Le char M48
Patton est très utilisé. Avec un canon de 90 millimètres tirant des obus incendiaires,
il est analogue à un lance-flamme très puissant.
Mais la plus connue est la mieux adaptée des armes est l’hélicoptère. On lui a donné
une puissance de feu immense et il a été utilisé à une échelle encore inconnue avant
la guerre du Vietnam. Daniel Costelle explique dans son documentaire :
« L’hélicoptère c’est la mobilité extrême, dans l’attaque comme dans l’esquive. C’est
le transport des charges les plus invraisemblables. (…) l’hélicoptère c’est le
sauvetage des hommes, des machines, l’évacuation des blessés. » Une autre arme
utilisée est le canon sans recul, qui tire des milliers de fléchettes d’acier en même
temps. Des aéroglisseurs sont utilisés pour traverser les fleuves et rivières, et de
petits bateaux patrouillent jour et nuit sur le Mékong. Ils sont appelés la « Brown
navy », le terme « blue navy » étant réservé à la marine sur l’océan.
Une des armes célèbres de cette guerre du Vietnam est le défoliant. C’est un
herbicide très puissant. Cette arme chimique a été utilisée dès 1961. Le défoliant à
été déversé sur de nombreuses forêts du Vietnam afin de repérer l’ennemi. «Charlie
se cache dans la jungle, il n y a qu’a supprimer la jungle ! 16» Cet herbicide a dévasté
environ un tiers des forêts du sud Vietnam. Mais le défoliant utilisé par le
gouvernement américain est surtout célèbre car il est très toxique. Beaucoup de
soldats américains ont étés contaminés par cette substance et 32 000 d’entre eux ont
poursuivi l’armée américaine en justice pour les dommages que leur a causés cette
arme.
Une autre des armes très connues employée durant cette guerre est le napalm. Ayant
le même but que le défoliant, le napalm a été utilisé très fréquemment en tant que
bombe incendiaire. Les « douglas skyraiders », une sorte d’avion, transportaient
d’énormes charges de napalm et les déversaient sur les régions voulues. Lors de
l’impact, le napalm libérait une chaleur de 2000 degrés qui brûlait tout sur son
passage. Le napalm a quelques fois été combiné au phosphore, ce qui rendait la
substance encore plus puissante. A la fin du film Platoon, un avion largue du napalm
au dessus d’une forêt. Cette scène ne semble pas vraiment réaliste car après le
passage du napalm, la végétation semble avoir été peu touchée. Hors, il a été
expliqué précédemment que le napalm détruisait presque tout sur son passage, ce qui
ne « colle » pas avec la scène montrée dans le film.
Cependant, ces techniques n’étaient pas aussi efficaces que l’aurait espéré le
gouvernement. Ils créèrent alors des armes plus précises afin de repérer l’ennemi
directement sur le terrain. Un fusil très sophistiqué, le « sniffer » fut élaboré. Il était
censé être capable de « renifler » l’odeur d’excréments humains, afin de repérer si
des ennemis se trouvaient à proximité. Des sondes qui situent les pas d’un homme
furent placées dans les forêts et des capteurs infrarouges, localisant les sources de
chaleur, furent développés.
Mais le gouvernement est bientôt obligé d’engager l’armée américaine dans le
conflit. C’est à ce moment que la guerre du Vietnam devient également une guerre
dans laquelle l’infanterie est enrôlée. « Le dangereux métier de la guerre est
désormais une affaire de fantassin : un homme et son fusil. » dit Daniel Costelle.
L’équipement traditionnel du soldat américain s’appelle ALICE, ce sont les initiales
anglaises de : équipement individuel léger. Cet équipement léger pèse en réalité 30
16
La guerre du Vietnam : images inconnues, Bill Couturié
Vie des soldats américains au Vietnam
12
kilos. Il contient des munitions, des rations de nourriture, des outils, des vêtements,
des pansements, le tout sur une armature de métal. Le soldat est également équipé
d’un gilet par balle qui pèse à lui seul 5 kg. Il est composé de 23 plaques protectrices.
Il doit également supporter de lourdes bandes de mitrailleuse, des grenades et une
radio. Le casque est réglementaire afin de protéger chacun de blessures à la tête, mais
il n’est de loin pas porté par tous. En effet, sous une chaleur de 40 degrés, le casque
est difficile à supporter. Les soldats peuvent glisser sur leurs casques divers objets.
La plupart ont un briquet et une minuscule bouteille en plastique qui contient de
l’eau ou de l’essence.
Full Metal Jacket, casque du personnage principal pourvu de munitions
Tout comme dans le film Full Metal Jacket, on nous explique que l’arme principale
du GI est le fusil M16. Ce fusil à la particularité d’avoir un tir très rapide. Il est
également léger, grâce à l’utilisation du plastique. Mais il a, en tout cas au début, un
gros défaut : il s’enraie souvent. Ce qui implique que lors d’un combat, le soldat ne
peut plus rien faire, il ne peut plus tirer pour attaquer ou même se défendre. C’est
pourquoi tous les soldats reçoivent des consignes de nettoyage rigoureuses des
mécanismes délicats de l’arme. Des bombes à fragmentations sont utilisées. Elles
projettent, en explosant, 600 billes, chaque bille contenant 300 dards d’acier. Il
semble que certains soldats possèdent un lance-flamme.
Combats
Platoon se déroule essentiellement dans la jungle. Cette dernière nous est montrée
comme un endroit chaud et humide ou les divers insectes s’attaquent aux soldats. Ces
derniers croisent même un serpent. Au début du film, on assiste a une marche dans la
jungle, et une jeune recrue est sujette un malaise, probablement du à l’effort
physique, à la chaleur et à l’humidité étouffante. Lors de la traversée d’une rivière,
une sangsue se colle à la peau d’un des personnages.
Outrages nous montre la jungle de la même manière, un endroit broussailleux où on
ne voit rien. Un soldat s’énerve en racontant : « On s’est tapé quoi ? Cinq, six heures
de marche dans cette brousse (…) ? Et c’est cinq, six heures de serpents et
d’araignées degueu ! »
Dans le documentaire images inconnues, on apprend que la jungle s’étend sur des
milliers de kilomètres carrés. Elle y est décrite comme dans les films. « La jungle
c’est comme le brouillard, comme la nuit. On n’y voit pas à 20 centimètres. C’est
tellement humide, on suffoque de chaleur. » Il y a des nuages de moustiques. Dans la
jungle vietnamienne vivent 133 espèces de serpents, toutes venimeuses. Certaines
sont très mortelles comme le crotale vert ou le cobra. C’est pourquoi les soldats
transportent un petit revolver, afin de s’en débarrasser. Ils assistent à des cours
spéciaux afin de savoir comment réagir s’ils se font attaquer par un serpent. Dans ce
cas, l’infirmier de la compagnie essaie de sucer la blessure pour en faire sortir le
venin et il pose un garrot, mais si l’hélicoptère d’évacuation du blessé n’arrive pas
assez vite, le soldat succombe et personne ne peut rien faire.
Vie des soldats américains au Vietnam
13
Les soldats doivent quelques fois traverser des marécages dégageant une odeur
nauséabonde où il y a des sangsues. « Je hais les sangsues plus que le Viêt-Cong »
raconte un jeune homme. Lorsqu’un homme a marché trop longtemps dans ces eaux
marécageuses, il se peut qu’il attrape une maladie au pied. Celui-ci devient blanc et il
saigne sans arrêt. Un homme résume assez bien l’enfer de la jungle dans une
lettre: « Imagines-toi de l’herbe avec des cotés tranchants, haute de 4,5 mètres et si
dense que la visibilité est de 1 mètre.17» On peut déduire que, à propos de
l’équipement du soldat et de l’environnement dans lequel ces derniers évoluent, la
fiction est assez proche de ce qui nous est montré dans les documentaires.
Journée d’un soldat
Le personnage principal du film Platoon résume sa journée ainsi : « On se lève à
cinq heure du matin, on creuse des trous, on mange. Ensuite on désigne une
patrouille de nuit ou un poste de trois hommes à l’écoute de la jungle. Si on est verni
on reste dans le périmètre du campement la nuit et on se tape à son tour trois heures
de garde. »
L’effort physique lorsque les soldats sont en mission est intense, « Mes pieds étaient
sur le point de péter, mon estomac souffrait de la faim et de diarrhée, mon dos était
comme un miroir brisé en mille morceaux (…) 18» raconte un soldat.
Lorsqu’une équipe va dans un village, ils doivent le fouiller de fond en comble.
Chaque objet est retourné, même les tombes sont inspectées afin de trouver l’entrée
d’une galerie Viêt-Cong. Une équipe de « tunnel rats », littéralement rats de tunnel,
est envoyée dans les galeries Viêt-Cong. Cette équipe est constituée de quelques
hommes courageux qui partent en expédition avec seulement un poignard, une lampe
de poche et un colt 4519. Les soldats pratiquent régulièrement ce qu’ils appellent un
« Zippo-raid ». Ils répandent de l’essence sur les maisons en paille suspectes et y
mettent le feu grâce à leur Zippo20.
On comprend que les soldats préfèrent rester au campement plutôt que d’aller dans la
jungle. Voici une série de citations de soldats21. Un soldat écrit dans une lettre à ses
proches : « Le jour, tout est calme. Les nuits sont l’enfer.» Mike, un autre soldat,
explique : « L’ennemi dans notre région est fermier le jour et Viêt-Cong la nuit.»
Il se peut que les soldats tombent dans une embuscade créée par les ennemis. Ainsi,
durant une courte partie du film Voyage au bout de l’enfer, on voit le périple des trois
personnages faits prisonniers par des Viêt-Congs. Les ennemis sont très violents avec
leurs prisonniers et n’hésitent pas à les tuer. Il semble qu’il n’y ait aucun espoir de
survivre dans cet endroit, et pourtant le documentaire images inconnues nous montre
le contraire. En effet, on voit des prisonniers américains revenir sur le sol des USA à
la fin de la guerre, ce qui prouve qu’ils ne sont pas morts dans ces « camps de
prisonniers ». Il est expliqué dans ce même documentaire que de nombreux pilotes
d’avions bombardés furent faits prisonniers dans ces goulags. Ils se sont éjectés de
leur avion après avoir été touchés par l’ennemi, et les Viêt-Congs les ont accueillis à
leur atterrissage afin de les faire prisonniers. Les soldats américains ont baptisé par
dérision ces goulags « Hanoï Hilton ».
Les soldats doivent constamment être sur leurs gardes, car Charlie leur tend de
nombreux pièges. Ils peuvent tomber dans des trous creusés par l’ennemi, et au fond
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21
Dear America : lettres du Vietnam
Dear America : lettres du Vietnam
Pistolet semi-automatique
Briquet à essence
Dear America : lettres du Vietnam
Vie des soldats américains au Vietnam
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de ces trous se trouvent des pics dont le bout est enduit d’excrément. Cela ne tuerait
pas le soldat directement, mais une gangrène pourrait en découler, ce qui pourrait
être mortel. De nombreuses mines sont également posées par les Viêt-Congs. Pour y
faire face, les américains forment des chiens afin de les dépister, mais cette méthode
n’est de loin pas infaillible.
Les blessés
Chacun des quatre films nous montre la même chose lorsqu’un soldat est blessé.
Celui-ci reçoit les soins de premiers secours par le médecin de la section, puis le
blessé est évacué par hélicoptère. Seul deux films nous montrent ce qu’il se passe par
la suite pour les blessés.
Le film Outrages nous montre les infirmeries de secteur. On constate que le matériel
à disposition des médecins est relativement rudimentaire et que l’infirmerie est
bondée de blessés graves.
Voyage au bout de l’enfer décrit les hôpitaux se trouvant en ville. Un des
personnages ayant été blessé, il se retrouve dans un hôpital à Saigon. Il est pris en
charge par toute une série de médecins et infirmières. Cet hôpital semble être bien
mieux équipé que l’hôpital de secteur, confortable, mais également bondé de soldats
blessés.
Dans ce même film, on voit également les hôpitaux aux USA, réservés aux blessés
très graves qui sont dans l’incapacité de retourner au combat. On y retrouve un autre
des personnages, Steve qui a été amputé des deux jambes.
Le documentaire images inconnues explique qu’un hôpital mobile, l’ASH22, se
déplace où il est appelé afin de soigner les blessés. Il est composé de nombreux
médecins et chirurgiens.
On voit dans ces documentaires la même chose que dans les films : les blessés
reçoivent des soins de premiers secours et sont ensuite évacués par hélicoptère dans
un hôpital. Si la blessure est trop grave, le soldat est renvoyé au pays. Les soldats
reçoivent des soins de qualité dans les hôpitaux de ville ou en Amérique, mais dans
les infirmeries de secteur, les soins qu’on leur prodigue sont très sommaires car il y a
en général beaucoup de blessés et trop peu de personnel soignant. Le matériel y est
également rudimentaire. Un soldat exprime sa lassitude en parlant de ses nombreux
séjours à l’hôpital : « C’est le cinquième hosto que je vois. Je ne sais pas si je peux
rentrer. 23»
A la morgue, les corps sont identifiés grâce à la plaquette d’identification que chaque
soldat porte autour du cou.
Un code est mis en place pour désigner les hommes blessés, disparus ou morts. KIA
veut dire « killed in action », ce qui signifie « tué au combat ». WIA veut dire
« wounded in action », blessé au combat. Enfin, MIA, « missing in action »,
signifiant littéralement « perdu au combat », ce terme représente les disparus. Au
bout d’un certain temps, les américains mettent en place une comptabilité quelque
peu surprenante, le « body count 24», consistant à compter après chaque combat le
nombre de décès du côté américain, mais aussi du côté Viêt-Cong.
Confort, permissions, divertissements
Les films ne nous apportent que peu d’informations à ce sujet. On s’aperçoit que
dans Full Metal jacket, Outrages et Voyage au bout de l’enfer, les personnages sont,
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ASH : mobile Army Surgery Hospital
Dear America : lettres du Vietnam
Body count: compte des corps
Vie des soldats américains au Vietnam
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durant quelques jours, en permission, ce qui veut dire qu’ils ont le droit de sortir du
campement et ont quelques jours pour se reposer. Ils en profitent alors pour se rendre
dans les grandes villes proches de leur campement afin de se changer les idées.
Dans le documentaire lettres du Vietnam, on voit des jeunes soldats ainsi que des
infirmières en permission au bord de la mer au Vietnam. Ils semblent être en
vacances, ce qui contraste complètement avec la réalité qui les attend lorsqu’ils
repartiront en mission.
Le documentaire images inconnues nous parle du centre de repos de China Beach,
prévu spécialement pour les soldats en permission. Paradoxalement, ce centre de
repos se trouve à quelques centaines de mètres des Viêt-Congs.
Il y est aussi expliqué que le gouvernement américain a essayé de rendre la vie des
soldats plus agréable au Vietnam. Ils lancent par exemple l’opération « manger
chaud ». Cette opération consistait à s’assurer que chaque soldat, même dans les
postes les plus reculés, mange chaud et plus ou moins équilibré, quitte à transporter
la nourriture par jeep ou hélicoptère. Cependant, beaucoup d’hommes mangent
encore ce que l’on appelle des rations C : haricots et saucisses en boîtes. Une autre
opération visait à confectionner un énorme gâteau d’anniversaire pour chaque
compagnie afin que chaque homme puisse en avoir un morceau. Une usine de
production d’ice-cream et de lait frais à également été mise sur pied et des milliers de
bœufs ont étés abattus dans le but de procurer de la viande fraîche aux hommes.
Des moyens sont mis en place afin de divertir quelque peu les soldats. Ainsi, le
célèbre acteur John Wayne a rendu visite à de nombreux soldats pour les féliciter et
les encourager. A Noël, de nombreux hommes ont le privilège de pouvoir assister au
spectacle de Bob Hope, un acteur et humoriste très apprécié.
La nourriture fournie par l’armée est évoquée lors d’une conversation entre deux
soldats dans Outrages : « Haricots et riz. L’armée ne nous étonnera jamais ! »
Un des grands ennemis du soldat américain moyen est l’ennui. Tous essaient de
lutter du mieux qu’ils peuvent contre l’ennui. En effet, seulement 1% des opérations
amènent à un contact avec l’ennemi, explique Daniel Costelle dans son
documentaire. Il raconte: « Les américains s’enfoncent dans une sorte de quête
crépusculaire d’un ennemi qui s’évanouit dans la jungle pour frapper ailleurs. » Un
homme interviewé raconte que, pour lui, le plus difficile est de ne pas savoir ou se
trouve l’ennemi25.
Le manque d’action, de « distractions » est également évoqué dans Full Metal
Jacket. Un des personnages, déçu du calme persistant qui règne dans la région où il
se trouve, s’exclame : « Je veux aller la où ça canarde. Je voudrais bien me servir de
mon flingue ! » Un de ses camarades, souffrant également de l’ennui, explique : « Le
combat, faut que j’y retourne. J’ai pas entendu aboyer un flingue depuis des
semaines. » Ces remarques peuvent s’expliquer par le fait que, comme il est expliqué
précédemment, durant cette guerre, les ennemis se cachent et surviennent lorsqu’on
s’y attend le moins. L’attente peut être très pesante, tandis que lors d’un combat, les
soldats savent où se trouvent les ennemis.
Un personnage du film Outrages dit « Je vais là-bas me payer des tronches. Je vais
pas louper cette distraction ! » Il fait cette réflexion lorsqu’il voit que ces camarades
vont devoir tirer sur des suspects. Si l’on en croit cette réplique, il semble que tuer ou
être pris dans un combat est une distraction, ce qui est contraire à ce que nous
25
Dear America : lettres du Vietnam
Vie des soldats américains au Vietnam
16
montrent les documentaires, qui eux tendent à dire que les soldats préfèrent rester et
attendre plutôt que de se battre et de risquer la mort.
Fatigue et lassitude des soldats
« Une nouvelle guerre se dessine : guerre d’usure, ou les Américains vont s’user plus
que l’ennemi. » explique Daniel Costelle26. Effectivement, les soldats sont las de
cette guerre, la situation morale des combattants se dégrade. Le « fragging » fait son
apparition et devient de plus en plus fréquent au fil du temps. Cette pratique consiste
à tuer un officier gênant qui mènerait son équipe au combat. Pour commettre cet
attentat, un soldat place une bombe à fragmentation (d’où le nom fragging) à
proximité de l’officier visé afin qu’il périsse. Mille attentats de ce genre ont étés
commis, dont une centaine se sont révélés mortels. On remarque aussi dans quelques
films que certains soldats n’attendent que de repartir. L’un dit à son camarade :
« J’attends qu’on me renvoie au pays de l’oncle Sam27 ! »28 Un autre soldat, désireux
de retourner au pays explique qu’il ne peut plus marcher, ses pieds étant gonflés et
cloqués. Il a en réalité vaporisé de l’insecticide sur ses pieds afin de pouvoir s’en
aller29.
VI.
À quoi se raccrochaient les soldats pour survivre dans l’enfer
de la guerre ?
Camaraderie
Full Metal Jacket évoque la notion de camaraderie dans deux scènes. La première se
déroule au début du film. Au camp d’entraînement, un des soldats à beaucoup de
difficultés à accomplir ce qu’on lui demande. C’est pourquoi une autre recrue, plus
douée, prend le jeune homme sous son aile afin de l’aider durant les dernières
semaines. On pourrait tout de même se poser la question, en voyant ce moment, si
cette jeune recrue agissait par obligation ou par compassion. La deuxième scène
évoquant la camaraderie est, pour sa part, plus claire. C’est une des dernières scènes
du film. Une compagnie à été prise dans une embuscade, et un soldat se fait
grièvement blesser en avançant afin de repérer les tirs ennemis. Tous les camarades
du soldat se dévouent pour aller le récupérer, tout en sachant qu’ils risquent eux aussi
leur vie. La camaraderie est très présente dans le film Voyage au bout de l’enfer. On
voit qu’elle est même, pour certains, vitale. Un des personnages, Michael, soutient
moralement et physiquement son ami Steve durant une grande partie de leur séjour
au Vietnam. Il le réconforte et le console lorsque Steve commence à « craquer », la
pression psychologique étant trop forte. Il le porte en marchant, Steve s’étant brisé
les jambes. Plus tard dans l’histoire, le même personnage de retour aux USA,
26
27
28
29
La guerre du Vietnam : images inconnues
Expression familière qui désigne les Etats-Unis
Full Metal jacket, Stanley Kubrick
Platoon, Oliver Stone
Vie des soldats américains au Vietnam
17
Michael, décide de repartir chercher son ami Nick, resté au Vietnam. Il met sa vie en
danger afin de faire revenir son camarade.
Le film Outrages nous montre aussi une camaraderie assez présente entre les soldats.
On peut le constater grâce à une des premières scènes du film se déroulant au
Vietnam. La jeune recrue Eriksson est prise au piège dans un trou, une galerie
ennemie s’étant partiellement effondrée sous les pieds du soldat. Son supérieur
n’hésite pas à risquer sa vie pour aller le chercher. On constate également que la
perte d’un camarade est difficile et très mal vécue par toute l’équipe.
Bars, Prostitution
La prostitution est également évoquée plusieurs fois dans Full Metal Jacket et il
semble que tous les soldats y aient déjà eu recours afin de passer le temps et de se
distraire.
Lettres du Vietnam mentionne également la prostitution « À Saigon on dépense notre
argent pour des femmes et de la bière. On a désespérément besoin d’amour. » Cette
phrase montre que la situation morale et affective des soldats est désastreuse. On voit
aussi des images montrant des soldats dans des bars, entourés de prostituées. Un
soldat explique : « Leur âge préféré est de 21 à 23 ans. »
Le documentaire images inconnues parle aussi de la prostitution, mais sous un autre
angle. Le narrateur nous explique qu’à un certain moment, les soldats sont mis en
garde par rapport à la prostitution par un film explicatif. Il y est dit « Où il y a des
filles, il y a du danger. » Il est probable que les soldats ont ainsi été mis en garde
pour éviter la propagation de MST.
Voyage au bout de l’enfer l’évoque pendant un court moment. Un des trois
personnages principaux se fait proposer ses services par une prostituée, et le soldat,
peu convaincu au départ, fini par céder. Pourtant, il semble que cette distraction ne
suffise pas à lui changer les idées, au contraire il repense encore plus à sa patrie
natale. Il finit par s’en aller, trop préoccupé pour réussir à se distraire.
Un autre moyen de se « changer les idées » utilisé par les soldats à été narré dans ce
film. Cette distraction consiste en des jeux d’argent. Dans ce film, l’accent est mis
sur les paris faits lors d’un jeu aussi étrange que dangereux, la roulette russe. Deux
concurrents s’affrontent, les deux armés d’un revolver. Le public doit parier sur celui
qui sortira vivant du duel. Il semble que ce jeu brassait des sommes d’argent
considérables, mais la version du film nous pousse à penser que ce jeu était peu
apprécié des soldats. En effet, sur toutes les personnes participantes, un seul est un
soldat américain. Tous les autres sont des civils Vietnamiens.
Voyage au bout de l’enfer, combat de roulette russe
Vie des soldats américains au Vietnam
18
Drogue et alcool
Dans le film Outrages, on assiste à une scène où de nombreux soldats fument de la
marijuana, et ces soldats semblent êtres tout à fait heureux, ne pensant plus du tout à
la guerre. À un autre moment, les soldats, complètement dépités par le fait qu’ils ne
peuvent pas sortir en ville, noient leur ennui dans l’alcool.
Le film Platoon met plutôt l’accent sur la drogue comme moyen d’« évasion ». Le
héros de l’histoire, Taylor, est initié au joint par ses camarades. Voici une courte
conversation qui nous aidera à comprendre ce que ressent Taylor après avoir pris de
cette substance : « Tu te sens bien ? » lui demande son camarade. « Oui je me sens
heureux, j’ai plus mal au cou. » répond Taylor. Il semblerait donc que le fait de
fumer procurait aux soldats non seulement une sensation de bien-être, mais en plus
leurs maux étaient atténués. Cependant, tous les soldats ne sont pas du même avis :
« Il me semble que…Que tu ne vois plus les différences parce que tu te shoot tout le
temps ! » explique un soldat à son ami. Un officier réprimande ses hommes en leur
disant: « Vous fumez cette saleté pour échapper à la réalité ! »
Le problème de la drogue est largement développé dans le documentaire images
inconnues. On y apprend que le gouvernement américain à d’abord plus ou moins
laissé faire car, au début, seule la marijuana était consommée à grande échelle, mais
les hommes se tenaient « tranquilles ». Lors des dernières années de la guerre, la
consommation d’héroïne par les soldats est devenue plus fréquente, et bien plus
nocive que la consommation de marijuana. Au combat, les hommes ayant consommé
de la drogue devenaient un véritable danger. Ils attiraient l’attention des ennemis et
mettaient en péril la vie de leur camarade et la leur. Le trafic d’héroïne était couvert,
et parfois même organisé, par les ministres sud-vietnamiens qui s’enrichissaient
rapidement grâce à ça. Les employés civils vietnamiens passaient la drogue par sacs
entiers. Elle était en vente quasiment libre au marché. On pouvait acheter des
seringues sur les étals aussi facilement que des légumes. Les dealers ne se cachaient
presque pas et proposaient leur substance à de nombreux soldats. La poudre blanche
qu’ils offraient était pure à 90%, ce qui est un pourcentage astronomique si l’on
compare avec l’héroïne que l’on trouve aux Etats-Unis, pure à 2 %. Il paraîtrait que
plus d’un tiers des hommes ayant servis au Vietnam auraient touché à l’héroïne et
environ 100'000 hommes sont restés toxicomanes de retour aux USA. La guerre du
Vietnam a largement contribué à l’importation de l’héroïne sur le sol des Etats-Unis.
Religion, espoir de retour, famille
Le besoin de se confier à quelqu’un est exprimé lors d’une scène du film Outrages.
Le protagoniste se confie à un de ses amis, puis à un aumônier, quelque temps après
le viol et le meurtre de la jeune vietnamienne par son sergent et ses camarades.
Platoon aborde le fait que certains soldats sont très attachés à la religion, leur espoir
de rester en vie réside là. Il nous montre également le besoin de rester en contact
avec les proches. Durant tout le film, le personnage principal entretien une
correspondance avec sa grand-mère, moyen de rester en contact avec son ancienne
vie, sa famille, son chez-soi. Le film présente aussi l’espoir de retourner au pays
comme quelque chose qui aide les combattants. « La seule chose qui compte c’est de
partir entier ! » explique un soldat à Taylor.
Il est rapidement question de religion dans le documentaire images inconnues comme
moyen de ne pas céder à la pression et de sombrer. Il est expliqué que pratiquement
tous les soldats vont à la messe, même les juifs car « Dans les coups durs, Dieu vous
protège. » Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les soldats avaient probablement
besoin de se sentir protégés d’une certaine manière.
Vie des soldats américains au Vietnam
19
Dans le documentaire lettres du Vietnam, on retrouve plusieurs fois le besoin de se
confier ou le besoin de rester en contact avec sa famille, son pays, au travers des
lettres. En voici quelques exemples : « Je dois écrire sinon je deviens fou. » « C’est
beau de pouvoir se confier. » « Que ma journée soit bonne ou pas dépend du fait
qu’une lettre arrive. » Cette citation montre que, dans le cas de ce soldat, le contact
avec l’extérieur est très important et a une grande incidence sur l’état d’esprit et le
moral de ce soldat.
Les films et les documentaires nous décrivent à peu près la même chose en ce qui
concerne la question « à quoi se raccrochaient les soldats pour survivre ? ».
Cependant, je trouve que les films minimisent beaucoup le fait que la drogue était
très présente durant cette guerre. Le problème de l’héroïne n’est jamais abordé, seule
la marijuana et l’alcool sont évoqués.
Quels étaient les idéaux des soldats avant la guerre et
quelles ont été leurs déceptions
VII.
Je n’ai retenu qu’une réplique dans le film Full Metal Jacket qui pourrait
s’apparenter à un idéal. Cette réplique est proclamée par un colonel désireux
d’encourager des soldats. « Nous aiderons le peuple vietnamien parce qu’au fond de
tout viet nous savons qu’un américain est prêt à se réveiller. » Cet homme espère que
de plus en plus de vietnamiens rallient les USA dans leur combat contre le
communisme.
Voici une discussion entre deux soldats, suite à la mort de deux de leurs camarades :
«-En tout cas, ils sont morts pour une bonne cause.
-Ah oui ? Et laquelle ?
-La liberté.
-Tu crois que c’est pour la liberté qu’on bute du Viet ? » Le deuxième personnage
n’est visiblement pas du même avis que le premier. Selon son point de vue, la guerre
qu’ils sont en train de mener ne sert pas à libérer quiconque d’une quelconque
oppression.
L’ingratitude de nombreux vietnamiens semble également être une cause de
déception. Un soldat raconte dans une interview : « Je sais pas moi ! On se fait tuer
pour ces vietnamiens et ils sont même pas reconnaissants ! » Cette réplique contraste
nettement avec celle mentionnée plus haut, comme quoi chaque vietnamien est
susceptible d’entrer dans les rangs américains.
Le film Platoon met en avant les déceptions des soldats, il n’y est pas, ou peu, fait
mention d’un quelconque idéal avant la guerre. Pour le personnage principal, Taylor,
les contraintes physiques et psychologiques sont éprouvantes et le pousse à regretter
son engagement dans l’armée. « Quelqu’un à écrit un jour : "L’enfer c’est la
suppression de la raison." C’est l’impression que me donne ce pays. L’enfer. » Il dit
aussi : « Je ne crois pas que je réussirai à tenir un an. J’ai fait une bêtise en venant
ici. » Taylor est très déçu du comportement de certains de ses camarades qui se
Vie des soldats américains au Vietnam
20
permettent tout et n’importe quoi. « Vous êtes des bêtes, tous autant que vous
êtes (…)! » s’exclame-t-il après avoir sauvé une jeune villageoise d’une tentative de
viol de la part d’autres soldats. Un autre combattant s’indigne du comportement
violent de son supérieur face à des villageois. « Moi je pense qu’un chrétien
n’occupe pas un village en coupant des têtes ! Cette saloperie ça s’excuse pas. Ca me
paraît qu’il perd son contrôle. » En effet, le supérieur de ce jeune soldat vient
d’exécuter sans raison un paysan "suspect".
«- Barns croit profondément à cette guerre.
-Et vous, vous y croyez ?
-En 65, oui. Aujourd’hui, non (…) Pour nous cette guerre est perdue. » Ce dialogue
entre deux personnages dans le film Platoon représente assez bien l’état d’esprit de
nombreux soldats à ce moment-là. Le temps passe, et la guerre semble ne jamais
prendre fin. Découragés, les hommes ne croient plus en la victoire. Ils se rendent
compte que l’Amérique invincible n’était qu’une illusion.
Le film Outrages nous parle essentiellement d’un soldat, horrifié et déçu par le
comportement de ses camarades. Selon ce personnage, la guerre pousse les hommes
à commettre des abus. « Cette saloperie est en train de nous tourner la tête.» explique
le soldat Eriksson. Il est d’autant plus déçu par leur comportement violent qu’il
pensait être venu sur place afin d’aider les vietnamiens dans le besoin.
Voyage au bout de l’enfer nous montre que ces jeunes américains qui partent au
Vietnam sont vus comme des héros par leur entourage.
La scène finale de ce film exprime clairement la déception des soldats ayant
combattu au Vietnam, mais aussi la déception des amis et de la famille. Cette scène
se déroule après l’enterrement d’un des jeunes américains, mort au Vietnam. Tous
ses amis se retrouvent dans un restaurant. Ils entonnent l’hymne américain d’une
voix extrêmement triste. Cette scène dégage une tristesse immense est une déception
visible face à cette guerre du Vietnam qui leur à pris leur ami.
Le documentaire lettres du Vietnam mentionne quelques idéaux de soldats.
« Quelques enfants traînent, les uns sont orphelins. Ils me font pitié (...). J’espère que
c’est une des raisons pour lesquelles on se trouve là. Pour leur assurer un avenir. »
Ce soldat pense avoir été envoyé sur place afin de venir en aide à la population.
Certains sont pessimistes, ou plutôt réalistes. Ils n’ont pas d’idéaux par rapport à
cette guerre. « Ca m’est égal de partir. Mais il y en a qui n’y arriveront pas. Je crois
qu’ils ne survivront pas » dit Bob dans une lettre à son père. Un autre s’étonne de ce
pessimisme : « Un des fait les plus surprenants est que la plupart des hommes
pensent que nous ne gagneront pas. »
Le documentaire images inconnues mentionne le fait que le rêve de nombreux
soldats est d’épouser une infirmière américaine qu’il aurait rencontrée sur place, au
Vietnam.
Voici plusieurs citations provenant du documentaire lettres du Vietnam.
Un jeune soldat raconte la première fois qu’un de ses camarades est décédé : « Ca
m’a beaucoup touché. (...) Il a été le premier cadavre que j’aie jamais vu, et parce
qu’il était mon ami, je n’ai pas supporté. Je me suis assis dehors et j’ai pleuré. Je n’ai
jamais autant pleuré de ma vie. »
Vie des soldats américains au Vietnam
21
Le soldat Phil proteste après la mort d’un camarade : «Ils diront qu’il est mort pour
sa patrie. (...) Non. Nous luttons, mourons pour un peuple qui ne veut pas de nous.»
Phil est profondément déçu et révolté car il ne comprend pas pourquoi ils se battent,
alors que les Vietnamiens semblent ne pas vouloir de leur aide.
Sandy, blessé de guerre, attend avec impatience que le général vienne lui remettre
une décoration militaire, mais lorsque ce moment arrive, il est déçu. « Tout compte
fait, ça a été un spectacle épouvantable, mais c’est la routine ! »
Plusieurs soldats ont été déçus du comportement de nombreux américains, aux EtatsUnis, vers la fin de la guerre. En effet, un vent de révolte soufflait sur les USA et
beaucoup de citoyens américains se sont révoltés contre la guerre du Vietnam, ce qui
fut particulièrement dur pour les soldats combattants au Vietnam. Un soldat écrivit à
l’éditeur d’un journal américain après avoir lu une publication sur la mort de deux
jeunes étudiants qui manifestaient contre la guerre. « Pourquoi ne criez-vous pas, ne
pleurez-vous pas plus de 40'000 américains, des hommes courageux, sans crainte,
fidèles qui ont sacrifié leur vie ? (...) On n’est pas à la recherche d’éloges. Nous
demandons juste le soutien de notre pays pour terminer la guerre. 30»
Le documentaire images inconnues nous raconte la déception d’un soldat de retour
au pays à la fin de son service. Le jeune homme est bouleversé de constater que de
plus en plus d’américains s’opposent à cette guerre. Dégoûté de la réaction ingrate de
son pays, il retourne au Vietnam afin de se battre à nouveau.
Dans l’ensemble, les films et les documentaires se ressemblent lorsqu’il s’agit de la
question des idéaux et déceptions des soldats. Certains nous parlent de l’ingratitude
des vietnamiens ou de celle des américains. D’autres mentionnent la déception face
au comportement des camarades ou l’envie de retourner chez soi, en Amérique. La
douleur face à la mort d’un camarade est également souvent racontée.
VIII.
Conclusion
Les soldats américains qui ont combattu durant la guerre du Vietnam venaient tous
d’horizons différents. Ils étaient pour la plupart très jeunes. Certains étaient
volontaires pour aller se battre pour leur patrie, mais la plupart de ces hommes furent
obligés d’effectuer leur service d’un an, sans qu’ils en aient forcément le désir.
Beaucoup de soldats ne savaient même pas réellement pourquoi cette guerre avait
lieu. Sur les points énumérés ci-dessus, les documentaires et les films s’accordent à
dire plus ou moins la même chose.
La distinction raciale est présente dans les fictions, mais elle est plus transmise par
l’image que par la parole. Les documentaires nous expliquent clairement que la
distinction raciale était présente, et que les minorités (noires, mexicaines,…) étaient
défavorisées.
30
Lettres du Vietnam
Vie des soldats américains au Vietnam
22
En ce qui concerne les modifications de personnalité des soldats, tous les films
s’accordent sur le fait que la guerre laisse de lourdes séquelles dans la personnalité
de chaque combattant. Certains deviennent plus facilement irritables, d’autres
perdent leur assurance et s’effraient de tout. Un point souvent montré dans les films
est l’attitude qu’ont les soldats en temps de guerre. Selon les fictions, l’instinct de
survie prend souvent le dessus en temps de guerre, et les soldats peuvent commettre
des actes graves avec une facilité effrayante. Les documentaires nous exposent la
même chose, mais insistent plus sur l’instabilité psychologique qui s’ensuit de ce
temps passé au combat. Ils nous montrent se que ressentent les soldats, leurs
angoisses, les traumatismes qui vont laisser des séquelles dans leur vie de retour au
pays.
L’équipement du soldat, la façon dont se déroulaient les journées, les combats, les
soins apportés aux blessés, les armes utilisées, tout est à peu près similaire dans les
fictions et dans les documentaires. Cependant, un aspect n’a pas du tout été
développé dans les films. Il s’agit des permissions des soldats ainsi que de l’effort
qui a été fourni par les Etats-Unis pour améliorer le quotidien des soldats. Cet aspect
était probablement peu intéressant à raconter et les efforts fournis pour rendre le
quotidien des hommes meilleur sont tellement minimes par rapport aux ravages que
la guerre à causé qu’il ne valait peut être pas la peine de les mettre en scène.
Les films et les documentaires sont identiques à propos des moyens utilisés par les
soldats pour survivre dans la réalité de cette guerre, mais le développement du
marché de l’héroïne et l’impact de cette dernière sont minimisés dans les films.
Beaucoup utilisaient la drogue ou l’alcool pour s’évader de leur quotidien. Certains
se distrayaient lors des permissions et grâce à la prostitution.
Les films et documentaires nous parlent peu des idéaux des hommes avant de partir
au Vietnam. Quelques-uns évoquent rapidement le fait que certains soldats espèrent
avoir été envoyés sur place afin d’aider la population. La perte d’espoir que les USA
gagnent la guerre est racontée plus ou moins explicitement dans chaque fiction et
chaque documentaire. J’ai rapidement noté une différence entre les films et les
documentaires au sujet des déceptions. Dans les fictions, il semble que les soldats
sont déçus lorsqu’il n’y a rien à faire. Cependant, les documentaires paraissent
montrer le contraire : la majorité des hommes préfèrent rester à ne rien faire plutôt
que de risquer leur vie sous les feux ennemis. L’indignation de certains soldats face
au comportement honteux de leurs camarades est narrée uniquement dans les films,
les documentaires n’en parlent pas. Cependant, je ne doute pas que certains aient pu
être choqués par leurs collègues.
Dans l’ensemble, les fictions sont relativement proches des documentaires, et ces
derniers paraissent être une description assez bien faite de la réalité de la guerre du
Vietnam. Cependant, il est probable que de nombreuses choses ont été modifiées,
romancées ou même cachées, autant dans les films que dans les documentaires. Je
pense, en effet, que chaque réalisateur déforme un peu la réalité, même si il essaie de
donner un point de vue objectif. Chaque long métrage reste une mise en scène et ne
reflétera donc jamais l’absolue vérité.
C’est pourquoi l’ensemble de ces fictions et documentaires nous laissent un grand
témoignage de ce que fut la guerre du Vietnam, bien que quelque peu déformé.
Vie des soldats américains au Vietnam
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IX. Bibliographie:
Cimino, Voyage au bout de l’enfer (the Deer hunter), USA 1978
De Palma Brian, Outrages, 1989
Kubrick Stanley, Full Metal Jacket, Angleterre 1987
Stone Oliver, Platoon, 1986
Costelle Daniel, La Guerre du Vietnam : images inconnues, images libérées dès 1988
Couturié Bill, Dear America : lettres du Vietnam, USA 1988
FERAY Pierre-Richard, Le Vietnam, Paris : PUF(QSJ), 2001 (1984)
http://festival-woodstock.over-blog.net/article-15589581.html
http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-16363746.html
www.wikipedia.org

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