chroniques lycéennes # 13 - Les chroniques lycéennes

Transcription

chroniques lycéennes # 13 - Les chroniques lycéennes
Prix Charles Cros Lycéen de
la nouvelle chanson francophone
chroniques lycéennes # 13
de l’encre sur les notes
rencontres, reportages, critiques
Département de la Charente Maritime
Site de La Rochelle
www.chroniqueslyceennes.fr
Des élèves
du lycée
Saint-Géraud
à Aurillac
s’affairent cet
hiver sur une
peinture en
anamorphose
du logo du
collectif Fauve
– ci-contre et
page suivante
édito
Faire découvrir aux lycéens la jeune
chanson francophone dans ses formes
les plus diversifiées, les inciter à écouter,
à analyser, à exprimer leurs opinions,
leurs émotions : pour la treizième édition
des Chroniques lycéennes, cette volonté
anime plus que jamais le réseau CANOPÉ
et l’Académie Charles Cros.
Le principe du programme n’a pas changé :
des lycéens, un peu partout en France
et à l’étranger – mais aussi des détenus
scolarisés – rédigent des chroniques,
des analyses-critiques de chanson,
à partir d’un CD comprenant des titres
récents d’artistes francophones.
La cinquantaine de chroniques
sélectionnées et publiées dans ce
supplément par l’hebdomadaire
Les Inrockuptibles sont autant d’occasions
de constater la pertinence des analyses,
la créativité et la curiosité des élèves.
qui ne s’y attendait pas. Au printemps,
on s’est pointés à la Coopé avec
un bouquin-collector de 112 pages et
trois clips exaltés, cadeaux sur mesure
offerts à Fauve par des lycéens dont
on n’est pas peu fiers. Le blizzard est
désormais un vent chaud qui souffle
sur le Cantal. Fred Le Falher,
Des témoignages émaillent cet ensemble,
ils rendent compte de l’importance
du travail engagé sur l’année scolaire
et du plaisir partagé autour de cette
opération avec des rencontres, des ateliers,
des concerts…
professeur d’arts appliqués au lycée de la
communication Saint-Géraud à Aurillac
pour en (sa)voir plus : facebook.com/
sgfactory
Merci à tous les participants – artistes,
enseignants, lycéens – et à tous ceux qui
concourent aux côtés de l’Atelier CANOPÉ
de La Rochelle et de l’Académie
Charles Cros au succès des Chroniques
lycéennes – le réseau CANOPÉ, la MGEN,
Les Inrockuptibles, la Fédération des
festivals de chanson francophone (FFCF),
les Francofolies et tout le réseau
de partenaires, de lieux de programmation,
de festivals en France et à l’étranger.
Académie Charles Cros,
CANOPÉ Académie de Poitiers
et Les Inrockuptibles
Sylvie Glatz & Fred Le Falher
Soulignons aussi l’engagement
de la MGEN à nos côtés par des actions
de sensibilisation aux risques auditifs
liés à l’écoute de la musique amplifiée.
à la rencontre
des grands Fauve
Cette année, Fauve figurait parmi
les heureux élus des Chroniques
lycéennes. La participation du groupe
à l’opération a donné lieu à plusieurs
rencontres et ateliers de travail
à travers la France. Petit panorama.
Plus d’infos et de chroniques sur le site
chroniqueslyceennes.fr
II les inrockuptibles chroniques lycéennes
Anamorfauve
Deux barres horizontales traversées
par une diagonale : on peut y voir
un signe de maths (“différent de”),
un “F” stylisé ou, depuis peu, l’emblème
multisupport de Fauve Corp, qui
a fait de ce motif un signe de ralliement
(ou de raillerie, selon qu’on se situe
dans le camp des convertis ou pas).
Nous, à Aurillac, on ne joue pas
les hipsters blasés, ça colle pas avec
le coin où on vit. Fauve, on aime bien.
Au lycée Saint-Géraud, où l’on enseigne
le graphisme sur fond de rock’n’roll
(parce que le son et l’image, quand ça
marche ensemble, ça fait des étincelles
partout, et dans nos yeux d’abord),
on partage nos engouements avec
des élèves qui comptent sur nous pour
qu’on s’en mette plein la vue, ensemble.
Sous l’intitulé SG Factory (SG pour
Saint-Géraud, Factory pour Warhol,
le Velvet, Tony Wilson et Peter Saville),
ça fait dix ans qu’on signe un paquet
de bouquins illustrés, affiches
sérigraphiées et clips débridés dédiés
à nos héros chantants (Daniel Darc,
Dominique A, Charlotte Gainsbourg,
Patti Smith…), que des partenaires
fidèles et précieux nous permettent
de côtoyer pour de vrai (merci
Hibernarock, merci la Coopérative de
Mai) ! Cette année, après La Femme
puis Rachid Taha, c’est à la bête Fauve
qu’on s’est attaqués. Pendant tout
l’hiver, le logo du groupe a subi les
outrages (respectueux) de 75 élèves
pas frileux, qui ont fini par peindre une
fresque Fauve en anamorphose sur les
murs décrépis d’une cave à fromage
chroniques lycéennes les inrockuptibles III
Fauve à Paris
Devant le Bataclan, à quelques
minutes de notre rencontre avec
le collectif Fauve, le stress monte.
Comment sont-ils, qu’allons-nous nous
dire ? Une multitude de questions mais
plus le temps d’y réfléchir, ils sont là !
Nous mettons enfin des visages sur
ces voix que nous écoutons en boucle.
Nous suivons de près les deux
membres du collectif venus à notre
rencontre et découvrons la salle
mythique du Bataclan, alors que
les balances de leur première partie
(Grand Blanc) sont en cours.
Nous avons donc la chance de partager
un moment avec le chanteur et le
bassiste dans le cadre intimiste d’une
loge. Au fil de la discussion et des
digressions, ils retracent leur parcours
et nous apprécions leur état d’esprit.
Le collectif, c’est avant tout une bande
de potes, de gens normaux
qui s’expriment, comme ils nous
l’expliquent avec entrain.
Modestes, ils avouent ne pas être
les meilleurs musiciens ou chanteurs
mais ce qui importe, c’est de travailler
Sylvie Glatz & Fred Le Falher
ensemble, chacun apportant son
savoir-faire.
Arrive le moment de nous quitter :
il faut bien qu’ils mangent avant de
monter sur scène – et vu l’énergie
qu’ils dépensent en concert, ils ont
plutôt intérêt à prendre des forces.
Leurs premières notes résonnent
dans la salle comble. Nous sommes
transportées, envoûtées,
impressionnées et submergées par
l’énergie et l’émotion qu’ils dégagent.
Le public autour de nous est conquis.
Dans l’autocar qui nous ramène
dans la Somme, c’est avec une oreille
différente que nous écoutons leurs
textes fortement inspirés de leur
vécu comme ils nous l’avaient confié
quelques heures auparavant.
Des images plein la tête, nous sommes
reparties avec l’espoir de recroiser leur
route un jour et dans l’attente du
prochain album. Les élèves de terminale
Arcu (Accueil – Relation clients et
usagers) du lycée Lamarck à Albert (80),
qui remercient chaleureusement
les membres du collectif pour leur
disponibilité
Fauve à Limoges
Avec Mme Denis, documentaliste,
et M. Chaminade de la radio Beaub’FM,
nous sommes partis à l’assaut
de Fauve. Direction la salle de concert.
Répartition des sièges : fauteuils pour
nous, chaises pliantes pour le groupe.
Les membres de Fauve sont arrivés,
impressionnés par les quinze paires
d’yeux rivés sur eux. Côté physique,
un look mi-bobo mi-hipster
avec un T-shirt de Stupeflip arboré
par le chanteur. Une élève se lance
avec une question sur la pochette
de l’album. La réponse est détaillée,
ils sont habitués à l’exercice.
Petite déception : pas facile de rentrer
dans Fauve Corp. Mais, point positif,
ils privilégient l’amitié à l’intérêt
commercial et tiennent à leur
indépendance. L’entretien s’est
prolongé : les dix minutes prévues
sont devenues une demi-heure.
M. Chaminade a tenté de libérer
le groupe qui a refusé malgré
leur retard pour les balances.
Une heure plus tard, clap de fin
avec deux questions cruciales :
IV les inrockuptibles chroniques lycéennes
les dédicaces et l’emplacement
des toilettes ! Fauve a alors demandé
qui assistait au concert et nous a offert
des places. Avant la rencontre, leur
chauffeur nous avait proposé une visite
du tourbus, à condition de faire le
ménage, mais tout était rangé à notre
arrivée. Il faut que le groupe soit soudé
pour survivre dans un si petit espace !
Retour aux balances, nous avions la
salle pour nous. Après des tests voix,
le groupe a filé des chansons pour notre
plus grand plaisir. A l’heure du départ,
16 h 25, surprise, le stand de vente
était installé et nous avons pu acheter
T-shirts et CD qu’ils nous ont dédicacés.
Nous sommes rentrés ravis et certains
ont ensuite pu assister au concert
qui fut un vrai moment de partage avec
la reprise en chœur de 4 000 îles.
L’aventure ne s’arrête pas là car nous
avons enregistré une émission de radio
autour de la journée qui sera diffusée
par Beaub’FM.
Cindy, Corentin, Hugo, Léïa, Léo R.,
Léo V., Lucas, Maud, Maxime et Quentin,
élèves de seconde atelier “Critiqu’Art”
du lycée Giraudoux à Bellac (87)
Fauve Corp
Fauve
Blizzard
Fauve Corp
Anaïs Noiraud et Lucie Ganne
Chef-Boutonne
Lycée professionnel Jean-François-Cail
Tu nous entends Fauve ?
Tu nous entends ?
Si tu nous entends, sache
que nous, on a eu le coup
de foudre, le blizzard nous
a foutu une claque
Woh woh woh imagine-toi,
tout ce que tu nous donnes.
Cinq artistes pour une tempête.
Tu es de ceux dont on a besoin,
le remède du cœur, ton dernier
album Vieux Frère nous apporte
le soleil. Mieux qu’un exutoire,
tu as tout emporté sur ton passage,
une dizaine de titres à ton nom,
avec toujours ton côté positif
On a pu voir par tes yeux de fauve
la force de ce monde.
Si tu nous entends, Fauve,
sache que nous t’avons compris…
Le reste c’est des conneries !
Raphaëlle Papineau
Orvault
Lycée Nicolas-Appert
Véritable tempête musicale, les cinq
membres de Fauve ont su imposer leur style
franc et percutant. Le collectif a été créé
en 2010 comme un défouloir, un exutoire.
Le quintette met alors dans ses chansons
tout ce qu’il ne peut plus garder en tête.
La chanson Blizzard est une bonne
illustration de ce principe. Reproches,
injures et révolte, certains s’arrêteront là.
Pourtant, ce qui rend Fauve si intéressant,
c’est tout ce qui va au-delà. Car derrière
ces phrases lancées un peu fort, un peu vite,
sous ces injures aux allures agressives,
se cachent une bouffée d’air, un message
d’espoir. Derrière la révolte perpétuelle
du chanteur avec la vie se trouve l’idée
qu’on peut s’en sortir. Chanson entraînante
et agréable, Blizzard est un appel à la vie,
un appel à l’espoir. On nous crie de nous
dresser face au blizzard, face au tourbillon
qui emporte dans chacune de ses brises
une part de nos vies. La dureté du propos
ne saurait nous paraître agressive tant
elle est justement adoucie par la mélodie
et les chœurs féminins aux voix angéliques.
Blizzard est un peu l’hymne d’un espoir
communicatif, la preuve que l’optimisme
est encore là, que l’amour vit toujours
et qu’il enterrera la haine, la honte
et même la mort.
Magda Meziane
Lormont
Lycée Elie-Faure
Fauve n’a sûrement pas choisi son nom au
hasard. Cette meute de cinq loups se décrit
comme un collectif musical ouvert à la rage
de vivre et de partager. Leur premier album
de six titres n’était pas encore sorti dans
les bacs que les paroles crues et sauvages
de leurs chansons résonnaient déjà
dans pas mal de têtes. Jeunes partisans
chroniques lycéennes les inrockuptibles V
du spoken world, sorte de poésie orale,
les membres de Fauve laissent imaginer
gestes et expressions faciales au simple
son de leur voix. D’ailleurs, dans Blizzard,
pas de chant : que des cris dans la nuit
et des murmures dans le vent. On se laisse
rapidement emporter par ce titre, ses
instrus apaisantes où des accords de guitare
bercent cette envie de se faire la malle qui
monte en nous dès les premières secondes,
et où la batterie cogne comme un pouls
qui s’accélère doucement. Un souffle
(pardon, une bourrasque) nomade semble
glisser sur cette chanson, comme un désir
de liberté et d’évasion imminent.
Fauve y livre un véritable coup de gueule
contre l’ennui, la tristesse, la honte… bref,
contre toute la douleur du monde.
C’est un appel à se tenir à nouveau debout
et ensemble contre cette douleur, pour
que l’on soit “des milliards de mains sur
des milliards d’épaules”. Si les plus médisants
pensent que Fauve n’est qu’un groupe
de bourgeois parisiens gémissants indignes
de faire du slam, une chose est sûre,
à travers ses chansons, le collectif pointe
du doigt les tourments de sa génération
toutes classes confondues. Les bêtes féroces
de Fauve n’ont pas fini de rôder dans la
jungle de l’industrie de la musique, n’hésitant
pas à montrer les crocs et leurs cœurs.
le meilleur des autres
“Fauve dit tout, ose tout. On rentre par les
paroles, dans les confessions d’un patient
couché sur le divin divan d’un psy.”
Kristopher, Metz, unité locale d’enseignement du centre
pénitentiaire de Metz.
A-France
Motown
Valérian Jaillet
Privas
Lycée Vincent-d’Indy
Mon arrivée au lycée, y a pas bien
longtemps,
Depuis que j’crois plus en mes cours,
mais que j’crois en la musique,
Maintenant j’ai 17 ans et j’t’ai écouté
quelques fois cependant,
Et j’repense à ta musique
où nous avons été nostalgiques,
On a grandi avec toi au bord
de ton monde vacillant,
Et moi je supporte ce monde,
tant que tu me rendras amnésique,
Eh l’Afrique, le Rwanda, Gaël,
et tous les autres,
De l’inspi j’en ai jamais eu comme ça
j’vous assure,
Et puis y a eu d’la réflexion,
maintenant je l’appelle obsession,
La rythmique, la disposition,
et leur mauvaise mesure,
Ici, c’est tout, rien, noir, blanc,
les dispositions,
Bravo a contrario, la place syntaxique
et son allure,
Mais j’m’habitue Gaël, j’aime me perdre
dans cette incompréhension,
Et comme j’veux m’exprimer, au mois
d’février j’me démesure,
J’suis adversaire et des fois j’en sors
moqueur,
J’suis pas adorateur, juste un jaugeur
de tes mots innovateurs.
Joseph Léger
Rennes
Lycée Victor-et-Hélène-Basch
Déjà connu de la petite scène française au
sein de son collectif de slam Chant D’Encre,
Gaël Faye sort en février 2013 son premier
album solo Pili-pili sur un croissant au beurre,
une des révélations de l’année. Il grave ainsi
son nom dans le milieu de la chanson à texte.
Né au Burundi d’une mère rwandaise
et d’un père français, il quitte son pays natal
menacé de guerre à l’âge de treize ans,
s’exilant à Paris. Tiraillé entre Afrique et
France, il puise son inspiration dans cette
enfance tourmentée et se réfugie dans
ses textes afin d’exorciser son amertume.
Son album, nourri de métissage et teinté
de tristesse, est le fruit de dix années
de travail. Il s’ouvre avec le titre A-France
qui reflète son mal du pays. Il mélange
la culture traditionnelle avec celle de la rue,
lui donnant un style unique qui brise l’image
stéréotypée du rap : jamais la musique
n’a été aussi étroitement liée avec les mots !
Des paroles magnifiques sur des musiques
aux influences africaines : un incontournable
“melting pot”.
Cet album autobiographique dénonce aussi
la violence des guerres en Afrique et leurs
répercussions, dans des chansons plus
belles les unes que les autres.
Cedric Brudermann
Tunis
ISC Carthage
Et encore un travail à faire… Quelle heure
est-il ? 23 h 30 ? De toute façon, je n’avais pas
sommeil. A la recherche d’une bonne
chanson, je tombe sur un air exotique qui me
VI les inrockuptibles chroniques lycéennes
ramène loin, très loin dans mon enfance.
Intrigué, je continue mon écoute en jetant un
coup d’œil au boîtier. Gaël Faye ? En creusant
plus loin, je comprends. C’est de ce jeune
auteur-compositeur franco-rwandais
que sort cet air de semba venu d’un autre
continent. La tête un peu légère, je continue
mon écoute. Après quatre minutes,
je reviens à Tunis comme un enfant revenant
sur terre après un conte. L’éloquence
du chanteur nous plonge dans l’histoire
jusqu’à en oublier le reste (mon contrôle
du lendemain). L’artiste mélange bien
la puissance du rap et la sérénité du slam
pour instaurer une atmosphère teintée
de mélancolie. En s’appuyant sur ces rimes
recherchées et son flow tranquille, Faye
nous dépeint l’image de cet homme troublé,
partagé entre deux nationalités, entre deux
mondes. Bref, on est transporté des rues de
Paris au pays des mille collines au rythme
d’une instru monotone et pourtant
envoûtante. Monotone ? Non ! Après maintes
écoutes, je m’extasie devant le travail
de la guitare. Les arpèges à l’électrique nous
envoûtent alors que les interventions à la
classique avec des airs de musique gitane
nous transportent d’un continent à un autre.
le meilleur des autres
“Puisse ma tribune porter autant de passion
et d’admiration que j’en ai été saisi lors de
l’écoute de Pili-pili sur un croissant au beurre.
Cet album m’a charmé, comme aucun album
de rap ne l’avait fait depuis longtemps !
Moi qui pensais avoir perdu le goût du genre,
Gaël Faye a su me prendre par la main
et me montrer, morceau après morceau,
tout ce qu’il avait de plus beau à offrir.”
Vincent Chibon, Montpellier, lycée Joffre
Lisa LeBlanc
Aujourd’hui, ma vie
c’est d’la marde
Tôt ou Tard
Ella Piganiol
Aurillac
Lycée Emile-Duclaux
Ostie qu’c’est ben ! Bien loin des douces
jeunes filles à guitare qui chantent l’amour
et le beau temps, Lisa LeBlanc arrive
en trombe avec son accent acadien très
prononcé et son banjo.
D’une voix rauque qui n’est pas loin du
hurlement, la jeune Néo-Brunswickoise
nous raconte amèrement une déception
amoureuse. A la première écoute, un simple
Français de métropole ne distingue
pas grand-chose de cet acadien mâché
d’anglicismes. Mais avec un peu de
concentration, on perçoit le “message” : Lisa
profère des insultes hautes en couleur et
à tout bout de champ à l’adresse de l’homme
qui a osé la laisser seule. Un chœur mixte
vient la rejoindre au refrain pour clamer
que “peut-être que demain ça ira mieux mais
aujourd’hui (sa) vie c’est de la marde”.
La hargne de la jeune fille donne beaucoup
de plaisir à l’écoute, nous permettant
peut-être d’évacuer nos ressentiments
envers les tracas de la vie quotidienne.
Avec son style qu’elle qualifie de “folk trash”,
Lisa innove et nous offre un genre
de musique assez inédit que l’on pourrait
situer entre la country et le punk.
Et l’on s’aperçoit que nous aussi on était
“tanné(s) des chansons de fi-filles”.
La belle Acadienne ne fait pas dans
la dentelle et on aime ça.
Agathe Audéon
Nantes
Lycée Carcouët
Jeune et acadienne, Lisa LeBlanc
est arrivée dans notre pays avec
son premier album rempli de sincérité.
Appréciée au Québec, elle nous fait
découvrir son style, le folk trash.
Un banjo et son accent suffisent pour
nous séduire.
Une chanson entraînante avec un refrain
qui nous colle à la peau pour au moins une
journée. Rien d’original, une déception
amoureuse digne “d’une toune de Céline
Dion” mais chantée à sa façon.
Sa voix imposante et sa manière de clamer
ses sentiments nous donnent aussi envie
de s’énerver et de rouler les r.
Au moindre coup de blues, Lisa LeBlanc
est là pour nous soutenir comme
une vieille amie. Elle nous chante sa vie
sans jamais se répéter comme
une source inépuisable.
Lisa LeBlanc fait du bien à la chanson
francophone malgré nos préjugés
sur un accent qui peut paraître amusant
lors d’une première écoute.
Elle s’exprime avec liberté dans une société
qui ne l’encourage pas et ça c’est pas
d’la marde !
le meilleur des autres
“Ça explose de couleurs, de nuances
vocales, dans une trivialité sans complexes
exprimée dans un langage ahurissant
d’invention et de verdeurs toutes
acadiennes. On adore !”
Emily Frère et Lou Vection, Cran-Grevier,
lycée Charles-Baudelaire
chroniques lycéennes les inrockuptibles VII
Emma Picq
Piwahye Photo
Gaël Faye
Sophie Maurin
Cortège (sans toi)
Jo & Co
Jeanne Jouan
Nantes
Lycée Carcouët
Qui n’a jamais été touché par la douce
folie et la joie communicative qui se dégage
des poèmes de Jacques Prévert ?
Qui n’a jamais éprouvé un enivrant
sentiment de gaieté devant l’absurdité
des phrases du génial poète ?
Sophie Maurin, auteur-compositriceinterprète originaire du Var, orchestre
à merveille – piano, violon et quelques
percussions – les paroles de Cortège,
y ajoutant sa propre dose de folie amoureuse.
La chanson débute par de délicates notes
au xylophone qui installent une ambiance
légère et féminine, soudainement réveillée
par la voix puissante de la chanteuse
qui atteint des sommets mélodiques avant
d’entonner avec une armée de chœurs
l’entêtant refrain, ce cortège qui défile dans
sa tête mais qui n’a plus de sens “sans toi”.
Sophie Maurin exprime au mieux le doux
délire dans lequel nous plonge la perte
de l’être aimé. Cette absence qui nous fait
soudainement voir des serpents à café,
des moulins à lunettes, des ramasseurs
de conscience et des directeurs de mégots.
Décidément, un seul être vous manque
et tout est mélangé.
Maissiat
Le Départ
3ème Bureau/Wagram
Floriane Tual
Valence
Océane Besançon
Orvault
Lycée Emile-Loubet
Qu’elle soit au chant ou à la composition,
Sophie Maurin parvient à transporter notre
esprit au rythme de sa musique tout aussi
légère que sa voix. Auteur-compositeurinterprète, elle a sorti un album au cours
de l’année 2013 où elle a su faire preuve
d’une inventivité musicale bluffante
(elle introduit, par exemple, de petits détails
comme le bruit des ciseaux dans la chanson
du même nom). Actuellement en tournée,
elle est accompagnée de deux complices,
un violoncelliste et un percussionniste
clarinettiste, ainsi que de son inséparable
piano. Même si elle compose ses propres
chansons, il lui arrive de se référer à des
œuvres littéraires, telles que le Cortège
de Jacques Prévert. Reprenant ce poème,
elle y mêle un refrain énergique et entêtant.
Le rythme de la chanson est donné par
son piano. Sophie Maurin s’approprie
les jeux de mots de Prévert pour les mixer
à son fond musical riche et entraînant.
Une énergie débordante !
Claire Paas
Toulouse
Lycée des Arènes
Un poème de Jacques Prévert, repris
en musique avec des notes légères,
une mélodie aérienne et originale, une voix
emplie de liberté… Cette voix, c’est celle
de Sophie Maurin, auteur-compositeurinterprète, pianiste classique de formation.
Telle l’architecte qu’elle fut auparavant,
la jeune femme a structuré la mélodie
de Cortège (sans toi) avec inventivité, sans
rendre la musique excessive ni chargée.
Une architecture musicale qui est donc
consciencieusement réfléchie par l’artiste.
On pourrait juger ses mélodies simples,
mais en tendant une oreille plus attentive,
on découvre tout un monde derrière la
simplicité. Ce premier album, Sophie Maurin,
sorti en 2013 et déjà récompensé par de
nombreux prix, comporte onze chansons
aussi surprenantes et agréables les unes
que les autres. Cordes, toy piano, kalimba,
clarinette, vibraphone, percussions et
cuivres se rencontrent dans une bouffée
de liberté et de bonheur qui apaise.
Une effusion de créativité qui donne envie de
sortir, de prendre l’air, de tenter de nouvelles
choses, ou tout simplement d’être heureux.
le meilleur des autres
“Le morceau est un régal pour les oreilles :
son piano fou et son timbre passent comme
une lettre à la poste.”
Quentin Balavoine, Nantes, lycée La Colinière
Junior Tshaka
Libère-moi
Echo Productions
Marco Daloise
Cran-Gevrier
Lycée Charles-Baudelaire
Que les dépressifs se manifestent et se
joignent à cette spirale de joie et de bonne
humeur qui entoure l’artiste Junior Tshaka.
Notamment dans son dernier single intitulé
Libère-moi, extrait de l’album Boosté par le
son, qui retrace les traits d’origine du reggae.
Pour ce titre au tempo allegro, Junior
multiplie les percussions, congas, bongos,
cajon, djembé et derbouka. Mais il faut aussi
compter sur les instruments à cordes,
sans lesquels cette fabuleuse création
n’aurait pas atteint sa perfection sonore !
Côté texte, Junior Tshaka réussit le mélange
entre cri d’appel et opinion politique sur
l’état de la planète. Son charisme distille un
reggae militant et rassembleur, un reggae
qui marche sur les traces de Bob Marley,
tout en faisant son propre chemin.
Auriane Raguin
Longchamp
Lycée Henry-Moisand
Dans ce troisième album, Boosté par le son,
Junior Tshaka, auteur-compositeurinterprète nous offre un reggae totalement
moderne. Conscient, positif, engagé et
pacifique, son album est ouvert à tous.
Junior Tshaka, Award de l’espoir reggae
européen en 2009, nous transmet des
valeurs universelles et rend compte de l’état
de la planète, dans un reggae militant et
rassembleur. Libère-moi porte un message
clair : il faut favoriser la liberté d’expression
et supporter les tensions, “canaliser cette
rage, positiver cette douleur”. Il nous montre
un monde où le peuple serait heureux grâce
à la liberté : “Libère-moi de cette cage, qu’elle
VIII les inrockuptibles chroniques lycéennes
explose en couleurs” ! Les voix, la musicalité
et le lien entre les musiciens donnent
au morceau une belle harmonie. Un bémol :
une certaine incompréhension des paroles
et de nombreuses répétitions… Et pourtant,
le rythme soutenu, entraînant, nous donne
envie de danser. Junior Tshaka a réussi à
introduire sa musique, comme Yaniss Odua,
dans le paysage reggae français, et pourra
ainsi sûrement porter encore son message,
sensé et sans fausseté.
Clotilde Thirel
Gaillon
Lycée André-Malraux
Avec ses dreads et sa guitare, Junior Tshaka
nous transporte dans son univers reggae.
Ce Suisse, de son vrai nom Greg Frascotti,
revient avec son dernier album dont est issu
le single Libère-moi. Un tube reggae mais
totalement moderne, avec des instruments
autres que ceux du reggae classique
et un thème qui n’est pas souvent abordé,
comme la dénonciation de la société avec
un message positif, engagé mais pacifique.
Il est tout à fait conscient de ce qu’il dit,
il délivre ce message tout en restant très
joyeux, porté par le rythme et les chœurs.
Une section de cordes festive et chaleureuse,
des percussions rebondissantes, une voix
hypnotique, avec en guest Naby (Peace &
Peace) : on a bien tout ce qu’il faut où il faut.
On éteint la lumière, on appuie sur “play”
et on se libère pendant quelques minutes
de ce monde.
le meilleur des autres
“Junior Tshaka est un artiste charismatique
qui transmet un reggae militant et
rassembleur. Il chante des valeurs
universelles avec beaucoup de sincérité
et aborde avec des mots simples ses
convictions sur l’état de la planète, le tout
dans une langue accessible à tous.”
Célia Lopes, Roissy-en-Brie, lycée Charles-le-Chauve
L’amour et ses ruptures inspirent les
chanteurs depuis toujours. Mais la douceur
angélique d’un cœur brisé fait toute la
différence. Quelques notes de piano et un
chœur digne des Choristes peuvent traduire
toute la mélancolie d’un amour délaissé.
Fille spirituelle de Françoise Hardy
et Dominique A, Maissiat nous dévoile
sa conception de la tristesse amoureuse
avec Le Départ.
Connue pour sa musique pop raffinée,
cette compositrice-interprète expose
une noirceur mélancolique dans ce titre
profond et intemporel. Sensible tout
en étant simple, ce morceau serait comme
un baume au cœur à appliquer sans
modération. Avec un piano délivrant
des notes douces, pareilles à une ballade,
la chanteuse nous emmène dans son
monde, au plus profond de ses sentiments.
Quant à sa voix angélique, elle soutient cette
apesanteur céleste, comme pour alléger le
poids que peut être l’abandon. On voit défiler
une foule de souvenirs et une certaine
nostalgie nous envahit lorsque l’on entend
ce texte triste et poétique.
Maissiat, pareille à un ange déchu, délivre
le message de l’amour abandonné et dépose
un linceul de pommade sur notre cœur
meurtri. On espère, en tout cas, que n’est
pas venu pour elle le temps du départ…
Manon Le Meur
Vaux-le-Pénil
Lycée Simone-Signoret
Larguez les amarres, hissez les voiles…
Départ vers le monument Maissiat !
Avec une voix douce, quelques notes
de piano, des claviers soufflant le froid et
le chaud, notre auteur-compositriceinterprète atteint les sommets et nous
captive par un texte choc, qui affronte
la mort ou l’absence. Malgré son jeune âge,
cette “ovni” de la chanson française a déjà
une belle expérience artistique.
Depuis l’enfance, cette Lyonnaise est éprise
de musique. Son premier album solo,
Tropiques, sort en 2013, après quelques
années à polir les mots et comprendre les
tumultes de nos passions (“Ô lourde peine,
Ô serments décimés, Je vous hais de vous
avoir tant aimé”). Maissiat choisit la pudeur
et dévoile ses blessures sans les exposer.
La musique, délicate, très mélodieuse (la
voix féminine comme une réponse au piano
classique) se rapproche d’une ritournelle
innocente, avant de nous emporter dans un
tourbillon d’émotions. Douleur et douceur
imbriquées. Un talent solaire, telle nous
apparaît Maissiat, saluée par de nombreux
artistes : Dominique A, Jeanne Cherhal,
Raphaël Lugassy
Lycée Nicolas-Appert
et JP Nataf sont déjà fans… Une nouvelle voix
qui fait bien sûr penser à Françoise Hardy,
conquise à son tour par les qualités
d’écriture et le charisme naturel de la belle.
Un parrainage royal, digne des contes
de fée. Maissiat est une artiste à part entière
et son voyage est loin d’être fini…
Gwendolyne Gouinaud et
Gwendoline Chailloux
La Rochelle
Lycée Pierre-Doriole
Ex-chanteuse du groupe Subway, Amandine
Maissiat a troqué sa guitare et des sons rock
contre une voix douce et susurrée,
laissant libre cours à une sensibilité et à un
romantisme qui nous transportent.
A la croisée des chemins entre Bashung et
Françoise Hardy, déjà récompensée du prix
Charles Cros et encensée par la critique,
cette jeune artiste fend l’armure dans
chroniques lycéennes les inrockuptibles IX
Le Départ, tiré de son premier album,
Tropiques, et nous emporte dans un profond
désespoir, celui d’un amour perdu.
Tout en délicatesse et en retenue, Maissiat
nous enchante tant par sa musique
lancinante que par ses textes poétiques,
ciselés, un brin théâtraux, dignes d’un
Corneille ou d’un Racine. Avec des mots
simples, qui touchent au cœur, elle nous
livre une chanson délicate, à son image.
Un chant d’amour plein d’émotions pures et
de sensualité. Un cri. A pleurer.
le meilleur des autres
“Dans cette chanson, Maissiat lève le voile
sur ses sentiments, nous dévoilant
son cœur, face au départ d’un être aimé.
Sa voix poignante et ses mots nous
transpercent et nous émeuvent à ne plus
savoir quoi en dire.”
Marie Gonzalez, Lormont, lycée Les Iris
Strange Enquête
La Vieille du jardin public
Le Bijou
Félix Philippe
Nantes
Melissmell
Déserteur
Discograph
Lucie Chesse
Orvault
Lycée Nicolas-Appert
Les premières notes de guitare remplissent
l’air, puis la voix grave et troublante de
Melissmell vient nous marquer de son fer.
Artiste libre et engagée pour sa liberté, elle
prend la route pour nous embarquer dans
un voyage vers son enfance et son avenir.
Cette ballade, c’est le tiraillement intérieur
d’une femme voulant tout quitter pour
s’offrir une nouvelle vie, où ses vœux
se réaliseraient – enfin – et dans laquelle
ses peurs d’enfance seraient balayées.
Qui est cette personne à laquelle Melissmell
s’adresse ? Ce départ vers l’inconnu est-il un
adieu à un ami ? Hésitante, il lui manque un
souffle de raison pour lui donner le courage
de partir, de se trouver, de se bâtir une
nouvelle vie… Qu’est-ce que le futur pour
cette artiste ? Rien d’autre que le fruit de ses
propres choix. Elle suit ses envies pour se
tracer une route qu’elle ne connaît pas
encore. “Find your own way”, murmure-t-elle
à la fin… Oui, Melissmell s’est convaincue,
elle déserte, et nous entraîne avec elle.
Clément Payein
Strasbourg
Lycée Notre-Dame
Si pour vous aussi, guerre rime avec
incompréhension, alors rejoignez Melissmell
sur la route, celle de la désertion.
Melissmell, de son vrai nom Mélanie
Francette Coulet, impose un style entre rock
alternatif et chanson française engagée,
entre Noir Désir et Damien Saez.
Comme avec ces derniers, l’important reste
le texte : l’histoire d’un soldat qui ne
comprend plus les raisons de son combat,
qui rêve d’un monde apaisé, libre.
Il semblerait qu’il soit aussi question
d’une histoire d’amour qui le tiraille.
Face à ces incompréhensions et
à ces doutes, le soldat finit par déserter.
La musique se fait minimaliste, sobre, mais
puissante. Deux guitares et un petit ukulélé
pour accompagner la voix, doucement
rauque. Avec de temps en temps quelques
coups de grosse caisse.
Mais Melissmell ne vise-t-elle pas un public
plus large ? Cette chanson peut s’adresser à
tous ceux qui acceptent sans se questionner
les contraintes et les ordres. Comme un
appel à une contestation plus large.
Une façon de dire non aux puissances
dirigeantes et de suivre sa propre voie ?
Morgane Adamolle
Nantes
Lycée Carcouët
Déserteur est un titre évocateur.
Comme Boris Vian, Melissmell transmet
un message dans cette chanson :
s’enfuir pour ne pas être embrigadé,
s’enfuir pour ne pas devoir tuer.
Dans son deuxième album, Droit dans la
gueule du loup, sorti en 2013, la chanteuse
mélange rage, tristesse, colère et sincérité.
Dans cette chanson, la voix grave et pleine
d’émotion de Melissmell nous transporte
dans un autre monde.
Un monde rempli de mélancolie et de poésie
où plane une envie d’évasion et de liberté.
le meilleur des autres
“Cette ode à la rébellion est une prouesse
musicale que l’on a envie d’écouter encore
et encore… La force des paroles de
Guillaume Favray complète la mélodie et
l’ensemble forme un tout magnifique !”
Yann Corbeau, Le Mans, lycée Marguerite-Yourcenar
X les inrockuptibles chroniques lycéennes
Anne Clerc
Benoît Courti
Lycée Guist’hau
BATpointG
Juste une note
Postillons et Crachouillis
Manon Alix
Pontivy
Lycée Joseph-Loth
Juste quelques lignes sur Juste une note,
juste quelques lignes sur cette “chanson
antichanson”. Juste une chanson à
contre-courant comme si Baptiste Giuliano,
dit BATpointG, nageait à contresens dans
une marée de sons commerciaux. D’une
simplicité originale, la musique porte des
paroles entraînantes sur juste une note… ou
presque. Juste une note pour qu’elle dure
dans le temps et dans l’esprit, plutôt que
des centaines de notes qui nous effleurent
à peine, qui ressortent de nos oreilles aussi
facilement qu’elles y sont entrées. Juste
une note. “Répétée, matraquée. Matraquée,
répétée.” Puis, une deuxième, une troisième,
une quatrième note. Quelques notes justes,
entraînantes, nous emmenant
mélodiquement jusqu’à la fin de la chanson.
L’ensemble est d’une cohérence évidente.
Juste 1 min 55 s, juste assez pour se prendre
un raz de marée de réalité en pleine tête.
Marieta Fize
Toulouse
Lycée des Arènes
Sortez de vos clichés et venez rejoindre
la danse engagée de BATpointG, le jeune
groupe qui revient en force après son
premier album Homme Akkordéon (2010).
Il vous transporte dans une ambiance
de révolution avec le titre Juste une note,
celle de l’imprégnation.
Elle donne son nom au deuxième album
sorti en 2013, toujours plus chargé en textes
aiguisés et en rimes habiles à l’énergie rock.
Juste une note est vraiment composée… d’une
seule note !
Le do domine les percussions qui
l’accompagnent, et quel do !
Il est répété autant de fois que possible
pour que vos têtes s’imprègnent
d’une critique acérée de la société.
L’air tchatché, presque parlé vous ouvre
les yeux sur le monde d’aujourd’hui basé
sur la société de consommation et
de l’idéalisation, tout en vous faisant sourire
sur cette seule note do tant appréciée.
Alors venez, juste une dernière fois et
entrez dans la contradiction de cette danse
décalée : juste une note, mais une note
juste !
le meilleur des autres
“L’artiste se met à nu, chantant
presque a cappella et puise dans ses
dernières ressources afin que nous
réagissions.
La simplicité de cette chanson révèle
toute la complexité des tourments ressentis
par le chanteur lorsqu’il dénonce cette
société étriquée.”
Pauline Rozec, Brest, lycée Kerichen
C’est terre à terre, c’est cru, et ça fait du bien.
Strange Enquête nous ramène à une
authenticité tant voulue, une simplicité
équilibrée. Jérôme Pinel rallie directement
à sa cause, avec une voix teintée du soleil
de la Garonne, un débit saccadé qui ne
décide pas entre slam et rap.
Il est soutenu par la contrebasse douce mais
acérée de Manuel Mouret qui, de boucles
efficaces et bien rodées en relances épicées,
pose une harmonie percussive, entêtante
mais diablement humaine. La cohésion que
l’on sent dans ce duo dégage une énergie
palpable, ils sont complices par un lien
indicible, qui bien qu’invisible, est loin d’être
inaudible.
La tchatche de Jérôme nous dépeint
un univers familier mais quelque peu
extraordinaire auquel on s’identifie
immédiatement. Ce ne sont pas des paroles
qu’il débite mais une nouvelle bien ficelée
dont on ne peut ignorer la morale.
Ces deux-là nous font hocher la tête comme
Tupac, nous transportent comme Coltrane,
nous envoûtent comme Gainsbourg, nous
font swinguer comme Django. On les verrait
bien performer n’importe où : dans un
théâtre renommé, dans une salle survoltée,
dans la rue, dans un petit club privé, en
aparté chez des particuliers… Et pour ceux
qui n’auront pas la chance de les croiser :
les flemmards, les bosseurs, ceux qui sont
trop loin, il reste toujours la platine
et le casque. Le salon ou la rue, à vous
de choisir !
Florian Bergaud
Aurillac
Lycée Emile-Duclaux
Jérôme Pinel, auteur et chanteur,
et Manuel Mouret, à la contrebasse,
nous font entrer dans leur univers à travers
cette chanson : La Vieille du jardin public
combine tous les éléments qui permettent
de faire une bonne musique rythmée,
en voici la recette : une dose d’humour ;
leurs paroles provoquent le rire chez celui
qui écoute cette musique.
C’est un monde décalé qui nous est présenté
ici, et c’est l’originalité et l’étrangeté
de ce texte qui amène à sourire.
Un grand bol d’originalité ; le scénario
n’est pas banal et il se distingue clairement
grâce à ça.
Une histoire bien menée, de bout en bout,
et c’est ici que l’expérience de Jérôme
se fait sentir, car c’est bien tout un art
d’imaginer un texte sortant de l’ordinaire
et de réussir à en faire une œuvre
à part entière.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XI
La Vieille du jardin public, c’est le récit
complètement désopilant d’une grand-mère
qui se jette sur le capot des voitures
pour éviter de marcher jusqu’à la maison
de retraite : étonnant, non ?
Elèves de seconde générale
Montauban
LEGTA Capou
Strange Enquête est un duo composé
d’un chanteur et d’un contrebassiste. Proche
du rap et du slam, le chanteur Jérôme Pinel
se définit comme un “tchatcheur”.
Ce groupe parvient à transformer de banales
histoires en d’étranges enquêtes.
Le titre La Vieille du jardin public met en
scène une mamie “strange” qui profite de la
générosité et de l’innocence des jeunes.
Cette chanson ressemble à une nouvelle.
De sa voix grave, Jérôme Pinel nous raconte
une histoire jusqu’à sa saisissante chute.
Le refrain contient ce qui ressemble
à la morale de l’histoire et il reste en tête…
“la preuve” !
La contrebasse à l’arrière crée des effets
de rythme comme un cœur qui bat, plein
d’émotion. Vivant, ce titre joue sur les sons,
sur les mots ; il mêle toutes les richesses
de tous les niveaux de langue et peut ainsi
plaire à tous.
Strange Enquête va compter désormais
parmi ces artistes qui racontent
des histoires que l’on aime réécouter !
Sachez malgré tout que Jérôme Pinel
maintient le mystère : “Cette chanson
n’est vraie qu’à 95 %”…
le meilleur des autres
“Leurs paroles à l’humour froid et décalé
s’entremêlent avec les boucles hypnotiques
de la contrebasse pour submerger
nos oreilles d’un astucieux mélange
à la signature bien trempée.”
Hugo Fleurance, Nantes, lycée Guist’hau
Des élèves
du lycée
André-Malraux
de Gaillon
– classe de
M. Guillaume
Boulet – au
travail sur
Les Chroniques
lycéennes
les p’tits
papiers
un grand
bol d’air
Guillaume Boulet
Cet hiver, notre journaliste
Stéphane Deschamps est
parti à la rencontre de
lycéens de Gaillon (Eure)
pour leur expliquer comment
rédiger une chronique.
Voici ses conseils.
L
a première réaction quand
on écoute et choisit un morceau
dans le cadre des Chroniques
lycéennes, c’est de se dire
“j’aime” ou “j’aime pas”. Mais le plus
intéressant, c’est de se demander
pourquoi on aime ou pas, d’essayer
de comprendre l’univers de la chanson,
du chanteur. Même si ce n’est pas votre
univers, même si vous ne comprenez
pas. Ce n’est pas parce que vous
n’aimez pas quelque chose que ce n’est
pas bon. Vous n’aimez pas certains
aliments. Pourtant, la personne qui les
a préparés est peut-être un excellent
cuisinier. Comme on dit : chacun ses
goûts. Vous choisirez donc le morceau
à chroniquer en fonction de vos goûts,
de l’inspiration que vous sentez poindre.
L’inspiration, c’est arriver à transmettre
avec des mots ce qu’on ressent
en écoutant de la musique.
Avant de se lancer dans l’écriture,
on fait d’abord un petit travail de
recherche d’informations : le parcours
biographique de l’interprète, du groupe
ou du chanteur. Garçon ou fille, d’où
il ou elle vient, son âge, depuis quand
il fait de la musique, son instrument s’il
en joue… Des informations factuelles,
biographiques. Grâce à internet,
ces informations sont faciles à trouver,
aujourd’hui tous les musiciens ont
un site. Il est important de réunir et
connaître ces infos, même si on ne les
utilise pas à l’arrivée. Elles ne vont pas
constituer le cœur de la critique mais
vont permettre d’étayer, de charpenter
le texte. Quand on fait une critique très
subjective, le lecteur ne comprend
pas forcément, il n’est pas toujours sur
la même longueur d’onde que l’auteur
de la critique, il n’a pas obligatoirement
les mêmes références, le même
imaginaire. En revanche, si on utilise
des données objectives, irréfutables,
tout le monde peut les comprendre.
Mais ces informations ne suffisent
pas pour faire une bonne chronique.
S’en contenter, c’est prendre le risque
d’écrire un article Wikipédia,
impersonnel et trop factuel. Il faut
ensuite plonger au cœur de la musique,
décortiquer la chanson, se poser
des questions sur le style musical,
les instruments utilisés, le type de voix,
le sens du texte, la pochette du disque
et l’univers visuel de l’artiste : tout
ce qui fait qu’une chanson est différente
d’une autre.
Après cette partie analytique, qui
précède l’écriture, il est maintenant
XII les inrockuptibles chroniques lycéennes
temps de revenir à la surface. On peut
chercher des comparaisons, des
métaphores, des analogies. Est-ce que
cette chanson irait bien avec un film,
un livre, un lieu, un moment de la
journée ou de la vie ? Est-ce que vous
avez envie de la faire correspondre
avec autre chose ? On peut dire : c’est
entre Machin et Machine, ça ressemble
à Untel, en plus ceci ou cela. On peut
utiliser des références culturelles, mais
à condition de ne pas être trop obscur.
Si la chronique se transforme en texte
pour initiés, ça exclut le lecteur
qui ne connaît pas les références.
Evidemment, c’est plus facile en ayant
une culture musicale, une sensibilité à
la musique. Si vous en manquez, faites
travailler votre imagination. Même si
l’exercice entre dans le cadre de votre
scolarité, l’écriture d’une critique
musicale n’est pas un exercice scolaire,
pas une rédaction, mais un travail plus
libre et personnel. Il faut noter ses
impressions, se demander pourquoi on
aime (ou pas) cette chanson ? Est-ce
qu’elle nous permet de nous évader ?
Est-ce qu’elle nous apprend des choses
sur nous-mêmes ? Nous donne
la pêche ? Nous calme ? La musique,
ça fait voyager, c’est une évasion ou
une destination, un refuge. Votre critique
peut être comme un récit de ce voyage
intérieur.
Et maintenant, au (vrai) boulot :
l’écriture. On écrit toujours pour un
lecteur, mais on n’écrit pas de la même
façon pour un lecteur du Journal
de Mickey et pour un lecteur du Monde.
L’objectif doit être de faire un texte
plaisant, agréable à lire. Même si votre
lecteur ne connaît pas le morceau
chroniqué, il faut lui donner envie :
d’abord de lire la critique, ensuite
d’écouter le morceau et de découvrir
l’artiste. Pour donner envie de lire la
critique, il faut travailler sur l’écriture,
libérer son imagination, faire
de l’humour, raconter une histoire.
On peut faire des jeux de mots, trouver
des formules. La critique musicale,
c’est un exercice journalistique léger.
Ce n’est pas du fait divers, de la
politique, de l’économie. On peut se
permettre d’être drôle et subjectif.
Comme dans tout texte, roman ou
article, le début et la fin sont très
importants. Le début, c’est l’“accroche”,
qui porte bien son nom, la phrase qui
va accrocher le lecteur et lui donner
envie de lire la suite. La fin, qu’on
appelle “chute”, est aussi importante.
C’est la dernière impression laissée par
le texte, et votre signature arrive juste
en dessous. Bien sûr, entre le début et
la fin, c’est important aussi.
Une bonne critique apporte un point
de vue personnel sur le disque.
Est-ce qu’on doit pour autant utiliser le
“je”, la première personne du singulier,
dans une critique ? Il vaut mieux éviter,
ça risque de fermer le texte sur un point
de vue nombriliste. “Je pense que” est
une formule à proscrire, souvent inutile
dans une phrase. On garde le “je” pour
d’autres exercices journalistiques :
billet d’humeur, éditorial, reportage
éventuellement. Dans une critique,
on utilise plutôt le “on”. Ou alors vous
utilisez le “je” si votre critique tourne
autour d’une histoire très personnelle
que vous allez raconter, pour parler
de la musique à travers cette histoire.
De même, on évitera les phrases
toutes faites, les lieux communs qui
s’appliquent à tout et n’importe quoi,
comme “un artiste à découvrir”,
“un disque à écouter et réécouter”,
“sur son site internet, on apprend que”
ou “il sera en tournée prochainement”.
Tout ce qui précède est à apprendre
par cœur, interro écrite demain. S. D.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XIII
La scène de la Bouche d’Air
à Nantes défend la chanson
francophone depuis plus de
trente-cinq ans. Nous nous
sommes tout naturellement
associés aux Chroniques
lycéennes depuis 2006.
Cette année, les lycéens de
Carcouët et de La Colinière
à Nantes, et de JoubertMaillard à Ancenis
ont rencontré Melissmell,
artiste programmée
par la Bouche d’Air
et sélectionnée par les
Chroniques lycéennes.
Un temps fort sous forme
de miniconcert et
d’échanges avec l’artiste a
été organisé dans l’enceinte
de chaque lycée, puis les
élèves ont assisté à son
concert public à la salle
Paul-Fort.
Plusieurs rendez-vous ont
été proposés pour
compléter ce parcours :
– Visite de la salle PaulFort, avec une approche
des aspects techniques
et une sensibilisation aux
risques auditifs.
– Conférence sur
les musiques actuelles
avec un focus sur
la chanson française1.
– Atelier de réécriture
d’une chanson d’un
des artistes en lice1
– Atelier sur l’écriture
journalistique mené par des
professionnels de la région.
Autant de déclinaisons
pour ce projet pédagogique
et culturel avec une
immersion complète dans
l’univers de la chanson.
Magalie Denet,
chargée d’action culturelle
La Bouche d’Air à Nantes,
www.labouchedair.com
1. animé par l’artiste Ignatus
Mell
Un pied dans le vide
Artdisto/L’autre Distribution
Sael Darrig
Roissy-en-Brie
Lycée Charles-le-Chauve
Mélanie Frisoli, surnommée Mell, avance
sur la scène “un pied dans le vide” ! Après
avoir commencé par Mon pied en pleine face,
la chanteuse ne s’arrête plus. Elle parcourt
le monde à grandes enjambées sans
s’arrêter, touchant le public avec justesse
et sincérité.
Dès le début, Mell déclame son texte sur
un rythme endiablé. Elle tutoie sans pudeur
et accuse avec froideur. Bien vite, un malaise
s’installe dans les paroles. Son chant devient
presque parlé. Des sons électroniques
sonnent comme des alarmes et se
dédoublent au fur et à mesure, mais des
claquements de mains attirent l’attention,
aussitôt repris par des percussions.
Sa voix est suivie de quelques notes qui se
bousculent vers le refrain. Les percussions
se succèdent au fil de la chanson.
Les guitares et pianos électriques alternent
mélodies et accords de façon frénétique,
tantôt fortement tantôt faiblement, tout
semble hors de contrôle. Dans le rythme
qui jamais ne ralentit, accourent des
contretemps, et malgré tout, la musique ne
s’essouffle pas. Le silence n’a pas de place
dans cette course effrénée, les sonneries
d’alarme retentissent du début jusqu’à la fin
du morceau, comme si celui-ci ne pouvait
s’arrêter.
Dans cette chanson, Mell incite tantôt
à ralentir, pour mieux mesurer les actions,
ou au contraire à agir vite dans des situations
extrêmes. Un pied dans le vide s’adresse
à tous ceux qui ne savent pas sur quel pied
danser et invite, par un message fort, à venir
en aide aux autres. Par la critique, l’artiste
revendique la puissance que chacun peut
avoir sur la vie d’une personne. C’est une
belle incitation à l’entraide, à la fraternité et
à l’amour. Mell, meneuse née sans appel !
Benjamin Brager
Besançon
Lycée Claude-Nicolas-Ledoux
Un pied dans le vide, extrait du cinquième
album de Mell intitulé Relation Cheap et sorti
en avril 2013, nous fait découvrir une
nouvelle facette de la personnalité de son
interprète. Dix ans après Mon pied en pleine
face, son premier succès, Mell,ajoute
ainsi le romantisme à son style punk-rock.
L’artiste prend du plaisir à jouer de son
instrument de prédilection, la guitare, sur
une musique entraînante et bien rythmée
qui n’est pas sans rappeler les sixties
mélangées aux années 80. Toujours à
prendre au second degré, le texte de ce
morceau peut être perçu différemment par
chacun en fonction de son vécu. Sur le
thème de l’amour ou de l’amitié, il reste un
hymne à la fidélité, à la solidarité.
Son refrain, “Et toi t’étais où quand elle a mis
un pied ?/Et toi t’étais où quand elle a mis
un pied dans le vide ?”, renvoie à l’idée qu’il
suffirait parfois d’un peu de réconfort
de la part de l’autre, d’une écoute, pour
surmonter les moments difficiles.
le meilleur des autres
“Tels des funambules, nous vibrons au
rythme planant des paroles. La mélodie
provoque de violents cyclones dans le
ventre et Mell en profite pour nous souffler
ses reproches glacés. Mélancolie, colère et
impuissance, elle nous transmet tout un flot
renversant d’émotions, et l’on n’a d’autre
choix que de tomber à ses pieds.”
Camille Labarussias, Nantes, lycée Guist’hau.
XIV les inrockuptibles chroniques lycéennes
Coloscopie d’un président
Quasi Indestructible Production
Sadaki
Bercenay-en-Othe
Lycée Saint-Bernard
Pareil à un grand corps malade…
Prendre quotidiennement une dose de la
chanson de Laurent Montagne, Coloscopie
d’un président afin d’éviter toute lividité,
surtout si vous êtes politicien. Le cas
échéant, prenez cette dose musicale matin,
midi et soir pour parer toute déprime sociale.
Symptômes : sonorités sombres rappelant
Noir Désir, voix rauque et grave avec
un relent de Kyo, perte de parole en public,
timidité aiguë.
Etat d’esprit du patient : grande envie
de frapper président et ministres, immense
pulsion de chanter le politiquement incorrect.
Etat d’esprit de l’entourage : réflexion mais
parfois incompréhension.
Effets secondaires : révolte envers l’Etat,
ouverture des yeux, sifflotement mélodique,
grande gueule.
Ce médicament ne convient pas aux
politiciens qui brassent de l’air et risquent
par conséquent une aérophagie sévère.
Si les symptômes persistent, le patient est
condamné à écouter Montagne en boucle,
sans quoi il demeurera un bon pigeon
à la solde de cette société pourrie.
Aurore Rossius-Gagnon
Cran-Gevrier
Lycée Charles-Baudelaire
Après quelques années à chanter pour les
enfants, Laurent Montagne, ancien chanteur
des Acrobates, revient en force : ils sont
maintenant quatre dans une formation rock.
Sous influence Dominique A, ses nouveaux
partenaires lui créent une toile sonore
prenante à l’intérieur de laquelle il tisse
des textes intenses et poétiques.
Dans Coloscopie d’un président, sa voix rauque
s’élève dans un air sombre et souterrain.
Elle nous attrape, nous emporte dans les
pensées tortueuses et conspiratrices d’un
politicien. Puis nous conduit au cœur des
intestins sinueux du président : l’air devient
irrespirable… Batterie, guitare et basse
explosent dans une violente colère, puis
s’immobilisent pour repartir avec retenue
en attendant la prochaine déflagration !
A la fin de cette coloscopie, nous rejoignons
la surface et reprenons notre souffle, avec
toutefois comme une envie d’y retourner !
Cynthia Kerberiou
Hyères
LP Golf-Hotel
De l’air pour l’ère du vent. “Si tout se vend,
pourquoi pas l’air.” Laurent Montagne
dénonce la langue de bois, les mensonges
des uns, l’hypocrisie des autres. Le chanteur
a une voix plutôt calme, mais, sûre d’elle au
début du morceau, elle s’emporte en même
temps que la batterie dès la deuxième
minute et c’est le rock qui l’emporte et qui
nous emmène dans une fable qui dénonce
ceux qui brassent l’air.
Monde des affaires, monde de la politique,
même combat : gagner le cœur pour
se remplir le porte-monnaie. Président
de la République ou de groupe économique,
il “vend du vent”. La voix apaise, met en
confiance pour mieux capturer sa proie.
Quand celle-ci est embobinée, on lui fait
croire que, l’air de rien, l’air est un bien
qui se monnaie. Et si t’en veux, il faut raquer.
“Lib’airez-vous”, somme l’artiste.
Il ne manque pas d’air, le proctologue !
le meilleur des autres
“Loin des standards de la Star Ac et
de The Voice, ce rebelle a su séduire par
son audace verbale, sa musique
catégorique et son parcours atypique.
Il en donne une nouvelle preuve avec cette
chanson Coloscopie d’un président.”
Amandine Masure, Château-Thierry,
lycée Jean-de-La-Fontaine
Salmanski Bartosch
Cahuate Milk
Laurent
Montagne
La Fanfare
en Pétard
Noir comme l’or
FTI Production
Coline Minker
Strasbourg
Lycée Notre-Dame
Un choc des cultures musicales. La Fanfare
en Pétard manie et détourne avec soin le
traditionalisme d’une fanfare pour en faire
un captivant mélange qui tend vers l’electro,
le hip-hop ou le reggae.
Noir comme l’or est un des derniers
morceaux du groupe alsacien. L’introduction
au saxophone nous plonge d’emblée dans
l’univers de la fanfare. Celui-ci est ensuite
rejoint par le trombone, la trompette, le
soubassophone, la caisse claire et la grosse
caisse, qui construisent cet air entraînant.
La mélodie répétitive du saxophone sert
de trame à toute la chanson.
S’y posent des paroles de poésie en prose.
Des phrases abruptes et rudes de leur
langage familier, inquiètes face au temps qui
passe. Des idées juxtaposées, parfois sans
lien entre elles, mais tournées vers la même
direction : le temps. Un débit de paroles
légèrement effacé par l’accompagnement,
ce qui n’empêche pas une parfaite osmose
entre le texte et le beat de la grosse caisse.
Des paroles cadencées qui courent le temps
qui s’écoule au rythme de la fanfare. Une
fanfare pour revenir en arrière et de l’electro
pour avancer. Cette chanson est comme
un bouton off qui nous arrête et nous place
entre deux générations. Un tiraillement
entre passé et futur. Une prise de
conscience face à nos modes de vie pressés.
Affamé par le temps, plus de passé,
plus de passe-temps.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XV
Piel Benoit
Bouxwiller
Lycée Adrien-Zeller
En manque de peps ? Marre d’écouter une
MAO fade et insipide ? Noir comme l’or est la
cure qu’il vous faut ! Ce titre rempli d’énergie
pure fera danser vos membres de manière
incontrôlée. Après une pause de quatre ans
depuis leur dernier disque, le groupe
strasbourgeois La Fanfare en Pétard revient
avec un nouvel album, Le monde est curieux,
dont le titre principal, l’énergique Noir comme
l’or, ne saurait vous laisser de marbre.
Dans ce titre au rythme endiablé et au tempo
approchant les 158 battements par minute,
Philippe Rieger dit Gaston, le chanteur,
nous dévoile son art en déballant son texte
à vitesse grand V sur le rythme de ses
cinq compagnons et leurs instruments
de fanfare, texte évoquant son avenir qu’il
voit “noir comme l’or”, allusion au pétrole
dont se couvrent les musiciens à la fin
de leur vidéo. Il évoque aussi un présent
éphémère, un temps qui s’écoule trop
rapidement, ne laissant la place qu’au travail
et excluant les divertissements et la joie de
vivre. Ce morceau fait l’effet d’un concentré
d’énergie pure, il chasse la mauvaise
humeur et remplacera votre dose de caféine
matinale. Un remède idéal contre
la morosité et la lourdeur quotidienne.
le meilleur des autres
“C’est un curieux mélange de rap et de
fanfare ; un groupe qui manie avec élégance
les cuivres au service d’un flow hip-hop
et d’un son electro. La Fanfare en Pétard
n’a rien d’une fanfare ordinaire : elle est
maîtresse en son domaine, unique et bien
loin des sentiers déjà tracés par les
multiples troupes de rue !”
Tom Rousseau, Nantes, lycée La Colinière
s’éloigne, se dilue dans la musique, et
s’éteint dans un decrescendo final, comme
une plongée dans l’infini encore inconnu.
Capucine Clech
Blagnac
Lycée Le Farradou
Laurent Lamarca a-t-il réussi
A nous faire monter avec lui
Dans sa fuite en taxi ?
Trois Montpelliérains ; Nicolas, Germain et
Colin.
Chant, violoncelle, percussions et guitare
électrique
Nous offrent un chef-d’œuvre lyrique
et musical.
Magali Royer
Ce jeune Lyonnais de trente-deux ans
Sort son album Nouvelle fraîche
Aux sons electro entraînants
Qui répétés, donnent de la “pêche”
Laurent Lamarca
Taxi
Columbia/Sony
Elsa Girard
Roissy en Brie
Lycée Charles-le-Chauve
Voici descendre un homme qu’il ne faut pas
laisser passer. Il va trop vite ce passager
inconnu, tantôt dans le noir de la nuit, tantôt
sous la lumière des phares. Au volant
du groupe XX Mariani, il aimait écouter à la
radio At The Drive-In. Mais maintenant, il fait
route seul, tentant parfois le covoiturage
pour pimenter le trajet ! Ce chauffeur, c’est
Laurent Lamarca, un musicien déroutant,
démarrant sur les chapeaux de roues
avec son titre Taxi.
C’est en ouvrant la portière de son bolide
qu’il dévoile, sous la carrosserie massive,
un vent de liberté. En effet, qui n’a jamais
eu la furieuse envie de quitter les
embouteillages de la vie ? C’est à travers
cette route hasardeuse conduite par
une voix charmeuse que l’artiste transporte
les auditeurs. Laurent Lamarca fait défiler
son texte avec sincérité et instinct
dans un monde où lui-même est perdu.
Sous le capot, un rythme régulier de batterie
énergique se fait entendre tel un moteur
qui tourne à régime constant. Des guitares
électriques glissent sur un va-et-vient
de notes enfumées, tandis que des chants
en écho apparaissent plus loin sur
le bord du bitume. Sa voix se fond dans
ce décor qui défile inexorablement, jalonné
d’effets électroniques agissant comme
les éclairages d’une ville. Au plus loin
des chemins résonnent de faibles coups
de klaxon et des sirènes sonnant
leurs sourdes détresses.
Embarqués avec Laurent Lamarca,
un nouveau paysage sonore se dévoile,
influencé par une musique underground
renouvelée par la jeunesse innocente
de l’artiste et l’ivresse du voyage.
A écouter sans limitation de vitesse !
Juliette Buchet
Aurillac Lycée Emile-Duclaux
Dans son premier album, Nouvelle fraîche,
l’artiste lyonnais nous livre Taxi, magnifique
chanson qui nous emporte dans un
tourbillon d’émotions. La chanson sonne
donc comme une invitation au départ. Mais
départ pour où ? Départ pourquoi ? Il s’agit
peut-être d’une fuite, destinée à oublier
pour vivre à nouveau “loin des rêves perdus”.
Car qui n’a jamais rêvé de monter dans un
taxi pour fuir une vie devenue trop pesante ?
Le temps d’un couplet, le chanteur évoque
de manière sibylline des souvenirs auxquels
il semble vouloir échapper, peuplés d’une
sorte de fantôme qui continue de le hanter,
et auquel il s’adresse sans lui donner
de nom : “oui toi tu sais”. Suit alors un pont
musical, en rupture avec le reste de la
chanson, et le temps s’arrête. La musique
est plus douce, il n’y a plus de percussions
et on se sent planer, emporté par les
sonorités aériennes. C’est un moment
de suspension, comme un adieu
à ce que l’on a été, un hommage au futur
que l’on va découvrir.
Puis le refrain reprend, et notre taxi
redémarre. Toujours les mêmes paroles,
que l’on croirait scandées à l’infini :
“Taxi emmenez-moi…” Toujours cette envie
d’ailleurs, de fuir la ville où vivre est devenu
si lourd. On ferme alors la porte au passé,
aux idées noires. Il n’y a plus de place que
pour l’avenir. Peu à peu, la voix du chanteur
XVI les inrockuptibles chroniques lycéennes
Laissez–vous voyager ; tomber à la renverse,
et
Savourez l’amertume des mélodies
lancinantes,
Le piquant de l’instrumentation tourmentée.
Goûtez aux ambiances tantôt suaves
et apaisées,
Tantôt âpres et enragées ; toujours
enivrantes.
Que votre cœur déguste et cherche le sens à
La sombre et succulente poésie de Iaross.
L’artiste vit pour la scène,
les interprétations,
Où il transmet sa fougue, toute son énergie ;
Dans plusieurs de ses textes,
il nous parle de sa vie,
Et ce premier album est une révélation
On lui pardonnera ses paroles limitées
Et les couplets qui sont très souvent répétés,
Car son rythme et son “beat” subtilement
composés,
Font écho au moteur d’une voiture débridée
Un soupçon de Bashung et une pincée
de Radiohead dans un grand verre, c’est
Un cocktail d’influences variées : une
musique efficace
Pratiquant avec talent la route du rock
et de la chanson ;
S’égarant volontiers sur les traces
de l’electro ou l’expérimental.
L’auditeur explore la savante musicalité
du trio,
Si riche que l’album Renverser en 2013 fit
l’unanimité.
Entre des rimes croisées et d’autres
redoublées,
Le tempo de Taxi est toujours bien trouvé,
On se perd dans les rues, dans la ville,
dans ses rêves,
Attendant avec lui qu’un nouveau jour
se lève
La chanson s’accompagne d’un clip vidéo
Où le chanteur s’enfuit d’une ville pleine
d’idéaux,
Et termine sa course dans une campagne
perdue,
Il se trouve “loin des rêves”,
des rêves qui l’ont déçu
A la fin de Taxi, quand les lumières
s’éteignent,
Que le son se dissipe, le rythme ralentit,
Quand la course s’arrête, que la chanson
finit,
On reconnait l’artiste… est-ce le début
d’un règne ?
Taxi devrait tracer une belle route
chez les jeunes,
Ils sauront apprécier car c’est une musique
“fun” ;
Mais va-t-il dépasser l’enceinte des lycées
Pour toucher un public aux attentes
haut placées ?
le meilleur des autres
“Lorsque la vie quotidienne peut nous
paraître maussade, triste et injuste, l’écoute
de Taxi permet de prendre une nouvelle
route, un nouveau chemin et de s’évader
juste le temps de trois petites minutes…”
Clément Coutand, Orvault, lycée Nicolas-Appert
Iaross
Renverser
Kametsa
Elliott Nattrass
Pessac
Lycée Pape-Clément
Un violoncelle, un carreau délavé et la mort
entre dans un bar : ça vous évoque quoi ?
Une blague que votre ami a lancée autour
d’un feu de camp ? Un sketch hilarant
des Monty Python ? Une chanson des
Beatles à l’ère Sgt. Pepper’s ?
Non, plutôt la révélation renversante
de la part de ce groupe français dirigé
par le violoncelliste chanteur Nicolas Iarossi.
C’est la sortie de leur troisième album
(après Lazar en 2008 et Ventre en 2010).
Renverser, le single du même nom,
est une chanson très Dazed and Confused.
On y repère un mélange de blues, de rock
et une touche de psychédélique.
Le mélange en question est très efficace,
avec une composition complexe et des
harmonies incongrues. Le remplacement
de la basse par un violoncelle rend
le titre encore plus singulier. La chanson
se termine de manière éclatante, avec
un déchaînement de tous les musiciens,
puis un solo qui serait joué par l’une
des Triplettes de Belleville.
Iaross, dans son chant, appelle au
soulèvement. Il souhaite une sorte de
révolution qui ne serait pas une révolution
collective, une masse de gens en colère
dans la rue, formant un vacarme inhumain,
mais plutôt une révolte intime, amoureuse,
une révolte à deux.
La poésie, dans le monde de Iaross,
ce monde nouveau, remplace les promesses
politiques de l’ancien monde corrompu.
Sébastien Hieu
Nantes
Lycée Guist’hau
Entendez ; la messe hallucinatoire en
versets,
Les psaumes torturés du prophète Iaross.
Vivez la transe sur une ode noire et
hypnotique,
Haletant, vous finirez par vous réveiller.
2008 : l’origine du trésor en vers, c’est
chroniques lycéennes les inrockuptibles XVII
Des poèmes raffinés, Iaross est là pour
en verser
Pleins nos oreilles ; un flot de mots laissant
voguer nos sens.
Les rimes caressent, explosent,
Questionnent l’avenir et espèrent.
La bande rend même hommage
à Baudelaire
Offrant sa version rock du Spleen LXXVI
du poète maudit.
La nuit prend fin.
Dans vos têtes, à l’endroit à l’envers c’est,
Les stances de trois virtuoses qui sans cesse
résonnent.
La poésie de Iaross n’est pas prête
de s’arrêter,
Irrenversable.
le meilleur des autres
“La musique se lie intimement aux paroles,
enlacement des sons et des mots. Le départ
sonne doux comme un songe : notes de
guitares égrenées subtilement. Puis vient la
brutalité du réveil : guitares de plus en plus
violentes, saturées et saxophones en sus.”
Sarah De Azevedo, Nantes, lycée Guist’hau
“écrire reste
une activité
mystérieuse”
Vous avez dit que vous ne vous
sentiez pas chanteur. Qu’en est-il
aujourd’hui ?
Alex Baupain – Ce n’est pas que
je ne me sentais pas chanteur. Pour moi,
c’était un métier inaccessible parce que
je ne connaissais personne dans
ce milieu. C’était un monde inconnu.
En même temps pas si inconnu,
parce j’ai une culture de la chanson.
J’ai appris à jouer du piano. J’ai chanté
dans une chorale. Mais je n’ai pas eu
ce truc de lycéen : avoir un groupe.
Je suis arrivé tard, vers 24 ou 25 ans,
dans ce monde. J’ai donc mis du temps
à assumer ce truc-là.
Vous écrivez des chansons, vous
composez pour le cinéma, le théâtre.
Est-il devenu nécessaire d’écrire
pour vous aujourd’hui ?
C’est nécessaire, mais je fais
en sorte que cela ne soit pas un travail
de bureau. J’ai besoin d’avoir envie.
Ecrire reste une activité mystérieuse.
Les mots viennent de manière
inattendue. Je n’ai jamais considéré
la chanson comme un métier.
Je chante, je vais dans des endroits où
je me fais applaudir. C’est très agréable.
Pensez-vous écrire un livre ?
Non, la chanson reste la forme
artistique dans laquelle je me réalise
le plus. Je suis incapable d’écrire
un scénario. Acteur, je suis nul.
Christophe Honoré a essayé de me
confier des petits rôles dans ses films.
Quand je joue, je deviens une espèce
de handicapé. Je ne sais même plus
m’asseoir. Je suis vraiment mauvais.
Mais jouer peut s’apprendre, non ?
Je ne crois pas. On peut toujours
aller au conservatoire. Je pense qu’il
y a là quelque chose de l’ordre de la
nature. Je sais, c’est très injuste.
XVIII les inrockuptibles chroniques lycéennes
Rüdy Waks
D
ans le cadre de leur
enseignement “Littérature
et société”, deux classes
de seconde du lycée
Les Bruyères à Sotteville-lès-Rouen ont
participé aux Chroniques lycéennes en
travaillant sur l’écriture journalistique.
Sous la direction des enseignants
Mme Maguet et M. Lepiller,
ils ont bénéficié de l’intervention
de professionnels : Maryse Bunel,
journaliste et responsable
du site d’informations culturelles
de Haute-Normandie Relikto,
et Bastien Cantillon, conférencier,
musicien et journaliste, chargé
de mission pour les musiques actuelles
en Haute-Normandie. Après ces
différents ateliers de travail, certains
élèves ont rencontré Alex Beaupain
à l’occasion de son concert au Trianon
Transatlantique, le 7 février dernier.
Voici l’interview, parue sur le site
Relikto, qu’ils ont rédigée à l’issue
de cette belle journée.
“comme ma vie n’est pas
aussi palpitante
que dans les chansons,
j’exagère”
“je fais en sorte de ne
pas être paresseux
intellectuellement”
Révélé par ses chansons et BO pour
les films de Christophe Honoré,
Alex Beaupain est désormais bien
installé dans le paysage musical
français. Il répond aux questions
de nos reporters lycéens.
Il y a des gens qui sont faits pour ça,
qui sont cinégéniques.
Comment envisagez-vous l’avenir
dans la musique et dans votre travail ?
Cela fait dix ans que je fais ce métier.
J’ai eu la chance que le premier
album n’ait pas marché. Les choses
ont avancé petit à petit. Je suis arrivé
à un point où les chiffres de ventes
commencent à être acceptables.
Je donne des concerts où le public est
de plus en plus nombreux. J’ai même
chanté à l’Olympia à Paris. Cette salle
m’a toujours fait rêver. Avoir son nom
en lettres rouges, c’est un truc dingue !
J’ai sorti quatre albums. C’est déjà
beaucoup. Je sais que je peux en écrire
un cinquième. J’ai certes une notoriété
toute relative mais je suis bien à cet
endroit. Cependant, j’aimerais bien
écrire un tube pour juste me rendre
compte de ce que cela représente.
Mais ça, c’est un fantasme de chanteur.
Envisagez-vous d’écrire en anglais ?
Hélas, non. Si j’écris en anglais,
je dois chanter en anglais et mon accent
est catastrophique. En fait, écrire
en français ou en anglais, je m’en fous.
Le plus important est d’écrire
une bonne chanson.
Quel type de musique et quels
artistes vous ont influencé ?
Au départ, ce sont des chansons
et des chanteurs qu’écoutaient
mes parents. Brel, Brassens, Trenet,
Barbara… Il y a aussi les disques de
l’enfance : Karen Cheryl, Les Forbans…
C’était nul. Après, j’ai eu mes disques
à moi, surtout de la chanson française.
J’avais besoin de comprendre.
C’était Bashung, Daho, Murat, Souchon
pour sa façon d’écrire, Gainsbourg.
J’aimais les univers qu’il créait pour
lui et pour les autres. Ce fut comme
une révélation.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XIX
Avez-vous les mêmes émotions
lorsque vous écrivez et lorsque vous
chantez ?
Je ne sais pas. C’est vraiment très
mystérieux. Quand je sens que j’ai écrit
une bonne chanson, je ne sais pas
l’expliquer mais cela me rend heureux.
Tout part toujours d’un sentiment que
j’ai éprouvé. Quand c’est fabriqué, cela
ne marche pas. Je fais aussi en sorte
d’avoir le bon rôle. Je gratte les choses
un peu méchantes, je parle de sexe.
Comme ma vie n’est pas aussi
palpitante que dans les chansons,
j’exagère.
Les autres disciplines artistiques
comme la danse, l’opéra ou la
peinture vous procurent-elles autant
d’émotions ?
Non, c’est vraiment la chanson que
je préfère. Il y a la chanson, le cinéma
et la littérature. Je fais en sorte de ne
pas être paresseux intellectuellement.
Pourquoi l’amour est-il un thème
récurrent dans vos chansons ?
C’est ce qui m’intéresse le plus dans
la vie. C’est un peu candide de dire
cela…
Celui de l’eau est aussi très présent…
Je suis né à Besançon où il pleut
beaucoup. Je pense que cela vient
de l’endroit d’où je viens. Ça resurgit.
Maéva, Ludivine et Adeline,
élèves de seconde du lycée Les Bruyères
à Sotteville-lès-Rouen (76)
Ottilie [B]
AutOmne
Internexterne
Lila Maugis
Nantes
Alexis HK
Fils de
La Familia
Emma Lucas
et Emma Peyrusson-Hofmann
Pessac
Lycée Pape-Clément “Qu’importe où tu vas, n’oublies jamais d’où
tu viens…” C’est ce que semble nous dire
Alexis HK, qui a sorti en 2012 une chanson
teintée de mélancolie positive. Bercé
pendant son enfance en banlieue parisienne
par des chanteurs tels que Brel, Reggiani
ou Brassens, auquel il est d’ailleurs comparé,
il commence à écrire à l’adolescence,
une période compliquée, entre rébellion
et découverte de la vie. Après dix-sept ans
de carrière dans la musique, Alexis HK nous
livre son album Le Dernier Présent, dans
lequel on trouve des collaborations avec,
par exemple, Renan Luce. C’est de ce dernier
cadeau qu’est extrait Fils de, une chanson
au rythme lent, bien qu’entraînant, ponctuée
de rimes et portée par une voix rassurante
de ténor. Accompagné d’un clavier, d’une
guitare, d’une basse, d’une batterie et
d’instruments à cordes, il chante la fraternité
et le temps qui passe, à travers l’histoire d’une
bande de garçons, “une poignée de bougres
à flâner”, “issus des rangs de la middle-class,
du middle-west”, de la génération de Mai 68
qui vieillissent et assistent aux changements.
Malgré une chanson qui a parfois des allures
de fin du monde, avec par exemple l’attentat
contre les tours jumelles à la fin, c’est
finalement, et par-dessus tout, l’envie de
vivre notre vie au jour le jour qui nous reste
en tête. Un refrain dont on ne peut plus
se détacher et qui pousse à aller de l’avant.
Alors on est là, on avance.
Hélène Devys
Versailles
Lycée La Bruyère Alexis HK n’a jamais fait la une des grands
médias et c’est tant mieux pour tous ceux
qui aiment la chanson non formatée.
Traînant déjà sa voix tremblante et
moqueuse dans la chanson française depuis
dix-sept ans, son dernier album, Le Dernier
Présent, est sorti en 2012. On dit souvent
la chanson française classique et monotone
mais la perle d’Alexis, Fils de, prouve le
contraire. Ce titre novateur évoque la fin des
temps avec un regard amusé et stimule nos
papilles lexicales. Musique pop entraînante,
voix chaude et apaisante, mots ciselés,
histoire riche… Il aborde ainsi la vie des fils
de Mai 68 en dressant le portrait de toute
une génération ainsi que plus discrètement
l’attentat des tours jumelles, tout ça dans un
morceau engagé. Alexis HK ose des thèmes
forts et profonds qu’il sait traiter avec la
légèreté de la chanson. Prenant le contrepied de l’ambiance sinistre que nous évoque
la fin du monde, il opte pour une philosophie
d’espoir et d’optimisme. Les influences
musicales et les arrangements bien soignés
accompagnent la subtilité du texte.
Ce poète qui prend plaisir à jouer avec la
langue française invite ainsi l’auditeur à vivre
chaque instant comme le dernier. On aurait
tort de ne pas prêter l’oreille à son travail
qu’il mène avec discrétion et délicatesse.
A écouter avant que le ciel ne nous tombe
vraiment sur la tête.
le meilleur des autres
“Une écriture poétique atypique,
une voix calme et posée et des instruments
de musique envoûtants modèlent
un style très personnel.”
Guillaume Metayer, Nantes, lycée Guist’hau
XX les inrockuptibles chroniques lycéennes
Justine Sarton
Boulogne-Billancourt
Lycée Jacques-Prévert
C’est un morceau d’une grande fraîcheur
que nous offre Ottilie [B]. Il est comme
la brise automnale, faisant voleter les feuilles
à son passage. Mais c’est avant tout
une définition pleine de justesse de la saison,
qui voit se succéder nombres d’émotions.
Les paroles évoquent bien sûr l’aspect
météorologique de cette période, qui
détrempe, éclabousse, “quand o tomne (…)
l’orage”. Mais plus particulièrement,
la chanson nous plonge au cœur du
phénomène : c’est bel et bien le renouveau
qui est mis à l’honneur. Contrairement à ce
que l’on peut penser, le printemps n’est pas
la seule promesse d’éveil. L’automne est un
tourbillon, on s’égare, on se laisse étonner,
ébranler et étourdir… On ne sait plus
“par quel bout commencer pour avancer”.
L’automne balaie les souvenirs d’été pour
ne plus laisser place qu’à l’instant présent,
Gaëla Blandy
L’automne, saison du temps étonnamment
changeant, inspire Ottilie [B]. Pieds nus sur
scène, dansant au rythme de son accordéon
et de l’incontournable MAO, la chanteuse
libre se rapproche de la nature et nous offre
un bain d’oxygène avec l’album Histoire d’O2.
Cet album, en référence évidente au livre
Histoire d’O de Pauline Réage, nous fait
voyager à travers les éléments.
Se rapprochant à la fois de l’audace de Björk
et du côté inclassable de Camille, Ottilie [B]
se distingue par les tonalités insaisissables
de son clavier Midi, qui la font danser
de façon frivole.
Et quand “O” sonne dans les montagnes
de MongOlie, le chant diphOnique résonne
dans l’AutOmne d’Ottilie [B]. Surprise par
cette saison, la jeune artiste aux influences
multiples se transforme en arbre,
s’effeuillant au rythme saccadé d’AutOmne.
Toujours à l’affut du mot juste, d’un humour
provocant, la voix chaude d’Ottilie [B]
chevauche la musique planante du vent de
l’accordéon et des mélodies électroniques.
En un souffle, un tourbillon de mots,
l’hiver est là. Sans que l’on comprenne,
la chanteuse nous emporte dans une vague
de mélodies, à la fois énergique et
énigmatique, qui vient s’essouffler dans
une “flaque” comme le temps qui passe,
le temps qui “trace”.
Gasandji
Le Temps
Plus Loin Music
Camille Stephanus
Bouxwiller
Lycée Adrien-Zeller
Yves Riché
Frank Loriou
Lycée Guist’hau
à la nécessité de se préparer, car “le temps
passe, le temps trace et laisse son tic tac
dans les flaques”. Les paroles d’AutOmne
ne sont que poésie. Ottilie [B] par son chant
est enchanteresse et l’on se laisse voguer,
planer au son de cette ballade. C’est
un morceau touchant, il suffit d’une écoute
pour ressentir sa force et comprendre
que l’automne ne touche pas seulement
la nature mais aussi chaque être vivant,
au plus profond de son âme. C’est une saison
tout en harmonie, et une feuille y a tout
autant sa place que son jardinier.
le meilleur des autres
“Le plus étonnant reste le chant diphonique
qui s’échappe et nous transporte dans
un paradis de phrases musicales poétiques,
transformant la simple saison que nous
connaissons tous en un personnage
semi-vivant.”
Cindelle Sonntag, Strasbourg, lycée Notre-Dame
Impalpable et omniprésent, le temps rythme
nos journées, nos activités et même notre
fin. Gasandji, une jeune artiste francophone
venue du Congo, nous en parle dans un
album qui porte son nom, sorti en 2013, avec
sa chanson Le Temps. Cette artiste originale,
dont le nom signifie “celle qui éveille les
consciences”, nous propose une chanson
métissée aux influences africaines, qui parle
du temps perdu et des erreurs passées.
Comme elle aime le dire, elle “chante
pour soigner les âmes”. Sur une mélodie
entraînante, avec sa voix envoûtante,
elle nous fait oublier cette notion du temps,
et c’est avec de nombreuses percussions,
telles que le djembé dans un superbe solo,
et avec un accompagnement très simple
à la guitare, qu’elle nous berce au son
de ses origines, apportant une dimension
spirituelle à son art. L’art de la vie.
Camille Joliet et Ivana Popovic
Chevigny-Saint-Sauveur
Lycée Jean-Marc-Boivin
Gasandji est une danseuse hip-hop rêveuse
et aînée d’une grande famille qui sait
profiter de son temps libre. Elle a trouvé
cette voie qui lui a permis de trouver ses voix
dans le doute et la tristesse d’avoir perdu
une mère trop tôt. Ses mots résonnent,
ils soignent nos âmes. Son texte est plein
de tensions ; le temps lui est compté
et son désir de le rattraper est palpable.
Mais sa musique, aux influences jazz, avec
des pulsations souples et une expression
du rythme continue, détend, inspire un
sentiment rassurant. Gasandji veut arrêter
le temps, le tuer de ses paroles, mais le
tempo lui donne l’immortalité. Elle a le swing,
sa voix et son texte sont furieusement
amoureux. Une voix gospel jazzy-soul,
chroniques lycéennes les inrockuptibles XXI
un souci du timbre vocal, travaillé, brouillé
et expressif dans la tradition ouest-africaine.
Des sons purs, des tensions émotionnelles
qui élèvent ses revendications, ses douleurs
au plus haut degré d’expression. Elle défend
ainsi ses origines, mélange les musiques
occidentales et congolaises, ce qui donne
un album métis qui éveille les consciences.
Corentin Chaves
Vaux-le-Pénil
Lycée Simone-Signoret
“Celle qui éveille les consciences”, c’est
le sens de son prénom, Gasandji, en lingala,
langue d’Afrique centrale, remplit bien sa
mission. Native de Kinshasa, en République
démocratique du Congo, notre ancienne
danseuse chorégraphe a su s’adapter à cette
voie musicale avec une aisance hors du
commun, et ainsi laisser la majorité de ses
auditeurs sans voix. Dès 2010, elle apparaît
de belle manière aux Francofolies. MC Solaar,
IAM, Cut Killer ou Princesse Erika l’ont prise
sous leur aile pour sublimer son envol.
Dans Le Temps, l’artiste adopte une
rythmique douce, qui tranche avec des
textes engagés. Pour son premier album
– autoproduit, sa carte d’identité comme elle
le dit –, composé en cinq longues et riches
années, elle a réussi à convaincre toutes les
critiques. En mélangeant les styles – soul,
reggae, rumba congolaise ou jazz –, elle
a su trouver un équilibre, et ses percussions
renforcent les guitares acoustiques très
présentes. Rien de trop pour affronter
le temps, ce terrible adversaire, avec une
énergie communicative nécessaire afin
de le tuer, de l’enterrer, et de l’arrêter dans
son élan. Arrogant ? Non. Juste envoûtant.
le meilleur des autres
“La liberté, c’est de n’arriver jamais à l’heure.”
Cette citation d’Alfred Jarry n’en est qu’une
parmi d’autres, tant le temps est un sujet
vaste. Gasandji, chanteuse compositrice
congolaise s’y attaque courageusement.
Sa composition tente une rébellion contre
le temps par un texte qui l’assassine.”
Tanguy Salmon, Versailles, lycée La Bruyère
Rüdy Waks
Dans ce morceau au rythme entraînant,
l’utilisation de teintes mineures accentue
le tragique de la situation.
Nous retrouvons dans ce morceau une
justesse vocale dénudée d’artifices
techniques. Alex Beaupain “sort” son texte.
C’est un texte à l’état brut dans lequel il se
confie avec simplicité et sincérité.
Ce morceau, empreint de pudeur, nous
a transporté dans ce macabre sentimental.
Il touche et interpelle. Sommes-nous si
égoïstes de vouloir notre aimé juste pour
nous ? De vouloir le déluge de la vie plus que
de continuer à vivre sans son amour ? Est-ce
si mal ? Serions-nous inhumains d’avoir
ce désir ? Pourtant, ce désir, c’est l’amour
qui en est la cause ! Et si, finalement,
ce texte cherchait à souligner l’égoïsme
humain ? A remettre en question nos
sentiments et nos mœurs ?
Alex Beaupain
Après moi le déluge
Charles-Baptiste
Aussi cool que toi
Casablanca/Universal
Eva Gouedard
Orvault
Lycée Nicolas-Appert
Dur d’être aussi cool que lui… CharlesBaptiste sera l’artiste qui vous étonnera
en cette année 2014 ! Après avoir fait
les premières parties de Jacques Dutronc
et Jacques Higelin l’année passée, on attend
prochainement dans les bacs son premier
album Les Sentiments inavouables. Toutes
les chansons seront des compositions, ayant
pour thème commun aveux, confidences
que l’on a peur de révéler, et tabous, qu’il
s’agit de briser et d’expliquer. Look déjanté,
coupe afro et lunettes larges, voilà le style
complètement décalé de ce jeune artiste !
Sa première chanson, et son premier succès
est celle-ci, Aussi cool que toi. Elle parle
d’un sujet peu décrit : l’envie d’être populaire,
et d’être aimé. La mélodie, guillerette, fait
sourire. Le texte est simple mais étudié.
Enfin une chanson pop qui n’en fait pas trop !
Cette chanson est une critique de ces jeunes
gens influençables, ces adolescents prêts
à “changer d’amis” pour ressembler
un peu plus aux “élus”. Sans dénoncer avec
méchanceté, il s’y prend avec délicatesse
et humour. On se prend au rythme,
et je vous mets au défi, après avoir écouté
cette chanson, de ne pas fredonner
l’air juste après !
Une mélodie entraînante et joyeuse, des
paroles bien énergiques, voilà, la recette du
bonheur ! Charles-Baptiste impose son style,
et ne vous laissera pas indifférents !
AZ/Universal
Anouck Bruguière
Lyon
Rachel Duchesne
La Ferté-sous-Jouarre
Kenza Sassi
Lyon
Un look un peu décalé avec les lunettes
de Skrillex et les cheveux de Maxime Musqua,
des paroles un peu naïves, et la tête du
gentil garçon qui se fait voler son goûter
à la récré ; pourquoi continuer de l’écouter ?
Parce que sa reprise de Get Lucky de
Daft Punk est connue (200 000 vues sur
YouTube) ? Eh bien non ! Charles-Baptiste,
c’est bien plus que ça, c’est unique.
Ses maîtres de la variété française,
William Sheller ou encore Jean Schultheis,
n’ont qu’à bien se tenir parce que
lui aussi assure.
Sa musique, c’est une mélodie qui entraîne,
qu’on retient, qui nous suit, qui reste dans
la tête. Sa musique donne envie de danser
comme lui, d’être une antistar qui lit
Le Journal du séducteur. D’être le jeune
Oloronais qu’il était, un peu frustré avec les
filles au lycée. D’être son personnage
pathétique qui suit ce “toi”, ce mec si “cool”.
On s’acharne en écoutant son morceau
Aussi cool que toi parce qu’il nous ressemble ;
lui aussi a ses faiblesses et ses doutes.
Il sait décrire ces moments sans artifices,
sans un mot de trop.
Alors on se contente de l’admirer pour
ne rien gâcher parce qu’à 18 ans, avec son
1er prix du conservatoire, il est parti pour
devenir artiste à Paris. Il a pris son piano
sur le dos, a appris la guitare sur le tas,
chanté dans les bars, fait des petits boulots
et aujourd’hui vient juste de sortir son
premier album Les Sentiments inavouables.
Il a du courage et sa musique est son moteur.
Ce mec “si cool” n’est-il pas en train
de “nager en plein bonheur” ?
Prometteur et plein de talent, CharlesBaptiste nous envoie une bouffée de chaleur
tout droit venue du Sud-Ouest. Comme
toujours, le piano-voix fait son effet et ce
n’est pas pour nous déplaire. Son passage
au Festival Le Porte-voix en 2012 à OloronSainte-Marie – sa ville d’origine, dans
le Béarn –, a permis à Charles-Baptiste
de se faire connaître. Depuis, on ne cesse
d’entendre parler de lui. En 2012, il monte à
Paris et sort son premier ep, Premiers Aveux,
chez Mercury. En septembre 2013, il sort un
nouvel ep, Aussi cool que toi, une chanson qui
donne la pêche avec sa musique rythmée et
ses paroles réconfortantes, grâce à sa gaieté
et son humour qui rappelle Alex Beaupain.
L’Oloronais nous donne envie de chanter
sa chanson à tue-tête : dans la rue, sous
la douche ou même en voiture. Son premier
album, Les Sentiments inavouables, vient
de sortir, toujours chez Mercury. Avec ses
grosses lunettes, ses frisettes indomptables
et son timbre de voix envoutant, CharlesBaptiste n’a pas fini de charmer le public.
Et comme le Béarnais nous le dit si bien,
“Variété is not dead”.
Alex Beaupain, auteur, compositeur et
interprète de la chanson Après moi le déluge,
défie les clichés habituels de la chanson
d’amour, dégoulinante de bons sentiments,
en donnant une version très originale
de celle-ci, dans laquelle la douleur et la
souffrance sont reines. “Après moi je veux
qu’on soit malheureux” : ce passage,
comme le texte au complet, est une bouffée
de poésie mélancolique remplie d’histoires
semblant avoir été vécues… Bien que
les paroles soient relativement tristes,
la musique joyeuse et pétillante ne rend
pas le morceau complètement glauque,
ni déprimant. En effet, Alex Beaupain
a cette capacité à mélanger deux sentiments
contradictoires via une seule
et même chanson.
Lycée Saint-Exupéry
XXII les inrockuptibles chroniques lycéennes
Lycée Samuel-Beckett
le meilleur des autres
“Avec Aussi cool que toi, ce jeune dandy aux
allures de séducteur pratique l’autodérision
dans son clip et nous mène dans un univers
léger et décalé. Un refrain entraînant,
des rythmes enjoués, une chanson que l’on
fredonne et que l’on garde en tête…”
Maelys Cottard et Lucie Butreau, La Rochelle,
lycée Pierre-Doriole
Lycée Saint-Exupéry
Cette année, six artistes de la sélection sont soutenus par
le Chantier des Francos : Laurent Lamarca, Sophie Maurin,
Laurent Montagne, Mell, La Fanfare en Pétard et
Charles-Baptiste. Le Chantier des Francos propose depuis
1998, tout au long de l’année à La Rochelle, des ateliers
et des résidences de travail accompagnés par des
professionnels permettant d’optimiser et d’affiner le projet
artistique d’un point de vue scénique.
Romane Roncey
Brest
Lycée Kerichen
En écoutant Après moi le déluge
d’Alex Beaupain, aventurez-vous dans
la noirceur du sentiment humain.
Ce sentiment postromantique, tragique
et attristant. Ce sentiment de peine après
une rupture. Ce sentiment de ne souhaiter
à son ancienne moitié que le déluge.
Alex Beaupain, nominé deux fois pour
le Grand Prix international du disque
de l’académie Charles-Cros, est un auteurcompositeur et interprète français.
Ces textes, essentiellement écrits en français,
ont servi pour de nombreuses musiques
de films et furent plusieurs fois récompensés
(César 2008, 2010 et 2012 de la meilleure
musique, meilleure musique du festival
du film romantique de Cabourg en 2012).
Dans Après moi le déluge, deuxième single
éponyme de son troisième album
sorti en 2013, Alex Beaupain parle d’une
rupture et souhaite à celle qu’il aime
le déluge. “Après moi je veux qu’on soit
malheureux.”
CHRONIQUES LYCÉENNES
Le pilotage des Chroniques lycéennes – Prix Charles Cros lycéen de la
nouvelle chanson francophone est assuré par le l’Atelier CANOPÉ
de La Rochelle et l’Académie Charles Cros avec le concours
des Inrockuptibles, de la FFCF, des Francofolies, du Rectorat de Poitiers
et le précieux soutien du Réseau CANOPÉ et de la MGEN.
Contacts Atelier CANOPÉ de La Rochelle, Marylène Da Silva,
tél. 05 46 00 34 60, [email protected]
Académie Charles Cros – Alain Fantapié – [email protected]
POUR LES INROCKUPTIBLES
Chef de projet Laurent Girardot Coordination éditoriale
Johanna Seban Rédaction Johanna Seban, Stéphane Deschamps
Directeur adjoint de la rédaction JD Beauvallet
chroniques lycéennes les inrockuptibles XXIII
Chloé Dupeyron
Aurillac
Lycée Emile-Duclaux
Après dix ans de collaboration avec le
cinéma pour composer des musiques de
films, Alex Beaupain met en scène les mots
au service de ses propres sentiments.
La musique reste classique, on retrouve
le piano, une guitare entêtante ainsi
qu’une batterie qui marque inlassablement
les temps. Mais c’est efficace.
Cet accompagnement vif et entraînant met
en valeur les paroles. Ce tourbillon de mots
nous parle de l’amour ou plutôt des
déceptions amoureuses et de la complexité
des sentiments.
Les mots se contredisent, s’entrelacent,
s’entremêlent… comme les sentiments :
on passe de la colère à la déception,
de la rancune à la supplication. Et l’espoir
de trouver un jour l’amour reste le fil
conducteur de cette superbe chanson.
le meilleur des autres
“Les jeux de mots et reprises se retiennent
et donnent son rythme à la chanson.
Une musicalité simple mais efficace.”
Arthur Bernard, La Rochelle, lycée Léonce-Vieljeux
Edition Francois Rousseau, Amélie Modenese, Vincent Richard
Iconographie Maria Bojikian, Aurélie Derhee, Valérie Perraudin,
Caroline De Greef Directeur de création Laurent Barbarand
Maquette Nathalie Coulon Fabrication Virgile Dalier, Gilles Courtois
Impression, gravure, façonnage Roto Aisne SN
LES INROCKUPTIBLES est édité par la société Les Editions
Indépendantes, société anonyme au capital de 326 757,51 €,
24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, RCS Paris B 428 787 188 000 21
Directeur de la publication Frédéric Roblot
© Les Inrockuptibles 2014. Tous droits de reproduction réservés.
Supplément au n° 964 du 21 mai 2014. Ne peut être vendu séparément.
En couverture : des élèves du lycée Lamarck à Albert (80)
par Renaud Monfourny