Dossier spécial : "Emploi : le réseau Sciences Po comme réponse à

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Dossier spécial : "Emploi : le réseau Sciences Po comme réponse à
dossier spécial
EMPLOI
Emploi : le réseau Sciences Po
comme réponse à la crise
es diplômés des grandes écoles
ont-ils des raisons de s’inquiéter de la crise actuelle ? La
réponse ne fait pas de doute : personne
n’est aujourd’hui à l’abri et n’importe qui
peut se retrouver sans emploi, désabusé, en
perte de confiance, animé par des sentiments d’injustice devant un contexte économique qui met à mal le marché du travail
français.
Le label Sciences Po, comme celui
d’HEC ou encore de l’Essec ne suffissent
en effet pas à garantir la réussite ou simplement la stabilité d’une vie professionnelle à travers tous les aléas économiques
que peut rencontrer notre pays. Pour s’en
convaincre, il suffit de venir passer une journée dans les associations d’anciens élèves
de ces écoles pour entendre les témoignages de leurs diplômés mis sur le carreau
par des banques, par exemple, qui ont licencié leurs plus jeunes recrues ou encore que
l’on a pressé de partir à la retraite pour
dégonfler les effectifs d’une entreprise dont
l’activité s’est ralentie.
Pourtant, dans le contexte actuel, il faut
L
reconnaître qu’être diplômé d’une grande
école reste néanmoins un atout supplémentaire par rapport à tous les jeunes passés par les bancs de l’université. Ce qui fait
la différence peut se résumer en trois
grands principes : l’école s’est fixé comme
mission d’aider ses diplômés à entrer sur le
marché du travail, l’association des anciens
élèves les accompagne ensuite tout au long
de leur parcours professionnel grâce à des
services dédiés à l’emploi et, enfin, le
réseau des diplômés existe et peut être
mobilisé en cas de besoin.
L’objet de ce dossier spécial, que nous vous
proposons de découvrir dans les pages qui
suivent, est de témoigner aujourd’hui
auprès des anciens élèves d’un engagement qui a été pris par tous les spécialistes de l’emploi à Sciences Po : celui de
vous apporter le meilleur soutien possible, que ce soit pour trouver un emploi,
dynamiser une carrière ou un réseau.
Qui sont ces acteurs qui ont décidé de
travailler ensemble et d’unir leurs forces
pour aider les jeunes diplômés et les plus
expérimentés des anciens élèves à mener à
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bien leur projet professionnel ? Ils sont au
nombre de quatre :
■ le service Carrière de l’Association des
Sciences-Po qui a décidé de renouveler en
profondeur son offre de services et de mettre en place de nouveaux outils pour la
recherche d’emploi ;
■ la direction de la Formation continue de
Sciences Po, qui propose aux anciens
élèves de l’école une offre d’accompagnement individuel à destination des dirigeants
et manageurs de haut niveau à des tarifs privilégiés ;
■ le service des Stages et du Premier
Emploi de l’école, Sciences Po Avenir, qui
va densifier dans les mois qui viennent les
différents outils d’accès au marché du travail à destination des élèves de master ;
■ et enfin, Sciences Po Entrepreneurs, qui
est un nouveau programme de création
d’entreprises, à destination des élèves et
anciens élèves de Sciences Po, qui doit stimuler les vocations, former des porteurs de
projets et les emmener vers la création de
leurs start-up dans le cadre de l’incubateur
d’entreprises. ◆
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A N N E - S O P H I E B E AU VA I S
Trajectoires Alumni,
des nouveaux services sur mesure
pour la carrière des Sciences-Po
epuis sa création,
l’Association des Sciences-Po
a vocation à offrir écoute et
conseils aux anciens élèves à des
moments clefs de leur carrière, que ce
soit pour trouver un emploi, changer
d’orientation professionnelle ou encore
évaluer des compétences :
600 entretiens individuels ont lieu
chaque année, animés par une équipe
de professionnels en ressources
humaines de haut niveau, 2 100 offres
d’emploi par an sont également
publiées à destination exclusive des
Sciences-Po et 90 ateliers permettent
de dynamiser une recherche d’emploi
avec les meilleurs outils.
D
Fallait-il se contenter de ce bilan au
moment où les Sciences-Po pouvaient
avoir un besoin accru des services
professionnels de leur Association,
pour faire face à un marché du travail
en crise ? Certainement pas.
C’est la raison pour laquelle nous
avons décidé de renouveler en
profondeur notre offre de services et de
mettre en place de nouveaux outils à la
disposition des anciens élèves qui
souhaitent ou qui ont besoin de
changer d’emploi.
Trajectoires Alumni, c’est donc un nouveau programme proposé par l’Association
des Sciences-Po dès le mois de janvier
2010 et qui repose sur cinq principales
nouveautés :
L’équipe de professionnels
en ressources humaines
a été renforcée
Aujourd’hui, le service Carrière de l’Association utilise en effet les compétences
d’anciens élèves qui ont développé une
réelle expertise dans le domaine du
recrutement, du coaching ou encore de
l’out-placement pour accueillir et conseiller les Sciences-Po qui démarrent une
recherche d’emploi. C’est en permanence
une équipe de cinq professionnels qui est
à la disposition des adhérents de l’Association pour faire un premier bilan de leurs
besoins, dans le cadre de leur rebond ou de
leur évolution professionnelle.
Une nouvelle offre d’ateliers
est proposée, centrée au mieux
sur les besoins des anciens élèves
L’Association des Sciences-Po et la direction de la Formation continue de l’école ont
décidé de mettre à la disposition des
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anciens élèves une offre exclusive d’ateliers,
animés par des coachs professionnels qui
sont sélectionnés pour leur expertise et leur
éthique.
Cette nouvelle offre s’intitule Open Networks Alumni et propose deux types d’ateliers :
■ les fondamentaux. Il s’agit de cinq ateliers qui constituent le socle de toutes les
situations de mobilité professionnelle, à l’intérieur ou à l’extérieur d’une organisation :
« Mettre en cohérence CV et projet professionnel », « Activer son réseau, utiliser son
réseau », « Préparer ses entretiens de recrutement », « Convaincre en entretiens » ;
■ les innovants. Il s’agit de trois ateliers à
forte valeur ajoutée, pour mettre toutes les
chances de son côté : « Le codéveloppement au service de son évolution professionnelle », « Apprivoiser durablement son
stress », « Questionner pour améliorer sa
stratégie relationnelle ».
Les tarifs de ces ateliers vont de 80 €
(atelier d’une demi-journée) à 450 € (6 à
8 séances de 2 h 30). L’offre Open Networks Alumni est susceptible d’être prise
en charge dans le cadre du droit individuel à la formation (DIF).
Enfin, l’Association des Sciences-Po a également mis en place, en complément de ces
ateliers, des séminaires qui sont conçus
à la demande, tout au long de l’année, en
fonction des besoins exprimés par les
anciens élèves. Parmi les séminaires thématiques qui peuvent être proposés dès la
rentrée 2010, on peut par exemple retenir
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les thèmes suivants : « Comment gérer son
retour en France après plusieurs années
d’expatriation ? », « Comment fonctionne
le micro-entreprenariat ? », « Comment gérer
son identité en ligne ? »…
Une offre “jeunes promos”
a été créée en partenariat
avec Sciences Po Avenir
Il s’agit en effet d’aider les promotions sortantes à entrer sur le marché du travail grâce
à trois dispositifs :
■ les Happy Hours, qui sont des rencontres informelles et conviviales entre étudiants
et anciens élèves intéressés par le même
secteur d’activité, pour bénéficier de conseils
et commencer à se constituer son propre
réseau ;
■ le Speednetworking : il s’agit de passer
en quelques minutes, sous la forme d’entretiens flash, d’un potentiel recruteur à l’autre pour tester son projet professionnel, alimenter son carnet d’adresses et, éventuellement, obtenir son premier job ;
■ le Club des parrains, qui permet aux
élèves en 4e ou 5e année de master de
bénéficier d’un programme exclusif de parrainage avec un ancien élève qui pourra
apporter son regard professionnel et averti
sur certains enjeux et ouvrir son propre
réseau.
Pour les jeunes diplômés qui ont plus de
trois ans d’expérience, l’Association propose
également une série d’ateliers spécifiques,
à prix réduits :
• sensibilisation au réseau, 40 € ;
• réfléchir à son projet professionnel
après trois ans d’expérience, 60 € ;
• travailler son CV pour évoluer vers son
2e poste, 40 € ;
• réussir ses entretiens de recrutement,
40 €.
Les occasions de networking
ont été multipliées
Lors de la recherche d’un nouveau poste,
rien n’est plus important que de savoir dynamiser son réseau. C’est la raison pour
laquelle l’Association a souhaité, dans son
nouveau programme, donner une place
significative aux opportunités de Networking.
Deux moyens sont notamment mis à la disposition des adhérents de l’Association :
■ les relais-carrières et les parrains. Il
s’agit d’un réseau d’anciens élèves reconnus professionnellement dans leur secteur
d’activité, qui sont prêts à apporter écoute
et conseils à d’autres diplômés de Sciences
Po pour les aider dans leur mobilité professionnelle ;
■ les conférences « Réseau 27, le temps
d’une carrière » : une rencontre a lieu en
Anne-Sophie Beauvais (D 01)
D’abord attachée parlementaire à
l’Assemblée nationale puis
conseillère parlementaire au
ministère de l’Enseignement
supérieur, Anne-Sophie Beauvais a
travaillé pendant près de sept ans
(2001-2008) auprès de Valérie
Pécresse, ministre de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche.
Elle est arrivée à Sciences Po en
2008 pour s’occuper tout d’abord de
la levée de fonds auprès des
donateurs, poste qu’elle a occupé
pendant un an et demi, avant d’être
nommée déléguée générale de
l’Association des Sciences-Po.
Elle anime également une
conférence depuis quatre ans en
master Affaires publiques.
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effet une fois par mois à Sciences Po autour
d’un ancien élève qui revient sans tabou sur
son parcours professionnel. Cette conférence se déroule en deux temps : une heure
d’échanges avec l’invité puis une heure de
cocktail pour échanger, de façon conviviale
et utile, entre anciens élèves.
Le programme est déjà fixé pour les mois qui
viennent. Après le succès de la rencontre du
mois de décembre avec Nicolas Beytout
(SP 78), P-DG du groupe Les Échos, l’Association vous invite en effet à rencontrer :
Anne Roumanoff (PES 86), comédienne et
humoriste, David Azema (SP 84), directeur
général délégué aux finances et à la stratégie de la SNCF, Laurent Beccaria (PES 86),
fondateur et directeur des éditions Les
Arènes, Hélène Freyss (RH 91), Partner en
charge du pôle Marque à Euro-RSCG, ou
encore Charles de Croisset (SP 64), conseiller international et vice-président de Goldman Sachs Europe.
Une participation de 20 € est demandée
pour chaque conférence (abonnement de
80 € pour les huit conférences annuelles).
Une hotline Emploi, numéro vert
gratuit, a été mise en place
Pour qu’aucune demande de renseignement
ne se perde, pour améliorer le service de
l’Association à l’égard de ses adhérents, une
hotline Emploi, numéro vert gratuit, pour
tous les anciens élèves du 27, rue SaintGuillaume, vient d’être lancée.
Un seul numéro à retenir : le 0800 27 27 20.
Et une adresse internet unique :
www.trajectoires-alumni.fr
L’Association s’engage à apporter à tous
ses adhérents une réponse en moins de
48 heures, qu’il s’agisse d’une prise de rendez-vous avec un des consultants, de
recherche d’informations ou encore du
dépôt d’une offre d’emploi ou de stage. ◆
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Ils témoignent…
Après avoir suivi le parcours Carrières de l’Association, candidats et parrains donnent leur avis.
1re étape : un entretien pour mettre à plat son projet professionnel avec des spécialistes des RH
Éléonore Lavignon (Éco.-Fi. 96),
consultante senior - groupe Opéra
Quelles étaient vos attentes en
contactant le service Carrières de
l’Association des Sciences-Po ?
Je souhaitais obtenir des conseils en matière
de recherche d’emploi, de rédaction de CV,
mais j’étais aussi intéressée par le principe
du parrainage. En effet, je voulais par ce biais
recevoir des conseils de professionnels
confirmés, exerçant dans le même secteur
d’activité que moi et susceptibles de me faire
partager leur expérience ainsi que leur carnet d’adresses.
Vous avez rencontré un consultant de
l’Association, qu’avez-vous retenu de ce
premier rendez-vous ?
Il a été très positif ! Tout d’abord, l’accueil a
été chaleureux. Loin d’être un simple entretien, ce fut une véritable rencontre avec une
personne qui a pris le temps de savoir qui
j’étais et ce que je recherchais.
Elle m’a apporté son expertise, notamment
sur les outils de recherche d’emploi.
Ensuite, nous avons étudié ensemble les différentes possibilités de parrainage. Là
encore, l’échange a été fructueux et concret.
Enfin, j’ai pu mesurer la réactivité du service Carrières. Dans les jours qui ont suivi
l’entretien, les contacts avec d’éventuels
parrains avaient été pris. Je n’avais plus qu’à
entrer en relation avec eux.
Depuis ce premier échange,
que s’est-il passé ?
J’ai rencontré un des professionnels qui avait
accepté de me parrainer. Nous avons pu
échanger de façon informelle sur notre
métier, ses évolutions et les éventuelles
opportunités qui pouvaient se présenter à
moi. Ses conseils ont été précieux et m’ont
à nouveau confortée dans mes choix professionnels. Je suis aujourd’hui consultante
senior chargée du développement dans un
cabinet de conseil en communication spécialisé dans le secteur de l’économie sociale
et suis prête à devenir moi-même le parrain
d’un ancien.
Mamadou Sow (Executive Master Finances
et marchés capitaux 2009),
en repositionnement professionnel
Quelle a été votre motivation
pour rencontrer l’un des professionnels
en RH du service Carrières ?
En fait, mes recherches piétinaient depuis
quelques mois et j’avais besoin de recueillir
les commentaires de quelqu’un qui avait un
“œil neuf”, de revoir également mon CV et
de découvrir comment fonctionnent les
mises en relations entre anciens de Sciences
Po.
Quel a été le bilan de ce premier
entretien ?
J’ai obtenu des informations pertinentes sur
le CV, des conseils pointus sur la manière
d’aborder certaines questions des recruteurs
pour une meilleure préparation aux entretiens d’embauche.
2e étape : mettre en action le réseau grâce à des parrains et des relais-carrière
Témoignage d’une filleule
Anne-Claire Hoyaux (MA 2005),
mission des relations avec la société
civile au ministère des Affaires
étrangères et européennes
Vous avez reçu les conseils d’un ancien
élève qui a été votre “parrain” ; cette
expérience vous a-t-elle été profitable ?
La fonction publique m’intéressait. J’ai pu
recueillir le point de vue d’un Sciences-Po
fonctionnaire expérimenté sur mon projet de
carrière. J’ai apprécié ses commentaires sur
ma façon de présenter mes expériences, de
mettre en avant mes compétences et d’expliquer mon objectif professionnel. Il m’a
également encouragée et conseillée pour
entreprendre des démarches de « networking ».
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Témoignage d’un parrain
Jean-François Lecomte (DSP 1971),
vice-président Public Affairs & Customs
Corporate chez Thomson S.A.
Vous accompagnez des anciens élèves
dans la durée ?
J’ai commencé à faire du parrainage et du
relais-carrière en 1992. À ces deux titres, j’ai
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rencontré environ une dizaine de SciencesPo par an soit plus de 150 au total. Ces rencontres étaient soit ponctuelles au travers
des relais-carrière, soit suivies pour le parrainage jusqu’à ce que le/la filleul(e) ait
retrouvé un emploi.
Que pensez-vous pouvoir apporter
à un/une filleul(e) ?
D’abord une écoute de sa problématique,
puis une aide pour valider sa démarche de
recherche d’emploi : réalisme du projet,
rédaction du CV, informations sur les métiers
et secteurs que je connais. Et bien sûr, des
noms de contacts quand la situation est
appropriée. Il me paraît essentiel de disposer de beaucoup de temps lors des rencontres pour apprendre à se connaître et
établir un climat de confiance et notamment
la première fois (une heure et demie ou deux
heures).
Qu’est-ce que cela vous a apporté,
à titre personnel ?
Des amis !
« Il n’est de richesses que d’hommes. »
Étant moi-même passé par la case chômage pendant deux ans il y a une vingtaine
d’années, cela m’a paru naturel d’essayer
d’aider ceux qui connaissent la même
épreuve et de profiter des leçons apprises
pendant ma recherche d’emploi.
3e étape : consolider son projet professionnel grâce à de nouveaux ateliers
animés en partenariat avec la formation continue de Sciences Po
Marie-Aurore Moulin (DEF 87),
coach de dirigeants et de managers,
consultante en accompagnement de
changement et consultante sur le projet
Open Networks Alumni
Vous avez participé à la définition
et à la création de ces nouveaux ateliers
co-organisés par l’Association des
anciens élèves et la direction de la
formation de Sciences Po, que vont-ils
apporter aux futurs participants ?
La capacité de chacun à retrouver un emploi
dépend de la cohérence à partir de laquelle
s’effectue la mise en œuvre du projet professionnel. Les ateliers conçus dans le cadre
de l’offre accompagnement Open networks
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Alumni mettent l’accent sur un travail à la fois
individuel et collectif qui va permettre, au travers de l’expérience partagée, de clarifier
son identité et son projet professionnels. Ces
ateliers sont des opportunités pour consolider la confiance en soi et favoriser la mobilisation de ses propres ressources pour vivre
avec le plus de sérénité possible la période
de remise en question que représente tout
rebond professionnel. ◆
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Le networking :
un cœur de métier pour une
association d’anciens élèves
ne des missions fondamentales
de l’Association des Sciences-Po
est d’aider les anciens élèves à
entretenir leur réseau et enrichir leur carnet
d’adresses de nouveaux contacts, qui peuvent toujours être utiles au cours d’une carrière professionnelle. Ce networking, nous le
développons à l’Association dans de nombreuses activités que nous essayons de rendre les plus conviviales possibles. Certaines
sont destinées en priorité aux jeunes diplômés qui entrent sur le marché du travail, et
qui ont besoin d’accéder rapidement à des
clefs de réussite que des Sciences-Po plus
âgés peuvent leur transmettre. D’autres activités sont organisées à destination d’un
public plus large, plus expérimenté, qui souhaite se retrouver, pour se connaître et
échanger, autour d’une thématique professionnelle commune.
U
Voici quelques exemples de ce
networking made in Sciences Po
■ Les happy hours. Le principe est simple :
encourager le développement d’échanges
informels autour d’un verre avec des
Sciences-Po qui travaillent dans un même
secteur d’activité. L’esprit afterwork,
détendu et convivial, est de mise. Mais l’objectif est entendu : activer son réseau ! Trois
groupes professionnels sont mobilisés et
proposent régulièrement des Happy Hours :
Finance, Entreprise et Affaires publiques.
■ Sous l’égide de son président, JacquesHenri Eyrauld (fondateur de Sporever et
actuel président directeur de Turf Éditions),
le groupe professionnel Entreprise a également lancé un programme de mentorship
entre anciens élèves et étudiants de Science
Po. Ce programme s’organise autour
d’échanges réguliers entre un créateur
d’entreprise et un élève motivé par l’entrepreneuriat. Ce programme de tutorat a
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pour but de stimuler et d’encourager les
transferts d’expérience.
■ Sur le modèle des speedatings, un nouveau mode de rencontre remporte un vif
succès auprès des élèves et des anciens de
Sciences Po : le speednetworking. Au
cours d’une soirée ou d’un petit-déjeuner,
élèves ou anciens élèves échangent pendant
dix minutes chrono, successivement, avec
des Sciences-Po chasseurs de tête, des
responsables ressources humaines, des
chefs d’entreprises ou des professionnels du
même secteur ou du même métier pour tester leur projet professionnel et étoffer leur
carnet d’adresses. ◆
➜ Pour retrouver la liste des
manifestations des groupes professionnels
sur le site internet de l’Association ainsi
que les prochaines dates des happy hours
ou des speednetworking :
www.sciences-po.asso.fr
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ALEXIA DE MONTERNO
Formation continue de Sciences Po :
progresser en compétence
et en conscience
Interview de la directrice de la formation continue de Sciences Po.
Depuis quand la Formation
continue de Sciences Po existe
et quelle est sa vocation ?
La formation continue existe depuis plus de
35 ans et s’inscrit dans le projet pédagogique de Sciences Po.
Notre vocation est de donner à chacun les
moyens de bénéficier d’une formation et/ou
d’un accompagnement qui lui permette de
progresser en compétence, comme acteur
de son entreprise et de sa vie professionnelle
La complexité et la rapidité des mutations
actuelles imposent qu’on puisse se former
tout au long de la vie afin de rester adaptable et en prise sur les enjeux stratégiques
des organisations dans leur environnement.
Nous pensons également que le management est affaire d’attitude et de compréhension des enjeux humains et organisationnels autant que d’acquisition de compétences qui doivent être actualisées en
permanence auprès d’experts. Nous pensons enfin que les sciences sociales apportent un fondement scientifique et théorique
au décryptage des organisations.
À quel public vous adressez-vous ?
Notre public cible est celui des cadres et
dirigeants du secteur privé, public et associatif.
Comment se déclinent vos formations ?
Nous proposons chaque année 200 séminaires courts en management, communi-
cation, ressources humaines, finance et stratégie d’entreprise, droit et gestion publique.
Organisés en petits groupes et structurés
par niveau, ces séminaires permettent aux
participants de renouveler leurs connaissances, d’améliorer leurs compétences et
de partager leurs expériences entre pairs. Ils
sont complétés par des cycles d’actualité
qui permettent aux professionnels en veille
Alexia de Monterno
(SP 92, Essec 94)
Ayant travaillé dans la finance et
l’audit pendant six ans avant de
rejoindre la direction des Études en
2000, dans le cadre de la réforme du
master, Alexia de Monterno est
directrice adjointe des Études et
responsable de Sciences Po Avenir
depuis 2003. Elle a été nommée
directrice de la Formation continue
en septembre 2007.
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sur un sujet précis (droit du travail, droit
public, protection sociale, aménagement
urbain, gestion du handicap) d’être au fait de
la législation ou de la jurisprudence la plus
récente, décryptée et analysée par les meilleurs spécialistes du domaine. Nous avons
également développé des cycles d’analyse
des enjeux de société (les tribunes, les
grands enjeux de croissance…) afin de doter
les participants des grilles d’analyse des
phénomènes contemporains qui leur permettent d’aller au-delà de l’actualité courante.
Nous avons également 14 Executive masters qui sont des formations longues (30 à
40 jours), diplômantes et organisées en
temps partagé afin d’être compatibles avec
une activité professionnelle. Ils s’adressent
à ceux qui souhaitent passer un cap dans
leur carrière ou consolider leur expérience
professionnelle par un ressourcement académique (voir encadré).
Enfin, notre troisième activité – en forte croissance – consiste à concevoir et animer des
formations sur mesure pour le compte d’entreprises ou d’institutions qui sont nos
clients. Accompagner la montée en compétences des consultants d’un cabinet en
phase de repositionnement stratégique ; animer les écoles d’été des jeunes hauts potentiels d’une grande entreprise industrielle pour
les former au management interculturel ;
développer un programme de formation
pour les futurs dirigeants d’un groupe • • •
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bancaire ; voilà quelques exemples
de missions qui nous ont été confiées cette
année.
Quel label a-t-on à la fin
d’une formation ?
Les diplômés des Executive masters obtiennent le diplôme de l’Institut d‘études politiques de Paris et font partie intégrante des
anciens Sciences-Po. Les stagiaires qui participent à des formations longues et sur
mesure peuvent, sous certaines conditions,
obtenir un certificat de la Formation continue ou colabellisé entre l’entreprise et
Sciences Po. La demande de certification va
croissante. Le certificat, gage de professionnalisme et d’implication du participant,
constitue aujourd’hui un outil important de
motivation pour de nombreux DRH.
Vous lancez à la rentrée une
nouvelle offre à la carte Open
Networks, de quoi s’agit-il ?
Lorsque nous avons créé l’Executive master Trajectoires dirigeants, nous avons
décidé d’enrichir le contenu de formation
Les 14 Executive masters
■ Action stratégique et
développement international
■ Energy and Global Policies
■ Décisions stratégiques dans un
environnement complexe
■ European Sport Governance
■ Trajectoires dirigeants
■ Ressources humaines
■ Gestion et politiques du handicap
■ Sociologie de l’entreprise et
stratégie de changement
■ Sociologie de l’association et
action dirigeante
■ Management des médias
■ Gestion et politiques de santé
■ Politiques gérontologiques et
gestion des EHPAD
■ Gestion publique
■ Finance d’entreprise et marchés de
capitaux
Open Networks Alumni
Deux types d’ateliers :
■ Les fondamentaux
Cinq ateliers qui constituent le socle de toutes les situations de mobilité
professionnelle, à
l’intérieur ou à l’extérieur d’une organisation :
- mettre en cohérence CV et projet professionnel,
- activer son réseau,
- utiliser son réseau,
- préparer ses entretiens de recrutement,
- convaincre en entretiens.
■ Les innovants
Trois ateliers à forte valeur ajoutée, pour mettre toutes les chances de son côté :
- le codéveloppement au service de son évolution professionnelle,
- apprivoiser durablement son stress,
- questionner pour améliorer sa stratégie relationnelle.
qu’il propose par un coaching individualisé
de 20 heures. Un an après, l’expérience
nous montre qu’il existe une synergie très
puissante entre la démarche de réflexion
professionnelle que l’on mène en face-àface dans le cadre d’un coaching et les
séminaires.
Nous avons décidé d’amplifier cette possibilité en proposant, à compter de cette rentrée, à tous les dirigeants et managers, une
offre d’accompagnement individuel personnalisé. Cette offre présente des caractéristiques fortes et innovantes. Elle propose de :
■ faire appel à des coachs professionnels
sélectionnés pour leur savoir faire, leur expérience et leur éthique ;
■ optimiser son investissement personnel en
construisant un programme sur mesure au
plus près des besoins en matière d’évolution et de trajectoire professionnelles ;
■ compléter cette démarche par des programmes de formation à forte valeur ajoutée, en adéquation avec ses besoins et ceux
de son entreprise.
Deux formules sont proposées : l’offre
“mobilité” et l’offre “développement”.
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Vous avez construit avec
l’Association des Sciences-Po une offre
spécifique pour les anciens élèves,
Open Networks Alumni ; pouvez-vous
nous en dire un peu plus ?
Il nous semble naturel de proposer aux
diplômés de Sciences Po de bénéficier de
façon privilégiée de cette offre.
Les anciens pourront s’inscrire en priorité et
à des prix « Alumni » aux programmes d’accompagnement individuels. Ce partenariat
rapproché avec l’Association des SciencesPo nous permettra également d’être au plus
près des attentes des anciens, car des ateliers spécifiques ont être créés à la demande
pour répondre et nous adapter aux évolutions les plus récentes (voir encadré). ◆
Propos recueillis par la rédaction
➜ Pour plus de renseignements :
http://www.sciences-po.fr/spf
dossier spécial
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F É L I C I T É G A S PA R E T TO
Sciences Po Avenir, une interface
entre Sciences Po et le monde
professionnel
Interview de la responsable de Sciences Po Avenir
Quelle est la vocation
de Sciences Po Avenir ?
La vocation de Sciences Po Avenir, le service de l’orientation professionnelle, des
stages et du premier emploi, est d’être une
interface entre Sciences Po et le monde professionnel. Sa mission est d’accompagner
les élèves jusqu’au marché du travail, voire
de les placer. Le service joue également le
rôle d’un observatoire. Depuis 2009, le service pilote la réalisation de l’enquête d’insertion annuelle réalisée par TNS Sofres.
Dans le contexte actuel de crise,
comment se présente l’insertion des
jeunes diplômés de la promotion
sortante sur le marché du travail ?
En 2008, l’insertion des jeunes diplômés
semble s’être maintenue voire améliorée. Il
est encore trop tôt pour se prononcer sur
l’insertion de la promotion 2009. Mais si l’on
se base sur le nombre d’offres d’emploi
publiées sur le site de Sciences Po Avenir,
en baisse de 13 % en octobre 2009 par rapport à 2008, ou encore sur la position de nos
contacts en entreprise, on peut penser
qu’elle sera plus difficile. Malgré tout, nous
pensons que les diplômés de Sciences Po
sont bien armés pour faire face à la situation,
en particulier parce que la palette des
débouchés auxquels ils ont accès est très
large, et également grâce à leur excellente
formation et à leurs compétences en
langues. Les diplômés de Sciences Po s’in-
sèrent particulièrement bien dans les secteurs de l’audit/conseil, de la banque/finance/assurances, de l’administration publique
et de la presse/médias/édition. Cependant,
alors qu’en 2008, 53 % des diplômés 2007
travaillaient dans ces quatre secteurs, ils ne
sont plus que 38 % en 2009. On observe
une diversification des débouchés des
élèves, fruit de la diversification des filières
vocationnelles développées dans les masters.
Avez-vous prévu un soutien
spécifique pour aider les jeunes
diplômés à passer ce cap ?
Compte tenu de la situation exceptionnelle
de crise économique que nous traversons,
le conseil de direction a approuvé le 27 avril
2009 la création d’un programme de formation destiné aux diplômés de Sciences
Po. Ce programme est dénommé certificat
d’aptitudes managériales.
Il permet à une centaine de diplômés d’utiliser la période de transition professionnelle
que représente la recherche du premier
emploi pour développer ou renforcer leur
employabilité. Le Certificat d’aptitudes
managériales prévoit pour cela un stage obligatoire donnant lieu à la rédaction d’un rapport de stage, à un cycle de conférences
spéciales et à un droit d’accès au laboratoire
de langues.
Mais surtout, un poste de chargé de mission
placement a été créé au sein de Sciences
RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009
Po Avenir pour intensifier les relations avec
les recruteurs, recueillir davantage d’offres
d’emploi, suivre de près les candidatures,
voire chercher parmi les élèves et jeunes
diplômés.
Enfin, nous recherchons les effets de synergie et faisons preuve de créativité en nous
rapprochant encore davantage de • • •
L’Association lance
un club de parrains pour
conseiller les élèves
L’Association des Sciences-Po a
souhaité accompagner les élèves de
4e et 5e année dans la construction
de leur projet professionnel. Il s’agit,
en partenariat avec Sciences Po
Avenir, de proposer aux élèves de
master qui le souhaitent un
programme exclusif de parrainage
avec un ancien élève qui pourra
apporter son regard professionnel et
averti sur certains enjeux et ouvrir
son propre réseau. Ce programme
vient compléter un module
optionnel intitulé Career Building,
proposé par Sciences Po Avenir aux
élèves de master qui souhaitent
préparer leur projet professionnel et
qui peuvent ainsi bénéficier du
conseil et de l’expérience des
anciens.
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70
dossier spécial
EMPLOI
• • • nos anciens. À titre d’exemple, le
jour du Forum, nous avons mis à disposition
de l’Association un espace et un salon
dédiés à l’organisation d’une opération de
SpeedNetworking où se sont dépêchés une
quinzaine de DRH anciens de Sciences Po.
Le parrainage et la solidarité intergénérationnelle semblent bien fonctionner.
À qui s’adresse l’offre
de Sciences Po Avenir ?
Nous nous adressons à tous les élèves de
Sciences Po.
Au collège universitaire
Une bonne connaissance du monde du travail et des débouchés est en effet indispensable pour faire un bon choix de master.
Depuis l’été 2008, les élèves de première
année doivent obligatoirement effectuer un
stage de terrain, c’est-à-dire un stage d’exécution, au contact d’un public, dans une
unité de base d’une organisation structurée.
Ils peuvent également choisir de réaliser leur
troisième année à l’étranger en stage. Toutes
ces expériences les rendent plus sensibles
et plus tôt à l’importance de relier leur formation universitaire à un projet professionnel. Cette année, le 12 février 2010, aura lieu
le Forum de l’orientation positive : une journée comprenant la présentation des mas-
Félicité
Gasparetto
Ayant rejoint
Sciences Po
Avenir en
septembre 2006
après dix années
d’expérience
professionnelle acquise à la
direction de la Formation du groupe
Manpower, Félicité Gasparetto a été
nommée responsable déléguée à
Sciences Po Avenir en janvier 2008.
D’abord diplômée d’un DESS à
l’université Paris 9 Dauphine, elle a
complété sa formation par un
master de psychologie.
Les services de Sciences Po Avenir
■ Une information sur les métiers, les entreprises, les opportunités de stages
et d’emploi, à travers :
- un site Web (plus de 10 000 offres de stages et 1 000 offres d’emplois par an) ;
- un espace de documentation situé dans les locaux de Sciences Po Avenir
au 13, rue de l’Université (annuaires, guides, revues) ;
- de nombreuses rencontres avec les recruteurs (forum Sciences Po Entreprises,
forum des métiers du droit, présentation d’entreprises une fois par semaine,
rencontres métiers).
■ Un espace conseil et formation
Objectifs : faire les bons choix et mener des recherches de stages et d‘emploi
efficaces.
- Des ateliers de formation couvrant des thèmes variés : les techniques
de recherche d’emploi, le CV et la lettre de motivation (en français/en anglais),
working in the UK, working in Germany, se présenter en deux minutes, la
démarche réseau.
- Des simulations d’entretiens individuels.
■ Une équipe de consultants vacataires expérimentés et impliqués
- Et trois chargés de mission de l’équipe à la disposition des élèves, sur rendezvous, pour leur apporter aide à l’orientation et accompagnement à la recherche
de stage ou d’emploi (à titre indicatif : plus de 3 500 stages sont administrés
chaque année).
Pour en savoir plus sur les activités de Sciences Po Avenir :
www.sciences-po.fr/avenir
ters, suivie de rencontres avec les responsables pédagogiques, des élèves et des
anciens des masters. Toutes les activités de
Sciences Po Avenir sont ouvertes aux élèves
du collège universitaire.
Aux étudiants de master
(4e et 5e année)
Pour la première fois, un nouveau module
optionnel intitulé Career Building a été proposé à la rentrée universitaire 2008-2009 à
tous les élèves entrant en master, et ce afin
de les encourager et de les aider à effectuer
les démarches qu’exige la construction d’un
projet professionnel véritablement opérationnel. Les anciens élèves ont d’ailleurs un
rôle à jouer dans ce nouveau module, en
témoignant de leur expérience et en aidant
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les élèves à construire leur projet. Cette nouveauté a rencontré un vif succès et concernera cette année jusqu’à 400 élèves.
Aux diplômés
Et enfin, après l’obtention de leur diplôme,
ceux des diplômés qui le souhaitent peuvent
bénéficier des services de Sciences Po Avenir : demander un accompagnement individuel, participer aux ateliers ou encore
consulter les offres d’emploi publiées sur le
site Web. ◆
Propos recueillis par la rédaction
dossier spécial
EMPLOI
Sciences Po Entrepreneurs,
la tête à l’emploi
En un an, le parcours d’aide à la création d’entreprises de Sciences Po Entrepreneurs
a permis de créer en moyenne 2,5 emplois par projet sélectionné.
«
ue faire pour encourager le prochain Mark Zuckerberg s’il est à
Sciences Po ? » C’est en somme
la question que s’est posée la direction face
au succès de Facebook, le réseau social
créé en 2004 à Harvard par cet étudiant de
20 ans, et qui est devenu un succès commercial planétaire. Pour y répondre, Richard
Descoings et l’administration de Sciences
Po ont fait le pari de créer une structure qui
encourage les étudiants à devenir des porteurs de projets, à prendre des risques en
créant leurs sociétés. C’est ainsi qu’est né
le programme Sciences Po Entrepreneurs et
son incubateur d’entreprises.
Sciences Po Entrepreneurs, c’est un parcours de création d’entreprises qui doit stimuler les vocations, former des porteurs de
projets et les emmener vers la création de
leurs start-up dans le cadre de l’incubateur
d’entreprises. Il est accessible à tous les
élèves de master qui peuvent suivre des
cours d’initiation à l’entrepreneuriat. Après
présentation de projets, les meilleurs sont
invités à un cours de construction de business plan que peuvent également suivre des
anciens de l’Institut, diplômés depuis moins
de cinq ans. Ce cours doit permettre de
consolider les dossiers qui seront présentés
devant un jury. Les projets sélectionnés se
voient alors offrir un an de vie en incubation.
Pendant cette période, les embryons d’entreprises bénéficient des locaux de l’incubateur, situés rue du Four, au cœur de SaintGermain des Prés. Là, ils développent entre
autres les aspects marketing, commerciaux,
ressources humaines de leurs projets. Surtout, ils sont accompagnés par des parte-
Q
naires professionnels qui les aiguillent et les
soutiennent, notamment le cabinet d’avocats Debevoise & Plimpton, partenaire de
l’incubateur. Une aide particulièrement bienvenue quand vient le temps de se confronter au droit des sociétés, au droit du travail
ou aux règles de la propriété intellectuelle.
Les avocats de Debevoise & Plimpton sont
les rouages essentiels du processus de soutien aux porteurs de projet. Un intérêt qui
s’est manifesté dès la génèse de Sciences
Po Entrepreneurs : « Notre cabinet compte
Sciences Po Entrepreneurs,
c’est un parcours de création
d’entreprises qui doit stimuler
les vocations, former des
porteurs de projets et les
emmener vers la création de
leurs start-up dans le cadre de
l’incubateur d’entreprises.
plusieurs anciens élèves de Sciences Po, et
certains d’entre nous y ont donné, ou y donnent toujours des cours », explique Pierre
Clermontel, Co-managing Partner. « Quand
Sciences Po a ouvert son incubateur, nous
avons tout de suite été intéressés, c’était
une occasion d’approfondir nos liens d’une
manière inédite. Aujourd’hui, Debevoise &
Plimpton accompagne sa troisième promotion de jeunes entrepreneurs. »
En un peu plus d’un an d’existence, l’incubateur a déjà donné vie à une douzaine
d’entreprises. Comme le site internet
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Ykone.com, un portail de la mode qui attire
plus de 300 000 visiteurs uniques par mois,
et salarie dix personnes. « Sans l’incubateur,
le projet aurait été beaucoup plus modeste »,
reconnaît Olivier Billon, cofondateur du site,
« l’esprit d’émulation qui y régnait et l’excellence des partenaires nous ont permis d’être
ambitieux et de construire une entreprise à
la fois innovante et solide ». Ykone a également pu bénéficier du soutien financier de
Business Angels, l’« Ange Basile », un fonds
d’investissement adossé à Sciences Po et
qui a apporté 250 000 euros au projet.
« Nous soutenons un projet en fonction de
l’idée défendue, mais aussi selon la personnalité du porteur, explique Pierre Callegari, le
fondateur de l’Ange Basile. Ykone a eu une
aide financière de l’Ange mais pas seulement. Il a énormément bénéficié des réseaux
des uns et des autres. » Car c’est peut-être
là l’essentiel : le passage par l’incubateur
et le soutien de l’Ange Basile apportent aux
projets une véritable crédibilité, qui permettra par la suite aux entrepreneurs de rassurer leurs futurs investisseurs. Ces Business
Angels bienveillants sont souvent des
anciens de Sciences Po désireux de rendre
à l’école une partie de ce qu’elle leur a
apporté. « Mais pas seulement, reprend
Pierre Callegari, cela nous permet aussi de
rester au contact des nouvelles générations,
de voir leur mode de pensée et parfois d’être
surpris par leurs idées. » Avant d’investir
dans des projets, à titre collectif ou individuel.
La stimulation, c’est aussi ce que met en
avant Charles-Philippe Letellier, avocat de
chez Debevoise & Plimpton : « La • • •
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dossier spécial
EMPLOI
• • • possibilité pour les collaborateurs de
travailler au contact direct des jeunes créateurs d’entreprises est une source de motivation pour s’intéresser et approfondir de
nouveaux sujets juridiques pratiques d’une
utilité incontestable. Nous sommes aussi en
contact étroit et personnel avec les jeunes
entrepreneurs, ce qui constitue un précieux
apprentissage de la relation avec le client. »
Sciences Po, une
AOC entrepreneuriale
Même sans la participation financière de
l’Ange Basile, plusieurs projets se sont déjà
concrétisés au sein de l’incubateur. C’est
ainsi qu’Emmanuel Cotsoyanis a pu cofonder Les Dîners d’Éloïse, une entreprise qui
propose des repas gastronomiques à domicile, service et vin compris, pour un prix
allant de 80 à 110 euros par personne.
Ancien de Sciences Po (promo 2005),
Emmanuel fait partie des premiers projets
retenus pour l’incubateur au printemps
2008. La boîte se lance rapidement, en juillet. « Le projet était naissant, mais il est certain que la marque Sciences Po a constitué
un plus indéniable dans la recherche d’investisseurs, analyse-t-il. Quand on fait une
présentation de cinq minutes, les investisseurs retiennent trois ou quatre éléments,
c’est donc important de mettre en avant des
gages de qualité. Sciences Po, c’est comme
une AOC entrepreneuriale. »
Comme Ykone, les Dîners d’Éloïse auraient
pu voir le jour sans l’aide de l’incubateur,
mais Emmanuel confesse que l’intervention
de Sciences Po a été « un énorme coup de
pouce qui nous a aussi permis d’être lauréat
du réseau Paris Entreprendre », une importante aide à la création d’entreprise accordée par la mairie. Résultat : la première
année d’exercice a permis de dégager
120 000 euros de chiffre d’affaires pour 220
dîners servis. Pour l’année en cours, Emmanuel Cotsoyanis annonce « 450 prestations
au programme, et un CA approchant les
300 000 euros ». Une belle réussite pour
cette équipe de cinq personnes : « Nous
avons bénéficié de bons conseils qui nous
ont permis de nous mettre sur les bons
rails », conclut-il.
L’incubateur d’entreprises se veut le prolongement de démarches créatives au sein de
l’Institut. Son responsable, Maxime Marzin,
insiste sur le mode de vie “communautaire”
« Une dizaine de projets
sont en cours de réalisation, dans
les nouvelles technologies, le
numérique, la presse ou les
services à la personne.
L’incubateur agit comme “un
accélérateur de particules”. »
des start-up en incubation, « qui permet le
partage d’expériences et l’entraide » entre
les différents porteurs de projet. Avec le soutien du cabinet de comptables Jean-Claude
Armand, des avocats de Debevoise & Plimpton, de l’Ange Basile et de Microsoft, une
dizaine de projets sont en cours de réalisation, dans les nouvelles technologies, le
numérique, la presse ou les services à la personne. L’incubateur agit comme « un accélérateur de particules », dixit Olivier Billon
d’Ykone, qui permet à de jeunes entrepre-
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neurs (moyenne d’âge 25 ans) volontaires et
talentueux de jouir de la force et du soutien
des réseaux de Sciences Po. Et de les amener plus loin.
« Notre accompagnement est fréquemment
sollicité pour la constitution des sociétés,
pour la rédaction de leurs statuts et pour
l’identification des différentes formalités
nécessaires, explique Pierre Clermontel.
Nous les assistons aussi dans la rédaction
ou la relecture de leurs contrats commerciaux. Nous sommes à leurs côtés lorsque
les premiers contacts avec des Business
Angels potentiels se nouent, et les aidons
dans la réalisation de leurs premières levées
de fonds. Enfin, et surtout, c’est un pari pour
l’avenir et nous espérons bientôt pouvoir
amener ces projets prometteurs vers une
introduction en Bourse. »
Voilà l’ambition ultime de toutes les parties
prenantes du projet : voir naître et aider à
éclore des projets de start-up dynamiques
pour en faire des entreprises à la fois innovantes, solides et attractives. Des projets
naissants qui trouveront grâce au parcours
de création d’entreprises de Sciences Po
toute l’aide dont ils ont besoin pour grandir.
L’incubateur vient d’ailleurs d’intégrer le label
Paris Innovation de la mairie de Paris, qui
assurera une aide d’environ 30 000 euros à
tous les projets sélectionnés. Un beau coup
de pouce ! ◆
François Mazet (X) avec Marina Bellot (X)
et Olivier Monod (X)