Dossier spécial : "Emploi : le réseau Sciences Po comme réponse à
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Dossier spécial : "Emploi : le réseau Sciences Po comme réponse à
dossier spécial EMPLOI Emploi : le réseau Sciences Po comme réponse à la crise es diplômés des grandes écoles ont-ils des raisons de s’inquiéter de la crise actuelle ? La réponse ne fait pas de doute : personne n’est aujourd’hui à l’abri et n’importe qui peut se retrouver sans emploi, désabusé, en perte de confiance, animé par des sentiments d’injustice devant un contexte économique qui met à mal le marché du travail français. Le label Sciences Po, comme celui d’HEC ou encore de l’Essec ne suffissent en effet pas à garantir la réussite ou simplement la stabilité d’une vie professionnelle à travers tous les aléas économiques que peut rencontrer notre pays. Pour s’en convaincre, il suffit de venir passer une journée dans les associations d’anciens élèves de ces écoles pour entendre les témoignages de leurs diplômés mis sur le carreau par des banques, par exemple, qui ont licencié leurs plus jeunes recrues ou encore que l’on a pressé de partir à la retraite pour dégonfler les effectifs d’une entreprise dont l’activité s’est ralentie. Pourtant, dans le contexte actuel, il faut L reconnaître qu’être diplômé d’une grande école reste néanmoins un atout supplémentaire par rapport à tous les jeunes passés par les bancs de l’université. Ce qui fait la différence peut se résumer en trois grands principes : l’école s’est fixé comme mission d’aider ses diplômés à entrer sur le marché du travail, l’association des anciens élèves les accompagne ensuite tout au long de leur parcours professionnel grâce à des services dédiés à l’emploi et, enfin, le réseau des diplômés existe et peut être mobilisé en cas de besoin. L’objet de ce dossier spécial, que nous vous proposons de découvrir dans les pages qui suivent, est de témoigner aujourd’hui auprès des anciens élèves d’un engagement qui a été pris par tous les spécialistes de l’emploi à Sciences Po : celui de vous apporter le meilleur soutien possible, que ce soit pour trouver un emploi, dynamiser une carrière ou un réseau. Qui sont ces acteurs qui ont décidé de travailler ensemble et d’unir leurs forces pour aider les jeunes diplômés et les plus expérimentés des anciens élèves à mener à RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 bien leur projet professionnel ? Ils sont au nombre de quatre : ■ le service Carrière de l’Association des Sciences-Po qui a décidé de renouveler en profondeur son offre de services et de mettre en place de nouveaux outils pour la recherche d’emploi ; ■ la direction de la Formation continue de Sciences Po, qui propose aux anciens élèves de l’école une offre d’accompagnement individuel à destination des dirigeants et manageurs de haut niveau à des tarifs privilégiés ; ■ le service des Stages et du Premier Emploi de l’école, Sciences Po Avenir, qui va densifier dans les mois qui viennent les différents outils d’accès au marché du travail à destination des élèves de master ; ■ et enfin, Sciences Po Entrepreneurs, qui est un nouveau programme de création d’entreprises, à destination des élèves et anciens élèves de Sciences Po, qui doit stimuler les vocations, former des porteurs de projets et les emmener vers la création de leurs start-up dans le cadre de l’incubateur d’entreprises. ◆ 61 62 dossier spécial EMPLOI A N N E - S O P H I E B E AU VA I S Trajectoires Alumni, des nouveaux services sur mesure pour la carrière des Sciences-Po epuis sa création, l’Association des Sciences-Po a vocation à offrir écoute et conseils aux anciens élèves à des moments clefs de leur carrière, que ce soit pour trouver un emploi, changer d’orientation professionnelle ou encore évaluer des compétences : 600 entretiens individuels ont lieu chaque année, animés par une équipe de professionnels en ressources humaines de haut niveau, 2 100 offres d’emploi par an sont également publiées à destination exclusive des Sciences-Po et 90 ateliers permettent de dynamiser une recherche d’emploi avec les meilleurs outils. D Fallait-il se contenter de ce bilan au moment où les Sciences-Po pouvaient avoir un besoin accru des services professionnels de leur Association, pour faire face à un marché du travail en crise ? Certainement pas. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de renouveler en profondeur notre offre de services et de mettre en place de nouveaux outils à la disposition des anciens élèves qui souhaitent ou qui ont besoin de changer d’emploi. Trajectoires Alumni, c’est donc un nouveau programme proposé par l’Association des Sciences-Po dès le mois de janvier 2010 et qui repose sur cinq principales nouveautés : L’équipe de professionnels en ressources humaines a été renforcée Aujourd’hui, le service Carrière de l’Association utilise en effet les compétences d’anciens élèves qui ont développé une réelle expertise dans le domaine du recrutement, du coaching ou encore de l’out-placement pour accueillir et conseiller les Sciences-Po qui démarrent une recherche d’emploi. C’est en permanence une équipe de cinq professionnels qui est à la disposition des adhérents de l’Association pour faire un premier bilan de leurs besoins, dans le cadre de leur rebond ou de leur évolution professionnelle. Une nouvelle offre d’ateliers est proposée, centrée au mieux sur les besoins des anciens élèves L’Association des Sciences-Po et la direction de la Formation continue de l’école ont décidé de mettre à la disposition des RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 anciens élèves une offre exclusive d’ateliers, animés par des coachs professionnels qui sont sélectionnés pour leur expertise et leur éthique. Cette nouvelle offre s’intitule Open Networks Alumni et propose deux types d’ateliers : ■ les fondamentaux. Il s’agit de cinq ateliers qui constituent le socle de toutes les situations de mobilité professionnelle, à l’intérieur ou à l’extérieur d’une organisation : « Mettre en cohérence CV et projet professionnel », « Activer son réseau, utiliser son réseau », « Préparer ses entretiens de recrutement », « Convaincre en entretiens » ; ■ les innovants. Il s’agit de trois ateliers à forte valeur ajoutée, pour mettre toutes les chances de son côté : « Le codéveloppement au service de son évolution professionnelle », « Apprivoiser durablement son stress », « Questionner pour améliorer sa stratégie relationnelle ». Les tarifs de ces ateliers vont de 80 € (atelier d’une demi-journée) à 450 € (6 à 8 séances de 2 h 30). L’offre Open Networks Alumni est susceptible d’être prise en charge dans le cadre du droit individuel à la formation (DIF). Enfin, l’Association des Sciences-Po a également mis en place, en complément de ces ateliers, des séminaires qui sont conçus à la demande, tout au long de l’année, en fonction des besoins exprimés par les anciens élèves. Parmi les séminaires thématiques qui peuvent être proposés dès la rentrée 2010, on peut par exemple retenir dossier spécial EMPLOI les thèmes suivants : « Comment gérer son retour en France après plusieurs années d’expatriation ? », « Comment fonctionne le micro-entreprenariat ? », « Comment gérer son identité en ligne ? »… Une offre “jeunes promos” a été créée en partenariat avec Sciences Po Avenir Il s’agit en effet d’aider les promotions sortantes à entrer sur le marché du travail grâce à trois dispositifs : ■ les Happy Hours, qui sont des rencontres informelles et conviviales entre étudiants et anciens élèves intéressés par le même secteur d’activité, pour bénéficier de conseils et commencer à se constituer son propre réseau ; ■ le Speednetworking : il s’agit de passer en quelques minutes, sous la forme d’entretiens flash, d’un potentiel recruteur à l’autre pour tester son projet professionnel, alimenter son carnet d’adresses et, éventuellement, obtenir son premier job ; ■ le Club des parrains, qui permet aux élèves en 4e ou 5e année de master de bénéficier d’un programme exclusif de parrainage avec un ancien élève qui pourra apporter son regard professionnel et averti sur certains enjeux et ouvrir son propre réseau. Pour les jeunes diplômés qui ont plus de trois ans d’expérience, l’Association propose également une série d’ateliers spécifiques, à prix réduits : • sensibilisation au réseau, 40 € ; • réfléchir à son projet professionnel après trois ans d’expérience, 60 € ; • travailler son CV pour évoluer vers son 2e poste, 40 € ; • réussir ses entretiens de recrutement, 40 €. Les occasions de networking ont été multipliées Lors de la recherche d’un nouveau poste, rien n’est plus important que de savoir dynamiser son réseau. C’est la raison pour laquelle l’Association a souhaité, dans son nouveau programme, donner une place significative aux opportunités de Networking. Deux moyens sont notamment mis à la disposition des adhérents de l’Association : ■ les relais-carrières et les parrains. Il s’agit d’un réseau d’anciens élèves reconnus professionnellement dans leur secteur d’activité, qui sont prêts à apporter écoute et conseils à d’autres diplômés de Sciences Po pour les aider dans leur mobilité professionnelle ; ■ les conférences « Réseau 27, le temps d’une carrière » : une rencontre a lieu en Anne-Sophie Beauvais (D 01) D’abord attachée parlementaire à l’Assemblée nationale puis conseillère parlementaire au ministère de l’Enseignement supérieur, Anne-Sophie Beauvais a travaillé pendant près de sept ans (2001-2008) auprès de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle est arrivée à Sciences Po en 2008 pour s’occuper tout d’abord de la levée de fonds auprès des donateurs, poste qu’elle a occupé pendant un an et demi, avant d’être nommée déléguée générale de l’Association des Sciences-Po. Elle anime également une conférence depuis quatre ans en master Affaires publiques. RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 effet une fois par mois à Sciences Po autour d’un ancien élève qui revient sans tabou sur son parcours professionnel. Cette conférence se déroule en deux temps : une heure d’échanges avec l’invité puis une heure de cocktail pour échanger, de façon conviviale et utile, entre anciens élèves. Le programme est déjà fixé pour les mois qui viennent. Après le succès de la rencontre du mois de décembre avec Nicolas Beytout (SP 78), P-DG du groupe Les Échos, l’Association vous invite en effet à rencontrer : Anne Roumanoff (PES 86), comédienne et humoriste, David Azema (SP 84), directeur général délégué aux finances et à la stratégie de la SNCF, Laurent Beccaria (PES 86), fondateur et directeur des éditions Les Arènes, Hélène Freyss (RH 91), Partner en charge du pôle Marque à Euro-RSCG, ou encore Charles de Croisset (SP 64), conseiller international et vice-président de Goldman Sachs Europe. Une participation de 20 € est demandée pour chaque conférence (abonnement de 80 € pour les huit conférences annuelles). Une hotline Emploi, numéro vert gratuit, a été mise en place Pour qu’aucune demande de renseignement ne se perde, pour améliorer le service de l’Association à l’égard de ses adhérents, une hotline Emploi, numéro vert gratuit, pour tous les anciens élèves du 27, rue SaintGuillaume, vient d’être lancée. Un seul numéro à retenir : le 0800 27 27 20. Et une adresse internet unique : www.trajectoires-alumni.fr L’Association s’engage à apporter à tous ses adhérents une réponse en moins de 48 heures, qu’il s’agisse d’une prise de rendez-vous avec un des consultants, de recherche d’informations ou encore du dépôt d’une offre d’emploi ou de stage. ◆ 63 64 dossier spécial EMPLOI Ils témoignent… Après avoir suivi le parcours Carrières de l’Association, candidats et parrains donnent leur avis. 1re étape : un entretien pour mettre à plat son projet professionnel avec des spécialistes des RH Éléonore Lavignon (Éco.-Fi. 96), consultante senior - groupe Opéra Quelles étaient vos attentes en contactant le service Carrières de l’Association des Sciences-Po ? Je souhaitais obtenir des conseils en matière de recherche d’emploi, de rédaction de CV, mais j’étais aussi intéressée par le principe du parrainage. En effet, je voulais par ce biais recevoir des conseils de professionnels confirmés, exerçant dans le même secteur d’activité que moi et susceptibles de me faire partager leur expérience ainsi que leur carnet d’adresses. Vous avez rencontré un consultant de l’Association, qu’avez-vous retenu de ce premier rendez-vous ? Il a été très positif ! Tout d’abord, l’accueil a été chaleureux. Loin d’être un simple entretien, ce fut une véritable rencontre avec une personne qui a pris le temps de savoir qui j’étais et ce que je recherchais. Elle m’a apporté son expertise, notamment sur les outils de recherche d’emploi. Ensuite, nous avons étudié ensemble les différentes possibilités de parrainage. Là encore, l’échange a été fructueux et concret. Enfin, j’ai pu mesurer la réactivité du service Carrières. Dans les jours qui ont suivi l’entretien, les contacts avec d’éventuels parrains avaient été pris. Je n’avais plus qu’à entrer en relation avec eux. Depuis ce premier échange, que s’est-il passé ? J’ai rencontré un des professionnels qui avait accepté de me parrainer. Nous avons pu échanger de façon informelle sur notre métier, ses évolutions et les éventuelles opportunités qui pouvaient se présenter à moi. Ses conseils ont été précieux et m’ont à nouveau confortée dans mes choix professionnels. Je suis aujourd’hui consultante senior chargée du développement dans un cabinet de conseil en communication spécialisé dans le secteur de l’économie sociale et suis prête à devenir moi-même le parrain d’un ancien. Mamadou Sow (Executive Master Finances et marchés capitaux 2009), en repositionnement professionnel Quelle a été votre motivation pour rencontrer l’un des professionnels en RH du service Carrières ? En fait, mes recherches piétinaient depuis quelques mois et j’avais besoin de recueillir les commentaires de quelqu’un qui avait un “œil neuf”, de revoir également mon CV et de découvrir comment fonctionnent les mises en relations entre anciens de Sciences Po. Quel a été le bilan de ce premier entretien ? J’ai obtenu des informations pertinentes sur le CV, des conseils pointus sur la manière d’aborder certaines questions des recruteurs pour une meilleure préparation aux entretiens d’embauche. 2e étape : mettre en action le réseau grâce à des parrains et des relais-carrière Témoignage d’une filleule Anne-Claire Hoyaux (MA 2005), mission des relations avec la société civile au ministère des Affaires étrangères et européennes Vous avez reçu les conseils d’un ancien élève qui a été votre “parrain” ; cette expérience vous a-t-elle été profitable ? La fonction publique m’intéressait. J’ai pu recueillir le point de vue d’un Sciences-Po fonctionnaire expérimenté sur mon projet de carrière. J’ai apprécié ses commentaires sur ma façon de présenter mes expériences, de mettre en avant mes compétences et d’expliquer mon objectif professionnel. Il m’a également encouragée et conseillée pour entreprendre des démarches de « networking ». RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 Témoignage d’un parrain Jean-François Lecomte (DSP 1971), vice-président Public Affairs & Customs Corporate chez Thomson S.A. Vous accompagnez des anciens élèves dans la durée ? J’ai commencé à faire du parrainage et du relais-carrière en 1992. À ces deux titres, j’ai dossier spécial EMPLOI rencontré environ une dizaine de SciencesPo par an soit plus de 150 au total. Ces rencontres étaient soit ponctuelles au travers des relais-carrière, soit suivies pour le parrainage jusqu’à ce que le/la filleul(e) ait retrouvé un emploi. Que pensez-vous pouvoir apporter à un/une filleul(e) ? D’abord une écoute de sa problématique, puis une aide pour valider sa démarche de recherche d’emploi : réalisme du projet, rédaction du CV, informations sur les métiers et secteurs que je connais. Et bien sûr, des noms de contacts quand la situation est appropriée. Il me paraît essentiel de disposer de beaucoup de temps lors des rencontres pour apprendre à se connaître et établir un climat de confiance et notamment la première fois (une heure et demie ou deux heures). Qu’est-ce que cela vous a apporté, à titre personnel ? Des amis ! « Il n’est de richesses que d’hommes. » Étant moi-même passé par la case chômage pendant deux ans il y a une vingtaine d’années, cela m’a paru naturel d’essayer d’aider ceux qui connaissent la même épreuve et de profiter des leçons apprises pendant ma recherche d’emploi. 3e étape : consolider son projet professionnel grâce à de nouveaux ateliers animés en partenariat avec la formation continue de Sciences Po Marie-Aurore Moulin (DEF 87), coach de dirigeants et de managers, consultante en accompagnement de changement et consultante sur le projet Open Networks Alumni Vous avez participé à la définition et à la création de ces nouveaux ateliers co-organisés par l’Association des anciens élèves et la direction de la formation de Sciences Po, que vont-ils apporter aux futurs participants ? La capacité de chacun à retrouver un emploi dépend de la cohérence à partir de laquelle s’effectue la mise en œuvre du projet professionnel. Les ateliers conçus dans le cadre de l’offre accompagnement Open networks RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 Alumni mettent l’accent sur un travail à la fois individuel et collectif qui va permettre, au travers de l’expérience partagée, de clarifier son identité et son projet professionnels. Ces ateliers sont des opportunités pour consolider la confiance en soi et favoriser la mobilisation de ses propres ressources pour vivre avec le plus de sérénité possible la période de remise en question que représente tout rebond professionnel. ◆ 65 66 dossier spécial EMPLOI Le networking : un cœur de métier pour une association d’anciens élèves ne des missions fondamentales de l’Association des Sciences-Po est d’aider les anciens élèves à entretenir leur réseau et enrichir leur carnet d’adresses de nouveaux contacts, qui peuvent toujours être utiles au cours d’une carrière professionnelle. Ce networking, nous le développons à l’Association dans de nombreuses activités que nous essayons de rendre les plus conviviales possibles. Certaines sont destinées en priorité aux jeunes diplômés qui entrent sur le marché du travail, et qui ont besoin d’accéder rapidement à des clefs de réussite que des Sciences-Po plus âgés peuvent leur transmettre. D’autres activités sont organisées à destination d’un public plus large, plus expérimenté, qui souhaite se retrouver, pour se connaître et échanger, autour d’une thématique professionnelle commune. U Voici quelques exemples de ce networking made in Sciences Po ■ Les happy hours. Le principe est simple : encourager le développement d’échanges informels autour d’un verre avec des Sciences-Po qui travaillent dans un même secteur d’activité. L’esprit afterwork, détendu et convivial, est de mise. Mais l’objectif est entendu : activer son réseau ! Trois groupes professionnels sont mobilisés et proposent régulièrement des Happy Hours : Finance, Entreprise et Affaires publiques. ■ Sous l’égide de son président, JacquesHenri Eyrauld (fondateur de Sporever et actuel président directeur de Turf Éditions), le groupe professionnel Entreprise a également lancé un programme de mentorship entre anciens élèves et étudiants de Science Po. Ce programme s’organise autour d’échanges réguliers entre un créateur d’entreprise et un élève motivé par l’entrepreneuriat. Ce programme de tutorat a RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 pour but de stimuler et d’encourager les transferts d’expérience. ■ Sur le modèle des speedatings, un nouveau mode de rencontre remporte un vif succès auprès des élèves et des anciens de Sciences Po : le speednetworking. Au cours d’une soirée ou d’un petit-déjeuner, élèves ou anciens élèves échangent pendant dix minutes chrono, successivement, avec des Sciences-Po chasseurs de tête, des responsables ressources humaines, des chefs d’entreprises ou des professionnels du même secteur ou du même métier pour tester leur projet professionnel et étoffer leur carnet d’adresses. ◆ ➜ Pour retrouver la liste des manifestations des groupes professionnels sur le site internet de l’Association ainsi que les prochaines dates des happy hours ou des speednetworking : www.sciences-po.asso.fr dossier spécial EMPLOI ALEXIA DE MONTERNO Formation continue de Sciences Po : progresser en compétence et en conscience Interview de la directrice de la formation continue de Sciences Po. Depuis quand la Formation continue de Sciences Po existe et quelle est sa vocation ? La formation continue existe depuis plus de 35 ans et s’inscrit dans le projet pédagogique de Sciences Po. Notre vocation est de donner à chacun les moyens de bénéficier d’une formation et/ou d’un accompagnement qui lui permette de progresser en compétence, comme acteur de son entreprise et de sa vie professionnelle La complexité et la rapidité des mutations actuelles imposent qu’on puisse se former tout au long de la vie afin de rester adaptable et en prise sur les enjeux stratégiques des organisations dans leur environnement. Nous pensons également que le management est affaire d’attitude et de compréhension des enjeux humains et organisationnels autant que d’acquisition de compétences qui doivent être actualisées en permanence auprès d’experts. Nous pensons enfin que les sciences sociales apportent un fondement scientifique et théorique au décryptage des organisations. À quel public vous adressez-vous ? Notre public cible est celui des cadres et dirigeants du secteur privé, public et associatif. Comment se déclinent vos formations ? Nous proposons chaque année 200 séminaires courts en management, communi- cation, ressources humaines, finance et stratégie d’entreprise, droit et gestion publique. Organisés en petits groupes et structurés par niveau, ces séminaires permettent aux participants de renouveler leurs connaissances, d’améliorer leurs compétences et de partager leurs expériences entre pairs. Ils sont complétés par des cycles d’actualité qui permettent aux professionnels en veille Alexia de Monterno (SP 92, Essec 94) Ayant travaillé dans la finance et l’audit pendant six ans avant de rejoindre la direction des Études en 2000, dans le cadre de la réforme du master, Alexia de Monterno est directrice adjointe des Études et responsable de Sciences Po Avenir depuis 2003. Elle a été nommée directrice de la Formation continue en septembre 2007. RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 sur un sujet précis (droit du travail, droit public, protection sociale, aménagement urbain, gestion du handicap) d’être au fait de la législation ou de la jurisprudence la plus récente, décryptée et analysée par les meilleurs spécialistes du domaine. Nous avons également développé des cycles d’analyse des enjeux de société (les tribunes, les grands enjeux de croissance…) afin de doter les participants des grilles d’analyse des phénomènes contemporains qui leur permettent d’aller au-delà de l’actualité courante. Nous avons également 14 Executive masters qui sont des formations longues (30 à 40 jours), diplômantes et organisées en temps partagé afin d’être compatibles avec une activité professionnelle. Ils s’adressent à ceux qui souhaitent passer un cap dans leur carrière ou consolider leur expérience professionnelle par un ressourcement académique (voir encadré). Enfin, notre troisième activité – en forte croissance – consiste à concevoir et animer des formations sur mesure pour le compte d’entreprises ou d’institutions qui sont nos clients. Accompagner la montée en compétences des consultants d’un cabinet en phase de repositionnement stratégique ; animer les écoles d’été des jeunes hauts potentiels d’une grande entreprise industrielle pour les former au management interculturel ; développer un programme de formation pour les futurs dirigeants d’un groupe • • • 67 68 dossier spécial EMPLOI ••• bancaire ; voilà quelques exemples de missions qui nous ont été confiées cette année. Quel label a-t-on à la fin d’une formation ? Les diplômés des Executive masters obtiennent le diplôme de l’Institut d‘études politiques de Paris et font partie intégrante des anciens Sciences-Po. Les stagiaires qui participent à des formations longues et sur mesure peuvent, sous certaines conditions, obtenir un certificat de la Formation continue ou colabellisé entre l’entreprise et Sciences Po. La demande de certification va croissante. Le certificat, gage de professionnalisme et d’implication du participant, constitue aujourd’hui un outil important de motivation pour de nombreux DRH. Vous lancez à la rentrée une nouvelle offre à la carte Open Networks, de quoi s’agit-il ? Lorsque nous avons créé l’Executive master Trajectoires dirigeants, nous avons décidé d’enrichir le contenu de formation Les 14 Executive masters ■ Action stratégique et développement international ■ Energy and Global Policies ■ Décisions stratégiques dans un environnement complexe ■ European Sport Governance ■ Trajectoires dirigeants ■ Ressources humaines ■ Gestion et politiques du handicap ■ Sociologie de l’entreprise et stratégie de changement ■ Sociologie de l’association et action dirigeante ■ Management des médias ■ Gestion et politiques de santé ■ Politiques gérontologiques et gestion des EHPAD ■ Gestion publique ■ Finance d’entreprise et marchés de capitaux Open Networks Alumni Deux types d’ateliers : ■ Les fondamentaux Cinq ateliers qui constituent le socle de toutes les situations de mobilité professionnelle, à l’intérieur ou à l’extérieur d’une organisation : - mettre en cohérence CV et projet professionnel, - activer son réseau, - utiliser son réseau, - préparer ses entretiens de recrutement, - convaincre en entretiens. ■ Les innovants Trois ateliers à forte valeur ajoutée, pour mettre toutes les chances de son côté : - le codéveloppement au service de son évolution professionnelle, - apprivoiser durablement son stress, - questionner pour améliorer sa stratégie relationnelle. qu’il propose par un coaching individualisé de 20 heures. Un an après, l’expérience nous montre qu’il existe une synergie très puissante entre la démarche de réflexion professionnelle que l’on mène en face-àface dans le cadre d’un coaching et les séminaires. Nous avons décidé d’amplifier cette possibilité en proposant, à compter de cette rentrée, à tous les dirigeants et managers, une offre d’accompagnement individuel personnalisé. Cette offre présente des caractéristiques fortes et innovantes. Elle propose de : ■ faire appel à des coachs professionnels sélectionnés pour leur savoir faire, leur expérience et leur éthique ; ■ optimiser son investissement personnel en construisant un programme sur mesure au plus près des besoins en matière d’évolution et de trajectoire professionnelles ; ■ compléter cette démarche par des programmes de formation à forte valeur ajoutée, en adéquation avec ses besoins et ceux de son entreprise. Deux formules sont proposées : l’offre “mobilité” et l’offre “développement”. RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 Vous avez construit avec l’Association des Sciences-Po une offre spécifique pour les anciens élèves, Open Networks Alumni ; pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Il nous semble naturel de proposer aux diplômés de Sciences Po de bénéficier de façon privilégiée de cette offre. Les anciens pourront s’inscrire en priorité et à des prix « Alumni » aux programmes d’accompagnement individuels. Ce partenariat rapproché avec l’Association des SciencesPo nous permettra également d’être au plus près des attentes des anciens, car des ateliers spécifiques ont être créés à la demande pour répondre et nous adapter aux évolutions les plus récentes (voir encadré). ◆ Propos recueillis par la rédaction ➜ Pour plus de renseignements : http://www.sciences-po.fr/spf dossier spécial EMPLOI F É L I C I T É G A S PA R E T TO Sciences Po Avenir, une interface entre Sciences Po et le monde professionnel Interview de la responsable de Sciences Po Avenir Quelle est la vocation de Sciences Po Avenir ? La vocation de Sciences Po Avenir, le service de l’orientation professionnelle, des stages et du premier emploi, est d’être une interface entre Sciences Po et le monde professionnel. Sa mission est d’accompagner les élèves jusqu’au marché du travail, voire de les placer. Le service joue également le rôle d’un observatoire. Depuis 2009, le service pilote la réalisation de l’enquête d’insertion annuelle réalisée par TNS Sofres. Dans le contexte actuel de crise, comment se présente l’insertion des jeunes diplômés de la promotion sortante sur le marché du travail ? En 2008, l’insertion des jeunes diplômés semble s’être maintenue voire améliorée. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’insertion de la promotion 2009. Mais si l’on se base sur le nombre d’offres d’emploi publiées sur le site de Sciences Po Avenir, en baisse de 13 % en octobre 2009 par rapport à 2008, ou encore sur la position de nos contacts en entreprise, on peut penser qu’elle sera plus difficile. Malgré tout, nous pensons que les diplômés de Sciences Po sont bien armés pour faire face à la situation, en particulier parce que la palette des débouchés auxquels ils ont accès est très large, et également grâce à leur excellente formation et à leurs compétences en langues. Les diplômés de Sciences Po s’in- sèrent particulièrement bien dans les secteurs de l’audit/conseil, de la banque/finance/assurances, de l’administration publique et de la presse/médias/édition. Cependant, alors qu’en 2008, 53 % des diplômés 2007 travaillaient dans ces quatre secteurs, ils ne sont plus que 38 % en 2009. On observe une diversification des débouchés des élèves, fruit de la diversification des filières vocationnelles développées dans les masters. Avez-vous prévu un soutien spécifique pour aider les jeunes diplômés à passer ce cap ? Compte tenu de la situation exceptionnelle de crise économique que nous traversons, le conseil de direction a approuvé le 27 avril 2009 la création d’un programme de formation destiné aux diplômés de Sciences Po. Ce programme est dénommé certificat d’aptitudes managériales. Il permet à une centaine de diplômés d’utiliser la période de transition professionnelle que représente la recherche du premier emploi pour développer ou renforcer leur employabilité. Le Certificat d’aptitudes managériales prévoit pour cela un stage obligatoire donnant lieu à la rédaction d’un rapport de stage, à un cycle de conférences spéciales et à un droit d’accès au laboratoire de langues. Mais surtout, un poste de chargé de mission placement a été créé au sein de Sciences RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 Po Avenir pour intensifier les relations avec les recruteurs, recueillir davantage d’offres d’emploi, suivre de près les candidatures, voire chercher parmi les élèves et jeunes diplômés. Enfin, nous recherchons les effets de synergie et faisons preuve de créativité en nous rapprochant encore davantage de • • • L’Association lance un club de parrains pour conseiller les élèves L’Association des Sciences-Po a souhaité accompagner les élèves de 4e et 5e année dans la construction de leur projet professionnel. Il s’agit, en partenariat avec Sciences Po Avenir, de proposer aux élèves de master qui le souhaitent un programme exclusif de parrainage avec un ancien élève qui pourra apporter son regard professionnel et averti sur certains enjeux et ouvrir son propre réseau. Ce programme vient compléter un module optionnel intitulé Career Building, proposé par Sciences Po Avenir aux élèves de master qui souhaitent préparer leur projet professionnel et qui peuvent ainsi bénéficier du conseil et de l’expérience des anciens. 69 70 dossier spécial EMPLOI • • • nos anciens. À titre d’exemple, le jour du Forum, nous avons mis à disposition de l’Association un espace et un salon dédiés à l’organisation d’une opération de SpeedNetworking où se sont dépêchés une quinzaine de DRH anciens de Sciences Po. Le parrainage et la solidarité intergénérationnelle semblent bien fonctionner. À qui s’adresse l’offre de Sciences Po Avenir ? Nous nous adressons à tous les élèves de Sciences Po. Au collège universitaire Une bonne connaissance du monde du travail et des débouchés est en effet indispensable pour faire un bon choix de master. Depuis l’été 2008, les élèves de première année doivent obligatoirement effectuer un stage de terrain, c’est-à-dire un stage d’exécution, au contact d’un public, dans une unité de base d’une organisation structurée. Ils peuvent également choisir de réaliser leur troisième année à l’étranger en stage. Toutes ces expériences les rendent plus sensibles et plus tôt à l’importance de relier leur formation universitaire à un projet professionnel. Cette année, le 12 février 2010, aura lieu le Forum de l’orientation positive : une journée comprenant la présentation des mas- Félicité Gasparetto Ayant rejoint Sciences Po Avenir en septembre 2006 après dix années d’expérience professionnelle acquise à la direction de la Formation du groupe Manpower, Félicité Gasparetto a été nommée responsable déléguée à Sciences Po Avenir en janvier 2008. D’abord diplômée d’un DESS à l’université Paris 9 Dauphine, elle a complété sa formation par un master de psychologie. Les services de Sciences Po Avenir ■ Une information sur les métiers, les entreprises, les opportunités de stages et d’emploi, à travers : - un site Web (plus de 10 000 offres de stages et 1 000 offres d’emplois par an) ; - un espace de documentation situé dans les locaux de Sciences Po Avenir au 13, rue de l’Université (annuaires, guides, revues) ; - de nombreuses rencontres avec les recruteurs (forum Sciences Po Entreprises, forum des métiers du droit, présentation d’entreprises une fois par semaine, rencontres métiers). ■ Un espace conseil et formation Objectifs : faire les bons choix et mener des recherches de stages et d‘emploi efficaces. - Des ateliers de formation couvrant des thèmes variés : les techniques de recherche d’emploi, le CV et la lettre de motivation (en français/en anglais), working in the UK, working in Germany, se présenter en deux minutes, la démarche réseau. - Des simulations d’entretiens individuels. ■ Une équipe de consultants vacataires expérimentés et impliqués - Et trois chargés de mission de l’équipe à la disposition des élèves, sur rendezvous, pour leur apporter aide à l’orientation et accompagnement à la recherche de stage ou d’emploi (à titre indicatif : plus de 3 500 stages sont administrés chaque année). Pour en savoir plus sur les activités de Sciences Po Avenir : www.sciences-po.fr/avenir ters, suivie de rencontres avec les responsables pédagogiques, des élèves et des anciens des masters. Toutes les activités de Sciences Po Avenir sont ouvertes aux élèves du collège universitaire. Aux étudiants de master (4e et 5e année) Pour la première fois, un nouveau module optionnel intitulé Career Building a été proposé à la rentrée universitaire 2008-2009 à tous les élèves entrant en master, et ce afin de les encourager et de les aider à effectuer les démarches qu’exige la construction d’un projet professionnel véritablement opérationnel. Les anciens élèves ont d’ailleurs un rôle à jouer dans ce nouveau module, en témoignant de leur expérience et en aidant RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 les élèves à construire leur projet. Cette nouveauté a rencontré un vif succès et concernera cette année jusqu’à 400 élèves. Aux diplômés Et enfin, après l’obtention de leur diplôme, ceux des diplômés qui le souhaitent peuvent bénéficier des services de Sciences Po Avenir : demander un accompagnement individuel, participer aux ateliers ou encore consulter les offres d’emploi publiées sur le site Web. ◆ Propos recueillis par la rédaction dossier spécial EMPLOI Sciences Po Entrepreneurs, la tête à l’emploi En un an, le parcours d’aide à la création d’entreprises de Sciences Po Entrepreneurs a permis de créer en moyenne 2,5 emplois par projet sélectionné. « ue faire pour encourager le prochain Mark Zuckerberg s’il est à Sciences Po ? » C’est en somme la question que s’est posée la direction face au succès de Facebook, le réseau social créé en 2004 à Harvard par cet étudiant de 20 ans, et qui est devenu un succès commercial planétaire. Pour y répondre, Richard Descoings et l’administration de Sciences Po ont fait le pari de créer une structure qui encourage les étudiants à devenir des porteurs de projets, à prendre des risques en créant leurs sociétés. C’est ainsi qu’est né le programme Sciences Po Entrepreneurs et son incubateur d’entreprises. Sciences Po Entrepreneurs, c’est un parcours de création d’entreprises qui doit stimuler les vocations, former des porteurs de projets et les emmener vers la création de leurs start-up dans le cadre de l’incubateur d’entreprises. Il est accessible à tous les élèves de master qui peuvent suivre des cours d’initiation à l’entrepreneuriat. Après présentation de projets, les meilleurs sont invités à un cours de construction de business plan que peuvent également suivre des anciens de l’Institut, diplômés depuis moins de cinq ans. Ce cours doit permettre de consolider les dossiers qui seront présentés devant un jury. Les projets sélectionnés se voient alors offrir un an de vie en incubation. Pendant cette période, les embryons d’entreprises bénéficient des locaux de l’incubateur, situés rue du Four, au cœur de SaintGermain des Prés. Là, ils développent entre autres les aspects marketing, commerciaux, ressources humaines de leurs projets. Surtout, ils sont accompagnés par des parte- Q naires professionnels qui les aiguillent et les soutiennent, notamment le cabinet d’avocats Debevoise & Plimpton, partenaire de l’incubateur. Une aide particulièrement bienvenue quand vient le temps de se confronter au droit des sociétés, au droit du travail ou aux règles de la propriété intellectuelle. Les avocats de Debevoise & Plimpton sont les rouages essentiels du processus de soutien aux porteurs de projet. Un intérêt qui s’est manifesté dès la génèse de Sciences Po Entrepreneurs : « Notre cabinet compte Sciences Po Entrepreneurs, c’est un parcours de création d’entreprises qui doit stimuler les vocations, former des porteurs de projets et les emmener vers la création de leurs start-up dans le cadre de l’incubateur d’entreprises. plusieurs anciens élèves de Sciences Po, et certains d’entre nous y ont donné, ou y donnent toujours des cours », explique Pierre Clermontel, Co-managing Partner. « Quand Sciences Po a ouvert son incubateur, nous avons tout de suite été intéressés, c’était une occasion d’approfondir nos liens d’une manière inédite. Aujourd’hui, Debevoise & Plimpton accompagne sa troisième promotion de jeunes entrepreneurs. » En un peu plus d’un an d’existence, l’incubateur a déjà donné vie à une douzaine d’entreprises. Comme le site internet RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 Ykone.com, un portail de la mode qui attire plus de 300 000 visiteurs uniques par mois, et salarie dix personnes. « Sans l’incubateur, le projet aurait été beaucoup plus modeste », reconnaît Olivier Billon, cofondateur du site, « l’esprit d’émulation qui y régnait et l’excellence des partenaires nous ont permis d’être ambitieux et de construire une entreprise à la fois innovante et solide ». Ykone a également pu bénéficier du soutien financier de Business Angels, l’« Ange Basile », un fonds d’investissement adossé à Sciences Po et qui a apporté 250 000 euros au projet. « Nous soutenons un projet en fonction de l’idée défendue, mais aussi selon la personnalité du porteur, explique Pierre Callegari, le fondateur de l’Ange Basile. Ykone a eu une aide financière de l’Ange mais pas seulement. Il a énormément bénéficié des réseaux des uns et des autres. » Car c’est peut-être là l’essentiel : le passage par l’incubateur et le soutien de l’Ange Basile apportent aux projets une véritable crédibilité, qui permettra par la suite aux entrepreneurs de rassurer leurs futurs investisseurs. Ces Business Angels bienveillants sont souvent des anciens de Sciences Po désireux de rendre à l’école une partie de ce qu’elle leur a apporté. « Mais pas seulement, reprend Pierre Callegari, cela nous permet aussi de rester au contact des nouvelles générations, de voir leur mode de pensée et parfois d’être surpris par leurs idées. » Avant d’investir dans des projets, à titre collectif ou individuel. La stimulation, c’est aussi ce que met en avant Charles-Philippe Letellier, avocat de chez Debevoise & Plimpton : « La • • • 71 72 dossier spécial EMPLOI • • • possibilité pour les collaborateurs de travailler au contact direct des jeunes créateurs d’entreprises est une source de motivation pour s’intéresser et approfondir de nouveaux sujets juridiques pratiques d’une utilité incontestable. Nous sommes aussi en contact étroit et personnel avec les jeunes entrepreneurs, ce qui constitue un précieux apprentissage de la relation avec le client. » Sciences Po, une AOC entrepreneuriale Même sans la participation financière de l’Ange Basile, plusieurs projets se sont déjà concrétisés au sein de l’incubateur. C’est ainsi qu’Emmanuel Cotsoyanis a pu cofonder Les Dîners d’Éloïse, une entreprise qui propose des repas gastronomiques à domicile, service et vin compris, pour un prix allant de 80 à 110 euros par personne. Ancien de Sciences Po (promo 2005), Emmanuel fait partie des premiers projets retenus pour l’incubateur au printemps 2008. La boîte se lance rapidement, en juillet. « Le projet était naissant, mais il est certain que la marque Sciences Po a constitué un plus indéniable dans la recherche d’investisseurs, analyse-t-il. Quand on fait une présentation de cinq minutes, les investisseurs retiennent trois ou quatre éléments, c’est donc important de mettre en avant des gages de qualité. Sciences Po, c’est comme une AOC entrepreneuriale. » Comme Ykone, les Dîners d’Éloïse auraient pu voir le jour sans l’aide de l’incubateur, mais Emmanuel confesse que l’intervention de Sciences Po a été « un énorme coup de pouce qui nous a aussi permis d’être lauréat du réseau Paris Entreprendre », une importante aide à la création d’entreprise accordée par la mairie. Résultat : la première année d’exercice a permis de dégager 120 000 euros de chiffre d’affaires pour 220 dîners servis. Pour l’année en cours, Emmanuel Cotsoyanis annonce « 450 prestations au programme, et un CA approchant les 300 000 euros ». Une belle réussite pour cette équipe de cinq personnes : « Nous avons bénéficié de bons conseils qui nous ont permis de nous mettre sur les bons rails », conclut-il. L’incubateur d’entreprises se veut le prolongement de démarches créatives au sein de l’Institut. Son responsable, Maxime Marzin, insiste sur le mode de vie “communautaire” « Une dizaine de projets sont en cours de réalisation, dans les nouvelles technologies, le numérique, la presse ou les services à la personne. L’incubateur agit comme “un accélérateur de particules”. » des start-up en incubation, « qui permet le partage d’expériences et l’entraide » entre les différents porteurs de projet. Avec le soutien du cabinet de comptables Jean-Claude Armand, des avocats de Debevoise & Plimpton, de l’Ange Basile et de Microsoft, une dizaine de projets sont en cours de réalisation, dans les nouvelles technologies, le numérique, la presse ou les services à la personne. L’incubateur agit comme « un accélérateur de particules », dixit Olivier Billon d’Ykone, qui permet à de jeunes entrepre- RUE SAINT-GUILLAUME N° 157 - DÉCEMBRE 2009 neurs (moyenne d’âge 25 ans) volontaires et talentueux de jouir de la force et du soutien des réseaux de Sciences Po. Et de les amener plus loin. « Notre accompagnement est fréquemment sollicité pour la constitution des sociétés, pour la rédaction de leurs statuts et pour l’identification des différentes formalités nécessaires, explique Pierre Clermontel. Nous les assistons aussi dans la rédaction ou la relecture de leurs contrats commerciaux. Nous sommes à leurs côtés lorsque les premiers contacts avec des Business Angels potentiels se nouent, et les aidons dans la réalisation de leurs premières levées de fonds. Enfin, et surtout, c’est un pari pour l’avenir et nous espérons bientôt pouvoir amener ces projets prometteurs vers une introduction en Bourse. » Voilà l’ambition ultime de toutes les parties prenantes du projet : voir naître et aider à éclore des projets de start-up dynamiques pour en faire des entreprises à la fois innovantes, solides et attractives. Des projets naissants qui trouveront grâce au parcours de création d’entreprises de Sciences Po toute l’aide dont ils ont besoin pour grandir. L’incubateur vient d’ailleurs d’intégrer le label Paris Innovation de la mairie de Paris, qui assurera une aide d’environ 30 000 euros à tous les projets sélectionnés. Un beau coup de pouce ! ◆ François Mazet (X) avec Marina Bellot (X) et Olivier Monod (X)