AVREF DOSSIER EAU VIVE.pages

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AVREF DOSSIER EAU VIVE.pages
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Eau Vive
et
Espérances Taries
Le Livre Noir des Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée
(Famille Missionnaire Donum Dei)
par un Collectif de Travailleuses des restaurants Eau Vive
!
avec le soutien de l’AVREF
Aide aux Victimes des dérives dans les mouvements Religieux en Europe
et en France
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
« Si nous sommes sans colère quand nous voyons les autres bafoués,
exploités, humiliés, il est clair que nous ne les aimons pas. »
Abbé Pierre.
Emmaüs ou venger l'homme,
Centurion, 1979
SOMMAIRE
PREMIERE PARTIE – INFORMATIONS GENERALES
Pages 3-4 : Historique des restaurants EAU VIVE – pages 3 et 4
Pages 5-6 : Le parcours de recrutement/formation des Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée
Pages 7-8 : Extraits des statuts de la Famille Missionnaire Donum Dei
Pages 9-11 :Extraits du Directoire des Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée
DEUXIEME PARTIE – TEMOIGNAGES
Page 12 : Témoignage collectif
Pages 13-47 :Témoignages individuels
Pages 48-50 : Le destin de Solange MARE (témoignage posthume)
Conclusion :
Pages 51-52 : Prise de position de l’AVREF
à Contact AVREF page 52
Annexe :
Pages 53-54 : La Famille Missionnaire Donum Dei : fiche d’identité
! Pour toute demande d’information complémentaire sur ce dossier vous pouvez
composer les numéros suivants :
06 10 07 44 67
06 68 12 61 64
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HISTORIQUE DES RESTAURANTS « EAU VIVE »
Marcel ROUSSEL-GALLE est né le 8 juin 1910 aux Fins dans le Haut-Doubs.
Il est ordonné prêtre à Besançon le 22 décembre1934. « De 1940 à 1947 son coeur pastoral sans
cesse à l’écoute de l’Esprit Saint, reçoit plusieurs intuitions auxquelles il cherchera à répondre. »
nous disent ses biographes.
En avril 1947 il est à Paris, aumônier de JOC, et prend des initiatives. Mais le Cardinal Suhard
n’acceptera pas qu’il entre à la mission de Paris : il lui demandera plutôt de se consacrer
entièrement à la formation de sa famille spirituelle. Ainsi donc « son propre appel va se réaliser à
travers la mission qui prend forme au sein des usines, des bars de prostitution, des lycées, des
hôpitaux, des prisons, par l’engagement total de jeunes travailleuses. »
Il lance également à cette époque la revue « le sillon missionnaire ».
Après des tâtonnements, le 11 Février 1950, le Père Roussel regroupe celles qui se sentent
appelées à partager ses intuitions; il leur donne le nom de “Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée”.
Le père Roussel-Galle ne disposait alors que d’une petite maison au milieu des usines de la
région parisienne. Les TM (travailleuses missionnaires) sont alors professeurs, médecins,
infirmières, travailleurs sociaux.
à Il est important de noter qu’au départ, il n’est pas du tout question de faire de la
restauration collective, mais de s’engager dans le monde du travail selon le modèle initié à
l’époque par la Mission de France et la personnalité de Madeleine Delbreil.
Suite à l’appel du pape en 1957 (encyclique Fidei Donum), l’ouverture internationale est lancée.
Une possibilité est offerte au Burkina-Faso qui s’appelle encore haute-Volta. C’est le premier
départ en 1958. Une enseignante de français, Solange Gaillard et un médecin, Renée Reboud,
puis plus tard Christiane Ragot, une aspirante travailleuse missionnaire vont devenir la première
équipe. Mais Christiane meurt six semaines après son arrivée. Toutefois, en 1963, 12
travailleuses africaines ont rejoint la communauté. Ce recrutement, en grande partie source des
problèmes actuels, n’a jamais cessé jusqu’à ce jour.
Puis c’est le Laos et le Vietnam. Marie Rose Bouverot part à Saigon le 24 mai 1963. La guerre et
ses conséquences sont partout. Il y a fort à faire. Le recrutement vietnamien est alors également
institué. D’autres implantations interviendront dans le monde : Océanie, Philippines, Amérique
latine,…
En 1960 la création des EAU VIVE marque un tournant important puisque l’activité de cette
chaîne internationale de restaurants va supplanter toutes les autres initiatives. L’implantation sur
plusieurs continents et dans différents pays est opérée et réussie.
L’obtention auprès des évêques de mandats de gestion dans des centres de pèlerinage réputés
(Lisieux, Ars, Notre Dame de la Garde, Donrémy, Lourdes) assure au mouvement une
confortable autonomie financière et lui offre un gage d’honorabilité dont il va se servir pour
séduire et recruter les adolescentes et jeunes filles originaires de pays émergents.
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La gestion à Rome d’un restaurant de grand luxe situé dans le palais Lante construit en 1513 par
le pape Léon X Médicis contribue à donner à la chaîne une image de marque « haut de gamme »,
fort éloignée de l’esprit initial de pauvreté qui avait séduit le cardinal SUHARD.
En 1969, le Père Roussel installe la direction de la Famille Missionnaire Donum Dei à Rome, tout près
de la Basilique sainte Marie Majeure. Il cherche ainsi à s’émanciper de son évêque dans le Doubs et se
place au lieu qui convient pour obtenir une reconnaissance de droit pontifical. En fait l’objectif
initial s’est sensiblement modifié. Avec le concept de « famille missionnaire » le père RousselGalle veut ratisser plus large en intégrant des laïcs, des familles. Il s’inspire du fonctionnement
de l’Opus Dei qui, par son lobbying, obtiendra le statut de prélature personnelle du Pape. Il
développe sur ce modèle le charisme de « la sanctification dans la vie familiale ». Des tensions se
font jour dans ses rangs et une vague de départs a lieu vers les années 1970. Le cardinal Ugo
POLETTI, alors vicaire général de Rome, c'est-à-dire administrateur du diocèse pour le compte
du Pape, suit de près tous ces bouleversements.
Une scission se produit entre celles qui se dénomment « travailleuses
missionnaires » (aujourd’hui présentes en Belgique) et entendent garder l’esprit de la fondation
originelle, et celles qui se dénomment « travailleuses missionnaires de l’Immaculée »
essentiellement concentrées dans les services de cuisine et restauration1, mais aussi les familles
des « mamans missionnaires » regroupées dans la « Légion suppliante et réparatrice ».
Le père Roussel meurt le 22 février 1984 à Rome.
Finalement la « famille missionnaire Donum Dei », livrée à elle-même, après divers errements,
obtient un rattachement au tiers ordre séculier carmélitain le 22 février 1987 et est reconnue
comme association internationale laïque par le prieur général de l’Ordre du Carmel.
Elle est toujours dirigée à ce jour par un groupe réduit de personnes qui ont été, à l’origine,
proches du père Roussel. Elles reproduisent soigneusement un certain mode de fonctionnement
rôdé lors de la mise en place des restaurants2 . La fidélité à la parole et aux écrits du fondateur que
l’on enseigne aux jeunes « en formation » est, pour elles, le garant de la pérennité du système mis
en place. La biographie du Père fondateur est une hagiographie permanente enseignée chaque
matin aux « jeunes en formation3 ».
Une ancienne responsable générale, Marie-Clémentine PARE écrivait : « La création des Eau
Vive est une ingénieuse initiative de l’Esprit Saint avec le concours de la Vierge Marie pour
rejoindre les hommes et les femmes de notre temps au rythme de la vie moderne. »
La vie moderne rattrape en effet le mouvement, même si tout est fait pour en couper et en isoler
de jeunes femmes déracinées recrutées à la fleur de l’âge. Des démissions, des « fuites » se
produisent en permanence. Les responsables ne peuvent pas totalement interdire l’usage
1
Cette orientation prend sa source à la pensée du fondateur : Marcel ROUSSEL, Pourquoi des vierges chrétiennes
dans un restaurant?, Dans le Sillon Missionnaire N° 190, Mars-Avril-Mai-Juin 1977, p.35
2
Par contre les témoignages reçus nous ont appris que l’esprit de mission initial de travailleurs laïcs a été
abandonné. Ainsi une TM qui a créé un orphelinat au Burkina Faso a fait l’objet de tracasseries et a préféré
démissionner. Une autre qui avait développé au Cameroun un dispositif permettant d’éviter la prostitution de
collégiennes mineures a également préféré démissionner et nous a livré son témoignage.
3 A noter
que le parcours de formation dure six ans.
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d’Internet et des portables et leur autorité absolue est remise en cause. Elles ne peuvent pas non
plus empêcher les solidarités de se nouer et de fonctionner, notamment entre les travailleuses
burkinabées rebelles à un système de travail forcé qu’elles ont subi, et dont elles sont sorties.
Elles se sont coordonnées et lancent aujourd’hui un appel pour plus de dignité et de justice. C’est
le sens des témoignages que vous lirez dans ce document.
LE PROCESSUS d’ EMPRISE SUR LES TRAVAILLEUSES DANS
LES RESTAURANTS « EAU VIVE »
Le recrutement se fait de façon quasi-exclusive dans certains pays émergents : Burkina Faso, Iles
Wallis, Viêt-Nam, Pérou, Philippines,… Les jeunes filles recrutées sont issues de familles
modestes. Le plus souvent elles n’ont pas pu terminer leurs études secondaires, ni même les
entreprendre. Certaines ont commencé à s’insérer sur place dans la Communauté avant leur
majorité légale. Elles sont motivées par un appel à la vie religieuse assorti d’une promesse de
formation en Europe. Elles s’engagent donc dans un processus de formation et d’appel à la vie
consacrée qui leur paraît irréversible, aussi bien pour elles-mêmes que pour leurs familles.
Pour la communauté qui cherche à moindres frais de la main d’œuvre pour sa chaîne de
restaurants l’intérêt de ce processus de recrutement est le suivant :
- La distinction entre la vie religieuse dans une congrégation traditionnelle et le laïcat consacré
est trop subtil pour que la jeune fille et sa famille puissent faire la différence. Le flou est donc
entretenu et le mode de vie annoncé paraît accessible dès lors qu’il s’agit d’une vie donnée à
Dieu. Elles ne réalisent pas et leurs familles non plus qu’elles vont commencer par être cloîtrées
et traitées de façon infantile bien qu’elles soient des laïques travailleuses. Elles n’ont pas la
moindre idée de ce qu’elles vont subir en raison du triple engagement de pauvreté, de chasteté et
d’obéissance que l’on va exiger d’elles.
- L’emprise et la pression exercée sont facilitées par le système mis en place. En effet la jeune
fille qui vient en Europe qu’elle découvre pour la première fois en arrivant à Donrémy est
complètement coupée de son pays et de sa culture d’origine, dépossédée de tout bien, privée de
ressources et de contacts extérieurs. Ses communications extérieures sont contrôlées ; titulaire de
visas ou de cartes de séjour temporaires dans un pays dont elle ignore tout, elle ne peut pas
s’échapper. Le retour au pays pour dire qu’elle renonce à sa « vocation » ne serait pas compris et
serait ressenti comme une honte par sa famille. La fuite dans le pays où elle suit son parcours dit
« de formation » serait très hasardeuse : cela signifierait pour elle la précarité, le fait de devenir
apatride, d’être sans papiers, sans travail et sans formation.
- La promotion des restaurants se trouve facilitée par ce recrutement ultramarin ainsi que la
politique d’image de la chaîne EAU VIVE car les travailleuses missionnaires sont invitées à
chanter, à porter le costume de leur pays d’origine ce qui donne aux restaurants une note exotique
qui plaît aux clients, permet de prendre des clichés de groupe bigarrés, multiraciaux, attractifs et
vendeurs sous la statue de Jeanne d’Arc à Donrémy ou sous celle de la petite soeur Thérèse à
Lisieux.
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Dans la pratique le parcours dit « de formation » se déroule comme il est présenté à l’article 42
du Directoire4 de 2009, dont le contenu est bien plus strict et rigoureux que celui qui est en
usage dans la plupart des congrégations, bien que les travailleuses missionnaires ne soient pas
canoniquement des religieuses, mais des laïques. Il comporte deux temps :
1. L’aspirât dans le pays d’origine : temps dit de pré-formation. En fait la Communauté
s’assure que l’aspirante est majeure pour disposer d’un passeport et puisse quitter le pays sans
avoir à demander une autorisation de sortie. L’aspirante est déjà employée comme travailleuse
dans son propre pays.
2. le parcours dit « de formation » : il dure six ans, ce qui est un exploit pour des filles appelées
à travailler en cuisine ou service de table dans un restaurant ! Mais ce temps long est le moyen
d’établir sur elles une emprise forte et de s’assurer de leur soumission.
Les six années sont ainsi réparties :
- 3 années dites d’Ecole d’oraison : un an à Donrémy à l’arrivée, puis deux ans à Lisieux au foyer
d’accueil des pèlerinages géré en théorie sous contrôle de l’évêché local.
- 2 années d’études religieuses supérieures (sic) au Studium de la Grâce-Dieu, c'est-à-dire à
Besançon dans la région d’origine du fondateur, le père Marcel Roussel-Galle.
- 1 année de formation à la vie professionnelle : 1 an à Rome au restaurant EAU VIVE qui
occupe, dans le centre de la ville, une partie du rez-de-chaussée et du premier étage, du Palais
Lante5 construit en 1513 par le Pape Léon X Médicis. Il est choquant que des travailleuses
démunies de tout servent des clients aisés dans un tel cadre de luxe. A quelque chose malheur est
bon : la communauté est obligée de faire dispenser à quelques unes une formation à la hauteur de
cet établissement de luxe par l’école parisienne spécialisée « le cordon bleu », ainsi qu’une
formation HACCP à l’hygiène et à la sécurité dans la chaîne alimentaire. Pour faire bonne figure
dans le milieu romain elle doit également assurer à certaines des bases de formation religieuse.
Au cours de cette formation initiale en Europe (art. 42 du Directoire §3) les jeunes futures TM de
l’Immaculée sont invitées à faire leur donation au Christ à travers les Fiançailles mystiques et la
Profession temporelle dans le Tiers Ordre Carmélitain séculier.
Art. 42 §5 (il n’y a pas de §4) : Au terme de leur sixième année, les « Fiancées » TM de
l’Immaculées sont envoyées en mission dans des groupes locaux où elles continuent leur
formation (sic).
De façon assez étrange le Directoire ne précise pas les critères d’accès aux Epousailles qui
suivent les fiançailles. Peut-être ces informations figuraient-elles au § 46 qui fait défaut.
4
Ce terme de Directoire désigne une sorte de règlement intérieur plus strict que celui qui est en usage dans la plupart
des communautés religieuses, bien que les travailleuses missionnaires ne soient pas canoniquement des religieuses,
mais des laïques. L’ensemble du document est infantilisant et plusieurs dispositions sont contraires aux droits
élémentaires de la personne humaine.
5
Ce palais est lui-même propriété de la famille noble florentine des Aldobrandini, dont la descendante la princesse
Olimpia est l’ épouse de David de Rothschild, fils du baron Guy de Rothschild.
6
Dans un autre document du mouvement le rite des «épousailles » est expliqué : « A la différence de la Religieuse,
la TM ne marque pas son appartenance totale à Dieu par des Voeux, mais par l’Offrande d’elle-même à l’Amour
Miséricordieux à travers des Epousailles mystiques avec le Christ. C’est un engagement privé: au jour de ses
Epousailles, après avoir communié, le Christ présent en elle, la TM se passe elle-même au doigt l’anneau des
Epouses du Christ en signe de son appartenance totale à Lui pour toujours. »
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Quoi qu’il en soit il faut être TM « épouse » pour être autorisée à participer aux élections de
responsables et il faut avoir été TM épouse pendant au moins trois ans pour pouvoir être éligible
au poste de responsable de groupe, ce qui signifie 10 années au moins passées dans ce
mouvement, ce laps de temps garantissant une parfaite conformité au modèle imposé.
Ce long parcours d’intégration pourrait paraître judicieusement progressif à un lecteur non averti.
Toutefois il convient de comprendre son caractère irréversible dès la fin de l’aspirât au moment
où la jeune fille quitte sa famille et son pays pour rejoindre l’Europe sur la base des promesses
qui lui ont été faites. Pour des raisons géographiques, sociologiques, financières renforcées par le
système coercitif qui l’attend à son arrivée dans le vieux continent, tout retour en arrière est
désormais chose impossible à réaliser.
Il convient également de comprendre qu’il s’agit d’un schéma théorique et que, dans la réalité, la
vie quotidienne, dès que possible, c’est le travail en cuisine ou le service de table.
Le travail et rien d’autre. Le travail, toujours le travail…
EAU VIVE : STATUTS et DIRECTOIRE
EXTRAITS DES STATUTS DE LA FAMILLE MISSIONNAIRE
DONUM DEI (FMDD)
ROLE DE LA RESPONSABLE DU GROUPE LOCAL
Article 101 des statuts §1. La responsable du groupe local doit avoir au moins trois ans
d’épousailles et les qualités de grande sœur spirituelle :
- respect de ses sœurs, affection surnaturelle
- souci de leur manière d’exercer l’apostolat
- souci de leur instruction et formation permanente ;
- souci de leur santé physique, de l’équilibre de leur nourriture ;
[…]
« Ainsi elle est la première servante de la Servante du Seigneur, et cette première servante est au
service de toutes ses sœurs » (Père Marcel Roussel Galle).
à Notre question : Comment contrôle-t-on que la responsable du groupe remplit ce rôle ?
Quelles sont les dispositions prises quand ce n’est pas le cas ?
INTEGRATION D’une JEUNE FILLE
Article 104 §1. Dès qu’une jeune fille entre dans la branche TM d’un groupe local, les parents
pourront apporter une contribution en tenant compte des dispositions de l’Egalise locale et des
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disponibilités des familles, pour participer à la formation de leur fille. Cette contribution est
décidée au niveau du groupe local en accord avec la Responsable Générale et son Conseil.
à Notre question : La gestion des restaurants est-elle déficitaire pour qu’il faille demander de
l’argent à des familles dans des pays où le niveau de vie est le plus souvent modeste et où les
conditions de vie sont fréquemment précaires ?
Suite du §1 : Dès que la candidate TM arrive en Europe pour continuer sa formation, elle est
prise totalement en charge par le groupe local qui l’accueille et qui lui assure tout le nécessaire
pour sa subsistance, sa santé et son épanouissement, dans l’esprit de la FMDD.
à Nos questions : Qu’appelle-t-on « tout le nécessaire » ? Est-il possible de préciser ce qui est
fait pour la subsistance ? Qu’en est-il de sa protection sociale ? Quel est son statut au regard des
lois sociales du pays d’accueil ? Pour la santé y a-t-il au moins une visite médicale annuelle ?
Pour l’épanouissement personnel qu’est-il fait du côté culturel et également activités
récréatives sachant que c’est un sujet important dans la famille carmélite ? De quelles ressources
personnelles dispose-t-elle ? Quelles sont ses possibilités d’accès aux moyens d’information et de
communication ?
RESPECT DES VACANCES
Article 106. Chaque responsable local doit veiller à ce que chaque membre de son groupe ait au
cours de l’année un mois de vacances y incluant une retraite annuelle.
à Notre question : Comment ces vacances sont-elles prises ?
PROCEDURE DE RENVOI
Article 108, alinéa 8,
§1. Avec le renvoi définitif cessent, par le fait même, toutes les obligations et les droits dérivant
de l’appartenance à la FMND.
à Question : Cela veut-il dire que toutes les obligations de la FMND envers la personne
renvoyée cessent également ? Notamment les obligations de la FMND en tant qu’employeur de
la travailleuse missionnaire ?
§2. Celles qui, légitimement quittent la FMDD ou sont légitimement renvoyées ne peuvent rien
exiger de la FMDD pour les activités accomplies.
à Question : Même question que pour le §1. La FMND remplit-elle ses obligations sociales en
cas de départ ?
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
§3. Toutefois la FMDD veillera à ce qu’elle reçoive, en toute équité et charité évangéliques, ce
qui est nécessaire pour subvenir à ses besoins pendant un certain temps. L’aide est réglée entre la
TM et la FMDD et mise par écrit au moment du départ.
à Question : Pourquoi ce §3 n’est-il pas appliqué ?
EXTRAITS du DIRECTOIRE DES TRAVAILLEUSES
MISSIONNAIRES DE L’IMMACULEE
(décembre 2009)
VIERGES DANS LE LAICAT
Article 3
Cette virginité, pour être fidèle et authentique, doit se nourrir des sacrements, de la prière, en
particulier d’une vie d’oraison, et être soutenue par une certaine manière de vivre dont voici
quelques lignes concrètes :
[…]
c) Elles doivent éviter les abus de citron, de piment, de café, de thé noir, de coca-cola.
[…]
e)… Elles sont prudentes face aux moyens modernes de communication : TV, téléphone, Internet,
etc ..qui peuvent les distraire de leur objectif d’offrande et les retirer de l’intimité avec l’Epoux.
[…] Elles ne portent pas de costume particulier, mais s’habillent d’une manière simple, élégante
et sportive. Dans la mesure du possible, elles portent leurs costumes nationaux. Elles ne portent
pas de pantalons jeans et ne portent pas d’habits trop serrés, trop courts, trop fendus, ou
transparents, etc.. Elles portent des sous-vêtements blancs. Elles ne portent pas de chaussures à
hauts talons de plus de 5 centimètres.
[…] Leur coiffure ne doit pas attirer l’attention des gens. Si les TM de l’Immaculée sont trop
préoccupées ou occupées de leurs cheveux, elles seront portées à se rechercher, et en
conséquence, perdront la simplicité du cœur.
• Elles veillent à avoir huit heures quotidiennes de sommeil7.
Chapitre III, LES TM de l’IMMACULEE SONT UNE FAMILLE DANS LAQUELLE
L’ESPRIT D’OBEISSANCE EST LA PREMIERE VERTU
Article 14. Elles sont une Famille où l’on vit volontairement l’obéissance8
7
On reviendra sur ce dernier point relatif au sommeil à la lecture des témoignages sur les conditions de travail.
8
On reviendra sur cette affirmation du caractère volontaire de l’obéissance à la lecture des témoignages
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
« Prier c’est bien, obéir c’est mieux » (Marcel Roussel-Galle, Lettre aux TM)
« Une TM doit avoir la volonté d’obéir » (Idem) […]
Article 15. En conséquence, les TM de l’Immaculée s’efforcent de dire toujours OUI à
l’Immaculée en lui obéissant à travers :
- le Règlement de la FMDD tel qu’il est établi dans les Statuts et le Directoire
[…]
- l’horaire de chaque jour qui précise les exercices de piété, les heures de travail, les heures de
détente, les heures du lever et du coucher, les heures de formation continue. Cet horaire doit
tendre de plus en plus à répartir de façon équilibrée9, habituellement, huit heures de culture
spirituelle et humaine, huit heures de travail professionnel, huit heures de sommeil.
[…]
Article 18.
Alinéa b) Les TM de l’Immaculée obéissent aux décisions ou demandes de la Responsable
Générale et son Conseil, envers laquelle elles développent un regard de foi, de respects et
d’attachement, sachant que la Responsable élue tient la place de la Vierge Marie, première et
unique Supérieure de la FMDD10. La TM de l’Immaculée obéira donc « fidèlement,
promptement, simplement, cordialement, à sa Responsable générale, comme à sa Mère, c’est-àdire avec une affection toute filiale. Elle obéira avec une franchise et avec intelligence, elle verra
toujours dans la Responsable Générale la représentante de la Sainte Vierge, leur Mère Parfaite
et Immaculée, la première Responsable et éducatrice » (père Marcel Roussel Galle).
[…]
Alinéa f) Elles ne sortent pas sans l’accord de la responsable de qui elles dépendent.
…
Alinéa h) Elles n’allument pas la télévision, ne se connectent pas à Internet, ne téléphonent pas
pour des motifs personnels sans l’accord de leur responsable.
TRAVAILLEUSES
Article 20
§3. Le fruit de leur activité commune ou les salaires personnels seront toujours versés
intégralement à la Caisse Générale de la FMDD ou à la Caisse Donum Dei locale qui les
redistribue.11
« Le travail devrait être bien fait ! Il faut absolument qu’à l’école vous montiez à cette responsabilité. Il vaut mieux
que vous n’alliez pas à la Messe en semaine, que vous n’alliez pas à la communion, que vous ne fassiez pas oraison
si le plat cuisiné, enfin si le travail de la restauration n’est pas achevé » (Père Marcel Roussel Galle K7-142/A)
9
Idem : on vérifiera si cet équilibre est respecté en prenant connaissance des témoignages
10
L’instrumentalisation de la Vierge Marie est un phénomène banal, largement répandu, dans nombre de
communautés religieuses déviantes qui évitent ainsi tout débat interne.
11
Il serait intéressant d’enquêter sur cette redistribution.
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
[…]
« Toi, la petite TM toute égoïste, est-ce que ne dis pas : Je dors quand je veux, je me lève quand je veux, je
m’appartiens. Non. Tu ne devrais plus t’appartenir. Ça, c’est le don de soi, le don de toi ! (…) Quand il faut te
réveiller plus tôt le matin, quand il faut te coucher plus tard le soir, quand il faut travailler un peu plus longtemps,
est-ce que tu penses que ton corps ne t’appartient pas ? » (K7 85B)
Chapitre V : A L’IMAGE DE LA SAINTE FAMILLE
Article 27.
§ 6. Elles ne rapportent absolument rien de la vie de leurs sœurs ou de leur groupe local à aucune
personne extérieure.12
Article 29.
De plus, cette vie commune au quotidien a besoin de temps de solitude pour que chaque TM de
l’Immaculée assimile en profondeur ce qui est vécu journellement. C’est pourquoi la responsable
locale veille à ce que toutes ses sœurs aient régulièrement le temps de solitude dont elles ont
besoin. Les TM de l’Immaculée réfèrent toujours à leur responsable locale comment elles
prévoient vivre ce temps : reprise spirituelle, prière, adoration, repos, sommeil, lecture, étude,
activité culturelle, sport, etc… […]
Article 35.
La période de repos annuelle incluant une semaine de retraite est prise, dans la mesure du
possible, en commun, par toutes les TM de l’Immaculée. Celles-ci doivent être créatives pour
trouver les façons de se distraire ensemble, toujours dans l’esprit du charisme reçu. Il est
important que les TM de l’Immaculée du groupe local passent ensemble ce temps de repos, et
qu’il ne soit pas utilisé pour faire des visites personnelles à des membres de sa propre famille ou
à des amis, présents, dans le pays de mission.
Article 36.
Les TM de l’Immaculée ne sortent pas la nuit, sauf s’il s’agit de sorties apostoliques vécues en
communauté. […]
Article 39.
§3. A partir de leurs fiançailles, les TM de l’Immaculée s’engagent à remettre à la FMDD :
- Tout ce qu’elles possèdent.
- Tout ce qu’elles gagnent par leur activité (le fruit de leur travail, leur salaire si elles en ont un,
retraite, pension, etc…) Ces gains sont versés à la Caisse Générale de la FMDD ou à la caisse
Donum Dei locale suivant les Pays.
- Tout ce qui leur sera donné en monnaie ou en objets.
- Tout e qui, en droit et en équité, leur revient ou leur reviendra de leur famille (argent, biens
matériels et biens patrimoniaux) :
12
Par conséquent tout témoignage reçu sur ce qui se passe dans la Famille Donum Dei est un péché, une faute contre
la Règle de vie. Par conséquent, aussi, une TM peut très bien « recevoir l’ordre de ne pas s’exprimer » (sic). Ce fut
le cas à Rome d’une TM originaire de Futuna qui officiait à la Casa Sacerdotal où, avant le dernier conclave, avait
résidé le cardinal Bergoglio qui avait échangé avec elle. Le journaliste wallisien, Martin Baumer, comptait bien
interviewer sa compatriote avec l’élection du pape François. C’était sans compter sur cette interdiction : c’est une
autre TM qui a reçu mission de s’exprimer à sa place le 15/03/2013.
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
- Les fiancées TM de l’Immaculée gardent la possession de leurs biens
patrimoniaux jusqu’à leurs Epousailles, mais l’usufruit en est versé à la FMDD dès les
fiançailles.
- Ces biens patrimoniaux et la possession d’argent venant de leur famille
appartiennent à la FMDD dès les Epousailles. […]
Article 41.
[…] Les TM de l’Immaculée apprennent à se virginiser, à s’appauvrir. Elles mettent encore en
commun :
- l’apostolat
- les peines et les joies familiales
- les talents, les capacités et les compétences
- les TM de l’Immaculée ne possèdent pas de cellule privée mais partagent avec quelques-unes
de leurs sœurs une chambrée (chambre, dortoir).
[…]
- Parce que leur vie appartient à Dieu, les TM de l’Immaculée doivent veiller à leur santé.
Chaque groupe local a son médecin de famille. Celui-ci est consulté en accord avec la
responsable du groupe local qui accompagne ou fait accompagner ses sœurs chez les médecins.
Dans un esprit de pauvreté, les TM de l’Immaculée éviteront les soins exagérés : elles doivent
savoir qu’elles portent dans leur corps les souffrances du Christ comme le dit
Saint Paul : « j’achève dans ma chair ce qui manque à la Passion du Christ, pour son Corps qui
est l’Eglise ».
TEMOIGNAGES
Celui qui doit vivre survit même si tu l’écrases dans un mortier.
(Proverbe africain)
Elles devaient vivre ; elles ont survécu à l’écrasement ; et maintenant elles
s’expriment.
Nous publions une douzaine de témoignages : ils ont été réalisés au cours
des mois d’avril et mai 2014.
La plupart ont été recueillis oralement, puis transcrits en respectant les
expressions et tournures utilisées. Ils ont été relus par les intéressées qui les
ont validés.
La plupart sont anonymes selon le souhait de ces personnes qui
reconstruisent leur vie ; d’autres sont publiés sous un pseudonyme pour des
raisons bien compréhensibles. Quelques uns sont nominatifs.
Avref2014(C)12 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
à La levée de l’anonymat sera envisagée au cas par cas et sous réserve de
l’accord préalable de l’intéressée.
CONTACT :
Pour tout question relative à ces témoignages et au présent document il
convient d’appeler le numéro suivant :
Ou d’écrire à : [email protected]
TEMOIGNAGECOLLECTIFLUAL’ASSEMBLEEANNUELLEDEL’AVREF
Le05/05/2014
L’EauViveestunecommunautéoùonrentreenchrétienneconvaincueetd’oùon
ressort,traumatisée,etsansvocation,niconvictionetmêmeonsedéchristianise
sansserendrecompte.Lefaitdenepasavoirunavispersonnel,desuivretoutet
uniquementcequelaresponsabledit,lorsqu’ons’envadelà,onestsansconviction
etonestperdu.Ilyenaquisontdéséquilibrées,désorientéesetbeaucoupd’autres
commedétruites.C’estunecommunautéd’oùonsortaveclesblessureslesplus
profondes.
Jesuislàpourparleràmonnometaunomd’unetrentainedefemmescommemoi,
surleterritoirefrançais,sanssituationpournepasdiresansdomicilefixe.Etpour
cause:20annéesdeprésencedanscettecommunauté,j’aiététémoindecinqcasde
folie.DeuxauBurkinaFaso,uncasenFrance,uncasauxPhilippinesetunau
CongoRDC.LesdeuxduBurkinaontétérenvoyéesàleurfamille,celledes
Philippinesaussi.LaCongolaisegrâceàl’interventionextérieureestretournéeen
communautéetsuitdessoinsaujourd’hui.CellequiétaitsurlaFranceestenréalité
Anglaise,elleaquitté,s’estsoignéeetafondéunefamilleàprésent.J’aivudeuxcas
detentativedesuicide,unedurantmaformationàRome,ladeuxièmelorsque
j’étaisdéjàenmission.Uneautredenossœursquisouffraitdetuberculoseosseuse
n’enpouvaitplusd’entendrequ’ellecoûtetropcheràlafamille.Finalement,ellea
quittéetpourfinirelleestmorte.
Sanscomptertoutescellesquisontpartiesavecdesblessuressinondes
traumatismesqu’ellesn’ontjamaispuselibéreretqu’ellesportentencoreetquiles
tiennentprisonnièresàvie.
Jesuisicipourdireenmonnometaunomdemesautressœursquenousne
sommespassortiesdenotrepayspourvenirenEuropeparlebilletd’une
communautécommelefontdesfillesd’autrespays.Noussommesiciàcausede
notrefoietdenotrevocation.Etnousregrettonsnousd’abord,nosparentsensuite
d’avoirperdunotretemps,notrevocationetunpeudenotrefoi.Jesuisconsoléede
savoirqu’ilyaparminousdesresponsablesdel’Eglise.Jeleurdisceci,queàcause
denotrefoietdel’appelquenousavonsentenduàsuivreleChrist,unetrentaine
dejeunesfemmesBurkinabésontsurlaFrancecommemoi,quinesontpasdes
Avref2014(C)13 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
sœurs,quinesontpasdesmères,quisontsansmarietsansenfants.Ellessonttout
simplementdesSDF.Acausedenotrefoietdenotrevocationnoussommeslà
commesinousn’avonsjamaisexisté.Nousnesommespasreconnuesicimais
quandnoussommesdansnosfamilles,lesenfantscourentdemanderàleurmères:
maman,ellec’estqui?
Voussavez,àl’EauVive,onapasdroitàlaparole,onnepeutpasdonnersonpoint
devue.PuisquelaresponsabletientlaplacedelaSainteVierge,toutlemondedoit
fairecequ’elledit.Saufsespréféréesbiensûr.Onnedoitpastombermalade,
encoremoinsêtrefatiguée.Quandonadessouffrancesonnedoitpasenparler.Il
fautsupporterpourJésus.Aveclacontinuitédel’esclavagedanscettecommunauté,
onnepeutpasparlerdudroitdel’Homme…Lapersonnehumainenecomptepas.
Nousn’avonspasdeviedeprière.Alafintoutcecinecorrespondplusànos
aspirationsetnousavonsprislerisquedequitter.Ducoup,nousnesommespas
seulementdessans-papiers,noussommesréellementsanspays.
Nousavonsétéamenéesicisanspouvoirdedécision.Acausedel’appeldeDieuon
nousaprisnotrejeunesse,lesmeilleuresannéesdenotrevie.
Aidez-nousàrefairenotrevie.
Jesuisheureusedepouvoirdirecesquelquesmots.Noussommesàlarecherche
d’uneterre,etnousvoulonsquevoussachiezquel’EauViven’ariendereligieux.Et
toutenvousdemandantdenousreconnaîtrecequivanouspermettred’exister,
nousvousdemandonsd’aidercellesquisontencorededansafinqu’ellesnese
trouventpasdansnotresituation.Carbeaucoupdefemmesâgéesetmoinsâgées
sontlà,etellesontpeurdeprendrecerisque,maisqui,envérité,n’enpeuventplus.
Voustousquim’écoutez,nousvoulonstoutjusteunesituationafindepouvoir
exister.Nousdésironsêtrereconnues,parcequenousvoulonsvivre.
LesreprésentantesduCollectif
Témoignage reçu le 6 mai 2014 ; adressé à Emilienne Sakougri
(L’auteure doit rester anonyme)
Merci bien de me donner cette opportunité de témoigner de ce que j’ai vécu et
ressenti dans la Famille Missionnaire Donum Dei . Je voudrais auparavant dire que mes propos ne sont pas des calomnies contre elle,
mais un regard qui cherche et espère une amélioration de la situation sur la vie des
tant d’innocentes qui ont voulu donner leur vie au service du Seigneur. Pour ceux où celles qui ne le savent pas, les membres de la Famille Missionnaire
Donum Dei sont appelées les Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée (vierge
laïcs) et Tertiaires Carmélitaines. Fondée en 1950 par un père diocésain monsieur l’abbé Roussel Galle, Reconnu officiellement comme membre du Tiers Ordre Séculier Carmélitain le 22
février 1987 par le Général des Carmel. La spiritualité des Travailleuses Missionnaire s’enracine sur la rencontre de Jésus et
la femme samaritaine au puits de Jacob. Avref2014(C)14 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Le nom l’Eau Vive donné à leurs restaurants s’inspire de cet évangile. Officiellement les Travailleuses Missionnaires sont reconnue dans le monde
religieux, et aussi bien dans le monde laïc par les restaurants l’eau vive. Vierges laïcs dans le monde les T.M. vivent une vie strictement arbitraire et
militaire. Une vie déshumanisée, une vie d’esclavage moderne (d’exploitation), de
corruption, et de mensonge aussi intellectuel que physique. Pour exemple : au niveau de l’horaire, il est établi de manière à ne donner aucun
espace à qui que ce soit d’avoir un temps libre et personnel. Elles sont 24h sur 24
les unes auprès des autres et elles vivent dans des dortoirs de 3 à 6 personnes.
Dans chaque dortoir il y en a des personnes qui grincent les dents, d’autres qui
ronflent, certaines pleurent, poussent des cris. Impossible de se relaxer après des
lourds travaux de la restauration ou l’on désire avoir du temps de repos, de reprise
spirituelle et physique. Chaque jour elles ont une réunion de 30 minutes rien que pour se chamailler, se
disputer et se dire des paroles blasphématoires. Dans les réunions communautaires
celles qui sont écoutées sont celles qui sont estimées par les responsables. Les
autres sont comptées pour des moins que rien. Les ordinateurs portables et les téléphones portables sont interdits, mais
nombreuses filles les ont acquis par leur famille et elles les utilisent en cachette soit
à la toilette soit sous leur lit par des textos. Elles ont instauré l’utilisation des
boites communes pour celles qui n’ont pas encore fait leur engagement définitif.
Une imposition a été faite pour que toutes les T M, sauf les responsables n’ont droit
qu’à une heure par semaine pour utiliser l’ordinateur ou consulter leur mail.
Dans certains groupes locaux, les filles reçoivent chaque mois, une somme modique
de 10 euros pour subvenir à leurs besoins, alors qu’elles travaillent dans des
restaurants plus de 15 heures par jour sans même être déclarées. D’autres ne
reçoivent rien dans certains groupes. Même pour se soigner c’est tout un problème
le refrain. C’est sans cesse ce même refrain : « il n'y a pas d’argent, nous n’avons
pas eu beaucoup de clients », alors que les bénéfices des restaurants sont à leur
merci. Elles prennent plaisir à voyager à tort et à travers dans les cinq parties du
monde tous les mois Avant elles recrutaient les filles très jeunes et ne les faisaient pas étudier. Juste
pour leur main d’œuvre. Même si la candidate sent le besoin d’étudier ou de faire
autre chose que la restauration, elles te disent de quitter et d’aller étudier et que
lorsque tu auras fini tu reviendras. Tu n’as pas le droit de dire ce que tu ressens, ce
que tu désires, mais tu as le doit et le devoir de leur obéir, de suivre leur pensée, et
leur vouloir sur toi autrement tu es une personne qui ne sait pas obéir a la sainte
Vierge ni une personne qui ne sait pas faire des sacrifices, qui ne sait pas faire la
volonté de Dieu. Si tu es responsable c’est pour toute la vie. D’équipe en équipe ou tu iras tu seras
toujours responsable. Il n'y a changement seulement que quand la responsable de
ce groupe est gravement malade, morte ou a quitté la Famille. Alors celle qui
viendra ne sera jamais votée, mais c’est selon leur critère qu’elle sera responsable.
Et ce qu’elle dit est irrévocable, vu que celles qui l’ont nommée dans ce poste lui
ont donné l’autorité suprême.
Avref2014(C)15 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Le Mercredi 2 avril 2014 1 xxxxxxxx a écrit :
Bonjour Emilienne voila ce que j'ai pu écrire . A bientôt!!!
Pour moi , la vie dans cette communauté ne me permettait pas d'avoir
mes propres pensées , de poser un acte indépendant , d'avoir un espace
personnel . je ne pouvais pas m'exprimer sans craindre d'être
réprimandée après et j'ai beaucoup souffert de ça . Je ne me sentais pas
valorisée dans le sens que mon bonheur personnel ne préoccupait
personne. Quand j'étais malade on me disait c'est que parce que je ne
voulais pas travailler que j'inventais des maladies. Je devais continuer le
travail comme tout le monde et durant quasi une année , on me faisait
courir deux , trois tours de la maison comme punition et une se plaisait à
dire qu'avec la course je ne me plaindrais plus . Le médecin m'avait
pourtant diagnostiqué que j'avais un syndrome et pour cela, j'avais une
forte anémie. C'est seulement quand le médecin les a grondées que j'ai
commencé a recevoir des soins.
Un jour j'ai parlé a un père carme , l'unique à qui les sœurs avaient le
droit de se faire diriger mais la responsable s'est plainte en disant que
j'étais allée la critiquer avec le père. Il y a beaucoup d'autres
expériences donc j'ai vécu comme l'inégalité des personnes qui
composent la communauté , une catégorie de personnes peuvent dire ce
qu'elles pensent , faire une chose sans demander de permission et sans
avoir à rendre compte tandis que pour l'autre catégorie c'est le contraire.
Je crois que pour chacune de celles qui y ont vécu, nous avons eu à vivre
ces expériences d'une maniére unique . Je ne dis pas que c'est une
mauvaise communauté mais qu'il y a beaucoup à changer en profondeur
et je souhaite vraiment une réforme pas pour moi mais pour celles qui y
sont encore.
Envoyé depuis Yahoo Mail pour Android
Avref2014(C)16 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
TEMOIGNAGE reçu par L’AVREF
Il a été remis à l’AVREF à la date du 12 mai 2014 au cours d’un entretien
La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à l’AVREF qui
contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son nom mentionné et sous quelles
conditions.
Imprimé le 23 mai 2014
Le présent document comprend :
3
*
pages numérotées
*
*
Mademoiselle X est née dans une famille catholique de Ouagadougou. Elle a connu
les TM quand elle avait 12 ans. Elle sentait la vocation et à 14 ans est entrée chez
les TM, puis officiellement à 16 ans. Elle faisait de petits travaux, moitié à l’EAU
VIVE, moitié à la maison.
Du côté des études, elle a eu le CP. Ensuite elle abandonne l’année scolaire. La
responsable de l’EAU VIVE lui a dit qu’elle va enseigner les autres puisqu’elle a le
CP. Elles l’ont mise en 6ème, puis 5ème. Mais elle travaillait aussi : lever à 5h du
matin. Les offices, la messe. Puis travail de 9 h à 14h. 1/2h de sieste, puis travail
jusqu’à 22 heures. Elle dit qu’elle était fatiguée de se lever tôt. Elles étaient un
groupe l’âge de 16 ans c’est l’entrée officielle à EAU VIVE de Bobo-Dioulasso. Puis
en après trois ans de stage elle est envoyée en Italie directement, à Rome. Elle a
19 ans. Elle travaille au restaurant EAU VIVE, elle loge d’abord dans une maison qui
n’était pas loin du restaurant, puis pendant deux ans à la maison de formation.
« On travaillait jusqu’à minuit. On prenait le dernier bus en courant. Je travaillais en
cuisine : je faisais les entrées chaudes et froides ».
Question : Qu’appreniez-vous dans la maison de formation ?
Réponse : « Je ne vois pas quelle formation j’ai reçue » (en 1988/89).
Puis je suis retournée au Burkina pour sept ans jusqu’en 1995. Je faisais toujours la
cuisine avec le même rythme.
« En fait je n’aimais pas la cuisine, mais on ne peut pas s’exprimer, dire ce qu’on
pense. C’est Jésus qui te demande ce travail. Si tu ne veux pas c’est un péché.
Donc je me disais : il faut savoir souffrir, demander la grâce de bien le faire. J’ai osé
parler de ça à la Responsable ».
Question : Vous avez pris un engagement ?
Réponse : J’ai fait les fiançailles en 1991. On était 14
Elle est allée dans différentes places où il y a des restaurants EAU VIVE. Elle devait
travailler en cuisine.
Question : Aviez-vous une rémunération ?
Réponse : Les filles n’ont pas d’argent. 10 Euros par mois en France en 2014 ; 15
Euros à Rome. Mais 15 Euros à Lisieux
Question : Mais au restaurant il y a les pourboires…
Avref2014(C)17 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Réponse : Ils sont pour la caisse commune [1] : ça va à Rome, à Marie Majeure [=
siège du Mouvement].
Question : Mais on vous demande de porter le costume national dans le restaurant.
Il faut bien l’acheter !
Réponse : C’est la famille qui prend en charge le costume national.
(temps de silence)
Je souhaite qu’on améliore le logement : vous êtes en dortoir. Si vous êtes six dans
une chambre, il n’y a pas d’intimité.
J’ai demandé à la responsable générale un temps de réflexion depuis
Elle m’a répondu oui, mais qu’elle ne me prend pas en charge après 28 ans de
présence, et que le temps de réflexion doit se faire au Burkina. On m’a donné 300
Euros. Je dois me prendre en charge : c’est la famille qui aide.
Question : Avez-vous eu des soins de santé pendant toutes ces années ?
Réponse : J’ai été opérée deux fois. Tu ne peux pas aller seule à un examen médical
même si tu dois parler au docteur. Il faut toujours qu’une aînée accompagne : tu
n’as pas d’intimité. Moi-même j’accompagnais, puisque j’avais fait les épousailles et
le médecin, une fois, ma interdit [d’accompagner dans le Cabinet] : ça m’a
interpellée. Ça m’a fait un choc.
J’avais aussi des problèmes de santé : ça s’est dégradé parce qu’elles avaient
refusé [que je sois opérée]. Agnès [2] a vu le dossier médical plus tard et m’a dit :
« ce sont des organes vitaux, on ne peut pas le faire : il faut laisser ». J’avais mal
pendant cinq années. J’étais infectée. Je me suis forcée d’appeler pour avoir
l’opération. J’ai été opérée d’urgence et j’ai aujourd’hui des séquelles
Question : Est-ce qu’Agnès avait des compétences médicales ?
Réponse : Elle était enseignante du primaire.
Question : Pour ces soins médicaux vous aviez accès à la Sécurité Sociale ou à une
assurance maladie ?
Réponse : La Sécurité sociale : non. Je n’ai jamais été déclarée en 28 ans. C’est du
bénévolat. Elles disent que nous sommes bénévoles.
On avait l’AMi, [Association pour l’Aide à l’Action Missionnaire Evangélique], la
mutuelle St Christophe. C’est une assurance collective.
Question : Vous avez quand même eu des vacances ? Des temps de repos ?
Réponse : Les vacances sont collectives : tu dois suivre. Il y a d’abord la retraite
suivie des vacances. Pendant les vacances on refait les travaux de la maison, et on
fait la mise en place.
Question : Vous avez fait les fiançailles, puis les épousailles. Vous aviez donc le
droit de voter pour désigner votre responsable…
Réponse : En 28 ans je n’ai jamais voté. Elles votent en mon nom.
Question : Que souhaitez-vous dire pour conclure votre témoignage ?
Réponse : Il y a l’hypocrisie surtout. On dit que c’est l’esprit de famille, qu’il faut
partager ce qu’on reçoit. Alors il ne peut pas y avoir de vie privée. On doit ouvrir le
courrier devant la Supérieure, ou le lire devant elle. Alors si on a des nouvelles
personnelles, on invente en lisant parce qu’on ne veut pas lire ce qui est écrit : c’est
personnel. Tu n’étais pas libre.
Avec les « dialogues » [3], normalement tu dois parler de ta vie : c’est obligé une
fois par mois ou deux fois par mois pour les jeunes. Tout ce que tu dis à l’aînée, elle
Avref2014(C)18 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
va le raconter à une autre et après l’autre me boude. Parce que tu n’as rien à dire
tu dis du mal des autres. Alors c’est des mensonges que tu vas raconter.
TEMOIGNAGE de Chantal ZONGO reçu par L’AVREF
Ce témoignage concerne la Communauté des Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée
Il a été remis à l’AVREF à la date du 14 mai 2014 au cours d’un entretien
Le témoignage est nominatif comme le témoin l’a exprimé le 14/05/2014
L’utilisation du témoignage doit faire l’objet d’une demande à l’AVREF qui
contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son nom
mentionné et sous quelles conditions.
Imprimé le 23 mai 2014.
Le présent document comprend :
*
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3
pages numérotées
*
Chantal ZONGO, née dans un petit village proche de Ouagadougou est entrée à
l’âge de 12 ans chez les TM. Mais un grave accident de mobylette l’a contrainte à
rester à la maison et poursuivre sa scolarité chez ses parents. Elle a obtenu le CP et
est retournée à l’âge de 18 ans dans la Communauté, sur place à Ouagadougou, et
puis ensuite une année à Bobo-Dioulasso. A l’âge de 20 ans elle est envoyée à
Rome : elle s’attend à recevoir la formation promise, mais il n’y avait pas de
formation. « Au fond il n’y avait rien du tout de suivi. Et, quand j’ai quitté au niveau
formation religieuse, il n’y a pas de preuve. Je n’ai pas eu non plus de preuve que
j’ai travaillé dans la restauration ».
Elle est affectée à Rome au restaurant EAU VIVE et loge à côté. Ensuite elle est
envoyée en Argentine (2 ans), puis à Bobo-Dioulasso et va ensuite passer 10 ans
au Cameroun dans un centre d’accueil diocésain qui accueille de 100 à 200
personnes en pension complète. Elle fait ses « fiançailles » à l’arrivée au Cameroun
en 1993. Le travail est très dur, la cuisine mal équipée. « Il n’y avait pas un couteau
de cuisine à l’arrivée, pas de frigo, pas de congélateur. C’était difficile. Tous les jours
on allait au marché faire les achats. C’était l’argent du diocèse ».
Après le Cameroun elle vient en France se soigner la cheville. Elle est là de 2005 à
2007, subit une opération à Besançon. Et elle demande à quitter, ce qu’elle fera en
2007.
Question : Pourquoi avez-vous quitté ?
Réponse : Il y a eu trop de mensonges. Un père carme est passé au Cameroun, le
père Redemptus13 , aujourd’hui décédé. Comme il y avait de la prostitution au
13
Le père Redemptus, présent à Rome, était très aimé des jeunes TM qui pouvaient se confier à lui.
Avref2014(C)19 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
niveau du village j’ai aidé les filles qui se prostituaient quand elles ne pouvaient pas
payer l’école. Le père carme a monté un dossier pour cela et nous a envoyé de
l’argent. Le dossier était confié à une péruvienne qui inscrivait les enfants à l’école
avec l’argent. On a eu quatre millions de francs CFA pour 20 filles.
Quand j’étais en France ma remplaçante a fait un courrier mensonger, des
calomnies sur mon compte. Face à ces mensonges personne ne m’a soutenu : au
niveau des responsables TM personne ne m’a soutenu. J’ai envoyé une lettre [de
démission]. Elles m’ont donné 400 Euros pour rentrer chez moi après 20 ans de
travail. Quand j’ai quitté j’étais devenue l’ennemie de la communauté.
Heureusement j’ai eu l’aide des beaux-parents de ma sœur mariée en France, l’aide
de la famille et j’ai pu rester en France. Quand j’ai quitté j’avais juste un titre de
séjour « visiteur » et pas de carte Vitale. Chez les TM on avait la carte E.M.I.
(Entraide Missionnaire Internationale), mais pas la carte Vitale.
Question : Y avait-il d’autres choses que les mensonges qui vous ont choquée ?
Réponse : Il y avait aussi les « dialogues »14 . On les faisait, c’est aussi source de
mensonges. Etant dedans, on avance dans ce monde-là sans toutefois, toi-même,
rien comprendre. On roule comme ça, mais il n’y a rien de spirituel dans les
dialogues.
Question : Rien n’était confidentiel ?
Réponse : Je me souviens. A Rome un gars de mon village m’a écrit. J’ai lu la lettre
devant tout le monde15 ; je tremblais de peur. Mon amitié est saine, mais beaucoup
n’ont pas compris pourquoi un gars m’écrit : on me l’a reproché. J’y pense encore !
J’ai su qu’il y a des TM qui ouvraient mes courriers avant de les remettre à mes
parents.
Il y a aussi une grande statue de Notre Dame de Fatima qui était pour ma Maman.
Je l’ai envoyée. Dans le carton j’ai mis de l’argent pour la scolarité de mes neveux
au petit séminaire. Elles ont ouvert le paquet. Elles ont trouvé l’argent. Elles ont cru
que je l’avais volé. Mais c’est Renée PRIEUR16, responsable de la branche masculine
à Lisieux qui me l’avait donné. Alors elles ont aussi fouillé la statue de la sainte
Vierge pour voir s’il y avait de l’argent dedans : ça m’a choquée.
Question : Puisque vous parlez d’argent comment est-ce que cela se passait ?
Réponse : On avait 15 Euros par mois. Ça a été supprimé. Pour les vêtements on
fait la liste. Elles te donnent ou pas [ce dont tu as besoin]. Il n’y a rien à dire.
On met la liste devant la statue de la Vierge, partout, dans toutes les EAU VIVE,
« parce que c’est ELLE qui vous donne ».
*
*
*
« Aujourd’hui je suis prête à venir pour témoigner à Paris. »
14
L’article 32 du Directoire des TM institue les « dialogues » en procédure régulière destinée à favoriser « des
relations fraternelles plus aimantes et compréhensives ». « La responsable du groupe local doit tout faire pour que ce
dialogue soit spontané et agréable ». Les TM sont invitées « à s’exprimer sur ce qu’elles vivent ».
15
La lecture publique du courrier reçu est une pratique obligatoire chez les TM.
16
Renée PRIEUR est la première responsable générale des TM, nommée par le fondateur.
Avref2014(C)20 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
TEMOIGNAGE RECU PAR L’AVREF
Ce témoignage concerne les Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée
Il a été remis à l’AVREF le 14 mai 2014
Le témoignage doit rester anonyme.
La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à
l’AVREF qui contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son
nom mentionné et sous quelles conditions.
Imprimé le 2 juin 2014
Le présent document comprend :
2
pages numérotées
===========================================
Valentine est venue de Côté d’Ivoire au Burkina en 1990.
Elle est entrée chez les TM en 1995 ; elle avait 17 ans. Elle était à Bobo-Dioulasso
jusqu’en 1999 année de son arrivée à Ouagadougou.
Elle n’a pas aimé le séjour à Bobo-Dioulasso car « il y avait de l’injustice. »
Certaines filles étaient préférées des responsables et les autres supportaient des
misères. « Comme on est jeunes, on ne peut rien dire ».
A Ouaga on leur dit : « vous allez venir en France pour continuer vos études ; on
était 12 à venir en France ».
Arrivée à Liesse en Franche-Comté avec 2 autres elle faisait le jardinage. Une fois
comme il y avait une porte qui n’était pas fermée, on a cherché la clé et une fille l’a
trouvée. « La responsable a dit que je sortais la nuit avec des mecs [puisque la
porte était ouverte]. Ce n’était pas vrai. Avec cette responsable j’ai beaucoup
souffert. Elle disait que je sentais mauvais. Elle appelait Rome pour dire du mal de
moi…On bossait tout le temps. On faisait la restauration dans les maisons d’accueil.
Elles ne nous donnaient même pas un centime ».
Valentine va à Rome en 2004. Elle suit sa formation en 2006/2007, puis revient en
France à Donrémy toujours pour travailler en restauration : la cuisine et le service
de salle. « A la fin du mois la responsable donnait 5 Euros, ou 10 Euros ou 15
Euros, pas plus que ça ». Pour les vacances (tous les 5 ans à cette époque) on avait
300 Euros. Elle ne s’entendait pas avec la responsable.
Elle est envoyée en 2008/2009 à Marseille : « ça n’allait pas. Tout le temps on se
chamaillait. Il y avait de l’injustice. Il y avait tout le temps la pression… J’ai dit que
je quitte et que je reste en France, mais la responsable ne voulait pas que je reste
et m’a dit que je dois aller au Burkina ».
« Elles ne m’ont pas annoncé le décès de mon papa en 2007 : je l’ai su l’année que
j’ai quitté : mes tantes étaient venues dire en 2008 à l’EAU VIVE de Ouaga que mon
papa était mort. Mais elles n’ont rien dit. Mon oncle était décédé une semaine après
mon père, mes 2 grands pères étaient décédés. A Ouaga elles le savaient ; je n’ai
rien su. Quand je l’ai appris, ça m’a fendu le cœur ; ça m’a traumatisée. »
…..
Avref2014(C)21 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
« Je voulais rester en France. J’ai cherché à gauche, à droite. Une dame m’a
accueillie et ma trouvé une famille d’accueil. »
- Aujourd’hui Valentine travaille comme femme de chambre en hôtellerie et sa
situation personnelle est stabilisée.
Question : Quelles étaient vos conditions de vie matérielle ?
Réponse : « Des fois on est 10 ou 6 ou 7 ou 3 ou 4 par chambre. A Besançon, à
Notre Dame de Conso on est entre 4 et 7 par dortoir. On prenait les douches
ensemble. Si tu ne veux pas prendre [la douche] avec les autres, on disait que tu
caches quelque chose. Là-bas j’ai eu mal, très mal. Ça m’a fait très mal ; Germaine,
la responsable ne voulait pas me soigner. Elles ne m’ont pas soignée. Comme je
saignais il a fallu attendre deux semaines après pour que le médecin me soigne. »
Valentine souhaite rester anonyme. Depuis peu elle a la joie de s’occuper de sa
petite fille…Sa maman va venir la visiter.
TEMOIGNAGE RECU PAR L’AVREF
Ce témoignage concerne la Communauté Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée
Il a été remis à l’AVREF vers la date de 7 mai 2014
Le témoignage est anonyme
La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à
l’AVREF qui contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son
nom mentionné et sous quelles conditions.
Imprimé le 19 mai 2014
Le présent document comprend : 5 pages numérotées
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Gracia vit présentement en France. Elle y a poursuivi des Etudes Supérieures qu’elle
a financées par son travail et est aujourd’hui diplômée d’un Master II en Droit des
Affaires. Elle porte un regard lucide sur cette Communauté.
La fondation des TM au Burkina Faso, dit-elle, a été faite à l’origine à Ouagadougou
par une enseignante et un médecin. C’étaient de vraies travailleuses et de vraies
missionnaires. Elles avaient leurs activités professionnelles et étaient venues avec
cette idée forte du fondateur : « la masse paganisée m’attire ». L’objectif était de
former des jeunes filles toutes données à Dieu pour pénétrer chaque milieu
professionnel afin d’y témoigner de la lumière du Christ. C’étaient des filles qui
avaient leur métier. C’était comme cela partout à l’origine.
Ensuite l’idée des restaurants est venue surtout du recrutement dans les autres
pays. Les restaurants EAU VIVE, c’était un moyen de regrouper les filles sans
Avref2014(C)22 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
profession particulière. Mais petit à petit, les responsables ont changé l’idée de
départ. « Celles du Tiers Monde, on ne les forme pas en tant que telles ».
Nous, on était attirées par cette idée de départ. On nous disait qu’on respecte [chez
les TM] les compétences de chacune. C’est cela qui m’a personnellement révoltée.
Si je ne peux pas apporter le meilleur de moi, c’est du gaspillage. J’ai été la
première à oser demander étudier. J’ai osé demander à passer le bac.
« Tu ne dois pas amener une idée nouvelle » [quand tu es TM]. Elles m’ont laissé
passer une année. Elles m’ont donné une année pour étudier17 du BEPC au Bac. J’ai
eu plein de problèmes avec les autres cette année là. Et mon nom a fait le tour du
monde entier à cause de cela. Dieu merci j’ai réussi ! Pendant cette année là, une
des responsable de passage à Ouaga a demandé à ma rencontrer. Avant l’entretien,
elle m’a remis une lettre de la part du Conseil dit-elle. C’était une nomination pour
Rome à Casa del Clero. Elle s’attendait à ce que je dise non et lorsque je lui ai dit
que c’est d’accord elle était étonnée. Quelque temps après cette nomination a
changé et je devais maintenant aller à Lisieux pour sauver une situation. Bref, tout
pour me déstabiliser à mon examen au bac. Mais c’est la Famille18 qui décide ; Ce
n’est pas moi qui décide et n’a rien à dire sinon obéir. Il faut savoir que les décisions
de mutation sont décidées de là-haut ; on ne te dit même pas ce que tu vas aller
faire.
Question : Pouvez-vous reprendre votre parcours et nous dire ce qu’il a été quand
vous étiez chez les TM ?
Réponse : J’ai été en France et en Italie. Pour soit disant la formation, j’ai tourné
pendant six ans et j’ai fait les fiançailles19 à Rome. Ma première nomination en tant
que fiancée c’était la République Tchèque parce qu’il fallait des filles qui avaient des
diplômes car ce pays n’accepte pas de laisser entrer des personnes qui n’ont pas de
diplôme. Or on était trois à avoir le BEPC et il en fallait deux pour y aller. Je n’ai pas
voulu aller. J’ai refusé : alors j’ai été nommée au Burkina Faso à l’Eau Vive de BoboDioulasso.
En Italie, à Rome, j’étais cheftaine des scouts unitaires de France. Là-bas, à la
différence des autres, j’étais souvent à l’extérieur et sorties les week-ends.
Question : Alors vous ne travailliez pas au restaurant ?
Réponse : Si ! On y était souvent le soir jusqu’à minuit/une heure du matin. On
finissait quand pratiquement le dernier client était parti. Parfois il n’y avait plus de
bus et il fallait rentrer à pied (30 mn a peu près). Mais, surtout, ça ne correspondait
plus à mes attentes. J’avais l’impression de ne plus avoir de références. Le passé,
c’est complètement vide. Et, au présent, je ne me sentais pas bien là-dedans. La
vie que mènent les TM n’était pas en adéquation avec ma foi. A-t-on besoin de vivre
ça pour aimer Dieu ?
Ça paraissait surréaliste : il n’y avait pas d’humanité à la base. Il y avait beaucoup
de choses qui me révoltaient et je n’avais pas peur de m’exprimer.
Question : Vous avez quand même fait des choses utiles ?
17
Gracia avait le BEPC quand elle a demandé pour passer le Bac. Elle veut dire qu’en un an elle a dû assimiler les
programmes de seconde, première et terminale pour présenter le Bac. C’était le temps qui lui était alloué avant d’être
affectée ailleurs.
18
La Famille, c’est la Famille Missionnaire Donum Dei qui gère les restaurants EAU VIVE.
19
Dans la terminologie des TM les « fiançailles » sont, à l’issue du parcours de formation de plusieurs années, une
cérémonie d’engagement privé.
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Réponse : Je m’occupais des orphelins au Burkina Faso20, de tout ce qui était
administratif. Mais la bonne volonté ne suffit pas : il faut une formation. On est
laïques, quoi ! On est des travailleuses : il faut être formé.
Comment peux-tu travailler efficacement sans avoir une profession ?
J’ai aussi fait la cuisine à Bobo-Dioulasso après les fiançailles. La formation
professionnelle : ce sont les aînées qui la donnent… Très peu… C’est vraiment au
feeling. Il n’y a rien de prévu : on apprend sur le tas.
J’ai accompli plusieurs tâches toujours sans une vraie formation et je m’en sortais
tant bien que mal.
Mais c’est surtout spirituellement que ça ne va pas. On ne sait pas ce qu’est la
spiritualité des TM : on pique à gauche, à droite : Ste Thérèse de Lisieux, Jeanne
d’Arc, François de Salle, … mais les TM ne sont pas reconnues en tant que telles
dans l’Église sinon à travers le Tiers ordre carmélitain. Tout est privé : les
fiançailles, les épousailles. C’est une communauté laïque qui ne prononce pas de
vœu. Je ne pouvais pas rester dans un truc où il n’y a pas de référence. Arrivezvous à ressortir quelque chose d’essentiel des statuts ? Il n’y a pas de ligne
directrice ; c’est dirigé de façon arbitraire. J’ai discuté avec les responsables à Rome
juste avant de partir : c’est comme si la famille TM leur appartenait… On ne se sent
pas impliquée à 100% : tu ne peux pas demander à évoluer ; tu dois exécuter. Tu
ne dois pas avoir un charisme personnel. Je faisais en moyenne un an dans chaque
Mission. Je ne voulais pas circuler comme ça ; on n’a pas le temps de connaître, de
poser sa valise, de mettre en place quelque chose de solide. Ça me déséquilibrait.
Question : Vous insistez sur votre statut de travailleuse laïque. De ce point de vue
pensez-vous que le droit du travail était respecté ?
Réponse : Non ! Aucunement ! C’était du travail illégal : on nous a cachées par
exemple à l’Eau-vive de Toulon quand j’y étais en 1994-1995 ! C’était les trois
jeunes « en formation » plus d’autres qui n’étaient pas déclarés. On ne comprenait
pas et pour nous c’était normal pour le bien de la Famille. Il y avait un mot de passe
prévu (banane flambée) et il fallait se cacher quand l’inspecteur du travail venait.
On s’est sauvées en haut dans un petit local.
Il n’y a pas non plus de cotisations pour la retraite. Sauf pour certaines dont on ne
sait comment le choix est fait. C’est toujours au feeling !
Il faut bien comprendre : les TM sont une association à but non lucratif et les EAU
VIVE sont des SARL c'est-à-dire des sociétés commerciales qui font des bénéfices.
Tout est géré par les anciennes qui ont connu le fondateur. Il y a un groupe qui a
connu le père Roussel, le fondateur. C’est un clan et il n’y a aucune visibilité, sauf
pour les jeunes qui se soumettent et pénètrent dans le système. Mais on ne sait pas
comment est géré l’argent. Aucune transparence. Il faut travailler c’est tout. Car
c’est la mission.
Question : Aviez-vous des papiers en règle ?
Réponse : À Rome on a des papiers de séjour avec un statut « religieux ». En
France on a le statut « visiteur »; on a une carte de séjour renouvelable tous les
ans. Les responsables sélectionnent qui doit demander la naturalisation française,
mais on ne sait pas comment ça se passe : c’est au feeling. Il y en a qui ont la
nationalité française. Je ne l’ai pas eu chez les TM.
Quand on est jeune, en formation, elles [les responsables] gardent les papiers.
Quand je devais partir pour la première fois en France, la responsable locale m’a dit
20
La TM qui a créé l’orphelinat au Burkina a fait l’objet de tracasseries et a quitté la Communauté.
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de remettre les papiers à la responsable sur place : tu apportes les papiers à la
responsable. C’est une grande enveloppe. Tu ne sais pas ce qu’il y a dedans. Quand
tu es nommée ailleurs, tu apportes l’enveloppe à la responsable de l’endroit. Et
après le voyage, le passeport est aussi récupéré.
Question : Dans quelles conditions avez-vous quitté ?
Réponse : On m’a donné 300 Euros d’argent de poche au moment du départ, plus
le billet d’avion aller simple [pour le Burkina].
Question : Aviez-vous des contrôles médicaux réguliers (visite médicale, ophtalmo,
dentiste,…) ?
Réponse : Il n’y a pas de contrôle médical annuel. Il faut dire quand on a mal. Si tu
as mal, il faut attendre un peu [l’autorisation d’aller chez le médecin].
Question : Deviez-vous être accompagnée ?
Réponse : Je n’ai jamais été accompagnée personnellement : même jeune, j’allais
seule à mon kiné par exemple. Mais c’est une vie très dure. Ça ne ressemble à
rien ; tu ne sais pas pourquoi tu fais ça ; tu es prise dans un système où pour s’en
défaire, il faut un courage inouï.
Question : Et vos sœurs vietnamiennes ?
Réponse : Les TM au Viêtnam sont des professionnelles. Elles ont gardé l’esprit du
départ. Elles ont su se détacher [des responsables actuelles] et elles se sont
développées localement. Ce sont de vraies professionnelles.
Il faut comprendre qu’il n’y a pas de Provinces chez les TM, pas de responsables
provinciales : tout le monde dépend de Rome… C’est centralisé à 100% : tu veux te
soigner ? Tu demandes à Rome. Le Viêtnam, lui, se détache petit à petit.
Question : Comment faisiez-vous vos courses personnelles ?
Réponse : Quand tu rentres, tu amènes un trousseau. J’ai amené un trousseau ; il y
avait une liste : le nombre de pagnes, etc.
Autrement ça s’appelle « faire les provisions ». Tous les mois ou tous les deux mois
on vous dit d’écrire ce dont vous avez besoin (les vêtements, les serviettes
hygiéniques, etc..) et de déposer la liste devant la Sainte Vierge dans un oratoire.
C’est aberrant. Puis la responsable vient ramasser la liste. On n’a pas tout ce qu’on
demande en général : il faut attendre les provisions prochaines.
Question : Vous avez bien connu Solange MARE21 avant son décès …
Réponse : Oui… on lui a dit qu’elle coûtait cher pour accéder aux soins. Elle m’a
raconté cette histoire par mail. A sa mort, j’ai dû faire les démarches auprès de sa
Banque pour que sa maman récupère l’argent qui s’y trouvait, demander son
dossier médical, demander la copie de l’autopsie, suivre l’enquête qui s’est soldée
sans suite. Je suis toujours là-dessus car il existe beaucoup des zones d’ombre
autour de son décès. Sa maman est inconsolable et pour elle, se sont les TM qui
sont à l’origine de ce malheur. Quand elle m’appelle elle me dit que « cette
communauté brûlera en enfer ».
21
Nous publions dans ce document le mail de Solange MARE et relatons son destin tragique dû au refus de soins
dont elle a été la victime.
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TEMOIGNAGE de Ginette SENIE RECU PAR L’AVREF
Ce témoignage concerne la Communauté Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée
Il a été remis à l’AVREF à la date du 7 mai 2014
Le témoin est : Ginette SENIE ancien membre de la Communauté
Le témoignage est nominatif
L’utilisation du témoignage doit faire l’objet d’une demande à l’AVREF qui
contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son nom
mentionné et sous quelles conditions.
Imprimé le 23 mai 2014
Le présent document comprend :
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6
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pages numérotées
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Le 31 décembre 1978 naît Anne Ginette SENIE, troisième d’une famille de six
enfants. Ses parents sont agriculteurs à FAKENA, petit village du Burkina-Faso. Son
papa, très croyant, est catéchiste. Elle y suit ses études primaires, puis passe un
concours qui lui permet d’aller au chef-lieu à DEDOUGOU dans un internat tenu par
des Sœurs de l’Annonciation. Cet internat où elle reste deux années tient également
lieu de centre d’orientation pour les jeunes filles désireuses d’entrer dans la vie
religieuse. C’est pourquoi les différentes congrégations viennent se présenter. La
Famille Missionnaire Donum Dei également. Les responsables de l’EAU VIVE
viennent et laissent des dépliants. Ginette a 13 ans : à la fin de l’année elle doit
faire une demande.
Après deux semaines de pré-stage elle se décide pour l’EAU VIVE qui recrute les
filles à partir de 15/16 ans. A 15 ans elle rejoint la communauté à BOBO
DIOULASSO. Elle y passe deux ans, puis ensuite deux ans à Ouagadougou.
Théoriquement on y poursuivait les études tout en s’occupant de la restauration. En
fait « on avait moins d’heures de cours et d’études [que les autres] ». Les maîtres
étaient des maîtres d’école du primaire [alors que les jeunes filles devaient se
trouver en secondaire]. « On n’apprenait pas grand-chose », déclare Ginette. « On
était obligée de demander les leçons à la famille ». La sanction est là : Ginette rate
le BEPC à trois points : « la priorité, c’était les restaurants ; toutes les autres, on
n’a pas réussi. On a toutes raté » [elles étaient une vingtaine].
Après cela la Responsable Générale des Travailleuses Missionnaires est venue et a
proposé de continuer la formation en Europe. Ginette avait 18 ans. On lui a fait des
papiers pour monter en France. « J’ai demandé à recommencer une année pour
avoir le BEPC. » On lui répond : « le père fondateur a dit qu’on ne va pas au paradis
avec les diplômes ». Toutefois on lui promet que la formation continuera en France :
en octobre 1998 elle arrive à Toulon. On ne lui donne pas de formation spéciale. Elle
est employée comme serveuse en restauration. « On a réclamé parce qu’on nous
Avref2014(C)26 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
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avait promis de continuer les études ; on nous a dit : non ! Non ! Il faut apprendre
la vie missionnaire ». On avait des consoeurs qui apprenaient le français : elles
venaient du Viêt-Nam, des Philippines, d’Indonésie. On était toutes ensemble pour
une heure de cours par semaine. Mais nous, on n’apprenait rien : on parlait déjà le
français ! « Je faisais aussi de l’apostolat ; j’accompagnais les enfants du chapelet
et les jeunes de Donum Dei ». Ils venaient au restaurant aux moments creux.
Question : quel était votre emploi du temps ?
Réponse : Lever à 5h 30. Puis 1 heure de gymnastique ; la douche. Puis oraison :
une aînée lisait les écrits du fondateur. Messe. Puis laudes. Puis réunion de travail
pour organiser la journée. Puis le travail : « on travaillait pratiquement toute la
journée ». Il y avait une demi-heure de sieste pour celles qui étaient aux cuisines.
Le restaurant ouvrait de 11h 30 à 14h30. A 16h : les Vêpres, puis lecture. Surtout
les écrits du fondateur : « c’était pratiquement toujours la même chose, et encore
la même chose qu’au Burkina. De temps en temps la vie d’un saint ».
Ensuite on travaillait jusqu’à minuit, une heure du matin.
Question : Aviez-vous accès à l’information ?
Réponse : Il y avait des journaux qui traînaient dans le restaurant [laissés par les
clients]. « Les responsables avaient le droit de les lire. Moi : non. Les plus jeunes,
on n’a pas le droit de lire les journaux ».
Question : Et la radio ?
Réponse : Non plus. On regardait les informations à la télévision une fois par
semaine le lundi, jour de fermeture du restaurant, plus un film choisi.
On avait le droit d’écrire une fois par mois à la famille. Le courrier met trois mois
pour arriver chez moi.
Question : Aviez-vous un contrôle médical régulier ?
Réponse : « J’avais eu une angine pas soignée à l’EAU VIVE de Ouagadougou avant
d’arriver en France. En France j’ai eu des rhumatismes articulaires : une crise aigue.
Mes chevilles enflaient. Au début la responsable m’a donné des pommades. Je
n’avais pas vu le médecin. Des amis de mes parents, des français de Lyon qui les
avaient connus quand ils étaient en coopération au Burkina. Ils m’ont connue à
l’âge de 2 ans ! Ils sont venus me voir et ils ont vu que j’avais du mal à marcher. Ils
ont été surpris. Je leur ai montré la pommade et ils sont allés voir la responsable
pour exiger que j’aille voir le docteur et ils ont insisté22 . Après ça a été bien suivi à
Toulon. Mais quand je suis arrivée à Donrémy on a arrêté les soins. Je devais faire
les prises de sang et la responsable ne les a pas fait faire. Ça a recommencé à
Notre Dame de Consolation23. Le docteur qui me suivait à Toulon était là pour ses
vacances et il a donné une ordonnance et fait refaire une prise de sang. »
Question : Vous aviez quand même la carte Vitale ?
Réponse : À Toulon on n’était pas du tout déclarées, mais on était avec d’autres
jeunes de Wallis et Futuna qui étaient déclarées24. Quand il y avait des contrôleurs il
fallait se cacher ; il ne fallait pas qu’ils nous voient. Idem à Notre Dame de Conso :
22
Ces personnes pourront témoigner si une procédure est engagée.
23
C’est une maison des Travailleuses Missionnaires dans le Doubs, lieu d’origine du fondateur de la Famille
Missionnaire Donum Dei
24
Les travailleuses originaires de Wallis avaient la nationalité française. Cela ne posait donc pas de problème de les
déclarer. Pour rendre l’activité du restaurant crédible il fallait déclarer un certain nombre de personnes, mais le
minimum.
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
quand il y avait des contrôleurs il fallait se cacher. A Toulon on a eu des problèmes
alimentaires, des clients malades après les repas qui n’étaient pas frais. On
réchauffait des plats plusieurs fois. Il y a eu visite des pompiers, des contrôleurs.
On nous disait : « vous n’êtes pas déclarées, vous êtes comme des bénévoles ». A
ND de Conso il y avait un mot de passe : tout le monde se sauvait. [en cas de
contrôle].
C’est vrai que, à force de réchauffer [les plats], ce n’est pas bon…
Après ND de Conso, j’ai passé un an à Lisieux. J’y avais beaucoup d’échappatoires ;
on avait des temps plus précis de repos. Je partais au Carmel ou à la Basilique
quand je ne me sentais pas bien.
Puis je suis arrivé à Rome. Je logeais à la maison St Martin. On allait au restaurant
EAU VIVE. Je faisais le service en salle et la plonge. Les journées étaient très
longues. Le soir c’était de 20 heures à une heure du matin. On travaillait sans
arrêt. Là j’ai fait les « fiançailles ». C’était difficile de dire : maintenant il faut que je
parte car mon grand frère était au grand séminaire, puis il a quitté la soutane.
C’était un choc pour mon papa qui n’a pas accepté. Alors si moi aussi j’allais partir !
En 2004 on m’a envoyé en mission (sic) à Toulon à nouveau. C’était pour remplacer
une congolaise qui avait quitté la Communauté sans rien dire. Elle a eu sa famille
tuée au Congo ; elle est allée à Toulon chez des amis et a été accueillie chez une
dame. Là, à Toulon j’ai fait le service de salle et les commandes pendant deux ans.
J’étais avec une wallisienne qui a quitté aussi la Communauté. Alors elles lui ont
donné 300 Euros. Mais elle avait la nationalité française, elle était déclarée, elle
avait ses chéquiers et la carte VITALE. Elle avait une sœur en France : avec sa
famille elle a monté un dossier et elles ont été convoquées en justice. Elle voulait
ses droits. Les responsables voulaient la renvoyer à Wallis ; le beau-frère est venu
et s’est opposé. Quand la wallisienne est partie j’étais toute seule. Souvent j’ai
bavardé avec elle quand elle appelait pour réclamer car le téléphone était dans la
salle. Alors elles ont pris peur : un mois après il y avait un fax de la Responsable
Générale me demandant d’aller à Ouagadougou. Je devais y aller le lendemain : il
fallait me préparer vite. Tout était prêt : il n’y avait plus à discuter.
C’est contraire au Directoire où on dit qu’on demande l’avis de l’intéressée. Je suis
partie en vitesse ; elles étaient trois à m’accompagner à l’aéroport. Elles avaient
mes papiers, mon passeport pour que je ne me sauve pas. Mais j’avais le récépissé
pour retirer ma carte de séjour ! Depuis le matin jusqu’à 19 heures, elles étaient
trois à m’encadrer. Elles m’ont retiré le récépissé pour la carte de séjour à
l’aéroport. C’était le 6 juin 2006. Elles sont parties seulement quand j’étais en salle
d’embarquement. Je suis arrivée à Ouaga : les TM de Ouaga m’ont accueillie à
minuit et, le lendemain, travail au restau… J’avais droit d’aller voir ma famille,
j’avais droit à deux semaines, mais la responsable de Ouaga m’a dit : « Non. On a
beaucoup de travail. C’est la saison touristique ». Je n’avais pas d’argent de poche ;
on m’avait donné 50 Euros pour le voyage au cas où j’aurais un problème et aussi
pour payer le repas dans l’avion. Après, à Ouaga on m’a confié la cuisine : les
entrées, les desserts, pendant un an.
Puis il y a eu la visite de la Responsable Générale car il y avait des problèmes avec
des filles qui quittaient. Cette année-là en 2007 il y en a une quarantaine qui ont
quitté. La Responsable Générale est donc venue ; elle a dit que ça n’allait pas.
Nous, on ne savait rien de ce qui se passait. Il y en avait deux qui se préparaient à
partir et qui l’ont fait. Je me suis aussi décidée à partir et j’ai quitté Ouaga : on m’a
donné 300 Euros. Il y en a qui ont eu 400 ou 500 Euros. Ce qui m’a décidée à partir
c’est la Responsable Générale : quand elle m’a reçue elle ma reproché d’accaparer
tous les clients. « Dans la communauté on n’a pas le droit de se faire des amis ».
« Les clients te réclament à Toulon : ce n’est pas un bon esprit ». On m’a reproché
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
de recevoir de l’argent des amis. « Le père Roussel [le fondateur] a toujours dit
qu’on n’a pas le droit de se faire des amis ». Pourtant je n’en avais pas, mais ces
paroles m’ont décidée à partir. Je ne suis pas partie tout de suite ; j’étais choquée ;
j’ai continué à faire mon travail sous le coup de la colère.
à Finalement Ginette quitte la Communauté en octobre 2007. Elle envoie une lettre
de démission à laquelle on met du temps à lui répondre. Alors on lui dit qu’elle
travaille bien et la responsable de Ouagadougou la retient encore un mois parce
qu’il y avait beaucoup de touristes au restaurant.
Ginette disposait encore d’un ticket de séjour en Italie. Elle contacte des amis à
Rome et embarque pour cette destination. Arrivée sur place elle est refoulée par les
autorités aéroportuaires et doit prendre le vol de retour pour Ouagadougou. De
nouveau au Burkina elle est hébergée chez un oncle et refait ses papiers à zéro :
cela lui prend trois ans. Elle réussit à se faire demander en France pour du
bénévolat par le Directeur de Notre Dame de la Salette et le Vicaire Général de
l’Archevêché de Ouaga l’aide à obtenir ses papiers.
Nous étions alors en août 2010. Récemment Ginette a enfin obtenu son titre de
séjour définitif et elle est très occupée au Secours Catholique où elle fait du
bénévolat. Elle n’est plus seule dans la vie.
Question : Aviez-vous un revenu ? Que vous donnait-on ?
Réponse : On nous donnait 10 Euros par mois à Toulon. Ça me payait les
transports, le bus pour aller voir les jeunes de Donum Dei. Ça permettait d’acheter
les cartes téléphoniques pour appeler les familles : 7,50 Euros pour 10 minutes de
communication. A Ouaga on me donnait 15 Euros par mois : je les avais
économisés pour payer le billet pour l’Italie.
Question : Après toutes ces années, aujourd’hui pouvez-vous dire ce qui a été le
plus dur pour vous ?
Réponse : La première chose qui m’avait un peu choquée, c’était le fait qu’on n’a
pas toutes les mêmes droits alors qu’on fait toutes les mêmes travaux. Cette façon
de traiter les gens différemment. On n’avait pas de carte Vitale ; les soins étaient
limités. Tous les trois mois on avait le droit de noter sur un papier les demandes de
vêtements.
Elles décidaient si vous en aviez besoin : quand on vient d’arriver, la responsable
achète tout pour nous. Par exemple elle achète les chaussures pour nous : on
donne la pointure. Si ça fait mal aux pieds on n’a pas le choix.
Les anciennes ont connu le père fondateur. « Dans ce qu’il disait il y a des choses
exagérées : on est quand même des humains ! On ne connaît pas toute sa vie ;
elles ne disent pas tout sur le père fondateur.
Question : Avez-vous des contacts avec des TM en poste qui cherchent à partir ?
Réponse : ça a changé. Elles n’ont plus droit aux 10 Euros qu’on nous donnait. Il y
en a une qui m’appelle discrètement à partir d’une cabine téléphonique. Certaines
qui sont en Amérique latine veulent quitter. Alors ce sont surtout les burkinabés qui
sont là-bas car les wallisiennes ne veulent pas : une dizaine en Argentine, cinq ou
six au Pérou.
Certaines qui ont quitté ont eu une attestation parce qu’elles sont venues la
demander avec le curé de leur paroisse. J’ai tout le temps demandé une attestation.
La responsable me l’a donnée après trois ans de réclamations.
Question : Pensez-vous que c’était un travail missionnaire ?
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Réponse : Non. Il faut dire aussi : « tant que tu n’as pas fini ton travail, tu ne vas
pas à la messe, tu n’as pas le droit d’aller prier25 ». Ce n’est pas bien.
Question : Pensez-vous que votre témoignage est complet ?
Réponse : Il y a aussi une chose importante quand est dedans : ce sont les
« dialogues ». On était onze à Toulon : quatre «épouses » et sept « fiancées ».
Chaque épouse devait prendre une fiancée chaque mois pour faire les dialogues,
pour raconter ta vie. La responsable choisit la personne avec qui aller. Tous les mois
tu dois y aller même si tu n’as rien à dire. L’aînée doit faire un compte-rendu pour
la responsable qui fait un compte-rendu pour la responsable générale à Rome. Il y
en a qui n’avaient rien à dire : alors elles critiquaient les autres. C’est une mauvaise
ambiance. Il y avait les préférées de la responsable qui faisait directement son
compte-rendu au Conseil Général. C’était une corvée.
Les deux dernières années j’ai refusé d’y aller.
TEMOIGNAGE RECU PAR L’AVREF
Ce témoignage concerne la Communauté des Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée
Il a été remis à l’AVREF à la date du 5 mai 2014
Le témoignage est anonyme (prénom modifié)
La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à
l’AVREF qui contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son
nom mentionné et sous quelles conditions.
Imprimé le 23 mai 2014
Le présent document comprend :
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Maryvonne, avant de rentrer dans la communauté des Travailleuses Missionnaires à
Ouagadougou, a fait des stages comme regardante d'abord, puis elle est rentrée
dans la communauté avec l'accord de la responsable et aussi son accord à elle.
Puis elle est partie à 20 ans à Rome où elle a passé une année. Ensuite elle a passé
deux ans dans le Doubs à Liesle et Notre Dame de Consolation, puis elle est allée à
Lisieux pour un an avant de retourner à Rome pour deux ans où elle a fait son
premier engagement. Ensuite elle a été envoyée en mission à Rome dans un
Collège où elle devait se charger de la cuisine et du ménage.
Effectivement on lit dans le Directoire : « Le travail devrait être bien fait ! Il faut absolument qu’à l’école vous
montiez à cette responsabilité. Il vaut mieux que vous n’alliez pas à la Messe en semaine, que vous n’alliez pas à la
communion, que vous ne fassiez pas oraison si le plat cuisiné, enfin si le travail de la restauration n’est pas
achevé » (Père Marcel Roussel Galle K7-142/A)
25
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Question : Il est prévu dans les statuts que la famille verse de l’argent à la
Communauté : est-ce la vérité ?
Réponse : Au Burkina, il fallait payer une somme de 25 000 CFA par an. En mon
temps les études n'étaient pas importantes à leur yeux ; donc on étudiait jusqu'au
BEPC.
Durant la formation nous étions environ 20 jeunes de tous les cinq continents dont
trois ont abandonné et sont reparties.
Question : Quel était votre emploi du temps ?
Réponse : Le lever était à 5h45 mais cela dépendait des missions (les maisons des
T.M). On avait les prières du matin suivies de la messe et les laudes.
On commençait le travail à 9h à Rome jusqu'à 13h. On avait 45 mn à 1h de repas,
puis on s’entendait pour ranger et faire propre avant de quitter les lieux.
A 16h 30, il y avait la lecture spirituelle et à 18h la reprise du travail ; puis on
servait les gens à 19h et on finissait à 21h ou 21h 30 avec tous les rangements. On
n'avait une 1h de repos de 15h à 16h. On travaillait tous les jours, il n'y avait pas
de journée de repos sauf le dimanche après-midi où l’on devait se reposer, mais on
devait aller chauffer le repas.
Question : Aviez-vous une chambre individuelle ? Faisiez-vous vous-même vos
courses ?
Réponse : Nous étions deux par chambre. Si on avait besoin de quelque chose, on
demandait pour faire nos courses (acheter une paire de chaussures ou une jupe ou
un gilet ..). On devait sortir toujours à deux sauf des cas exceptionnels. On était
accompagnée même chez le médecin. « On suivait le mouvement ». Mais surtout
les responsables ont fait de cette façon pour nous aveugler, pour qu'on ne se rende
pas compte qu'elles nous manipulaient. C'est pour cela qu'il fallait toujours sortir à
deux ou plusieurs
Question : Et les vacances…
Réponse : Les vacances annuelles étaient de 3 semaines. Une semaine de retraite
et le reste c'est le repos ; on allait dans une autre maison des T.M, soit Lisieux ou à
Marseille...
Question : Et le retour au Burkina ?
Réponse : Le retour en vacances dans nos pays respectifs était tous les 5 ans pour
2 mois et maintenant c'est devenu tous les 4 ans pour 1 mois et demi. On vous
donne de 3 à 400 €.
Question : Vous dépendez de la responsable locale : comment est-elle nommée ?
Réponse : C'est la responsable locale qui dirige la communauté. Elle est nommée
par un vote des membres du groupe local ; elle peut être Océanienne,
Vietnamienne, Burkinabè, Française, Philippine....Elles doivent soumettre le vote à
la responsable générale. Si cela ne plaît pas à tout le monde, il peut y avoir des
changements et cela peut arriver que la responsable générale choisisse. Les
nominations des filles sont faites par la responsable générale et son conseil (4
autres) : deux françaises, une Wallisienne, une Burkinabè, une Vietnamienne.
Question : Quelle formation avez-vous reçue ?
Réponse : Nous n’avons pas eu de formation professionnelle. C'est une formation
de vie consacrée où on apprend à connaître la vie et les écrits du fondateur, de Ste
Thérèse de Lisieux, Ste Jeanne d'Arc......On avait en lecture des écrits du fondateur
à Notre Dame de Consolation tous les jours en hiver.
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Question : Aviez-vous un contrôle médical régulier ?
Réponse : En France on avait la mutuelle St Martin. Pour la visite chez le médecin il
fallait être accompagnée, y compris dans le cabinet du médecin. Dans chaque
mission, les T.M ont le même médecin pour tout le monde ; Marseille, Toulon.....J'ai
été très malade en 2006 et il fallait que je sois arrêtée 4 à 5 mois environ parce que
le médecin à insisté pour cet arrêt. Une fois, je suis allée à hôpital accompagnée et
celle qui m'a accompagnée voulait rentrer dans le cabinet et le médecin a refusé.
J' était épuisée, on avait trop de travail car on n'était pas nombreuses et on avait
plus de monde et le ménage à se taper.
En conclusion…
Chez les T.M, dans les restaurants ou les maisons d'accueil, il y a beaucoup de
travail si bien qu'après les filles sont fatiguées, perdues et surtout mal comprises.
TEMOIGNAGE d’Emilienne SAKOUGRI RECU PAR L’AVREF
Ce témoignage concerne la Communauté des Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée
Il a été remis à l’AVREF à la date du 5 avril 2014
Le témoignage est nominatif.
La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à
l’AVREF qui contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son
nom mentionné et sous quelles conditions.
Imprimé le 23 mai 2014
MavieavantderentrerchezlesTM
Jem’appelleEmilienneSAKOUGRI,duBurkinaFaso,néele29juillet1974àOuagadougoudansune
famillecatholiquepraYquante.Jesuisl’ainée,j’ai3peYtsfrères,le2èmeestprêtrediocésainau
Burkina.
Trèstôtàl’âgede9ansledésirdemedonnerauSeigneurm’habitaitetjesuivaislesréunionsdes
vocaYonsdansmaparoisse.
A12ansaprèsavoirobtenuleconcoursd’admissionpourrentreràl’aspiratchezlessœursSIC
(congrégaYonautochtone)jesuisalléefaireuneexpériencedequelquesmoismaisjesuistombée
maladeetmonpèreestvenumecherchercarilnesupportaitpasdemevoirsouffrir.
Mesparentsm’ontdoncinscritaucollègeprivédesfrèresdelaSainteFamille.
J’avaistoujoursledésirdemeconsacrerauSeigneur,j’aidoncconYnuédesuivrelesréunionsdes
vocaYonsdansmaparoisse.
Unjouràlamessejenepeuxexpliquerlepourquoi,monaeenYons’esttournéeverslesTMqueje
voyaissouvent.J’aivoululesconnaitre.
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C’estalorsquejesuisalléelesvoiretj’aicheminépendantunanavecellesetpendantlesgrandes
vacancesscolairesellesm’ontproposédevenirfaireunpré-stageetaprèsj’aidécidéderentrer.Sans
tropmeposerdequesYon.
J’aiétéahréeparleurinternaYonalité,leursourire,leurrayonnementetaussiparcequ’ellesn’avaient
pasdecostumespécifique,toutcelajetrouvaisorignal.
Mesparentsétaientopposésàmadécisioncarjen’avaispasfinil’écolej’étaistrèsjeuneetsurtoutque
jesuisleurfilleuniqueetl’ainéeenplus,ilstenaientbeaucoupauxétudesmaisjesuisarrivéeàles
convaincreetlaresponsablemêmeestvenuelesrassurerquej'allaisconYnuerlesétudes.Cequin’a
pasétélecas.
Jesuisalléeparleravecleprêtrequis’occupaitdenousetilm’aditquelesTMnesontpasdes
religieusesmaisdescommerçantes,denesurtoutpasallerlà-bas.DessœursquiYennentdes
restaurants,c’estdujamaisvu!!.Ilmedit:«tuveuxallerlaverdescasseroles!C’estpourvous
exploiter!»
Toutcelanem’arienfait,c’étaituncoupdefoudre,jemesentaisahréelàbas.
MaViechezlesTravailleusesMissionnaires
Jesuisrentréele8septembre1990àl’âgede16ansenlafêtedelanaYvitédelaSainteVierge.C’est
unedatequimarque.Unenouvelleviecommencepourmoi.
NouséYonsdixàrenterceeeannée-là.Unhoraireestalorsétabli:oraison,lecturespirituelle,cours
donnéparunprofesseur(seulement1heureparjour)etleresteonétaitréparYpourdifférentspostes
detravailpourlarestauraYon.J’étaisdanslasalle.Onn’avaitlamisedescouverts,leménageleservice.
J’aitoujoursbaraYnémesparentsquandilsmeposaientlaquesYonsurmesétudes.Jenemeposaispas
laquesYonetçanemedisaitrien.Pourmoic’estlavolontéduSeigneurettoutestbonpourLui.
Deuxansaprèsquandj’avais18ans,laresponsablem’appelleetmeditqu’ellevoitquejesuisfilletrès
bien,sérieuseettrèsdévouéepourmavocaYonetquejevaisallerenFrancepourconYnuerma
formaYon.JedisaisouiamenàtoutcarjesuislàpourleSeigneur.
EnEurope
Le7septembre1992nousarrivonsàRomecarlamaisonenFrancen’étaitpasprête.Onadûaeendre
jusqu’enavril1993pourvenirenFranceàLielesvillageprèsdeBesançon.
ARomeontravaillaitdanslerestaurantetonavaituncoursdespiritualitédetempsentemps.
EnFrancenousnoussommesretrouvéesaveclesfillesdesautrespays(wallisiennes,péruviennes,
Philippines,burkinabè)
D’Avril1993àSeptembre1993nouséYonsàLiesle(jardin,courssurlesécritsdufondateuretsurla
spiritualitépropredesTM).
DeSeptembre1993àseptembre1994maisond’accueildansuncentrespirituelounousdevonsgérer
lamaison.(Cuisine,ménageservice,animaYon,accueil,magasin),onavaitdescourssurlesécritsdu
fondateuretvisitedeslieuxdufondateuretdelarégion,témoignagedanslevillageaveclesenfants.
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DeSeptembre1993àJuin1996:Rome(coursdesciencesreligieuses,lesprofesseursviennentdonner
lescoursàlamaison,(philosophie,écrituresainte,spiritualitéducarmel,italien,moralefondamentale)
justepouravoirdesnoYonsetaussiseprotégeraucasoùilyadesenquêtes.Ondira:ouiellesontdes
cours.
Onpartaittouslesjourspargroupede7àl’EauVivepourlesaideretlesamedipourfaireleserviceau
restaurantsouventjusqu’àminuit.2heuresdumaYn.
1996j’aifaitmonpremierengagement(fiançailles)ensuiteonm’aenvoyéenNouvelleCalédoniede
1997à2002.J’aioccupélepostedeserveuse,etdescomptespendant3ans,ensuitecuisinière1anet
formatricedesjeunesstagiaires.EntretempsjesuisalléeàWallispendantunan(catéchèsedansles
lycéesetcollèges).
2002retourenFrancemétropolitaine,Besançon3ans,animaYonspirituelledespèlerins,Donrémy:1
ancuisinière,etenfinàLisieuxresponsabledelaformaYondesjeunes.
Jusque-làtoutvabienjenemeposepasdequesYon,trèsdévouéebiendanslesystème.
En2004onm’inviteàfairemonengagementdéfiniYf(épousaillesàRome)
En2008jereçoisuncoupdetéléphonedeRomedelaresponsablegénéralemedisantqu’ilyaune
formaYonàRomeorganiséeparlessupérieuresmajeurespourlesformatricesdansdescommunautés
internaYonalesetqu’ellesm’ontinscritetqueçacommenceaumoisdeseptembre.DeLisieuxjepars
pourceeeformaYonàRomejusqu’enfévrier(6mois).
DéclicetdépartchezlesTM
NouséYonsunequarantainedereligieusesvenuesdumondeenYerssurtoutdepaysfrancophones.Un
déclics’estpassé.jemesentaisdéconnectéedanslegroupes,lesautresétaientbienépanouies,àl’aise
etmoijemesentaisisolée,renferméesurmoi.
J‘avaisl’impressiond’êtrevoiléeetquepeYtàpeYtonmedévoilaitdeschoses‘lavérité’
Lescoursétaientdonnéspardespèresjésuites,etdesreligieusesquiontlaspiritualitéignacienne,on
étaitaccompagnéesspirituellementparcesreligieuses,lamanièred’interpréterl’Evangileétait
complètementautrequecequej’'avaisconnujusque-là.Quelquechosebougeaitaufonddemoi.Ça
étéunchangementcompletdemavieetaussiunegranderévolte.
Jemesuisdit:«Commentj’aipupasserautantd’annéedansceeecommunautésansmerendre
comptepourquoiça?eneffetj’aiconstatéquec’étaitpashumainleurmanière».
Ilfautdirequ’onn’apasdecontactsaveclesautrescommunautés,l’onneparYcipejamaisaux
réunions,sous-entenduqu’onn’estpasdesreligieusesetpourtant….Etaussionnousrépètesanscesse
quelavocaYonTMestunique,onestlesmeilleures,lespures,etl’obsessionsurlavirginitéonnefait
quenousenseignersurçaetquelesautrescommunautésnesontpassérieusestoutlemondeest
mauvaissaufnous.enfinunvrailavagedecerveau.
ApreslaformaYonlaresponsablegénéralemeditd’allersuivredescoursàParisaucollègedes
Bernardins.Etlàaussijemerendscomptequec’estlasuitedemaformaYondeRomealorsc’estla
révoltetotale.J’aicommencéàcrierfortetàdénoncerdeschosesettoutlemondenemereconnaissait
plus.Jenemesentaisplusbiendanslacommunauté
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Audépartjeretournaisbienarméepourunchangement,j’aiécritunrapportsurlaformaYonquej’ai
eue,j’aidonnédesproposiYonspourunchangement.jenesupportaispluslemoindrejugementsur
lesautreslamoindreinjusYce,JevoulaischangertoutcequiconcernelesystèmedelaformaYon,etje
criYquaistout,riennemeconvenait,jen’avaispaspeurdedirelavéritésurlesystème,surleur
endoctrinement.
J’avaisaussiunsenYmentdeculpabilitésurmavieavantlaformaYond'êtrerentréedanslesystèmepas
bienetjevoulaismeraeraper.C’étaitunpeuviolent,SoeurLucianam’abeaucoupaidéeàfaireun
discernementvraietprofondetàaccepter.
LaresponsablegénéralemeconvoqueàRomeetmeditquejesuisnomméeenArgenYnefaçonde
m’éloignerdelàcarj’étaisdevenuetrèsdangereusepourlacommunauté.
J’aicherchéàentrerencontactavecSrLuciana(Soeuritalienne,religieuseduSacréCœurdeJésus,
provincialeàl’époque)quim’aaccompagnéespirituellementpendantlaformaYonàRomepourluien
parlerdecequejevivaisetellem’acompris,trèsdisponible,ellevadoncjouerunrôletrèsimportant
dansmaviejusqu’àaujourd’huiquejenepourraijamaisoublier.
IlfautnoterquejefaisaisparYedeleurspréféréesetqu’ellesnepouvaientpaspenserquej’allaisquieer
lacommunauté.Ellesontfaittoutpourmeretenirmaisjenemesuispaslaisséprendreparlepiège.
JerecherchaisuneviedanslaquelleleschosessontvuavecleregarddeDieuc’est-à-direunregard
d’amourjuste,debontéquinejugepas,quineculpabilisepasmaisquiinviteàunegrandeliberté
intérieurequilibère,oùlapersonnehumaineestvaloriséeoùonYentcomptedelapersonne.
Le2mars2010J’aiquieélacommunautéaprèsavoirpassé20ansetjesuisrestée6moischezSoeur
LucianaàRome:çam’apermisdevoiruneautreviereligieusequej’aimebiend’ailleurs.
J’aidécouvertslecotévicieuxdestravailleusesmissionnairesquandj’aiquieé;déjàlacartedeséjour,
j’ignoraiscomplètementcequeçareprésentait,onnepeutpastravailleravec.MacarteVitale,elles
m’ontrésiliéeenfinjanvieravantquejequieelacommunauté,ellesm’ontdonné200€(ilafalluque
j’aillevoirlespèrescarmesàRome),
Jeleuraidemandésiellespeuventaeendrepourl’assurancemaladieetmacartedeséjourjusqu’en
septembre,letempsquejepuissem’installer,ellesmedisent:«pasquesYonquejenefaisplusparYe
delacommunauté.»Toutcelam’abeaucoupchoquée.
JesuisrevenueenFrance,uneamiem’atrouvédutravailpourassisterunepersonneâgéeàdomicileà
Versailles(lafamillecontented’avoirunereligieusecarçaleurconvenaittrèsbienàfaittoutpourqueje
puissechangermacartedevisiteurensalariée;ensuitejemesuismiseauxétudesenpassantleBACet
aprèsj’aipasséleconcoursd’aide-soignantedontjeviensdefinirlaformaYon.jesuisaide-soignante
pourlemomentjecompteconYnuerlesétudes.jeviensd’avoirlanaturalisaYonfrançaise.
MonsouhaitestquelesTMprennentenchargechaquemembredelacommunautédanstoutesles
dimensions(spirituelle,intellectuelle,culturelle,sociale,affecYve)commeilsedoitetleurdonnentune
formaYonsolidequilibèreetnonquiculpabilise,qu’ellesleurfassentétudieravecdesdiplômessans
regret.Mêmequandilyadesdépartsaumoinsellesaurontfaitdebonnesœuvres.
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Leursystèmeestétouffant,onrestebébétoutesavieetonn’estpascapabledesorYruneparoledesoimême.
Siellesneveulentpasfaireça,qu’ellesnefassentpasvenirlesfillesenEurope!Laissez-lesdansleur
pays!
Depuislorslaspiritualitéignacienneestmaréférence.Pourmoic’estlameilleure:ellenejugepas;la
personnehumaineestaucentreetonlarespecte,c’estunethérapiesijepeuxdirecarcenesontpas
desparolestoutesfaitesqu’ondoitrépétermaisc’estlapersonnemêmeavecuncheminement
personnel.Rentreraufonddesoiavecuneahtudevraieetprofondearriveraàlibérerlerésultatbien
sûrtoutpeYtdevantleSeigneur.
FaitàVersailles,le23avril2014
TEMOIGNAGE RECU PAR L’AVREF
Ce témoignage concerne les Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée
Il a été remis à l’AVREF le 16 mai 2014 et revu le 4 juin par l’intéressée.
Le témoignage doit rester anonyme dans les circonstances présentes.
La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à l’AVREF
qui contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son nom mentionné
et sous quelles conditions.
Imprimé le 5 juin 2014
Le présent document comprend :
*
*
4
*
*
pages numérotées
*
Marie-Amélie a reçu une formation de catéchiste à 17 ans dans un village situé à
350 km de Ouagadougou. Elle est entrée à 19 Ans à l’EAU VIVE.
Une année à Bobo, puis une à Ouaga. Ensuite elle est envoyée à Rome où elle
passe d’abord 7 mois au restaurant en salle. Elle était avec un groupe de 12 qui
logeaient à la maison de formation. Il y avait 2 heures de formation religieuse le
matin. Les cours étaient intéressants, dit-elle. Ensuite c’était le travail au restaurant
avec la nuit des retours tardifs, surtout les samedis soir.
Rentrée en mars 92 au pays, elle y reste peu de temps et est envoyée à la maison
du Congo-Kinshasa. Il s’agissait de gérer un lac qui appartenait à l’origine à un
belge et avait été vendu au diocèse. Autour du lac il y avait des paillotes et un
restaurant. Cela permettait des réunions d’évêques. C’était un centre
interdiocésain. Tout aurait pu se passer normalement si la responsable de la
maison, Cécile, n’avait pas accusé Marie-Amélie d’avoir une « affaire » avec un père
carme. Cette calomnie est remontée jusqu’à John MALLEY, supérieur des carmes qui
a demandé des explications au père Nestor qui était un carme congolais présent sur
place. Ensuite Marie-Amélie a été accusée de vol d’argent le 11 mai 1996. On lui
demande de jurer qu’elle n’a pas pris l’argent. Elle refuse de se prêter à cette
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
parodie de justice. Elle passe encore une année pénible. Ces accusations la rendent
malade : atteinte d’une gastrite aigue elle ne peut plus manger. Elle va à l’hôpital se
faire soigner, initiative qui met en colère la responsable de la maison. Une
fibroscopie est prescrite. Grâce à l’intervention d’un prêtre, l’abbé NZALA, des soins
sont prodigués contre l’avis de la responsable et des médicaments sont achetés au
Congo-Brazza.
En 1997 Marie-Amélie revient au Burkina. La responsable de la cuisine, pour
l’humilier, lui fait préparer pour rien différentes recettes.
Elle a les yeux rouges car elle a besoin de lunettes : on fait croire qu’elle a bu. Elle
fait quand même les « épousailles » et reste chez les TM.
Elle est envoyée en 2000 à la Castille en France. Elle n’est pas déclarée. Le travail
est dur (lever à 5 h du matin) et le directeur du centre insupportable. La
responsable du centre, Marcelle, la calomnie pendant ¾ heures auprès d’une
responsable en juin 2001. Marie-Amélie entend par hasard les sottises que l’on sort
sur son compte. Suite à ces calomnies, Marie-José PERRIOT-COMTE, la responsable
générale, la convoque à Rome pour un entretien. Elle s’y rend : l’entretien n’a pas
lieu. On refuse de la recevoir au siège du Mouvement et on la renvoie
immédiatement en cuisine au restaurant l’EAU VIVE.
Ensuite elle est « envoyée en mission » à Sassone au centre d’accueil Madona del
Carmele. Sa Maman décède le 29 août 2003. A ce moment-là elles sont deux dans
le centre à travailler pour un groupe de 350 personnes. On lui demande de rester,
mais c’est grâce à l’appui d’un père carme qui l’emmène à l’aéroport de sa propre
initiative qu’elle peut rejoindre sa famille au moment des funérailles.
Elle est ensuite nommée à Séville en Espagne où elle arrive le 04/08/2005. Son
papa décède le 19/09/2005. Le sachant malade Marie-Amélie avait appelé le siège à
Rome pour avoir des nouvelles de son père. Elle insiste : pendant 3 semaines on lui
répond que les sœurs du Burkina ne peuvent pas donner d’informations car elles
sont en retraite. Les responsables de Rome ne voulaient pas qu’elle reparte au
Burkina où elle était déjà allée en 2003 pour sa mère. C’est Clémentine PARE, la
responsable générale, qui bloquait les informations.
Nieves, la responsable péruvienne de la maison de Séville, lui donne toutefois les
moyens de repartir au Burkina. Cette maison espagnole est aujourd’hui fermée et
Nieves a quitté la communauté définitivement.
Au retour du Burkina Marie-Amélie est affectée à Rome. Elle des maux de dos
(vertèbres déplacées) et ne peut pas soulever de charges. La station debout lui est
pénible. Le médecin lui prescrit une crème à appliquer sur le dos. Marie-Amélie
demande à ses consoeurs si l’une d’entre elles peut lui appliquer cette crème pour
la soulager. Successivement cinq personnes refusent.
Question : Cela veut dire que vos sœurs avaient quelque chose contre vous ?
Réponse : « Ce n’est pas cela. Personne ne veut appliquer la crème : pourquoi ?
Comprenez : la mentalité est telle qu’on ne veut pas attirer l’attention par une
accusation d’amitié particulière ... [silence].
Après le décès de mon père mon calvaire a vraiment commencé. »
Marie-Amélie va mal : elle a des maux de tête, des délires nocturnes. On lui dit
qu’elle appelle la nuit dans son sommeil. Elle veut désormais quitter cette
communauté. C’est un départ préparé : elle avertit un prêtre burkinabé de son
intention. Son évêque au Burkina est prévenu.
Question : Alors les évêques au Burkina sont au courant ?
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Réponse : « Bien sûr, ils savent tout. Mais ils ne disent rien. Ils peuvent avoir des
invités au restaurant et on leur fait un bon repas… »
Toujours respectueuse de la hiérarchie, Marie-Amélie demande un entretien avec sa
responsable pour annoncer son départ. Elle attend 9 mois cet entretien car sa
responsable se dit très occupée. L’entretien dure 5 minutes. Elle quitte
définitivement les TM le 23 mai 2007 avec mille Euros en poche : 750 Euros pour le
billet d’avion, et les 250 restants en argent de poche.
Ensuite elle devra se faire soigner d’une hépatite C contractée en 2004. « Le
médecin a dit : vous, les sœurs, vous vous passez entre vous les maladies et il nous
a donné un test à faire. J’ai fait le test, la prise de sang et c’était positif ». La
communauté refusait des soins complets, notamment une biopsie prescrite. MarieAmélie s’est soignée après son départ. Ces soins vont durer jusqu’en 2011.
Aujourd’hui Marie-Amélie tente de reconstruire sa vie après avoir effectué des
travaux d’assistance à des personnes âgées à domicile pour lesquels les employeurs
ne l’ont pas déclarée et ne lui ont pas délivré de certificats.
* * * *
Nous avons posé à Marie-Amélie des questions complémentaires à son témoignage
personnel :
Question : Avez-vous connu des cas de suicide ou de tentative chez les TM ?
Réponse : Oui ! Il y a eu une personne à Marseille. Elle était surveillée par les
jeunes car plusieurs fois on lui a retiré le couteau de la main. Elle a quitté et est
aujourd’hui mariée.
Il y a aussi une autre TM qui n’en pouvait plus : elle était épuisée. Elle a avalé un
tube de nivaquine. On l’a sauvée à l’hôpital.
Question : Et des cas de délire ou de dépression ?
Réponse : Oui il y a une burkinabé, Jacqueline TOE. Elle a passé 10 ans en France.
Elle est devenue folle, rejetée par sa famille. Elle est aujourd’hui dans son village au
Burkina.
Il y a aussi une congolaise, Jeanne ESIE. Elle avait fini ses études. Comme elle était
dépressive, elles [les responsables] l’ont renvoyée au pays. Mais les carmes de
Kinshasa ont refusé de la présenter à ses parents. Ils l’ont renvoyée en Italie pour
la faire soigner par la communauté. Ils ont exigé. Elle a la logorrhée. Elle est
aujourd’hui à Bayard26 avec les sœurs âgées.
Il y a aussi Laurentine OUEDRAOGO. Elle était en formation à Notre Dame de
Consolation. Elle a été renvoyée à sa famille dans son village.
Question : Il semble que, quand une TM pose problème, la politique soit de lui
payer le billet d’avion, aller simple pour le retour au pays, avec 300 Euros d’argent
de poche pour se débarrasser de la personne…
Réponse : C’est vrai. Pour Caroline, une congolaise, elle ont décidé de l’amener à
l’aéroport de Rome à Fiumicino pour la renvoyer chez elle. Elles ont attendu jusqu’à
ce qu’elle passe les contrôles pour être bien sûres qu’elle partait. Mais elle est sortie
par une autre porte grâce à un ami qui travaillait à l’aéroport !
Il y a eu aussi une autre congolaise, Gertrude. Il y a eu le décès du papa. Sa
grande sœur et sa mère étaient à l’hôpital. On lui a dit ne plus revenir. « Tu rentres,
26
Il s’agit de Bayard sur Marne où les TM ont une maison.
Avref2014(C)38 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
mais tu ne reviens plus ». C’était en 2006 ou 2007 : la communauté a confisqué
son papier de séjour pour l’empêcher de revenir. Mais elle s’est fait aider pour
revenir : l’ambassadeur du Congo auprès du St Siège est intervenu.
Question : Si la communauté ne prend en charge ni les salaires, ni les cotisations,
ni les soins, les restaurants doivent faire du bénéfice…
Réponse : On ne sait pas où va l’argent. C’est un mystère. Quand j’étais à la
Castille l’argent était viré chaque mois de la Fondation [appartenant au diocèse de
Toulon]. « C’est l’équipe qui rapporte le plus d’argent en France » a dit Magali
GAUSSEN27. Mais on ne sait pas ensuite…
Une fois, quand j’étais en Italie on m’a fait signer un dossier pour la CAVIMAC, mais
je ne sais pas ce que c’est.
TEMOIGNAGE RECU PAR L’AVREF
Ce témoignage concerne la Communauté Travailleuses Missionnaires de
l’Immaculée (EAU VIVE)
Il a été remis à l’AVREF vers la date de 16 mai 2014, relu et sa version
définitive transmise le 18 mai 2014 par l’intéressée.
Le témoignage est anonyme. Le nom a été masqué.
La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à
l’AVREF qui contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son
nom mentionné et sous quelles conditions.
Imprimé le 23 mai 2014. Le présent document comprend 5 pages
numérotées.
*
*
*
Je suis du Burkina faso.
Je suis rentrée chez les TMI ayant pour but de servir Jésus.
J'ai suivi une scolarité jusqu’au CM2 puis, dans la Communauté, j'ai étudié jusqu’en
classe de cinquième.
Je suis rentrée jeune chez les TM
J'étais une bonne élève et j'aimais bien les études. Malheureusement les TMI m'ont
demandée de monter en Europe en me précisant que je continuerais mes études.
Dans l'obéissance de la communauté, j'ai accepté cette demande sans vraiment
savoir ce qui m'attendait de l'autre bout du monde.
J'ai suivi ma formation missionnaire en France dans le Doubs puis à Rome pour les
«études missionnaires». [Philo, Théologie, l’histoire de l Eglise etc.)
27
Magali GAUSSEN fait partie des responsables. Elle est basée aux FINS dans le Doubs et s’occupe de l’économat
du mouvement.
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Question: Quand vous avez quitté le Burkina connaissiez-vous les statuts et le
Directoire des TM?
Réponse: «Non, on avait pas le droit car on nous prenait pour des jeunes on a
commencé à les comprendre beaucoup plus tard».
Question: En quoi consistaient les études missionnaires?
Réponse: À Besançon c'était L'histoire de la famille TM, le fondateur et sa région ou
il est né, grandit et a fait son séminaire.
A Rome c’est tout ce qui concerne l'église. (L’Écriture sainte, la théologie etc.,
enseigné par des prêtres. C’était dur: après les cours il fallait courir à l’Eau Vive
(NB: le restaurant à Rome) pour travailler et souvent fermer à minuit. Après, le
temps de revenir et se coucher cela peut être 1h30 ou 2h du matin et il fallait
encore se lever tôt ver 6H ou 6H30 pour assurer les prières communes, petit
déjeuner, réunion de travail et commencer la préparation du service. Le repas du
midi se prenait à la hâte car il faut être prêt pour l’ouverture du restaurant.
Question: Quel était votre emploi du temps?
Réponse : C’était presque tous les soirs jusqu’à minuit et il faut toujours dire la
prière du soir. Les dimanches on travaille souvent quand il y a des groupes. A Noël
ou Pâques, le restaurant est ouvert. Le coucher peut aller jusqu'à 3H du matin et il
faut se lever vers 7H ou 7H 30 pour prier les offices et aller animer la messe,
revenir préparer le service. C’est fatigant… (elle marque un temps de silence). Le
restaurant ferme à 13 heures mais il y a toujours du travail si le client n’est pas
parti. Le soir la fermeture est à 22 h 30. Il y a beaucoup de clients le week-end
donc on reste plus longtemps.
Question: Aviez-vous du temps libre?
Réponse: «On avait une journée mais c'est quand il n’y a vraiment pas de clients
»Si on a de groupe, on est obligé de sauté cette unique journée libre pour venir
travailler: A un moment donné, les responsables ont supprimé la journée libre et on
n’avait que la matinée pour dormir et venir ensuite travailler.
Dans toutes les mission que j'ai faites, c est Rome qui est le plus dur dans ses
organisations, emplois du temps trop chargés. Les sœurs sont trop fatiguées et
alors, on se lance des paroles très blessantes, par exemple: tu es trop maigre, tu
viens d’un camp de concentration, tu es un misérable de Rwanda, on dirai que tes
parents ne t’ont jamais nourrie, j ai honte de sortir avec toi, tu ne connais rien, tu
ne sais rien faire, j ai peur de toi car tu ne ressembles à personne, on dirait un
animal, et ainsi de suite.
J'étais obligée de supporter seule mes souffrances. C’est difficile la communication
avec les responsables surtout quant elle ne te comprennent pas et on te prend pour
une qui veut semer la cisannie dans l'équipe.
Question: et après Rome?
Réponse: On m’a nommée au Burkina ou j'ai eu l’opportunité d'être responsable
des jeunes. J'avais remarqué que les jeunes ne recevaient pas une formation
adéquate. Il y avait trop d'interdictions, trop de surveillance. Les responsables n’ont
jamais le temps de réponse aux désirs des jeunes. Ce qui faisait souffrir les jeunes.
J'ai participé à une formation avec un psychologue pour mieux comprendre et aider
les jeunes. Apres la formation, j'ai essayer de dialoguer avec les responsables pour
voir comment aider mieux nos jeunes. Mes idées ont été rejetées, et on a mis une
autre responsable et sous sa responsabilité, 17 jeunes TM ont quitté la
communauté en un mois tellement c'était très dur pour elles et d'autres ont été
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
renvoyées car la responsable était sûre que ces jeunes n’avaient pas la vocation. Je
voyais les jeunes souffrir et se confiaient à moi mais je n avais aucun pourvoir pour
les aider. Je les encourageais juste et c’est tout.
En 2000 je suis nommée dans une autre mission et là c'était le calvaire.
Il faut dire que les TM n'ont aucune formation d'accompagnement et s’il y en avait,
celles qui ont reçu cette formation n'ont pas la parole pour transmettre ce qu'elles
ont appris et c'est très dommage.
Alors le secret professionnel et le respect de l'autre, c est nul!!!
J'avais une responsable qui ne me considérait pas du tout, elle ne connaissait pas le
rôle de sa responsabilité et aussi elle est une menteuse.
Mais à Rome c’était le lieu le plus grand calvaire. C’est là-bas que j’ai vraiment trop
souffert. La vie entre nous était trop dure. Je n’étais pas considérée. Il y a des
paroles qui blessent. On est zéro-zéro au niveau de la communication, le dialogue,
pas d'écoute, que de la haine. Ça m’a tellement détruite jusque le jour ou je quittais
Rome je la maudissais même en regardant les murs, les rues, les transports. Tout
était détruisant à mes yeux et méprisable dans mon cœur et âme. La
communication était vraiment zéro. C'est sauve qui peut
Question: Pouvez-vous préciser?
Réponse: On m’obligeait à faire des dialogues avec une aînée tous les 15 jours. Il
fallait raconter tous tes soucis, tes peines, tes joies. C’était obligatoire. On n’avait
pas le droit de choisir qui on voulait [pour les dialogues].Ce que tu dis en
confidentialité est répèté aux responsables et tu te feras gronder à une occasion ou
au cours d'une réunion tu seras le traitre. Tu es donc regardée d'un œil…
Communication avec nos familles ?
Tu n’as pas le droit d’appeler ta famille. Une seule fois par mois tu peux écrire à tes
parents. Si tu recevais une lettre que ce soit d'un ami ou de ta famille, elle devait
être lue devant tout le monde à l’heure du repas. Aux Burkina par exemple, les
aînées ne mangent pas ensemble avec les jeunes: il faut lire la lettre deux fois
quand tu es stagiaire en formation.
Je trouve ça manque de respect et violer l'intimité de l autre.
Question: Et la direction spirituelle?
Réponse: On n’a pas le droit de choisir et parler avec qui on veut. Les responsables
choisissent un prêtre pour toutes les sœurs. Tant que les responsables n’aiment pas
le prêtre, il ne faut pas chercher plus loin. Il est interdit aux jeunes d'avoir des
contacts avec des prêtres mais les aînées ont droit car elles se disent assez mûres
pour gérer tout problème. Nous n'avons pas non plus le droit d'avoir des amis
personnels. On a pas droit de recevoir des dons pour nos familles, cela revient à la
communauté mais nous les jeunes, nous voyons bien des responsables qui ont plein
d’amis qui aident leur famille.
Je signale que j'étais très choquée d'une chose qui m a blessée pour toute ma vie.
J'étais en formation en Europe, j'avais pas de nouvelles de ma famille. Les TM me
rassuraient que tout va bien, que ma famille n'ont aucun problème.
Lorsqu'on m’a nommée au Burkina, on a refusé que je rentre au village voir ma
famille soit disant que j'ai le temps. Un jour que je devais accompagner une TM voir
la famille d'une autre TM qui est à l'étranger, on devait traverser obligatoirement
devant ma cour pour se rendre chez l’autre TM. En passant je voyais ma famille
assise sous l'arbre, j’ai demander si on peut passer les saluer. Elles m'ont répondu
qu'à notre retour. J'accepte. A notre retour, on passe chez moi et à ma grande
surprise, je trouve mon père couché a même le sol sans aucun vêtement juste un
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
petit short déchiré et on m'a fait savoir que c'était le curé qui l avait donné
heureusement.[????]
Question : Aviez-vous une chambre individuelle ?
Réponse : Au Burkina on avait un dortoir à 5. Seule, c’est vraiment rare. A Lourdes
chacune avait sa chambre individuelle. A Rome on avait douche commune et
chambre commune : on pouvait être 2 ou 5 par chambre.
Question : Et les vacances ?
Réponse : Tous les 5 ans on avait un mois pour aller voir la famille, puis tous les 4
ans avec un mois et demi.
Question : Et l’argent pour les vacances ?
Réponse : On m’a donné 300 Euros quand j’ai quitté [définitivement]. On m’a
donné 2.000 couronnes quand j’ai quitté une première fois en 2005 depuis la
République tchèque.
Je priais, je priais…[pour savoir quoi faire].
En 2008 je suis retournée ; j’étais à Lourdes en 2008-2009 et j’ai quitté.
J’ai compris que ce n’était pas ma place.
Question : Aviez-vous un contrôle médical régulier ?
Réponse : J’étais tout le temps malade. Il y avait le psychologique qui travaillait
dans le physique. J’essaye de parler, mais tu n’as pas droit à la parole. Cela se
traduisait par des pleurs. On me causait : « tu n’es qu’un enfant ». Les
responsables essayaient de nous faire raconter notre vocation. J’ai eu tort de dire
que mes parents étaient morts. Les autres pour me faire souffrir : « tu es née dans
la poubelle, tu as été rejetée ». Je ne pouvais pas parler. On m’écrasait. En
communauté je souffrais trop.
De 2005 à 2008 je ne suis jamais allée voir un docteur. Il faut aller à deux comme
des enfants chez le médecin. Ah ! ça m’énerve : c’est comme si tu es encore un
enfant… La seule fois où on m’a laissée aller voir le médecin toute seule c’était au
Burkina. Je souffrais de calculs. J’avais très mal. On m’a donné la mobylette pour
aller le voir. J’étais deux jours alitée comme dans un coma. Je ne pouvais pas
parler. Aucune sœur n’est passée pour seulement me propose un verre d’eau. Il n’y
a pas d’humanisme.
Question : Pourtant au Burkina il y a une belle réalisation : il y a un orphelinat créé
par les TM…
Réponse : Une sœur péruvienne a créé l’orphelinat à Ouagadougou. On l’a
découragée. Elle a quitté la Communauté et est retournée au Pérou. On voulait la
faire travailler comme les autres en plus de l’orphelinat.
Question : Avez-vous reçu une formation professionnelle ?
Réponse : On m’a dit : « tu vas étudier ». J’étais au niveau cinquième. Arrivée à
Rome, il n’y avait rien. Pourtant j’étais bonne élève. On a passé des années [dans la
communauté], on n’a aucun diplôme.
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LE DESTIN DE SOLANGE MARE
« Je ne voulais pas que la haine prenne le dessus »
«… comme je ne veux pas la haine je pars »
Informations recueillies le 10 avril 2014 auprès d’Emilienne SAKOUGRI.
Emilienne SAKOUGRI a bien connu Mademoiselle MARÉ Baowendsida Emma Judith Solange,
originaire du Burkina Faso, de la même génération qu’elle.
Solange MARÉ a eu des ennuis de santé et elle a dû se faire soigner à Paris. Mais les
responsables, notamment l’économe de la communauté, n’avaient de cesse de lui répéter qu’elle
coûtait cher à cause de ses soins. Ensuite il était toujours difficile d’obtenir de l’argent, ne seraitce que pour aller à la pharmacie faire exécuter les ordonnances.
Solange était très affectée de cette situation et elle a préféré « fuguer » chez sa tante à Marseille,
en fait se réfugier chez elle car elle souffrait beaucoup moralement et physiquement.
Gravement malade Solange est morte le 21 août 2010 au Centre hospitalier Pierre-Feu, en
chambre d’isolement et entravée, après une hospitalisation depuis la veille pour trouble du
comportement à l’âge de 36 ans et a été enterrée à Marseille.
Émilienne nous dit qu’elle était « dans la blessure profonde de ce qu’elle a vécu » et « qu’elle
parlait beaucoup de sa souffrance ».
Sa mort à l’hôpital a été bizarre : une autopsie a eu lieu sans le dossier médical qui était sous
scellé sans doute pour l’enquête et l’hôpital a conservé 8 jours sa dépouille mortelle avant qu’on
puisse l’enterrer à Toulon.
Sa Maman à Ouagadougou n’a pu se déplacer pour les funérailles de sa fille et a fait dire une
messe en famille. Pour cette circonstance elle a demandé aux responsables des Travailleuses
Missionnaires qui sont sur place à Ouagadougou de venir témoigner lors de cette messe des
services rendus par Solange à la communauté. Mais les responsables ont refusé de le faire et ne
se sont pas déplacées pour cette messe du Souvenir, ce qui est bien triste pour la Maman. En
effet, pour les TM c’est parce qu’elle a quitté la communauté que ce malheur lui est arrivé. Mais
pour la maman de Solange se sont les TM qui ont tué sa fille et elle répète avec grande et
profonde colère que cette communauté « brûlera en enfer ».
Pourtant cette femme est une grande militante dans l’Église avec une grande Foi. Elle
accompagne un prêtre exorciste très renommé au Burkina et hors du Burkina, pour des séances
de prières et de retraites.
Enfin, les circonstances du décès de Solange ont nécessité une enquête qui s’est soldée par un
classement sans suite par un Magistrat de Toulon le 16 janvier 2012.
A ce jour, ses affaires se trouvent toujours dans les locaux de la gendarmerie de Pierre-Feu du
Var et malgré les demandes et relances, on n’a pas de nouvelles par rapport à ses affaires. Un
déplacement sur place est prévu car la maman tient beaucoup à récupérer les affaires de sa fille.
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Il faut noter qu’au vu des conclusions de l’autopsie et des circonstances du décès, on a pensé à
une erreur médicale ou du moins à une non assistance mais on n’a pas encore réuni assez
d’éléments.
à Nous publions ci-dessous le message adressé par Solange MARE à une travailleuse
missionnaire le 5 mars 2009 par lequel on comprend comment le comportement de « ces bonnes
femmes », comme elle les appelle, lui refusant d’aller se faire opérer d’un fibrome parce qu’elle
coûtait cher l’a amenée à quitter la communauté pour aller mourir à Marseille.
Mail du 5 mars 2009 de Solange MARÉ à Gracia
Un grand merci pour ton message.
Moi, ça me coûte mais je pense que si la vie TM est ainsi, elles finiront par détruire la
belle œuvre du père (Roussel).
Je suis partie parce que je ne voulais pas que la haine prenne le dessus. Alors l'unique
moyen c'est de me retirer. Mais celles qui t’ont dit que je suis partie, demande-leur voir
pourquoi je suis partie.....
Ne leur dis pas que tu sais un peu la vérité. Laisse-les dans leur doute. Moi je m'en
fiche des rumeurs. Je veux la paix et rien d'autre.
L'HISTOIRE a commencé l'année dernière (2008). Au mois de mai, j'avais des
hémorragies causées par les fibromes. Mon médecin traitant (à Toulon) m’a dit
d'opérer et a tout organisé. Elle m’a fait une lettre pour que ces bonnes femmes [les
responsables TM] puissent me croire, mais quand j'ai parlé à Cécile [responsable des
TM à l’époque à l’Eau-Vive de Toulon], elle m’a dit : « tu iras à PARIS POUR le faire ».
Et cela est resté sous silence, parce qu'il faut une remplaçante [au poste de cuisine
dont s’occupait Solange].
Je n'ai rien dit jusqu'au mois de juillet, le 24 exactement, quand Clémentine
[Responsable Générale de l’époque à Rome] m'a appelé (téléphone) en me disant que je
SUIS nommée à Bobo [2ème Eau-Vive du Burkina Faso].
Je lui ai dit : « très bien !» Mais je lui ai encore exposé le problème [l’opération des
fibromes] et je lui ai dit que cela dure déjà depuis 3 mois et je n'ai pas de réponse. Elle
me dit : « on va réfléchir ».
Le 28 juillet elle passe à Toulon. Je demande à lui parler et elle me répond qu'elle n'a
pas le temps, une sorte de fuite. Puis ensuite, elle m'accorde deux minutes. Bref j'étais
sous le choc quand elle est partie à Marseille, et au retour elle me dit : « nous avons
pensé qu'il faut que tu ailles à Paris ». Je lui ai dit : « si je pars à Paris, je n'aurai pas
de rendez-vous avant un mois ! Vous savez comment ça fonctionne les hôpitaux ? ».
Elle me répond : « ça ne fait rien ! ». Je lui ai dit : « on verra ! ».
Je suis allée à Lourdes pour avoir la lumière, mais hélas ! J'ai dit à la Sainte Vierge :
« si je gagne les soins avant un mois je resterai dans la Famille [TM] autrement je me
retire ».
Le 8 août, Clémentine appelle. Elle ne m’a pas parlé. Elle dit à Cécile de me dire qu'il
faut que je parte à Paris le 12, parce que mon rendez-vous c'est le 28 août.
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Bref, j'arrive à Paris et j'apprends que le rendez-vous c'est le 16 septembre et il fallait
tout reprendre à zéro. Je n’ai eu les soins que le 10 décembre.
Jour et nuit, je perdais du sang. Tu imagines mon calvaire ? Dieu seul sait ! Et en
plus, des douleurs ! Et l'on veut que je vive comme tout le monde. Je voulais partir
depuis mais je me suis dit que je vais devoir tout reprendre.
J'ai pété les plombs le 31 décembre quand Clémentine a appelé en me disant : « ta
nomination a changé. On a pensé que tu iras à Loumbila [Orphelinat géré par les TM
au Burkina Faso]. Réfléchis mais termine d'abord tes soins ».
Dans mon cœur, une tristesse m'envahit. Je me suis dite : « on veut te liquider en
douce mais ce sera pas cette fois-ci »
Alors, je me suis retirée sans explication, puisque c'est elle l'explication. Je ne vais pas
me laisser tuer bêtement.
Et là Magali [L’économe générale des TM] se permet de me dire qu’il ne faut pas que je
ruine la Famille (TM). Tout ça engendre en moi une haine pour ces TM. Ce n'est pas la
Famille (TM) que je n'aime pas, mais je refuse de subir des souffrances qui donnent de
la joie à certaines personnes. Ce que Magali a dit, Cécile me l'avait dit autrement
quand elle m'a répondu : « tu iras à Paris te faire opérer car tu nous coûtes cher » Je
lui ai dit : « Ah bon ? Je vous coûte cher ? » Et elle dit : « ce n'est pas ce que j'ai voulu
dire. Tes médicaments coûtent cher ». Je lui ai dit : « je ne les achète pas par plaisir ».
Si tu veux, demande aux Florence [qui a quitté après Solange et vit à Marseille] même
Chantal T…. [qui a quitté en 2013 dont vous avez eu le témoignage] et NNNN (qui a
quitté et vit à Angers) comment je souffrais. C'est trop ! Plus moralement. Et j'ai voulu
mettre fin à tout cela.
Clémentine est passée deux ou trois fois à Paris, et elle n’a jamais cherché à entrer en
contact avec moi. Je refuse de déranger. Elle n'a pas le temps ? Moi je n’ai rien à lui
dire ! Jusqu'à mon départ, je ne lui ai jamais parlé de ce qui m'habitait. Comme je ne
veux pas la haine, je pars continuer mes soins sans problème car là où je suis,
personne ne va dire : « tu nous ruines » ou encore « tu nous emmerdes » ou « tu nous
coûtes cher ».
Je te laisse car c'est trop pour tout vider. Si je n'avais pas souffert ainsi, en plus il y
avait tous pour me soulager.
Le docteur ne comprenait rien à leur décision et elle avait des larmes aux yeux quand
je suis allée lui dire au revoir. Elle me disait : « pourquoi ? Je ne comprends pas ?»
C'est la même chose en 2005, et cela m’a coûté plus cher puisque j'ai eu une côte
coupée.
Fini la misère noire ! Qu’est ce que j'ai fait pour mériter ça ?
Alors je préfère le silence au bruit.
C'est celles de Lisieux qui font leur propagande car 2 jours après mon départ, elles
sont allées à Paris. C'est pourquoi il y a du bruit, « comme leur bouche ne porte pas
culotte ». C'est devenu leur sujet de conversation. Quand elles vont se fatiguer elles se
tairont. Bref surtout Marijo [la responsable des TM du centre Ermitage à Lisieux à
l’époque et maintenant responsable de Toulon] et Claire [la responsable actuelle des
TM à Lisieux au centre Ermitage] elles parlent de ce qu'elles ne connaissent pas. Il
faut les laisser.
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
…Quand à ma mère, elle va bien. Je lui ai expliqué. Elle finira par l'accepter car c'est
moi qui vis et pas elle. Je te remercie de me soutenir dans la prière.
Prions les unes pour les autres pour que la volonté de Dieu se fasse là où nous
sommes.
Je te souhaite une bonne journée. Union de prières.
C'est bien ce que tu dis : « Tout est Grâce » et Dieu seul sait ce que cela représente
pour moi.
PRISE DE POSITION DE L’AVREF
« – Bien entendu, le personnel laïc qui serait utilisé par de telles communautés, congrégations, ou par de
tels établissements serait, dans tous les cas, considéré sur le plan fiscal comme salarié, avec les
conséquences qui en découlent tant pour lui même que pour son employeur. »
Extrait du guide de la valeur d’entretien publié par la Fondation des Monastères à l’usage des économes
des congrégations religieuses.
L’AVREF soutient l’action collective des travailleuses missionnaires burkinabé qui ont quitté ou
cherchent à quitter les restaurants EAU VIVE et à se libérer des abus et de l’emprise dont elles
ont été ou sont encore victimes.
Il appartient aux autorités, qu’elles soient civiles, pénales, ou religieuses de qualifier cette
situation en effectuant les enquêtes appropriées, et d’y remédier
En effet, pour les intéressées, le problème n’est pas tant de qualifier ce scandale que d’y
remédier. Ce qu’elles demandent c’est simplement que justice leur soit rendue.
A cet effet l’AVREF considère avec le Collectif constitué que cette situation nécessite que soient
prises diverses mesures immédiates destinées à remédier d’urgence aux nécessités les plus
criantes.
En effet certaines TM ont quitté cette communauté dans des conditions de grande précarité : il
convient donc de les aider à rebâtir leur vie qui dépend totalement pour l’instant de la solidarité
dont elles savent faire preuve entre elles.
De même certaines TM souhaitent quitter cette communauté et se libérer de la souffrance
qu’elles y endurent, mais elles redoutent la plongée dans l’inconnu. Un dispositif doit donc être
mis à leur disposition avec une cellule d’accueil et de reclassement indépendante leur permettant
de choisir en connaissance de cause le mode d’existence qui leur convient, en tenant compte de
leurs aspirations personnelles et des choix personnels et professionnels qui devront leur être
présentés qu’ils soient civils ou religieux. Les moyens nécessaires à ce reclassement : logement,
indemnités et formation professionnelle devront être assurés.
La délivrance d’attestations de travail conforme aux obligations légales est réclamée à juste titre
par les TM qui ont quitté le mouvement. Elle devrait faciliter dans l’immédiat leurs démarches de
reclassement.
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Ce dispositif devra concerner aussi bien celles qui se trouvent en France que celles qui ont été
mutées dans d’autres pays d’Europe, ou d’autres continents.
Simultanément tout recrutement nouveau doit être stoppé jusqu’à ce que l’on connaisse la
conclusion des enquêtes qu’il faudra diligenter.
De même toutes les cérémonies d’engagement prévues abusivement dénommées « fiançailles »
et « épousailles » doivent être suspendues.
L’Administration de la Communauté devra être confiée provisoirement à une autorité faisant
preuve de neutralité de sorte que soient évitées toutes mesures de pression ou de rétorsion à
l’encontre des membres et surtout des plus jeunes actuellement en formation. Cette mesure
permettra également de geler les avoirs tant que les cotisations dues n’auront pas été versées aux
organismes sociaux et que la Communauté ne se sera pas mise en conformité avec les règles
comptables et les législations sociales des différents pays où est présente sa chaîne de restaurants.
Outre ces mesures d’urgence il conviendra d’effectuer le calcul des arriérés et sommes dues aux
travailleuses présentes dans les restaurants ainsi qu’à celles qui les ont quittés en tenant compte
des horaires, des heures supplémentaires, des congés non pris, et de l’ancienneté professionnelle.
Lors des entretiens les intéressées ont également demandé que soient validés auprès de la
CAVIMAC les trimestres travaillés en France en vue de leur retraite future.
A propos du cas particulièrement douloureux de Solange MARE, la Famille Missionnaire
Donum Dei doit prendre en charge intégralement tous les frais de transport et de séjour de sa
mère pour lui permettre de récupérer les effets de sa fille à la gendarmerie de Pierre Feu du Var.
Il est important de noter que les intéressées ne cherchent pas systématiquement à judiciariser le
problème ; dans ce qu’elles ont enduré et que certaines subissent encore, elles ont sur faire
preuve de beaucoup de retenue et montrer une dignité qui attire le respect.
Toutefois cette attitude n’exclut pas toutes formes d’actions judiciaires qui pourraient être
engagées par la suite que ce soit au civil ou au pénal en fonction de la réponse donnée à leurs
attentes.
Le Bureau de l’AVREF
Avref2014(C)47 /50 AVREFDOSSIEREAUVIVE.pdf
Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Contact :
!
AIDE aux VICTIMES des DERIVES de MOUVEMENTS RELIGIEUX en EUROPE
et à leurs FAMILLES
Correspondance : 14, avenue de Sully -92370 Chaville
Tél. 07.50.24.77.30 - Courriel : [email protected]
Internet : http://www.avref.fr
Siège social : 3, rue Xaintrailles – 75013 – Paris - – N° RNA : W923002787
ANNEXE
Composition de la Famille Missionnaire Donum Dei (FMDD)
- Travailleuses Missionnaires
- Travailleurs Missionnaires
- Fraternité Donum Dei
Date de Fondation : 11- 02-1950
Affiliation à l’Ordre du Carmel : 22- 02-1987
Maison Générale
Conseil de Direction International
Famille Missionnaire Donum Dei
Via dell’Esquilino, 38
00185 ROMA
ITALIA
Tel. 06-4825447
Fax 06-485513
Pagina prima www.fmdonumdei.net
Consilium Generale electum mense novenbris 2009
• Antistita Generalis: Agnès Brethome
•
Vices Generalis: Marie Michèle Manukula
•
Prima Cons.: Albertine Ouedraogo
•
Secunda Cons.: Magali Gaussen
•
Tertia Cons.: Anna Hong
•
Quarta Cons: Angélina Zongo
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•
Quinta Cons: Thérèse Marie Nguyen Chiet
http://www.vicariatusurbis.org/?page_id=188&ID=2098
FAMIGLIA MISSIONARIA «DONUM DEI»
Associazione Pubblica di Fedeli
Via dell’Esquilino 38 - 00185 ROMA
tel. 06-48.25.447 - tel. 06-48.98.60.15 - fax 06-48.55.13
e-mail: [email protected]
Storia: Fondazione: 11 febbraio 1950 -
Diocesi di provenienza: Besancon (Francia) da Marcel Roussel-Galle -
Decreto Diocesano: 18 dicembre 1979 come Famiglia Spirituale -
Decreto Pontificio: 22 febbraio 1987.
Incaricati attuali:
[data nomina | N. Decreto | data inizio | data fine ]
Responsabili Generali Ramo Femminile:
Sr. Agnes Marie-joseph Monique BRETHOME (Famiglia Missionaria «Donum Dei»)
[ 27/01/2010 |
| 27/01/2010 |
]
Sr. Marie Clementine PARÉ (Famiglia Missionaria «Donum Dei»)
[ 29/11/2003 |
| 29/11/2003 |
]
Legale Rappresentante:
Sr. Marie Clementine PARÉ (Famiglia Missionaria «Donum Dei»)
[ 29/11/2003 |
| 29/11/2003 |
]
Membri presenti attualmente o in passato nella Diocesi di ROMA (4)
• Sr. Agnes Marie-joseph Monique BRETHOME (Famiglia Missionaria «Donum
Dei»)
• Sr. Marie Therese KADEBA (Famiglia Missionaria «Donum Dei»)
• Sr. Marie Clementine PARÉ (Famiglia Missionaria «Donum Dei»)
• Sr. Marie Michelle ROAMBA (Famiglia Missionaria «Donum Dei»)
Sources :
http://ocarm.org/en/content/citoc/25-years-affiliation-donum-dei-missionary-family
http://www.fmdonumdei.net/?page_id=10
Implantations en France :
Les centres de pèlerinages sont marqués en italiques.
- Lisieux
Liesse Notre Dame
Bayard sur Marne
- Donrémy
Besançon – les Fins
La Grâce Dieu
- Ars sur Formans
Menton
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Aide aux Victimes de dérives dans les mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
Toulon (S.A.R.L.)
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- Lourdes
Outre-mer :
Nouvelle Calédonie – Nouméa (S.A.R.L.)
Wallis et Futuna
Implantation internationale :
Italie - Tchéquie - Portugal - Burkina Faso - Kenya -Viêt-Nam - Philippines - Inde
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