Corrige ADD TS

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Proposition de corrigé Analyse d’un document
Introduction : Lors des cérémonies du 53e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, le 16 juillet 1995, commémorant
l’épisode tragique où 12 800 juifs, hommes, femmes enfants, sont acheminés jusqu’au Vélodrome d’Hiver de Paris
dans l’attente de leur déportation le nouveau Président de la République, Jacques Chirac, prononce un discours qui
marque un tournant majeur dans l’évolution de la mémoire de la Shoah où il décide de procéder à une
reconnaissance de l’implication de l’Etat français dans la déportation de juifs. Si cette reconnaissance n’apporte rien
de nouveau sur le fond, car les faits sont établis depuis bien longtemps par les historiens, elle constitue une rupture
sur la forme, car, pour la première fois un représentant de l’État assume ce douloureux passé. Comment ce texte
montre -t’ il l’évolution de la mémoire Juive de 45 à 1995 ?
Dès le début de son discours JC explique les raisons pour lesquelles la collaboration des autorités du régime de vichy
avec l’Allemagne Nazie est longtemps restée taboue et occultée. En effet il est, selon lui « des moments difficiles à
évoquer » . Ainsi , dès 1945,pour oublier « ses moments qui blessent » gaullistes et communistes, s’entendent pour
promouvoir une autre version de l’Histoire, plus héroïque et plus unificatrice. C’est ainsi que naît le mythe
résistancialiste qui veut que l’immense majorité des Français ait résisté à l’occupant. On ne nie certes pas que des
Français ont collaboré avec les nazis, mais on les présente comme une minorité insignifiante où l’État n’aurait pas été
impliqué. Et c’est avant tout par, honte que ce passé aurait été occulté. Plus fondamentalement, toujours d’après
Jacques Chirac, la volonté d’oubli de ces « heures noires » résulte du fait qu’elles « souillent à jamais notre histoire »
. Autrement dit, la Collaboration, en rupture avec la tradition française issue de 1789 et de la déclaration des Droits de
l’homme « sont une injure à notre passé et à nos traditions ». où les hommes naissent libres et égaux en droits.. C’est
précisément contre cette attitude de déni que Jacques Chirac va se positionner en ce jour de juillet 1995.
Ainsi ce16 juillet 1995 JC reconnait officiellement que des hommes, garants de la liberté et du droit « policiers et
gendarmes », obéissaient aux ordres de leurs « leurs chefs » se sont engagés dans la collaboration. Pour la première
fois de l’histoire de « ces années sombres » un président de la république, admet qu’il faut « Reconnaître les fautes
du passé et les fautes commises par l’Etat » , que la collaboration n’était pas le simple fait de Français, mais bien de
l’État français dans son ensemble. Et cette reconnaissance est d’autant plus forte qu’elle vient du chef de l’État luimême.
Néanmoins, la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la déportation de juifs n’est pas le seul fruit
de la volonté de Jacques Chirac . Elle résulte de l’affirmation lente et progressive de la mémoire juive (dès les années
60) . ex en 1961 le procès Eichmann en Israël permet de donner la parole aux survivants. Elle est aussi le fruit du
travail des Historiens tel que Robert Paxton( dans les années 70) qui remettent en cause le mythe « résistancialiste
» , elle est aussi le fait de citoyens et d’associations auxquels Jacques Chirac rend hommage à la fin de son discours,
citant Serge Klarsfeld. fils de déportés, qui crée en 1972, l’Association des filles et fils de déportés juifs de France à la
recherche les coupables et se mobilisant dans les années 1980 pour lutter contre le négationniste.
Elle est enfin le fait de cinéastes, à l’image du film Shoah (1985), de Claude Lanzmann, qui rappelle « l’horreur de
celles et ceux qui ont vécu la tragédie » en retraçant le sort des juifs d’Europe persécutés et exterminés par les nazis.
Dans ce contexte, le silence de l’État sur son implication devient de plus en plus intenable. C’est pourquoi en 1995, le
moment semble enfin venu d’en finir avec le déni et le président Chirac déclare haut et fort que « oui, la folie criminelle
de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français ».
Cependant, si Jacques Chirac reconnait la « collaboration » de l’État français il insiste sur le fait que, dans le même
temps, d’autres Français « de nombreuses familles françaises » s’étaient engagés dans « mouvement de résistance »,
Il ne s’agit pas pour lui de réactiver le mythe résistancialiste, mais de montrer le véritable visage d’une France, durant
la guerre, profondément divisée. Reprenant le discours de De Gaulle dont il se réclame en politique, Chirac insiste pour
dire « que la France de Vichy n’est pas toute la France » . Il faut donc aussi commémorer le souvenir des Français qui
ont par leur « action héroïque » lutté contre Vichy . Il termine d’ailleurs son discours en rappelant que « les trois
quarts de la communauté juive résidant en France » a survécu, grâce à l’action de Français des « 24 000 Justes parmi
46 nations» qui, cachant des Juifs , ont mis leur vie en danger pour les sauver . Ainsi, sans nier l’existence de la France
de Vichy, c’est aussi à cette France résistante que Jacques Chirac se rattache et appelle à « se souvenir ».
Conclusion
Avec ce discours, Jacques Chirac inaugure un nouveau rapport de l’État avec son histoire. Convaincu de la nécessité de
regarder le passé « bien en face », et ne rien « occulter » il estime que le déni est contre-productif. Mieux vaut
reconnaître les errements du passé pour ensuite mieux le valoriser et mettre en exemple l’attitude héroïque du «
vaste mouvement de résistance » qui fait aussi partie de la France de cette époque, de ce qu’elle a de meilleur