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UNIVERSITÉ PARIS VI FACULTÉ DE MÉDECINE PITIÉ-SALPÊTRIÈRE www.sun-pitie.com code barres Séminaires d’Uro-Néphrologie 2008 34 Séminaires d’Uro-Néphrologie XXXIVe Série - 2008 Publiés sous la direction de François Richard & Gilbert Deray 34e Série 2008 Séminaires d’Uro-Néphrologie PITIÉ-SALPÊTRIÈRE Publiés sous la direction de François Richard & Gilbert Deray “Les Séminaires d’Uro-Néphrologie ont été fondés par René Küss et Marcel Legrain et ont été publiés sous la direction de Christian Chatelain et Claude Jacobs jusqu’en 1998” Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par les caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). Editeur : Association Uro-Néphrologie de la Pitié-Salpêtrière - 83, boulevard de l’Hôpital, 75013 PARIS Réalisation : Accent Aigu, Paris - Janvier 2008 Dépôt légal : Janvier 2008 - ISBN 2-9526026-2-X Sommaire Chapitre 1 Actualités en dialyse L’anticoagulation de la séance d’hémodialyse L. Mercadal, M. Venditto, S. Hacini, E. Bourry, G. Deray . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Infections bactériennes chez le patient dialysé : une cause sous-estimée de mortalité M.S. Islam, V.L.M. Esnault . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Entérocoque résistant à la vancomycine en dialyse : les leçons d’un désastre A. Servais, L. Mercadal, M. Venditto, B. Issad, C. Isnard Bagnis, G. Deray, J. Robert . . . . . . . 21 Chapitre 2 Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? Intérêt de l’hémodiafiltration en-ligne à haut débit et données épidémiologiques B. Canaud, L. Chenine, D. Henriet-Viprey, H. Leray-Moraguès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 HDF on-line. Quelle modalité de substitution ? J. Potier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Hémodiafiltration on-line : quel dialyseur ? Évaluation et optimisation V. Joyeux, J.D. Potier, M. Berrada El Azizi, J. Bouet, A. Haddj-Elmrabet, P. Le Pogamp . . . . . 41 Hémodiafiltration on-line : quel dialysat ? T. Petitclerc, L. Mercadal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Hémodiafiltration en pré-dilution sans héparine T. Krummel, D. Bazin, P. Petitjean, T. Hannedouche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 HFR : une méthode originale d’hémofiltration à haut débit C. Fumeron, D. Briffa, H. De Preneuf, C.A. Dupuy, T. Petitclerc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Chapitre 3 Transplantation La xénotransplantation, quels progrès, quels espoirs G. Blancho . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Transplantation rénale à partir de donneurs à cœur arrêté : premiers résultats français C. Antoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 3 Sommaire Chapitre 4 Nouveautés en Néphrologie Insuffisance rénale aiguë après préparation colique pour endoscopie : rôle du phosphate sodique C. Isnard Bagnis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Place de la radiologie interventionnelle dans la prise en charge des tumeurs du rein (embolisation, radiofréquence) J.M. Correas, A. Khairoune, B. Mader, A. Méjean, D. Joly, O. Hélénon . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 Chapitre 5 Actualités Traitement de la glomérulonéphrite extra-membraneuse idiopathique B. Dussol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Traitement de la hyalinose segmentaire et focale idiopathique P. Grimbert, M. Matignon, V. Audard, P. Remy, P. Lang . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Chapitre 6 Vignettes Hypertension artérielle pulmonaire et fistule artérioveineuse en hémodialyse chronique F. Le Roy, M. Hanoy, F. Soulis, M. Godin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 Toxicité rénale des métaux lourds A. Baumelou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 La vitamine D est-elle néphroprotectrice ? G. Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Cytopathies mitochondriales en néphrologie : quand y penser ? Que proposer ? J. Guitard, A. Huart, L. Ouezzani, S. Faguer, D. Chauveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Facteurs de risque cardiovasculaire paradoxaux en dialyse Z.A. Massy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 Gadolinium et fibrose néphrogénique systémique V. Launay-Vacher, N. Janus, S. Karie, E. Ledneva, G. Deray . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 Le trou anionique plasmatique P. Houillier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 La péritonite sclérosante encapsulante (PSE) : du diagnostic au traitement B. Issad, G. Deray . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 4 Sommaire Chapitre 7 Cancer de prostate Impact d’une campagne d’information sur le dépistage du cancer de la prostate chez 2102 assurés A. de la Taille, L. Bastien, P. Lortic, E. Gaudry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Marqueurs moléculaires urinaires et cancer de prostate M. Rouprêt, E. Comperat, O. Cussenot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 PCA 3 urinaire avant re-biopsies A. de La Taille, A. Haese, H. Van Poppel, M. Marberger, P. Mulders, C.C. Abbou, A. Stenzl, L. Boccon-Gibod, H. Huland, J. Schalken . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 Chapitre 8 Obésité morbide et urologie Obésité et lithiases urinaires I. Tostivint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 Incontinence urinaire d’effort et obésité S. Bart, C. Ciangura, F. Thibault, F. Richard, A. Basdevant, E. Chartier-Kastler . . . . . . . . . . . 145 Chapitre 9 Cancérologie Histologie des tumeurs planes de la vessie E. Compérat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 La chirurgie de rattrapage des masses résiduelles rétropéritonéales après chimiothérapie des TGNS métastatiques A. Houlgatte, X. Durand, D. Rouquie, Ph Camparo, M. Bordenave, E. Deligne . . . . . . . . . . . 150 Tumeurs de l’épididyme M.O. Bitker . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 Marqueurs pronostiques des carcinomes urothéliaux de la voie excrétrice supérieure M. Rouprêt, E. Comperat, O. Cussenot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 Thérapeutiques ciblées dans le traitement du cancer du rein métastatique F. Thibault, O. Rixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159 5 6 Chapitre 1 Actualités en dialyse 7 Chapitre 1 - Actualités en dialyse L’anticoagulation de la séance d’hémodialyse Lucile Mercadal, Marcia Venditto, Sabria Hacini, Edouard Bourry, Gilbert Deray Service de néphrologie Hôpital Pitié-Salpêtrière 83 bd de l’hôpital - 75013 PARIS L’anticoagulation de la séance d’hémodialyse est le plus souvent indispensable au maintien de la circulation dans le circuit sanguin extra-corporel. Elle doit être adaptée pour représenter la dose nécessaire et suffisante au maintien de cette circulation. Elle est principalement basée sur la prescription d’héparine standard ou d’héparine de bas poids moléculaire dont nous envisagerons les avantages et inconvénients. Dans les conditions d’un patient à risque hémorragique, cette anticoagulation doit être suspendue au profit de mesures de surveillance du circuit. L’anticoagulation régionale au citrate prend ici toute sa place et doit être sécurisée pour en permettre une utilisation plus répandue. Enfin les patients atteints de thrombopénie induite par l’héparine peuvent bénéficier de danaparoid dont l’inconvénient majeur est cependant une anticoagulation de très longue durée. peut être suspendue à la dernière heure. Les tests d’hémostase montrent un TCA de l’ordre de 3 fois la normale dès la dixième minute de dialyse qui se maintient jusqu’à la fin de la deuxième heure. L’arrêt de l’injection continue permet une décroissance rapide du TCA pour obtenir un TCA inférieur à 2 fois la normale à la fin de la séance et un TCA normalisé une heure après débranchement. Les HBPM agissent par une inhibition prépondérante du facteur antiXa. Leur clairance est exclusivement rénale. De ce fait, l’anticoagulation efficace par HBPM pour thrombose veineuse chez l’insuffisant rénal majore notablement le risque hémorragique par rapport à l’emploi d’héparine standard. Dans TIMI II et ESSENCE, les patients insuffisants rénaux sous HBPM ont un risque d’événements hémorragiques de 7.5% contre 1.2% pour les patients sous héparine [2]. L’anticoagulation par HBPM de la séance d’hémodialyse s’est développée avec une posologie adaptée à cet emploi. La dose nécessaire dans cette indication diffère selon les molécules employées. L’enoxaparin est recommandée à une posologie de 1 mg/kg en AMM mais les études ont permis d’établir qu’une dose de 0.7 mg/kg était nécessaire et suffisante pour obtenir l’anticoagulation désirée [3]. Une dose de 5000 UI de fragmine est recommandée en AMM mais une dose de 2500 UI semble nécessaire et suffisante [3]. Enfin la tinzaparin, particulièrement étudiée chez le patient insuffisant rénal est recommandée à une dose de 75 UI/kg. Quelle que soit la molécule employée, une dose additionnelle plus faible est nécessaire pour les séances de plus de 4 heures. L’emploi de ces schémas permet 1/ Anticoagulation standard L’héparine standard inhibe la thrombine et le facteur antiXa. Sa clairance se fait par captation cellulaire et inactivation intra-cellulaire. La clairance rénale n’intervient que pour les fortes doses. Sa demi-vie est courte par rapport aux héparines de bas poids moléculaire (HBPM), de l’ordre de 90 minutes. D’après les recommandations européennes, une anticoagulation à l’héparine standard comprend 50 UI/kg d’héparine en bolus suivie de 800 à 1500 UI/heure en continu [1]. Cette anticoagulation 8 L’anticoagulation de la séance d’hémodialyse d’obtenir un anti-Xa efficace dès la dixième minute proche de 1 avec une décroissance per séance permettant d’atteindre un anti-Xa de l’ordre de 0.4 à la quatrième heure. La décroissance reste ensuite plus lente qu’avec une héparine standard, du fait d’une demi-vie plus longue. La cinétique des HBPM administrées par voie intra-veineuse est à bien différenciée de celle de la voie sous-cutanée avec laquelle une injection unique à ces posologies ne génère jamais qu’une anticoagulation isocoagulante [4]. Le défaut de connaissance de cette différence engendre souvent, en pratique courante, une anticoagulation efficace de la séance chez des patients à risque hémorragique. standard. Au total, la méta-analyse retrouve un risque comparable de saignement et de thrombose de circuit sous héparine standard ou sous HBPM. Ce résultat reste applicable à des patients sans risque hémorragique. La littérature ne fait pas état d’une différence de risque ou d’efficacité entre les différentes HBPM. On remarquera que l’emploi d’une dose de 0.7 mg/kg d’enoxaparin produit une anticoagulation similaire à une dose de 2500 UI de dalteparin [3]. Ces doses sont toutes deux inférieures à celles fournies par les AMM et semblent les doses qui doivent être recommandées au vu des tests d’hémostase. Quel que soit le choix de l’anticoagulation, la suppression de l’injection initiale en bolus permet d’éviter le risque d’un surdosage d’anticoagulation en début de séance, relativement fréquent avec les doses recommandées d’héparine standard ou d’HBPM [5]. Les HBPM pourraient avoir d’autres avantages. Elles pourraient avoir un rôle moins délétère sur la lipoprotéine lipase. L’héparine induit un relargage de la lipoprotéine lipase (LPL) attachée à l’héparane sufate recouvrant l’endothélium vasculaire. Le taux de triglycérides chute secondairement à ce relargage pour remonter à un taux plus élevé en fin de séance du fait d’un déficit relatif en LPL. L’administration répétée d’héparine peut induire un déficit constitué en LPL. Les HBPM induisent un relargage moindre qui a pour conséquence une diminution des triglycérides et des LDL denses sous HBPM [8]. L’effet reste mineur et débattu [9]. L’ajustement des doses d’anticoagulant est principalement fait sur l’état du circuit. Les tests d’hémostase peuvent permettre de vérifier qu’il n’y a pas de surdosage en anticoagulant. Un besoin important d’anticoagulant doit faire vérifier en premier lieu les conditions hémodynamiques du circuit et en particulier la présence d’une recirculation. L’héparine standard induit une hyperkaliémie liée à l’inhibition de l’aldostérone qui est dose dépendante et qui est moindre avec les HBPM. Une augmentation de l’ordre de 0.5 mmol/L de la kaliémie pré-dialyse a été mise en évidence avec l’héparine standard versus d’HBPM, directement liée à une diminution de l’aldostérone sous héparine standard [10]. Peu de différence a pu être établie selon la membrane de dialyse employée [11]. Les membranes haut flux épurent plus les HBPM [12]. En hémodialyse, les HBPM et l’héparine standard présentent dans les études une efficacité et une sécurité d’emploi comparables. Une méta-analyse récente reprend les études ayant comparé les deux types d’anticoagulation chez des patients sans risque hémorragique [6]. Les doses comparées sont très variables. L’héparine est employée à la dose de 1 500 à 5000 UI en bolus et de 36 à 62 UI/kg en entretien. La même variabilité est retrouvée dans la prescription des HBPM. Dans l’étude de Saltissi, la dose d’enoxaparin initialement employée de 1 mg/kg sera secondairement diminuée à 0.7 mg/kg en raison de l’augmentation notable du temps de coagulation des points de ponction [7]. Dans l’exemple de la nadrorapin, l’étude de Numohamed retrouve une tendance à un augmentation du risque de saignement avec une dose de 80 à 100 UI/kg alors que l’étude de Stefoni retrouve une tendance à une diminution ce risque avec une dose de 60 UI/kg en comparaison avec de l’héparine L’augmentation de l’ultrafiltration horaire a un effet pro-coagulant. Cet effet est particulièrement visible en hémodiafiltration à haute efficacité [5] et ce d’autant que le mode post dilutionnnel est utilisé. Enfin différents facteurs patients interviennent. On citera le taux d’hématocrite, l’existence d’un syndrome inflammatoire avec hyperfibrinogènèmie, des anomalies pro-coagulantes de l’hémostase, un accès vasculaire induisant une recirculation, un faible débit sanguin, des arrêts de 9 Chapitre 1 - Actualités en dialyse pompe et des chutes tensionnelles. Une anticoagulation efficace hors séance peut permettre de diminuer la dose d’anticoagulant lors de la séance [13], voire plus rarement de la supprimer. l’hémodilution par du sérum physiologique. Cet effet serait lié à la diminution des facteurs anticoagulants physiologiques. Le rinçage du circuit n’a donc pour but qu’une surveillance du circuit et doit être assujetti du changement prophylactique du circuit en cas de coagulation menaçante. Au total, l’anticoagulation de la séance du patient sans risque hémorragique est une anticoagulation efficace basée sur l’héparine standard ou l’HBPM sans différence de rapport bénéfice risque. Les conditions rhéologiques doivent être optimisées pour permettre une moindre anticoagulation. Le respect des doses doit permettre d’éviter tout risque de surdosage en anticoagulant. L’anticoagulation au citrate, malgré sa présence dans les recommandations, n’est pas utilisée en pratique courante en France. Son utilisation doit passer par l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché en tant que dispositif médical. Elle ne peut être actuellement prescrite que sous la seule responsabilité du prescripteur. En second lieu, le dispositif d’utilisation doit bénéficier de mesures de sécurisation de la technique. 2/ Anticoagulation de la séance des patients à risque hémorragique La technique est basée sur l’injection continue de citrate dans la ligne artérielle, le plus en amont possible du rein artificiel pour favoriser le mélange et la chélation du calcium avant le passage dans le rein artificiel. Le citrate chélate le calcium, appelé facteur XIII de la coagulation. En deçà de 0.4 mmol/L de calcium ionisé, la chaîne de la coagulation est bloquée. La technique nécessite l’emploi d’un dialysat sans calcium et sans magnésium. Le complexe citrate-calcium, petite molécule, est épuré. La partie non épurée sera métabolisée par le foie avec génération de bicarbonate. La calcémie ionisée est corrigée sur la ligne veineuse par injection de chlorure de calcium, au mieux après le bol veineux, rétablissant ainsi, le plus tardivement possible sur le circuit, une coagulation normale. Chez les patients à risque hémorragique, l’anticoagulation est contre-indiquée. D’après les recommandations européennes, elle doit être remplacée par des rinçages au sérum physiologique ou une anticoagulation régionale au citrate [1]. Le risque de coagulation d’une séance sans anticoagulant de 4 heures est évalué à 20% [1]. Ce pourcentage dépend du temps de séance. Il est bien inférieur pour une séance de 3 heures, quasi nul pour une séance de 2 heures et croît très rapidement après 4 heures. Les conditions rhéologiques doivent être optimisées avec un débit sanguin élevé et une recirculation faible. Le dégazage du rein artificiel doit être le plus complet possible. Il est conseillé un rinçage de sérum physiologique de 100 à 300 ml toutes les 30 minutes assorti d’un changement prophylactique du circuit en cas de coagulation visible et menaçant la pérennité du circuit. L’augmentation de la pression veineuse, signe de thrombose du rein artificiel, doit également conduire au changement prophylactique du rein seul ou du circuit entier suivant l’état des bols veineux et artériel. Le débit de citrate est directement dépendant du débit sanguin. La dose de 0.3 mmol de citrate pour 100 ml de sang a été retenue dans les recommandations. La dose peut probablement être diminuée pour les débits sanguins élevés. L’intérêt d’un débit sanguin élevé reste l’amélioration des conditions rhéologiques mais également l’augmentation de la clairance du citrate, intéressante pour diminuer le risque d’accumulation de ce produit. Différentes formules de citrate sont proposées : le citrate trisodique molaire ou semi molaire, moins hypertonique, ou la solution ACD, utilisée en plasmaphérèse ou cytaphérèse, moins concentrée, nécessitant donc un plus grand volume. Pour un débit sanguin de 300 ml/min, la solution de citrate semi-molaire (500 mmol/litre) sera infusée à un débit de 100 ml/heure tandis que la solution ACD sera perfusée à un débit de 420 ml/heure. La L’effet du rinçage au sérum physiologique reste discuté et son rôle est plus probablement celui d’une meilleure visibilité de l’état du circuit [14]. Une étude récente a montré que l’application de rinçages au sérum physiologique majore la coagulation et l’activation plaquettaire [13]. Ce résultat est concordant avec des études in vitro et in vivo qui montrent l’effet pro-coagulant de 10 L’anticoagulation de la séance d’hémodialyse sécurité de la perfusion peut être simple à installer sur les générateurs puisque le débit d’injection de citrate ne dépend que du débit sanguin. Les mesures de sécurité doivent comprendre l’arrêt des pompes de citrate et de calcium lors de l’arrêt de la pompe à sang. une sécurité d’emploi avec des doses réduites d’anticoagulant type enoxaparin 20 mg ou 3 000 UI d’héparine standard19. Une seconde étude publiée sous forme d’abstract note des résultats comparables de coagulation de circuit entre membrane synthétique F60 et AN69ST mais sur une durée de dialyse de 3 heures, durée peu discriminante en terme de risque de coagulation [21]. L’augmentation de la pression veineuse au cours des séances est de plus deux fois plus fréquente avec la membrane polysulphone (6 vs 15%), même si la différence est non significative sur un petit nombre de séances. Enfin une étude récente compare l’AN69ST avec priming hépariné et l’anticoagulation au citrate et conclut à la supériorité du citrate [22]. Deux études françaises sont en cours en dialyse aiguë et chronique sur l’emploi de l’AN69ST. Les mesures de sécurité sur la réinjection du calcium sont plus complexes à mettre en œuvre. L’injection dépend de la chélation du calcium et de son épuration. Un débit de 15 à 17.5 mmol/heure est recommandé avec un ajustement du débit de calcium suivant des contrôles de la calcémie ionisée. L’injection de citrate contenant du sodium, la conductivité du dialysat doit être réduite. Le métabolisme du citrate générant du bicarbonate, la conductivité bicarbonate doit également être réduite. 3/ Anticoagulation des patients atteints de thrombopénie induite par l’héparine (TIH) Le risque principal est l’accumulation du citrate, principalement mis en évidence dans les techniques de dialyse continue en réanimation. Les patients ayant une insuffisance hépatocellulaire sont particulièrement à risque. Une réduction moindre de la calcémie ionisée à 0.6 mmol/L par perfusion d’une moindre quantité de citrate a été proposée chez ces patients et pourrait être suffisante [15]. L’accumulation de citrate se traduit par une augmentation du calcium nécessaire pour rétablir la calcémie ionisée [16,17]. Une diminution du débit d’injection de citrate est alors indispensable voire son arrêt. LA TIH de type 1 survient dans les 5 jours après le début de l’héparine. Elle est transitoire et sans conséquence clinique. La TIH de type 2 est associée à la production d’anticorps anti-PF4, et induit une thrombopénie plus profonde avec un risque de thrombose artérielle évalué à 60% des patients porteurs des anticorps anti-PF4 [23]. Selon les recommandations, l’anticoagulation des patients atteints d’une TIH repose sur les héparanoids (Orgaran®), les inhibiteurs de la thrombine ou l’anticoagulation au citrate. L’emploi des héparanoids a pour inconvénients majeurs une demi-vie longue et l’absence d’antidote. La demi-vie impose une surveillance des anti-Xa au branchement en dialyse et une adaptation de posologie des doses administrées suivant l’anti-Xa (AMM). Même en présence d’une adaptation des doses, le niveau d’anticoagulation post séance reste très supérieur à celui induit par une HBPM [3]. L’anticoagulation au citrate représente sans aucun doute le meilleur mode de dialyse chez les patients à risque hémorragique [18]. Elle doit bénéficier de la mise en place de contrôle de sécurité. Elle diminue de plus l’activation leucocytaire, l’expression des molécules d’adhésion sur les leucocytes et le relargage cytokinique au passage de la membrane [19]. Elle est une des options d’avenir pour améliorer la biocompatibilité des techniques de dialyse. L’anticoagulation au moyen d’inhibiteurs de la thrombine a été proposée [24,25,26]. A noter que depuis ces publications, le melagatran et le ximelagatran ont été retirés de la commercialisation en raison de la survenue d’hépatite mortelle. L’argatroban a été proposé chez des patients porteurs d’un déficit en anti-thrombine III, L’emploi de l’AN69 ST avec priming à l’héparine ne fait pas partie des recommandations mais nous évoquerons les résultats obtenus avec cette technique. La membrane AN69 ST a un haut pouvoir de fixation de l’héparine comparée à une polysulphone [20]. Une étude française conclut à 11 Chapitre 1 - Actualités en dialyse résistants à l’héparine qui agit par activation de l’antithrombine III [27]. Il n’est pas disponible en France. Les anti-thrombines ont cependant une demi-vie fortement augmentée par l’insuffisance rénale. La possibilité d’un risque majoré de saignement a été évoquée [28]. de séances sans anticoagulation suivant le respect des recommandations. Ces séances sont le plus souvent réalisées avec rinçages du circuit au sérum physiologique et changement prophylactique du circuit. L’emploi d’une anticoagulation régionale au citrate semble le schéma idéal mais doit bénéficier de la mise en place de sécurités sur les générateurs. Elle impose de plus actuellement le contrôle des calcémies ionisées. Les patients atteints de thrombopénie induite par l’héparine bénéficient de l’emploi d’héparanoids avec mesure d’anti-Xa en début de séance. En conclusion, l’anticoagulation de la séance peut faire appel aux HBPM ou à l’héparine standard avec une équivalence de risque de thrombose de circuit et d’hémorragie si les doses sont respectées. Elle constitue une anticoagulation à dose efficace. Tout patient à risque hémorragique doit bénéficier Références 7- 1- Haemodialysis and prevention of system clotting. Nephrol Dial transplant 2002, 17, suppl 7 : 63-71 2- Spinler SA, Inverso SM, Cohen M, Goodman SG, Stringer KA, Antman EM; ESSENCE and TIMI 11B Investigators. Safety and efficacy of unfractionated heparin versus enoxaparin in patients who are obese and patients with severe renal impairment: analysis from the ESSENCE and TIMI 11B studies. Am Heart J. 2003 Jul;146(1):33-41 Saltissi D, Morgan C, Westhuyzen J, Healy H. Comparison of low-molecular-weight heparin (enoxaparin sodium) and standard infractionated heparin for haemodialysis anticoagulation. Nephrol Dial transplant 1999, 14: 2698-2703 8- Wiemer J, Winkler K, Baumstark M, März W, Scherberich JE. Influence of low molecular weight heparin compared to conventional heparin for anticoagulation during haemodialysis on low density lipoprotein subclasses. 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Nephrol Dial Transplant 2003, 18: 2097-2104 13 Chapitre 1 - Actualités en dialyse Infections bactériennes chez le patient dialysé : une cause sous-estimée de mortalité M. Shariful. Islam, Vincent L.M. Esnault Service de Néphrologie, Pavillon S, Hôpital Pasteur, 30 avenue de la Voie Romaine, 06002 Nice Introduction Risque infectieux en rapport avec l’abord vasculaire L’infection serait la deuxième cause de mortalité en hémodialyse (HD) après les pathologies cardiovasculaires [1]. Le taux annuel de mortalité par septicémie est de 100 à 300 fois plus élevé chez les hémodialysés que dans la population générale [2]. La majorité de ces décès par infection en hémodialyse sont d’origine bactérienne à partir de l’accès vasculaire [3]. L’incidence des bactériémies est encore plus élevée pendant les six premiers mois de retour en hémodialyse après un échec de la transplantation (11,8 / 100 patientsannées), par rapport aux patients jamais transplantés en hémodialyse depuis 3 à 6 mois (7,8 / 100 patients-années) et aux nouveaux transplantés rénaux depuis 3 à 6 mois (5,4 / 100 patientsannées) [4]. La fréquence des premières hospitalisations pour bactériémie a augmentée de 51 % entre 1991 et 1999 [5], en raison d’une part de la prise en charge tardive et inadéquate de ces patients en pré dialyse et d’autre part de l’augmentation des co-morbidités susceptibles de favoriser les bactériémies. De plus, les comorbidités contribuent de façon déterminante à la mortalité liée à l’infection [6]. Malgré ce tableau déjà alarmant, le poids de l’infection dans la mortalité globale en hémodialyse est probablement sous estimée, car l’infection n’est pas toujours documenté dans les états fébriles, les symptomatologies sont souvent atténuées par l’urémie et un traitement empirique par vancomycine est fréquemment débuté en l’absence de prélèvement bactériologique préalable [3]. L’abord vasculaire est le principal point de départ des infections en hémodialyse et les Staphylococcus (épidermidis et aureus) sont les principaux micro-organismes responsables des bactériémies [7]. Le risque d’infection est minimum avec les fistules artério-veineuses (FAV), et augmente en cas de greffe veineuse ou surtout synthétique. Le risque augmente encore un peu plus avec les cathéters permanents tunnélisés, et est maximum avec les cathéters temporaires non-tunnélisés [7-16]. Le risque infectieux est majoré par la non tunnélisation d’un cathéter après seulement deux semaines [17]. La tunellisation est bénéfique quelque soit le site d’implantation, et même en fémoral [18]. Cependant, la FAV est vraiment la référence absolue car l’analyse du coût et de la mortalité liées à l’infection au Staphylococcus aureus chez les hémodialysés, ne montre pas de différence à court terme entre un cathéter et une greffe prothétique [19]. Les infections en hémodialyse se compliquent souvent de greffes septiques graves : endocardites, embolies pulmonaires septiques, ostéomyélites, arthrites septiques et abcès divers [15]. La fréquence des endocardites infectieuses augmente compte tenu du vieillissement de la population des hémodialysés avec une incidence accrue de valvulopathies dégénératives calcifiées aortique ou mitrale [20], et surtout de l’utilisation de cathéter veineux [21], car la fréquences des endocardites reste stable en dialyse péritonéale [22]. Leur 14 Infections bactériennes chez le patient dialysé : une cause sous-estimée de mortalité diagnostic est souvent rendu difficile en dialyse du fait de la fréquence des formes non fébriles [21]. La mortalité est particulièrement élevée dans cette population [20, 21], surtout en cas d’atteinte mitrale [23] ou bi-valvulaire [24]. Le Staphylococcus aureus souvent résistant à la méthicilline est le principal agent responsable [25]. La chirurgie de remplacement valvulaire améliore le pronostic vital de ces patients pourtant à haut risque de mortalité périopératoire [26]. surmortalité liée à l’utilisation d’un cathéter par rapport à une FAV persiste après ajustement pour les facteurs de risques potentiellement confondants [34]. D’autre part, le changement de voie d’abord vasculaire au cours d’une étude prospective modifie le risque de mortalité, suggérant que pour un sujet donné, la mortalité diminue s’il passe d’un cathéter à une FAV, et augmente s’il passe d’une FAV à un cathéter [36]. Cette surmortalité globale n’est pas liée qu’aux complications immédiates des infections, car la mortalité cardiovasculaire est aussi augmentée par l’emploi d’un cathéter par rapport à une FAV [33] (de 47% chez les diabétiques et de 34 % chez les non-diabétiques). Autres infections responsables de surmortalité Les décès liés aux infections pulmonaires sont plus fréquents chez l’hémodialysé que dans la population générale [27]. L’incidence de la tuberculose est augmenté de 10 à 25 fois chez les hémodialysés par rapport à la population générale, particulièrement en Europe, en partie du fait de flux migratoire de patients à partir de zones endémiques [28]. Un retard au diagnostic dans un contexte urémique pourrait contribuer à une surmortalité. Alors que la fréquence de l’hépatite B diminue régulièrement, l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) devient un problème majeur chez les dialysés [29]. Environ 12 à 18.8 % des hémodialysés chroniques sont séropositif pour le VHC [30, 31]. L’infection par VHC augmente la mortalité de 25 à 60% [30, 31], particulièrement dans les six premiers mois de la dialyse [31]. A plus long terme, carcinome hépatocellulaire et cirrhose hépatique contribue à une surmortalité [30]. Le SIDA est un facteur de surmortalité en dialyse, même si le traitement antiviral agressif (HAART) a nettement amélioré la survie de ces patients. Les facteurs de risque de mortalité sont un taux bas de CD4, une charge virale élevée, l’absence d’HAART et un antécédent d’infection opportuniste [32]. Facteurs contribuant à une mortalité liée à un état septique, mais non imputée à une infection Le taux d’infection sur cathéter est probablement largement sous-estimé par défaut d’identification de germes par hémoculture ou culture de prélèvement du site d’émergence du cathéter, et une large utilisation de Vancomycine comme traitement probabiliste sans recherche bactérienne [3, 7, 15]. En l’absence de bactériémie identifiée, il existe de toute façon une infection latente du biofilm des cathéters [37]. Cette colonisation apparaît précocement après la pose, car 81% des cathéters sont infectés en moins de 2 semaines [38]. Les bactéries du biofilm conservent tout leur arsenal pathogénique [39]. Les infections augmentent le risque d’évènements cardiovasculaire dans la population générale [40-44], comme chez les sujets hémodialysés [5, 45]. Dans les six mois suivants une admission pour septicémie en hémodialyse, les risques d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque congestive, d’accident vasculaire cérébral et de maladie vasculaire périphérique sont multipliés par respectivement 4,1, 5,5, 4,1 et 3,8 [5]. Même après correction pour l’ensemble des variables confondantes, une hospitalisation pour bactériémie augmente par la suite de 133% les décès, de 78% les infarctus du myocarde, de 64% les poussées d’insuffisance cardiaque, de 64% l’artériopathie périphérique et de 104% les AVC [45]. Le Mortalité non directement imputée à l’infection Une dialyse sur cathéter augmente le risque de décès d’origine infectieuse [13], mais augmente aussi de 40 à 70% la mortalité totale [9, 11, 33-35]. Toutefois, ces études sont pour la plupart rétrospectives et non contrôlées, et ils existent de nombreux facteurs déterminant l’utilisation d’un cathéter plutôt qu’une FAV [35]. Cependant, la 15 Chapitre 1 - Actualités en dialyse mécanisme déclenchant ces accidents vasculaires comportent probablement des anomalies de la fonction endothéliale, de la coagulation et de la fonction cardiaque globale [45, 46]. Par ailleurs, une inflammation chronique contribue au phénomène d’athérosclérose accélérée [47] et à la dénutrition, constituant alors le syndrome MIA (Malnutrition Inflammation et Athérosclérose) [48]. corrélé à la mortalité que le taux de procalcitonine [64]. Enfin, la malnutrition et la cachexie sont souvent présentes au moment du décès d’un patient en dialyse, mais le décès est rarement imputé à la seule dénutrition [54]. Il est donc possible, que comme pour l’infection, le rôle de la dénutrition soit sous-estimé. Impact de la prévention et du traitement de l’infection Rôle de la co-morbidité et du syndrome MIA Le remplacement immédiat du cathéter source de l’infection, associé à une antibiothérapie générale, est la solution radicale de référence [65]. L’utilisation des solutions verrous antiseptiques ou antibiotiques entraîne une réduction des bactériémies d’un tiers ainsi qu’une diminution significative de la morbi-mortalité en rapport avec les infections de cathéter [66]. L’application de mupirocine en pommade sur l’émergence du cathéter tunnélisé trois fois par semaine entraîne une diminution significative des bactériémies liées aux cathéters et prolonge leurs survies [67]. Le traitement prophylactique des infections de l’émergence du cathéter diminue non seulement le risque d’infection, mais aussi la mortalité globale [68]. La prévalence de la malnutrition protéinoénergétique en hémodialyse varie de 23 à 73 % selon études [49]. Chez les hémodialysés chroniques deux types de malnutrition ont été évoqués. Le type 1 non-inflammatoire et noninfectieux, avec une albuminémie modérément basse, serait secondaire au syndrome urémique. Le type 2 est caractérisé par un syndrome inflammatoire, une augmentation du catabolisme protéique, une albuminémie très basse et un risque accru de maladie cardiovasculaire [50]. L’utilisation d’un cathéter est associé à un état inflammatoire chronique [51], et l’inflammation chronique contribue au développement de l’athérosclérose [52, 53] et de la dénutrition [52, 54], et est associée à une surmortalité en hémodialyse [54-57] comme en dialyse péritonéale [58]. Inflammation et infection sont étroitement intriquées puisqu’un traitement hypolipémiant par statine réduit fortement le risque d’hospitalisation pour bactériémie [59], et qu’une charge en fer augmente le risque d’infection [60]. L’inflammation chronique est aussi responsable d’un cercle vicieux puisqu’elle favorise la thrombose des FAV [61], augmentant ainsi le recours an cathéter veineux en urgence. Cependant, l’infection sur cathéter n’est pas la seule source d’inflammation chronique augmentant la morbi-mortalité cardiovasculaire puisque les infections à Chlamydia pneumoniae augmentent le risque de poussée de maladie coronaire [62]. L’infection sur cathéter n’est pas non plus la seule source d’inflammation d’origine infectieuse, puisqu’une paradontite même modérée entraîne une inflammation générale significative [63]. Les infections bactériennes n’expliquent pas non plus à elles seules la surmortalité liée à l’inflammation chez les hémodialysées, puisque le taux de CRP est mieux Le portage nasal de Staphylococcus auréus méthicilline résistant augmente le risque de bactériémie chez les hémodialysés [69, 70]. Le traitement de ce réservoir bactérien par mupirocine semble prévenir le risque d’infection généralisée [69]. Une dose de dialyse insuffisante et l’utilisation d’un cathéter seraient des facteurs indépendants d’infection de la voie d’abord vasculaire avec ou sans bactériémie [71]. Par ailleurs, une dose de dialyse insuffisante semble augmenter non seulement la mortalité coronaire, par accident vasculaire cérébral et cardiovasculaire globale, mais aussi la mortalité d’origine infectieuse [72]. Toutefois, ces données n’ont pas été confirmées par l’analyse post-hoc de l’étude prospective HEMO [73]. La fréquence de décès spécifiquement de causes infectieuses augmente avec la distance de l’habitation par rapport à son consultant néphrologue, alors que les décès de causes 16 Infections bactériennes chez le patient dialysé : une cause sous-estimée de mortalité cardiovasculaires ne semble pas dépendant de l’éloignement du patient [74]. Cette tendance est également constatée chez les patients en dialyse péritonéale [75]. responsable, l’origine de l’infection et les facteurs de risque favorisant cette infection afin de pouvoir agir sans délai. Aucun signe d’alerte n’est à négliger chez ces patients souvent peu symptomatiques. La diffusion de protocole pour chaque étape de la prise en charge des cathéters, depuis les procédures de manipulation, de prélèvement bactérien et de traitement, dans une démarche globale d’amélioration de la qualité de soins, permet de réduire la fréquence des bactériémies, des antibiothérapies et des hospitalisations [76]. L’utilisation d’un cathéter augmente le risque de mortalité par infection mais aussi la mortalité globale et cardiovasculaire. Même si l’utilisation de protocole de soin, de verrous antibiotique et de soin de l’émergence diminuent le risque infectieux et la mortalité, le risque sera toujours moindre avec une FAV. Une prise en charge néphrologique précoce comportant une préservation du capital veineux et une évaluation précoce de l’état vasculaire doit permettre de créer une fistule artério-veineuse dans les meilleures conditions. L’éducation du patient et l’engagement des personnels soignants et médicaux dans une démarche qualité sont indispensables. Conclusion Les infections chez les hémodialysés constituent une redoutable complication responsable d’une mortalité directe ou indirecte. Il est indispensable d’identifier au plus vite l’agent infectieux Références 1. Collins AJ, Kasiske B, Herzog C, Chavers B, Foley R, Gilbertson D, Grimm R, Liu J, Louis T, Manning W, Matas A, McBean M, Murray A, St Peter W, Xue J, Fan Q, Guo H, Li S, Roberts T, Snyder J, Solid C, Wang C, Weinhandl E, Arko C, Chen SC, Dalleska F, Daniels F, Dunning S, Ebben J, Frazier E, Johnson R, Sheets D, Forrest B, Berrini D, Constantini E, Everson S, Frederick P, Eggers P, Agodoa L: Excerpts from the United States Renal Data System 2004 annual data report: atlas of end-stage renal disease in the United States. Am J Kidney Dis 45:A5-7, 2005 6. 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Le phénotype vanA est caractérisé par une résistance acquise élevée à la vancomycine et à la teicoplanine, alors que le phénotype vanB est caractérisé par des niveaux variable de résistance à la vancomycine et habituellement une sensibilité, au moins in vitro, à la teicoplanine [1]. Les bactéries résistantes aux antibiotiques constituent une menace croissante de santé publique. Les maladies infectieuses sont globalement la cause majeure de décès à travers le monde et la deuxième cause de décès chez les patients dialysés. Plus de 70% des bactéries responsables d’infections sont résistantes à au moins une des drogues employées de manière usuelle pour traiter ces infections [1]. L’usage important d’antibiotiques dans les hôpitaux signifie qu’une souche résistante bénéficie d’un avantage sélectif pour survivre, proliférer et s’étendre. L’Entérocoque a émergé au cours de la dernière décennie comme un important germe nosocomial et des épidémies d’Entérocoque Résistant à la Vancomycine (ERV) se sont développées, tout particulièrement aux Etats-Unis. Les souches d’ERV sont un important agent causal d’infections nosocomiales, spécialement chez les sujets immunodéprimés. Ces infections sont difficiles à traiter dans la mesure où les ERV ne sont plus sensibles à la plupart des antibiotiques [2]. Les Entérocoques sont des cocci à Gram positifs qui sont habituellement présents dans le tractus intestinal. Ils sont responsables d’endocardites, d’infections du tractus urinaire, de septicémies et parfois de surinfections de plaies. La plupart des infections à Entérocoque sont causées par Enterococcus faecalis qui conserve le plus souvent une sensibilité à de nombreux antibiotiques. Les infections restantes sont le plus souvent causées par Enterococcus faecium, espèce considérée comme peu virulente mais plus souvent résistante aux antibiotiques que E. faecalis. C’est dans cette dernière espèce que l’on isole le plus fréquemment des entérocoques ayant une résistance acquise à la vancomycine (ERV), et plus généralement aux glycopeptides, familles d’antibiotiques considérée habituellement comme dernier recours lors de traitement des infections à cocci à Gram positif multirésistants. Il existe principalement deux gènes donnant une résistance acquise à la vancomycine : L’épidémiologie des ERV est variable selon les pays. Les Etats-Unis sont touchés depuis plus de 10 ans par une épidémie massive d’infection à ERV dans les hôpitaux, en particulier en cancérologie et en soins intensifs. En France, comme dans d’autres pays européens, les épidémies d’ERV sont moins fréquentes, mais il existe des porteurs sains dans la communauté et quelques épidémies hospitalières peu importantes [3]. En janvier 2007, nous avons été confrontés à une épidémie d’ERV dans le service de Néphrologie de la Pitié-Salpêtrière. Nous avons analysés les caractéristiques cliniques des patients porteurs (durées d’hospitalisation, comorbidités, antibiothérapies reçues, épuration extra-rénale, cathéters) 21 Chapitre 1 - Actualités en dialyse et les avons comparées à celles des patients contacts non porteurs. secteurs des patients contacts et porteurs. En hémodialyse, les patients porteurs ont été séparés des patients contacts avec création d’un deuxième secteur de dialyse. Ces mesures ont nécessité le recours à deux générateurs supplémentaires, le passage de 3 à 2 séances par jour et se sont traduites par une baisse de 30% de l’activité. A partir du 20/04/07, de nouveaux patients ont été admis, avec des générateurs et un personnel dédié. En dialyse péritonéale, les 2 porteurs identifiés lors du dépistage actif mais ayant une autre souche que celle de l’épidémie ont été isolés et séparés des contacts et des nouveaux patients. Une surveillance prospective du portage a été mise en place et les patients contacts ont eu au minimum 3 écouvillons de dépistage ainsi qu’un écouvillon à chaque admission et des écouvillons hebdomadaires ont été effectués en hémodialyse. La recherche d’un portage digestif asymptomatique d’ERV a été poursuivie chez tous les patients contacts et porteurs pour une période de 10 mois. Les patients contacts soumis à un traitement antibiotiques ont été surveillés de manière accrue. Tous les patients contacts ré-hospitalisés dans l’établissement ont été suivis (14 services, 30 patients). L’épidémie Une souche d’Enterococcus faecium VanB a été isolé dans le liquide péritonéal d’un patient, en l’absence d’infection, le 11 janvier 2007, dans le Service de Néphrologie de la Pitié-Salpêtrière. Ce patient était hospitalisé depuis le 7 décembre dans le service, suivi dans le secteur de dialyse péritonéale mais également hémodialysé de manière ponctuelle depuis son arrivée. Dès l’identification de la souche, des mesures d’hygiène ont été mises en place avec isolement du patient porteur, recherche d’autres porteurs par écouvillonnage rectal de tous les patients ayant été en contact avec ce patient dans les services d’hospitalisation, de dialyse péritonéale et d’hémodialyse Les patients contacts transférés dans l’établissement et encore présents ont été recherchés. Un système d’alerte en cas de réadmission dans le service ou l’hôpital a été mis en place. Deux cent trois contacts et 14 porteurs ont été identifiés (et 2 porteurs d’une souche différente). Un portage de SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline) a été dépisté chez les patients porteurs d’ERV (3 patients) et une tentative de décontamination nasale a été proposée. Une réflexion a été menée sur la décontamination des patients porteurs d’ERV et 8 patients ont reçu un traitement. Les pratiques concernant le choix des antibiothérapies, probabilistes en particulier, ont été modifiées. Des mesures administratives ont immédiatement été prises avec : information de la Direction, arrêt immédiat (et transitoire) des admissions en hospitalisation, arrêt des transferts hors et dans l’établissement, arrêt des admissions de nouveaux patients en dialyse, mesures d’hygiène renforcées (mains, tenue, bionettoyage) [4]. En hospitalisation, trois secteurs distncts ont été définis sur le plan géographique et organisationnel pour les porteurs, les contacts et les nouveaux patients. Un personnel médical et para-médical et un poste de soins ont été dédiés à chacun des 3 secteurs avec renforcement des mesures d’hygiène : usage accru de solutions hydro-alcooliques, port de tabliers et gants pour les soins aux patients contacts et aux nouveaux patients, port de pyjamas et surblouses dans le secteur des patients porteurs. Des stéthoscopes, sphyngomanomètres ou thermomètres ont été dédiés à chaque patient porteur. Les circuits de bio-nettoyage, de distribution des repas, les mouvements du personnel ont été revus. La réalisation d’examens complémentaires nécessitant un transfert dans l’hôpital a été reportée sauf pour les examens urgents indispensables. Ces mesures se sont traduites par une baisse de l’activité dans les Ces mesures de contrôle infectieux ont été efficaces pour limiter l’épidémie et empêcher la propagation du germe. Analyse des données cliniques Les caractéristiques cliniques des patients sont présentées dans le Tableau 1. Les données cliniques des patients porteurs et des contacts ont été analysées afin de déterminer les facteurs de risque d’acquisition d’ERV (Tableau 2). L’âge moyen était de 67,7±14,4 ans chez les porteurs et de 60,4±16,1 ans chez les contacts (p=NS). Quatrevingt cinq pourcent des porteurs étaient hémodialysés contre 36,5% des contacts (p<0.001). 22 Entérocoque résistant à la vancomycine en dialyse : les leçons d’un désastre Tableau 1 : Caractéristiques cliniques des patients Sexe (F/H) (%) Age moyen (années) Hémodialyse (%) Dialyse péritonéale (%) Transplantation rénale (%) Maladie hématologique (%) Néoplasie (%) Diabète (%) Cathéter central (%) Porteur de SARM Hospitalisations en 2006 en Néphrologie (jours/patients) Hospitalisations totales en 2006 (jours/patients) Hospitalisations en décembre 2006 en Néphrologie (jours/patients) Hospitalisations en décembre 2006 dans d’autres services (jours/patients) Hospitalisations en janvier 2007 en Néphrologie (jours/patients) Hospitalisations en janvier 2007 dans d’autres services (jours/patients) Nombre d’antibiotiques reçus par patient en 2006 Nombre d’antibiotiques reçus par patient en décembre 2006 Nombre d’antibiotiques reçus par patient en janvier 2007 Nombre de jours-cathéter par patient 68/105 (39.3/60.7) 60.9 ± 16.0 70 (40.5) 31 (17.9) 8 (4.6) 15 (8.7) 34 (18.7) 63 (36.4) 40 (23.1) 3 (1.7) 7.9 ± 18.9 4.4 ± 7.7 3.2 ± 6.2 2.0 ± 5.4 2.8 ± 6.3 1.6 ± 4.6 0.9 ± 1.9 0.3 ± 1.4 0.3 ± 0.8 22.7 ± 75.7 Nombre (pourcentage) ou moyenne ± écart-type. F, femmes ; H, hommes ; SARM, Staphylocoque Aureus Résistant à la Méthicilline. Discussion Par rapport aux contacts, les porteurs ont été davantage hospitalisés en 2006 dans le service (16,6±20,5 vs 7,2±18,6 jours/patient, p=0,009) et dans l’hôpital (13,8±15,1 vs 3,6±6,1 jours/patient, p=0,006). En décembre 2006, les porteurs ont été davantage hospitalisés dans d’autres secteurs de l’hôpital (4,3±9,4 vs 1,8±4,9 jours/patient, p=0,02) et, en janvier 2007, les porteurs ont été davantage hospitalisés en Néphrologie (12,0±15,5 vs 2,0±3,9 jours, p=0,004). Les porteurs avaient reçus plus d’antibiotiques que les contacts en 2006 (2,5±2,9 vs 0,7±1,8, p=0,002) et en janvier 2007 (1,4±1,6 vs 0,2±0,6, p<0,000001). Cinquante pour cent des porteurs avaient un cathéter central contre 20,8% des contacts (p=0.03) pour une durée de 71,8±139,5 jours-cathéter versus 18,3±66,3 jours-cathéter (p=0,006). En France, la prévalence des ERV parmi les germes nosocomiaux reste basse [5, 6]. Les colonisations et infections à ERV affectent principalement les patients sévèrement malades dans les structures de soins aigus [7-9]. Lors de l’émergence des ERV aux Etats-Unis, les études initiales ont montré que la plupart des patients colonisés se trouvaient dans des unités de soins intensifs [7]. Cependant, des ERV sont désormais retrouvés de plus en plus souvent chez des patients atteints d’insuffisance rénale, de cancer, chez des transplantés ou chez des patients d’hématologie [7]. La durée d’hospitalisation est un facteur de risque souvent retrouvé, ainsi que les transferts d’un service à un autre au sein d’un hôpital [7, 9-15]. La présence d’ERV est restée asymptomatique sauf chez deux patients : l’un a développé une septicémie et l’autre une angiocholite polymicrobienne, résolutives sous antibiothérapie. Dans la mesure où l’émergence de la résistance aux glycopeptides chez les entérocoques par le biais de mutations génétiques induites par l’exposition aux antibiotiques est peu probable [16], l’augmentation de la prévalence des ERV est 23 Chapitre 1 - Actualités en dialyse essentiellement due à une transmission croisée par le biais des mains du personnel soignant, de l’équipement et de l’environnement [9]. En effet, la proximité d’un patient porteur et le contact d’une infirmière prenant en charge un patient colonisé sont des facteurs de risque reconnus d’acquisition d’ERV [7]. La mise en place de mesures d’hygiène des mains et de techniques de bionettoyage efficaces sont donc indispensables. Par ailleurs, un dépistage des patients asymptomatiques à risque est préconisé et a prouvé son efficacité [9]. Une fois acquise, la colonisation par ERV peut persister pendant plusieurs années [24, 26], servant de réservoir pour une potentielle infection chez le patient colonisé et pour la dissémination chez d’autres patients. Il serait donc intéressant d’éradiquer l’ERV chez les patients colonisés, mais aucune association de traitements antibiotiques n’a réellement prouvé son efficacité. De ce fait, une fois les porteurs identifiés se pose la question de la durée du suivi et des mesures d’isolement. Le suivi doit être prolongé même en cas d’écouvillons négatifs et les mesures d’hygiène poursuivies tout particulièrement si un traitement antibiotique est introduit. De plus, des méthodes d’identification rapide des patients porteurs réadmis à l’hôpital sont nécessaires afin de mettre en place les mesures d’hygiène au plus tôt [27]. Plusieurs études ont identifié l’usage d’antibiotiques comme facteur de risque d’acquisition d’ERV [10, 11, 13, 17, 18], en particulier la vancomycine, les anti-anaérobies et les céphalosporines à spectre étendu [17, 19]. L’exposition aux antibiotiques peut favoriser la transmission des ERV par au moins deux mécanismes : (1) une susceptibilité accrue d’acquisition d’ERV par la suppression de la flore commensale normale ce qui confère un avantage sélectif de survie aux ERV acquis par transmission croisée et (2) une augmentation de la probabilité de transmission depuis un patient colonisé par augmentation de la concentration d’ERV dans ses selles [20] et donc une probabilité accrue de contamination de l’environnement ou de l’équipe soignante [1, 21]. Fridkin et al ont montré que l’acquisition d’ERV était associée à l’intensité de l’exposition aux antibiotiques [22]. L’usage d’antibiotiques peut également être associé avec une récurrence de colonisation par l’ERV chez des patients qui avaient trois écouvillons rectaux consécutifs négatifs [23, 24]. En fait, même si le lien entre l’exposition aux antibiotique et l’acquisition d’ERV a été abondamment étudiée, un certain nombre de controverses demeurent [9]. Par exemple, peu d’études ont déterminé le rôle de la vancomycine per os, mais on peut émettre l’hypothèse qu’elle exerce une pression sélective contribuant à l’émergence de ce type de résistances. En revanche, le rôle de la vancomycine par voie intraveineuse reste incertain [9]. Ce sont surtout les céphalosporines à spectre étendu [25], les anti-anaérobies et les fluoroquinolones qui ont été liées à l’acquisition d’ERV [9]. Enfin, les études qui ont cherché à établir l’impact de mesures de contrôle de l’usage des antibiotiques [9], en particulier des restrictions d’utilisation de la vancomycine ou des céphalosporines sont discordantes. Fait important, la plupart des patients colonisés par ERV ne développent pas d’infections [7], ce qui est confirmé par nos données. Le ratio des patients colonisés par rapport à ceux qui développent une infection est de 10:1 lorsqu’un dépistage systématique des patients à risque est mis en place. Les épisodes infectieux affectent les patients les plus sévèrement malades et le taux de mortalité atteint alors 60 à 70%. La moitié de ces décès peuvent être directement attribués à l’infection. Le rôle du laboratoire de microbiologie est fondamental afin de détecter rapidement les patients colonisés avant la dissémination du germe, y compris dans des prélèvements adressés pour une raison clinique. D’autres études comme la nôtre ont montré un contrôle efficace de l’épidémie grâce à la mise en place avant tout de mesures d’hygiène visant à prévenir la transmission croisée [10, 28, 29], y compris dans des situations endémiques avec plusieurs clones [28, 30]. La détection et la surveillance par écouvillonnage afin d’identifier les patients colonisés puis l’isolement et les précautions de contact ont prouvé leur efficacité [1, 10, 26, 28]. Le principal problème que posent les ERV, bactéries à faible pouvoir pathogène, est représenté par le risque de transfert de la résistance aux glycopeptides, en particulier à la vancomycine, vers les staphylocoques dorés [2, 31]. Le phénomène a été observé aux Etats-Unis chez 24 Entérocoque résistant à la vancomycine en dialyse : les leçons d’un désastre Tableau 2 : Facteurs de risque d’acquisition d’Entérocoque Résistant à la Vancomycine (ERV) Sexe (F/H) (%) Age (années) Hémodialyse (%) Dialyse péritonéale (%) Transplantation rénale (%) Diarrhée (%) Maladie hématologique (%) Néoplasie (%) Cathéter central (%) Sonde urinaire (%) Diabète (%) Artériopathie distale (%) Plaie (%) Hospitalisations en 2006 en Néphrologie (jours/patient) Hospitalisations totales en 2006 (jours/patient) Hospitalisations en décembre 2006 en Néphrologie (jours/patient) Hospitalisations en décembre 2006 dans d’autres services (jours/patient) Hospitalisations en janvier 2007 en Néphrologie (jours/patient) Antibiotiques en 2006 (N/patient) Antibiotiques en décembre 2006 (N/patient) Antibiotiques en janvier 2007 (N/patient) Antibiotiques (N/patient) Nombre de jours -cathéter ERV+ (N=14) 1/13 (7/93) 67.7 ± 14.4 12 (85.7) 1 (7.1) 0 1 (7.1) 1 (7.1) 3 (21.4) 7 (50.0) 2 (14.3) 7 (50.0) 2 (14.3) 1 (7.1) 16.6 ± 20.5 13.8 ± 15.1 3.1 ± 7.1 ERV- (N=15) 67/92 (42/58) 60.4 ± 16.1 58 (36.5) 30 (18.9) 8 (5.0) 4 (80.0) 14 (8.8) 31 (19.5) 33 (20.8) 7 (4.4) 56 (35.2) 20 (12.6) 2 (1.3) 7.2 ± 18.6 3.6 ± 6.1 4.7 ± 6.2 P 0.02 0.09 <0.001 NS NS NS NS NS 0.03 NS NS NS NS 0.009 0.006 0.3 4.3 ± 9.4 1.8 (4.9) 0.02 12.0 ± 15.5 2.0 ± 3.9 0.004 2.5 ± 2.9 0.7 ± 1.3 1.4 ± 1.6 4.6 ± 3.7 71.8 ± 139.5 0.7 ± 1.8 0.3 ± 1.3 0.2 ± 0.6 1.2 ± 2.5 18.3 ± 66.3 0.002 0.09 <0.000001 <0.0001 0.006 Nombre (pourcentage) ou moyenne ± écart-type. N, nombre; F, femmes ; H, hommes des malades hébergeant à la fois un ERV et une souche de SARM. La France connaît, comme ses voisins européens, une situation endémique de SARM dans les hôpitaux et les services de Néphrologie sont bien connus pour héberger des patients porteurs chroniques de SARM. Par ailleurs, aux USA, il a été montré qu’ils étaient un des foyers d’ERV. Notre expérience montre donc que le risque n’est pas négligeable en France et qu’il est nécessaire de s’alarmer dès le premier isolement d’un ERV. Nous avons montré que des mesures extrêmement rigoureuses, tant sur le plan de l’hygiène que sur le plan organisationnel, peuvent permettre de maîtriser une épidémie. Toutefois, le fait qu’en hémodialyse les patients viennent plusieurs fois par semaine pose un problème spécifique. La prévention de l’acquisition est donc indispensable en augmentant dès maintenant le niveau d’hygiène de base des unités d’hémodialyse et en débutant la réflexion sur le maniement des antibiotiques. 25 Chapitre 1 - Actualités en dialyse Bibliographie 1. Muto CA, Jernigan JA, Ostrowsky BE, Richet HM, Jarvis WR, Boyce JM, Farr BM: SHEA guideline for preventing nosocomial transmission of multidrugresistant strains of Staphylococcus aureus and enterococcus. Infect Control Hosp Epidemiol 24:362386, 2003 13. MacIntyre CR, Empson M, Boardman C, Sindhusake D, Lokan J, Brown GV: Risk factors for colonization with vancomycin-resistant enterococci in a Melbourne hospital. Infect Control Hosp Epidemiol 22:624-629, 2001 14. Bonten MJ, Slaughter S, Ambergen AW, Hayden MK, van Voorhis J, Nathan C, Weinstein RA: The role of "colonization pressure" in the spread of vancomycin-resistant enterococci: an important infection control variable. Arch Intern Med 158:1127-1132, 1998 2. 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L’épuration optimale des solutés en HDF est obtenue avec la modalité postdilutionnelle. Le schéma de prescription habituel comporte dans ce cas, un débit sanguin de 400 ml/min, un débit dialysat produit de 600 à 700 ml/min et un débit de substitution de 100 à 120 ml/min soit 24 à 26 litres par séance de 4 heures. Lorsque les conditions hémorhéologiques compromettent la pratique de l’HDF postdilutionnelle du fait de haute pression transmembranaire, il est nécessaire de recourir à une modalité de substitution de type pré ou midilutionnelle [3]. Dans ce cas, les volumes d’échanges doivent être doublés pour maintenir la même efficacité sur les clairances de solutés. L’hémodiafiltration (HDF) est une modalité de suppléance extrarénale qui associe dans le même module d’échange (hémodiafiltre), l’épuration de solutés (toxines urémiques) par transferts diffusifs (clairance diffusive) et par transferts convectifs forcés (clairance convective). Sous ce terme générique se retrouve en fait décrites plusieurs modalités d’application de l’HDF dont l’efficacité diffère d’une modalité à l’autre. De façon schématique, il convient de retenir que l’HDF haute efficacité repose sur des volumes d’échange convectifs élevés de 24 à 50 litres par séance produit par filtration stérilisante du dialysat frais [1,2]. Cela ne peut être obtenu qu’en utilisant des membranes de haute perméabilité hydraulique (Kuf >50) et largement perméable aux solutés de haut poids moléculaire (coefficient de tamisage B2M > 0,6), et bénéfiçiant d’un générateur assurant la production en-ligne du liquide de substitution. Dans le cadre d’un programme de dialyse court, comportant 3 séances hebdomadaire de 4 heures, le recours à des débits élevés est nécessaire, ainsi un débit sanguin minimal de 300 ml/min, un débit dialysat minimal de 600 ml/min et un débit de filtration élevé représentant 20 à 30% du débit sanguin (soit 30 à 40% du débit d’eau plasmatique) sont requis. Dans le cadre d’un programme de dialyse long, comportant 3 séances hebdomadaire de plus de 4 heures, des débits instantannés moins importants peuvent être Quels sont les avantages de l’hémodiafiltration à haute efficacité par rapport à l’hémodialyse conventionnelle ? Par rapport à l’hémodialyse conventionnelle, l’HDF haute efficacité a des avantages qui sont de trois ordres : elle accroît les échanges de solutés et élargit le spectre des toxines urémiques épurées ; elle améliore la tolérance clinique et hémodynamique des séances ; elle réduit les réactions de bioincompatibilité et en particulier celles microinflammatoires. L’HDF accroît les capacités d’échange de solutés de poids moléculaire moyen et élévé [4]. La B2- 30 Intérêt de l’hémodiafiltration en-ligne à haut débit et données épidémiologiques Microglobuline (11.6 Kd) représente le marqueur idéal des toxines urémiques de haut poids moléculaire. En hémodialyse conventionnelle basse perméabilité, la clairance de la B2M est habituellement nulle ou négligeable, ce qui n’entraine ps de modifications significatives des taux sanguins pré et post dialytiques de la B2M. En hémodialyse haute perméabilité, la clairance de la B2M est de l’ordre de 40 à 60 ml/min. Elle dépend du coefficient de tamisage de la membrane et de l’ampleur des transferts convectifs internes (ultrafiltration/rétrofiltration). Dans ce cas, le taux de réduction de la B2M sanguine circulante par séance de dialyse est de l’ordre de 30 à 50%. En hémodiafiltration haute efficacité, la clairance de la B2M varie entre 90 et 150 ml/min. Cela se traduit par un taux de réduction de B2M par séance est compris entre 75 et 85%. Des clairances supérieures en HDF sont également retrouvées avec d’autres marqueurs de haut poids moléculaire tels la cystatine C, la myoglobine ou même le retinol binding protein (RBP) [5]. La supériorité de l’épuration des solutés de haut poids moléculaire en HDF est actuellement prouvée par l’ensemble des études aiguës rapportées. Cette qualité d’épuration supérieure se traduit au long cours par une baisse significative des concentrations circulantes pré-dialytiques de B2M. Schématiquement, retenons que les patients dialysés sur membrane basse perméabilité ont des taux de B2M de l’ordre de 40 à 50 mg/l avant dialyse, lors que ceux dialysés sur membrane haute perméabilité ont des taux de B2M compris entre 30 et 40 mg/l et ceux traités par HDF haute efficacité ont des taux de B2M compris entre 20 et 30 mg/l. De façon plus récente, il a été montré que l’HDF permettait de réduire les taux circulants de différentes toxines urémiques impliquées dans la dysfonction endothéliale (p-cresol, indoxyl sulfate, ADMA), la malnutrition (leptine), les anomalies lipidiques et l’hyperphosphorémie [6, 7, 8, 9]. L’épuration de ces substances porte naturellement sur leur fraction libre. Une étude randomisée récente qui comparait différents schémas thérapeutiques d’hémodialyse (basse et haute perméabilité) et d’hémodiafiltration (post dilutionnel et pré dilutionnel à différent volume) a mis en évidence la supériorité de l’HDF dans la capacité d’épuration de ces solutés [10]. Cette étude a fait apparaître également une légère supériorité de l’HDF prédilutionnelle faisant suggérer une libération facilitée de ces toxines par des gradients de concentration ou électrolytique. Ces notions suggérent que dans la dose de dialyse administrée la part convective doit être élevée. L’HDF améliore la tolérance clinique et hémodynamique des séances. Cela est particulièrement notable chez les patients fragiles, cardiaques, agès et chez les sujets inobservants avec prise pondérale importante. Plusieurs études indiquent que l’incidence des chutes de tension et des symptomes perdialytiques (crampes, prurit, cépalées, nausées, vomissements) est plus rare en HDF qu’en HD pour des conditions de dialyse et de perte de poids identiques [11]. Cette adaptation est obtenue par une meilleure réponse hémodynamique face à l’hypovolémie induite par ultrafiltration. Elle comporte une augmentation des résistances vasculaires périphériques, une augmentation du débit cardiaque et facilite le remplissage vasculaire par un meilleur retour veineux [12]. L’interprétation de ces phénomènes n’est pas univoque, elle ferait intervenir la forte teneur sodique et calcique du liquide de substitution [13], la soustraction de vasodilatateurs stimulant la NO synthase endothéliale [14], l’épuration de médiateurs inotropes négatifs et la déperdition thermique conférant à la dialyse un caractére isoneutre [15]. L’ensemble de ces phénomènes conférent à la fonction endothéliale un rôle vasomodulateur essentiel. L’HDF améliore l’hémocompatibilité du système en réduisant les réactions d’activations cellulaires et protéiques induites par l’interface patient/hémodialyse [16]. Cela se traduit par une réduction de l’activation, d’une part des cellules proinflammatoires circulantes (monocytes/macrophages, polynucléaires) et des cellules endothéliales (microparticules endothéliales) [17] et d’autre part, de la libération des médiateurs inflammatoires (IL-1, IL-6 et TNF) [18]. Il existe de façon concomittente une réduction du stress oxydatif et de l’apoptose cellulaire des monocytes et des cellules endothéliales. L’ensemble de ces éléments se traduit par une réduction nette du profil inflammatoire infraclinique des patients traités par HDF [19, 20, 21, 22]. Le caractère bénéfique de cette biocompatibilité s’exerce de façon certaine sur l’état nutritionnel [23], la correction de l’anémie [24, 25] et la préservation de la fonction rénale résiduelle [26] et s’exerce probablement aussi sur la prévention de la maladie vasculaire. 31 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? Quelles sont les preuves cliniques de la supériorité de l’hémodiafiltration haut débit ? L’amélioration de l’état inflammatoire et de l’état nutritionnel est également confirmée dans la plupart des études. Ces éléments sont de nature à réduire le risque de morbidité. De façon plus récente, plusieurs étude tendent à prouver que l’HDF est en mesure de réduire la mortalité des patients dialysés. Dans la partie européenne de l’étude DOPPS, il a été ainsi montré que les patients bénéficiant d’un traitement par HDF avaient un risque relatif de décès réduit par rapport à ceux traités par HD conventionnelle (basse ou haute perméabilité). En fait, seuls les patients bénéfiçiant d’une HDF haute efficacité (15 à 25 litres d’échange par séance) avaient un risque de décès significativement réduit de 35% malgré des ajustements tenant compte de l’âge, de 14 comorbidités, de la dose de dialyse et de l’effet centre [33]. Dans l’étude EUCLID regroupant près de 2500 patients dont près de 400 en HDF, il a été également retrouvé une mortalité réduite de près de 37% pour les patients traités par HDF en dépit d’ajustements faits pour l’âge et les principaux facteurs de comorbidité [34]. Une étude américaine utilisant l’HDF à très haute efficacité utilisant deux hémodiafiltres en série rapporte également une baisse de mortalité en HDF de près de 57% [35]. Une étude portugaise très récent reposant sur la conversion de patients traités par HD haute perméabilité en HDF haute efficacité a également mis en évidence une baisse du risque absolu et relatif de décès de près de 37%. De façon intéréssante, cette étude objective pour la première fois une réduction de mortalité de cause cardiovasculaire principalement [36]. L’efficacité d’une méthode de suppléance rénale ne doit pas être jugée simplement sur sa capacité à épurer des toxines, ni sur celle de restaurer la composition électrolytique du milieu intérieur. Elle doit être évaluée sur des critères plus robustes, à savoir, ses conséquences sur la morbidité et la mortalité des patients. La réduction de morbidité et de mortalité des patients dialysés représente la preuve la plus robuste de supériorité d’une méthode par rapport à l’autre. Ce critère de jugement doit néanmoins tenir compte de facteurs confondants tels l’âge, la comorbidité et la qualité de la prise en charge globale du patient. C’est la raison pour laquelle la comparaison de la mortalité brute annuelle n’est pas un critére suffisant de jugement pour comparer les méthodes. Une pondération par ajustement tenant compte des facteurs confondants doit être apportée dans le cadre des modèles d’analyse de survie de type modèle de Cox. Les arguments qui accréditent la supériorité de l’HDF par rapport à l’HD conventionnelle sont de deux ordre : des études observationnelles de cohorte ou études de registre (niveau de preuve B); des études interventionnelles prospectives comparant l’impact de diverses modalités thérapeutiques (niveau de preuve A). Les études observationnelles de patients traités par HDF sont à ce jour les plus convaincantes [27]. Elles sont concordantes et suggèrent que l’HDF est associée à une réduction de morbi-mortalité y en particulier chez les patients fragiles, âgés ou proteurs de polypathologie. Deux études de cohorte, une italienne et une japonaise, mettent en évidence une réduction du risque de survenue d’amylose-ß2M chez les patients dialysés au long cours [28, 29]. Utilisant l’incidence du canal carpien comme indicateur de première manifestation d’amylose-ß2M, ces études indiquent que son risque relatif de survenue est réduit de près de 50% à 10 ans. En revanche, l’effet bénéfique de l’HDF sur le risque d’hospitalisation n’a pas été démontré de façon claire jusqu’à présent. Certaines études ont mis en évidence une amélioration de la correction de l’anémie associée notamment à une réduction des besoins en érythropoïétine [30, 31, 32]. Les études prospectives randomisées sont plus rares. Chez les adultes quatre études ont été réalisées [37, 38, 39, 40]. Elles n’apportent pas la preuve que l’HDF améliore la survie des patients ou permet de réduire la morbidité évaluée sur le risque d’hospitalisation. Il est cependant important de souligner que ces études ne sont pas dessinées pour cet objectif. Elles portent sur de faibles effectifs (moins de 50 patients), sont réalisées sur des périodes courtes et comportent de base une mortalité annuelle faible faible souvent inférieure à 10%. Dans ce contexte, il paraît évident que ces études n’ont pas la puissance requise et ne peuvent pas démontrer une réduction de risque en terme de morbidité ou de mortalité. 32 Intérêt de l’hémodiafiltration en-ligne à haut débit et données épidémiologiques Chez les enfants, l’étude réalisée par Fischbach sur un petit groupe de patient (5 enfants) est également très intéréssante [41]. Elle démontre un effet extrêmement positif sur l’état nutritionnel et le développement statural d’enfants dialysés. C’est la première étude qui apporte la preuve que la suppléance rénale par HDF haute efficacité est capable de restaurer une courbe de croissance proche de la normale chez des enfants urémiques. L’interprétation n’est pas univoque et fait intervenir à divers titres, une amélioration de l’état nutritionnel, une meilleure correction de l’anémie, une amélioration de l’état général et de la tonicité et de la qualité de vie de ces jeunes patients. La reprise de la courbe de croissance suggère également une amélioration de la réponse des cartilages de croissance à l’action de l’hormone de croissance. la masse ventriculaire gauche et améliore les performances cardiaques par un meilleur contrôle du volume extracellulaire [42]. La deuxième étude réalisée chez des enfants par Fischbach et col confirme une augmentation très significative de la dose de dialyse hebdomadaire administrée, met en évidence une transformation de la qualité de vie de ces enfants avec suppression totale des contraintes diététiques et surtout objective une reprise du développement statural proche de la normale concomittente d’une amélioration nutritionnelle et de la correction de l’anémie [43]. Ces deux études suggèrent que l’HDF quotidienne est probablement la voie d’avenir qui permettrait d’offrir aux patients dialysés une dose de dialyse plus adaptée à leurs besoins et surtout plus physiologique. L’ensemble de ces éléments s’inscrit favorablement dans le contexte d’une réduction de morbi-mortalité des patients dialysés. Quelles solutions pour optimiser encore les performances de l’HDF chez les patients ? Que conclure ? L’HDF haute efficacité a tous les atouts pour devenir la méthode de suppléance rénale de référence [44]. L’HDF offre les clairances instantannées les plus élevées sur l’ensemble du spectre moléculaire des toxines urémiques et un système d’épuration extracorporel hautement hémocompatible. Des travaux cliniques rétrospectifs récents indiquent que l’HDF permet de réduire la mortalité des patients dialysés y compris chez les patients à haut risque de près de 35% par an. Seules des études prospectives randomisées seront en mesure de confirmer cet effet bénéfique sur la survie des patients dialysés. Trois études européennes sont en cours avec des objectifs similaires et apporteront probablement la réponse dans les années à venir [45]. Mais finalement pourquoi attendre les résultats de ces études, lorsque l’on sait que la technologie moderne permet d’utiliser ce traitement en toute sécurité. Ne serait il pas dommage de faire perdre des chances à nos patients dans cet intervalle de temps ? L’interaction patient et du système HDF rend plus difficile l’épuration des toxines urémiques. C’est en effet la cinétique intracorporelle de ces substances qui représente le frein majeur à leur épuration. La clairance intracorporelle des toxines urémiques répond le plus souvent à une cinétique de deuxième ou troisième ordre qui se traduit par une clairance interne plus faible que celle externe obtenue dans l’hémodiafiltre. Cela conduit à un déséquilibre intracorporel qui aboutit à la constitution d’un gradient de concentration entre un compartiment bien perfusé (superficiel) et un mal perfusé (profond). Le compartiment superficiel rapidement épuré ampute d’autant les capacités de transfert de masse de l’hémodiafiltre et limite la soustraction de solutés. Dans ce cas, seul l’allongement de la durée des séances et la majoration de la fréquence des séances sont en mesure d’accroitre les transferts de masse de solutés et d’améliorer les capacités d’épuration de l’HDF. Deux études interventionnelles ont analysé l’effet de l’HDF quotidienne par rapport à un programme conventionnel tri-hebdomadaire. La première étude réalisée chez des adultes par Maduell et col. démontre que le passage en HDF quotidienne augmente les transferts de masse hebdomadaire pour les toxines analysées de prés de 50 à 70%, améliore les indices de tolérance des séances (fatigue post-dialytique) et surtout réduit 33 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? Références 1. 13. van der Sande FM, Cheriex EC, van Kuijk WH, Leunissen KM. Effect of dialysate calcium concentrations on intradialytic blood pressure course in cardiac-compromised patients. Am J Kidney Dis. 1998 ;32(1):125-31. Canaud B, Bosc JY, Leray H, Stec F, Argiles A, Leblanc M, Mion C.On-line haemodiafiltration: state of the art. Nephrol Dial Transplant. 1998;13 (5):3-11. 2. Canaud B, Bosc JY, Leray-Moragues H, Stec F, Argiles A, Leblanc M, Mion C. On-line haemodiafiltration. 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Kidney Int. 2006 ;70(8):1524 35 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? HDF on-line. Quelle modalité de substitution ? J. Potier CHPC Cherbourg Introduction satrice de la prise de poids (UFpdp) est soustrait avant sa substitution (Qs). Les risques d’augmentation de la PTM sont liés à la diminution du coefficient de perméabilité de la membrane consécutive -1- au colmatage éventuel des pores sous l’effet d’une PTM excessive surtout en début de séance [16] -2- à la constitution d’une couche protéique (dite « 2ème membrane ») sur la face interne de la membrane et -3- à l’augmentation de la pression oncotique s’opposant à l’UF. L’Hémodiafiltration (HDF) ne peut se concevoir désormais qu’en « On Line » (HDF-OL) pour l’obtention des 15 à 25 litres de volume convectif recommandés pour une survie améliorée de 35% des patients dialysés [1]. L’optimisation de l’HDF , en terme de débits convectifs (Qconv) selon les différentes modalités de réinfusion, et en fonction des débits sanguins (Qb) doit donc permettre d’atteindre cet objectif. La PreD, du fait de la substitution anticipée par rapport à la convection entraîne au contraire une hémodilution délétère pour l’épuration diffusive des PM dont le gradient de concentration avec le dialysat est fortement diminué. Par contre, sur le plan convectif, et à condition d’ultra filtrer un volume d’eau plasmatique identique à celui de la PostD, on peut théoriquement envisager des performances identiques pour les MM. Quelle modalité de substitution ? Le dialysat destiné à compenser la convection programmée (Substitution) peut être réinjecté avant – Pré Dilution (PreD) – ou après – Post Dilution (PostD)- le dialyseur. Chacune des deux modalités présente avantages et inconvénients [2, 3, 4]. Traditionnellement, la PreD est réputée pour sa facilité d’utilisation grâce à la stabilité de la Pression Trans Membranaire (PTM) alors que la PostD est jugée plus performante pour l’épuration des Petites (PM) et Moyennes Molécules (MM). En fait, la technologie proposée sur les derniers générateurs de dialyse (5008 Fresenius) permet désormais de réconcilier les adeptes de l’une ou l’autre modalité, à la fois en terme de qualité d’épuration mais aussi de sécurité et de facilité d’utilisation. L’utilisation simultanée des deux modalités permet de bénéficier des avantages de l’une et l’autre. La « Mixed HDF » [7, 8, 9] propose une participation modulable quantitativement au cours de la séance, privilégiant la PostD en début de dialyse puis la PreD lorsque les conditions rhéologiques sont moins favorables du fait de l’hémoconcentration obligatoire liée à l’UFpdp. Cette modalité (Fig1), bientôt disponible sur le générateur 5008 consiste en une infusion de dialysat simultanément en PreD et PostD grâce à deux pompes asservies à la PTM (entre 200 et 250mmHg), celle ci étant le paramètre final facilement mesurable des événements délétères pour la convection. Les Les risques inhérents à la PostD sont secondaires à l’hémoconcentration induite dans le dialyseur puisque Qconv auquel il faut ajouter l’UF compen- 36 HDF on-line. Quelle modalité de substitution ? Quel Débit de substitution ? Si l’épuration des PM est avant tout dépendante du débit sanguin (Qb), celle des MM est dépendante de Qs [5]. Il est donc logique à priori de rechercher un Qs maximum pour l’épuration des toxines urémique de PM > 500 Da. En PostD, la théorie la plus souvent appliquée [6] pour le calcul de Qs est celle d’une fraction de filtration (FF) <=0,5, soit Qs<=Qepx0.5. L’autre stratégie est celle d’un hématocrite (Hite) de sortie de dialyseur <50%, ce qui en fait limiterait grandement Qs pour des hématocrites >34%, fréquents chez les patients. Fig 1. Mid Dilution résultats sont prometteurs pour l’épuration des MM notamment, avec un Qs optimal aux alentours de Qs=Qep (Débit d’eau plasmatique) Qep est facilement quantifiable en soustrayant de Qb le volume occupé par les globules rouges (=Hite) et les Protides Totaux (PT). Qep = Qbx(1-Hitex0.01)x (1-0.00107xPT) = Qbx[1(Hitex0.01+0,00107x PT)] Ex. : si Qb=350ml/mn, Hite=33% et PT=70g/l (soit 0.00107xPT=0,07 ou 7%), GR+PT occupent 40% de Qb, ce qui revient à dire que Qep représente 60% de Qb, soit 350 x 0,60 = 210mlmn et Qs = Qepx0,5 = 105ml/mn La Mid Dilution (MidD), deuxième option collaborative Pre/PostD. est matérialisée par le OLPUR MD 190 (Nephros Inc., New York, N.Y., USA), qui permet, au sein d’un même dialyseur à deux « étages », d’abord une convection de mode PostD dans les fibres centrales puis, en mode PreD (Fig2), dans les fibres périphériques où le sens du flux sanguin est inversé (Modalité « Reverse » par rapport à la recommandation initiale du concepteur). L’utilisation du dialyseur n’est pas asservie à un type de générateur. La répartition des surfaces dévolues à la PostD et PreD est de 0.8/1,1m2 pour le Olpur 190. Le dialysat circule indifféremment selon la conviction des utilisateurs (Co courant avec PostD à Cherbourg en configuration « Double Reverse » pour une meilleure adaptation aux modules de la 5008) . Les résultats sont excellents [10, 11, 12, 13, 14, 15], favorisés dorénavant par l’association à la membrane « Purema », avantageusement étudiée pour l’épuration des MM. Cette valeur est proche du Qs généralement prescrit à partir de la formule simplifiée Qs=1/3Qb mais qui ne tient pas compte des variations individuelles des PT et de l’Hite. Le caractère statique de ces formules est aussi préjudiciable, compte tenu de l’hémoconcentration croissante en cours de la dialyse secondaire à l’UFpdp. Il vaudrait mieux d’ailleurs anticiper ce phénomène en intégrant l’Hite final présumé. Dans l’exemple choisi, Hite fin=38% et P=80g/l si VSR (Volume Sanguin Résiduel du BVM)=85% et Qep devient alors Qep=175ml/mn et le Qs autorisé 87,5ml/mn. Pour s’affranchir de la contrainte d’une part du calcul de Qep et surtout de l’évaluation de sa variation imprévisible en cours de dialyse, il est plus judicieux de s’en remettre à des modules de surveillance avec rétro contrôle pour affiner, au cours de la dialyse le Qs. Seule cette approche dynamique permet d’optimiser les débits convectifs dans un contexte sécuritaire. La gestion préventive de l’instabilité de la PTM rend alors l’HDF aussi accessible, en terme de surveillance, qu’une HD traditionnelle. Fig 2. Mixed Dilution 37 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? Le principe du rétro contrôle est fondé sur l’observation de la PTM (en Mixed HDF [9]) et surtout sur l’évaluation continue de Qep avec le module « AutoSub » (AS) de la 5008 (après la saisie initiale des derniers PT dosés et l’intégration de l’Hite du jour mesuré par le BVM), à laquelle s’ajoute une évaluation périodique de la perméabilité de la membrane par des tests de pression. Nous avons mené à Cherbourg une étude comparative chez 5 patients entre PreD et PostD en posant l’hypothèse d’une équivalence générée par l’AS dont la formule pour la PreD est : Qs = Qbx(1-Hitex0.01)x((1/7*TP*0.001)-1) Chaque patient a été dialysé 1 fois en PostD et PreD avec FX80 et AS et 1 fois en MidD avec Olpur 190 , le Qs ayant été alors programmé en fonction des Qs de PostD et PreD ajustés en fonction du ratio PreD/PostD du Olpur 190. La formule utilisée pour l’AS [Qs=Qbx(1-Hite/100)x (1-7*PT/1000)] s’inspire de celle de la mesure classique de Qep, mais donne en fait une prédominance au taux des PT, dont la variation modifie de façon plus exponentielle que linéaire le Qs final. Les concepteurs ont probablement et à juste titre considéré que les PT de par leur implication dans la genèse de la 2ème membrane et donc de la variation de la perméabilité membranaire, étaient des éléments essentiels limitants du Qs. Ainsi, pour un Qb=350ml/mn, Hite=35%, la FF variera de 42% pour des PT=82g/l à 58% pour des PT=58g, donc nettement différente des 50% théoriques. PostD PreD MidD Qs 22.1 52.9 42.2 Extraction b2M % 80.5 78 83.7 Extraction Myo. % 58.8 40.5 75.1 Dans ces conditions, les kt/v sont identiques, mais au prix d’un Qs PreD = Qs PostD x 2.3 (généré automatiquement par le générateur) en moyenne. L’épuration de la beta-2 Microglobuline (b2M de PM=12800) est quasi identique mais on constate une dégradation de l’épuration des MM de PM plus élevé comme la Myoglobine (Myo. de PM=17200) en PreD, d’intensité dépendante du « cut off » de la membrane, phénomène déjà signalé [4]. En PreD, la limite haute de Qs est théoriquement illimitée et dépend de la capacité de la membrane à supporter des Qconv jusqu’à plus de 300ml/mn (>62litres/séance), donc au minimun avec un coefficient d’UF>52 ml/h/mmHg. En théorie, le fait de vouloir ultra filtrer, pour un même impact sur les MM, l’équivalent de la moitié de Qep (comme en PostD) revient en PreD à diluer Qep avec Qs à parts égales avant la convection (Qconv=Qep+UFpdp), soit un Qs=210ml/mn avec les paramètres de l’exemple utilisé en PostD, proche de la formule simplifiée classique Qs=2/3Qb. Malgré tout, l’épuration des PM comme l’urée demeure pénalisée par l’hémodilution obligatoire. Les études comparatives PostD vs PreD en terme par exemple de kt/v montrent un effet favorable de la PostD (même par rapport à l’HD) du fait d’une part de la concentration exagérée des substances diffusives par les phénomènes de polarisation membranaire, mais aussi du fait de l’épuration de l’urée par convection à son taux plasmatique. De ce fait, pour l’obtention d’un kt/v en PreD identique à la PostD, il faut optimiser les facteurs favorables à la diffusion, soit -1- un Qb maximal, -2- un débit du dialysat dans le dialyseur (Qd) >= 500ml/mn non amputé lorsque Qs augmente, comme sur certains générateurs où le dialysat total (Qs+Qd) est délivré à débit fixe. Quel débit sanguin ? En terme purement comptable, pour obtenir en PostD les 15 litres de Qs recommandés, il faut 15000/240=62,5ml/mn, soit pour un Hite=33% avec PT=70g/l et UFpdb=10ml/mn (à ajouter), un Qb=270ml/mn. Pour les PM, si l’on s’en réfère [17] à la dose minimale exprimée en kt de 45 pour les femmes (soit k= 187ml/mn) et 50 pour les hommes (soit k=208ml/mn), le Qb minimum se situe aux alentours de 300 à 320ml/mn pour un dialyseur Haut Flux et un abord vasculaire de qualité. En HDF PostD, les conditions rhéologiques défavorables sont liées à l’hyperviscosité induite par la convection et inversement proportionnelle à la vélocité (V) du flux dans les fibres capillaires et au « wall shear rate » (wSh). Ces phénomènes sont susceptibles d’être aggravés dans les fibres périphériques, là où les débits sont inférieurs tout en étant soumis au même Qconv. [16] 38 HDF on-line. Quelle modalité de substitution ? Conclusions Or, V=4Qb/(3.14xd_n) -avec d=diamètre des fibres et n=nombre de fibres- et wSh=4V/3.14xr -avec r=rayon des fibres-. Ce qui revient à souligner l’importance de Qb pour des conditions rhéologiques favorables, mais aussi à l’avantage potentiel de fibres en nombre et surtout de diamètre interne réduits. L’HDF OL est la technique de dialyse actuellement la plus performante. Le choix de la modalité PostD ou PreD est indifférent à condition de prescrire des volumes convectifs équivalents en performance d’épuration, ce qui implique des Qs PreD jusqu’à 2,3 fois ceux ce la PostD. L’implication de Qb, Hite et PT dans l’obtention de Qconv amène à reconsidérer les formules classiques simplifiées et surtout de caractère statique, pour s’en remettre à des modules de mesure automatique et continue de Qep avec rétrocontrôle de Qs en fonction de l’hémoconcentration induite par l’UFpdp et des conditions rhéologiques évolutives et potentiellement délétères, traduites in fine par la variation de la PTM. Le module « AutoSub » du générateur 5008 est à cet égard l’outil le plus performant pour une optimisation des débits convectifs dans un contexte sécuritaire. Comme la PreD revient en fait à majorer d’environ 2/3 le Qb entrant dans le dialyseur avec l’apport d’un Qs>=Qep, cette modalité offre effectivement les meilleures garanties d’utilisation dans tous les cas où les conditions rhéologiques sont défavorables, comme un Qb insuffisant, un Hite ou des PT élevés. Indépendamment de la modalité choisie en HDF, un Qb important, et ce d’autant plus que l’Hite est élevé, garantit un Qep permettant un Qconv optimal. Références 1. 8. Pedrini LA, De Cristofaro V. On-line mixed hemodiafiltration with a feedback for ultrafiltration control: Effect on middle-molecule removal. Kidney Int 2003;64:1505–1513. Canaud B, Bragg-Gresham JL, Marshall MR Desmeules S, Gillespie BW, Depner T, Klassen P, Port FK. Mortality risk for patients receiving hemodiafiltration versus hemodialysis: European results from the DOPPS. Kidney Int 200;69:2087–2093. 9. 2. 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Basel, Karger 2007, vol158:153-160. 40 Hémodiafiltration on-line : quel dialyseur ? Évaluation et optimisation Hémodiafiltration on-line : quel dialyseur ? Évaluation et optimisation V. Joyeux, J.D. Potier, M. Berrada El Azizi, J. Bouet, A. Haddj-Elmrabet, P. Le Pogamp Rennes Introduction très dépendant d’autres paramètres qui influencent largement les échanges hydrauliques. L’épuration des moyennes molécules est un challenge. L’hémodialyse malgré tous les progrès techniques a montré ses limites. A l’heure actuelle, seules les techniques convectives permettent de tendre vers cet objectif, avec au premier rang d’entre elles, l’hémodiafiltration on-line à haut débit (HDF-OL). Pour mémoire une technique est dite convective si les transferts par convection représentent plus du 1/3 des transports qui s’ajoutent aux transports diffusifs. Pour permettre de tels transports les dialyseurs utilisés doivent répondre à un certain nombre d’exigences. De nombreuses évolutions ont vu le jour, avec un souci constant d’optimisation, avec ces dernières années une évolution du concept même des dialyseurs et de leur utilisation (1). Coefficient de tamisage et épuration En l’absence de pression transmembranaire, les transferts par diffusion à travers une membrane semi-perméable résultent du gradient de concentrations et du coefficient de tamisage du soluté considéré. Celui-ci est fonction de son poids moléculaire et des caractéristiques de la membrane en termes de porosité, d’épaisseur, d’architecture. Avec les membranes habituellement utilisées, le coefficient de tamisage des petites molécules est voisin de 1 (la diffusion se fait librement jusqu’à l’équilibre) ; plus la taille des molécules augmente, plus le coefficient de tamisage diminue. Les membranes actuellement utilisées ont des caractéristiques déterminées pour permettre l’épuration des moyennes molécules réputées toxiques tout en limitant la perte des molécules de taille plus importante et notamment l’albumine. Dialyseur pour HDF-OL : les exigences Les dialyseurs utilisés en HDF-OL doivent tout d’abord répondre aux mêmes exigences que ceux utilisés en hémodialyse conventionnelle notamment en termes de biocompatibilité. Le coefficient de tamisage des molécules de taille moyenne augmente lorsqu’on travaille avec des pressions transmembranaires élevées. Tout fonctionne comme si en augmentant les transferts d’eau plasmatique ces moyennes molécules étaient « draguées », entraînées avec l’eau ultrafiltrée. Perméabilité à l’eau et phénomènes convectifs Le transport convectif est proportionnel au volume d’eau plasmatique ultrafiltrée. Il dépend du coefficient d’ultrafiltration (UF) qui doit être très élevé en HDF-OL et du régime de pressions transmembranaires. Le coefficient d’UF est directement lié à la perméabilité hydraulique de la membrane (épaisseur, architecture etc.) mais il est également Pour potentialiser cet effet positif de la convection sur le coefficient de tamisage, différentes pistes sont possibles, toutes ont pour objectifs de jouer sur le régime de pressions dans le dialyseur et favoriser les flux hydrauliques. 41 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? Régime de pressions a l’intérieur du dialyseur et conséquences Le volume ultrafiltré est directement proportionnel au coefficient d’ultrafiltration du dialyseur et de la pression transmembranaire (PTM). La PTM est la résultante du régime de pressions entre les compartiments sang et dialysat. Ce régime de pressions varie tout au long du dialyseur à un instant donné (Figure 1) et au fil de la séance. A un instant donné, dans le compartiment sang interviennent la pression hydrostatique et la pression oncotique, mais celle-ci de l’ordre de 25 mmHg est souvent négligée. La pression à la sortie du dialyseur (PSout) est la même que celle mesurée sur le piège veineux. Cette pression abusivement appelée pression veineuse (PV) dépend du débit sanguin, de la pression au retour dans la voie d’abord, et de tous les éléments entre la voie d’abord et la sortie du dialyseur, et tout particulièrement la zone de rétrécissement constituée par le trocart veineux (2) et les éventuels dépôts au niveau du filtre sur le piège veineux. La pression à l’entrée du dialyseur (PSin) est directement liée à la pression de sortie (PSout) à laquelle s’ajoute la perte de charge tout au long du dialyseur (écart de pression entre les 2 extrémités de la fibre) Figure 1. Evolution des pressions dans les différentes portions du dialyseur Cette perte de charge (Dp=PSin–PSout en dynes./cm2) répond à la Loi de Poiseuille. Elle est fonction du débit (D), du diamètre de la fibre (r=rayon), de sa longueur (L) et de la viscosité (k=coefficient de viscosité en poids : dyme.s/cm2) selon la formule Dp=D*8kLr4. La viscosité est liée à l’hématocrite et aux protéines plasmatiques. Figure 2. Evolution dans le compartiment sanguin au fil de la séance importante, elle diminue progressivement pour s’annuler et s’inverser avec l’installation d’une rétrofiltration dans la 2ème partie du dialyseur (Figure 1). Au fil de la séance, la viscosité augmente au fil de la séance en hémodialyse mais encore plus en HDFOL ou en hémofiltration parallèlement à la diminution de l’eau plasmatique ultrafiltrable. (Figure 2). Il faut souligner que la pression oncotique souvent négligée augmente ainsi de façon notable. Dans un dialyseur hautement perméable les régimes de pression en hémodialyse sont tels qu’il existe une filtration interne notable (bien que non quantifiable). En HDF-OL post-dilution cette filtration interne est négligeable mais la perte de charge dans le dialyseur est beaucoup plus La pression transmembranaire est maximale à l’entrée du dialyseur où existe une ultrafiltration 42 Hémodiafiltration on-line : quel dialyseur ? Évaluation et optimisation Figure 3. Régime de pression dans le dialyseur en HD et en HDF avec des dialyseurs classiques (FX class) (Figure gracieusement fourni par H.Fournier – Frésénius) importante qu’en hémodialyse avec une pression hydrostatique à l’entrée du dialyseur parfois beaucoup trop haute, avoisinant voire dépassant 500 mmHg (Figure 3). En HDF-OL pré-dilution cette perte de charge est encore plus importante car le débit à l’entrée du dialyseur est considérablement plus élevé. mais surtout la porosité a fait l’objet de travaux pour optimiser la géométrie des pores, leur disposition, leur taille, et leur forme ainsi que la régularité de ces dernières. Les progrès technologiques et notamment la nanotechnologie ont permis des avancées notables dans ce domaine (5). Des études ont permis également de faire évoluer les membranes en termes d’épaisseur, de symétrie ou non, de charge et d’architecture, avec comme objectif constant d’améliorer l’épuration des molécules de taille moyenne réputées toxiques et seulement celles-ci. Le régime de pressions dans le dialyseur constitue un enjeu important dans les évolutions technologiques de part les limites qu’il impose. Taux d’ultrafiltration et pression transmembranaire Pour un dialyseur donné, le taux d’ultrafiltration atteint de façon constante un plateau au-delà duquel l’augmentation de la PTM est sans effet. Le plus souvent ce plateau s’établit autour de 300350 mmHg. Ce plateau dépend de l’importance du phénomène de polarisation et de couche de protéines à la surface de la membrane. Fibres En hémodialyse la réduction du diamètre des fibres permet d’augmenter de façon notable l’épuration de la ß2 microglobuline (Figure 4) sans doute en majorant les transports convectifs internes mais qui restent limités (3). Cette filtration interne crée un transport convectif interne qui a pu être exploité pour majorer les performances (4). Dialyseur pour HDF-OL : les evolutions technologiques et l’optimisation Membrane Différentes approches ont permis d’améliorer considérablement les performances des membranes au fil des années. Les matériaux ont changé En HDF-OL le volume ultrafiltrable est limité par les problèmes hémodynamiques et de perte de charge au sein du dialyseur. Pour réduire ces 43 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? de colmatage liés souvent à des phénomènes de flux préférentiels. De même l’étude de la dynamique des flux du dialysat permettra sans doute d’améliorer encore le régime de pression dans le compartiment dialysat et ses répercussions sur la PTM dans les différentes portions du dialyseur. Optimisation du volume ultrafiltré Il a été démontré que l’on pouvait majorer nettement le volume d’eau plasmatique ultrafiltré pour un dialyseur et des circonstances équivalentes en prescrivant avec des modules de maîtrise et d’optimisation qui équipent dorénavant certains générateurs pour l’HDFOL. Il peut s’agir de la détermination automatique d’une PTM optimale (système ULTRA CONTROL de GAMBRO) (6, 7) ou du calcul automatique du taux de filtration optimal (système AUTOSUB de FRESENIUS). Figure 4. Relation entre le diamètre interne la fibre capillaire et la clairance de la b2 microglobuline et de l’urée problèmes la Loi de Poiseuille nous indique qu’il faut augmenter le diamètre des fibres et diminuer la longueur des fibres, ceci a conduit à des évolutions de certains dialyseurs (Figure 5). Figure 5. Impact sur la perte de charge dans le dialyseur et le régime de pressions dans le dialyseur quand on élargit le diamètre de fibre ; cf . évolution du FX class vers le FX class HDF (Figure gracieusement fourni par H.Fournier – Frésénius) Géométrie dialyseur La géométrie de la coque du dialyseur est sans nul doute également importante en ce qui concerne l’hémodynamique, avec la diminution des risques 44 Hémodiafiltration on-line : quel dialyseur ? Évaluation et optimisation Nouveaux concepts de dialyseur On peut citer notamment le dialyseur Olpur (développement Néphros- cf. Bellco) dessiné pour permettre l’HDF dite de mid-dilution (Figure 6). Il s’agit d’un concept innovant avec infusion du liquide de substitution dans le corps même du dialyseur, les entrées et sorties sang se situent à la même extrémité du dialyseur. Dans la première partie de son trajet le sang subit une ultrafiltration en mode « post-dilution » dans la seconde partie il subit une ultrafiltration en mode « pré-dilution » (7, 8). Figure 6. Géométrie innovante du dialyseur Olpur (développement Néphros- Bellco) A noter également les dialyseurs double chambre de chez Bellco conçus pour l’HDF pré-ou postdilution où l’infusion se fait dans le dialyseur, mais dans une chambre autonome par rapport à celle où circule le dialysat (Figure 7). Conclusion A l’heure actuelle de nombreux dialyseurs sont disponibles pour faire de l’HDF-OL, mais ils ne sont pas tous équivalents, et les évolutions technologiques permettent d’optimiser leurs performances intrinsèques d’une part et leur utilisation d’autre part. Figure 7. Dialyseur double chambre permettant la réalisation de l’HDF en mode post-ou prédilution avec infusion via un ultrafiltre intégré dans le dialyseur dans une chambre autonome (Bellco) Bibliographie 1. HOENICH NA. – Membranes and Filters for Haemodiafiltration Contrib Néphrol. 2007. 158 : 57-67 6. JOYEUX V, SIJPKENS Y, HADDJ-ELMRABET A, NILSSON LG- Automated pressure control in on-line postdilution hemodiafiltration : a clinical evaluation of treatment efficiency (sous presse) 2. RONCO A , BREUER B, BOWRY SK- Hemodialysis membranes for high-volume hemodialytic therapies : the application of nanotechnology- Hemodialysis International 2006; 10 :S48-S50 7. 3. DELLANNA F, WUEPPER A and BALDAMUS AInternal filtration – advantage in hemodialysis? Nephrol Dial Transplant 1196. 11 (suppl 2) : 83-86 POTIER J.- Mid-dilution : an innovative high-quality and safe haemodiafiltration approach - Contrib Néphrol. 2007. 158 : 153 -160 8. FELICIANI A , RIVA MA, ZERBI S, RUGGIERO P, PLATI AR, COZZI G and PEDRINI LA - New strategies in haemodiafiltration (HDF) : prospective comparative analysis between on-line mixed HDF and middilution –Nephro Dial Transplant (2007) 1 of 8 4. FIORE GB, RONCO C – Principles and practice of internal hemodiafiltration – Contrib Néphrol. 2007. 158: 177-84 5. PEDRINI LA, DE CRISTOFARO V, PAGLIARI B, FILIPPINI M, RUGGIERO P – Optimization of convection on hemodiafiltration by transmembrane pressure monitoring and biofeedback. Contrib Nephrol 2002. 137 : 254-259 45 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? Hémodiafiltration on-line : quel dialysat ? Thierry Petitclerc et Lucile Mercadal AURA, Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière et Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie L'hémodiafiltration est une technique d'hémodialyse durant laquelle le taux d'ultrafiltration à travers la membrane du dialyseur est important et très nettement supérieur à celui simplement nécessaire pour obtenir la perte de poids souhaitée. En conséquence, la part de l'ultrafiltration qui excède la perte de poids souhaitée doit être compensée par la ré-injection d'un liquide de substitution. du volume perfusé beaucoup plus important en hémodiafiltration (tableau I). En effet, il importe de ne pas dépasser l'injection de plus de 5 UI d’endotoxines par kilogramme de poids et par heure, soit pas plus de 250 UI/h pour un patient de 50 kg. Si l'on réinjecte 20 litres pendant une séance de 4 heures (soit 5 l/h) il faut moins de 50 UI d'endotoxines par litre, soit moins de 0,05 UI/ml. En pratique, le dialysat utilisé pour les techniques d'hémodiafiltration en ligne doit répondre à un En hémodiafiltration on-line, le liquide de critère bactériologique (moins de 10 UFC dans un substitution est obtenu par simple filtration échantillon de 100 ml) et endotoxinique (moins de stérilisante du dialysat, ce qui a deux conséquences 0,25 UI/ml) strict. Ce dialysat ultrapur est obtenu en importantes : utilisant une eau satisfaisant aux mêmes critères, 1) Le dialysat doit être suffisamment « pur » pour des concentrés liquides en poches stériles ou en permettre l'obtention d'un liquide de substitution poudre et une première étape de filtration. stérile et apyrogène. La stérilité du liquide de 2) Le liquide de substitution a la même composition substitution est définie par l’absence de bactéries que le dialysat. La part convective de l'hémo(0 Unité Formant Colonies) dans un échantillon de diafiltration revient donc à remplacer un certain 500 ml. Son apyrogénicité est définie par un taux volume de plasma (de l’ordre de 15 à 20 litres par d'endotoxines inférieur à 0,05 UI/ml [1]. On notera séance en hémodiafiltration post-dilution) de que le critère endotoxinique pour le liquide de composition donnée par un volume équivalent de substitution est plus sévère que le critère pour l'eau dialysat dont la composition n'est pas parfaitement servant à la préparation des solutions injectables identique. Ceci revient à accélérer l’équilibration du (taux d'endotoxines inférieur à 0,25 UI/ml) en raison plasma avec le dialysat et donc à augmenter la dialysance : en effet, la dialysance, Tableau 1 : Limites admissibles des contrôles de qualité des liquides qui mesure la facilité des échanges à travers la membrane du dialyseur, d’hémodialyse. représente le volume sanguin totalement équilibré avec le dialysat Bactériologie Taux d’endotoxines par unité de temps [2]. Il importe Eau pour hémodialyse Dialysat standard < 100 UFC/ml < 0,25 UI/ml donc d’évaluer les effets éventuels de l’augmentation de la dialysance Eau pour HDF en ligne Dialysat ultrapur < 10 UFC / 100 ml < 0,25 UI/ml liée à la substitution sur la compoLiquide de substitution 0 UFC / 500 ml < 0,05 UI/ml sition du milieu intérieur du patient. 46 Hémodiafiltration on-line : quel dialysat ? C'est cet aspect qui fait l’objet de cet article. Nous nous limiterons ici au cas de l’hémodiafiltration online post-dilution. bicarbonate par exemple) du transfert diffusif entrant. Le transfert total J n’est pas égal à la simple somme du transfert diffusif observé en l’absence d’ultrafiltration (hémodialyse sans perte de poids) et du transfert convectif observé en l’absence de diffusion (ultrafiltration isolée ou hémofiltration), en particulier parce que le flux diffusif, qui modifie les gradients de concentration, modifie la concentration du filtrat et donc le flux convectif. La modélisation mathématique des transferts permet de prendre en compte cette interaction. I- Transferts de masse : aspects qualitatifs L’hémodiafiltration on-line, comme la plupart des techniques d’hémodialyse, utilise un dialysat dont la composition électrolytique est proche du plasma normal en ce qui concerne les solutés ioniques majoritaires (sodium, potassium, calcium, magnésium, bicarbonate, chlorure). Cependant, la réduction progressive de la durée des séances d'hémodialyse durant les dernières décennies du siècle dernier a amené en ce qui concerne la composition du dialysat à s'écarter légèrement de la composition normale du plasma. En l'absence de flux convectif, le transfert de masse J à travers la membrane du dialyseur est uniquement diffusif et égal à : J = D0 (cS – cD) (1) où cS et cD désignent la concentration du soluté à l’entrée du dialyseur respectivement dans le sang et dans le dialysat et où le coefficient de proportionalité D0, indépendant des concentrations cS et cD, représente la dialysance du soluté en l’absence d’ultrafiltration [3]. La dialysance D0 augmente avec les débits de sang QS et de dialysat QD dans le dialyseur mais reste toujours inférieure au plus petit des deux débits. Ainsi par exemple est-il habituel d'utiliser un dialysat dont la teneur en potassium (2 à 3 mmol/l) est inférieure à la kaliémie physiologique, parce que la durée de la séance ne permet plus d'atteindre en fin de séance l'équilibre de diffusion entre le plasma et le dialysat. En remplaçant lors d’une séance d’hémodiafiltration on-line une vingtaine de litres de plasma, dont la concentration en potassium est en moyenne durant la séance comprise entre 3,5 et 4 mmol/l, par le même volume de dialysat dont la concentration en potassium est seulement de 2 mmol/l, l'hémodiafiltration est à l'origine d'une augmentation de l'épuration du potassium. Cette augmentation de la clairance du potassium peut être à l'origine d'une diminution plus importante de la kaliémie pendant la séance et pourrait donc nécessiter d'augmenter la concentration du dialysat en potassium chez le sujet à risque lorsque l'on décide de le transférer d'hémodialyse conventionnelle en hémodiafiltration. La modélisation développée ci-après permet d’apporter un élément de réponse. En présence d’une ultrafiltration QF, le transfert total (diffusif et convectif) J à travers la membrane du dialyseur est donné par : J = QF cD + D (cS – cD) (2) où la dialysance D dépend de QF [2]. Si l'on considère un soluté neutre (non électriquement chargé) et de faible poids moléculaire (pour avoir une transmittance membranaire égale à 1), l’ultrafiltration ne modifie pas la concentration du sang, puisque le filtrat éliminé a la même concentration que le sang. Avec cette hypothèse, la variation de la dialysance en fonction de l'ultrafiltration est donnée par la relation (annexe 1) : D = D0 + QF (1 – D0/QS) (3) Cette équation (3) n’est valable en hémodiafiltration que pour le mode post-dilution. En permettant un transfert à la fois diffusif et convectif, l’hémodiafiltration facilite les échanges à travers la membrane du dialyseur et augmente donc la dialysance comme l’indique la relation (3). Par exemple, si l'on considère une dialysance D0 égale à 180 ml/mn pour un débit sanguin QS de 300 ml/min en l'absence d'ultrafiltration, la dialysance D en hémodiafiltration post-dilution effectuée avec II- Transferts de masse : aspects quantitatifs La présence d’une ultrafiltration QF à travers la membrane du dialyseur modifie le transfert de masse J en provoquant un transfert convectif sortant du patient qui, selon les solutés, s’ajoute (dans le cas du potassium par exemple) au transfert diffusif sortant ou se retranche (dans le cas du 47 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? le même débit sanguin et le même débit de dialysat circulant dans le dialyseur lors d'une séance de 4 heures durant laquelle sont réinjectés 18 litres de dialysat (soit 75 ml/min) sera de 210 ml/mn. devrait être diminuée d’environ 1 mmol/l en ce qui concerne le bicarbonate et n'aura pratiquement pas à être changée en ce qui concerne le calcium (tableau II). Les équations (1) et (2) permettent de montrer que le rapport des transferts nets de masse obtenus en hémodiafiltration et en hémodialyse pour un dialysat de même composition est égal au rapport des dialysances D/D0 (annexe 2). Ainsi l’épuration du potassium et la charge en bicarbonate ou en calcium sont-elles augmentées de plus de 15% en hémodiafiltration si on garde un dialysat de même composition qu’en hémodialyse. Il est également possible à partir des équations (1) et (2) de calculer la concentration cD-HDF du dialysat qui permettrait d’obtenir en hémodiafiltration postdilution le même transfert de masse que celui observé en hémodialyse avec une concentration du dialysat cD-HD (annexe 2) : cD-HDF = cS - (cS – cD-HD) D0/D (4) Il importe cependant de rappeler que l’ultrafiltration liée à la perte de poids n’a pas été prise en compte dans le modèle mathématique (mais elle est faible par rapport à l’ultrafiltration liée à la substitution). La charge électrique des ions n’a également pas été prise en compte (effet Donnan) et l’étude a été limitée au mode post-dilution, mais on pourrait montrer que les résultats resteraient du même ordre de grandeur. En conclusion, l’étude précédente montre que le changement de modalité de traitement (hémodiafiltration en ligne vs hémodialyse conventionnelle) tend à modifier les transferts massiques et qu’en conséquence une variation de la composition du dialysat est nécessaire pour empêcher cette modification. Cette variation semble cependant suffisamment faible pour que la composition du dialysat ne doive pas nécessairement être systématiquement modifiée à l’occasion de ce changement. Pour obtenir des transferts identiques, la concentration du dialysat devrait être augmentée d'environ 0,3 mmol/l en ce qui concerne le potassium, Concentration sanguine moyenne cD-HD cD-HDF 4 mmol/l 2 mmol/l 2,3 mmol/l Calcium 1,3 mmol/l 1,65 mmol/l 1,6 mmol/l Bicarbonate 22 mmol/l 28 mmol/l 27 mmol/l Potassium Tableau II : Composition du dialysat pour obtenir l’égalité des transferts de masse nets en hémodialyse et en hémodiafiltration post-dilution avec une réinjection de 18 litres (séance de 4 heures avec un débit sanguin de 300 ml/mn). La dialysance des solutés est prise égale à 180 ml/mn en hémodialyse et calculée à 210 ml/mn en hémodiafiltration (équation 3). Bibliographie 1. 2. Petitclerc T. Do dialysate conductivity measurements provide conductivity clearance or ionic dialysance ? Kidney Int 2006, 70 : 1682-1686. Circulaire DHOS/E4/AFSSAPS/DGS/2007/52 du 30 janvier 2007 relative aux spécifications techniques et à la sécurité sanitaire de la pratique de l’hémofiltration et de l’hémodiafiltration en ligne dans les établissements de santé. 3. Wolf AV, Remp DG, Killey JE, Currie GD. Artificial kidney function : kinetics of hemodialysis. J Clin Invest 1951, 30 : 1062-1069 48 Hémodiafiltration on-line : quel dialysat ? Annexe 1 : Influence de l’ultrafiltration sur la valeur de la dialysance En l’absence d’ultrafiltration à travers la membrane du dialyseur (hémodialyse sans perte de poids), le transfert de masse JHD à travers la membrane du dialyseur est donné par l’équation (1) : (a) JHD = D0 (cS-HD – cD-HD) La conservation du soluté dans le sang s’écrit : JHD = QS (cS-HD – cSs-HD) (b) où QS désigne le débit sanguin à l’entrée du dialyseur et cSs-HD la concentration du soluté dans le sang en sortie du dialyseur. Eliminant JHD entre les équations (a) et (b), on obtient : cSs-HD = (1 – D0/QS) cS-HD + (D0/QS) cD-HD (c) En présence d’une ultrafiltration QF à travers la membrane du dialyseur (comme en hémodiafiltration), le transfert de masse JHDF à travers la membrane du dialyseur est donné par l’équation (2) : JHDF = QF cD-HDF + D (cS-HDF – cD-HDF) (d) En hémodiafiltration post-dilution, le débit QS et la concentration cS du sang à l’entrée du dialyseur sont inchangés et la conservation du soluté dans le sang s’écrit : JHDF = QS cS-HDF – (QS – QF) cSs-HDF (e) Avec l’hypothèse que l’ultrafiltration ne modifie pas la concentration du sang, cSs-HDF est égal à cSs-HD si cS-HDF = cS-HD et cD-HDF = cD-HD. Dans ce cas, en éliminant JHDF entre les équations (d) et (e) et en remplaçant cSs-HDF par la valeur de cSs-HD donnée par l’équation (c), on obtient : D = D0 + QF (1 – D0/QS) (f) L’équation (f) montre que la valeur de la dialysance D en présence d’ultrafiltration est, comme D0, indépendante des concentrations du sang et du dialysat. Annexe 2 : Comparaison des transferts en hémodialyse et en hémodiafiltration En hémodialyse, le transfert net Jnet-HD (compté positivement lorsqu’il est sortant du patient et négativement lorsqu’il est entrant) est égal au transfert JHD à travers la membrane du dialyseur : Jnet-HD = D0 (cS – cD-HD) (g) En hémodiafiltration, le transfert net Jnet-HD est égal au transfert JHDF à travers la membrane du dialyseur diminué du transfert QF cD-HDF lié à la réinjection d’un volume équivalent à l’ultrafiltration : Jnet-HDF = QF cD-HDF + D (cS – cD-HDF) - QF cD-HDF (h) Les équations (g) et (h) montrent que, pour une même concentration cS et cD du sang et du dialysat en hémodialyse et en hémodiafiltration, le rapport Jnet-HDF / Jnet-HD est égal à D/D0. Elles montrent également que, pour une même concentration sanguine cS, les transferts en hémodialyse et en hémodiafiltration seront égaux si : cD-HDF = cS - (cS – cD-HD) D0/D (i) 49 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? Hémodiafiltration en pré-dilution sans héparine T. Krummel, D. Bazin, P. Petitjean, T. Hannedouche Service de Néphrologie, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg La bio-incompatibilité du circuit extra-corporel utilisé en hémodialyse est responsable d’une activation plaquettaire, leucocytaire et de la cascade de la coagulation. Une anticoagulation efficace est donc primordiale pour éviter la coagulation prématurée du circuit d’hémodialyse. La méthode d'anticoagulation la plus utilisée est l'anticoagulation générale par héparine non fractionnée ou de bas poids moléculaire. Les conséquences d'une anticoagulation insuffisante sont multiples, de la baisse d'efficacité de la dialyse en raison de l'obstruction de fibres par des caillots à la spoliation sanguine par impossibilité de restituer l'intégralité du sang au malade. À l’inverse, l’anticoagulation systémique peut aggraver un syndrome hémorragique. De nombreuses alternatives à l'anticoagulation classique ont alors été proposées pour les situations à risque hémorragique : l'anticoagulation systémique à faible dose (1), l'anticoagulation régionale par héparine (2), l'anticoagulation régionale par du citrate de sodium (3), l'administration de prostacycline (4), l'utilisation de matériel à faible thrombogénicité (5, 6), l'utilisation de rinçages répétés (1) et les changements prophylactiques de la membrane de dialyse et des lignes du circuit extra-corporel (7). Ces techniques n’éliminent cependant pas le risque de coagulation du circuit et peuvent présenter des risques propres non négligeables, consommer du temps infirmier et des consommables. Nous avons imaginé une autre méthode sans risque et facile à mettre en œuvre, l'hémodiafiltration en pré-dilution. Le principe est celui des rinçages puisque le liquide est réinjecté en continu, en amont du filtre afin de diluer le sang et de limiter le risque de coagulation au niveau de la membrane de dialyse. Matériel et méthodes Deux cent quatorze séances d'hémodiafiltration en prédilution ont été réalisées sur une période d'un an chez 25 patients. Il s’agit de 12 femmes et 13 hommes, d'âge moyen 62,5 ± 16,6 ans. Le nombre moyen de séances par malade est de 8,6 ± 12,2 avec une médiane à 4 et des extrêmes à 1 et 46. Tous les malades sont hémodialysés pour une insuffisance rénale chronique terminale. Les contre-indications à l'anticoagulation sont : 8 péricardites urémiques, 3 saignements digestifs, 3 hématomes post-ponction vasculaire, 1 maladie des emboles de cholestérol, 1 hémorragie intraalvéolaire, 1 hémorragie méningée, 1 abdomen chirurgical, 1 suite immédiate de thyroïdectomie, 1 hématome extra-crânien post traumatique, 1 hémothorax, 1 hémorragie rétinienne et 2 thrombopénies dont une à l'héparine. Aucun patient n'est traité par anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire et aucune transfusion sanguine n’a été faite pendant les séances d’EER. La voie d'abord vasculaire était une fistule artérioveineuse pour 123 séances et un cathéter double lumière pour les 91 autres. Les membranes de dialyse utilisées sont celles préalablement utilisées par les patients et elles sont choisies en fonction des caractéristiques de chaque patient. Ce sont des membranes en 50 Hémodiafiltration en pré-dilution sans héparine polysulfone (F8 (n=46), F60 (n=32); Fresenius®), en polyacrylonitrile (F12 (n=63) ; Hospal®), en polyamide S (PF6 (n=13) ; Gambro®), en triacetate de cellulose (CT150 (n=7) ; Baxter®), en polyméthylméthacrylate (TB3 1,6 (n=47) ; Meditor Toray®) et en polycarbonate-polyether (LunDia Pro500 (n=3) ; Gambro®). coagulation de 214 ± 50 minutes (p = 0,08). Cent quarante huit séances, soit 69,2% des séances, atteignent les 4 heures prescrites et seulement 32 séances, soit 15,0%, sont interrompues avant 3h30. Le rapport Kt/V est de 1,24 ± 0,32 pour les séances sans coagulation et de 1,14 ± 0,41 pour celles avec coagulation (p = 0,07). Le Kt/V des séances interrompues avant 3h 30 est de 0,94 ± 0,42. Pour réaliser cette pré-dilution nous utilisons des générateurs Intégra commercialisés par Hospal®. Le circuit sanguin est rincé par du soluté salé hépariné (10000 U), à raison de 2 litres pour les filtres de type TB3 et F12 et un litre pour les autres filtres. Le liquide de réinjection (Hemosol BO ; HOSPAL®), est injecté à un débit de 2000 ml/min en amont du filtre. Il n’a pas été observé de différence de débit de pompe à sang, de débit d’ultrafiltration, d'urée plasmatique prédialytique, d'hématocrite, de numération plaquettaire, d'INR, de ratio du temps de céphaline activée, de fibrinogénémie et d'albuminémie entre les séances avec ou sans coagulation. Pour chaque séance d'hémodiafiltration nous avons relevé la durée effective de la séance d’EER, le débit sanguin, le débit du liquide de réinjection, le débit d'ultrafiltration et l'état du circuit extracorporel en fin de séance. Nous considérons les séances comme indemnes de coagulation lorsque l'intégralité du sang circulant dans le circuit extra-corporel a pu être restituée au malade, même en présence de caillots dans les pièges à bulles artériels ou veineux. Par ailleurs, pour chaque séance, nous prélevons du sang sur le circuit en début de séance pour le dosage de la concentration de l'urée plasmatique, de l'hématocrite, des plaquettes, de l'International Normalized Ratio (INR), du ratio du temps de céphaline activée, du fibrinogène et de l'albumine. L'INR et le ratio du TCA ne sont pas pris en compte pour les séances réalisées sur cathéter car les cathéters sont héparinés entre les séances et malgré le rinçage initial, quelques reliquats d'héparine peuvent perturber leur dosage. En fin de séance, nous effectuons un dosage de l'urée plasmatique. L'efficacité de la séance d'hémodiafiltration est évaluée par le calcul du rapport Kt/V. La formule utilisée est Kt/V = Ln (Urée début / Urée fin). Les pourcentages de coagulation sont comparables que l'abord vasculaire soit une fistule artério-veineuse ou un cathéter (14,6% vs 16,5%; p>0,5) mais ces deux groupes différaient en un certain nombre de paramètres (débit sanguin, fibrinogénémie, numération plaquettaire et albuminémie). Le débit de la pompe à sang semble influencer le risque de coagulation au cours des séances réalisées sur une fistule artério-veineuse avec un pourcentage de coagulation significativement plus élevé lorsque ce débit est inférieur à 350 ml/min (28,1% vs 10,1% ; p=0,03). Cette différence n’est pas retrouvée au cours des séances réalisées sur cathéter. Discussion La technique d’hémodiafiltration en prédilution nous permet dans cette étude d’effectuer avec succès 84,6% de séances d’épuration extra-rénale sans anticoagulation chez des patients à risque hémorragique. Cependant, la durée des séances sans coagulation est inférieure aux 240 minutes prescrites car certaines séances sont arrêtées plus précocement en raison d'une augmentation de la pression veineuse ou de l'apparition de caillots dans les pièges à bulles. Ceci explique l'absence de différence significative de durée de séance et de Kt/V entre les deux groupes. Résultats Sur les 214 séances, une restitution complète est possible 181 fois (84,6%). La durée moyenne des séances est de 226 ± 33 minutes. La durée moyenne des séances sans coagulation est de 228 ± 29 minutes et celle des séances avec Malgré cela, 69,2% des séances ont été à leur terme et seulement 15% des séances ont été 51 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? interrompues avant 3h 30. L’efficacité de ces séances écourtées restent encore acceptable avec un Kt/V moyen à 0,94. Le Kt/V moyen de l’ensemble des séances est de 1,22 ce qui est insuffisant pour une utilisation au long cours de la technique, mais pour une courte période pendant laquelle l’héparine est contre indiquée, l’efficacité de l’épuration est suffisante. cycline peut se compliquer d’hypotension artérielle et de divers autres symptômes liés à une vasodilatation comme des flushs et des céphalées (4). L’utilisation de rinçages répétés du circuit extracorporel implique une charge de travail importante pour l’équipe infirmière et des difficultés pour le contrôle de l’ultrafiltration. En revanche, avec l’hémodiafiltration en prédilution l’injection du liquide de réinjection dans le circuit extra-corporel est continue et constante ce qui permet un parfait contrôle de l’ultrafiltration. Ces résultats confirment que l'hémodiafiltration en pré-dilution est une technique efficace comme alternative à l'hémodialyse conventionnelle avec héparine lorsqu’il y a un risque hémorragique. L’hémodiafiltration est de plus une technique déjà utilisée en routine par de nombreuses équipes et ne pose pas de difficulté de mise en œuvre ni de surveillance. Par contre, il n’en est pas de même avec les autres techniques d’épuration extra-rénale sans héparine. En effet, avec l’utilisation d’une anticoagulation systémique à faible dose il persiste un risque hémorragique et un risque non négligeable de coagulation dans le circuit extra-corporel (1). La technique d’anticoagulation régionale par l’héparine nécessite la perfusion de protamine dans la ligne veineuse du circuit extra-corporel et une surveillance stricte de l’hémostase en raison d’un risque thrombotique ou hémorragique selon qu’il y ait un excès ou une insuffisance de protamine. D’autre part, le risque hémorragique persiste de manière retardée en raison d’une demivie de la protamine inférieure à celle de l’héparine (8). L’anticoagulation régionale au citrate nécessite une surveillance des calcémies du circuit et du malade afin d’adapter les débits de citrate à l’entrée du circuit et de calcium à la sortie. Il y a des risques d’hypo ou d’hypercalcémie et de surdosage en citrate (9). L’utilisation de prosta- Les résultats que nous avons obtenus avec l’hémodiafiltration en prédilution ne sont pas meilleurs que ceux publiés avec d’autres techniques d’hémodialyse sans héparine mais une étude comparative mériterait d’être faite. Nous n’avons pas conçu cette étude pour identifier des facteurs de risque de coagulation du circuit extra-corporel mais il semble cependant que le risque de coagulation soit significativement supérieur lorsque le débit sanguin est inférieur à 350 ml/min. Cette notion avait déjà été suggérée par d’autres équipes avec risque majoré en dessous de 250 ml/min (10). En conclusion, l’hémodiafiltration avec réinjection continue en pré-dilution est une technique de dialyse sans héparine efficace, sans effet indésirable et simple à mettre en œuvre. Son coût peut être réduit par la production on-line du liquide de réinjection dont le débit pourra à ce moment là être majoré sans que l’on sache pour le moment si cela permettra de réduire d’avantage les risques de coagulation du circuit. Références bibliographiques 1. 4. Caruana RJ, Smith MC, Clyne D, Crow JW, Zinn JM, Diehl JH. Controlled study of heparin versus epoprostenol sodium (prostacyclin) as the sole anticoagulant for chronic hemodialysis. Blood Purif. 1991;9(5-6):296-304. Caruana RJ, Raja RM, Bush JV, Kramer MS, Goldstein SJ. Heparin free dialysis: comparative data and results in high risk patients. Kidney Int. 1987; 31(6):1351-5. 2. Maher JF, Lapierre L, Schreiner GE, Geiger M, Westervelt FB. Regional heparinization for hemodialysis. N Engl J Med. 1963;268:451-6. 5. 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L’hémodiafiltration ajoute au principe de diffusion le principe de convection, permettant d’épurer des toxines de plus haut poids moléculaire que l’hémodialyse conventionnelle. Elle se heurte néanmoins à trois problèmes : l’interférence entre la convection et la diffusion, la qualité et la quantité du liquide réinjecté et la perte de composants physiologiques dans l’ultrafiltrat. La paired filtration dialysis (PFD) développée dans les années 1990 a ouvert la voie de la séparation des étapes de convection et de diffusion [1]. L’évolution de ce concept dont l’objectif est de disposer d’une solution de substitution ultrapure a abouti au développement de l’hémodiafiltration avec régénération de l’ultrafiltrat endogène (HFR) qui permet de s’affranchir des problèmes de qualité du liquide de réinjection ainsi que des effets délétères de la perte de substances physiologiques actives [2]. L’HFR est ainsi une technique d’épuration extrarénale qui combine les trois principes d’épuration : la diffusion, la convection et l’adsorption en utilisant comme soluté de réinjection un liquide endogène stérile ultrapur. Nous allons aborder les principes Description de la technique L’HFR dissocie les étapes de convection et de diffusion et utilise également l’adsorption (fig. 1). L’HFR utilise deux filtres situés dans une seule coque, disposés en série sur le circuit sanguin : Figure 1 : Schéma de l’hémodiafiltration avec réinfusion de liquide endogène Qs : Débit sanguin - Quf : débit de l’ultrafiltrat Qr : débit de réinjection de l’ultrafiltrat Qd : débit dialysat 54 HFR : une méthode originale d’hémofiltration à haut débit le premier filtre consiste en une membrane en polyéthersulfone haute perméabilité utilisé pour produire par convection, l’ultrafiltrat ; le second filtre est une polyéthersulfone de basse perméabilité qui assure l’étape de diffusion. L’ultrafiltrat, obtenu à travers le premier filtre, traverse une cartouche (Sélecta®, Bellco-Sorin) contenant une résine hydrophobe en polystyrène qui comprend de nombreux pores et canaux lui conférant une surface d’environ 700 m2/g où est réalisé le processus d’adsorption. L’ultrafiltrat ainsi purifié après son contact avec la résine est réinjecté dans le compartiment sanguin au niveau d’un port de type Luer anti retour situé entre les deux filtres. Dans le deuxième filtre, le sang et l’ultrafiltrat purifié réinjecté suivent le processus d’une hémodialyse conventionnelle. La perte de poids du patient par ultrafiltration, se fait lors de cette étape. Cette technique se réalise habituellement avec un générateur Formula 2000® (Bellco-Sorin) qui utilise un logiciel de calcul permettant l’adaptation durant toute la séance du débit de l’ultrafiltrat en fonction des pressions transmembranaires et de l’hématocrite. Le débit de l’ultrafiltrat, et donc de réinjection, est habituellement plus élevé en début de séance est ensuite réadapté pour réduire les flux en fonction de l’hémoconcentration et des pressions transmembranaires. L’HFR a initialement été développée avec une cartouche adsorbante qui associait à la résine en polystyrène du charbon. L’utilisation du charbon a été abandonnée en raison de sa responsabilité dans l’activation de la phase contact particulièrement chez les patients sous inhibiteurs de l’enzyme de conversion incapables de dégrader les bradykinines [3]. est comparable à celle observée au cours d’une séance d’hémodialyse conventionnelle avec une membrane basse perméabilité [7]. L’ultrafiltrat régénéré constitue donc une solution de réinjection stérile, ultrapure et apyrogène avec un contenu physiologique en bicarbonate et acides aminés. Les avantages cliniques démontrés à ce jour D’assez nombreuses études ont mis en évidence les effets bénéfiques de l’HFR. Testa et al ont montré que l’HFR est non seulement une technique simple, sure et bien tolérée. Elle assure une bonne qualité de dialyse avec des PRU de l’ordre de 70 % [8] et une bonne épuration de ß2microglobuline et d’autres toxines de moyen et haut poids moléculaires [8, 9]. Les mêmes auteurs ont montré une soustraction de cytokines comme l’IL6 et le TNF a. Spendiani et al mettent en évidence une adsorption d’homocystéine, sans adsorption de vitamine B12 ni de folates [4]. La morbi-mortalité des patients hémodialysés reste très importante. Cette morbi-mortalité élevée est plurifactorielle ; le stress oxydant accru et la dénutrition sont impliqués dans cette surmortalité. Les premières études réalisées suggèrent un effet favorable de l’HFR sur le stress oxydant et la dénutrition des patients pouvant potentiellement diminuer le sur-risque cardiovasculaire. Panichi V et al rapportent ainsi les résultats d’une étude incluant 25 patients en insuffisance rénale chronique terminale traités pendant 4 mois en HFR et 4 mois en HDF suivant un schéma en cross over avec une période de wash-out de 1 mois en hémodialyse conventionnelle entre chacune des périodes [10]. La CRP diminue de 8.0 ± 3.2 à 5.6 ± 3.6 mg/l après 4 mois d’ HFR (p < 0.05) et de 9.4 ± 4.3 à 5.9 ± 3.9 après 4 mois d’HDF (p< 0.05). L’interleukine 6 diminue de 14.8 ± 6.3 à 10.1 ± 3.2 en HFR (p< 0.02) et de 12.1 ± 4.2 à 9.6 ± 3.7 de façon non significative en HDF. Une augmentation significative de l’interleukine 10 est retrouvée en HFR comme en HDF : de 4.8 ± 2.1 à 6.89 ± 1.7 pg/ml en HFR et de 3.3 ± 1.7 à 8.95 ± 4.3 pg/ml en HDF. Il n’est pas observé de différence significative dans les taux de leptine tout au long de l’étude quelle que soit la technique. L’albumine augmente non significativement en HFR et en HDF par rapport à l’HD Qualité de l’ultrafiltrat La résine hydrophobe a une forte affinité pour de nombreuses toxines urémiques et de moyennes molécules comme la bêta 2 microglobuline, l’angiogénine, l’homocystéine, la PTH, de nombreuses cytokines et chémokines et pour des peptides à action vasodilatatrice [4, 5, 6]. L’urée, la créatinine, l’acide urique, le sodium, le potassium, les bicarbonates et les phosphates ne sont pas adsorbés sur la résine. Les pertes en acides aminés sont significativement plus faibles en HFR par rapport à celles observées avec les autres techniques notamment par rapport aux techniques convectives. Cette perte est estimée à 10-11 %, elle 55 Chapitre 2 - Hémodiafiltration à haut débit : Pourquoi ? Comment ? conventionnelle ; le poids sec des patients n’est pas modifié significativement tout au long de l’étude. Les auteurs concluent que les deux techniques d’hémodiafiltration améliorent les paramètres de l’inflammation ; l’absence de résultats sur les paramètres nutritionnels peut être expliquée par la petite taille de l’échantillon et la courte durée de l’étude. Bolasco et al retrouve des résultats similaires sur l’amélioration des marqueurs de l’inflammation mais aussi une augmentation de la soustraction des phosphates et une diminution des phosphatases alcalines osseuses [11]. d’optimiser la balance sodée : c’est l’HFR aequilibrium. Le générateur est équipé d’une cellule de mesure en continu de la conductivité de l’ultrafiltrat plasmatique (Natrium® Bellco-Sorin). Cette conductivité plasmatique est très bien corrélée à la natrémie du patient. Un modèle mathématique (Profiler Bellco-Sorin) permet par ailleurs une gestion automatisée de profils d’ultrafiltration et de sodium du dialysat de manière à obtenir les valeurs cibles fixées pour le patient en fin de séance. Le Natrium et le Profiler ont été validés dans de petites études cliniques avec une bonne corrélation entre les valeurs mesurées de conductivité plasmatique et la natrémie ainsi qu’entre les valeurs prédites et mesurées du sodium [13, 14]. L’étude de Calo et al [12] a comparé l’HFR à l’HD conventionnelle sur le stress oxydant chez 14 patients. Les auteurs rapportent une diminution significative des LDL oxydées (-14 %), des taux d’ARNm et de l’expression protéique de p22 phox dans les cellules mononuclées (-9%) et également des taux de l’ARNm et de l’expression protéique de PAI1 (-19%) par rapport à l’HD. Les auteurs suggèrent une diminution des cytokines pro-inflammatoires en HFR associées à une épargne des molécules anti-oxydantes. En conclusion, l’HFR est une technique d’hémodiafiltration avec réinjection d’un liquide de substitution endogène, stérile et ultrapur dont l’utilisation est aisée, sûre et dont le coût de production est faible. Elle assure une bonne épuration des petites molécules et surtout des toxines de moyen et haut poids moléculaires permettant de diminuer le stress oxydant. Ces bénéfices cliniques demandent à être confirmés sur des études de morbi-mortalité à moyen et long terme. Cette technique se révèle très prometteuse pour les patients à risque élevé de développer des complications en rapport avec un état inflammatoire chronique, une malnutrition et à haut risque cardiovasculaire. Les perspectives d’avenir A côté d’assez nombreuses études qui sont en cours pour préciser les effets cliniques bénéfiques, l’HFR s’est enrichie récemment de la possibilité Références bibliographiques 1. Ghezzi PM, Dutto A, Gervasio R, et al. Hemodiafiltration with separate convection and diffusion: paired Filtration Dialysis. Contrib Nephrol 1989, vol 69:141-161. 5. De Nitti C, Giordano R, Gervasio R, et al. Choosing new adsorbents for endogenous ultrapure infusion fluid: performances, safety and flow distribution. 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HFR : une méthode originale d’hémofiltration à haut débit 8. Testa A, Gentilhomme H, Le Carrer D et al. In vivo removal of high and low molecular Weight compunds in HDF with on line regneneration of ultrafiltrate. Nephron Clin Pract 2006, 21 : 756-762. 9. 11. Bolasco PG, Manca Rizza G Paoletti S et al. Effect of on-line haemodiafiltration with endogenous reinfusion (HFR) on the calcium-phosphorus metabolism: medium term effects. Int J Artif Organs 2006 ; 29 :1042-1052. Meloni C, Ghezzi M, Cipriani S et al; hemodiafiltration with post dilution reinfusion of the regenerated ultrafiltrate: a new on line technique. Clin Nephrol 2005, Feb; 63(2) : 106-112. 12. Calo L, Naso A, Carraro G et al. Effect of haemodiafiltration with online regenration of ultrafiltrate on oxidative stress in dialysis patients. Nephrol Dial Transplant 2007;22:1413-1419. 10. Panichi V, Manca Rizza G, Paoletti S et al. Effects on inflammatory and nutritional markers of haemodiafiltration with online regeneration of ultrafiltrate ( HFR) vs online haemodiafiltration: a cross-over randomized multicentre trial. Nephrol Dial Transplant 2006; 21 :756-762. 13. Emiliani G, Coli L, Bergamini C et al. Validation of a new on line Na sensor applied in HFR. EDTA 2006 abstract. 14. Coli L, Aloisi M, Atti et al. Effects of profiler-HD on dialysis intolerance: results of a multicentric Italian Study; EDTA 2006, Abstract. 57 58 Chapitre 3 Transplantation 59 Chapitre 3 - Transplantation La xénotransplantation, quels progrès, quels espoirs Gilles Blancho IUN : Institut de Transplantation et de Recherche en Transplantation – Urologie - Néphrologie Laboratoire Inserm U643 - CHU Nantes La xénotransplantation est une transplantation entre espèces différentes. Si son origine se retrouve au début du siècle avec la pratique des toutes premières transplantations rénales (Jaboulay 1906), elle n'en demeure pas moins encore maintenant un sujet uniquement de recherche, dont l'intérêt s'est récemment réanimé. Les raisons de ce regain d'intérêt sont d'une part la grande pénurie d'organes que nous connaissons (les organes animaux pourraient être une source considérable de greffons) et d'autre part le développement, notamment chez le porc, de techniques de modification génétique telles que la transgénèse ou le clonage par transfert nucléaire. années soixante avec l'utilisation de reins de primates. Ainsi Keith Reemstma (Nouvelle-Orléans) rapportera six cas de transplantations chez des humains à partir de reins de chimpanzé et avec des survies significatives dont notamment une patiente vivant pendant neuf mois avec un greffon fonctionnel, avant de décéder d'une cause non néphrologique. La dernière et retentissante utilisation d'un organe de primate chez un humain se fera en 1992 à Pittsburgh par le Pr Thomas Starzl avec une transplantation de foie de babouin chez un patient VIH atteint d'une hépatite fulminante. Le patient recouvrera une fonction hépatique satisfaisante pendant plus de 70 jours mais malheureusement décédera d'un accident vasculaire cérébral avec à l'autopsie un greffon hépatique indemne de lésions de rejet. Cette tentative créera une vaste polémique locale et internationale, notamment sur la nécessité d'approfondir la recherche, conduisant à un moratoire sur les xénotransplantations humaines. Une histoire qui remonte au début du XXe siècle Les premières transplantations d'organes vascularisées ont été possibles à partir de la mise au point des anastomoses vasculaires (notamment par Jaboulay , Lyon 1896-98). Il est intéressant de rappeler que cette mise au point s'est faite déjà dans le but de faire des transplantations. A partir de 1902, les premières transplantations sont rapportées chez l'animal (dont certaines de chien sur chèvre) indépendamment par les chirurgiens Ullmann (Autriche) et Carrel (Lyon), puis en 1906, Jaboulay à nouveau relate le cas d'une greffe de rein de porc au "coude gauche" d'une femme atteinte de syndrome néphrotique et devant être retirée au 3eme jour pour thrombose. Par la suite, après d'innombrables échecs, cette activité se tarira et ne reprendra réellement que dans les Le porc sera l'animal donneur A la suite de cette dernière tentative à partir d'un organe de primate, le choix s'est rapidement tourné plutôt vers le porc. En effet, il est apparu que le risque de transmission de rétrovirus endogène du primate vers l'homme était trop élevé du fait de la proximité génétique des espèces. De plus un débat éthique important sur le droit à l'utilisation des primates par l'homme a émergé. 60 La xénotransplantation, quels progrès, quels espoirs De son côté, le porc de par son utilisation à des fins nutritives depuis des millénaires ne pose pas de telles interrogations éthiques; il présente des paramètres anatomiques et physiologiques proches l'homme et surtout est maintenant le sujet de l'application de nouvelles techniques de modification génétique, telles que la transgénèse ou le clonage par transfert nucléaire. gardant toujours une composante humorale essentielle avec toujours l'intervention des anticorps anti-Gal et du complément. D'autres désordres ont alors le temps d'apparaître; tels que des troubles de la cellule endothéliale (activation de type II) à type de perte des ADPases, antithrombine III et thrombomoduline favorisant la thrombose et le recrutement de macrophages et cellules NK et T activés... À l'inverse du RHA, ce RXR demeure l'écueil principal de la xénotransplantation car il reste extrêmement difficile à prévenir malgré des immunosuppressions très intensives et conduit inexorablement à la perte des greffons. Cependant les primates de l'ancien monde, en particulier macaques et babouins, demeurent incontournables dans les modèles expérimentaux, en tant que receveur d'organes porcin. Les problématiques immunologique et d'hémostase Les derniers progrès de la recherche en xénotransplantation La particularité immunologique de la discordance entre l'homme et le porc réside en premier lieu dans l'existence chez tous les mammifères, l'exception des humains et des primates de l'ancien monde, d'un antigène xénogénique disaccharidique, le galactose alpha 1-3 galactose (Gal). En retour, les humains et primates de l'ancien monde ont développé une immunisation sous forme d'anticorps anti-Gal. Il résulte donc de cette discordance un contexte immunologique particulièrement défavorable s'apparentant à une transplantation avec cross-match prégreffe positif. in vivo, ces anticorps préformés sont responsables d'un rejet, dit hyperaigu (RHA), à partir de la reconnaissance très précoce de leur antigène cible sur l'endothélium porcin. Cette dernière va être responsable d'une agression très violente de endothélium, notamment par une activation du complément aboutissant à des lésions de lyse cellulaire et d'activation endothéliale conduisant à la sur-régulation de molécules d'adhésion telles que la P-sélectine et à la rétraction des cellules exposant l'espace sous endothélial au lit vasculaire, favorisant ainsi l'agrégation plaquettaire et la thrombose. La conséquence extrêmement rapide, en quelques minutes à quelques heures, est une perte du greffon par phénomène multi-thrombotique. Ce RHA peut être prévenu par l'utilisation de techniques de déplétion des anticorps (plasmaphérèse ou immuno-adsorption) ou de blocage du complément. Alors, un deuxième niveau de rejet apparaît plus tardivement (quelques jours à quelques semaines), on parle de rejet xénogénique retardé (RXR), mais La meilleure connaissance des mécanismes impliqués dans les rejets de xénogreffes a permis d'imaginer des solutions innovantes passant par la modification génétique de l'organe porcin. En effet, le contrôle de l'activation du complément se révélant un élément primordial de la prévention de ces rejets, a incité certains groupes (dont celui de David White alors à Cambridge) à faire exprimer au sein des greffons porcins une ou plusieurs molécules humaines régulatrices du complément, telles que le CD55, CD59 ou CD46, en vue de bloquer spécifiquement l'activation du complément humain dans le contexte de la reconnaissance porcine. La technique de transgénèse a permis de générer de tels animaux à partir des années 90 avec des résultats in vivo considérablement améliorés. Ainsi, les primates recevant de tels organes, ne font plus de RHA même en dehors de toute immunosuppression. De plus, même si le RXR se déroule toujours, il a pu être significativement retardé avec des survies passant de quelques jours à près de trois mois pour les meilleures séries. Le second progrès majeur a été obtenu grâce à la technologie du transfert nucléaire permettant d'appliquer au porc la technique de l'invalidation d'un gène ou knock-out (KO). Bien entendu, la cible recherchée pour cette invalidation était l'Ag Gal et l'astuce a consisté a rompre la lecture et donc l'expression du gène l' a1-3 galactosyl-transférase, enzyme responsable de l'expression des disaccharides Gal à la surface des épithéliums 61 Chapitre 3 - Transplantation porcins. Après de longues années d'attente, de tels animaux ont enfin été obtenus de façon simultanée par deux laboratoires américains concurrents. Alors qu'ils ont un phénotype porcin tout à fait normal et ne sont pas porteurs d'anomalies particulières, ils sont effectivement "un peu moins porcins" puisqu'ils n'expriment plus ce fameux Ag des mammifères le Gal. Il résulte donc de ce progrès considérable que les xénotransplantations faites à partir de tels animaux se font en situation immunologique moins défavorable puisque nos Ac anti-Gal n'ont plus de cible à reconnaître. Les résultats des premières xénotransplantations ont été dans un premier temps encourageants avec notamment une absence totale de RHA contre ces greffons et des survies significativement prolongées (jusqu'à 3 mois). Cependant, le porc gal KO demeure un animal différent du macaque ou du babouin et génère toujours une réponse xéno-immune avec l'apparition de xénoAc induits activant le complément et toujours des formes de rejets vasculaires retardés avec de plus des désordres de l'hémostase. humaines ou primates in vitro. De plus, le risque potentiel de recombinaisons de séquences de PERV avec des séquences de rétrovirus humains existe (de telles recombinaisons conduiraient à créer de nouveaux virus) et ne peut être quantifié pour l'instant. La recherche actuelle consiste donc à évaluer véritablement ce risque et à le contrôler voire le rendre nul. Les recherches in vivo chez l'homme ont consisté à recenser le maximum de patients ayant subi pour diverses indications un contact rapproché avec du tissu porcin (greffes de peau de porc, îlots de Langerhans de porc, perfusion extracorporelle de foie de porc …) et aucun d'entre eux n'a montré d'infection par un tel virus. Les interventions possibles vis à vis de tels virus sont d'envisager des vaccinations ou encore d'évaluer la "dangerosité" des différentes séquences de PERV et d'invalider par la technique du KO les plus à risque. Pour l'instant, ces incertitudes justifient encore le moratoire sur les essais humains. Le porc Gal KO n'est donc malheureusement qu'une étape absolument nécessaire de la modification génétique de nos animaux donneurs. Divers programmes de poursuite de la modification génétique du porc en associant la transgénèse au fond Gal KO se développent actuellement dans quelques pays. Le fonctionnement d'organes animaux pourrait être affecté dans un environnement humain: comment fonctionne un poumon ou un cœur d'animal vivant à l'horizontale chez un primate vivant à la verticale ?…. Très peu de données sont publiées à ce sujet probablement parce que la barrière immunologique domine la problématique et n'autorisait que des survies courtes jusqu'à récemment. Cependant en physiologie rénale, nous savons à partir des survies de plus de trois mois qu'un organe porcin permet une fonction d'épuration quasi normale chez un primate au moins sur cette durée, et que sont surtout notés des désordres tubulaires de type diabète phosphaté responsable d'hypophosphorémie ou encore des anémies par inefficacité de l'érythropoiétine (EPO) de porc, cependant facilement compensées par l'EPO recombinante. Un autre problème qui reste encore une interrogation est le devenir dans un contexte primate de la protéinurie physiologique du porc. La physiologie Le risque de transmission de virus porcins à l'homme Les transmissions de virus de l'animal mais aussi de l'homme à l'animal (Zoonoses) sont un phénomène bien connu (grippe, CMV …). Le problème nouveau posé par la xénotransplantation est le contact direct des tissus de l'hôte et du donneur, exposant donc en permanence le receveur à un risque de transmission d'autres types de virus dits endogènes du porc (PERV = Porcine Endogenous RetroVirus). Ces virus sont intégrés au génome sous forme de séquences disséminés (d'où leur nom endogène) et sont transmis de façon mendellienne à la descendance. Ces virus ne conduisent à aucune pathologie au sein de chaque espèce. En revanche, il a été montré que des PERV peuvent infecter des cellules Les organes concernés Outre le rein dont il est bien sur plus question dans cette revue, le cœur et le poumon sont les deux 62 La xénotransplantation, quels progrès, quels espoirs autres organes clairement concernés par la xénotransplantation. Les autres organes en particulier le foie et le pancréas présentent l'inconvénient d'être des organes sécréteurs de diverses protéines (albumine, facteurs de coagulation, insuline etc …) dont le caractère porcin renforce le potentiel immunisant du xénogreffon neutralisant à terme ces mêmes molécules. En terme de xénotransplantation, l'utilisation de ces deux organes s'orienterait nettement plus vers des colonnes d'hépatocytes pour le foie ou des îlots encapsulés pour le pancréas avec d’ores et déjà des survies de plusieurs mois dans certains modèles expérimentaux. (le porc vis à vis des religions musulmanes et juives), à l'information des populations (cette pratique ne se fera pas sans l'appui éclairé des populations), des liens avec l'industrie qui génèrera ces animaux …Autant de questions diverses et importantes qui associent toujours des éthiciens à nos recherches et débats. La xénotransplantation, un réel futur ? Les données actuelles de la recherche penchent en faveur d'une grande prudence encore vis à vis d'éventuels essais sur l'homme; il existe cependant d'éminents transplanteurs favorables au début d'essais cliniques. Malgré le faible nombre d'équipes impliquées, toute cette activité de recherche a permis de faire des progrès considérables en très peu de temps. Il persiste encore quelques verrous essentiels à débloquer pour imaginer raisonnablement une application humaine à un horizon encore impossible à définir. L'éthique L'aspect éthique et même philosophique de la xénotransplantation est un élément essentiel qui se rapporte à diverses questions relatives au droit à l'utilisation de l'animal, à la question religieuse 63 Chapitre 3 - Transplantation Transplantation rénale à partir de donneurs à cœur arrêté : premiers résultats français Corinne Antoine et Alain Tenaillon Direction médicale et scientifique de l’Agence de biomédecine Introduction cardiaque est brève (catégorie I de Maastricht). - Les personnes qui font un arrêt cardiaque en présence des secours bénéficiant d’un massage cardiaque avec ventilation mécanique et dont la réanimation s'avère vouée à l'échec (catégorie II de Maastricht). - Celles pour lesquelles on décide d’un arrêt de la réanimation (catégorie III de Maastricht). - Les personnes décédées en mort encéphalique qui font un arrêt cardiaque irréversible au cours de la prise en charge en réanimation (catégorie IV de Maastricht). Le prélèvement d’organes sur des donneurs à cœur arrêté suscite aujourd’hui un regain d’intérêt pour contribuer à augmenter l’offre de greffons en fonction des besoins de la population. Entre 1970 et 1990, ce type de prélèvement est resté marginal, car les premiers résultats n’étaient pas satisfaisants. Les résultats de la greffe de reins prélevés sur donneurs à cœur arrêté se sont nettement améliorés et sont désormais comparables à ceux de la greffe rénale à partir des donneurs en mort encéphalique. Le prélèvement d’organes sur donneurs à cœur arrêté a donc été reconsidéré sous l’angle de la faisabilité, des résultats et de leurs conséquences éthiques et juridiques dans le cadre exclusif d’un protocole médical édicté par l’agence de la biomédecine et d’une convention engageant le centre hospitalier pilote à respecter les termes du protocole. Dans son protocole, l’agence de la Biomédecine n’a retenu que les catégories I, II et IV de Maastricht. Le sujet est examiné comme un potentiel donneur seulement après le constat du caractère irréversible de l’arrêt des fonctions cardio-respiratoires mais le prélèvement d’organe ne peut être envisagé que si la durée estimée d’arrêt cardiaque non réanimé est inférieure à trente minutes. Quels sont les donneurs éventuels Compte tenu des délais à respecter impérativement pour assurer la viabilité des organes, le comité d’éthique s’est positionné pour la mise en place de techniques invasives (montée d’une sonde de Gillot ou d’une circulation régionale normothermique) destinées à préserver les organes après avoir vérifié le registre national des refus mais éventuellement avant que les proches du défunt aient pu confirmer la non opposition de ce dernier de son vivant au don d’organes. Il est mis fin aux mesures médicales prises avant le prélèvement pour assurer la conservation des Il s’agit de sujets en arrêt cardiaque irréversible. Ces donneurs ont été classés en 4 catégories clairement identifiées lors d’un Conférence internationale à Maastricht en 1995. Plusieurs catégories de donneurs potentiels ont été individualisées par la classification de Maastricht - Les personnes qui sont retrouvées en arrêt cardiaque et pour lesquelles le prélèvement d'organes est envisagé si la durée de l'arrêt 64 Transplantation rénale à partir de donneurs à cœur arrêté : premiers résultats français organes, s'il apparaît, au vu du témoignage des proches que le défunt avait manifesté de son vivant une opposition au don d'organes. Cette disposition est d’ailleurs clairement énoncée dans le décret régissant le prélèvement sur donneur à cœur arrêté. isolées, seraient moins péjoratives que celles en rapport avec les profondes perturbations hémodynamiques, inflammatoires et métaboliques secondaires à la libération massive de cytokines pro-inflammatoires lors du passage en mort encéphalique tel que cela a été décrit par Takada. Les donneurs des trois premières catégories de Maastricht ne passent pas par une phase de mort encéphalique et ne présentent pas a priori ce type de lésion. Cela peut potentiellement expliquer les mauvais résultats obtenus avec les donneurs de la catégorie IV qui cumulent à la fois les effets de la mort encéphalique et ceux de l’asystolie prolongée. Ce qui a changé dans les résultats des greffes réalisées à partir de donneurs à cœur arrêté Le premier constat est une baisse significative du taux de non fonction primaire qui s’avère désormais comparable à celle observée pour les donneurs à cœur battant. La non fonction primaire ou absence durable et définitive de fonction du greffon est en rapport avec des lésions histologiques de nécrose corticale, stade ultime et non réversible de la nécrose tubulaire aiguë et est principalement lié à la durée d’ischémie chaude (> 30 mn). Des études américaines et espagnoles constatent que la survie à un an les greffons issus de donneurs à cœur arrêté est significativement supérieure à celle de greffons prélevés sur des donneurs en mort encéphalique d’origine non traumatique ou âgés de plus de 60 ans. Ce qui a permis l’amélioration des résultats des greffes réalisées à partir de donneurs à cœur arrêté Désormais, les principales publications font état de taux de survies des greffons à 1, 5 et 10 ans identiques et de fonctions des greffons comparables que le donneur décédé soit en mort encéphalique ou à cœur arrêté. Ces bons résultats s’expliquent par une meilleure sélection des donneurs et des receveurs, le respect des délais d’ischémie chaude et froide et l'apparition d’innovations thérapeutiques importantes dans la prise en charge du donneur et de ses organes. L’incidence de la reprise retardée de fonction du greffon, définie par la nécessité d’au moins une séance de dialyse dans la première semaine de la greffe, reste significativement plus importante, de 50 à 100%, en cas de donneur prélevé à cœur arrêté, versus 20 à 60% en cas de prélèvement sur donneurs à cœur battant. Cette différence significative est due principalement aux effets délétères de l’ischémie chaude1, indépendamment d’autres facteurs bien identifiés en cas de donneurs en mort encéphalique comme le délai d’ischémie froide2, l’âge ou le terrain vasculaire du donneur ou les lésions dites d’ischémie-reperfusion lors du déclampage. En comparant la survie des greffons rénaux ayant présenté un retard de fonction, deux séries, l’une espagnole, l’autre anglaise, constatent que les greffons du groupe « donneurs à cœur arrêté » ont une meilleure survie à 3 ans et 6 ans que les greffons issus de donneurs en mort encéphalique. Les lésions d’ischémie chaude, La sélection des donneurs est une étape capitale pour le succès de la greffe à partir d’un donneur à cœur arrêté. Il s’agit de limiter l’accumulation de facteurs de risque désormais bien identifiés tels que la présence d’antécédents de pathologie cardiovasculaire dont la fréquence augmente proportionnellement avec l’âge chez le donneur. Pour répondre à ces exigences, le protocole médical exclut les donneurs âgés de plus de 55 ans ou présentant des facteurs de risque vasculaires (hypertension artérielle, diabète, artériopathie connue, etc.). La sélection des receveurs est conçue sur le même principe de non accumulation de facteurs 1. Ischémie chaude : période de no flow et dans une moindre mesure celle des manœuvres de ressuscitation 2. Ischémie froide : délai entre le clampage de l’artère du rein au moment du prélèvement et le déclampage de cette même artère chez le receveur 65 Chapitre 3 - Transplantation de risque connus en greffe rénale avec le choix de receveurs âgés de moins de 60 ans, en attente d’une première greffe d’organe, strictement non immunisés avec des recherches d’anticorps antiHLA par technique Elisa toutes négatives. L’avantage est de cibler une population à moindre risque de rejet et, si les délais d’ischémie froide l’obligent, de ne pas attendre le résultat du cross match. Le choix du protocole d’immunosuppression est laissé aux équipes en dehors de l’obligation d’utiliser une induction par anti-thymocytes pour permettre une introduction différée des anti-calcineurines. inférieur 180 min. Ce délai peut être porté à 240 mn en cas d’utilisation d’une circulation régionale normothermique. - La réalisation de la greffe en urgence à toute heure du jour ou de la nuit pour obtenir une durée d’ischémie froide inférieure à 18 heures. Les innovations thérapeutiques décisives L’utilisation de la sonde de Gillot est la technique de référence pour la préservation des reins sur un donneur à cœur arrêté. Elle correspond à la mise en place par artériotomie inguinale ou fémorale d’un cathéter à double ballonnet triple lumière, après la déclaration du décès et sous massage cardiaque. Le refroidissement des reins est assuré par la perfusion d’un liquide de conservation de 4ème génération. Depuis peu, la circulation régionale normothermique apparaît comme une alternative potentielle à la perfusion et au refroidissement des reins par la sonde de Gillot. Cette technique permet la recirculation du sang du sujet décédé, oxygéné régulièrement et maintenu à une température choisie. Cette technique est dite régionale ou partielle du fait de la mise en place d’un ballonnet d’occlusion aortique sous diaphragmatique. Les équipes de Madrid et de Barcelone, pionnières dans l’utilisation de la circulation régionale normothermique constate une baisse significative du taux de non fonction primaire et du retard de fonction de greffons. Le patient doit être dûment informé et consentant. Bien que les résultats des transplantations à partir de donneur à cœur arrêté se soient très nettement améliorés avec les années et semblent désormais comparables avec ceux des donneurs à cœur battant, l’information et le recueil d’un consentement éclairé auprès du receveur restent incontournables. Il s’agit de pouvoir expliciter au patient le risque de non fonction primaire et celui de reprise retardée de fonction du greffon impliquant pour ce dernier le maintien de la dialyse pour une période pouvant dépasser 15 jours. Les patients restent bien sur éligibles pour un greffon prélevé sur un donneur en mort encéphalique. Le respect des délais d’ischémie chaude1, et d’ischémie froide2 s’avèrent tout aussi essentiel dans la réussite des greffes issues des donneurs à cœur arrêté. Après une synthèse des expériences internationales, en particulier celles des équipes espagnoles, dont l’organisation et la législation sont proches de celles en vigueur en France, le comité de pilotage a opté pour un certain nombre de recommandations sur les délais d’ischémie tolérables en regard du bénéfice / risque attendu sur la fonction du greffon : - La durée d’asystolie complète sans massage cardiaque et ventilation (heure de l’arrêt connue) inférieure à 30 minutes. - Le temps entre le début de l’arrêt cardiaque, son traitement, la « période d’observation », le transfert avec reprise des manœuvres et la mise en place des moyens de préservation des organes inférieur à 120 min (150 mn en cas d’utilisation d’une planche à masser, conseillée pour optimiser la qualité du massage cardiaque). - Le temps entre le début des manœuvres de préservation des organes et le prélèvement Enfin, au vu des résultats récents de la littérature, l’utilisation d’une machine à perfusion des greffons rénaux a été exigée comme mode de conservation. Ces machines assurent une perfusion des reins de façon pulsatile ou continue avec 500 ml d’une solution réfrigérée adaptée, en circuit clos et maintenue entre 5° et 10°. Ces machines, non seulement peuvent améliorer la qualité des greffons mais surtout, servent de support pour deux tests importants de viabilité des greffons, dont la mesure des résistances intra-rénales. Ces tests permettre de récuser un certain nombre de greffons, participant de façon notable à la diminution du taux de non fonction primaire. Les règles de répartition des greffons Le caractère non immunisé du receveur et la nécessité d’une ischémie froide très courte ont requis une modification des règles pour l’attribution des greffons rénaux prélevés sur donneurs à cœur arrêté : 66 Transplantation rénale à partir de donneurs à cœur arrêté : premiers résultats français - Exclusion des priorités régionales et nationales - Attribution locale des deux greffons. Si le 2ème rein ne peut être greffé en local, il est transféré par le Service de Régulation et d’Appui informé, vers l’une des équipes de greffe la plus proche incluse dans le programme et ayant des receveurs ABO compatible pour ce donneur. - En isogroupe ou en groupe sanguin compatible en cas d’absence de receveur de même groupe sanguin sur la liste de l’équipe de greffe. - Au sein d’une liste de receveurs pré-identifiés de moins de 60 ans, non immunisés, en attente d’une 1ère greffe rénale et ayant acceptés de recevoir un greffon issu d’un donneur à cœur arrêté. - Selon les critères de choix de l’équipe qui peut éventuellement s’aider d’une aide au choix tel que le score. Il est difficile d’anticiper en 2006, la part que va prendre le prélèvement sur donneurs à cœur arrêté en France. A l’hôpital San Carlo de Madrid, la place du prélèvement sur donneurs à cœur arrêté « non contrôlés » représente désormais 65 % des transplantations rénales réalisées dans ce centre et la moitié des prélèvements réalisés sur donneurs à cœur arrêté en Espagne. Pour deux des équipes françaises, l’activité de greffe à partir de donneurs à cœur arrêté représente en moins d’un an 15 % de leur activité de greffe annuelle. Conclusions Le prélèvement sur donneurs à cœur arrêté peut désormais être considéré comme une technique fiable. L’analyse de la littérature récente conclut à une similitude des survies du greffon et du taux de non-fonction primaire pour les donneurs décédés en mort encéphalique et à cœur arrêté. Il reste à obtenir une diminution du taux de retard de fonction du greffon observé plus fréquemment dans les prélèvements sur donneurs à cœur arrêté, éventuellement en améliorant les performances des techniques de perfusion et de conservation des organes. Les premiers résultats en France Depuis le 1er septembre 2006, 7 sites pilotes sur 10 ont commencé et 6 centres ont déjà réalisés des greffes rénales. Un an et demi après la réalisation de la 1ère greffe dans le cadre de ce programme, 122 donneurs, dont 83 % d’hommes, ont été acceptés dans ces sites pilotes (âge moyen 42 ans, Maastricht 2 28 %). L’origine du décès est principalement cardio-vasculaire et traumatique. Pour 58 d’entre eux, la canulation a été mise en place et 40 ont finalement étaient prélevés soit 80 greffons rénaux. Au total, 46 greffons ont pu être transplantés chez 43 receveurs (3 receveurs ont reçu une bi-greffe) et un seul cas de non fonction primaire est à déplorer, lié à une identification erronée du T0 de l’arrêt cardiaque initial. Deux autres receveurs ont perdu leur greffon, l’un après un arrêt volontaire du traitement anti-rejet et le second par thrombose de la veine du greffon. Pour 11 receveurs dont le recul est supérieur à 6 mois, la créatinine moyenne est de 142 +/- 21 µmol/l (N=11) alors que le taux de retard de fonction du greffon (recours à la dialyse en post greffe) est de 94 % avec une moyenne de 6 séances de dialyse post greffe. Pour 5 receveurs, la créatinine reste supérieure à 200 µmol/ à 3 mois, dont 2 patients dont les greffons sont issus de donneurs de la catégorie IV de Maastricht. Le prélèvement sur donneurs à cœur arrêté est autorisé en France depuis aout 2005 et doit être réalisé, comme le précise les textes réglementaires, dans le respect d’un protocole édicté par l’agence de la biomédecine dans le cadre d’une convention engageant le centre hospitalier pilote. Un protocole médical est en cours de rédaction pour le prélèvement du foie sur donneurs à cœur arrêté. En regard des expériences étrangères, ce programme est susceptible de diminuer la pénurie d’organes qui pénalise les nombreux patients en attente de transplantation 67 Chapitre 3 - Transplantation Bibliographie 1. 7. Sanchez-Fructuoso AI, Marques M, Prats D et al. Victims of cardiac arrest occuring outside the hopsital: a source of transplantable kidneys. Ann of Intern Med 2006 ; 145: 157-164. Valero R, Cabrer C, Oppenheimer F et al. Normothermic recirculation reduces primary graft dysfunction of kidneys obtained from nonheartbeating donors. Transplant Int 2000;13:303-10. 2. Weber M, Dindo D, Demartines N, Ambuhl PM, Clavien PA. Kidney transplantation from donors without a heartbeat. N Engl J Med 2002 ; 347 : 24855. 8. Matsuoka L, Shah T, Aswad S et al. Pulsatile perfusion reduces the incidence of delayed graft function in expanded criteria donor kidney transplantation. Am J Transplant. 2006 ; 6(6): 1473-8. 3. Gagandeep S, Matsuoka L, Mateo R et al. 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In press; 68 Chapitre 4 Nouveautés en néphrologie 69 Chapitre 4 - Nouveautés en néphrologie En direct du congrès de l’American Society of Nephrology 2007 Insuffisance rénale aiguë après préparation colique pour endoscopie : rôle du phosphate sodique Corinne Isnard Bagnis Service de Néphrologie, Hôpital Pitié Salpêtrière, Paris La néphrocalcinose caractérise la présence de dépôts abondants tubulaires de phosphate de calcium associés à des lésions de fibrose interstitielle et d’atteinte tubulaire diffuses. L’atteinte clinique associe une insuffisance rénale d’évolution lente et une faible protéinurie habituellement inférieure à 1 gr/jour. Cette atteinte est le plus souvent secondaire à une hypercalcémie qui peut être liée à une hyperparathyroïdie secondaire, à un excès de vitamine D ou de calcium, à un syndrome paranéoplasique, une sarcoïdose ou une acidose tubulaire distale. D’exceptionnelles observations rapportent un apport excessif en phosphate comme cause de la précipitation (1). fonction rénale était normale avant réalisation de la colonoscopie. La créatinine était à 4.9 mg/dL en moyenne trois semaines après l’examen endoscopique (de 3 jours à deux mois). Chez tous les patients, la biopsie rénale a permis de montrer des lésions de néphrocalcinose avec d’abondants dépôts tubulaires de phosphate de calcium. La principale caractéristique de cette atteinte est son pronostic très péjoratif puisque sur 5 patients initiaux, aucun d’entre eux n’a retrouvé une fonction rénale normale 4 mois après l’IRA, la créatininémie étant restée stable ou très modérément améliorée (3). En 2003 a été publiée la première observation décrivant, chez une patiente américaine, la survenue d’une insuffisance rénale aigue dans les suites immédiates d’un examen endoscopique ayant nécessité une préparation colique utilisant une solution orale de phosphate de sodium (PhosphoSoda, CB Fleet, Lynchburg, VA) (2). Peu de temps après l’équipe du Columbia College of Physicians and Surgeons à New York a collecté les données de 21 observations (3, 4). En novembre 2007, au congrès de l’American Society of Nephrology à San Francisco, ces auteurs ont fait le point sur les données les plus récentes concernant ce qu’ils ont nommé la « néphropathie aigüe hyperphosphatémique » (NAH). Etude rétrospective de l’ensemble des biopsies de l’hôpital Columbia entre 2000 et 2004 Toutes les biopsies rénales réalisées au Columbia University Hospital entre 2000 et 2004 ont été revues à la recherche d’une NAH. Le diagnostic positif comportait les arguments suivants : insuffisance rénale aigue avec atteinte tubulaire histologique aigue et/ou chronique comportant de nombreux dépôts tubulaires de phosphate de calcium ainsi qu’une exposition récente à une solution orale de laxatifs à base de phosphate de sodium, en l’absence d’hypercalcémie. 31 cas d’IRA avec une atteinte histologique compatible avec le diagnostic ont été retrouvés pendant cette période sur 7349 biopsies rénales natives (les biopsies de greffon rénal ayant été éliminées en raison de la fréquence de l’hyper- Description clinique initiale Les premières observations d’insuffisance rénale aigue ont été constatées chez 5 patients dont la 70 Insuffisance rénale aiguë après préparation colique pour endoscopie : rôle du phosphate sodique parathyroïdie, de dépôts tubulaires de phosphate de calcium et/ou d’une hypercalciurie). 4 observations ont été exclues en raison de la surimposition de lésions associées pouvant expliquer l’insuffisance rénale aigue (néphropathie aigue interstitielle, glomérulonéphrite aigue post infectieuse…). 2 patients n’avaient pas eu de coloscopie, deux autres ont été exclus en raison d’un antécédent d’hypercalcémie et enfin deux patients atteints de néphropathie aigue hyperphosphatémique histologique ont été exclus car la solution utilisée pour la préparation colique n’a pas pu être identifiée. Finalement, 21 patients répondaient aux critères diagnostiques, ce qui représente une incidence de 0,29% dans cette série. colonoscopie). Le sédiment urinaire était normal chez 62% des patients avec présence d’une hématurie microscopique et d’une leucocyturie chez 3 et 5 patients respectivement. Aucun patient ne présentait des cylindres granuleux. L’histologie rénale a été réalisée dans un délai moyen de 3.8 mois après la coloscopie alors que la créatininémie moyenne des patients était de 3.7 mg/dL, la fonction rénale étant restée stable chez la majorité des patients dans l’intervalle. Les patients ont été suivis en moyenne 16,7 mois. 4 patients ont évolué vers l’IRC nécessitant prise en charge en dialyse et l’un d’entre eux a bénéficié d’une greffe rénale. Les 17 autres patients (64.1%) ont évolué vers l’amélioration de la fonction rénale (créatininémie moyenne à la fin du suivi 2.4 mg/dL) mais seulement 4 patients ont vu leur taux de créatinine descendre en dessous de 2 mg/dL et aucun n’a retrouvé sa fonction rénale de base. Sur les 21 patients étudiés, tous sauf un avaient reçu une solution de préparation colique comportant des sels de phosphate de sodium à la dose habituelle (l’un d’entre eux ayant reçu une dose orale supérieure de 30% au dosage standard et 133 ml en lavement). Les patients avaient 64 ans d’âge moyen (17 femmes et 4 hommes), étaient majoritairement caucasiens et hypertendus dans 76.2% des cas, 87.5% d’entre eux recevant des IEC ou des SARTANS. Leur fonction rénale de base était définie par une créatininémie à 1 mg/dL, 19% des 21 patients ayant une insuffisance rénale modérée (créatinine > 1.2 mg/dL) établie sur la base du dosage de créatinine obtenu au plus dans les 4 mois précédents l’examen. L’atteinte histologique touchait de façon très caractéristique les tubules avec respect des glomérules sauf chez un patient présentant une néphropathie diabétique associée. Tous les segments tubulaires étaient atteints avec aplatissement de l’épithélium, perte de la bordure en brosse proximale, dilatation luminale, fragments cellulaires dans les lumières tubulaires et détachement des cellules tubulaires épithéliales. Tous les patients sauf 4 présentaient des lésions associées d’atrophie tubulaire et de fibrose interstitielle. Plus les biopsies étaient réalisées tôt après la coloscopie plus on constatait un aspect de nécrose tubulaire aiguë et moins les lésions de fibrose interstitielles étaient présentes. La majorité des biopsies étaient caractérisées par la présence de lésions chroniques et irréversibles d’atrophie tubulaire et de fibrose interstitielle bien corrélées à l’évolution clinique observée. Cet aspect était défini comme une néphropathie aigue et chronique tubulo-interstitielle. Au moment de l’insuffisance rénale aigue, la créatininémie moyenne était de 3.9 mg/dL à un mois (valeur médiane de l’IRA). Un intervalle inférieur à deux semaines en moyenne était constaté entre la colonoscopie et la découverte de l’IRA pour 38.1% des patients, inférieur à un mois pour 57.1% et inférieur à 2 mois pour 85.7%. L’IRA s’accompagnait d’une protéinurie de faible débit (en moyenne 256 mg/24 heures lorsqu’elle était quantifié, en excluant un patient atteint de néphropathie diabétique dont la protéinurie atteignait 1.2 gr/24h ou lorsque seule la bandelette était disponible de négatif à une +). La calcémie était normale chez tous les patients chez lesquels elle était évaluée (n=20). La phosphorémie était élevée chez 7 patients sur 16 (au moment de la découverte de l’IRA). Trois patients avaient un taux plasmatique de phosphore très élevé (10.2, 6.7 et 6.6 mg/dL entre deux et trois jours après la Chez les 17 patients dont les biopsies portaient cette forme caractéristique de la NAH l’atrophie tubulaire et les lésions de fibrose interstitielle concernaient en moyenne 47.1% de la zone corticale étudiée. L’inflammation interstitielle était mineure et aucune lésion de tubulite n’était notée. La caractéristique fondamentale de cette néphropathie était la présence de dépôts abondants de 71 Chapitre 4 - Nouveautés en néphrologie phosphate de calcium dans les tubules distaux et collecteurs (figure 1). Les calcifications formaient des concrétions arrondies basophiles, dans le cytoplasme des cellules tubulaires épithéliales, dans les lumières tubulaires et moins fréquemment dans l’interstitium. Ces dépôts prenaient intensément la coloration de von Kossa et n’était pas modifiés par la lumière polarisée confirmant leur composition de phosphate de calcium. Les calcifications, surtout présentes dans le cortex mais observées dans la médullaire rénale, étaient disposées volontiers en rayons évoquant une topographie médullaire. L’examen en immunofluorescence était négatif et aucun patient ne présentait d’autres lésions significatives susceptibles d’expliquer l’IRA. Les états de déshydratation ou d’hypovolémie semblent favoriser la survenue d’une augmentation transitoire de la phosphorémie au décours de la préparation colique par solution à base de sels de phosphate de calcium. L’augmentation transitoire du produit phosphocalcique est un facteur déterminant de la précipitation tubulaire de phosphate de calcium, majorée par l’activité de réabsorption tubulaire proximale intense en eau et en sel induite par l’hypovolémie. L’administration exogène de phosphore a été associée chez l’animal ou chez l’enfant rachitique à des observations de néphrocalcinose (1, 5, 6). Aucune étude prospective n’a été réalisée à ce jour pour déterminer avec précision la fréquence et les facteurs de risque (tableau 2) liés à cette forme d’IRA toxique en particulier chez le sujet insuffisant rénal. En revanche, deux études américaines rétrospectives observationnelles ont été très récemment publiées. La première, une étude castémoins, a comparé les patients ayant présenté une augmentation de 25% ou de 0.5 mg/dL de créatinine dans les 6 mois après une coloscopie à ceux n’ayant pas dégradé leur fonction rénale. En utilisant ce critère (qui peut être remis en question car très peu sélectif) une prévalence de 6.3% d’IRA post coloscopie est établie (à partir d’une cohorte de 2237 patients). Les facteurs de risque retrouvés dans cette étude sont le sexe féminin, l’insuffisance cardiaque, et l’utilisation des diurétiques. La responsabilité des solutions de préparation contenant des sels de phosphate de sodium n’existait que chez les sujets traités par IEC ou des SARTANs (7). L’autre étude, observationnelle et rétrospective également, porte néanmoins sur une population de patients beaucoup plus importante (9799 sujets de plus de 50 ans ayant bénéficié d’une coloscopie). Le critère de définition de l’IRA était plus strict (augmentation de la créatininémie de plus de 50% de la valeur pré-endoscopie dans les 12 mois suivant l’examen). Dans cette étude, 1.16% des patients ont présenté une IRA. Parmi ces patients, certains avaient reçu une préparation par sels de phosphate de sodium et d’autre par PEG. Les deux groupes n’étaient pas comparables sur de nombreux critères représentants des facteurs de risque d’atteinte rénale (âge, DNID, HTA, insuffisance cardiaque, artériolosclérose, traitement par diurétiques ou IEC). C’est pourquoi la responsabilité des solutions de sels de phosphate de sodium n’a été mise en évidence de façon Figure 1 : Aspects histologiques de la néphropathie aigue hyperphosphatémique d’après (12) Figure 1A : présence de dépôts arrondis de phosphate de calcium dans le cytoplasme des cellules épithéliales et dans la lumière tubulaire (coloration hématoxyline et éosine). Figure 1B : les calcifications sont intensément marquées par la coloration de von Kossa, ce qui confirme leur contenu phosphocalcique. (X400) 72 Insuffisance rénale aiguë après préparation colique pour endoscopie : rôle du phosphate sodique significative que lorsqu’une étude en régression logistique ajustée sur les co-variables et facteurs de risques éventuels était réalisée (8). Tableau 1 : Préparation à l’endoscopie colique : différents produits pharmaceutiques disponibles Polyethylène glycol ou PEG • COLOPEG® (PEG 3350) • KLEANPREP® (PEG 3350) • FORTRANS® (PEG 4000) Autres laxatifs osmotiques • MOVIPREP® (macroglol 3350, acide ascorbique et sulfate de sodium) • BIOPEG® (macroglol) Purgatifs salins • PREPACOL® (phosphates mono et disodiques) • FLEET PHOSPHOSODA® (Hydrogénophosphate de sodium dodécahydraté) Purgatifs anthraquinoniques • X-PREP® (sennoside B) Modalités actuelles de préparation colique et recommandations Plus d’un million de coloscopies sont réalisées par an en France (tableau 1), la plupart chez des sujets de plus de 50 ans. D’autres examens, comme la coloscopie virtuelle, sont proposés de plus en plus souvent en alternative à l’endoscopie, mais elle nécessite la même préparation colique. Deux grands types de solutions de préparation colique, de mécanisme d’action osmotique, sont aujourd’hui disponibles (tableau 1) : - Les solutions à base de polyéthylène glycol (PEG), utilisées depuis le début des années 80, ont démontré une efficacité tant chez les patients hospitalisés qu’en ambulatoire. Le protocole habituel comporte l’ingestion de 250 ml de PEG toutes les 10 minutes jusqu’à un total de 4 litres avec une pause de une heure après les deux premiers litres. La préparation est mieux acceptée si elle est réalisée en deux temps (2 à 3 litres la veille au soir et 1 à 2 litres le matin de l’examen). Leur utilisation comporte cependant des contraintes : goût peu agréable, nécessité d’absorber 3 à 4 litres de solution en quelques heures, et des effets indésirables fréquents à type de nausées, vomissements, ballonnements, crampes, irritations anales ou perte de sommeil dont l’incidence atteindrait 100% selon certains auteurs. Ces inconvénients retentissent sur l’observance des patients et sur la propreté colique. 5 à 30% des patients ne pourraient ainsi pas absorber la totalité de la préparation. Facteurs de risque Contexte clinique Présentation clinique Caractéristiques histologiques - Les solutions salines hypertoniques à base de phosphate de sodium (NaP) comme le Fleet Phospho Soda® sont ainsi largement utilisées depuis le milieu des années 80 aux Etats-Unis, et sont plus récemment disponibles en France (Prépacol®, phoshates mono et disodique). Par son action osmotique, les sels de phosphates mono et disodiques augmentent le volume d’eau fécal et stimulent le péristaltisme et la vidange intestinale par le biais de la distension iléale induite. Cette solution doit être administrée à jeun en 2 prises à 12 heures d’intervalle. Le volume à ingérer est de 45 ml par prise à douze heures d’intervalle avec 350 ml d’eau, et au moins 2 litres de liquides clairs du choix du patient pour compléter la préparation. Tableau 2 : Facteurs de risques et diagnostic positif de la néphropathie aigue hyperphosphatémique d’après (12) sujet féminin, âge, hypovolémie ou déshydratation ou hydratation insuffisante, HTA, traitement par IEC ou SARTANs, AINS, diurétiques, IRC préalable • découverte fortuite d’une insuffisance rénale chronique, stable ou peu évolutive (découverte à distance de l’examen endoscopique) • IRA dans les suites (jours à semaines) suivant une endoscopie colique pas de protéinurie, sédiment urinaire normal, pas d’HTA présence de dépôts de phosphate de calcium mis en évidence à la coloration de Von Kossa et non polarisables (aspect non biréfringent en lumière polarisée contrairement aux cristaux d’oxalate de calcium) 73 Chapitre 4 - Nouveautés en néphrologie En 1990, Vanner et al ont réalisé une étude randomisée prospective comparant l’effet des deux formes de solutions de préparation digestive sur les modifications hydro-électrolytiques. La surveillance biologique dans les 24 heures suivant l’administration des produits montrait une augmentation transitoire, faible mais significative de l’osmolalité plasmatique, de la natrémie, de la chlorémie, de l’hématocrite et du taux plasmatique de phosphore mais aucune modification clinique de la volémie chez les patients traités par sels de phosphate de calcium (9). En Août 2006, le centre de pharmacovigilance belge (http://www.cbip.be – [email protected]) a également attiré l’attention des prescripteurs sur le risque de ces solutions en conseillant d’éviter l’utilisation de laxatifs oraux à base de phosphates chez les patients présentant des facteurs de risque, certainement chez ceux présentant une atteinte rénale, une déshydratation ou des troubles électrolytiques. Le centre de pharmacovigilance belge proposait de prévoir une hydratation adéquate lors de l’utilisation de ces laxatifs et d’interrompre temporairement un traitement par inhibiteurs de l’enzyme de conversion, antagonistes des récepteurs AT1 de l’angiotensine 2, anti-inflammatoires non stéroïdiens ou diurétiques. Ces recommandations semblent à l’évidence difficile à mettre en place chez des patients atteints d’insuffisance rénale avancée chez lesquels il paraît plus simple et plus prudent d’éviter l’utilisation de ces solutions. Il faut rappeler que ces solutions peuvent également être prescrites en préparation d’un lavement baryté (examen plus rarement pratiqué actuellement). Aucune recommandation n’est extrapolable des études disponibles en ce qui concerne l’usage de ces solutions par voie rectale. D’autres études ont documenté une augmentation transitoire de la phosphatémie sans modification significative de la calcémie, ces anomalies semblant plus marquées chez les sujets âgés (10, 11). La Société Française d’Endoscopie Digestive (SFED) propose sur son site des recommandations vis-àvis de la préparation colique qui suggèrent l’emploi de PEG en cas d’insuffisance rénale, cardiaque, hépatique ou de pathologies coliques. Le rapport bénéfice/risque des préparations à base de phosphate de sodium doit être particulièrement pesé chez le sujet âgé, l’enfant ou chez le patient traité par inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine. En cas d’insuffisance rénale, la préparation par hydrogénophosphate de sodium est contre indiquée par la SFED. (http://www.sfed.org/documents_sfed/files/recom mandations/Preparation_endodigbasse.pdf). Conclusion Les patients atteints de maladie rénale chronique sont probablement plus exposés à la toxicité rénale de certaines solutions de préparation digestive à base de sels de phosphate de sodium que les patients à fonction rénale normale. Le 5 Mai 2006, la US Food and Drug Administration a lancé une alerte signalant le risque d’atteinte rénale associé à l’utilisation des solutions orales de phosphate de sodium de type Fleet PhosphoSoda® solution, Fleet Accu Prep® solution et Visicol® tablets, aucune atteinte rénale n’ayant été rapportée avec une autre préparation orale de phosphate de sodium appelée OsmoPrep® Tablets. Même si la prévalence de cet effet secondaire grave n’est pas établie chez le sujet insuffisant rénal, il semble prudent d’éviter l’utilisation de ces solutions dans cette population et de prévenir les gastroentérologues ou radiologues du risque éventuellement associé avec ces solutions chez nos patients. 74 Insuffisance rénale aiguë après préparation colique pour endoscopie : rôle du phosphate sodique Références 1. 8. Hurst FP, Bohen EM, Osgard EM, Oliver DK, Das NP, Gao SW, et al. Association of oral sodium phosphate purgative use with acute kidney injury. J Am Soc Nephrol 2007;18(12):3192-8. Alon U, Donaldson DL, Hellerstein S, Warady BA, Harris DJ. Metabolic and histologic investigation of the nature of nephrocalcinosis in children with hypophosphatemic rickets and in the Hyp mouse. J Pediatr 1992;120(6):899-905. 9. 2. Desmeules S, Bergeron MJ, Isenring P. Acute phosphate nephropathy and renal failure. N Engl J Med 2003;349(10):1006-7. 3. Markowitz GS, Nasr SH, Klein P, Anderson H, Stack JI, Alterman L, et al. Renal failure due to acute nephrocalcinosis following oral sodium phosphate bowel cleansing. Hum Pathol 2004;35(6):675-84. 10. Cohen SM, Wexner SD, Binderow SR, Nogueras JJ, Daniel N, Ehrenpreis ED, et al. Prospective, randomized, endoscopic-blinded trial comparing precolonoscopy bowel cleansing methods. Dis Colon Rectum 1994;37(7):689-96. 4. Markowitz GS, Whelan J, D'Agati VD. Renal failure following bowel cleansing with a sodium phosphate purgative. Nephrol Dial Transplant 2005;20(4):850-1. 11. Gumurdulu Y, Serin E, Ozer B, Gokcel A, Boyacioglu S. Age as a predictor of hyperphosphatemia after oral phosphosoda administration for colon preparation. J Gastroenterol Hepatol 2004;19(1):68-72. 5. Ritskes-Hoitinga J, Lemmens AG, Danse LH, Beynen AC. Phosphorus-induced nephrocalcinosis and kidney function in female rats. J Nutr 1989;119(10): 1423-31. 12. Markowitz GS, Stokes MB, Radhakrishnan J, D'Agati VD. Acute phosphate nephropathy following oral sodium phosphate bowel purgative: an underrecognized cause of chronic renal failure. J Am Soc Nephrol 2005;16(11):3389-96. 6. Ritskes-Hoitinga J, Mathot JN, Van Zutphen LF, Beynen AC. Inbred strains of rats have differential sensitivity to dietary phosphorus-induced nephrocalcinosis. J Nutr 1992;122(8):1682-92. 7. Vanner SJ, MacDonald PH, Paterson WG, Prentice RS, Da Costa LR, Beck IT. A randomized prospective trial comparing oral sodium phosphate with standard polyethylene glycol-based lavage solution (Golytely) in the preparation of patients for colonoscopy. Am J Gastroenterol 1990;85(4):422-7. Brunelli SM, Lewis JD, Gupta M, Latif SM, Weiner MG, Feldman HI. Risk of kidney injury following oral phosphosoda bowel preparations. J Am Soc Nephrol 2007;18(12):3199-205. 75 Chapitre 4 - Nouveautés en néphrologie Place de la radiologie interventionnelle dans la prise en charge des tumeurs du rein (embolisation, radiofréquence) J.M. Correas1, A. Khairoune1, B. Mader1, A. Méjean2, D. Joly3, O. Hélénon1 1: Service de Radiologie Adultes, Groupe Hospitalier Necker Enfants-Malades, Paris, France 2 : Service d’Urologie, Groupe Hospitalier Necker Enfants-Malades, Paris, France 3 : Service de Néphrologie Adultes, Groupe Hospitalier Necker Enfants-Malades, Paris, France 1 - Introduction La prise en charge des angiomyolipomes par embolisation est une technique de choix. Les indications restent discutées et dépendent du contexte, de la taille de la lésion, de la présence de faux anévrismes. L’amélioration des matériaux (sondes hydrophyles, micro-catheters, microparticules calibrées) permet d’augmenter la sélectivité de l’injection dans les pédicules nourriciers et l’efficacité de l’embolisation, tout en améliorant la tolérance. Le développement du traitement faiblement invasif des cancers du rein repose sur l’efficacité carcinologique de la tumorectomie chirurgicale, la nécessité de la préservation du capital néphronique et la fréquence croissante des petites tumeurs du rein (par définition d’un diamètre de moins de 3 cm) de découverte fortuite (incidence croissante du cancer du rein dans les pays industrialisés et nombre d’études des reins par ultrasons, tomodensitométrie ou résonance magnétique) [1]. 2 - Principe de l’ARF Deux techniques d’ablation sont aujourd’hui disponibles : l’ablation radiofréquence (ARF) et la cryothérapie. L’ARF sera seule discutée, car elle est beaucoup plus utilisée par voie percutanée en raison du calibre des électrodes et de son efficacité. Le traitement faiblement invasif apparaît comme un traitement de choix pour les patients présentant un cancer du rein héréditaire, pour lesquels les tumeurs sont volontiers récidivantes et bilatérales (comme la maladie de von Hippel Lindau), ainsi que pour les patients présentant des contre-indications chirurgicales [2]. Les patients âgés qui représentent une proportion croissante de patients porteurs de cancers du rein sont aussi d’excellents candidats pour la radiofréquence, en raison de multiples facteurs de co-morbidité et du risque d’insuffisance rénale. Parmi les nouvelles techniques qui deviennent disponibles, le traitement par micro-ondes paraît le plus prometteur car il permet d’améliorer la fiabilité du traitement même en cas d’hypervascularisation de la tumeur et des tissus adjacents. L’ARF repose sur l’application d’un courant alternatif de 350 à 480 kHz à partir d’une électrode insérée dans la tumeur. L’agitation ionique entraîne un échauffement de la tumeur au-delà de 55°C, température considérée comme létale pour les cellules [2, 3]. Elle aboutit à la formation d’une nécrose de coagulation. Pour être carcinologiquement efficace, la température létale doit être atteinte dans tout le volume tumoral et si possible au-delà, afin de créer une marge de sécurité de quelques millimètres. L’énergie appliquée peut varier de 30 W à plus de 250 W selon les générateurs utilisés. On distingue plusieurs systèmes en fonction du circuit électrique. Pour les systèmes monopolaires, le courant électrique circule entre la partie dénudée de l’électrode et les plaques de conduction appliquée sur les cuisses ou les fesses. L’électrode peut être unique et doit, dans ce cas, être refroidie afin de ne pas carboniser les tissus à son contact immédiat, ce qui limiterait la dissipation de la 76 Place de la radiologie interventionnelle dans la prise en charge des tumeurs du rein chaleur dans la tumeur (électrode « Cool-Tip‘ », Tyco Healthcare Group LP Mallinckrodt, Boulder, USA). Plusieurs électrodes peuvent être insérées afin d’augmenter le diamètre de la zone traitée. Celles-ci sont, soit jointes ensembles (« Cluster Electrode ») et doivent être introduites simultanément, soit indépendantes (« Switching Controller »). Le dépôt de l’énergie calorifique peut aussi être obtenu par un nombre plus élevé d’électrodes qui, comme des baleines de parapluie, se déploient soit dans l’axe de l’aiguille porteuse (RITA Medical Systems, Fremont, USA), soit reviennent vers la sonde sous la forme de parapluie (Boston Scientific Corporate, Natick, MA). L’énergie dissipée par chacune des électrodes est plus faible et il n’est plus nécessaire de les refroidir pour éviter la carbonisation tissulaire de contact. - des tumeurs solides. Ce concept est actuellement remis en cause puisque les tumeurs contenant une portion kystique ou nécrotique limitée présentent un taux de succès équivalent. Les indications pourraient même être étendues à certaines tumeurs kystiques et aux kystes rénaux bénins symptomatiques. - de tumeurs de moins de 4 cm de diamètre, selon leur localisation (taux de succès de 92 à 100%). Les tumeurs centrales présentent une dissipation thermique élevée. Le taux de succès primaire (nécrose tumorale complète après une seule session de ARF) est plus faible (61 – 78%) et la tumeur ne doit pas dépasser 3 cm de diamètre. Les tumeurs exorénales de taille plus importante peuvent être traitées complètement avec une seule session même si leur diamètre dépasse 3 cm (jusqu’à 5,5 cm). En effet, leur refroidissement est plus limité par un contact faible avec le parenchyme rénal sain et par l’isolation qu’entraînent la capsule tumorale et la graisse rétropéritonéale. - de patients porteurs de cancers du rein héréditaires, pour lesquels le risque de récidive homo et contro latérale est très élevé (maladie de von Hippel Lindau, cancers papillaires héréditaires, sclérose tubéreuse de Bourneville…) - patients porteurs d’un rein unique ou d’une insuffisance rénale Plus récemment, les systèmes bipolaires et multipolaires ont été développés (Celon ProSurge, Olympus KeyMed Ltd, Essex, UK). La même électrode comporte alors les 2 pôles (système bipolaire) et les plaques de conduction cutanées ne sont plus nécessaires. Lorsque plusieurs électrodes bipolaires sont introduites dans la tumeur, le courant circule alternativement entre chacun des dipôles qui seront formés entre les différents pôles. Cette nouvelle approche minimalise la dissipation du courant électrique dans le corps humain et s’applique plus aisément aux patients porteurs de prothèses métalliques (prothèses aortiques, prothèses de hanche), cellesci perturbant la circulation de l’énergie, ainsi qu’aux patients porteurs de pace-maker, qui peuvent être déréglés par la procédure. Les contre-indications relatives sont la présence d’un large contact avec la voie excrétrice ou le tube digestif (tumeurs antérieures). Cependant, le traitement des tumeurs centrales en contact avec la voie excrétrice doit être précédé par la mise en place d’une sonde urétérale afin de réaliser un rinçage de l’arbre pyélo caliciel par du sérum glacé. La mobilisation du patient (décubitus latéral, procubitus, compression externe par des draps roulés) permet le plus souvent de réduire le contact avec le tube digestif afin d’éviter toute lésion de celui-ci par l’échauffement. En cas de contact persistant, on peut réaliser une dissection. Une aiguille fine de 22 G est insérée entre la structure digestive et la tumeur rénale et permet l’injection d’air, de sérum physiologique ou glucosé hypertonique [6]. 3 - Les indications d’ARF rénale Les dossiers des patients pouvant bénéficier d’une ARF rénale doivent être discutés par un comité multidisciplinaire comprenant des urologues, cancérologues et radiologues pratiquant cette technique. L’ARF est indiqué chez les patients présentant des contre-indications chirurgicales (en particulier liées à l’âge) car le traitement de référence reste chirurgical, par néphrectomie totale ou si possible partielle. Il s’agit [2-5] : - de patients âgés, présentant des contreindications à l’anesthésie générale, et pour lesquels la préservation de la fonction rénale est importante Les indications sont susceptibles d’évoluer rapidement avec l’arrivée de nouvelles technologies comme les systèmes de radio-fréquence multipolaires et les micro-ondes. 77 Chapitre 4 - Nouveautés en néphrologie 4 - La réalisation pratique de l’ablation radiofréquence lésions et surtout permet d’étudier, d’une part les rapports vasculaires, et d’autre part l’importance de la néovascularisation tumorale. De plus, elle constitue l’examen de référence pour le contrôle effectué au cours de la procédure d’ARF. En l’absence de toxicité rénale, elle peut être répétée au cours de la surveillance. 4-1 Les différents examens Le bilan avant radiofréquence comporte chez les patients comporte une étude de la fonction rénale, de la coagulation et surtout une étude précise de la nature, taille position et vascularisation de l’ensemble des lésions rénales. L’examen TDM avec injection (sauf en cas d’insuffisance rénale avancée), l’IRM et l’échographie de contraste sont complémentaires. A l’issue du bilan, le patient peut poser les questions qui lui semblent nécessaire et une feuille d’information et de consentement lui est remise. 4-2 Le déroulement de l’ARF La mise en place des électrodes peut être effectuée par voie percutanée sous guidage TDM et/ ou ultrasonore, ou durant une procédure chirurgicale (laparotomie ou cœlioscopie). Dans notre expérience, la très large majorité des procédures sont effectuées par voie percutanée et sous sédation consciente. La TDM est l’examen de référence et sera aussi utilisé lors de la procédure. Elle comprend une étude sans injection puis aux temps de la néphrographie corticale et tubulaire, ainsi qu’au temps excrétoire tardif. L’appréciation de la position de la tumeur par rapport aux structures vasculaires et digestives, ainsi qu’avec la voie excrétrice est essentielle et repose sur l’étude en 3D à partir des reconstructions multiplanaires et en MIP. Aux mesures traditionnelles, s’ajoutent celles du volume tumoral en 3D et la mesure de l’importance du rehaussement après injection [2-5]. Dans notre équipe, la procédure d’ARF se déroule sous sédation consciente, dans la salle de TDM. En cas de mauvaise tolérance, le niveau de l’analgésie peut être augmenté et aboutir au maximum à une anesthésie générale avec intubation (aucun cas sur les 3 dernières années). Après un repérage TDM sans injection et une étude échographique, le patient est soigneusement positionné de façon à optimiser le trajet de l’électrode, repérer le cul de sac pleural et à éloigner les structures digestives. L’indication de la biopsie dépend du contexte clinique et de l’aspect de la tumeur en imagerie. Son trajet doit être soigneusement choisi pour ne pas gêner l’ARF ultérieure par l’apparition d’un saignement péri tumoral et l’introduction de bulles de gaz. Elle peut être réalisée immédiatement avant l’ARF ou à distance. En cas de cancer du rein familial ou de tumeur rénale homo ou controlatérale traitée récemment par chirurgie, la biopsie n’est pas effectuée. Dans les autres cas, la biopsie est effectuée, soit immédiatement avant la procédure afin de profiter de l’analgésie par voie intraveineuse et améliorer l’impact de la prise en charge de cette tumeur pour le patient (hospitalisations, durée d’immobilisation…). L’ARF est réalisée sans attendre les résultats de la biopsie. Néanmoins, les contrôles TDM et échographiques réalisés immédiatement après la biopsie avant l’ARF montre la présence d’un hématome quasi-constant. Associé à la présence de microbulles d’air, ils gênent le positionnement de l’électrode. La biopsie est réalisée à distance avant L’IRM sera utilisée pour le bilan préthérapeutique de façon prépondérante ou unique chez les patients en insuffisance rénale modérée (clairance de la créatinine > 40 ml/min), soit de façon exclusive si l’insuffisance rénale est sévère (clairance de la créatinine < 40 ml/min). Elle comporte une séquence en écho de spin en pondération T2 avec saturation du signal de la graisse et une séquence dynamique en écho de gradient en pondération T1 avec saturation du signal de la graisse. Une séquence tardive est effectuée en complément dans un plan coronal afin de mieux visualiser la position de la tumeur. La position de la lésion est soigneusement étudiée dans les 3 plans, afin de déterminer précisément ses rapports avec le sinus, la voie excrétrice, les gros vaisseaux et le tube digestif. L’échographie réalisée avant la procédure permet d’évaluer l’accessibilité de la tumeur pour la mise en place des électrodes. Le guidage s’effectuera en temps réel et permet le positionnement précis de l’électrode même pour des lésions profondes de taille infra centimétriques. L’administration d’un agent de contraste (SonoVue®, Bracco, Milan, Italie) améliore la visibilité de certaines petites 78 Place de la radiologie interventionnelle dans la prise en charge des tumeurs du rein l’ARF lorsque la tumeur est de petite taille (< 2 cm) et sa présentation atypique en imagerie (absence de caractère hyper vasculaire). La TDM sans injection est inutile pour évaluer l’efficacité du traitement. Typiquement le nodule est hétérogène et discrètement hyperdense. En revanche, elle montre bien le dégagement gazeux et recherche les complications hémorragiques. Après injection, la TDM permet de rechercher la persistance d’un tissu tumoral vascularisé. La comparaison avec une série sans injection est indispensable en raison de l’aspect hétérogène et hyperdense du territoire traité. Cependant, l’injection d’un produit de contraste iodé ne peut pas être effectuée en cas d’insuffisance rénale modérée ou avancée car la dégradation de la fonction rénale est à ce stade inconnue. D’autre part, cette évaluation ne peut être réalisée qu’une seule fois car le rehaussement persiste plusieurs heures. Celui-ci est parfois d’interprétation équivoque et il ne faudra pas confondre une colonne de Bertin avec un tissu tumoral résiduel. Le parenchyme rénal normal adjacent à la tumeur et qui a été échauffé présente le plus souvent un rehaussement limité comparé au parenchyme rénal distant. La comparaison avec l’examen de référence réalisé avant l’ARF est absolument fondamentale pour évaluer à ce stade le traitement. La zone traitée doit apparaître parfaitement avasculaire et donc non rehaussée et doit englober la totalité de la tumeur. Le choix du type de système et de l’électrode dépend étroitement de l’expérience des équipes, de la taille et de la position de la tumeur. De principe, le contrôle du déploiement des baleines des électrodes expansibles est difficile et ces systèmes doivent être évités lorsque la tumeur est en position sinusale ou au contact de structures sensibles (voie excrétrice, gros vaisseaux, tube digestif). Le diamètre d’ablation affiché par les constructeurs a le plus souvent été déterminé pour le traitement des tumeurs du foie. En raison de l’hyper vascularisation des tumeurs et du parenchyme rénal, il ne faudra pas hésiter à privilégier des électrodes de diamètre supérieur. Si pour les tumeurs de diamètre inférieur à 2 cm, les électrodes uniques donnent de bons résultats, il faudra utiliser les systèmes multi-électrodes pour les lésions de plus de 2 cm (« Cluster electrode » et « Switch » de 2 ou 3 électrodes). La position de l’électrode (simple ou multiple) est optimisé en combinant le guidage TDM et ultrasonore. Celle-ci doit demeurer au centre de la tumeur sur toute sa course et atteindre la capsule distante du point d’entrée. En effet, les marges de sécurité sont extrêmement limitées par la dissipation thermique élevée du rein normal et tumoral. Le diamètre de l’électrode est choisi en fonction du diamètre de la lésion, de la proximité des structures nobles (vaisseaux, voie excrétrice, tube digestif). L’IRM est la seule méthode d’imagerie qui permet d’évaluer le degré d’échauffement de la tumeur au cours de la procédure grâce à des séquences spécifiques. Par ailleurs, les séquences en pondération T2 montrent pour les territoires traités une disparition de l’iso ou hyper signal tumoral remplacé par un hypo signal. Cet hypo signal est entouré d’un fin liseré en hyper signal correspondant à de l’œdème et de l’inflammation. Lorsque l’ARF est guidée par l’IRM, cette séquence permet de repositionner l’électrode dans les territoires tumoraux dont le signal ne s’est pas suffisamment abaissé. Sinon, l’injection de produit de contraste (chélates de gadolinium) sur une séquence dynamique en écho de gradient pondéré T1 permet une seule de fois de rechercher la persistance d’un tissu tumoral se rehaussant. Cette appréciation est difficile à la phase aiguë en raison de l’hyper signal très hétérogène lié aux remaniements nécrotico-hémorragiques. 4-3 Le contrôle immédiat de l’efficacité de l’ARF L’apport de l’échographie est limité par le dégagement gazeux qui gêne l’étude du territoire traité. En mode B et harmonique tissulaire, le nodule devient hétérogène et hyper échogène. Les modes Doppler couleur et puissance ne sont pas suffisamment sensibles pour détecter les flux au sein des portions tumorales non traitées et sont artéfactés par la présence des bulles gazeuses. Lorsque le dégagement gazeux est modéré, l’administration d’un produit de contraste permet de rechercher la persistance d’un territoire hyper vasculaire correspondant à un tissu tumoral résiduel. Cette technique a pour avantage de pouvoir être répétée et de guider en temps réel le repositionnement de l’électrode. 79 Chapitre 4 - Nouveautés en néphrologie 5 - La surveillance après réalisation de l’ARF été instituée. Les manœuvres d’hydro dissection limitent le risque de blessure d’un organe creux de voisinage. Le bilan à distance est effectué 2 mois après la procédure et s’accompagne d’un contrôle de la fonction rénale. Il évalue la réponse thérapeutique et recherche des complications urologiques et vasculaires. Les deux examens utilisés sont en fonction de leur disponibilité l’échographie de contraste (examen très sensible et spécifique (> 90%)) et la TDM avec injection. En cas d’insuffisance rénale ou de discordance entre ces deux examens, l’IRM apporte des informations complémentaires utiles. Le but de l’imagerie est de démontrer l’absence de prise de contraste au niveau du territoire traité, dont le volume doit inclure et dépasser le site tumoral. Elle doit aussi vérifier l’absence de complication locorégionale. 7 – L’embolisation des angiomyolipomes Le traitement des angiomyolipomes bénéficie aujourd’hui des progrès de l’artériographie et de l’embolisation. Les angiomyolipomes qui relèvent d’un traitement chirurgical ou radiologique sont ceux qui ont déjà saigné, ou dont le diamètre dépasse 4 cm, et qui présentent une hypervascularisation avec des anévrismes intra tumoraux [9]. L’embolisation peut être réalisée en urgence pour arrêter le saignement lors de la rupture de la tumeur (ou d’un anévrisme) ainsi qu’à titre préventif, surtout lorsqu’il existe un désir de grossesse. En effet, les modifications tensionnelles du post-partum peuvent entrainer la rupture de la tumeur, qui représente une des circonstances de révélation de ces lésions. Qu’il relève d’une forme sporadique ou d’une forme congénitale (Sclérose Tubéreuse de Bourneville), l’angiomyolipome est une tumeur bénigne dont le contenu en graisse, par ailleurs très variable, permet le plus souvent le diagnostic en TDM (> 80%). Sa croissance est imprévisible le plus souvent lente. L’embolisation présente de multiples avantages par rapport à la chirurgie : préservation néphronique (en raison d’une destruction limitée du parenchyme sain), absence de cicatrice et de problème de paroi, Ces avantages apparaissent encore plus importants lorsque les lésions sont multiples, unis ou bilatérales, et imposent un traitement récidivant comme chez les patients porteurs de Sclérose Tubéreuse de Bourneville. Le bilan ultérieur est effectué à 6 et 12 mois de l’ARF puis tous les ans pendant 5 ans [7]. Il comprend selon les patients un TDM éventuellement en alternance avec une IRM. Le but est de contrôler le site tumoral et le trajet de ponction, afin de vérifier l’absence de récidive ou de dissémination, mais aussi de rechercher l’apparition d’autres localisations tumorales intra rénales homo et/ou controlatérales. Il doit aussi réaliser un bilan de l’extension locorégionale (graisse rétro péritonéale, veine rénale, adénopathies hilaires, surrénales, plèvre) et à distance (poumon). La zone traitée va très lentement diminuer de volume. 6 - Les complications de l’ARF Elles apparaissent inférieures à celles de la chirurgie (néphrectomie totale ou tumorectomie) et varient entre 0 et 11% pour l’ARF [2-8]. La complication la plus fréquente dans notre expérience est constituée par les atteintes sensitivomotrices transitoires de la paroi abdominale antérieure, à type d’hypoesthésie, paresthésies et plus rarement hypotonie pariétale [8]. Les autres complications sont le saignement (5%, péri rénal ou dans la voie excrétrice) qui nécessite exceptionnellement une transfusion, les lésions de la voie excrétrice (sténose 1% ou urinome 1%) qui nécessitent rarement la mise en place d’un drainage par sonde JJ. Les brûlures cutanées au niveau des plaques de conduction sont devenues exceptionnelles depuis qu’une surveillance systématique a L’embolisation est réalisée après cathétérisme supra-sélectif du ou des pédicules nourriciers de l’angiomyolipome, réalisé le plus souvent à l’aide d’un micro catheter. Elle utilise l’alcool absolu, qui entraine une dévascularisation rapide de la tumeur par occlusion et nécrose des capillaires et des microsphères calibrées qui complètent l’occlusion du lit tumoral. L’occlusion des vaisseaux les plus larges et des macro-anévrismes est réalisé en fin de procédure par des spirales métalliques (coils). La procédure est réalisée sous sédation consciente car l’occlusion artérielle peut être douloureuse. Parfois, une seconde procédure est nécessaire lorsque la lésion est très volumineuse ou en cas d’insuffisance 80 Place de la radiologie interventionnelle dans la prise en charge des tumeurs du rein rénale préexistante. En effet, cette dernière implique de limiter la dose de produit de contraste iodé injecté et la perte de parenchyme par manque de sélectivité de l’injection des emboles ou de l’alcool. L’efficacité de l’embolisation est évaluée par l’absence de la prise de contraste de la lésion. Son volume diminue rapidement lorsque l’angiomyolipome se nécrose et s’évacue dans la voie excrétrice. Sinon, le volume de l’angiomyolipome diminue progressivement (environ 30% à 18 mois jusqu’à 70% à 33 mois) [10, 11]. Le meilleur critère d’efficacité serait la diminution de la fréquence des hémorragies chez les patients embolisés, mais ce critère est difficile à évaluer en pratique. L’embolisation préventive des angiomyolipomes asymptomatiques reste discutée et réservée aux lésions dont le risque hémorragique est plus important : diamètre ≥ 4 cm, le caractère multiple, l’existence d’une Sclérose Tubéreuse de Bourneville ou d’une angioléiomyomatose pulmonaire, la croissance et le caractère hyper vasculaire de la lésion, l’existence d’anévrismes, le désir de grossesse. 8 – Conclusion L’ARF est une alternative au traitement chirurgical des tumeurs du rein. Le bilan en imagerie est essentiel pour le succès de la procédure et l’évaluation de la réponse thérapeutique. L’embolisation supra-sélective des angiomyolipomes est une technique de choix et peut être proposée, soit dans l’urgence en cas de rupture hémorragique, soit à titre préventif lorsque le risque hémorragique est élevé. Références 1. 7. Siemer S, Uder M, Humke U, et al. Value of ultrasound in early diagnosis of renal cell carcinoma. Urologe A. 2000;39:149-53. 2. 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J Vasc Interv Radiol. 2007; 18:1561-9. 81 82 Chapitre 5 Actualités 83 Chapitre 5 - Actualités Traitement de la glomérulonéphrite extra-membraneuse idiopathique Bertrand DUSSOL Centre de Néphrologie et de Transplantation Rénale Hôpital de la Conception, Marseille Introduction de loin la plus fréquente de GEM secondaire est le lupus érythémateux. La glomérulonéphrite extra-membraneuse (GEM) idiopathique est la cause la plus fréquente du syndrome néphrotique chez l'adulte [1]. Cette glomérulopathie est caractérisée par la présence de dépôts d’IgG en position extramembraneuse (ou sous épithéliale) [2]. Histoire naturelle de la glomérulite extramembraneuse En dépit de sa fréquence, l’histoire naturelle de la GEM idiopathique n’est pas bien connue surtout depuis l’utilisation systématique du traitement symptomatique basé sur le blocage intensif du système rénine-angiotensine. La survie des malades porteurs d’une GEM idiopathique ne semble pas différente de celle d’une population témoin d’âge et de sexe comparable. La GEM est une maladie immunologique comme en témoignent : 1) la présence de dépôts d’IgG dans les glomérules, 2) l’association à certains locus du complexe majeur d’histocompatibilité, 3) les analogies de la maladie humaine avec des modèles expérimentaux de glomérulonéphrites de nature immunologique : néphrite de Heymann et certaines glomérulonéphrites par activation polyclonale des lymphocytes B, 4) la survenue de GEM au cours de maladies autoimmunes (lupus érythémateux…). Si 80% des GEM sont idiopathiques, 20% sont secondaires. Les formes secondaires sont en rapport avec des : a) infections virales (hépatites B et C, HIV) ou bactériennes (syphilis), b) médicaments : sels de métaux lourds (or, mercure), molécules possédant un radical sulfhydrylé (D-pénicillamine, tiopronine, captopril), AINS, lithium, anti-épileptiques, c) néoplasies, d) maladies générales (lupus, sarcoïdose, Gougerot-Sjögren...). Un bilan étiologique doit donc être systématiquement réalisé chez tous les malades. La cause L’évolution rénale d’une GEM est difficilement prévisible. Une majorité de patients a une fonction rénale qui reste normale dans les 10 ans qui suivent le diagnostic, la survie rénale se situant entre 75% et 85% en fonction des études [3-5]. Vingt pour cent des patients peuvent même avoir une rémission spontanée. Au delà de 10 ans d’évolution, les choses sont moins claires mais certaines études suggèrent une diminution progressive de la survie rénale qui tomberait chez des patients non traités à 45% à 15 ans [6]. Au total, compte tenu du caractère relativement bénin de la GEM, la mise en route d’un traitement spécifique (qui va reposer sur des molécules potentiellement toxiques) est souvent envisagée chez des malades présentant des facteurs de risque de progression rapide vers l’insuffisance rénale chronique (IRC) [7-9]. 84 Traitement de la glomérulonéphrite extra-membraneuse idiopathique Facteurs de risque de progression vers l’insuffisance rénale chronique au cours de la GEM même les malades avec GEM secondaires bénéficient du traitement de l’affection en cause. Pratiquement tous les immunosuppresseurs ont été utilisés dans le traitement étiopathogénique de la GEM : -les corticoïdes, -les agents alkylants (cyclophosphamide et chlorambucil), -les inhibiteurs de la calcineurine (cyclosporine et tacrolimus), -le mycophénolate mofétil, -mais aussi l’azathioprine, les immunoglobulines, le rituximab et la fludarabine. Un grand nombre de facteurs ont été associés au développement d’une IRC terminale mais malheureusement le plus souvent dans des études rétrospectives : la protéinurie > 8 g/jour, l’âge > 50 ans au diagnostic, le sexe masculin, l’insuffisance rénale à la présentation et la présence d’une fibrose interstitielle ou glomérulaire sur la biopsie [10-11]. Il a été mis au point un modèle prédictif d’évolution des GEM à partir des 3 plus grandes séries publiées de GEM. Les 3 facteurs qui prédisent le mieux l’évolution vers l’IRC terminale sont : -la valeur de la protéinurie pendant la période de 6 mois où elle est la plus haute, -la clairance de la créatinine au début de la période de 6 mois, -la diminution de clairance sur cette même période de 6 mois [12]. Problèmes d’interprétation des essais cliniques de traitement de la GEM avec syndrome néphrotique Trois problèmes rendent difficile l’interprétation des études publiées à ce jour : 1) La faible qualité méthodologique d’ensemble des études doit être souligné. En effet pour la grande majorité de ces études, ils manquent un ou plusieurs critères de qualité : randomisation pas ou peu explicitée, absence d’aveugle, absence d’analyse en intention de traiter, pas de calcul à priori du nombre de patients à inclure etc…. 2) L’utilisation de critères de jugement intermédiaire comme la rémission complète du syndrome néphrotique. On sait en effet que la GEM a tendance à rechuter que ce soit après rémission spontanée ou après traitement immunosuppresseur. Ainsi le décès du malade et la «mort» rénale sont les seuls critères de jugement valides dans cette maladie. 3) Le biais de publication qui consiste à ne pas publier les essais négatifs peut fausser les résultats des revues systématiques. Plusieurs revues systématiques (méta-analyses) ont été publiées depuis 1994. La plus récente a été faite par l’équipe du Pr G. Remuzzi en 2004 et a pu analyser 1025 malades dans différents protocoles [13]. De façon générale, seraient de mauvais pronostic, les GEM avec : 1) syndrome néphrotique sévère (protéinurie > 8 g/j), 2) insuffisance rénale au diagnostic, 3) dégradation de la fonction rénale dans les mois qui suivent le diagnostic. Seraient de bon pronostic, les GEM : 1) avec syndrome néphrotique peu sévère (protéinurie < 4 g/j), 2) chez des malades qui maintiennent une fonction rénale normale dans les 3 ans qui suivent le diagnostic, 3) secondaires quelle que soit l’étiologie. Traitement de la GEM idiopathique avec syndrome néphrotique 1. La corticothérapie Elle a été utilisée dans 3 études ayant inclus 333 malades. Les résultats sont clairs : la corticothérapie n’apporte pas de bénéfice pour induire une rémission du syndrome néphrotique ou pour prévenir la progression vers l'insuffisance rénale chronique. La corticothérapie ne doit pas être utilisée seule [13]. Il comporte 2 volets : le traitement symptomatique et le traitement étiopathogénique par des molécules immunosuppressives. De façon consensuelle, les malades présentant une GEM sans syndrome néphrotique bénéficient uniquement du traitement symptomatique. De 85 Chapitre 5 - Actualités 2. Les agents alkylants dans une étude (51 malades, [16]) et aux agents alkylants dans une autre étude (75 malades). Elle ne s’est pas montré supérieure sur l’ensemble des critères de jugement [13]. Le cyclophosphamide et le chlorambucil ont été utilisés seuls ou en association avec les corticoïdes (protocole Ponticelli, [14]) dans 4 études ayant inclus 196 malades. Les résultats sont : -absence d’effet sur la survie des malades et sur la survie rénale, -effet significatif sur la rémission complète du syndrome néphrotique : RR 2,37 [IC 1,32 – 4,25] et sur la protéinurie : différence moyenne –2,36 g/j [IC -4,27 – -0,46]. Cet effet protecteur disparaissait si les malades ayant une bonne fonction rénale étaient exclus, -absence d’effet sur la rémission partielle, sur les rémissions partielles et totales et sur la fonction rénale [13]. Le tacrolimus a fait l’objet d’un seul essai mais de bonne facture méthologique ayant inclus 48 malades. Le tacrolimus augmente le taux de rémission complète et partielle après 12 mois de traitement mais les rechutes sont fréquentes à l’arrêt du traitement [17]. L’impact de cette molécule sur des critères considérés comme valides (voir supra) n’est donc pas connu. 4. Le mycophénolate mofétil Le mycophénolate mofétil (MMF) a été utilisé dans 5 études non contrôlées (il s’agit de séries de cas) ayant inclus 70 patients dont 56 en monothérapie [18-22]. Ces malades étaient résistants aux autres immunosuppresseurs en particulier les agents alkylants et la cyclosporine. Le MMF a entraîné des rémissions complètes (7 cas) et partielles (24 cas) mais l’absence de groupe contrôle ne permet pas de conclure. Il en est de même pour une étude ayant comparé l’association MMF/corticoïdes versus une série historique traitée par le protocole Ponticelli [23]. Les résultats ne sont donc pas très cohérents car on comprend mal que les agents alkylants favorisent la rémission complète mais pas la rémission partielle. La méta-analyse retrouve un risque relatif de 5,97 [IC 1,08 – 32,9] de sortie d’études du fait d’effets secondaires dans groupe traité. Le chlorambucil semble moins bien toléré que le cyclophosphamide (21 contre 8 arrêts de traitement respectivement) [13]. Une autre étude cette fois prospective a aussi comparé l’association MMF/corticoïdes versus le protocole Ponticelli. Elle retrouve un taux de rémission complète et partielle à 63% et 67% respectivement après un suivi de 15 mois [24]. Récemment une étude indienne ayant inclus 93 malades randomisés pour recevoir un traitement type Ponticelli ou pas de traitement spécifique a montré une augmentation significative du taux de rémission complète et partielle et du taux de survie sans dialyse à 10 ans dans le groupe traité [15]. Cette étude publiée après la revue systématique de Perna va relancer le débat sur l’efficacité du protocole Ponticelli. 5. Les autres traitements On ne sait rien de l’utilité de l’azathioprine pour traiter les GEM idiopathiques car cette molécule n’a été utilisée que dans un essai ayant inclus 9 malades [25]. Aucun effet n’a été détecté. Les immunoglobulines, le rituximab [26] et la fludarabine [27] n’ont pas fait l’objet d’étude contrôlée ni même de série de cas avec un nombre élevé de malades. 3. La ciclosporine et le tacrolimus La cyclosporine a été utilisée dans 3 études ayant inclus 104 malades versus placebo. Les résultats sont clairs : pas d’effet sur la survie des malades et sur la survie rénale, pas d’effet sur le taux de rémission complète [13]. Dans ces études, la cyclosporine est bien tolérée n’entraînant pas d’augmentation significative du nombre de sortie d’étude même si les auteurs signalent des poussées d’HTA et d’insuffisance rénale régressives dans le groupe traité. 6. Le traitement symptomatique Il comporte : 1) le traitement de la protéinurie par les bloqueurs du système rénine angiotensine (IEC et sartans), 2) le traitement de l’HTA : on privilégie les bloqueurs du système rénine angiotensine et les diurétiques. La cible tensionnelle n’est pas définie mais une PA < 130/80 mm Hg est recommandée, La cyclosporine a été comparée aux corticoïdes 86 Traitement de la glomérulonéphrite extra-membraneuse idiopathique Conclusion : quel traitement pour les GEM idiopathiques avec syndrome néphrotique ? 3) le régime hyposodé (moins de 4 g/j de NaCl). Il est indispensable pour éviter les oedèmes et favoriser l’action anti-protéinurique des bloqueurs du système rénine angiotensine, 4) le régime hypoprotidique (0,8 g/kg/j). Il vise à limiter la fuite protéique urinaire et à préserver la fonction rénale sur le long terme, 5) les statines sont utilisées pour traiter la dyslipidémie sévère habituellement observée au cours du syndrome néphrotique. Le caractère néphroprotecteur des statines est à ce jour très hypothétique, 6) les antiagrégants plaquettaires (aspirine 80 à 100 mg/jour) sont utilisés pour prévenir les thromboses artérielles. En cas d’hypo-albuminémie franche (< 20 g/l), les AVK sont prescrits pour prévenir les thromboses veineuses. Devant une GEM avec syndrome néphrotique, il faut affirmer le caractère primitif de la GEM. Le diagnostic de GEM idiopathique affirmé, il faut analyser les facteurs pronostics. En l’absence de facteur pronostic péjoratif (syndrome néphrotique sévère avec protéinurie > 8 g/j, fonction rénale altérée au diagnostic), le traitement doit être symptomatique sous couvert d’une surveillance clinique et biologique. En présence de facteurs de mauvais pronostic, aucune recommandation ne peut pas être donnée en 2007 si on s’appuie sur les résultats de la revue systématique de Perna [13]. Les immunosuppresseurs ont un rapport bénéfice/risque mal évalué au vu des rares essais cliniques, essais qui par ailleurs sont de mauvaise qualité méthodologique. Toutefois si un traitement doit être entrepris, les agents alkylants sont à utiliser en première intention. Figure 1 : Organigramme de traitement de la GEM avec syndrome néphrotique Glomérulopathie extramembraneuse (GEM) GEM primitive Syndrome néphrotique Surveillance pendant 6 mois avec traitement symptomatique Syndrome néphrotique peu sévère et fonction rénale stable Surveillance Traitement symptomatique au long cours Bilan étiologique Pas de syndrome néphrotique Causes secondaires Surveillance Traitement symptomatique Syndrome néphrotique sévère et/ou dégradation de la fonction rénale Evolution rare Rémission partielle ou complète Rechutes possibles 87 Traitement spécifique Agents alkylants ?? Echec Succès Cyclosporine ??? MMF ??? Rituximab ??? Surveillance Rechutes possibles Chapitre 5 - Actualités Références 1. 16. Cattran DL, Appel GB, Hebert LA, et al. Cyclosporine in patients with steroid-resistant membranous nephropathy: a randomized trial. Kidney Int 2001; 59: 1484-1490. Haas M, Meehan SM, Karrison TG, Spargo BH. 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J Am Soc Nephrol 2007; 18: 1899-1904. 88 Traitement de la hyalinose segmentaire et focale idiopathique Traitement de la hyalinose segmentaire et focale idiopathique Philippe Grimbert, Marie Matignon, Vincent Audard , Philippe Remy, Philippe Lang Service de Néphrologie-Transplantation, CHU Henri Mondor, Créteil Introduction les formes primitives, le rein est considéré comme la cible fonctionnelle d’un processus immun possiblement liée à la synthèse d’un facteur circulant d’origine lymphocytaire. Les formes secondaires peuvent être liées à une réduction néphronique (agénésie rénale, hypoplasie rénale, néphropathie de reflux), à une atteinte podocytaire virale (infection VIH ou parvovirus-B19) ou toxique (pamidronate, consommation d’héroïne), ou associées à diverses pathologies (diabète, obésité, drépanocytose). En pratique clinique, la distinction entre les formes primitives et secondaires est particulièrement importante dans la mesure où les traitements immunosuppresseurs spécifiques ne sont indiqués que dans les formes primitives de HSF. De la même façon, un certain nombre d’éléments clinico-biologiques et anatomopathologiques doivent être parfaitement bien analysés avant de débuter un traitement spécifique, celui-ci pouvant être long et provoquer d’importants effets secondaires. En pratique, seuls les patients présentant une HSF primitive se verront proposer un traitement immunosuppresseur alors que pour un autre groupe, le traitement se résumera à un traitement néphroprotecteur optimal commun à toutes les néphropathies chroniques. L’identification des facteurs impliqués dans une telle décision constitue donc le premier élément de la prise en charge thérapeutique. La « glomérulonéphrite de type hyalinose segmentaire et focale » (HSF) est une entité clinicopathologique, se manifestant par une protéinurie généralement abondante, le plus souvent d’ordre néphrotique associée à des lésions histologiques scléro-hyalines de hyalinose segmentaire et focale et à un effacement des pédicelles (1, 2). Des études épidémiologiques récentes ont montré que la HSF de l’adulte est une néphropathie glomérulaire dont l’incidence est croissante (2, 3). Ainsi, dans une étude de registre récente, l’incidence des HSF diagnostiquées par biopsie rénale a augmenté de 13 fois entre les périodes 1974- 1983 et 1994- 2003 (4). Aux Etats-Unis, la HSF est à l’heure actuelle la première cause de néphropathie glomérulaire primitive responsable d’insuffisance rénale chronique (IRC) terminale (5). La « lésion de type hyalinose segmentaire et focale » est une lésion élémentaire histologique, caractéristique en microscopie optique et en immunofluorescence non spécifique. En pathologie humaine, on distingue théoriquement les HSF « primitives » s’intégrant dans le syndrome néphrotique idiopathique (SNI) dont l’autre entité est le syndrome néphrotique à lésions glomérulaires minimes (SNLGM) et les HSF dites « secondaires » (1, 6). Sur le plan physiopathologique, les HSF primitives et secondaires sont considérées comme des maladies touchant initialement le podocyte (podocytopathies) et ceci quelque en soit le mécanisme lésionnel initial. Dans Quels patients traiter ? L’évolution naturelle d’un syndrome néphrotique en rapport avec une HSF primitive se fait 89 Chapitre 5 - Actualités inéluctablement vers une dégradation progressive de la fonction rénale et moins de 10% des patients présenteront une rémission « spontanée » (7). Plusieurs études récentes suggèrent une corrélation entre ces variétés morphologiques et la réponse au traitement. Ainsi, dans l’étude de Thomas et al portant sur 197 patients, une rémission complète sous corticoïdes était obtenue chez 50% des patients présentant une tip lésion, alors que la forme histologique avec collapsus avait le plus mauvais pronostic rénal (15). Enfin, il est parfaitement démontré que le pronostic rénal est étroitement corrélé à la réponse au traitement et ceci indépendamment des variants histologiques (16). Au total, il semblerait donc que les patients avec syndrome néphrotique doivent être traités avec un traitement spécifique quelque soit la variété morphologique. A l‘inverse même si le traitement des patients atteints de HSF avec une protéinurie non néphrotique n’est pas codifié, la plupart des auteurs s’accordent à penser qu’une approche thérapeutique « agressive » à base de corticoïdes et/ou d’immunosuppresseurs n’est pas recommandée et qu’un traitement néphroprotecteur conservateur est le plus souvent suffisant (17). La survie rénale est étroitement corrélée au débit de protéinurie, et environ 50% des patients présentant un syndrome néphrotique initial sont susceptibles d’évoluer vers l’IRC terminale dans un délai de 5 à 10 ans (8, 9). A l’inverse, la présence d’une protéinurie de rang non néphrotique est associée à une survie rénale supérieure à 80% à 10 ans (10). Les résultats des études concernant la relation entre la protéinurie initiale et la réponse aux traitements sont contradictoires. Pour certains, la présence d’un syndrome néphrotique ne semble pas influer sur la réponse initiale aux traitements par corticoïdes (9). Cependant, dans une autre étude, les patients présentant une rémission complète sous corticoïdes présentaient une protéinurie initiale plus élevée (de l’ordre de 6g/24h) par rapport aux patients en rémission partielle (11). De la même façon, le niveau initial d’altération de la fonction rénale lors de la prise en charge constitue un facteur pronostic important et doit entrer en considération dans la décision d’entreprendre ou non un traitement spécifique. Dans une série de patients atteints d’HSF Korbet et al montre que la survie rénale à 10 ans est de 27% dans le groupe ayant une créatininémie supérieure à 115 µmol/l contre 100% dans le groupe ayant une créatininémie inférieure à 115µmol/l au moment du diagnostic (2). Les données concernant les liens entre niveau initial de fonction rénale et réponse à la corticothérapie ne sont cependant pas clairement établies. Traitement de première intention Même s’il n’existe pas à l’heure actuelle d’études randomisées contrôlées ayant comparé un traitement par corticoïdes à un autre agent pharmacologique, cette classe médicamenteuse constitue le traitement de première intention du syndrome néphrotique compliquant une HSF primitive (10). Les différentes études réalisées dans ce domaine mettent en évidence un taux de rémission compris entre 33% et 44% sous corticoïdes (10). En 1994, Korbet et al ont montré que le taux de réponse est étroitement corrélée à la durée de la corticothérapie (plus de 30% après 5 mois de traitement contre moins de 20% chez les patients traités moins de deux mois (18). Ces résultats ont été confirmés dans une autre étude réalisée chez 53 patients traités par corticoïdes. Le taux de rémission était seulement de 15% chez les patients traités moins de 16 semaines alors que la rémission complète était obtenue chez 61% des patients traités plus de 4 mois (19). L’ensemble de ces résultats indiquent clairement que la durée de la corticothérapie qui doit être prolongée, conditionne en grande partie la réponse au traitement et la possibilité d’obtenir ou non une rémission complète ou partielle (20). Comme pour la plupart des néphropathies chroniques les patients de race noire ont un risque plus important d’évoluer vers l’IRC terminale. Ainsi dans une étude pédiatrique, 78% des patients africains évoluent vers l’IRC terminale après 8,5 années de suivi contre 33% pour les patients caucasiens (12). Les données histologiques constituent elles aussi un des éléments du pronostic. Des études anatomopathologiques ont ainsi révélé une assez bonne corrélation entre le degré de fibrose interstitielle (plus de 20% du parenchyme) et le pronostic rénal (13). En 2004, une classification morphologique des HSF a été proposée permettant d’identifier 5 variétés sur le plan anatomopathologique : HSF classique, périhilaire, tip lésion, cellulaire et avec collapsus du flocculus (14). 90 Traitement de la hyalinose segmentaire et focale idiopathique Le schéma thérapeutique actuel repose donc sur une corticothérapie initiale à la dose de 1mg/kg/jour (à une dose maximale de 80mg/jour) pour une durée minimale de 12 semaines (10, 20). En l’absence de réponse après 12 semaines et après une durée maximale de traitement de 16 semaines, une alternative thérapeutique doit être envisagée. Si le traitement initial permet une rémission complète la corticothérapie est progressivement diminuée sur une durée de 2 à 3 mois. En cas de rémission partielle, une décroissance plus progressive mérite d’être envisagée en l’absence d’effet secondaire et de contreindication à la poursuite des corticoïdes. corticorésistante a montré qu’un traitement par Ciclosporine (utilisée à la dose initiale de 3,5mg/kg/jour et adaptée secondairement aux taux sanguins) pour une durée de 26 semaines permettait une rémission complète ou partielle de la protéinurie chez 70% des patients contre 4% dans le groupe placebo (22). Dans cette étude une corticothérapie associée et utilisée à la dose de 0,15mg/kg/jour était indispensable pour l’obtention d’une efficacité du traitement par ciclosporine (20). Dans une étude plus ancienne (23) un taux de rémission de 59% était obtenu chez 45 patients corticorésistants (adultes et enfants) traités par Ciclosporine pendant 6 mois. Chez les patients sensibles à la Ciclosporine une diminution progressive des doses sur une période relativement longue (1 an minimum) est le plus souvent nécessaire pour éviter le risque de rechute à l’arrêt du traitement (24, 25). Une étude a également comparé l’efficacité d’un traitement pas Ciclosporine et corticoïdes (n=34) par rapport à un traitement pas Chlorambucil et corticoïdes (n=23) chez des patients corticorésistants. Tous les patients initialement inclus dans le groupe Chlorambucil ont finalement été traités par Ciclosporine démontrant l’inefficacité des agents alkylants dans cette indication (26). Existe-t-il une alternative au dogme de la corticothérapie initiale sans le traitement des HSF ? Une étude récente portant sur un petit effectif de patients (n=6) révèle que le Tacrolimus en monothérapie pourrait être utilisé comme traitement de première intention des HSF. En effet dans cette étude 100% des patients étaient considérés en rémission mais le plus souvent partielle (réduction moyenne de la protéinurie de 11 à 2,8 gr/jour) après 6,5 +/-5,9 mois de traitement par Tacrolimus (21). Ces résultats méritent néanmoins d’être confirmés par des études randomisées réalisées chez un plus grand nombre de patients. Ces données qui résument les principaux résultats obtenus avec des traitements conventionnels permettent donc de percevoir la nature des difficultés rencontrées dans la prise en charge thérapeutique du SNI : de nombreux patients corticorésistants sont en échec thérapeutique avec les traitements IS classiques et près de la moitié de ces patients évoluent à terme vers l’insuffisance rénale chronique terminale. D’autre part, les complications iatrogènes des traitements conventionnels en particulier chez les individus en rechute fréquente et dépendants aux stéroïdes ou à la ciclosporine sont loin d’être négligeables Traitement conventionnel des HSF corticodépendantes et corticorésistantes La plus part des études réalisées chez les patients en rechute de HSF ont montré que plus de 75 % des patients répondaient favorablement à une seconde cure de corticothérapie selon les mêmes modalités que la première (10). Chez les patients corticodépendants, les agents cytotoxiques (Endoxan, Chlorambucil) permettent dans environ 70% des cas l’obtention d’un rémission complète ou partielle (10). La Ciclosporine présente une efficacité comparable aux agents cytotoxiques dans cette indication avec néanmoins un risque non négligeable de rechute à l’arrêt du traitement (10). Nouveaux traitements dans le traitement des HSF dépendantes et résistantes aux corticostéroïdes Comme nous l’avons vu, la corticorésistance doit être envisagée chez les patients ou persiste un SN après 12 semaines (maximum 16 semaines) de corticothérapie. Dans cette situation une étude prospective portant sur 49 adultes avec une HSF La mise sur le marché de nouveaux immunosuppresseurs au cours des dix dernières années offre bien évidemment de nouvelles opportunités thérapeutiques pour le traitement des HSF résistantes et dépendantes aux stéroïdes. Le 91 Chapitre 5 - Actualités rationnel de leur utilisation procède néanmoins plus souvent d’une extension des indications initiales de ces agents (transplantation rénale en particulier) que d’une justification physiopathologique précise ou validée par des modèles expérimentaux. 50% du débit de la protéinurie dans 44% des cas (30). Des études pédiatriques retrouvent des résultats similaires en terme de réduction de la protéinurie mais aussi d’épargne cortisonique chez les patients traités par MMF (31-33). Cependant ces études pédiatriques montrent que le MMF serait le plus souvent efficace dans les formes corticodépendantes et quasi inefficaces dans les formes corticorésistantes. Enfin, des études récentes ont rapportées efficacité possible d’un traitement par anticorps monoclonaux de type anti-CD20, le Rituximab, chez des patients présentant une HSF corticorésistante. Ainsi 4 rémissions complètes et 1 rémission partielle ont été obtenues pour les 5 patients (2 SNLGM et 3 HSF) traités par 4 injections hebdomadaires de Rituximab à la posologie de 375mg/m2 (34). Le Tacrolimus autre inhibiteur des calcineurines a ainsi aussi étudié chez des patients résistants ou dépendants aux stéroïdes ou à la ciclosporine. Dans une étude portant sur 25 patients adultes l’association du Tacrolimus aux corticoïdes a permis une rémission complète chez 10 patients (40%) et partielle chez 2 autres (8%) en dépit d’une résistance préalable au traitement par Ciclosporine (27). Le sirolimus, un analogue structural du tacrolimus qui bloque la prolifération cellulaire T dépendante des cytokines par l’inhibtion de la protéine mTor (Mamalian Target of Rapamycin) a également été utilisé dans des HSF corticoresistantes. Ainsi dans une étude de 2006, Tumplin et al l’administration de Sirolimus pendant 6 mois a permis une rémission complète chez 4 patients (19%) et une rémission partielle chez 8 autres (38%). Cependant, alors que la fonction rénale est restée stable chez les patients répondeurs (45 ml/mn en début d’étude et 47ml/mn en fin d’étude) les auteurs ont constaté une dégradation significative de la fonction rénale chez les sujets non répondeurs (31ml/mn en début d’étude et 28ml/mn en fin d’études) (28). L’efficacité d’un traitement par Mycophénolate Mofétyl (MMF) dans le traitement des HSF corticorésistantes et dépendantes a été plus largement étudiée. Ainsi, sur les 18 patients présentant une HSF corticorésistante ou dépendante, le MMF donné pour une période de 4 à 24 mois a permis une rémission complète dans deux cas et partielle dans 6 cas (29). Dans une autre étude non contrôlée, un traitement par MMF pendant 6 mois a permis chez des patients corticorésistants ou dépendants (dont 75% étaient aussi résistant au traitement par agents cytotoxique ou par Ciclosporine) une réduction de Conclusion La HSF primitive d’origine immune est une entité anatomoclinique complexe et hétérogène dont la physiopathologie est encore peu claire. L’identification des facteurs pronostiques est un élément fondamental de la prise ne charge thérapeutique qui peut permettre de décider d’interventions thérapeutiques agressives ou conservatrices. Faute d’alternatives thérapeutique, la corticothérapie prolongée reste aujourd’hui le traitement de référence de première intention et la réponse initiale l’un des facteurs pronostiques majeur de la maladie. Chez les patients dépendants aux stéroïdes, les alternatives thérapeutiques incluent les inhibiteurs de la calcineurine, les agents alkylants et probablement le mycophénolate mofetil. Dans les cas de corticorésistances, largement plus nombreux, ni les agents alkylants ni le mycophenolate ne semblent avoir de place. La place des agents bloquant la voie mTor (sirolimus et everolimus) est clairement limitée par la toxicité glomérulaire potentielle de ces molécules. La place des anticorps anti-CD20 se doit d’être précisée par des études à plus large échelle. 92 Traitement de la hyalinose segmentaire et focale idiopathique Références 1. 15. Thomas DB, Franceschini N, Hogan SL, Ten Holder S, Jennette CE, Falk RJ, et al. 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Le risque de décès est augmenté de 52% pour les patients atteints d'une insuffisance cardiaque et de 36 % pour ceux porteurs d'une artérite. (RVS) entraînant une augmentation du débit cardiaque de 18.3% (Qc) afin de maintenir une pression artérielle constante ( PA = Qc x RVS). Iwashima a étudié de façon prospective le retentissement de la création d'une FAV radiocéphalique au poignet sur la fonction myocardique de 16 patients (3). On observe : 1. une augmentation du diamètre télédiastolique du ventricule gauche (+ 4%), de la fraction de raccourcissement (+ 8%), du débit cardiaque (+ 15%) ; 2. une augmentation du rapport E/A associée à une diminution du temps de deccélération suggérant une dysfonction diastolique du VG (profil de remplissage restrictif ou pseudonormalisé) ; 3. une élévation des taux plasmatiques d'ANP de 48%, témoin de la surcharge volumique au niveau de l'oreillette gauche (corrélés au Qc) et de BNP de 68%, témoin de l'augmentation de pression au niveau du VG (corrélés au rapport E/A). L'hypertrophie ventriculaire gauche (HVG), conséquence de la surcharge de pression ( hypertrophie concentrique secondaire à l'hypertension artérielle) et de la surcharge de volume (hypertrophie excentrique secondaire à l'anémie, à la surcharge hydrosodée, et à l’abord vasculaire) est la principale composante de la cardiomyopathie urémique et représente un facteur indépendant de mortalité. L’abord vasculaire a donc un rôle dans l’entretien de l’HVG chez l’insuffisant rénal chronique. De même après transplantation rénale, la présence de la fistule artérioveineuse (FAV) participerait à la persistance de l’HVG. Le débit de la FAV est une fraction du débit cardiaque : plus le débit de la FAV (Qa) est élevé, plus l'augmentation du débit cardiaque est importante. Une étude rapporte des valeurs de débit cardiaque de 5.74 l/mn, 6.76 l/mn et 9.24 l/mn pour respectivement des valeurs de débit de FAV inférieur à 950 ml/m, entre 950 et 2.2 l/mn et supérieurs à 2.2 l/mn (4). Dans ces conditions, le rapport Qa/Qc est de 12% pour des Qa inférieur à 950 ml/mn, 21% pour des Qa compris entre 950 et 2.2 ml/Mn et 28% pour des Qa supérieur à 2.2 ml/mn. Retentissement cardiaque d'une fistule artérioveineuse La création d'une FAV (2), par mise en communication d'un système à haute pression (l'artère) et d'un système à basse pression (la veine), s'accompagne d'une diminution des résistances vasculaires systémiques de 23.5% 96 Hypertension artérielle pulmonaire et fistule artérioveineuse en hémodialyse chronique La présence d'un débit de FAV supérieur à 2 l/mn et d'un rapport Qa/ Qc supérieur à 20% doit faire rechercher une insuffisance cardiaque à débit élevé (4). Les fistules au bras s'accompagnent de débits cardiaques plus élevés que les fistules à l'avant bras ( 5.6 versus 6.9 l/mn, p< 0.001). l'ancienneté de la FAV y sont corrélés positivement (9). Le rôle de la FAV dans la genèse de l'HTAP semble indiscutable: quatre patients sur six indemnes d'HTAP en pré-dialyse voient augmenter leur PAPsyst après la création de la FAV (7). A l'inverse, la compression manuelle de la FAV chez 8 patients entraîne une diminution du débit cardiaque de 6.4 à 5.3 l/mn et une baisse de la PAPsyst de 47.2 à 34.6 mmHg (10). Les travaux de Savage suggèrent que la création d'une FAV s'accompagne d'un déséquilibre de l'offre et de la demande (augmentation) en oxygène au niveau du myocarde, pouvant ainsi décompenser un état myocardique précaire (5). Lorsque le débit cardiaque augmente, la diminution des résistances vasculaires pulmonaires en aval permet de maintenir la PAP constante. L’élévation du Qc induit par la FAV ne peut à lui seul expliquer l’augmentation de la PAP. Ainsi, la circulation pulmonaire de certains patients insuffisants rénaux serait dans un état de vasoconstriction anatomique ou fonctionnelle, rendant impossible ce mécanisme compensateur. Ces répercussions myocardiques de la FAV sont partiellement réversibles après sa ligature. En effet, van Duijnhoven observe chez 21 patients transplantés, 4 mois après la ligature de la FAV, une diminution significative de diamétre du VG et une régression de la masse ventriculaire gauche (6). Hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et fistule artérioveineuse : une entité nouvelle ? L'hypothèse des calcifications pulmonaires L'HTAP est définie par l'élévation de la pression de l'artère pulmonaire secondaire à une pathologie du cœur gauche (HTAP post-capillaire)ou à une maladie pulmonaire (HTAP pré-capillaire). Elle dépend du flux sanguin pulmonaire (Qp), des résistances vasculaires pulmonaires (RVP) et de la pression dans le capillaire pulmonaire (Pcp); PAP=QpxRVP+Pcp. Une Pression Artérielle Pulmonaire systolique (PAPsyst) supérieure à 35 mmHg (mesurée par échocardiographie-doppler en utilisant l'équation de Bernoulli) est pathologique. L'élévation des résistances pulmonaires par calcification des vaisseaux est un mécanisme possible. Akmal retrouve une prévalence plus élevée de calcifications pulmonaires et d'HTAP chez des chiens rendus insuffisants rénaux comparativement à ceux parathyroidectomisés (11). Cependant, Amin ne retrouve pas de lien entre HTAP et présence de calcifications pulmonaires (recherchées par scintigraphie au Tc 99) chez 51 patients hémodialysés (12). La présence d'une HTAP n'était pas liée au taux de parathormone, ni aux autres paramètres du bilan phosphocalcique. Yigla confirme ces données chez 49 patients hémodialysés : les calcifications pulmonaires n’étaient pas corrélées aux valeurs de PAP (13). Yigla rapporte une prévalence d'HTAP de 39.7% chez 58 patients hémodialysés indemnes de pathologie cardiaque ou pulmonaire (7). Deux facteurs sont retrouvés associés à l'HTAP ; un taux d'hémoglobine bas et un débit de fistule élevé (6.9 versus 5.5 l/mn). Tarras observe une prévalence d'HTAP de 26.7% (19.8% avec une PAPsyst > 35 mm Hg et 7% > 45 mmHg) chez 86 patients hémodialysés depuis 88 mois. Dans cette étude, la présence de cette HTAP est indépendante du taux d’hémoglobine, du débit de l’abord vasculaire, de la durée de dialyse et des paramètres du bilan phosphocalcique (8). Enfin, Havlucu montre une prévalence d'HTAP de 56% chez 25 patients hémodialysés. Le débit de l'abord vasculaire et Hypothèse du NO Nakhoul (10) a étudié l'implication possible des systèmes régulateurs du tonus vasculaire local, le NO (vasodilatateur) et l’endothéline 1 (vasoconstricteur) chez 42 patients hémodialysés (35 FAV au bras, 7 FAV à l'avant bras). Les taux plasmatiques d'endothéline 1 sont identiques 97 Chapitre 6 - Vignettes chez les 42 patients hémodialysés avec ou sans HTAP. Par contre, les taux plasmatiques prédialytiques de NO étaient plus bas chez les patients avec HTAP (p<0.05) et augmentaient moins après séance de dialyse. Ainsi, l'augmentation du tonus vasculaire pulmonaire serait expliquée par une moindre disponibilité du NO chez certains patients. tant d'une part de modifications hémodynamiques induites par l'abord vasculaire et d'autre part d'une dysfonction endothéliale responsable d'une augmentation des résistances pulmonaires. Sa détection nécessite la réalisation annuelle d'une échographie cardiaque chez les patients indemnes de cardiopathie et au minimum biannuelle chez les insuffisants cardiaques et coronariens. La prise en charge thérapeutique de l'HTAP nécessite une parfaite évaluation du poids sec, une correction de l'anémie, une évaluation régulière du débit de l'abord vasculaire et du débit cardiaque. La place des thérapeutiques spécifiques de l'HTAP reste à évaluer chez l'insuffisant rénal. Conclusion Le développement d'une HTAP chez les patients hémodialysés est un phénomène fréquent, résul- Références 1. 8. Tarras F., Benjelloun M., Medkouri G., Hachim K., Benghanen MG., and Ramdani B. 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D’autre part, les trois métaux ont aussi quelques caractéristiques physicochimiques communes. Ils se transportent, changent de forme chimique, mais ne se détruisent pas. Ils ont une conductivité électrique élevée qui explique leur utilisation dans de nombreuses industries. Mais surtout, ils présentent une certaine toxicité pour l’homme, entraînant notamment des lésions neurologiques et rénales plus ou moins graves (6). Une seconde approche est née de l’analyse causale d’affections de type épidémique. L’industrialisation du Japon au début du 20° siècle a inauguré les grandes catastrophes industrielles avec les tragédies de minamata (in 12) et d’itaï-itaï (19). Mécanismes communs de la toxicité rénale des métaux lourds L’approche environnementale développée actuellement est l’étude des conséquences sur le rein de faibles niveaux d’exposition aux métaux lourds Les métaux lourds se présentent dans le plasma sous des formes diffusible (complexée et ionisée) et non diffusible (liée aux protéines). La liaison aux protéines se fait par affinité aux groupes thiols libres des résidus cystéine terminaux et aux résidus histidine. Les métaux lourds On appelle en général métaux lourds les éléments métalliques naturels, métaux ou dans certains cas métalloïdes, caractérisés par une masse volumique élevée, supérieure à 5 grammes par cm3. Certains préfèrent l’appellation “ éléments en traces métalliques ” -ETM- ou par extension “ éléments traces ” (6). Les métaux lourds sont des inducteurs puissants de synthèse des métallothioneines et du glutathion dans les tissus hépatique et rénal. Ces peptides conjuguent le métal dans la cellule et sont des protecteurs cellulaires. Le présent article sera pour l’essentiel limité à trois métaux : mercure, cadmium et plomb pour deux raisons. D’une part, une raison historique : les premiers biochimistes ont distingué ces trois métaux en raison de leur affinité avec le soufre qui Les métaux lourds sont présents dans la lumière tubulaire rénale sous formes libre et liée aux protéines. La forme ionisée est absorbée au niveau de la bordure en brosse apicale via le compartiment endolysosomal. Elle entre également dans 99 Chapitre 6 - Vignettes la cellule du coté basolatéral par les systèmes de transport des anions et des cations (OAT/OCT). Les métaux lourds interagissent avec de nombreux transporteurs rénaux. Dans le tube contourné proximal le cadmium diminue le transport de glucose et de phosphate en inhibant les cotransports Na/glucose et Na/Pi. Dans le tube distal le cadmium bloque ECaC et ROMK (1). Le mercure et le plomb bloquent également Sat-1 (échangeur de l’anion sulfate situé à la membrane basolatérale de la cellule tubulaire proximale). étant en général des individus de constitution particulièrement robustes. La détection d’une toxicité tubulaire fait appel à des marqueurs urinaires. Les tests les plus sensibles pour détecter une toxicité des métaux lourds ou des solvants seraient la N acétyl bêta D glucosaminidase urinaire, la IAP (intestinal alcaline phosphatase) urinaire, les antigènes de la bordure en brosse, et les protéines urinaires de faible poids moléculaire : beta 2 microglobuline, alpha 1 microglobuline alias protein HC, retinol-binding protein (7, 10). La forme libre de ces métaux dans la cellule tubulaire, inhibe diverses protéines du réticulum endoplasmique, la polymérisation du cytosquelette, la phosphorylation oxydative dans la mitochondrie, diverses voies métaboliques dans le cytoplasme et les peroxysomes, l’activité de la superoxyde dismutase, et déplète la cellule en glutathion réduit (9). Le stress oxydatif lié à la moindre élimination et l’augmentation de la production des radicaux libres conduit à l’accumulation de formes actives de l’oxygène. Ces molécules hautement réactives directement ou indirectement par la voie de la peroxydation lipidique aggravent les dommages de divers constituants cellulaires et conduisent à l’accumulation cytoplasmique de calcium. Atteinte rénale du plomb Le plomb peut produire deux types d’atteinte rénale. La tubulopathie proximale s’observe en cas de contamination importante. Chez l'enfant, se trouve parfois réalisé un véritable syndrome de Toni-Debré-Fanconi avec, outre la protéinurie, une aminoacidurie, une glycosurie, une hypercalciurie et une hyperphosphaturie. L'atteinte tubulaire guérit à l'arrêt de l'exposition. Des travaux récents ont mis en évidence des dysfonctionnements tubulaires (élévation de la N-acétylglucosaminidasurie) chez les travailleurs exposés. L’atteinte rénale tardive s'observe après 10 à 30 ans d'exposition, à des niveaux d’imprégnation élevés. C'est une insuffisance rénale modérée due à des lésions glomérulaires et tubulo-interstitielles sans caractère spécifique. Elle est définitive. Elle est associée à une hypertension artérielle et une hyperuricémie. Les molécules d’adhésion cellulaire (cadhérines, caténines, ZO-1, occludine, et claudines) pourraient être également des cibles privilégiées de cette néphrotoxicité (8) Détection de la néphrotoxicité Atteinte rénale du cadmium La symptomatologie des intoxications massives est bien connue et la relation causale avec le métal est évidente : insuffisance rénale aiguë, syndrome de Fanconi complet ou limité à des troubles tubulaires dissociés. La maladie Itai-itai fut officiellement reconnue au Japon en 1968 (non sans difficultés) comme la première maladie induite par une pollution environnementale liée au cadmium. La région concernée était constituée par les bords de la rivière Jinzu. Le tableau typique était un syndrome de Fanconi acquis et une grande ostéomalacie, les petits reins d’une néphropathie interstitielle chronique, et une survie de 50% au bout de 17 ans d’évolution (19). L’interprétation est plus délicate pour l’insuffisance rénale chronique observée en zone exposée à une pollution. D’une part on connaît les difficultés de l’estimation du DFG en néphropathie de stade 1 ou 2. D’autre part la relation causale ne peut être définie qu’avec une méthodologie contrôlée sur des groupes de patients non exposés. Même dans ce cas le biais des « healthy workers » est évoqué dans certaines études, les travailleurs exposés L’atteinte tubulaire rénale est probablement l’effet critique en terme de santé publique de l’exposition 100 Toxicité rénale des métaux lourds au cadmium. Cette atteinte tubulaire est étudiée au cours d’études cas-contrôle par les mesures d’éliminations urinaires des marqueurs tubulaires habituels. Les données de plusieurs études indiquent qu’une excrétion urinaire de 2.5 µg/g de créatinine correspond à une concentration de 50µg/g de cadmium dans le cortex rénal et à une augmentation de la prévalence de l’atteinte tubulaire de 4%. Hodgson et collaborateurs rapportent une augmentation de la mortalité par maladie rénale et du taux d’admission pour maladie rénale dans la région de Runcorn. Cette augmentation de prévalence des pathologies rénales est corrélée avec l’exposition aux vapeurs de mercure. Les auteurs insistent néanmoins sur de possibles facteurs confondants : la nature de l’étude basée sur des données géographiques et un surrisque observé chez les femmes suggèrent que d’autres facteurs interviennent que la seule pollution industrielle (14). A noter enfin que dans les expositions au cadmium une incidence accrue de lithiases calciques urinaires est décrite. De Burbure et coll ont étudié 400 enfants ayant vécu sur des sites proches de quatre sites industriels, Auby et Noyelles-Godault dans le Nord de la France, Pribram en république Tchèque et Legnica en Pologne. Ils observent une corrélation inverse entre le DFG estimé par créatininémie, cystatinémie C, beta 2 globulinémie et la plombémie. Une telle hyperfiltration avait déjà été observée expérimentalement et chez des travailleurs exposés au plomb. Dans cette étude, les anomalies tubulaires sont rapportées au mercure et au cadmium. Les auteurs soulèvent l’hypothèse que les enfants soient plus sensibles à ces toxicités que les adultes et soulignent que leur devenir est inconnu : réversibilité, sensibilisation du rein à d’autres néphrotoxicités, aggravation ? (29) Atteinte rénale du mercure Le potentiel néphrotoxique du mercure dépend étroitement de sa forme chimique. Le méthylmercure en cause dans la catastrophe de minamata entraîne peu de néphrotoxicité, essentiellement des troubles neurologiques. Le tableau de l’intoxication aiguë accidentelle ou volontaire liée à la vapeur de mercure est celui d’une nécrose tubulaire qui récupère après deux à quatre semaines de dialyse. Les échanges plasmatiques accélèrent l’épuration du mercure. Les conséquences rénales à long terme d’une exposition professionnelle chronique sont plus subtiles. Dans leur suivi de la population de Runcorn (Runcorn étant une zone industrielle de Grande Bretagne connue comme étant à forte pollution) l’équipe de Järup conclue que l’exposition professionnelle au mercure contribue à l’augmentation de la mortalité rénale de la population exposée (4). L’étude de Franko concerne les mineurs de la mine de mercure d’Idrija en Pologne. Ces auteurs rapportent une augmentation de l’excrétion urinaire de certains marqueurs tubulaires chez les mineurs en activité, non retrouvée chez les mineurs à la retraite (13). L’équipe de Lin JL. travaille sur plusieurs cohortes à Taïwan et a publié de nombreuses études sur la néphrotoxicité environnementale du plomb (26, 30). Il montre dans une étude prospective contrôlée que dans une cohorte d’insuffisants rénaux chroniques n’ayant comme antécédent ni une intoxication aigue au plomb ni une exposition professionnelle, plombémie et plomb corporel sont des facteurs de risque de détérioration de la fonction rénale et que, dans le groupe à stock de plomb élévé, une chélation par EDTA ralentit la vitesse de détérioration de la fonction rénale (26). Ekong publie une analyse cumulative des études de la toxicité environnementale du plomb. Ces données publiées lui permettent de conclure que le plomb dans le cadre d’une exposition environnementale, même pour des plombémies inférieures à 50µg/L est un facteur de néphrotoxicité. Ceci est particulièrement net dans des populations à risque, hypertendus, diabétiques ou insuffisants rénaux chroniques (23). L’exposition environnementale aux métaux lourds, facteur d’aggravation de l’insuffisance rénale chronique La possibilité qu’une exposition environnementale aux métaux lourds puisse constituer un facteur de risque d’insuffisance rénale chronique est évoquée depuis quelques années. 101 Chapitre 6 - Vignettes Métaux lourds et autoimmunité Hellstrom et coll ont étudié l’incidence d’une insuffisance rénale terminale (IRT) dans la population suédoise exposée au cadmium dans une fabrique de batteries nickel-cadmium. L’exposition au cadmium était définie par l’emploi ou non dans l’usine et par la distance de résidence de l’usine. Le risque standardisé sur l’âge d’IRT était respectivement de 1.4, 1.9, et 2.3 dans les groupes faiblement, moyennement et fortement exposés au cadmium (17). Le mercure et l’or chez l’animal peuvent induire des réactions autoimmunes. in vitro, mercure et or activent les voies de transduction du signal et l’expression de cytokines en particulier IL-4 et IFN gamma. Dans un environnement adapté les métaux lourds peuvent favoriser l’activation de cellules T autoréactives. Pour ce faire, le matériel génétique est de première importance. Le tableau II résume les différentes formes d’autoimmunité expérimentales et humaines observées avec les métaux lourds (2). Ces études de population observent des associations entre exposition environnementale à des métaux lourds et marqueurs de toxicité tubulaire. Mais les suivis sur des périodes de dix ans et plus ne montrent pas d’aggravation, voire une réversibilité des anomalies tubulaires observées (18). Deux études longitudinales rapportent une relation significative entre plombémie et vitesse de détérioration de la fonction rénale (24, 30). Les glomérulonéphrites extra membraneuses induites par les sels d’or sont classiques. De nombreuses observations cliniques illustrent la possibilité d’auto-immunisation induite par le mercure. Les conditions de l’intoxication sont variées : autrefois sels de mercure utilisés pour le traitement de la syphilis ou diurétiques mercuriels, encore récemment recyclage des tubes fluorescents (11) ou utilisation de cosmétiques (16). Les groupes à risque de ces atteintes rénales sont décrits dans le tableau I. Ces études corrélant atteinte rénale et stock de métal soulèvent toutefois une réserve majeure : l’accumulation de métaux lourds dans l’organisme, notamment de plomb peut être le fait de la dysfonction rénale et non sa cause (27). Conclusion La néphrotoxicité du plomb, du cadmium et du mercure est établie. Sa sévérité dépend de Tableau I : Facteurs de risque de néphrotoxicité l’importance de l’exposition. La toxicité des des métaux lourds métaux lourds a conduit les pouvoirs publics à réglementer les émissions en La forme chimique du métal fixant des teneurs limites. Les manifeLe mode d’intoxication: accidentel, professionnel, stations rénales des intoxications accidenenvironnemental telles ou professionnelles ont La dose et la durée d’exposition, donc le lieu pratiquement disparu chez l’adulte. Mais – Populations riveraines de sites polluant. plusieurs auteurs posent le problème – Habitants de départements et territoires d’outremer, d’une néphrotoxicité chronique de ces notamment guyanais 1 métaux pour des expositions Le terrain: enfant, femme (carence ferrique ?), environnementales faibles et des L’association des métaux: cadmium et plomb par exemple imprégnations de l’organisme considérées Une prédisposition génétique jusque là comme sans effet. Cette – plomb et polymorphisme de _-aminolevulinic acid néphrotoxicité se limite dans la plupart des dehydrase observations aux signes biologiques d’une – plomb et polymorphisme de nitric oxide synthase atteinte tubulaire. Elle pourrait se – cadmium et metallothionein manifester par une accélération de la Des comorbidités: pathologie rénale préexistante, détérioration de la fonction rénale liée à diabète, hypertension, carence ferrique 2. une pathologie rénale préexistante ou au 1 voir in 6 : activités d’orpaillage notamment simple vieillissement. Certaines 2 l’expression du transporteur intestinal du cadmium, la protéine populations seraient particulièrement à DMT1 (ou Nramp2) est très augmentée en carence ferrique risque : enfant, femme, patients en carence ferrique, diabétiques, hyper- 102 Toxicité rénale des métaux lourds tendus, habitants des DOM-TOM, notamment guyanais. Dans une étude l’administration d’un chélateur du plomb a favorablement influencé la fonction rénale d’insuffisants rénaux chroniques soumis à une exposition environnementale faible. Autoanticorps (animal et/ou homme) contre Maladie AI humaine Maladie AI animale Hg fibrillarine, laminine-1, DNA, ANAs, thyroglobuline Glomérulonéphrites, lichen plan, sclérodermie Pb neuroprotéines NF 160 et 68, MBP, GFAP Laminine-1 ANA, Ro, plaquettes, laminine-1 Pas décrite Glomérulonéphrite, maladie GVH like, polyarthrite,vascularite Pas décrite Cd Au Li thyroglobuline, thyroide peroxydase, ANA, cellules pariétales gastriques Pas décrite Glomérulonéphrites, thrombopénies ai, syndromes lupiques, pemphigus Thyroidites, syndromes lupiques Pas décrite Glomérulonéphrites Thyroidites Tableau II : Réponses autoanticorps et maladies autoimmunes associées à certains métaux (d'après Bigazzi, 2) Références Générales 1. 9. Barbier O., Jacquillet G., Tauc M., Cougnon M., Poujeol P. : Effect of heavy metals on, and handling by the kidney. Nephron Physiol. 2005, 99, 105-110 Sabolic I.: Common mechanisms in nephropathy induced by toxic metals. Nephron Physiol 2006, 104, 107-114. 10. 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A coté des mesures reconnues comme la restriction protéique et sodée, l’inhibition du système rénine angiotensine et le contrôle de l’HTA, il y a de la place pour d’autres mesures potentiellement efficaces. De récentes études ont montré que la vitamine D pouvait avoir un rôle dans la prévention de la fibrose rénale, glomérulaire et tubulaire [1]. Nous nous proposons de faire le point des connaissances actuelles concernant le rôle de la vitamine D dans la néphroprotection. Cependant, l’hypothèse de sa prescription nous oblige à évoquer l’ensemble des effets connus de cette vitamine. La vitamine D dans la population générale Le système hormonal de la vitamine D contrôle plus de 60 gènes et, outre les effets sur le métabolisme minéral et osseux et les effets potentiellement néphroprotecteurs, d’autres effets pléiotropes ont été décrits comportant la prévention du diabète, l’amélioration des maladies cutanées auto-immunes, la prévention de cancers (colon, prostate), l’augmentation de l’immunité cellulaire (prévention de la tuberculose), l’amélioration de la force musculaire et la diminution des fractures [4]. En gériatrie, la carence en vitamine D est associée à la dépression, l’altération des fonctions cognitives [5] et la mortalité [6]. Ces résultats sont confirmés par une méta analyse récente rapportant une diminution de mortalité dans les études d’intervention avec de la vitamine D2 ou D3 [7]. Les concentrations sériques recommandées de 25-OH sont de 70 à 125 nmol/L (3050 ng/ml) [8]. Le statut optimal en vitamine D est défini comme l’absorption quotidienne ou la production suffisante pour que sa disponibilité ne soit un frein à aucun métabolisme dépendant de la vitamine D mais qu’aucune toxicité n’apparaisse. Il y a peu de données concernant le calcitriol dans la population générale puisque sa formation est principalement dépendante des réserves en 25-OH. La vitamine D est un système endocrine qui joue un rôle important dans la régulation du calcium et du métabolisme osseux. Elle est également impliquée dans la régulation du système immunitaire, dans la croissance, la différenciation et l’apoptose cellulaire [2]. Elle est peut être apportée à l’organisme par l’alimentation mais la grande majorité est synthétisée par la peau à partir de dérivés du cholestérol et sous l’influence du soleil (UVB). Pour produire du calcitriol (1,25-OH2), dérivé le plus actif sur son récepteur nucléaire (VDR) qui est ubiquitaire, la vitamine D doit subir une hydroxylation hépatique (25-OH) non régulée, puis une 1-a Hydroxylation tubulaire rénale régulée. Cependant, de nombreux autres tissus 105 Chapitre 6 - Vignettes La vitamine D en prédialyse effets bénéfiques multiples et, de l’autre, le risque de surdosage avec une hypercalcémie et une hypercalciurie favorisées par cette ostéopathie adynamique. Plus de 15 ans après, d’autres études ont montré l’absence de toxicité évidente avec des doses plus faibles et avec un bénéfice sur les pathologies osseuses [15,16]. Une étude rétrospective à montré que les transplantés rénaux sous calcitriol ont une meilleure survie du greffon [17]. L’effet antiprotéinurique du paricalcitol a été mis en évidence dans des études prospectives aux stades 3 et 4, même chez les patients traités pas IEC [18]. Le paricalcitol fait partie de ces nouveaux dérivés actifs de la vitamine D potentiellement moins toxiques puisque ne modifiant pas le Ca x P [19], mais ce produit n’est pas encore disponible en France. La carence en vitamine D est très fréquente chez l’insuffisant rénal où elle est associée à l’hyperparathyroïdie secondaire [9]. Les carences en 25 et 1,25 OH vitamine D sont précoces, parallèles et proportionnelles à la baisse de filtration glomérulaire [10]. Dans l’étude SEEK, la carence en calcitriol (<22 pg/ml) est de 32% au stade 3 et de 60% aux stades 4 et 5 [11]. Les principales causes de ces carences sont décrites dans le tableau 1. Les KDOQI recommandent de rechercher et de corriger la carence en 25-OH en cas de PTH supérieure aux cibles pour les stades 3 et 4 de l’IRC [12]. Il semble que l’efficacité de l’apport d’ergocalciferol soit supérieure au stade 3 qu’au stade 4 où l’effet sur la PTH est minime en raison de la baisse de l’hydroxylation rénale et de l’insuffisance de formation de calcitriol [13]. Effet de la vitamine D sur les calcifications vasculaires Tableau 1 : Causes des carences en vitamine D chez l’insuffisant rénal Les calcifications vasculaires constitueraient le risque principal de l’utilisation des dérivés de la vitamine D chez l’insuffisant rénal. Ce risque est à l’origine de sa sous-prescription en néphrologie. Des études in vitro et ex vivo chez les rats ont montré que le calcitriol, à des doses 10 à 100 fois supérieures aux doses habituelles, favorise les calcifications aortiques [20]. Expérimentalement la vitamine D peut induire une médiacalcinose de manière active et réversible; cependant, aux doses physiologiques, elle prévient ces calcifications en inhibant le relargage des cytokines pro inflammatoires, les molécules d’adhésion et la prolifération des cellules musculaires lisses [21]. Dans une étude transversale chez des hémodialysés, les scores de calcifications radiologiques vasculaires sont proportionnels à la carence en vitamine D [22]. De même, dans la population générale, les calcifications coronariennes sont plus fréquemment associées à une carence en calcitriol [23]. Le tableau 2 illustre les effets bénéfiques et toxiques de la prescription de vitamine D en fonction des doses. Il existe de nombreux arguments pour penser que si des doses trop importantes de vitamine D peuvent favoriser ces calcifications, la carence en vitamine D est également responsable de ces mêmes calcifications. Carence en 1,25 OH vitamine D - _ masse néphronique (_ 1a-OH rénale) - _ activité 1a-hydroxylase : - Hyperphosphatémie (FGF 23) - Hyperuricémie - Acidose métabolique - Autres toxines urémiques Carence en 25-OH vitamine D - Défaut d’exposition solaire - Peau pigmentée, peau sèche - Carence alimentaire, malabsorption - Protéinurie - Carence en mégaline rénale (défaut d’endocytose) L’indication habituelle du calcitriol est la prévention ou le traitement de l’hyperparathyroïdie secondaire de l’IRC. Dans les années 70, deux études ont mis en évidence un effet délétère du calcitriol et, dans une moindre mesure, de la vitamine D native, utilisés en prédialyse avec une aggravation de la fonction rénale et une hypercalcémie [14]. Il est certain que les doses utilisées étaient trop importantes (1 µg/j) et que les patients étaient probablement en ostéopathie adynamique. Mais cela pose bien les problèmes avec, d’un côté des 106 La vitamine D est-elle néphroprotectrice ? Nutrition Dose de vitamine D HVG SRAA HTA Diabète Hyperparathyroïdie Protéinurie Progression IRC Toxicité Ca x P Os adynamique PAL Calcifications CV Calcinose myocardique Néphrocalcinose Tableau 2 : effets de la vitamine D selon la dose prescrite La vitamine D supprime l’expression du gène de la rénine : les souris Knock-out pour le VDR ont des concentrations élevées de rénine et d’angiotensine II avec une HVG, comme les souris déficientes en calcitriol, mais chez qui l’on peut supprimer la rénine en injectant du calcitriol [30, 31]. Un effet antihypertenseur de la vitamine D native a été montré chez les personnes âgées [32]. Il est probable que chez l’homme la relation entre l’HVG et la parathormone passe par la carence en vitamine D [33]. Chez des rats néphrectomisés, l’apport de calcitriol diminue l’hypertrophie et la sclérose glomérulaire ainsi que la protéinurie indépendamment de la PTH [34]. Les même observations ont été faites avec le 22-oxacalcitriol [35] et le paricalcitol [18]. Dans un modèle de glomérulonéphrite expérimentale chez le rat, le calcitriol a montré une action antiproliférative avec une diminution de la glomérulosclérose et de la protéinurie [36]. Par ailleurs, des VDR ont été isolés dans les cellules rénales mésangiales humaines [37]. Vitamine D en dialyse Les KDOQI ne recommandent plus de corriger la carence en vitamine D au stade 5 de l’IRC mais d’utiliser des dérivés actifs en cas d’hyperparathyroïdie. Cependant, quelques études seraient en faveur d’une utilisation plus large en raison d’un bénéfice potentiel sur la mortalité. Il a Le calcitriol diminue l’hypertrophie glomérulaire été rapporté récemment que 78% des hémoet la perte des podocytes chez les rats néphrecdialysés étaient carencés en 25-OH et que les plus tomisés [38] ce qui serait un des mécanismes carencés avaient une surmortalité précoce [24]. principaux de la néphroprotection induite par la L’alfacalcidol donné à des hémodialysés augmente vitamine D. l’apport protéique et l’albuminémie [25]. Il diminue également la mortalité cardiovasculaire dans une Le système immunitaire possède des VDR et les autre étude prospective [26]. Deux études propriétés immuno-modulatrices de la vitamine rétrospectives sur des larges cohortes nordD sont connues depuis longtemps [39]. Comme la américaines ont montré que les dialysés traités par paricalcitol ont une meilleure survie que ceux traités par calcitriol et encore d’avantage que les Tableau 3 : Actions potentiellement non traités par un dérivé de la vitamine D [27, 28]. néphroprotectrices de la vitamine D Il reste que la prescription de vitamine D active en dialyse aux USA ne répond pas Effet anti-inflammatoire (inhibition des lymphocytes T, toujours aux indications d’hyperparaTNF, IL2) [41, 42] thyroïdie et que les effets sur la calcémie Inhibition de la production de rénine [30, 31] et la phosphatémie rapportés récemment Diminution de l’hypertrophie glomérulaire [34, 47]. sont peu convaincants [29]. Diminution de la prolifération mésangiale et des podocytes [36, 38] Diminution de la fibrose tubulo-interstitielle [44, 46] Cibles potentielles de la vitamine Diminution de la protéinurie [18, 34, 36, 43, 47] D dans la cadre de la Diminution de l’HTA [32] néphroprotection. Diminution de la production de cytokines fibrogéniques [40, 41] Le tableau 3 résume les actions de la Inhibition de la prolifération des myofibroblastes et vitamine D potentiellement néphroprotecde la transition épithéliale-mesanchymale [45]. trices : 107 Chapitre 6 - Vignettes cortisone, le calcitriol est connu pour avoir une activité anti-inflammatoire par le biais de l’inhibition du NF-kB [40]. Le calcitriol inhibe également la production de TNF-a par les cellules mononuclées des volontaires sains et des insuffisants rénaux [41]. La dose de 2000 u de cholécalciférol par jour diminue le TNF-alfa et l’IL-2 chez des patients en insuffisance cardiaque [42]. Plusieurs études ont apporté la preuve de l’activité anti-inflammatoire du calcitriol chez les souris porteuses d’un lupus ou d’une néphrite de Heymann, activité comparable à celle de la ciclosporine [43]. vellement osseux et peuvent aggraver les risques d’hypercalcémie et de calcifications vasculaires. Malheureusement, ces chélateurs sont les seuls autorisés à l’heure actuelle avant le stade de la dialyse. En attendant des études interventionnelles prospectives et contrôlées, il parait licite d’utiliser les dérivés de la vitamine D, d’abord natifs puis actifs. Afin de réduire au minimum les risques de toxicité, cette prescription doit être encadrée de dosages vitaminiques et d’une surveillance régulière des calcémies, phosphatémies, parathormonémies et sans doute des marqueurs osseux. C’est à ce prix que les patients insuffisants rénaux pourront bénéficier des nombreux effets, et probablement néphroprotecteurs, des dérivés de la vitamine D en toute sécurité. Le calcitriol inhibe la prolifération des cellules épithéliales des tubes proximaux [44]. Il supprime l’activation des myofibroblastes par les fibroblastes interstitiaux et diminue la fibrose interstitielle en inhibant l’expression du TGF-b1 [45]. Cette action implique également l’Hépatocyte Growth Factor (HGF) qui a des propriétés antifibrosantes. Dans un modèle animal d’obstruction urétéral, le paricalcitol diminue les lésions de fibrose interstitielles [46]. De nombreux mécanismes sont impliqués dans le processus de fibrose rénale. Il est probable que la vitamine D est localement nécessaire au bon fonctionnement métabolique et au maintien structurel rénal. La carence en vitamine D peut alors être une des causes et aussi la conséquence de l’IRC. Conclusions Chez l’insuffisant rénal chronique, la diminution de la calcitriolémie est précoce et proportionnelle à la baisse de la filtration glomérulaire. La carence associée en 25-OH est une condition aggravante. De nombreuses études expérimentales et certaines études cliniques nous donnent un faisceau d’arguments en faveur de l’utilisation de la vitamine D chez l’insuffisant rénal pour, entre autres, ses effets néphroprotecteurs. Les KDOQI recommandent, aux stades 3 et 4, l’utilisation de vitamine D native d’abord puis active en cas d’hyperparathyroïdie. Le problème est celui des patients porteurs d’ostéopathie adynamique chez lesquels les risques de toxicité de la vitamine D seraient plus importants. L’utilisation concomitante de chélateurs calciques doit être prise en compte puisqu’ils sont également freinateurs du renou- 108 La vitamine D est-elle néphroprotectrice ? Références 1. 15. Hamdy NAT, Kanis JA, Beneton MNC, et al. Effect of alfacalcidol on natural course of renal bone disease in mild to moderate renal failure. Br Med J 1995; 310:358-63 Tian J, Liu Y, Williams LA, et al. Potential role of active vitamin D in retarding the progression of chronic kidney disease. Nephrol Dial Transplant 2007; 22:321-8 2. Dusso AS, Brown AJ, Slatopolsky E. Vitamin D. Am J Physiol Renal Physiol 2005; 289:F8-28 16. Rix M, Eskildsen P, Olgaard K. 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Que proposer ? Joëlle Guitard1, Antoine Huart1, Leïla Ouezzani1, Stanislas Faguer1, Dominique Chauveau1,2 1. Service de Néphrologie et Immunologie clinique et Centre de Référence Maladies rénales rares Hôpital de Rangueil, Toulouse 2. INSERM U563, Toulouse La mitochondrie est l’organite intracytoplasmique le plus abondant : chaque cellule, à l’exception des érythrocytes, compte plusieurs centaines ou plusieurs milliers de mitochondries. Issue de la symbiose archaïque d’une cellule proto-eucaryote et d’un micro-organisme, la mitochondrie tire de cette origine phylogénétique singulière une structure caractérisée par une double membrane et l’existence d’un matériel génétique spécifique, dénommé génome mitochondrial, distinct du matériel génétique nucléaire (1). La fonction principale de la mitochondrie consiste à générer de l’énergie sous forme d’ATP (adénosine 5’-triphosphate) qui représente 90 p.cent de l’énergie totale produite dans l’organisme. Cette production s’appuie sur plusieurs substrats, dont le chef de file est le pyruvate issu de la glycolyse aérobie, et sur une machinerie complexe, la chaîne respiratoire, faite d’une centaine de protéines organisées en cinq complexes localisés dans la membrane interne de la mitochondrie qui génère l’ATP à partir de l’ADP et du phosphate inorganique (2,3). La cellule dispose ainsi de l’énergie utile pour des fonctions aussi diverses que les synthèses protéiques, le maintien de gradients ioniques transmembranaires ou les transports vers les vésicules. comptent 16 569 paires de bases, formant 37 gènes contigus qui codent pour 13 protéines de la chaîne respiratoire, deux ARN ribosomaux (12S et 16S) et 22 ARN de transfert (ARNt) nécessaires pour la synthèse des protéines mitochondriales. L’ADNmt comporte aussi une boucle régulatrice de 1 kb contrôlée par des facteurs de transcription d’origine nucléaire. Le génome nucléaire code pour des protéines de réparation de l’ADNmt. La majorité des protéines de la chaîne respiratoire mitochondriale sont codées par le génome nucléaire et synthétisées dans le cytoplasme puis importées dans la mitochondrie où elles complètent l’activité des protéines issues de la transcription et de la réplication de l’ADNmt. Du fait de sa localisation extra-nucléaire, l’ADNmt présente deux caractéristiques majeures : il est exposé à une mutabilité élevée, dix à 20 fois supérieure à celle de l’ADN nucléaire, puisque dépourvu d’histones et mal pourvu en systèmes de réparation (3) ; il est exclusivement d’origine maternelle, car au moment de la fertilisation de l’ovule par le spermatozoïde, les mitochondries issues du gamète mâle sont dégradées activement (1, 3). Conséquence pratique, la transmission de l’ADNmt échappe aux lois mendéliennes : c’est la mère qui transmet l’ADNmt à sa descendance, et seules les filles transmettent ce matériel génétique à la génération suivante. Lorsqu’une mutation survient dans le génome mitochondrial, la présence d’un mélange d’ADNmt normal et muté est dénommée hétéroplasmie. A l’occasion des divisions cellulaires ultérieures, par méïose ou mitose, la distribution aléatoire de l’ADNmt aboutit à des individus ou à ADN mitochondrial Le génome mitochondrial (ADN mitochondrial, ADN mt) est le seul ADN extranucléaire et représente moins de 1 p.cent du génome cellulaire total. Chaque mitochondrie compte deux à 10 molécules d’ADNmt. Ces molécules bicaténaires et circulaires 111 Chapitre 6 - Vignettes des tissus tantôt homogènes et totalement mutés ou totalement normaux (homoplasmie), tantôt hétérogènes avec une hétéroplasmie s’échelonnant entre 1 et 95 p. cent. Dans les faits, il n’est pratiquement pas d’organe qui ne puisse être atteint par une maladie mitochondriale (Tableau 1). Depuis 15 ans, l’implication d’anomalies mitochondriales s’est étendue aux processus de vieillissement, à diverses variétés de cancers, et pour ce qui concerne le rein, à la toxicité tubulaire médicamenteuse des sels de platine, de l’ifosfamide et d’antirétroviraux comme l’adéfovir. La suite de ce texte est restreint aux maladies mitochondriales d’origine génétique, qui découlent de mutations héréditaires de l’ADNmt ou de l’ADN nucléaire. Maladies mitochondriales d’origine génétique L’importance physiologique de la mitochondrie laisse pressentir un large spectre d’affections lorsque leur fonction est défectueuse. La première maladie mitochondriale (ou cytopathie mitochondriale) a été identifiée il y a un demi siècle : il s’agissait d’une myopathie génétique, caractérisée par une augmentation du nombre et de la taille des mitochondries. Ultérieurement, d’autres tissus aux besoins énergétiques élevés, et tirant leur source énergétique du métabolisme oxydatif comme le système nerveux central, le myocarde, le pancréas ou le tubule rénal ont été impliqués avec une fréquence croissante dans diverses variétés de maladies héréditaires du génome mitochondrial. Fréquentes ou suggestives Manifestations neuro-musculaires Myoclonies Convulsions Ataxie Dystonie Myopathie Epidémiologie Plus d’une centaine d’altérations génétiques différentes concernant l’ADNmt ou l’ADN nucléaire ont été identifiées dans les maladies mitochondriales. Une mutation pathogène de l’ADNmt est détectée chez 1/8 000 individus : les maladies mitochondriales appartiennent au champ des Tableau 1- Principales manifestations extra-rénales des maladies mitochondriales Rares ou peu spécifiques AVC avant 40 ans Démence progressive Calcification des noyaux gris centraux Fatigabilité ou intolérance à l’effort Myoglobinurie récidivante Myélopathie Neuropathie périphérique Hyperprotéinorachie Anomalies métaboliques Acidose lactique Diabète sucré Retard de croissance Hypoparathyroïdie Anomalies des organes des sens Ophtalmoplégie externe progressive Rétinite pigmentaire Surdité de perception Névrite optique Cataracte Surdité liée aux aminosides Atteinte cardiaque Cardiomyopathie Troubles de conduction Atteinte digestive Atteinte hématologique Hépatopathie Insuffisance pancréatique externe Atrophie villositaire Pseudo-obstruction intestinale Pancytopénie Anémie sidéroblastique 112 Cytopathies mitochondriales en néphrologie : quand y penser ? Que proposer ? maladies rares. Quatre d’entre elles émergent en fréquence : deux sont des substitutions dans les gènes codant pour une sous-unité du complexe I ou V, deux autres concernent les ARN de transfert nécessaires à l’importation de la lysine et de la leucine. Cette dernière a la prévalence la plus élevée parmi les cytopathies mitochondriales. C’est une mutation ponctuelle identifiée A3243G qui affecte l’ARN de transfert de la leucine, tARN(Leu). Sa prévalence est maximale en Scandinavie où elle est évaluée à 1/7 000. Quelle est la fréquence de l’atteinte rénale au cours des cytopathies mitochondriales ? L’épidémiologie est pauvre. Dans une cohorte pédiatrique de 300 enfants avec cytopathie mitochondriale, 11 d’entre eux (4 p.cent) ont une atteinte rénale (4). Les données précises disponibles chez l’adulte sont minces : la prévalence de la néphropathie dans une cohorte française de 54 patients diabétiques ayant une mutation A3243G s’élève à 28 p. cent. Dans deux séries japonaise de diabétiques dialysés, la fréquence de cette mutation est de 1 et 6 p. cent (5). entre la 2ème et la 6ème décennie (6, 8). Jusqu’à présent, seule la mutation A3243G a été impliquée dans une néphropathie décelée chez l’adulte suspect de cytopathie mitochondriale (5). Atteinte rénale chez l’enfant Chez l’enfant ou l’adolescent, un syndrome de tubulopahie proximale (syndrome de Toni-DebréFanconi complet, avec fuite urinaire de bicarbonates, de potassium, de glucose, de phosphore, d’acide urique, d’acides aminés et de protéines tubulaires) est sans surprise le mode de présentation le plus habituel, eu égard aux besoins énergétiques élevés du tubule rénal (4). Une acidose tubulaire rénale isolée, un syndrome de Bartter, une insuffisance rénale aigue par myoglobinurie ou une atteinte tubulo-interstititelle ont également été rapportées. Enfin, une minorité d’enfants se présente avec une protéinurie abondante et des lésions de hyalinose segmentaire et focale (4, 5). L’hétérogénéité génétique est frappante dans ces observations pédiatriques : le plus souvent, c’est une (grande) délétion de l’ADNmt qui est en cause ; plus rarement, des déplétions ou des mutations ponctuelles de l’ADNmt ont été constatées. Des mutations autosomiques récessives d’un gène nucléaire codant pour une protéine du complexe III de la chaîne respiratoire ont également été identifiées (5). Atteinte rénale chez l’adulte Pour le néphrologue d’adulte, la présentation rénale est stéréotypée : chez un adulte âgé de 20 à 50 ans, c’est une néphropathie glomérulaire chronique, avec protéinurie abondante souvent néphrotique, et insuffisance rénale progressive, sans hématurie. La coexistence d’une surdité est habituelle, et chez bon nombre de patients un syndrome d’Alport est évoqué. L’examen histologique rénal met en évidence une hyalinose segmentaire et focale (6), éventuellement associée à des altérations des myocytes des parois artériolaires (7). Plus rarement, l’insuffisance rénale est due à une néphropathie tubulo-interstitielle chronique (6, 8). L’examen en microscopie électronique peut détecter des anomalies de forme et de nombre des mitochondries dans les cellules glomérulaires (6). La hyalinose segmentaire et focale est corticorésistante, et selon toute vraisemblance insensible aux immunosuppresseurs (6, 7) : l’emploi de ces traitements n’est pas recommandé, et l’on s’astreindra à un traitement néphroprotecteur optimal aussi précoce que possible, comme pour d’autres néphropathies glomérulaires héréditaires. Une transplantation rénale peut être proposée aux patients qui progressent vers l’insuffisance rénale terminale, habituellement Comment faire le diagnostic de cytopathie mitochondriale chez l’adulte ? En premier lieu, évoquer le diagnostic chez un adulte de moins de 50 ans est assez facile si l’on veut bien prendre la peine d’évoquer un diagnostic uniciste en présence de signes extra-rénaux insolites qui accompagnent immanquablement la néphropathie. L’atteinte progressive d’organes disparates est un fil conducteur capital : surdité de perception précoce, sévère et requérant un appareillage, diabète sucré sans surpoids, souvent postérieur à l’insuffisance rénale et associé à une dystrophie maculaire spécifique sans rétinopathie diabétique, petite taille, atteinte neurologique, myopathie ou cardiomyopathie hypertrophique ont une valeur d’orientation considérable. Ces manifestations, ou d’autres plus rares détaillées au Tableau 1, peuvent être présentes au diagnostic de la néphropathie, ou survenir ultérieurement. 113 Chapitre 6 - Vignettes Ensuite, l’atteinte familiale concerne 75 p.cent des patients. Il faut toutefois souligner l’extrême hétérogénéité intra-familale, qui est un fait banal dans les cytopathies mitochondriales. Documenter une transmission maternelle est un argument de poids. Enfin, solliciter un diagnostic génétique chez les patients dont le tableau est suggestif : la recherche directe de la mutation A3243G dans les lymphocytes circulants ou dans les cellules issues d’un frottis buccal constitue l’approche dont le rapport coût/efficacité est le plus favorable. Cette recherche est organisée selon les procédures légales, c’est à dire avec l’accord signé du patient. Positive, elle doit être confirmée sur un second prélèvement. Chez les 14 patients adultes vus personnellement l’étude génétique lymphocytaire ou buccale a toujours été rentable, avec un pourcentage d’hétéroplasmie variant de 5 à 59 p.cent. Si un prélèvement sanguin est négatif et que la présomption diagnostique est forte, on peut concevoir trois étapes diagnostiques supplémentaires : 1) analyse de l’ADNmt à partir du sédiment urinaire ; 2) analyse de l’ADNmt à partir d’un autre organe atteint (muscle par exemple) ; 3) explorations métaboliques fines de l’urine incluant chromatographie gazeuse et spectro-métrie de masse pour faire la preuve d’une atteinte de la chaîne respiratoire en détectant l’accumu-lation de lactates ou de composés intermédiaires du cycle de l’acide citrique. Dans notre expérience, le recours à ces tests diagnostiques plus sophistiqués n’a jamais été nécessaire chez l’adulte. Toutefois, il n’est pas impossible que certaines variétés de néphropathies inexpliquées, isolées ou associées à des signes extra-rénaux relèvent dun mutation pathogène de l’ADNmt dont nous soyons encore ignorants. indiqué ; une greffe rénale avec donneur familial peut être proposée après s’être assuré que le donneur potentiel n’est pas porteur de la mutation A32434G ; le receveur doit être informé que le risque de diabète post-greffe est proche de 100 p.cent ; par contre, il n’y a pas de risque de récidive de la hyalinose après transplantation (6). - Pour le néphrologue et le généticien, une identification définitive de la maladie causale permet d’optimiser une prise en charge multidisciplinaire et coordonnée (1,3), incluant le dépistage et le traitement des autres défaillances d’organe ; la recommandation d’exercice physique régulier et de kinésithérapie musculaire avec contractions isométriques en cas de myopathie ; une supplémentation en L-carnitine (Lévocarnyl®) et ubiquinone (coenzyme Q10, Iuvacor®) ; et si nécessaire un soutien psychologique. - Pour le patient et sa famille, proposer un conseil génétique combinant information personnelle et dépistage familial. Les hommes porteurs d’une mutation A3243G de l’ADNmt ne transmettent pas la maladie à leur descendance ; garçons et filles des femmes atteintes héritent de l’anomalie génétique maternelle, avec un phénotype clinique dont la sévérité est imprévisible : informer avec justesse sur le risque de transmission de la maladie et les possibilités de prévention est indispensable. Que proposer une fois le diagnostic établi ? Les cytopathies mitochondriales forment un groupe de maladies orphelines dépourvues de traitement spécifique. Leur progression aboutit inéluctablement à un polyhandicap croissant, avec une mortalité prématurée. Malgré ce constat abrupt, les conséquences thérapeutiques d’un diagnostic précis sont triples : - Pour le patient, une bonne identification de la maladie permet d’organiser une prise en charge néphrologique appropriée : l’usage de la corticothérapie ou des immunosuppresseurs n’est pas 114 Cytopathies mitochondriales en néphrologie : quand y penser ? Que proposer ? Références 1. 6. Guéry B, Choukroun G, Noël LH, Pierre Clavel P, Rötig A, Bellané-Chantelot C, Mougenot B, Grünfeld JP, Chauveau D. The spectrum of systemic involvement in adults presenting with renal lesion and mitochondrial tRNA(Leu) gene mutation. J Am Soc Nephrol 2003, 14: 2099-108. Johns DR. Mitochondrial DNA and disease.N Engl J Med, 1995, 333:638-44. 2. Chinnery PF and Turnbull DM. Mitochondrial DNA and disease. Lancet, 1999, 354 Suppl 1:SI17-21. 3. Leonard JV and Schapira AHV. Mitochondrial respiratory chain disorders I: mitochondrial DNA defects. Lancet. 2000, 355:299-304. 7. 4. Niaudet P and Rötig A. The kidney in mitochondrial cytopathies. Kidney Int. 1997, 51:1000-7. Doleris LM, Hill GS, Chedin P et al. Focal segmental glomerulosclerosis associated with mitochondrial cytopathy. Kidney Int 2000, 58:1851-8. 8. Szabolcs MJ, Seigle R, Shanske et al. Mitochondrial DNA deletion: a cause of chronic tubulointerstitial nephropathy. 1994, 45:1388-96. 5. 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De plus, la MRC est associée à de nombreux facteurs de risque non traditionnels et à l’accumulation des nombreuses toxines urémiques qui peuvent potentialiser les effets des facteurs de risque traditionnels [3]. En fait, la relation entre la MRC et la maladie cardiovasculaire est encore mal définie et peut s’avérer bidirectionnelle. La MRC pourrait accélérer la maladie cardiovasculaire, mais certains considèrent la MRC comme un simple marqueur de sévérité de l’atteinte cardiovasculaire. Ce lien entre les 2 entités est compliqué également par un phénomène appelé << épidémiologie inversée >> (reverse epidemiology), qui décrit une association contradictoire entre un facteur de risque et le même type d’évènement dans différentes populations (ex : corrélation positive entre le facteur de risque et la maladie cardiovasculaire dans la population générale et négative chez les patients ayant une MRC en stade de dialyse). En effet, certains paramètres reconnus comme étant facteurs traditionnels du risque cardiovasculaire comme l’hypercholestérolémie, l’obésité, ou l’hypertension artérielle sont associés paradoxalement et à l’opposé de ce qui est observé dans la population générale à une meilleure survie globale et cardiovasculaire chez les patients dialysées [4-8]. Une première explication à ce phénomène dit d’épidémiologie inversée pourrait être liée à un processus de sélection considérant les patients dialysés comme survivant grâce à un certain polymorphisme génétique qui confère une réponse spécifique protectrice à certains facteurs de risque cardiovasculaire. Néanmoins, la corrélation paradoxale entre l’hypercholestérolémie, l’obésité, l’hypertension artérielle et la maladie cardiovasculaire n’est pas limitée aux patients dialysées, et a pu être observée chez les patients ayant une MRC stade 3- 4 [9,10], et chez les patients ayant une insuffisance cardiaque [11] ou chez les patients ayant une maladie coronaire [12], et ou d’autres maladies chroniques (ex : pathologies cancéreuses) de pronostic d’autant plus sévères que la cholestérolémie est basse. Par conséquent, d’autres explications doivent être avancées pour expliquer le phénomène d’épidémiologie inversée. Parmi ces explications, nous pouvons avancer l’idée de la présence de facteurs confondants qui masqueraient la corrélation positive entre les facteurs de risque et la maladie cardiovasculaire chez les patients dialysés. En effet, la corrélation paradoxale entre l’hypercholestérolémie, l’obésité, l’hypertension artérielle et la maladie cardiovasculaire s’efface ou s’atténue nettement après l’ajustement par des marqueurs de l’inflammation et/ou la malnutrition chez les patients dialysés ou en pré-dialyse [13, 14]. Dans ces études, le suivi des patients était de courte durée (< 5 ans), durant laquelle l’inflammation et/ou la malnutrition semblent avoir des effets néfastes plus importants que ceux de l’hypercholestérolémie, 116 Facteurs de risque cardiovasculaire paradoxaux en dialyse l’obésité, l’hypertension artérielle. L’hypothèse de coexistence de 2 types de facteurs de risque, l’un s’exprimant à court terme, et l’autre à long terme pourrait être proposée. from Japanese Society of Dialysis (JSDT) annual report 2001 and 2004]. La clarification des causes potentielles du phénomène d’épidémiologie inversée est capitale afin de pouvoir réajuster dans les guidelines les seuils d'initiation du traitement et les cibles thérapeutiques pour ces facteurs risques chez les patients en MRC. Elle est aussi importante pour formuler des recommandations pour la prise en charge indépendante de facteurs de risque de courte durée et de longue durée. Ce phénomène d’épidémiologie inversée semble dépendre aussi du type d’événement. Alors qu’il est observé en considérant le lien entre l’hypercholestérolémie et la mortalité globale ou la mortalité cardiovasculaire, il n’a pas été retrouvé en effectuant le lien entre l’hypercholestérolémie et l’infarctus de myocarde [15, et unpublished data Références 1. 8. 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Hypocholesterolemia is a significant predictor of death in a cohort of chronic hemodialysis patients. Kidney Int. 2002;61(5):1887-93. 117 Chapitre 6 - Vignettes Gadolinium et fibrose néphrogénique systémique Vincent Launay-Vacher, Nicolas Janus, Svetlana Karie, Elena Ledneva, Gilbert Deray Service de Néphrologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris La fibrose néphrogénique systémique (FNS) est une maladie nouvelle qui est caractérisée par une fibrose étendue des tissus. Elle a été pour la première fois diagnostiquée en 1997 chez des patients dialysés (1,2). Depuis, environ 400 cas ont été décrits chez des patients insuffisants rénaux. Récemment un lien de causalité a été établi entre l’injection de dérivés du Gadolinium et cette nouvelle maladie. Dans ce chapitre sont rappelés les principaux éléments cliniques et épidémiologiques de la FNS. ou immunologiques permettant d’affirmer le diagnostic qui est donc clinique. Histologiquement, la FNS est caractérisée par un épaississement du derme. La teneur en mucine est nettement augmentée et l’on note la présence de cellules fusiformes et dendritiques secrétant du collagène de type I et des cellules similaires aux fibrocytes circulants. On peut également observer des dépôts calciques. Le diagnostic différentiel concernera la sclérodermie, le scléromyxoedème et le scléroderme de Buschke. Présentation clinique. La FNS se manifeste par une atteinte cutanée qui débute le plus souvent au niveau des membres inférieurs et qui va ensuite s’étendre aux membres supérieurs et au tronc. Le visage et le cou sont systématiquement épargnés. Les lésions se présentent sous la forme de plaques ou de papules indurées et brunâtres avec un aspect en peau d’orange. Un prurit, des sensations de douleurs et de brûlures de la peau sont également fréquemment observés. La FNS a été exclusivement observée chez des patients insuffisants rénaux, dialysés ou non, chez des patients transplantés rénaux, ou dans le cadre d’insuffisances rénales aiguës. Il n’y a pas de lien de causalité avec le type de néphropathie. Il a été suggéré que certains facteurs pouvaient être favorisants tels la présence de thromboses récentes, d’interventions chirurgicales à composante vasculaire ou d’autres gestes vasculaires interventionnels. Plus récemment, un lien de causalité a été établi avec l’injection de chélates de Gadolinium (3-17). Ces lésions cutanées peuvent induire un trouble de l’extension des articulations et rendre le patient impotent. Par ailleurs, des lésions systémiques peuvent être observées avec des atteintes d’organes tels le cœur ou le poumon qui peuvent entraîner le décès du patient. Des polyneuropathies sensitivomotrices ont également été décrites. En effet, chez maintenant plus d’une centaine de patients, il a été décrit l’apparition d’une FNS dans les une à huit semaines suivant un examen par résonance magnétique avec injection de Gadolinium. Chez l’immense majorité des patients, il s’agissait de Gadodiamide (Omiscan®). Des cas de FNS après injection d’autres dérivés du Gadolinium tels que le Magnevist®, l’Optimark® et le Multihance® ont été décrit mais restent Il n’y a aucune donné biologique spécifique. Il a été rapporté des associations avec un syndrome inflammatoire ou une acidose qui n’ont pas été confirmées. Il n’y a donc pas de critères biologiques 118 Gadolinium et fibrose néphrogénique systémique exceptionnels. À ce jour, il n’a pas été rapporté de cas avec les autres chélates de Gadolinium. Ces observations ont été exclusivement décrites chez des patients insuffisants rénaux. Tous sauf deux avaient un débit de filtration glomérulaire inférieur à 30 ml/min. Ces manifestations pourraient être liées au relargage de Gadolinium libre et du chélate dans la peau. La plus forte fréquence de la FNS avec l’Omiscan® serait liée à une constante de dissociation plus faible de ce type de Gadolinium (chélates linéaires) qu’avec les chélates non linéaires. De plus, le patient insuffisant rénal serait plus à risque en raison d’une demi-vie très prolongée des chélates du gadolinium chez ce type de patient. Enquête préliminaire « FINEST » : Enquête sur la prévalence de la fibrose néphrogénique systémique chez le patient insuffisant rénal après injection de chélates de Gadolinium Cette étude consiste en une enquête rétrospective effectuée dans 9 centres de néphrologie français portant sur des patients IR, ayant eu un examen IRM entre le 1er juillet 2005 et le 1er juillet 2006. Pour chaque patient, le sexe, l’âge, le niveau de fonction rénale et le type de chélate de gadolinium administré ont été relevés. Les anomalies cutanées évoquant une FNS ont été rétrospectivement recherchées sur une période de 4 mois suivant l’examen IRM. Le niveau de l’IR a été classé selon la classification des K/DOQI-KDIGO. L’enquête a inclus 308 patients. La moyenne d’âge était de 59,9 ans (18-106 ans), 58,8 % des patients étaient des hommes, 53,6% des patients présentaient une insuffisance rénale de stade 5 (voir tableau I). Cette imputabilité de certains chélates du Gadolinium a conduit à de nouvelles recommandations. Ainsi le Gadodiamide (Omiscan®) et l’acide gadopentétique (Magnevist®) sont maintenant contre-indiqués chez le patient dont la clairance de la créatinine est inférieure à 30 ml/min. Il a par ailleurs été indiqué pour tous les Gadolinium qu’il fallait peser leur indiFonction Rénale Pourcentage de Patients cation chez le patient rénal. Stade 2 90-60 ml/min + atteinte rénale 7,1 % Il se pose le problème des produits Stade 3 alternatifs tels les produits de contraste 60-30 ml/min 18,2 % iodés. Dans ce cadre on rappellera la Stade 4 fréquence de l’insuffisance rénale aiguë 30-15 ml/min 20,1 % aux produits de contraste iodés chez le Stade 5 patient insuffisant rénal. Il apparaît donc <15 ml/min et dialyse 53,6 % tout a fait abusif en l’état de vouloir Données non disponibles 1% substituer ces agents pharmacologiques aux dérivés du Gadolinium chez le Tableau I. Fonction rénale des patients de FINEST patient insuffisant rénal. (n=308) selon la classification K/DOQI-KDIGO Étudier et préciser la prévalence de cette pathologie dans la population à risque des patients Parmi ces derniers, 60 % étaient dialysés. Aucune insuffisants rénaux dialysés soumis à une procéanomalie cutanée évoquant une FNS n’a été dure d’Imagerie par Résonnance Magnétique est relevée chez ces 308 patients. Les chélates de par conséquent un thème dont il faut urgemment gadolinium utilisés pour les examens IRM de ces se préoccuper afin de pouvoir établir des recompatients sont précisés dans le tableau II. mandations. Ainsi avons-nous débuté des investigations sur ce thème, organisée en deux temps : une enquête rétrospective afin de Chélates de Gadolinium Pourcentage de Patients préciser la problématique, ils’agit de l’enquête « FINEST » qui sera suivie d’une Acide gadotérique (Dotarem) 75,9 % étude prospective, l’étude Pro-FINEST. Acide gadopentétique (Magnevist) 19,8 % Gadodiamide (Omniscan) 3% Tableau II. Chélates de Gadolinium Gadobénate de diméglumine utilisés chez les patients recevant un (Multihance) 1,3 % produit de contraste (n=232) 119 Chapitre 6 - Vignettes Le Tableau III décrit les stades d'IR des patients de FINEST ayant reçu, ou non, une injection de chélate de gadolinium pour un examen IRM. injecté aux patients. Cette complexité dans la traçabilité pourrait retarder le diagnostic de la maladie. Notre enquête n’a pas retrouvé de cas de FNS parmi les 308 patients de l’étude. Deux auteurs suggèrent que la fréquence de la FNS serait de l’ordre de 3,5 % après une injection de Gadodiamide chez des patients ayant un débit de filtration glomérulaire (DFG) inférieur à 30 ml/min/1,73m2 (5,18,19). L’absence de cas dans notre étude pourrait être lié au fait que la majorité des patients reçoivent un gadolinium macrocyclique pour lequel aucun cas n’a été rapporté dans la littérature à ce jour. Il ressort également de cette étude que le nom et le volume du chélate de Gadolinium utilisé pour l’examen IRM n’apparaissent pas dans une grande majorité de cas dans le dossier médical du patient. Une recherche plus approfondie a été alors nécessaire pour identifier le chélate de gadolinium Dans notre étude, nous n’avons donc observé aucun cas de FNS. Il est nécessaire de préciser ces données sur un plus large échantillon. C’est pourquoi, l’enquête Pro-FINEST, sera bientôt mise en place en France. L’enquête Pro-FINEST, aura pour but de préciser la prévalence de cette complication, d’identifier les facteurs de risque potentiels et de décrire les caractéristiques cliniques et biologiques des patients atteints de FNS. Cette enquête prospective multicentrique nationale inclura tous les centres de néphrologie possédant une structure de dialyse et portera sur tous les patients dialysés qui bénéficieront d’un examen IRM avec ou sans injection de chélates de gadolinium. Cette enquête se déroulera sur une période de 2 ans. Stade d'IR Stade 2 90-60 ml/min + atteinte rénale Stade 3 60-30 ml/min Stade 4 30-15 ml/min Stade 5 <15 ml/min et dialyse Données non disponibles Acide gadotérique (Dotarem®) Acide Gadodiamide gadopentétique (Omniscan®) (Magnevist®) Gadobénate Pas de de diméglumine gadolinium (Multihance®) injecté Données non disponibles 3,2 % 1,6 % 0,3 % 0,3 % 1,3 % 0,3 % 9,4 % 4,9 % 1% - 1,3 % 1,6 % 12,7 % 2,9 % 0,6 % - 3,2 % 0,6 % 31,2 % 5,5 % 0,3 % 0,6 % 13 % 2,9 % 0,6 % - - - - 0,3 % Tableau III. Stade d'IR et Type de Chélate de gadolinium injecté parmi les patients de FINEST (n=308) 120 Gadolinium et fibrose néphrogénique systémique Références 1. 11. Cowper SE. Nephrogenic systemic fibrosis: the nosological and conceptual evolution of nephrogenic fibrosing dermopathy. Am J Kidney Dis 2005; 46: 763-5. DeHoratius DM, Cowper SE Nephrogenic systemic fibrosis: an emerging threat among renal patients. Semin Dial 2006; 19: 191-4. 2. 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En se basant sur l’électroneutralité du plasma (ou du sérum), il est possible d’écrire Na+ + K+ + Cations indosés = Cl– + HCO3– + anions indosés Soit Na+ + K+ - (Cl– + HCO3–) = anions indosés + cations indosés. Classiquement, la valeur est comprise chez un individu normal entre 10 et 20 mEq/L. également être la conséquence d’une erreur de laboratoire, d’une alcalose métabolique, d’une hyperphosphatémie ou de la présence d’une immunoglobuline monoclonale. Les acidoses métaboliques peuvent être divisées en acidose métabolique avec trou anionique élevé et acidose métabolique avec trou anionique normale, les deux variétés pouvant d’ailleurs coexister à un moment donné chez un même individu. Classiquement, les acidoses métaboliques avec trou anionique élevé s’observent au cours des intoxications (à l’exception de celle à l’acide chlorhydrique), des acido-cétoses, des acidoses lactiques et de l’acidose de l’insuffisance rénale terminale, alors que les acidoses métaboliques avec trou anionique normal s’observent au cours des acidoses tubulaires et des pertes digestives de bicarbonates. En réalité, la situation est plus complexe, puisqu’une acidose avec trou anionique élevé peut évoluer vers une acidose métabolique avec trou anionique normal (alors que la cause de l’acidose métabolique n’a pas changé). Ceci s’observe, en particulier, lorsque la perte urinaire de l’anion indosé est élevée, dépassant la capacité rénale de génération de bicarbonate. Cette grandeur est utilisée dans l’analyse des désordres de l’état acide base et, également, dans les procédures de contrôle de qualité dans les laboratoires d’analyse médicale, ainsi que la détection de la présence des immunoglobulines monoclonales, ou des intoxications au bromure ou au lithium. Une valeur basse indique le plus souvent une erreur de mesure par le laboratoire mais peut également révéler une hypoalbuminémie, la présence d’une immunoglobuline monoclonale ainsi qu’une intoxication par la lithium, le brome ou l’iode. Malgré ses imperfections, le trou anionique urinaire reste un outil efficace et peu onéreux dans le diagnostic des désordres de l’état acide base, de certaines hémopathies et des intoxications. Une valeur élevée s’observe le plus souvent au cours d’une acidose métabolique, mais peut 122 Le trou anionique plasmatique Références Witte DL, Rodgers JL, Barrett DA, 2nd. The anion gap: its use in quality control. Clin Chem; 22: 643-6. 4. Murray T, Long W, Narins RG. Multiple myeloma and the anion gap. N Engl J Med; 292: 574-5. 2. Emmett M. Anion-gap interpretation: the old and the new. Nat Clin Pract Nephrol; 2: 4-5. 5. Kraut JA, Madias NE. Serum anion gap: its uses and limitations in clinical medicine. Clin J Am Soc Nephrol; 2: 162-74. 1. 3. Emmett M, Narins RG. Clinical use of the anion gap. Medicine (Baltimore); 56: 38-54. 123 Chapitre 6 - Vignettes La péritonite sclérosante encapsulante (PSE) : du diagnostic au traitement Belkacem Issad, Gilbert Deray Service de Néphrologie Groupe Pitie-Salpêtriere, Paris Introduction Diagnostic Malgré les nombreux avantages de la dialyse péritonéale (DP) chez les patients insuffisants rénaux chroniques, certaines complications limitent malheureusement le développement de cette technique d’épuration à long terme. Parmi celles-ci, figurent les péritonites bactériennes dont l’incidence a heureusement diminué de manière drastique au cours de ces dernières années (1) et la PSE En effet, la PSE est la complication la plus sérieuse, menaçant la vie des patients et reste un obstacle majeur à l’utilisation de la DP à long terme. La mortalité y est élevée. Elle est estimée parfois à plus de 60 % dans certains groupes au cours des quatre mois suivant le diagnostique établi de la maladie. (2). Plusieurs études multicentriques (3) et en particulier au Japon ont rapporté une incidence de la PSE estimée entre 0,8 et 2,8 % de tous les patients pris en charge en DP (4). Ce taux varie largement dans les autres régions du monde (5) Bien qu’il n’y ait pas de traitement bien établi de la PSE, “inefficace et anecdotique” selon Eltoum (6), plusieurs rapports suggèrent que l’immunosuppression et ou la corticothérapie associées à la chirurgie peuvent être efficaces. La corticothérapie a été considérée comme le traitement de première intention de la PSE dès 1997 au Japon (7) Certains groupes ont cherché a distinguer la PSE comme étant une entité à part de la sclérose péritonéale simple (8).Le propos de cet article et de nous préoccuper essentiellement de laforme la plus grave de cette complication qui est la PSE, du diagnostic au traitement. Caractéristiques cliniques de la péritonite sclérosante encapsulante La PSE peut progresser lentement et rester asymptomatique pendant une longue période. Les premiers symptômes peuvent déjà apparaître un an après le début de la DP et plusieurs années après la transplantation rénale. Les signes cliniques sont premièrement rapportés à des symptômes digestifs (diarrhée, constipation) associés à des douleurs abdominales, une perte de l’appétit, des nausées, des vomissements, la présence d’une masse abdominale, une ascite sanguinolente, des pertes sévères de protéines et ou une obstruction partielle ou complète de l’intestin grêle. Cette symptomatologie clinique peut être associée à des signes de réaction inflammatoire. Ces signes précoces sont souvent vagues et non localisés. On peut les retrouver dans d’autres pathologies que la PSE. A la phase tardive ces désordres abdominaux peuvent induire une malnutrition sévère et une perte de poids importante. Examens de laboratoire Il n’existe pas d’examens de laboratoire bien établis pour confirmer le diagnostic d’une PSE. Cependant bien que l’anémie réfractaire à l’érythropoïétiine, l’hypoprotéinémie et l’élévation des taux de CRP ne soient pas spécifiques, ils ont été suggérés comme des signes indicatifs (9). D’autres caractéristiques communes de péritonite sclérosante ont été également suggérées : la dialyse inadéquate, l’augmentation de la masse de transfert du rapport du coefficient urée sur créatinine, et du glucose 124 La péritonite sclérosante encapsulante (PSE) : du diagnostic au traitement évoluant vers une perte progressive du volume d’ultrafiltration. Yamamoto et collaborateurs (10) ont rapporté que l’évolution progressive vers une perméabilité élevée de la membrane péritonéale, évaluée par l’utilisation du test d’équilibration péritonéale, était observée chez les patients qui développaient tardivement une PSE après sortie de la méthode. Ce fait, peut indiquer qu’une perméabilité membranaire élevée est un marqueur précoce du développement de cette complication. Echographie abdominale Celle-ci révèle une dilatation de l’intestin, des contractions péristaltiques inefficaces et un aspect en ‘’sandwich’’ de la membrane péritonéale. Scanner abdominal En revanche, le scanner abdominal met en évidence des critères radiologiques plus caractéristiques de la PSE. Ceux-ci se présentent sous la forme d’un épaississement du péritoine et des calcifications péritonéales dans 100% des cas, des boucles adhérent à l’intestin avec dilatation dans 60% des cas, une augmentation de l’intensité mésentérique, une lumière intestinale étroite et une collection liquidienne dans 90 % des cas (13). L’analyse morphologique des cellules mésothéliales dans l’effluent péritonéal montre non seulement la présence de cellules géantes mais aussi de cellules mésothéliales qui augmentent en taille lors de la durée progressive de la DP. Le CA 125 produit par les cellules mésothéliales peut être utilisé comme un marqueur de la masse cellulaire mésothéliale. Bien que controversée, une étude a rapporté que le taux de CA 125 diminuait avec la durée de la DP et atteignait une valeur extrêmement faible chez ces patients (11). D’autres marqueurs biochimiques tels que les cytokines ont été suggérés comme pouvant être également de possibles marqueurs de la PSE. Des taux élevés d’interleukine 1 B (IL. 1 B), de facteurs de croissance B1 (TG FB), de facteurs de lyse des hépatocytes, de facteurs de croissance des plaquettes ont tous été mis en évidence lors d’ascite chez les patients avec PSE Enfin les facteurs de croissance de l’endothélium vasculaire (VESP) ont été également rapportés comme médiateurs de la néoangiogénèse.(12) Diagnostic histologique Bien que le diagnostic histologique de la PSE soit fiable la biopsie péritonéale requière malheureusement une intervention chirurgicale, la laparotomie ou la laparoscopie entraînant un risque pour le malade. Caractéristiques macroscopiques (14) Le diagnostic est confirmé quand la laparotomie révèle les caractéristiques d’un péritoine très épais qui entoure une partie ou tout l’intestin grêle dans un cocon de tissu opaque. Le mésentère peut aussi être sclérosé Les caractéristiques communes apparaissent être la perte complète du mésothélium accompagnée par une membrane péritonéale épaisse. Le péritoine viscéral est sévèrement épais et fibrosé. Les adhérences entre le péritoine viscéral et pariétal sont rares excepté en cas d’inflammation sévère. Investigations complementaires Caractéristiques microscopiques (15) Histologiquement la membrane encapsulante épaisse est composée de matrices fibreuses avec une lamelle apparemment homogène. Ces matrices sont tachées de rouge et de bleu Trichrome de Masson. Elle est positive pour la fibrine en immuno histochimie. Des suffusions sanguines péri vasculaires sont aussi fréquemment observées De larges fibroblastes sont distribués à travers le tissu fibreux avec ainsi une cellularité importante L’analyse immuno histochimique révèle une augmentation des facteurs de prolifération tels que les fibroblastes, les cellules positives pour le NIF et le FGF. Diagnostic radiologique L’investigation radiologique est primordiale pour confirmer le diagnostique de PSE Abdomen sans préparation Au stade précoce il n’y a pas de signes spécifiques retrouvés à l’abdomen sans préparation Cependant des calcifications péritonéales, des signes d’occlusion et la présence d’air dans l’intestin grêle, sont souvent mis en évidence. En revanche, au stade tardif des signes plus caractéristiques peuvent être observés en particulier un aspect en cocon du péritoine. 125 Chapitre 6 - Vignettes Les critères histologiques courants proposés pour le diagnostic d’une PSE sont ainsi les suivants : dépôts de fibrine, un grossissement des fibroblastes, une angiogénèse, une infiltration des cellules mononucléaires et la présence de prolifération et d’activation des fibroblastes péritonéaux. Ces critères histologiques bien que non spécifiques associés aux caractéristiques macroscopiques sont des informations très utiles pour le diagnostic et le traitement précoce de la PSE. est l’infection péritonéale sévère récidivante. (19). En effet la combinaison de l’effet bio incompatible des solutés de dialyse péritonéale et de l’inflammation péritonéale sévère due à une infection a été également suggérée. 3) Une observation très intéressante présentée par Kawanishi et collaborateurs montrent que la plupart des patients (37 sur 40) soit 93 % ont développé une PSE après leur transfert en hémodialyse et non durant le traitement actif de l’infection (20). En résumé la symptomatologie clinique ne peut à elle seule affirmer le diagnostic de la PSE. Des investigations complémentaires sont nécessaires en particulier les examens radiologiques incluant l’abdomen sans préparation, l’échographie abdominale et surtout le scanner abdominal. Ces examens peuvent aider à établir le diagnostic de la PSE. Le diagnostic peut également être confirmé lors de la biopsie péritonéale au cours d’une laparotomie ou laparoscopie. Cette procédure doit cependant être considérée comme l’étape ultime au diagnostic. 4) Il a été noté également que différents désinfectants utilisés en DP, parmi lesquels la chlorhexidine peuvent contribuer également au développement de la PSE (21). 5) Le cathéter de DP: recouvert d’un biofilm source de contamination par des micro-organismes peut induire une inflammation intra péritonéale continue et contribuer avec le temps au développement d’une PSE (22). 6) D’autres facteurs de risque ont été impliqués dans le développement de la PSE (23). - Les Béta bloquants (Proctolol, Tenolol, Metoprolol ), - Les poches en PVC, - Le tampon acétate, - Les maladies auto immune, - Les tumeurs abdominales. Epidémiologie -Facteurs de risque 1) La durée prolongée du traitement par DP constitue le seul facteur de risque largement reconnu pour le développement de la PSE. Dans l’étude de Rigby et Hawley, l’incidence moyenne est de 1,9 %, 6,4 %, 10,8 % et 19,4 % des patients traités par DP respectivement après 2,5, 6 et 8 ans (16).Kawanishi et collaborateurs ont montré que l’incidence de la PSE parmi les patients traités en DP plus de 60 mois est très élevée (8%) (17) Tout récemment, Morishi en 2006 révèle une incidence moyenne de 2,5 % avec une incidence de 0 %, 0,7 %, 2,7 %, 5,9 % et 17,2 % après une durée de traitement de DP de 3, 5, 8, 10 et 15 ans respectivement.( 18) La relation causale entre la durée du traitement et la survenue d’une PSE n’est pas claire. Cependant, l’hypothèse la plus fréquemment émise est probablement la surexposition cumulative du péritoine aux concentrations non physiologiques du dialysat même si d’autres facteurs de bio-incompatibilité peuvent également jouer un rôle. 7) L’exposition chronique aux concentrations élevées en glucose et la dégradation des produits de glucose sont responsables du remodelage et de la fibrose du péritoine. Elles sont aussi associées à l’augmentation de la perméabilité péritonéale. Celle-ci est reconnue comme étant un facteur de risque prédictif de PSE. (24). 8) La baisse de l’ultrafiltration secondaire à une élévation de l’hyperperméabilité péritonéale est également considérée comme un facteur de risque prédictif de PSE. Hamburger et al ont montré que 3 % des patients traités en DP en continue ambulatoire après plus de six ans présentaient une perte d’ultrafiltration manifeste (25). 9) Les substances variées mises en évidence dans l’effluant du dialysat tel que les Cytokines, le CA 125, le hyaluronane, les TGFß, les VEGF, l’interleukine 6, 2) Le deuxième facteur le plus reconnu et qui contribue à l’augmentation de l’incidence de la PSE 126 La péritonite sclérosante encapsulante (PSE) : du diagnostic au traitement les récepteurs solubles I 6, le TNF ALPHA, les AGE peuvent également jouer un rôle potentiel dans la survenue de la PSE (26). être démontrée à l’appui de plusieurs travaux. L’importance du dommage péritonéal (premier évènement) augmente avec la durée de la DP. Le début de la PSE va dépendre de l’intensité totale du dommage péritonéal et de l’inflammation superposée. (deuxième évènement) secondaire aux solutions de dialyse et aux infections. 10) L’incidence de la PSE étant élevée au Japon comparativement à d’autres pays (27), il semble que des facteurs génétiques basés sur des différences ethniques jouent un rôle dans le développement de cette pathologie. Dans une étude préliminaire Numata et collaborateurs ont analysé les génotypes du VEGF oxydo nitrique synthétase de l’endothélium, et les AGE récepteurs (RAGE) parmi les patients japonais traités en DP. La fréquence des (RAGE) 42 G+ était différente chez les patients avec ou sans PSE (27). Cette théorie des deux évènements explique pourquoi la PSE tend à se développer plutôt chez les patients traités en DP au long cours. Chez ces patients le degré avancé de la détérioration péritonéale implique que seul un léger stimulus inflammatoire est requis pour déclencher une PSE. Ainsi le développement de la PSE va dépendre de la balance entre ces deux facteurs, la DP au long cours qui entraîne des lésions péritonéales et la superposition de l’inflammation. En effet, les marqueurs inflammatoires et les marqueurs du système de coagulation- fibrinolyse tels que le complexe interleukine 6, thrombine anti-thrombine 3, sont augmentés. En conclusion, la détérioration péritonéale secondaire au dialysat péritonéal est un facteur de risque important et l’addition aux autres facteurs tels que les réactions inflammatoires accélère le développement de la PSE. Pathogénie de la péritonite sclérosante encapsulante La théorie des deux événements (28) Tout récemment la théorie des deux évènements a été proposée pour expliquer la pathogénie de la PSE. Elle postule que deux facteurs sont requis pour le développement de la PSE. Un facteur prédisposant telle que la détérioration péritonéale (premier évènement) et un facteur initial tel qu’un stimulus inflammatoire superposé à la détérioration du péritoine (deuxième évènement). Traitement Approche thérapeutique de la PSE. Le traitement doit être proposé aussi tôt que possible. Pour faciliter le traitement précoce de la PSE différentes étapes ont été proposées basées sur une étude rétrospective au Japon chez 256 patients (29). En réponse à des atteintes variées l’aspect morphologique et fonctionnel du péritoine change. Les solutions bioincompatibles, l’état urémique, la péritonite récidivante, les changements morphologiques de la membrane péritonéale entraînent une raréfaction mésothéliale, une fibrose interstitielle, une sclérose vasculaire et une angiogénèse. Ces changements fonctionnels aboutissent à une augmentation du transport des solutés et à une réduction de la capacité d’ultra filtration. Au stade de pré-péritonite sclérosante encapsulante A ce stade si l’arrêt de la DP et le transfert en hémodialyse semblent être la seule option, il a été suggéré que des mesures protectrices de la membrane péritonéale tels que le lavage intra abdominal, la corticothérapie et l’administration d’autres drogues immunosuppressives pouvaient être utiles (30). Le lavage intra péritonéal au long cours améliore la fonction de la membrane péritonéale. Cependant, il apparaît qu’une solution biocompatible doit être utilisée si le lavage péritonéal est initié. La détérioration péritonéale induite par le traitement entraîne une tendance élevée vers une “exsudation” plasmatique. Le plasma contient de la fibrine et des facteurs de coagulation. La présence de fibrine contribue à la formation de capsules et d’adhérences intestinales. Stade inflammatoire A ce stade certains travaux ont suggéré que la Une relation entre l’importance de ces deux peut 127 Chapitre 6 - Vignettes Methylprednisolone (à la dose de 500- 1000 µg / j pendant deux à trois jours peut entraîner une amélioration de l’inflammation (31). Dans d’autres rapports de petites doses de Prédnisolone 0,5 à 1 mg /kg de poids par jour pendant deux à quatre semaines avec diminution graduée de la cortisone a été utilisée. Il n’y a malheureusement aucun argument dans la littérature pour définir la dose et la durée optimales d’utilisation des corticoïdes. (30). deux ans 143 patients soit 55,9 % étaient encore en vie. Parmi les patients traités sous corticoïdes la survie à deux ans était de 73 %. Parmi les patients ne recevant pas un tel traitement la durée de vie à deux ans était seulement de 48 %. Auparavant le groupe « Japanese Study » (35) de la PSE avait rapporté que la corticothérapie seule était efficace dans 65 % des cas. Autres approches thérapeutiques de la péritonite sclérosante encapsulante Au stade de l’encapsulation La stratégie thérapeutique consiste en l’arrêt de la DP, le transfert en hémodialyse et l’introduction d’une nutrition parentérale totale (31). En plus, l’administration de corticoïdes seule ou en combinaison avec une lyse des adhérences a été rapportée comme bénéfique chez quelques patients avec PSE. En l’absence de contreindication, il est recommandé d’initier le traitement corticoïde aussitôt que possible. Si le traitement conservateur est décevant alors le traitement chirurgical doit être considéré. Plusieurs travaux de la littérature décrivent des effets bénéfiques des agents immuno-suppresseurs dans la progression de la PSE. Bien que la plupart des cas rapportés s’appliquent à une association de corticostéroïdes et d’agents cytotoxiques, Moli et collaborateurs ont rapporté le premier cas chez un patient présentant une PSE ayant répondu favorablement à la corticothérapie seule (31) .Le Tamoxifène utilisé pour ses effets antifibrotiques dans la maladie de Riedel résistante aux corticoides et dans la fibrose péritonéale a également été utilisé dans la PSE. Récemment Allaria et collaborateurs ont rapporté un succès thérapeutique sous Tamoxifène dans un cas de PSE (32 ). Le Tamoxifène avait été administré à la dose de 10 mg / j pendant trois mois. Del Paso et collaborateurs (33) ont décrit des effets bénéfiques de l’utilisation prophylactique du Tamoxifène chez les patients présentant une PSE. Dans une étude rétrospective de 9 cas de PSE traités durant 14 mois en moyenne, Chin et yeun ont rapporté sous Tamoxifène une réduction du développement de la PSE de 28% à 0% et de la mortalité de 71% à 22% (34) Le Tamoxifène interférant probablement avec le TGFß1 peut donc être utilisé chez ce type de patients. Enfin les patients avec PSE ayant bénéficié d’une transplantation rénale ont vu leur condition clinique s’améliore indiquant ainsi que la Cyclosporine peut avoir un effet bénéfique dans cette pathologie (35) Au stade d’occlusion complète Si l’état du patient ne s’améliore pas, ou si les symptômes d’occlusion récidivent après quelques mois de traitement, la dose de corticostéroïdes doit être réduite. Le patient doit alors bénéficier d’une nutrition parentérale totale. Cependant, dans la plupart des cas ce traitement s’avère insuffisant et la chirurgie devient alors indispensable. Dans le passé, le traitement chirurgical de la PSE était contre-indiqué. En effet, le taux de mortalité post opératoire était de 82 % chez les patients avec PSE (32) Récemment Kawanashi et collaborateurs (33) ont développé une technique chirurgicale nouvelle consistant en une entérolyse. Avec cette technique, le taux de mortalité rapporté était seulement de 4 %. Au total, le choix de la chirurgie ou du traitement conservateur peut donc être basé en fonction du stade de la maladie. Chez 256 patients traité en dialyse péritonéale continue ambulatoire ayant développé une PSE au Japon (34 ), 83% des patients ont reçu des corticoïdes incluant une petite dose en thérapie pulsée,79% une nutrition parentérale totale 32% une entérolyse intestinale totale. et 52% une viscérolyse chirurgicale. Finalement sur un total de 256 patients, 100 patients (39,1 %) sont décédés de causes variées. Après Enfin de nouvelles stratégies thérapeutiques, les anti-inflammatoires, les anti-fibrotiques, les molécules anti-angiogéniques basées sur des modifications génétiques peuvent induire une remésothélialisation de la membrane péritonéale et améliorer le devenir des patients Quelles que études cliniques dans un modèle animal font état également d’effet bénéfique des inhibiteurs du 128 La péritonite sclérosante encapsulante (PSE) : du diagnostic au traitement système rénine angiotensine dans la progression de la fibrose et des adhérences péritonéales (36). perméabilité péritonéale élevée. En revanche on peut maintenir les patients en DP, si, et seulement si le D/P créatinine reste stable (perméabilité péritonéale moyenne, moyennement élevée), si le patient ne présente pas de signes cliniques de malnutrition ou d’hyperhydratation associés à des signes de réaction inflammatoire (CRP élevée), et ne développe pas d’infections péritonéales récidivantes au long cours. Enfin, le patient doit être informé (consentement éclairé) des risques encourus par l’utilisation de la DP pour une période prolongée. Prévention Malgré les avancées majeures du traitement médical et chirurgical, la prévention de la PSE doit rester « la pierre angulaire » de l’ensemble du « monitoring » de ce syndrome clinique. Minimiser l’incidence des infections péritonéales, les traiter convenablement est vital dans n’importe quel programme de prévention de la PSE. A cause de la durée du traitement en DP, de l’exposition cumulative du glucose, réduire la concentration en glucose lors de la prescription des solutions de dialyse apparaît être une première prévention logique. Conclusion La PSE est l’une des plus sérieuses complications de la DP avec une augmentation de sa prévalence après 5 ans de traitement. Le diagnostic précoce de la PSE par une surveillance clinique, radiologique et échographique systématique est primordial pour obtenir de meilleurs résultats. Si le mécanisme pathogénique de la PSE n’est pas clair, de réels progrès thérapeutiques ont été réalisés, tant sur le plan médical avec l’avènement de nouvelles approches thérapeutiques telle que l’utilisation du Tamoxifène que sur le plan chirurgical avec l’entérolyse, dès lors que cette nouvelle technique est entre les mains de chirurgiens expérimentés. Avec ces nouvelles stratégies thérapeutiques la mortalité a nettement diminué. Cependant, l’approche idéale du traitement de la PSE est la prévention. Elle doit rester la pierre angulaire d’un ‘’monitoring’’ rigoureux chez le patient pris en charge en DP. Enfin, pour le futur, il est urgent que les industries pharmaceutiques soutenant la DP continuent a investir dans le développement de solutions de dialyse plus biocompatibles tant sur le plan biologique que chimique. La PSE, complication dramatique certes, n’est pas en soi une fatalité. L’incidence de la PSE lors de la DP à long terme ne doit pas interférer sur le choix de cette méthode comme traitement de l’IRCT dès lors que le patient en a été informé. Durant la dernière décennie de nouvelles solutions physiologiques sont devenues disponibles : l’Icodextrine (polymère du glucose), les Amino-acides, le tampon bicarbonate, Bicarbonate–lactate et autres PH physiologique. Les propriétés physiologiques de l’Icodextrine utilisé comme agent osmotique, iso osmolaire au plasma diminuent la prolifération des cellules mésothéliales et présentent des effets potentiellement bénéfiques sur la préservation de la membrane péritonéale (37). Les solutés avec tampon bicarbonate ou bicarbonate–lactate avec PH physiologique sont aussi supérieurs aux solutions dites conventionnelles dans la préservation in vitro de la viabilité et de la fonction des populations cellulaires qui conditionnent l’homéostasie péritonéale. Ces solutions ont un effet atténuateur sur les altérations histologiques, immunologiques et fonctionnelles de la membrane péritonéale décrites avec les solutions conventionnelles (38). Le développement progressif de vagues symptômes gastro-intestinaux chez un patient traité en DP doit être considérée comme un signe de suspicion de possibilité de début de PSE. Une vigilance toute particulière doit être portée pour tous les patients ayant plus de deux ans de traitement. Il faut considérer la sortie de la méthode chez les patients développant des infections péritonéales récidivantes sévères, et une 129 Chapitre 6 - Vignettes Références 1. 15. Honda K, Nitta K,Horita S, Tsukada M, Itabashi M et al. Histologic criteria for diagnosing encapsulating peritoneal sclerosis in continuous ambulatory peritoneal dialysis patients. Adv Perit Dial 2003, 19: 169-75 Verger Ch et al. French PD registry (RDPLF): outline and main results. kidney Int 2006;70: S12 S20 2. 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Gaudry CHU Mondor Caisse des Francais de l'Etranger Introduction de 61 et 70 ans dont 3,6% supérieur à 4 ng/ml et 2,2 ng/ml chez les patients entre 70 et 75 ans dont 4% supérieur à 4ng/ml. Dans 4 cas, le cancer de la prostate a été diagnostiqué soit 1%. En très grande majorité, les assurés ont consulté un urologue au Maroc. Il n’existe pas en France de politique de santé sur le dépistage de la prostate et peu d’informations est connu sur le suivi ‘spontané’ ou provoqué des patients vers l’urologue et/ou vers un dosage du PSA. La CFE (caisse des Français à l’Etranger) est une société d’assurance qui a décidé de proposer une information directe aux assurés sur le cancer de la prostate. La prise en charge du PSA était gratuite. Cette étude a pour but d’évaluer l’impact d’une campagne de prévention chez les assurés sociaux sur le cancer de la prostate. Conclusion Cette étude pilote permet d’observer qu’un tiers des assurés suivent les recommandations de suivi et de prévention du cancer de la prostate, qu’un tiers (seulement) adhère au programme du PSA gratuit. La proportion de PSA supérieur à la normale adaptée à l’âge est celle attendue dans les campagnes de dépistage. Méthodes En juillet 2005, 2 102 assurés français âgés de 50 à 75 ans résidant au Maroc ont reçu une note d’information de la campagne lancée par la CFE accompagnée de la fiche de l’AFU sur le dépistage du cancer de la prostate et une invitation à réaliser un PSA de façon gratuite. Résultats 615 réponses sont parvenue (29%) ; 173 (28%) d’entre eux se sont déclarés déjà suivis pour pathologie prostatique et/ou prévention. Les 442 patients âgés de 50 à 60 ans dans 49% des cas, 61 et 70 ans dans 41% et de 71 à 75 ans dans 10% des cas ont bénéficié de cette mesure : le PSA moyen était de 1,4 ng/ml chez les patients de 50 à 60 ans dont 7% supérieur à 3 ng/ml, 1,8 ng/ml chez les patients 134 Marqueurs histologiques et moléculaires des carcinomes urothéliaux de la voie excrétrice supérieure Marqueurs moléculaires urinaires pour la détection du cancer de la prostate Morgan Rouprêt*, Eva Comperat et Olivier Cussenot Services d’Urologie et d'Anatomo Pathologie du GHU Est de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (Pitié et Tenon) ; Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, Université Paris VI Introduction Ces altérations peuvent être retrouvées dans les cellules issues de sécrétions prostatiques, obtenues après massage prostatique. Certaines sont développées en test diagnostic et pourront peut être s’intégrer dans la stratégie diagnostique. Nous rapportons ici les principaux marqueur étudiés dans les urines des patients après massage prostatique, qui présentent la particularité d'être non invasifs et particulièrement accessibles. Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l'homme et le second en terme de mortalité en Europe comme aux Etats-Unis. Le pronostic est directement lié au stade de la maladie au moment du diagnostic et au type de traitement entrepris. Néanmoins, le diagnostic précoce et spécifique du cancer de la prostate est difficile par manque de marqueur spécifique du cancer. Actuellement, le marqueur le plus utilisé est le PSA dont la sensibilité et la spécificité pour la maladie sont faibles, et varient en fonction du seuil de détection retenu (soit 2,5 ou 4 ng/ml). Le PSA est en réalité un meilleur marqueur de l'hyperplasie bénigne de la prostate que du cancer luimeme. Pour confirmer le diagnostic de cancer, la méthode de référence reste la réalisation de biopsies prostatiques par voie trans-rectale et échoguidée. Il s'agit d'un examen inconfortable et non dénué de morbidité. La recherche de marqueurs biologiques capables de distinguer une maladie bénigne d'un cancer cliniquement non significatif est impérative pour améliorer la prise en charge des hommes ayant une tumeur de la prostate et surtout pour réduire le recours à des biopsies itératives inutiles. A cet effet, un certain nombres d'équipes ont travaillé sur des marqueurs dans le sang, les urines et le sperme capables d'identifier précocément le cancer de la prostate. Les techniques d’analyse génomiques ont permis d’identifier dans les cellules tumorales prostatiques des altérations moléculaires fréquentes et récurrentes (gènes de fusion, amplifications ou délétions géniques, hyperméthylation). Réarrangements chromosomiques L’ADN extrait des cellules desquamées dans les urines après massage prostatique est analysé pour identifier les altérations moléculaires qui caractérisent les cancers en fonction de leur niveau d’instabilité génétique et de leur potentiel agressif. Elle consiste à rechercher différentes altérations récurrentes de l’ADN tumoral, particulières à la carcinogenèse prostatique. L’ADN « comme marqueur » à l’avantage d’être très stable et de permettre des analyses sur des échantillons prélevés en routine sans nécessiter de congélation immédiate. Le recherche de délétions alléliques pour des marqueurs microsatellites ou la recherche de réarrangements chromosomiques (délétions amplification) permettent ainsi d’identifier et de caractériser les cellules prostatiques transformées avec une bonne sensibilité et une forte spécificité. Le développement d’outils diagnostic à l’échelle industrielle basé sur ce principe propose une technologie applicable à la routine : puce CGH- 135 Chapitre 7 - Cancer de prostate arrays dédiée à la recherche de réarrangements récurrents chromosomiques dans les tumeur urologique (URO341™). laboratoire donne au clinicien un score PCA3 qui doit l'inciter ou non à réaliser une nouvelle série de biopsies (seuil retenu à 35). Dans une étude multicentrique européenne portant sur 199 hommes, avec un résultat négatif préalable lors d'une première série de biopsie de la prostate, le test PCA3 pouvait mieux prédire la nécessité de refaire des biopsies que la mesure du PSA libre. Le test PCA3 obtenait une spécificité de 73 % comparativement à 16 % pour le PSA libre. Un score élevé au test PCA3 était également corrélé à une probabilité plus élevée d'obtenir un résultat positif à une reprise de biopsie. Par exemple, pour un homme ayant un résultat élevé au test PCA3, la probabilité d'avoir une seconde série de biopsies positives était de 41 %, alors qu'elle était de 16 % lorsque le résultat du test PCA3 était faible. Une étude a porté sur 99 patients avec un taux de PSA entre 4 et 10 ng/ml et avec un toucher rectal normal. Ils ont été biopsiés après étude du rapport PSA libre/total et recherche de délétions alléliques dans les secrétions prostatiques obtenues par miction après massage prostatique. Dans cette étude, 14 marqueurs microsatellites localisés sur les régions chromosomiques fréquemment délétées dans les cancers de la prostate (7q31, 8p22, 12pl3, 13ql4, 16q23.2. et 18q21) ont été explorés. En couplant la recherche de délétions au rapport PSA libre/total (seuil 15%), la sensibilité du test a été de 100% (aucun cancer non diagnostiqué) et la spécificité de 45%. (lorsque l'on utilisait le rapport PSA libre/total avec un seuil de 15%, seulement 45% des cancers étaient diagnostiqués). Le développement récent d’une puce de CGH-arrays (ArraysGenomics®) criblant les 341 marqueurs fréquemment amplifiés ou délétés dans les cancers urologiques, dont celui de la prostate permet d’accéder maintenant en routine à des technologies jusqu’à lors réservée à la recherche en raison de leur coût. Cette technologie appliquée au diagnostic précoce du cancer de la prostate à partir des cellules des secrétions prostatiques desquamées dans les urines, permet également d'identifier les altérations associées aux cancers agressifs d’emblée (ex : amplifications 8q, délétions 13q14, 10q24…). Ces résultats doivent être confirmés dans des études avec une population plus conséquente. Le test est censé réduire le nombre de biopsies pratiquées inutilement sur des hommes que l'on croyait atteints du cancer, à tort. Il a l’inconvénient, de tester un ARNm peu stable, nécessitant pour être interprétable de respecter une résultats du froid < à 8°C. Methylation aberrante A coté des altérations structurales de l’ADN (gains ou délétions), certaines altérations résultent de régulations anormales dans l'expression des gènes à travers des mécanismes épigénétiques. L'un des mécanismes épigénétiques qui a été décrit est l'inactivation des gènes suppresseurs de tumeurs par méthylation aberrante des ilots CpG (cytosine-guanine di-nucléotides) dans la région des séquences promotrices. L'hyperméthylation aberrante a été constaté dans plusieurs cancers différents dont celui de la prostate. Cette hyperméthylation anormale peu être détectée en biologie moléculaire, après extraction de l'ADN et réaction spécifique d'amplification de réaction en chaine (Quantitative-Methylation-Specific PCR). PCA3 Le gène PCA3 (prostate cancer gene 3 ou anciennement DD3) a été identifié en 1999. Il présente 2 particularités, d’une part d'être transcrit en ARNm particulièrement dans les cellules cancéreuses prostatiques et d’autre part de n’être pas traduit en protéine. Par opposition au PSA sérique, le volume de la prostate n'affecte pas le résultat du test PCA3. Il a été démontré que l'ARN messager du gène PCA3 est transcrit dans plus de 95% des cas dans le tissu cancéreux par opposition au tissu bénin. Le test urinaire PCA3 (Progensa PCA3©), déjà disponible sur le marché en Europe, a pour but d'éviter les séries de re-biopsies inutiles chez des patients ayant déjà eu une première série négative. Le L'altération somatique du génome la plus fréquemment retrouvée pendant le développement du cancer de la prostate est l'hyperméthylation des séquences promotrice du gène GSTP1 (p-class glutathione-S-transferase), dans plus de 80% des cas. Dans une étude récente portant sur une centaine 136 Marqueurs histologiques et moléculaires des carcinomes urothéliaux de la voie excrétrice supérieure Conclusion d'échantillons d'urines obtenus après massage prostatique, chez des patients avec un cancer de la prostate localisé, nous avons pu identifier un panel de 4 gènes, fiable pour l'identification du cancer de la prostate. Dans une étude récente portant sur une centaine d'échantillons d'urines obtenus après massage prostatique, chez des patients avec un cancer de la prostate localisé, nous avons pu identifier un panel de 4 gènes, fiable pour l'identification du cancer de la prostate. Outre GSTP1, l'association des gènes RASSF1a (Ras association domain family 1 isoform A), RARß2 (retinoic acid receptor ß2) et APC (adenomatosis polyposis coli), a permis d'obtenir une sensibilité et une précision pour le diagnostic de l'ordre de 86% et 89%, respectivement. La méthylation aberrante de ces 4 genes suppresseurs de tumeurs à partir des cellules urinaires dans la detection du cancer de la prostate doit maintenant être validée dans des etudes prospectives multicentriques sur un plus grand nombre de patients. Les marqueurs moléculaires urinaires pour le diagnostic précoce du cancer de la prostate sont de plus en plus nombreux avec des résultats préliminaires encourageants. Si certains d'entre eux sont déjà disponibles pour le clinicien, aucun n'a toutefois bouleversé à ce jour la pratique clinique au point de remettre en cause l'hégémonie du PSA sérique. Ces marqueurs n'en sont encore qu'à une phase préliminaire de leur évaluation, mais nul doute qu'ils sauront trouver une place dans l'arsenal diagnostique de l'urologue dans un futur proche. Ceci se traduirait en pratique par des économies substantielles pour le système de santé, mais aussi par des heures d'angoisse épargnées à des hommes qui subissent un test de dépistage du cancer de la prostate. Références 1. 4. Marks LS, Fradet Y, Deras IL, Blase A, Mathis J, Aubin SM, Cancio AT, Desaulniers M, Ellis WJ, Rittenhouse H, Groskopf J. PCA3 molecular urine assay for prostate cancer in men undergoing repeat biopsy. Urology. 2007;69(3):532-5. Rouprêt M, Hupertan V, Yates DR, Catto JW, Rehman I, Meuth M, Ricci S, Lacave R, Cancel-Tassin G, de la Taille A, Rozet F, Cathelineau X, Vallancien G, Hamdy FC, Cussenot O. Molecular detection of localized prostate cancer using quantitative methylationspecific PCR on urinary cells obtained following prostate massage. Clin Cancer Res. 2007, 15;13(6): 1720-5. 5. Parekh DJ, Ankerst DP, Troyer D, Srivastava S, Thompson IM. Biomarkers for prostate cancer detection. J Urol. 2007;178(6):2252-9. 2. Cussenot O, Teillac P, Berthon P, Latil A. 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(3) Hôpital universitaire Gasthuisberg, Louvain. (4) Université médical de Vienne, Vienne. (5) Radboud Centre universitaire médical, Nijmegen. (6) Uniklinikum Tübingen, Tübingen. (7) CHU Bichat, Paris. Introduction internationale de la sensibilité et la spécificité de ce test chez les patients devant avoir une seconde ou une troisième série de biopsies. Les urologues prenant en charge les patients ayant une suspicion de cancer par un PSA élevé ou un toucher rectal normal, ont à gérer plus de patients avec une série de biopsies négatives que de patients avec un cancer prostatique. Il n’existe pas de recommandations sur l’indication de nouvelles séries de biopsies ; il est suggéré 2 séries de biopsies prostatiques chez les patients jeunes ayant un PSA élevé. Le produit du gène PCA3 est spécifiquement exprimé par les cellules tumorales. Un test visant à le détecter dans les cellules prostatiques présentes dans les urines après massage prostatique est actuellement disponible en Europe (PROGENSAMC PCA3) (Figure 1). Le but est l’évaluation dans une étude multicentrique Méthodes Cette étude prospective internationale dans 7 institutions européennes portait sur 255 patients ayant une ou 2 séries de biopsies négatives. Après un massage prostatique comprenant 3 pressions dans chacun les lobes, les urines ont été recueillies. Par RT-PCR quantitative, les taux de PCA3 et de PSA ont été évalués. Figure 1 : Concept du test urinaire Groskopf J, et al. Clin Chem 2006;52:1089-95 138 Le test urinaire pca3 permet de préciser l’indication des re-biopsies chez les patients ayant une première série de biopsies négatives Résultats Conclusion Les données préliminaires de 255 hommes étaient disponibles en avril 2007; Le PSA moyen était de 8,3ng/ml (+/-4,9) 73 patients (29%) avaient un cancer prostatique. La spécificité du test de recherche PCA3 à une valeur seuil de 35 était de 74% comparé à 23% pour le rapport PSA libre/total à une valeur seuil de 25%. La valeur de prédiction négative du test PCA3 était de 79% (Figure 2). Les patients avec un score PCA3 ≥ 35 avaient une probabilité de 44% d’avoir des biopsies positives; ceux avec un score de < 35, seulement une probabilité de 21%. Ces données préliminaires indiquent que le test PCA3 est faisable en routine et qu’il peut préciser les patients à risque de cancer de façon plus spécifique que le rapport PSAlibre/total. Le test PCA3 à une valeur seuil de 35 semble être un outil utile pour indiquer les patients à haut risque de cancer. Financement Gen-Probe Incorporated Figure 2 : Corrélation entre le taux du test PCA3/PSA et le risque de cancer chez des patients candidats à des re-biopsies 139 140 Chapitre 8 Obésité morbide et urologie 141 Chapitre 8 - Obésité morbide et urologie Obésité et lithiases urinaires Isabelle Tostivint Introduction abdominal supérieur à 88 chez la femme et 94 chez l’homme à une insulinorésistance voire un diabète de type 2, une hypertryglicéridémie, un HDL-Choléstérol bas et enfin une hypertension artérielle, 3 de ces facteurs suffisant à poser le diagnostic de SM, l’hyperuricémie constituant un critère secondaire. Plusieurs études ont montré l’impact du surpoids voire de l’obésité sur la composition des urines. Par exemple, la corrélation inverse forte entre l’IMC et le pH urinaire (7) a été démontrée dans plusieurs études (7,8,9,10). Certains ont montré l’importance relative de l’hypocitraturie, hyperuricosurie (11) suggérant la forte consommation de viandes. De plus, l’impact du diabète associé accentue la tendance à faire des calculs d’acide urique de par un trouble de l’ammoniogénèse avec excrétion d’urines anormalement acides et cela possiblement en rapport avec une insulinorésitance (12, 13). De plus en plus répandue, l’obésité constitue un facteur de risque lithogène particulier (1). En effet, en croissance constante, elle expose les praticiens à de nouveaux challenges à savoir une meilleure compréhension des mécanismes métaboliques spécifiques, pour une prévention optimisée des récidives et surtout une meilleure prise en charge des patients obèses souffrant de lithiases urinaires, prise en charge centrée par une collaboration multidisciplinaire indispensable pour non seulement améliorer la qualité de vie souvent très détériorée de ces patients mais et surtout pour ne pas oublier l’amélioration du pronostic global en luttant pour la correction des facteurs de risque cardiovasculaires très souvent associés (2,3). Tout cela augmente bien évidemment les coûts de santé publique (4) et la tendance ne fait que s’accentuer (5, 6) avec une tendance à la correction de l’habituel ratio femme /homme qui est passé de 1 ,7 à 1,3 aux USA récemment. A côté des troubles métaboliques induits par l’obésité elle même, on doit aussi retenir ceux induits par le traitement de celle-ci. On citera les régimes amaigrissants hyperprotéinés (régime altlinks) responsables d’augmentation du risque lithogène par eux-même entraînant une hypocitraturie, une élimination importante de charge acide et d’urée et d’acide urique en plus d’oxalates. Enfin, une nouvelle cause de lithiase oxallocalcique oxalate dépendante ne doit pas être oubliée : il s’agit de la chirurgie bariatrique qui expose elle aussi de par l’hyperabsorption de l’acide oxallique à un risque accru de lithiase oxallocalciques (14). Les patients et les praticiens doivent de plus être sensibilisés à la notion émergeante de néphro- Spécificités métaboliques L’obésité définie par un indice de masse corporelle supérieur à 27 est associée à une prévalence accrue de lithiases essentiellement d’acide urique et d’oxalate de calcium, encore que ceci soit surtout démontré pour la femme obèse souffrant de lithiases urinaires. L’obésité lorsqu’elle prédomine sur l’abdomen s’accompagne dans la grande majorité des cas d’un syndrome métabolique à savoir la survenue associée à un périmètre 142 Obésité et lithiases urinaires pathie liée à l’obésité (15) qui majore le sur-risque cardio-vasculaire en activant le cercle vicieux cardio-rénal. sente une alcalinisation au long cours des urines par eau de Vichy chez ces patients volontiers hypertendus. Il serait préférable, sur le long terme, de travailler à la modification en profondeur de l’hygiène de vie, avec accompagnement diététique – voire très souvent psychothérapeutique – plutôt de corriger des symptômes biologiques. Le suivi avec « programme de soin » adapté, mettant en évidence des objectifs simples de diminution de consommation de sel et de viandes - vérifiés par la natriurèse (< 100mMoles/jour), de diminution des centimètres du périmètre abdominal – mesuré régulièrement, et d’augmentation de l’activité physique quotidienne (17). L’exploration étiologique des lithiases urinaires chez les patients souffrants d’obésité comprend bien évidemment comme pour toute lithiase, l’analyse du calcul lorsque celui-ci est disponible. L’imagerie radiologique, voire par tomodensitométrie « low dose » est intéressante pour l’appréciation de la densité des calculs (densité < 500UH = acide urique très probable) et pour apprécier leur aspect tridimensionnel. On retiendra essentiellement la difficulté d’estimation de la fonction rénale chez ces patients pour lesquels aucune formule n’est adaptée (10). On pourra demander de mesurer la clairance de la créatinine grâce qu recueil urinaire des 24 heures. En cas d’altération définissant la notion de maladie rénale chronique (15) et/ou d’hypertention artérielle associée dont l’évolution est péjorative car accélérée chez ces patients, un avis néphrologique est vivement recommandé. Epidémie mondiale croissante, l’obésité reste un challenge, tant pour les responsables de la santé publique que pour les praticiens urologues et néphrologues. Seule une meilleure compréhension des mécanismes physiologiques à l’origine de l’augmentation du risque lithogène - essentiellement de lithiases d’acide urique et d’oxalate de calcium oxalate-dépendant - de ces patients (urine trop acide, troubles de l’amoniogénèse, néphropathie associée à l’obésité) associée à une prise en charge mutipluridisciplinaire cohérente - avec intégration de programme d’amélioration des règles hygiéno-diététiques – centrée sur le patient, ouvriront de nouvelles perspectives de prévention des récidives lithiasiques – améliorant ainsi l a qualité de vie de ces patients – mais, et surtout, de nouvelles perspectives d’amélioration du pronostic global, incluant une diminution du risque cardiovasculaire majeur chez ces patients. Le traitement préventif des récidives - très fréquentes dans cette population- repose sur une prise en charge multidisciplinaire,incluant la correction des facteurs de risques cardiovasculaires associés. Puisque les patients obèses présentent un sur-risque cardiovasculaire majeur, le praticien à tout intérêt les orienter vers ses collègues diabétologues, néphrologues, cardiologues, … (16). On soulignera l’importance, par exemple, d’estimer l’apport sodé, néfaste au long terme, que repré- Références bibliographiques 1. 6. Scales CD Jr, Curtis LH, Norris RD, Springhart WP, Sur RL, Schulman KA, Preminger GM. Changing gender prevalence of stone disease. J Urol. 2007 Mar;177(3):979-82 Taylor EN, Stampfer MJ, Curhan GC. Obesity, weight gain, and the risk of kidney stones. JAMA. 2005 Jan 26;293(4):455-62. 2. Penniston KL, Nakada SY. Health related quality of life differs between male and female stone formers. J Urol 2007; 178: 2435-40 7. Taylor EN, Curhan GC. Body size and 24-hour urine composition. Am J Kidney Dis. 2006 ;48: 905-15. 8. Negri AL, Spivacow R, Del Valle E, Pinduli I, Marino A, Fradinger E, Zanchetta JR. Clinical and biochemical profile of patients with "pure" uric acid nephrolithiasis compared with "pure" calcium oxalate stone formers. Urol Res 2007;35:247-51. 3. Porena M, Guiggi, Micheli C. Prevention of stone disease Urol Int 2007;S1:S37-46. 4. Ferrari P, Piazza R, Ghidini N, Galizia G, Ferrari G. Lithiasis and risk factors. Urol Int 2007;79 (S1): S8-S15. 5. Gravas S.Epidemiologic trends indicate the prevalence of obesity will rise globally.Eur Urol 2007; 52: 204-5. 9. 143 Maalouf NM, Sakhaee K, Parks JH, Coe FL, AdamsHuet B, Pak CY. Association of urinary pH with body weight in nephrolithiasis. Kidney Int. 2004; 65:1422-5. Chapitre 8 - Obésité morbide et urologie 10. Remer T, Berkemeyer S, Rylander R, Vormann J.Muscularity and adiposity in addition to net acid excretion as predictors of 24-h urinary pH in young adults and elderly. Eur J Clin Nutr. 2007; 61:605-9. 14. Sinha MK, Collazo-Clavell ML, Rule A, Milliner DS, Nelson W, Sarr MG, Kumar R, Lieske JHyperoxaluric nephrolithiasis is a complication of Roux-en-Y gastric bypass surgery Kidney Int. 2007 Jul;72(1):100-7. Epub 2007 Mar 21 11. Liebman SE, Taylor JG, Bushinsky DA. Uric acid nephrolithiasis. Curr Rheumatol Rep 2007; 9:251-7. 15. Rutkowski P, Klassen A, Sebekova K, Bahner U, Heidland A. Renal disease in obesity: the need for greater attention. .J Ren Nutr. 2006 Jul;16(3):216-23 12. Ekeruo WO, Tan YH, Young MD, Dahm P, Maloney ME, Mathias BJ, Albala DM, Preminger GM. Metabolic risk factors and the impact of medical therapy on the management of nephrolithiasis in obese patients. J Urol. 2004; 172:159-63. 16. Traxer O, Safar H, Daudon M, Haymann JP. Metabolic syndrome, obesity and urolithiasis. Prog Urol. 2006 ; 16:418-20. 17. Flagg LR. Dietary and holistic treatment of recurrent calcium oxalate kidney stones: review of literature to guide patient education. . Urol Nurs. 2007;27:113-22 13. Lieske JC, de la Vega LS, Gettman MT, Slezak JM, Bergstralh EJ, Melton LJ 3rd, Leibson CL.Diabetes mellitus and the risk of urinary tract stones: a population-based case-control study.Am J Kidney Dis. 2006 Dec;48(6):897-904. 144 Incontinence urinaire d’effort et obésité Incontinence urinaire d’effort et obésité Stéphane Bart1, Cécile Ciangura2, Frédéric Thibault1, François Richard1, Arnaud Basdevant2, Emmanuel Chartier-Kastler1 1 Service d’Urologie et de Transplantation rénale et pancréatique, Professeur Richard, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, France. 2 Service de Nutrition, Professeur Basdevant, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, France. Resumé selon les études et l’IMC. L’augmentation du risque semble bien corrélée avec l’élévation de l’IMC. Néanmoins, chez ces patientes, l’IU peut aussi être liée à des urgenturies (IUU) ou être mixte (IUM). L’épidémiologie de l’IUE chez les femmes obèses est mal connue. Les traitements ne varient pas dans la stratégie décisionnelle du fait de l’obésité. Cependant, Il est nécessaire de souligner l’intérêt de la perte de poids par régime hypocalorique ou chirurgie bariatrique dans l’amélioration de l’IUE, ainsi que l’IUU ou l’IUM (7-8). La prévalence de l’incontinence urinaire (IU), tous types confondus, chez la femme de plus de 18 ans, est de l’ordre de 44 % en France. L’incontinence urinaire d’effort (IUE), isolée ou associée touche 31 % d’entre elles (1). L'obésité est une maladie chronique définie par une excès de masse grasse ayant des conséquences pour la santé. La mesure de la masse grasse étant difficile en pratique courante, on utilise l'indice de masse corporelle (IMC). L'IMC est égal à la masse (exprimée en kilogrammes) divisée par le carré de la taille de la personne (en mètre). L’obésité, définie par un IMC supérieur à 30 Kg/m2, touche 13 % des femmes selon l’étude Obépi 2006 (2) (les autres définitions sont résumés dans le tableau 1). L’obésité est un facteur de risque reconnu d’IUE (3-6). L’odds ratio varie en 1,7 et 2,4, Tableau 2: Estimation de l’odds ratio d’incontinence urinaire d’effort en fonction de l’IMC Auteur, Année Brown et al. 1996 IMC >30 (kg/m2) Hannestad et al. 2003* IMC= 25-29,9 IMC= 30-34,9 IMC= 35-39,9 IMC >40 (kg/m2) Dallosso et al. 2003 IMC= 25-29,9 IMC >30 (kg/m2) Mc Grother et al. 2006 IMC= 25-29,9 IMC >30 (kg/m2) Tableau 1 : Classification en fonction de l’IMC (Surpoids , obésité, obésité sévère et massive) IMC (Kg/m2) < 18,5 18,5-24,9 25-29,9 >30 35-40 >40 Classification (homme ou femme) Maigreur Poids de référence Surpoids Obésité Obésité sévère Obésité massive Odds ratio de IUE 1,9 1,4 1,7 2 2,4 1,25 1,74 1,4 2,3 * Relation linéaire retrouvée entre la sévérité de l’incontinence urinaire d’effort et l’augmentation de l’IMC. 145 Chapitre 8 - Obésité morbide et urologie Les résultats fonctionnels des traitements chirurgicaux spécifiques de l’IUE, que ce soit des techniques utilisées avant l’essor des bandelettes sous-uréthrales (BSU) ou celles-ci, ne semblent pas influencés par l’obésité. Les résultats fonctionnels et la morbidité liés à la bandelette « tension free vaginal tape » (TVT) ne semble pas varier du fait de l’IMC, mais la procédure chirurgicale s’avère plus difficile et légèrement plus longue (9). Les pertes sanguines y sont plus importantes. Il semble exister une morbidité médicale (thrombo-embolique, cardiovasculaire, et pulmonaire) augmentée chez les patientes obèses (10). L’évaluation de la BSU par voie trans-obturatrice n’a pas été publiée à ce jour. Bibliographie 1. 7. Luber KM. The definition, prevalence, and risk factors for stress urinary incontinence. Rev Urol 2004;6 Suppl 3:S3-9. 2. Charles MA. Basdevant A. . Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l'obésité. In: Rapport ObEpi Roche; 2006. Burgio KL, Richter HE, Clements RH, Redden DT, Goode PS. Changes in urinary and fecal incontinence symptoms with weight loss surgery in morbidly obese women. Obst Gyn nov 2007; 110(5):1034-40. 8. Subak LL, Whitcomb E, Shen H, Saxton J, Vittinghoff E, Brown JS. Weight loss: a novel and effective treatment for urinary incontinence. J Urol 2005; 174(1):190-5. 3. Brown JS, Seeley DG, Fong J, Black DM, Ensrud KE, Grady D. Urinary incontinence in older women: who is at risk? Study of Osteoporotic Fractures Research Group. Obstet Gynecol 1996;87(5 Pt 1):715-21. 9. 4. Hannestad YS, Rortveit G, Daltveit AK, Hunskaar S. Are smoking and other lifestyle factors associated with female urinary incontinence? The Norwegian EPINCONT Study. Bjog 2003;110(3):247-54. Muller M, Koebele A, Deval B. [Determinants of success and recurrence after suburetral free tape procedure for female urinary incontinence]. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2007;36(1):19-29. 10. Skriapas K, Poulakis V, Dillenburg W, et al. Tensionfree vaginal tape (TVT) in morbidly obese patients with severe urodynamic stress incontinence as last option treatment. Eur Urol 2006;49(3):544-50. 5. McGrother CW, Donaldson MM, Hayward T, Matthews R, Dallosso HM, Hyde C. Urinary storage symptoms and comorbidities: a prospective population cohort study in middle-aged and older women. Age Ageing 2006;35(1):16-24. 6. Dallosso HM, McGrother CW, Matthews RJ, Donaldson MM. The association of diet and other lifestyle factors with overactive bladder and stress incontinence: a longitudinal study in women. BJU Int 2003;92(1):69-77. 146 Chapitre 9 Cancérologie 147 Chapitre 9 - Cancérologie Lésions planes de l’urothélium E. Compérat Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital de La Pitié Salpêtrière, Paris Les lésions planes de l’urothélium se présentent endoscopiquement comme des rougeurs peu spécifiques du revêtement urothélial. Histologiquement, l’urothélium normalement composé de 3 à 7 couches de cellules différenciées peut apparaître hyperplasique, sans architecture papillaire et présenter des anomalies cytologiques variables. La caractérisation ion de ces altérations est à la base de la classification proposée en 2004 par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2004 (tableaux 1 et 2). Cet exposé se propose de décrire les lésions les plus fréquentes. polygonales, sont riches en glycogène. Il n’existe habituellement pas de foyers de kératinisation sauf dans des cas pathologiques où celle se présente sous la forme d’une parakératose ou d’une kératinisation simple avec desquamation. La présence d’une MM n’est pas en soi un état prénéoplasique, mais elle peut précéder ou accompagner un carcinome urothélial infiltrant ou un carcinome épidermoïde. Dans le cas de lésions chroniques comme par exemple lors de vessies neurologiques il peut être important de préciser l’importance des lésions de MM et de la réaction inflammatoire associée. 1. Métaplasie malpighienne (MM) 2. Hyperplasie simple Il s’agit de la lésion la plus fréquemment rencontrée en particulier chez la femme. Elle est classique au niveau du trigone. Les cellules, régulières et L’hyperplasie se caractérisée par un épaississement de l’urothélium au delà de 7 couches, sans atypie cytonucléaire. Cette hyperplasie peut être observée au voisinage de carcinomes urothéliaux papillaires invasifs ou non. Lorsqu’elle est isolée, elle ne constitue pas un état précancéreux. Tableau 1 : Critères histologiques de classification des lésions planes Tableau 2 : Classification des lésions planes intra urothéliales (OMS 2004) épaisseur de l’urothélium polarité cellulaire anysocytose et aspect cytoplasmique hyperplasie anysocaryose et rapport nucléo-cytoplasmique, chromatine, densité nucléaire, aspect de la membrane nucléaire, nucléoles lésions planes avec atypies réactionnelle (inflammatoire) mitoses atypies de signification inconnue néo vascularisation et inflammation péri lésionnelles carcinome in situ (CIS) dysplasie (bas grade intra urothélial) 148 Lésions planes de l’urothélium 3. Atypie réactionnelle 6. Carcinome in situ (Cis) Il s’agit d’une réponse bénigne de l’urothélium à un phénomène inflammatoire, aigue ou chronique. L’hyperplasie du revêtement urothélial peut s’accompagner d’un certain degré de polymorphisme nucléaire et cytoplasmique. Les noyaux sont augmentés de taille. Les cytoplasmes apparaissent parfois basophiles. Il peut exister quelques rares mitoses. Cependant, les cellules conservent leur polarité et ces altérations morphologiques s’accompagnent d’un infiltrat inflammatoire du chorion sous jacent. Les atypies cytonucléaires et les perturbations architecturales sont ici importantes. L’aspect peut cependant être très variable. L’urothélium peut être dénudé, ou simplement atrophique voire normal ou hyperplasique. Il existe une perte de polarité cellulaire et des atypies majeures avec des noyaux souvent irrégulièrement augmentés de taille. La lamina propria est souvent inflammatoire hypervascularisée. Ces lésions sont parfois diffuses, le plus souvent focales, parfois n’être présentes qu’au niveau des ilôts von Brunn. Il existe des sous types histologiques qu’il est important de reconnaître notamment dans les formes à petites cellules car la prise en charge thérapeutique est différente. Il est également important de préciser s’il s’agit d’un Cis isolé ou associé à d’autres lésions, par exemple une tumeur urothéliale superficielle dont le Cis aggrave le pronostic. Enfin, Il faudra rechercher une micro infiltration de la sousmuqueuse, parfois de détection difficile en présence d’une réaction inflammatoire associée. L’immunohistochimie peut permettre de différencier un Cis d’une atypie réactionnelle. 4. Atypie urothéliale de signification inconnue Dans certains cas, en particulier en l’absence de contexte clinique évocateur, il n’apparaît pas possible de déterminer si l’hyperplasie urothéliale et les atypies cellulaires observées sont la conséquence de phénomènes réactionnels ou prénéoplasiques. Ces atypies peuvent être majeures et le diagnostic différentiel avec un Cis peut s’avérer difficile. Le suivi de telles lésions doit être régulier. 7. Conclusion 5. Dysplasie urothéliale de bas grade Le diagnostic différentiel entre des atypies réactionnelles liées à l’inflammation ou consécutives une radio- ou chimiothérapie et un Cis peut être difficile. Il est donc primordial que le pathologiste dispose des antécédents du patient et de la notion d’un traitement antérieur, afin de ne pas surgrader ces malades. Il s’agit d’une lésion de bas grade. L’épaisseur du revêtement urothélial est habituellement conservée et l’hyperplasie, lorsqu’elle existe est généralement peu marquée. Il existe une perte de la polarité, une augmentation de la densité cellulaire et les noyaux sont augmentés de taille. L’activité mitotique doit rester limitée à des couches basales et demeurer peu importante. La lamina propria peut montrer des signes d’inflammation. Ces anomalies sont cependant insuffisantes pour mériter le terme de Cis. Ces lésions dysplasiques sont le plus souvent décrites en association avec une tumeur urothéliale où elles sont quasiment systématiques. En revanche, la dysplasie de novo est mal connue car elle est généralement macroscopiquement invisible. Les lésions de dysplasie de bas grade peuvent progresser vers un Cis ou une tumeur superficielle ou infiltrante. 149 Chapitre 9 - Cancérologie La chirurgie de rattrapage des masses résiduelles rétropéritonéales après chimiothérapie des TGNS métastatiques A. Houlgatte, X. Durand, D. Rouquie, Ph Camparo, M. Bordenave, E. Deligne Introduction une résection initialement incomplète (1). La récidive se situant en inter aorticocave dans deux cas, une fois en para aortique et une fois en supra hilaire. Le taux d’éjaculation rétrograde estimé à 44% dans cette série est plus élevé qu’en première intention, la préservation nerveuse apparaissant plus difficile dans ces reprises. Le siège para aortique et hilaire gauche de ces rechutes est également retrouvé par Mc Kiernan sur une série de 22 patients (2). L’histologie de ces rechutes correspondant dans 55% des cas à du tératome. Cette chirurgie est nécessaire malgré une chimiothérapie effectuée préalablement dans certains cas et ce en raison de la fréquence de ce tératome sur lequel la chimiothérapie s’avère inefficace. Carver rapporte l’expérience de 13 rechutes tardives après curage de stadification (3). Onze d’entre elles sont situées dans le rétropéritoine et ce malgré une chimiothérapie adjuvante ou lors d’une rechute précoce. L’utilisation plus récente de la laparoscopie pour ces curages en les limitant en avant des gros vaisseaux expose en théorie à un risque plus élevé de rechutes. L’évaluation de ce risque justifierait d’une étude prospective. Qu’elle soit réalisée de première intention en tant que curage de stadification ou après chimiothérapie concernant dans ce cas les masses résiduelles, la lymphadénectomie rétropéritonéale répond à certaines exigences tout en connaissant ses limites. Une exérèse initialement incomplète ou la présence de rechutes rétropéritonéales malgré une chimiothérapie bien conduite justifieront d’un nouvel abord chirurgical. Cette chirurgie de rattrapage, source de complications plus fréquentes justifiant parfois d’une prise en charge multidisciplinaire peut permettre d’améliorer la survie de certains de ces patients. Les indications de la chirurgie de rattrapage Chirurgie de rattrapage et curage de stadification Limité à certaines indications spécifiques en présence d’une tumeur germinale non séminomateuse de stade 1, ce curage doit néanmoins répondre à certaines règles afin d’éviter les récidives dans la zone habituelle de drainage. La lymphadénectomie unilatérale remplace actuellement les grands curages bilatéraux en diminuant ainsi la morbidité. Le respect de cette zone de dissection s’avère néanmoins nécessaire afin d’éviter les rechutes rétropéritonéales. Certains auteurs ont étudié la fréquence et le siège de ces rechutes qui bien que rares conduisent à une chirurgie de rattrapage. Heidenreich rapporte quatre cas liés à Chirurgie de rattrapage et progression sous chimiothérapie La réascension des marqueurs après traitement ou l’absence de normalisation en tenant compte de la demi vie en cours de chimiothérapie peuvent conduire à la réalisation d’une chirurgie dite de sauvetage. Beck dans son expérience d’Indianapolis portant sur 114 patients rapporte un taux de survie à cinq ans de 55% tout en soulignant que la présence de tissu actif dans ces masses résiduelles 150 La chirurgie de rattrapage des masses résiduelles rétropéritonéales après chimiothérapie des TGNS métastatiques présent dans 53,5% des cas dans sa série apparaît de mauvais pronostic (4). Le growing teratoma relève également d’une chirurgie de rattrapage en l’absence de réponse en cours de chimiothérapie de première ligne. Il correspond à une augmentation de volume des masses tumorales rétropéritonéales résistant à toute chimiothérapie et justifiant d’une exérèse complète. Le taux de survie de 80% sur 10 cas rapporté par l’équipe du M D Anderson justifie d’une telle attitude. Chirurgie de rattrapage et rechutes tardives La plupart des équipes s’accordent à reconnaître que la meilleure chance d’une chirurgie curative des masses résiduelles après chimiothérapie dépend de la qualité de ce premier curage. En effet il n’est pas rare d’attribuer dans les différentes séries de la littérature les rechutes plus ou moins tardives après chirurgie rétro péritonéale à des curages initialement incomplets soit pour des raisons techniques soit pour non respect des règles concernant l’étendue de ces curages. Donohue souligne la différence de taux de survie à cinq ans de 86% après curage complet de première intention post chimiothérapie contre 63 % en cas de chirurgie initialement incomplète. Le risque cumulé chez les patients ayant fait l’objet d’un curage de masse résiduelle après chimiothérapie de première ligne pour des TGNS de mauvais pronostic est évalué à 1,1% à 5 ans, 4% à 10 ans. Se définissent comme tardives les rechutes survenant au-delà de deux après le traitement initial. Malgré le faible taux global de survie estimé à 30-40% lié en particulier comme le souligne Carver à une importante chimiorésistance de ces patients (3), la chirurgie de ces rechutes occupe une place privilégiée . Dans son expérience portant sur 20 rechutes tardives, Geldart souligne le bénéfice de cette chirurgie de rattrapage apparaissant supérieur à celui de la chimiothérapie de deuxième ligne (5). Le tératome constitue la principal histologie rencontrée dans 60% des cas lors de ces rechutes justifiant d’une chirurgie initiale la plus complète possible en raison du risque de growing teratoma pouvant s’avérer inextirpable ou de transformation maligne. La présence de yolk sac tumeur est également plus fréquente. Bien que cette chirurgie s’avère plus difficile elle apporte un bénéfice réel chez ces patients indépendamment des chimiothérapies de deuxième ligne avec un taux de survie de 63% à 10 ans pour Sexton ( 6 ) et de 78% à 6,6 ans pour Mc Kernian (2). La présence de tissu viable dans ces rechutes constitue néanmoins un facteur de mauvais pronostic avec un taux d’échec élevé en particulier lorsque l’exérèse ne peut être complète. Les complications de la chirurgie de rattrapage Elles sont nécessairement plus fréquentes et plus graves en particulier lorsque ces ré interventions font suite à un premier curage de masses résiduelles après chimiothérapie que la résection ait été initialement incomplète ou qu’il s’agisse de rechutes tardives voir de growing teratoma. Les plaies vasculaires sont essentiellement liées aux dissections aortiques sous adventitielles pouvant conduire à la mise en place de patch ou au remplacement prothétique. La ligature de la veine cave peut également s’avérer nécessaire. Les ascites chyleuses en post opératoire dont la prise en charge thérapeutique s’avère en général longue et difficile sont également plus fréquentes après chirurgie de rattrapage. Le taux de transfusion rapporté dans 28% des cas par McKernian (2) et la morbidité péri opératoire témoignent de la complexité de cette chirurgie. La mortalité en lien direct avec ces interventions lourdes est également rapportée dans 10% des cas par Sexton (6). C’est également dans ces circonstances que l’on rencontre le taux le plus élevé de néphrectomie associée, qu’elles soient justifiées par un souci d’exérèse la plus complète possible ou de nécessité en raison de difficultés de résection. Conclusion Cette chirurgie de rattrapage, s’adressant le plus souvent à des patients à haut risque, justifie d’une prise en charge par des centres spécialisés pouvant proposer un abord éventuellement multidisciplinaire afin d’ assurer un bénéfice optimal face à ce véritable challenge thérapeutique. 151 Chapitre 9 - Cancérologie Bibliographie 4. Beck SDW., Foster RS., Bihrle R., Einhorn LH., Donohue JP. Pathologic findings and therapeutic outcome of deszperation post-chemotherapy retroperitoneal lymph node dissection in advanced germ cell cancer. Urol Oncol 2005; 23: 423-430. Rattrapage des curages de stadification 1. Heidenreich A., Ohlman C., Hegele A., Beyer J. Repeat retroperitoneal lymphadenectomy in advanced testicular cancer. Eur Urol 2005; 47: 64-71. 2. McKiernan JM., Motzer RJ., Bajorin DF., Bacik J., Bosl GJ., Sheinfeld J. Reoperative retroperitoneal surgery for nonseminomatous germ cell tumor: clinical presentation, patterns of recurence and outcome. 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Elles sont enfin quelquefois difficiles à distinguer des lésions secondaires. Ces dernières ont été décrites pour la première fois en 1925 par HENKE et LUBARDCH. Elles représentent 8,1% des tumeurs para-testiculaires et leur distribution est bi-modale avec un premier pic à l'adolescence et un deuxième à la sixième décennie. Il en existe 50 cas rapportés dans la littérature. Les lésions primitives sont le plus souvent prostatiques (37% des cas), coliques (13%), estomac (10%), carcinoïdes de l’iléon (8%), pancréas (5%) et rein. Elles nécessitent donc un bilan complet. Les examens complémentaires pratiqués, qu’il s’agisse de l’échographie ou de l’imagerie par résonance magnétique nucléaire, sont rarement formels sur l’origine de la lésion du fait de leur rareté et de leur volume souvent parfois important. La cytoponction a été proposée récemment avec dans l’expérience de TEWARI sur dix cytoponctions réalisées, dix diagnostic formels. Tumeurs bénignes Les tumeurs de l’épididyme peuvent être classées en malignes, soit primitives soit secondaires, ou en bénignes. Elles sont représentées d’abord par les cystadénomes séreux, tumeurs développées aux dépens de restes mullériens. Les tumeurs adénomatoïdes sont les plus fréquentes. Les cystadénomes papillaires : il en existe 19 cas rapportés de 1976 à 2007. Il existe enfin des léiomyomes et des pseudo tumeurs fibreuses encore plus rares. Tumeurs malignes Les tumeurs malignes primitives sont représentées par les adénocarcinomes de l’épididyme dont 20 cas ont été rapportés dans la littérature en 1997. A la revue de ces cas, quatre seulement étaient certains. Il peut s’agir de lésions qui, sur le plan histologique, sont tubulaires, papillaires, tubulopapillaires ou kystiques. Leur extension se fait par voie lymphatique vers l’espace rétro-péritonéal. Elles sont à distinguer sur le plan anatomopathologique de certaines tumeurs bénignes type cystadénome papillaire à cellules claires ou de tumeurs adénomatoïdes, des mésothéliomes de En conclusion A la revue de la littérature, il apparaît extrêmement difficile de faire un diagnostic histologique avant l’exérèse, seule à même d’éviter une orchidectomie inutile pour des lésions bénignes. L’IRM, et plus encore peut-être la cytoponction, pourraient apporter une aide. 153 Chapitre 9 - Cancérologie Marqueurs pronostiques des carcinomes urothéliaux de la voie excrétrice supérieure Morgan Rouprêt, Eva Comperat et Olivier Cussenot Services d’Urologie et d'Anatomo Pathologie du GHU Est de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (Pitié et Tenon) ; Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, Université Paris VI Introduction que les tumeurs urétérales. Au sein des tumeurs urétérales, l’atteinte distale est prédominante. Dans un tiers des cas, les TVEUS sont multifocales. Elles sont bilatérales d’emblée - tumeurs synchrones - dans 2 à 8% des observations. Il existe un antécédent de cancer de vessie chez 20 à 30% des patients ayant une TVEUS. Dans 8 à 13% des cas, on constate une tumeur vésicale synchrone à la TVEUS, la zone de prédilection étant la région périorificielle. Enfin, une récidive tumorale vésicale ou controlatérale survient dans 30 à 51% des cas après une TVEUS. Les carcinomes urothéliaux représentent la 4ème localisation tumorale chez l’homme en terme de fréquence, après les cancers de la prostate (ou du sein), le cancer du poumon et le cancer colorectal. La plupart (90-95%) des carcinomes urothéliaux sont des cancers de la vessie. Le cancer de la vessie est la néoplasie maligne la plus fréquente du tractus urinaire et la seconde de l'appareil urogénital après le cancer de la prostate. En Europe, les tumeurs de la vessie représentent 5 à 10% de l'ensemble des cancers diagnostiqués chaque année. La probabilité pour un homme d'avoir un cancer de vessie est 4 fois plus élevée que pour la femme. Les taux d'incidence ont fortement augmenté entre 1975 et 2008: de plus de 25% chez l'homme, et de l'ordre de 9% chez la femme. En France, on diagnostique plus de 8300 cas par an de cancers de la vessie chez l'homme et plus de 1900 chez la femme depuis l'an 2000. Dans le monde, le cancer de la vessie est la 11ème cause de cancer et plus de 50% des cas sont observés dans les pays développés. Les Tumeurs la Voie Excrétrice Urinaire Supérieure (TVEUS) ou "Upper Urinary Tract-Transitional Cell Carcinoma" représentent seulement 5 à 10% des carcinomes urothéliaux. Les TVEUS sont des tumeurs très rares, avec une incidence annuelle estimée en France à 1 ou 2 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Il existe une prédominance masculine nette avec un rapport homme/femme compris entre 3 et 4. L’âge moyen du diagnostic des TVEUS est rapporté entre 65 et 70 ans selon les études. Les tumeurs pyélocalicielles sont à peu près deux fois plus fréquentes Marqueurs pronostiques Les principaux facteurs pronostiques identifiés dans les TVEUS sont l’âge du patient, le grade selon la classification WHO et le stade TNM. Les taux de survie des patients sont corrélés avec le grade histologique et le stade d’invasion tumorale. Etablir le niveau d'infiltration de la couche musculaire au niveau du haut appareil urinaire est souvent plus difficile qu’à l’étage vésical. La topographie initiale de la tumeur dans la voie excrétrice est un autre facteur pronostique, récemment suggéré. Il semblerait que les tumeurs urétérales aient une évolution plus défavorable que les tumeurs pyélo-calicielles. La présence de marges chirurgicales positives sur la pièce d'exérèse tumorale est autre un facteur déterminant. Enfin, le rôle des embols vasculaires a été démontré dans une large série de TVEUS. L’intérêt de détecter la présence d’embols vasculaires/ 154 Marqueurs pronostiques des carcinomes urothéliaux de la voie excrétrice supérieure lymphatiques est fondamental dans plusieurs type de cancers, dont celui de la prostate et du sein. L’existence d’une maladie infra-clinique détermine le risque évolutif potentiel puisque la NUT entraîne une rémission s’il n’y a pas de métastase à distance. L’évolution métastatique est influencée par les conditions anatomiques de drainage lymphatique ou vasculaire Toutefois, seul le statut MSI est un facteur indépendant permettant de distinguer les patients de meilleur pronostic parmi ceux de moins de 71 ans, avec une tumeur T2-T3/N0/M0. Pour évaluer le pronostic des TVEUS, d’autres facteurs histologiques ont été étudiés comme les protéines p53, Ki67 et, plus récemment la survivine et la E-cadherin. Des études ont rapporté l’intérêt potentiel de la E-cadherin dans l’étude moléculaire de la survie des TVEUS. La E Cadherin est un facteur pronostique indépendant en analyse multivariée de la récidive tumorale. L’expression de Ki67 a également été associé à la récidive et à l’évolution de ces tumeurs mais de façon moins évidente que pour la E-cadherin. L’expression de Ki67 est corrélée au grade et au stade des TVEUS. L’expression de p53 a uniquement été corrélée au grade tumoral des TVEUS. La E-cadherin est un nouveau marqueur pronostique indépendant pour les TVEUS en complément du stade et de l’âge. Cette molécule est particulièrement intéressante pour identifier, au sein des TVEUS non invasives, celles qui sont susceptibles de récidiver sur un mode plus agressif. L’expression de Ki67 est contributive, mais pas significative en analyse multivariée. En revanche, la survivin, p53, p27 et MSH2 sont des protéines sans valeur pronostique apparente dans les TVEUS. L’évaluation des carcinomes urothéliaux repose, de plus en plus, sur la présence de nouveaux marqueurs biologiques. La valeur pronostique des protéines impliquées respectivement dans la régulation du cycle cellulaire (p53 et p27), les mécanismes de l’apoptose (survivin), l’adhésion intercellulaire (E-cadherin) ou la prolifération métastatique (Ki67) ont été étudiés dans les carcinomes urothéliaux, principalement de la vessie. Les protéines de choc thermique ("Heat Shock Proteins" ou HSP), plus récemment décrites, sont des molécules ubiquitaires exprimées lors de la réponse cellulaire au stress. Ces protéines sont impliquées dans trois fonctions importantes de la cancérogenèse: la régulation de l'apoptose, la modulation de la réponse immunitaire et la résistance à certains produits pharmacologiques. La protéine HSP60 (60 kilo-Dalton) a été récemment proposée comme marqueur immunohistochimique de la récidive précoce des cancers de la vessie. Les tyrosines kinases RON ("Récepteur d'Origine Nantaise") et MET font partie de la famille de prooncogènes. Il a déjà été démontré que ces récepteurs, activés par leur ligand, avaient un rôle dans l'invasion et la croissance tumorale et le processus de métastases à distance. Une étude immunohistochimique récente a été menée sur 42 patients avec une TVEUS. MET n'était pas exprimé par l'urothelium normal. Dans le tissu cancéreux, la présence de MET était significativement associée avec les caractéristiques anatomopathologiques tumorales. L'hyperexpression de MET correspondait à la survenue plus fréquente d'une invasion vasculaire (facteur d'agressivité). RON était également hyperexprimé, mais aucune association concrète avec la survie des patients ou des facteurs cliniques n'a pu être établie. Les instabilités microsatellites (MSI) ont été identifiées comme un facteur pronostique indépendant du cancer colo-rectal et la recherche de MSI est dorénavant utilisées en pratique courante par les cliniciens qui prennent en charge ces cancers. Une MSI est retrouvée dans environ 15% des TVEUS et le statut MSI semble avoir le même intérêt que dans le cancer du colon dans la prise en charge des TVEUS invasives. Pour les patients ayant une TVEUS invasive de pronostic intermédiaire (T2T3/N0M0), le statut MSI permet de distinguer des patients de bon et de mauvais pronostic. En revanche, la recherche du statut MSI ne présente pas d’intérêt pour les tumeurs très invasives (T4/N+/M+) dont le pronostic est péjoratif d’emblée. Le statut MSI et le marquage IHC de MSH2 sont utiles pour l’étude de la survie des TVEUS invasives en complément des autres facteurs pronostiques déjà validés 155 Chapitre 9 - Cancérologie Survie paroi de la voie excrétrice supérieure ont globalement un très mauvais pronostic. Les taux de survie à 5 ans atteignent 72%, lorsque la tumeur préserve la musculeuse et tombent à 31% en cas d’envahissement. La survie à 5 ans est inférieure à 50% dans les stades T2-T3 et inférieure à 10% pour les tumeurs T4 ou N+/M+ dans les plus grandes séries. La médiane de survie est de l'ordre de 97 mois en cas de stade superficiel et de 13 mois en cas d’envahissement musculaire. La médiane de survie est d'environ 67 mois pour les tumeurs de bas grade contre 14 mois en cas de lésions de haut grade. La survie spécifique à 5 ans est d'environ 40% en cas de tumeur de l'uretère contre 65% pour les localisations pyélocalicielles. L’histoire naturelle des TVEUS est différente de celle des tumeurs de vessie : 60% des tumeurs de la voie excrétrice sont/seront invasives contre seulement 15% des tumeurs du bas appareil urinaire. L’évolution locale des tumeurs pyéliques, les pousse à atteindre progressivement le parenchyme rénal. Au niveau de l’uretère, les tumeurs atteignent plus rapidement les différentes couches pariétales puis les organes avoisinants, compte-tenu de la finesse de la paroi de la voie excrétrice. La dissémination urothéliale est caractéristique des TVEUS. Elle se produit soit par contiguïté, soit par greffe à distance le long du tractus urinaire. L’apparition d’une seconde localisation, éloignée du site initial, peut correspondre à l’implantation directe de cellules desquamées sur l’urothélium, drainées par les urines et provenant de la tumeur d’origine. Cette notion de propagation antégrade a d’ailleurs poussé les chirurgiens à proposer une exérèse de principe de la portion la plus distale de l’uretère. L'envahissement ganglionnaire est précoce et fréquent. Il concerne les ganglions du hile rénal, para-aortique, latéro-cave et ilio-obturateur. L’extension métastatique s’effectue par voie hématogène et lymphatique. L’extension veineuse par le biais de la veine rénale et de la veine cave, a été décrite pour les tumeurs pyéliques, comme pour les carcinomes à cellules rénales. Les principaux sites de métastases à distance sont, respectivement, le foie, les poumons et le squelette. Les TVEUS qui infiltrent (≥ pT2) la musculeuse de la Conclusion La caractérisation des spécificités moléculaires des TVEUS est loin d'être achevée. Certains auteurs proposent aujourd'hui d'aller plus loin en distinguant deux entités, les tumeurs de l'uretère et celles des tumeurs pyélocalicielles. Le but étant de déterminer, à terme, la corrélation précise entre le génotype tumoral et le phénotype de l'individu et de lui proposer un traitement adapté au profil moléculaire spécifique de son cancer. Néanmoins, très peu d'articles sont consacrés à l'étude spécifique de la valeur pronostique de ces protéines dans les TVEUS. Par conséquent, l’utilité réelle de tous ces nouveaux marqueurs reste à établir dans la voie excrétrice urinaire supérieure. Références 1. 4. Fromont G, Rouprêt M, Amira N, Sibony M, et al. Tissue microarray analysis of the prognostic value of E-Cadherin, Ki67, p53, p27, survivin and MSH2 expression in upper urinary tract transitional cell carcinoma. Eur Urol, 48, 764-770, 2005. Comperat E, Rouprêt M, Chartier-Kastler E, et al.: Prognostic value of RON and MET and histoprognostic factors in the upper urinary tract urothelial cell carcinoma. J Urol 2008, 179:in press. 2. Rouprêt M et Cussenot O: Nouveaux concepts pour la prise en charge des carcinomes urothéliaux de la voie excrétrice supérieure. Presse Med, 34, 601-607, 2005. 5. van der Poel HG, Antonini N, van Tinteren H, Horenblas S. Upper Urinary Tract Cancer: Location is Correlated with Prognosis. Eur Urol; 48: 438-44, 2005. 3. Rouprêt M, Fromont G, Azzouzi AR, Catto JW, et al. Microsatellite instability as predictor of survival in invasive upper urinary tract transitional cell carcinoma. Urology, 65, 6, 1233-1237, 2005. 156 Thérapeutiques ciblées dans le traitement du cancer du rein métastatique Thérapeutiques ciblées dans le traitement du cancer du rein métastatique Frédéric Thibault, Olivier Rixe Service d’Urologie Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière, Université Pierre et Marie Curie, Paris Le traitement des formes métastatiques du cancer du rein reposait il y a peu de temps encore sur l’immunothérapie utilisant l’IL2 ou l’INF-a seules ou en association. Ce traitement s’il permettait parfois une rémission complète, était le plus souvent difficilement toléré et permettait d’obtenir un taux de réponse global faible de l’ordre de 8%. un meilleur taux de réponse objective (33%) pour les patients sous Bevacizumab et INF- a. Le Temsirolimus, bien connu des urologues depuis 1999 pour son utilisation comme traitement immunosuppresseur a également été évalué dans les formes métastatiques de mauvais pronostic de cancers du rein au cours d’un essai de phase III comparant Temsirolimus à INF-a seul et à l’association INF-a et Temsirolimus. Les résultats montrent un gain en terme de survie globale et de survie sans progression en faveur des patients qui ont reçu le Temsirolimus seul. [2] Des progrès récents dans la compréhension des mécanismes biologiques du cancer du rein métastasé ont permis d’identifier l’angiogénèse tumorale et son médiateur principal, le VEGF, comme des cibles thérapeutiques possibles. Ainsi plusieurs inhibiteurs spécifiques de l’angiogénèse Les toxicités observées de ces différents traiteont été développés et testé chez des patients ments sont résumées dans le tableau suivant : présentant un cancer du rein métastasé. Ces molécules ont montré une activité anti tumorale remarquable et un réel bénéfice Toxicité Sunitinib Bevacizumab Temsirolimus clinique. [3] [4] [5] Un essai randomisé international de phase III a ainsi comparé l'efficacité et la sûreté du Sunitinib à l’IFN-a en première ligne chez des patients présentant un cancer du rein localement avancé ou métastatique. Les résultats montrent une amélioration statistiquement significative de la survie sans progression et un meilleur taux de réponse objective (37%) pour les patients sous Sunitinib. [1] Cutanée Diarrhée HTA Fatigue Stomatite Thrombocytopénie Neutropénie ++ + ++ +++ ++ ++ ++ + - + + + + + Ces nouvelles molécules amènent à repenser la stratégie de prise en charge des patients présentant un cancer du rein métastasé mais de nombreuses questions demeurent. Ainsi, ces traitements permettent un important taux de réponse objective mais permettent-ils des réponses Les résultas d’un essai de phase III ayant comparé l’INF-a et Bevacizumab à l’INF-a et placebo ont été présentés au congrès de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology) 2007. Ces résultats montrent 157 Chapitre 9 - Cancérologie complètes voire des guérisons ? L’association de ces traitements qui utilisent des voies différentes de signalisation est-il possible voire bénéfique et inversement, existe-t-il des résistances croisées à ces traitements ? Enfin, devant la forte efficacité de ces traitements en phase métastatique peut-on attendre un bénéfice de ces molécules en phase néo adjuvante ou adjuvante dans les formes localement avancées ou à haut risque. De nombreuses études sont en cours pour répondre à ces questions. Références 1. 4. Yang JC, Haworth L, Sherry RM, Hwu P, Schwartzentruber DJ, Topalian SL, Steinberg SM, Chen HX and Rosenberg SA: A randomized trial of bevacizumab, an anti-vascular endothelial growth factor antibody, for metastatic renal cancer. N Engl J Med. 349: 42734, 2003. Motzer RJ, Hutson TE, Tomczak P, Michaelson MD, Bukowski RM, Rixe O, Oudard S, Negrier S, Szczylik C, Kim ST et al.: Sunitinib versus interferon alfa in metastatic renal-cell carcinoma. N Engl J Med. 356: 115-24, 2007. 2. Hudes G, Carducci M, Tomczak P, Dutcher J, Figlin R, Kapoor A, Staroslawska E, Sosman J, McDermott D, Bodrogi I et al.: Temsirolimus, interferon alfa, or both for advanced renal-cell carcinoma. N Engl J Med. 356: 2271-81, 2007. 5. Motzer RJ, Hudes GR, Curti BD, McDermott DF, Escudier BJ, Negrier S, Duclos B, Moore L, O'Toole T, Boni JP et al.: Phase I/II trial of temsirolimus combined with interferon alfa for advanced renal cell carcinoma. J Clin Oncol. 25: 3958-64, 2007. 3. Motzer RJ, Rini BI, Bukowski RM, Curti BD, George DJ, Hudes GR, Redman BG, Margolin KA, Merchan JR, Wilding G et al.: Sunitinib in patients with metastatic renal cell carcinoma. Jama. 295: 2516-24, 2006. 158 Index Index Nom Page AAbou C.C. Antoine C. Audard V. Bart S. Basdevant A. Bastien L. Baumelou A. Bazin D. Berrada El Azizi M. Bitker M.O. Blancho G. Boccon-Gibod L. Bordenave M. Bouet J. Bourry E. Briffa D. Camparo P. Canaud B. Chartier-Kastler E. Chauveau D. Chenine L. Ciangura C. Compérat E. Correas J.M. Cussenot O. de la Taille A. de Preneuf H. Deligne E. Deray G. Dupuy C.A. 138 64 89 145 145 134 99 50 41 153 60 138 150 41 8 54 150 30 145 111 30 145 135, 148, 154 76 135, 154 134, 138 54 150 8, 21, 118, 124 54 Durand X. Dussol B. Esnault V.L.M. Faguer S. Fréguin C. Fumeron C. Gaudry E. Godin M. Grimbert P. Guitard J. Hacini S. Haddj-Elmrabet A. Haese A. Hannedouche T. Hanoy M. Hélénon O. Henriet-Viprey D. Houillier P. Houlgatte A. Huart A. Huland H. Islam M.S. Isnard-Bagnis C. Issad B. Janus N. Jean G. Joly D. Joyeux V. Karie S. Khairoune A. Krummel T. Lang P. 159 150 84 14 111 96 54 134 96 89 111 8 41 138 50 96 76 30 122 150 111 138 14 21, 70 21, 124 118 105 76 41 118 76 50 89 Launay-Vacher V. Le Pogamp P. Le Roy F. Ledneva E. Leray-Moraguès H. Lortic P. Mader B. Marberger M. Massy Z.A. Matignon M. Méjean A. Mercadal L. Mulders P. Ouezzani L. Petitclerc T. Petitjean P. Potier J. Remy P. Richard F. Rixe O. Robert J. Roupret M. Rouquie D. Schalken J. Servais A. Soulis F. Stenzl A. Tenaillon A. Thibault F. Tostivint I. Van Poppel H. Venditto M. 118 41 96 118 30 134 76 138 116 89 76 8, 21, 46 138 111 46, 54 50 36, 41 89 145 157 21 135, 154 150 138 21 96 138 64 145, 157 142 138 8, 21 UNIVERSITÉ PARIS VI FACULTÉ DE MÉDECINE PITIÉ-SALPÊTRIÈRE www.sun-pitie.com code barres Séminaires d’Uro-Néphrologie 2008 34 Séminaires d’Uro-Néphrologie XXXIVe Série - 2008 Publiés sous la direction de François Richard & Gilbert Deray