Le retro-gaming : Qu`est-ce-que c`est ? Par Laurent, avec l`aide des

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Le retro-gaming : Qu`est-ce-que c`est ? Par Laurent, avec l`aide des
Grospixels
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Le retro-gaming :
Qu'est-ce-que
c'est ?
Par Laurent, avec l'aide des membres du forum (Juin
2003)
Ce dossier pourra être utile au nouvel arrivant, peu familier du
terme retro-gaming, mais il peut aussi être l’occasion pour les
habitués de faire le point sur les différents aspects de leur
passion. Aussi, nous avons recueilli les témoignages des
grospixeliens, qui seront intercalés tout au long de l’article.
Nous leur avons également demandé de citer leurs 5 jeux rétro
préférés, dont des captures d’écran serviront d’illustration.
Partant de l'idée que "communauté" n'est pas forcement
synonyme de "pensée unique", cet article contient des
interventions qui reflètent parfois des opinions contradictoires
ou sujettes à discussion. Il pourra être remanié si d'autres
points de vue intéressants nous parviennent.
Les Anglo-Saxons ont le chic pour résumer tout un univers en une
expression générique. Cette capacité de synthèse appliquée au
langage est fascinante, et rend les anglicismes bien difficiles à éviter.
L’expression « retro-gaming », afin qu’on puisse l’utiliser librement,
mérite qu’on en explore toute la signification, car elle ne désigne pas
un simple violon d’ingre, mais une approche très particulière des jeux
vidéo.
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Le retro-gamer : Une espèce en voie de
matérialisation
Le retro-gaming consiste à la base à se passionner pour les jeux
vidéo anciens, considérés comme rétro (nous verrons plus loin quelles
sont les limites de ce terme). Notons tout d’abord que l’Internet a
toujours joué un rôle décisif dans le phénomène retro-gaming, en
tant qu’outil de communication mais aussi pour se transmettre une
partie de la matière première, à savoir les jeux anciens, grâce à
l’émulation. Nous ne reviendrons pas sur ce qu’est l’émulation (voir le
lexique si vous ne savez pas vraiment ce que c’est), mais il faut
savoir qu’elle trouve toute sa légitimité dans le cadre du retrogaming.
A l’heure où ces lignes sont écrites, les éditeurs de jeu vidéo et la
presse commencent à s’intéresser de près au retro-gaming, lui
permettant du même coup de quitter les contrées impersonnelles et
gratuites de l’Internet. Le retro-gaming n’est plus considéré comme
une simple tendance nostalgique. Il fait partie intégrante des genres
que certains acteurs prestigieux du marché considèrent comme
porteurs. Il est donc devenu une donnée commerciale. Mais avant de
vendre du retro-gaming, il s’agit de comprendre exactement de quoi il
s’agit, et en toute honnêteté, certains spécialistes en marketing ont
des progrès à faire sur ce point.
(cliquez sur l'image pour l'agrandir dans une nouvelle fenêtre)
Cette publicité pour le remake modernisé de Defender (sur Playstation
2 et GBA, les deux consoles qui accueillent le plus de réactualisations
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de ce type) nous montre comment les éditeurs tentent de cerner le
retro-gamer pour mieux l'appater. Plusieurs clichés sont ici visibles : A
gauche, les joueurs de 1982 portent les cheveux longs, mais
s'habillent un peu "coincé" (cravate, chemise bien repassée). Les
joueurs de 2002 sont beaucoup plus branchés, et ils ne jouent
qu'entre copains (même quand le jeu est exclusivement solo, comme
celui-ci), bière et pop-corn à portée de la main. La sortie de ce jeu
entre dans une tentative de récupération commerciale d'un
phénomène né chez les joueurs et dans la gratuité. Le fait que ces
jeux soient vendus au prix fort indique que les éditeurs sont sûrs de
leur coup.
Les différentes catégories de retro-gamers
La fréquentation assidue du milieu retro-gaming permet de définir
certains courants. Les retro-gamers, s’ils sont tous d’accord sur un
point, à savoir leur attirance pour les jeux anciens, ne voient pas
forcement tous les choses de la même façon. Voyons quels sont les
types de comportement ou d’individus qu’on rencontre le plus
souvent, et qui ne sont pas incompatibles (beaucoup de retro-gamers
se reconnaîtront dans plusieurs de ces définitions, qui sont voulues
exemptes de toute péjoration gratuite).
Le passéiste
Il existe des retro-gamers qui se révèlent, même s’ils s’en défendent
parfois, incapables de porter un jugement positif sur les jeux récent,
quand il ne les ignorent pas carrément. Ils ont en eux la conviction
profonde qu’en matière de jeu vidéo tout était mieux avant.
Il serait trop facile de considérer ces joueurs comme des
conservateurs bornés et rejeter leur argumentation, qui n’est pas
dénuée de fondement. Il suffit par exemple de jeter un coup d’oeil
aux listings de tests de tous les sites rétro pour s’apercevoir que par
le passé, les jeux vidéo étaient plus variés, et souvent plus audacieux
dans leur concept, pour des raisons tenant à la quantité de consoles
et micro-ordinateurs en vente simultanément, et au fait que le
marché des jeux vidéo, moins axé sur le grand public, brassait moins
d’argent et n’avait pas les allures de jungle économique qui sont les
siennes aujourd’hui. Les développeurs, dont le travail était moins
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coûteux pour les éditeurs, pouvaient se permettre plus de choses sur
une gamme de machines plus étendue, et ne s’en privaient pas.
Zulios : J'aurais du mal à dire ce qui m'attire véritablement dans le
rétro gaming, c'est une foule de choses. Je crois que j'y suis resté
scotché à cause du passage à la 3D, à partir de ce moment les jeux
ne m'ont plus tellement attiré. Ce qui m'y plaisait c'était vraiment ce
côté dessin animé interactif, et les délires parfois poussés des
créateurs. Plus on remonte loin dans le temps, plus la création de
jeux étaient ouverts à tous et plus on peut trouver de jeux originaux,
qui seraient inéditables aujourd'hui car pas assez rentables. J'aime
bien aussi ce côté "fait à la maison avec les moyens du bord" qui
ressort parfois, et le fait que si on demande à un retro-gamer 3 bons
jeux rétros chacun aura sa propre opinion et ses arguments. Le rétro
gaming est quelque chose de subjectif selon moi, il commence la où
nos souvenirs personnels à ce sujet remontent.
LVD : comme Zulios, il y a eu le probleme du passage a la 3d, que
je n'ai jamais aimée pour de pures raisons esthétiques (meme si
depuis Soulcalibur ou DOA3, j'ai revisé mon jugement la-dessus, mais
bon, ca date de l'an passé !). Moi aussi, je recherchais beaucoup plus
un côté dessin animé. Ensuite, un amour total et immoderé pour la
Super Famicom, dont j'ai continué a suivre l'actualité jusqu'au dernier
jeu sorti (en 2001 si ma mémoire est bonne), et que j'ai toujours
bien plus pratiquée que les PS et Saturn, que je possédais egalement.
En fait, pour être franc, la PS n'a presque jamais tourné a la maison,
excepté Street EX et Super Robot Taisen Complete Box (qui étaient
des remakes de jeux SFC !).
Un gameplay parfois très simple, je saute (Mario) ou je saute-je
frappe (Castlevania) mais efficace, qui correspond davantage a ce que
je recherche. Je n'aime pas manipuler quatre-mille boutons a la fois.
Si j'excepte la baston, 4 boutons pour un jeu me semblent
LARGEMENT suffisants. Il y a évidemment un côté nostalgique
indéniable. Enfin, comme on le repète souvent ici, la qualité d'un jeu
n'est pas proportionnelle a son âge. Je m'eclate toujours autant sur
Mario, Double Dragon 2, ou Zelda 1, meme 15 ans apres.
Par ailleurs, les jeux vidéo commercialisés couvraient auparavant des
genres qui désormais sont relégués dans le domaine public ou semipublic (shareware), comme les jeux de société, les jeux de réflexion,
de cartes, les wargames et même les jeux d’échec qui sont dix fois
moins nombreux à être édités aujourd’hui qu’il y a 7 ou 8 ans. Sans
oublier la 2d, bien sûr ! Des genres issus à 100% de la créativité
vidéo-ludique des années 70-80, comme les jeux d’aventure
graphiques, les shoot’em’ups, les beat’em’up et autres jeux de
combats voient leur représentation en titres 2d de plus en plus
réduite à une portion congrue, mal distribuée (souvent non importée
lorsqu’il s’agit de jeux japonais), peu soutenue par les éditeurs et vue
d’un oeil condescendant par une part non négligeable de la critique
spécialisée. Il est clair que la 2d est systématiquement assimilée au
style rétro, ce qui n'est pas forcément justifié. Toutes ces raisons, qui
font qu’on peut légitimement considérer que les jeux vidéo sont
menacés de tomber dans une sorte d’entonnoir créatif, ont poussé
certains joueurs à se réfugier dans l’adoration exclusive du passé.
Cette démarche est paradoxale sur plus d’un point. Quand commence
le passé ? Au bout de combien de temps ce qui est actuel fait-il
partie du passé, et sa valeur change-t-elle pour autant ?
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Gamerphil : Je ne vois pas forçément de limite entre retro-gaming et
modern-gaming. Je pense que ça dépend aussi du jeu auquel on
joue. Tout ce qui est en 2D pourrait être considéré comme rétro. On
pourrait ainsi dire que Ikaruga, c'est du retro-gaming, puisque c'est
un shoot à la jouabilité 2D, avec un concept "old-school", en fait.
Même chose pour le dernier Contra sur PS2, dont la réalisation est
"moderne", alors que le principe de jeu n'a pas changé d'un iota
depuis le premier épisode en 1986 (si je me souviens bien de la
date). Il n'y a donc pas de limite précise au retro-gaming !
Phil : Il faut être lucide, depuis que quelques compagnies ont décidé
de faire dans le jeu vidéo pour des raisons financières, celles-ci ont
rapidement pris la place de celles qui en faisaient pour des raisons
passionnelle. Aujourd'hui (2003), le marché des JV est pressé comme
un citron, et tant qu'il en restera une goutte à tirer, il n'y a aucune
raison que la situation s'améliore, mais je ne suis pas inquiet, une
fois qu'il n'y aura plus d'argent à gagner, le ménage va se faire tout
seul, et je pense que la créativité sera de nouveau de mise, au
travers des gens qui ont toujours été passionnés.
Bien souvent, les retro-gamers se réfugient dans la subjectivité
lorsqu'on les interroge sur leur passéisme, et une partie d’entre eux
placent la frontière entre rétro et actuel au milieu des années 90. Il
est vrai que c’est là une période charnière, avec le passage de Sony
dans le clan des fabricants de consoles, où les jeux vidéo sont entrés
dans leur phase de conquête acharnée du grand public. C’est aussi
l’époque du retrait de certains acteurs (3DO, Atari, NEC, Phillips), du
regroupement partiel de certains autres sous la bannière Playstation
(Konami, Namco, Capcom, Psygnosis), de la mise en veille
commerciale de tous les micro-ordinateurs appréciés des joueurs au
profit du PC, de la disparition d’une foule de développeurs et studios
qui avaient excellé sur ST et Amiga, de l’explosion du jeu en 3d en
tant que fossoyeur d’une certaine culture vidéo-ludique, et d’un
passage à vide notable pour Sega, Nintendo (autrefois détenteur de
90% des parts de marché, une position encore plus dominante que
celle de Sony aujourd'hui) et SNK. Ce fut une véritable série noire
pour ceux qui voyaient dans la pluralité le salut des jeux vidéo, et
certains en ont stoppé net l’horloge de leur passion.
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Ikari : Pour moi, le retro-gaming n'existe pas. C'est juste que, quand
un jeu est bon, j'y joue. Il se trouve que j'ai découvert beaucoup de
bons jeux sur Amstrad CPC parce que jusqu'en 1994-95 environ, c'est
la seule machine que j'avais (j'ai eu un 286 CGA écran vert, après).
J'étais fier de voir la qualité des jeux qu'on arrivait à sortir sur cette
machine à l'heure du 16-bits. J'étais capable de juger le talent des
programmeurs et graphistes car je connaissais bien les limites de
ladite machine. De ce fait, jusqu'en 1995-1996, je jouais (et
programmais) encore sur mon Amstrad CPC 6128, après quoi il est
tombé en panne (lecteur disquette). De plus, c'est sur Amstrad que
j'ai découvert tous ces jeux qui ont une âme. Des oeuvres d'art qui
ne ressemblent pas à du cinéma, mais bien à un jeu au concept
simple, à la maniabilité infaillible, aux graphismes simples mais
optimisés et aux mélodies toujours simples mais inoubliables. En fait,
c'est le PC 486 avec son Doom et ses autres merveilles qui m'ont fait
"oublier" un court instant les jeux Amstrad, mais j'ai très vite eu
envie d'essayer CPC-Emu, avec mes propres ROMS (transférées
directement depuis mon CPC vers le PC). J'ai du attendre d'avoir un
accès internet à la maison pour pouvoir jouer à tous les jeux que je
possédais déjà sur mon CPC.
CHAZumaru : Je joue aux jeux d'à peu près toutes les époques
jusqu'à la première (en remontant vers le passé) qui me fut vraiment
contemporaine, c'est à dire ST / Amiga / Dos / MSX / consoles jap 8bit. Les jeux plus vieux que cela, j'avoue n'y jouer que par curiosité,
quand je ne connais pas un titre. La plupart ont de toutes façons été
refaits ou repompés sur les machines de "ma" période. Le premier jeu
auquel j'ai joué (dont je ne me souviens ni du nom ni de la machine,
juste de l'expérience) était un jeu en 8 couleurs avec cassette se
chargeant pendant des plombes. C'est cela qui me permet je pense
de relativiser quand je découvre aujourd'hui un jeu Master System et
que je dois composer avec ses graphismes ou sa maniabilité, jeu que
la génération "actuelle" peut moins facilement appréhender (et je la
comprend).
Zefy : La 3D était prometteuse du temps de Doom et System shock,
hélas la montée en puissance des PC, la faillite de Commodore et
d'Atari du côté des ordis, l'arrivée de Sony et sa précipitation dans le
tout 3D et l'épate technologique qu'il en résulte (aussi surfaite soitelle, d'infâmes cubes 3D aux déplacements hasardeux) dans le milieu
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des consoles dominés alors par de vrais créateurs imbattables sur le
terrain de la 2D, ont profondément bouleversé le paysage
vidéoludique et m'ont profondément écoeuré.
Dorénavant les développeurs passionnés ne feront plus de jeux pour
des éditeurs dont la production est calibrée pour des joueurs
passionnés. A présent règnent le grand public, le grand spectacle
avant tout, des jeux faits spécialement pour ces gens qui crachaient
sur le jeu vidéo quelques années auparavant et qui sont venus polluer
la communauté vidéoludique à partir du moment où les jeux ne
demandaient plus d'imagination pour que l'on puisse s'y immerger.
Des millions dépensés, des Go disponibles, des graphismes fin et
précis, des manettes analogiques toutes faites de finesse
technologique tout ça pour des pseudo-jeux à la jouabilité douteuse
du fait d'une caméra bourrée, quelques rares idées diluées dans un
grand monde 3D obligeant à de sempiternels allers-retours (la soidisante liberté de la 3D). Restait dans cette âge sombre la Saturn et
la Dreamcast sur lesquels on pouvait voir des réminiscences de l'âge
d'or, malgré cela et malgré le respect que j'ai pour ces machines elles
ne font pas parti pour moi du retro-gaming, comme toutes les
machines à venir et à mourir commercialement. Le retro-gaming
s'arrête donc pour moi aux 16 bits. L'ambiance du milieu n'est plus la
même non plus, je ne me sens pas du tout sur la même longueur
d'ondes que les nouveaux venus. Avant on parlait de rivalité
Nintendo/Sega, Amiga/Atari, micro/consoles, mais reste que passée la
longue tirade à montrer la supériorité de sa machine pour déstabiliser
l'adversaire, on en venait à lui poser pleins de question sur sa
ludothèque. Le contact était facile et agréable car il n'y avait pas de
notion de gamer, hardcore gamer, retro-gamer, on était des joueurs
s'amusant sur des jeux créés pour nous par des développeurs qui
prenaient du plaisir à les faire. Il y avait une multitude de standards
mais on était unis par une vision commune du jeu vidéo.
Cepandant, même s'il est de fait que les retro-gamers n'ont pas tous
bien digéré le passage au "tout 3d" qui coïncide avec l'arrivée de
Sony sur le marché, il ne faut pas en déduire pour autant qu'ils sont
tous réfractaires à la Playstation et la génération de machines qu'elle
représente. D'ailleurs les autres consoles sorties à son époque sont
pratiquement toutes conçues de façon similaire, mais le fait qu'elles
aient eu moins de succès leur épargne le statut symbolique de la
console de Sony. Il faut aussi se dire qu'avec près de dix ans de
carrière derrière elle et une foule de jeux dont le prix à chuté avec le
temps, la Playstation peut aussi passer pour une console rétro, ou par
laquelle on s'initie au rétro. D'ailleurs, sa petite soeur la PS2 compte
à son catalogue beaucoup de jeux typés retro-gaming qui ne sont pas
adaptés sur les consoles concurrentes dont la ludothèque accorde peu
d'espace à la 2d.
Twipol : Je pense que la première étape qui m'a fait me pencher sur
les anciens jeux, c'est d'avoir vécu en hard-core gamer l'âge d'or de
la Playstation première du nom, que j'ai acquis en octobre 95 et
possède toujours. Ca peut surprendre, mais la raison est simple. N'en
déplaise à certains, cette machine s'est rapidement mise à accumuler
les excellents jeux à un rythme effreiné. Je jouais beaucoup à cette
époque mais je n'ai jamais été un "geek" comme on dit par ici, et
mes possibilités budgétaires n'étaient pas non plus infinies, je ne
pouvais donc pas jouer à tout, et j'ai laissé passer pas mal de jeux
imortants. Je ne devais pas être le seul dans ce cas, Sony ayant
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apparemment flairé le coup avec sa gamme Platinum, qui proposait
des "anciens" hits à environ 150 francs. Et d'un seul coup m'est
apparue l'idée que jouer à ancien jeu n'était pas forcément une perte
de temps. En effet, l'habitude de lire la presse spécialisée a tendance
à ne vous faire raisonner qu'en termes de nouveautés. Je me suis
donc mis à jouer à d'excellents jeux un an, deux ans, voire trois ans
après leur sortie sans me sentir frustré de ne pas être au fait de
l'actualité de la PS, ce qui paraît tout bête avec le recul, mais qui
n'était pas une évidence jusque là. Dans le désordre, Final Fantasy
VII, L'Odyssée et l'Exode d'Abe, Rayman, Tomb Raider 1 puis 2,
Resident Evil (les 3), Tenchu ou Bushido Blade font partie des perles
que j'ai découvertes au moins un an après leur sortie pour maximum
150 francs pièce (moins la somme de ce que je revendais à chaque
fois).
Il m'est même arrivé de racheter Soul Blade, que je ne possédais
plus, bien après sa sortie, parce que j'avais vraiment envie d'y
rejouer. Voilà, ce n'était pas encore vraiment du retro-gaming, mais
c'est probablement par là que j'y suis venu, puisque ça m'a fait
accepter l'idée qu'un jeu existait encore après un an d'existence !
Mine de rien, je m'y suis attaché à ma vieille Play. C'est un peu
devenu l'objet culte d'une génération d'étudiants que je vais très
bientôt quitter. Toute une époque qui s'achève déjà trop vite pour
moi. La vieille Play, cette bougresse qu'on retourne dans tous les sens
(euh...) pour la faire fonctionner correctemment. Cette vieille coque
grise adossée à un flanc de la petite télé d'une étroite chambre
d'étudiant enfumée, le bruit de fond d'une partie d'ISS Pro ou d'un
jeu de baston, comme une discrète musique d'ambiance qui
accompagne les discussions environnantes... L'odeur de la pizza qui
cuit (dans le four que le règlement intérieur interdit, mais que tout le
monde a), une copine qui passe, se moque tendrement des gaillards
faisant mumuse avant de s'essayer, hilare, au maniment d'un
personnage de Tekken... Les jeux, cartes mémoires, manettes, câbles
péritel voire parfois consoles elles-mêmes qui circulaient sans qu'on
ne se préoccupe plus vraiment de quoi appartenait à qui... La vieille
Play à l'envers qui nous dépannait avec ses sorties RCA quand la
platine CD de la chaîne rendait l'âme. D'ailleurs, chez moi, ça marche
encore comme ainsi, ça fait trois ans que je dois réparer ma chaîne,
mais finalement c'est bien comme ça. Et je crois bien que la
prochaine fois qu'un bout de pizza tombera dessus, je le laisserai. Et
pour tout ça, ça m'exaspère, cette tendance hype genre "je suis un
puriste, un vrai gamer" qui tend à descendre cette machine en
flamme parce qu'elle a été populaire et fabriquée par Sony. Bref
(c'était la séquence émotion), je garde précieusement cette bonne
vieille coque grise, tout comme mes WipEout, et au moins un ISS
Pro.
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L’expérience prouve aussi qu’il existe des retro-gamers passéistes
dont la vision est assez restrictive, ne s’intéressant qu’à la période
précédant la montée en puissance commerciale de la NES et le "vidéo
game crash" (1984-85). Les américains désignent cette branche du
retro-gaming par le terme de « classic-gaming », et en sont les plus
fervents adeptes, ce qui est logique puisque la période qu'il couvre est
celle où leur pays régnait sur les jeux vidéo, les Japonais n'étant
encore que sur le point de prendre le train en marche. Il existe des
sites web américains très importants, qui attirent des milliers de
visiteurs quotidiemment et font un travail journalistique professionnel,
mais sur le net francophone l’expérience prouve que ce genre de site
n’obtient qu’un succès limité, les retro-gamers français étant plus
volontiers attirés par la période 85 - 95.
CHAZumaru : Je joue aux jeux d'à peu près toutes les époques
jusqu'à la première (en remontant dans le passé) qui me fut vraiment
contemporaine, c'est à dire ST / Amiga / Dos / MSX / consoles jap 8bit. Les jeux plus vieux que cela j'avoue n'y jouer que par curiosité,
quand je ne connais pas un titre. La plupart ont de toutes façons été
refaits ou repompés sur les machines de "ma" période. Le premier jeu
auquel j'ai joué (dont je ne me souviens ni du nom ni de la machine,
juste de l'expérience) était un jeu en 8 couleurs avec cassette se
chargeant pendant des plombes. C'est cela qui me permet je
penpense de relativiser quand je découvre aujourd'hui un jeu Master
System et que je dois composer avec ses graphismes ou sa
maniabilité, jeu que la génération "actuelle" peut moins facilement
appréhender (et je la comprend).
Il existe toute de même des classic-gamers bien de chez nous, des
gens qui ont souvent démarré sur des Pong-clones et des consoles
comme la VCS et l'Intellivision et n'ont pas oublié de quelle manière
ces machines ont fait découvrir les jeux vidéo aux Européens, avant
de céder la place aux micro-ordinateurs 8-bits et l'explosion créative
qu'ils ont permise. Ces années (82 - 86) ou le jeu vidéo
s'épanouissait sur des machines comme le C64, le Spectrum, l'Oric, le
MSX ou l'Amstrad CPC ne marquent pas seulement l'avènement de la
micro-informatique familiale. C'est aussi (et avant tout, diront
certains retro-gamers) l'époque où les jeux vidéo se sont affranchis
de certaines limites, sont devenus plus ambitieux, riches et
imaginatifs. Une période charnière qui précède de peu la main-mise
progressive des créateurs japonais sur bon nombre de genres vidéoludiques, et qui constitue les fondations de tout (ou presque) ce qui
s'est bâti par la suite.
Hélas, bien des noms prestigieux de l'époque sont aujourd'hui tombés
en désuétude, incapables de trouver une place dans la production
moderne. Les Raffaele Cecco, Bitmap Brothers, Steve Bak, Pete Lyon,
David Whittaker et autres Rémi Herbulot ont pour la plupart laissé
tomber les jeux vidéo ou végètent dans des projets sans envergure.
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Atari Frog : Bien qu'ayant possédé (ou possédant encore) quelques
machines plus modernes, c'est vraiment l'ère des premières consoles
(VCS, Coleco, IntelliVision..) et des ordinateurs 8-bits (Atari, C64,
Apple, Spectrum, MSX...) qui m'attire, avec toujours en toile de fond
ce sentiment de faire partie d'une certaine histoire. C'est à cette
période que tout a véritablement commencé et ça marque à vie,
même si, en parallèle, je me suis aussi régalé pendant des années
sur Game Boy ou Megadrive par exemple.
En conclusion, disons donc que je consacre 90% de ma pause
retrogaming à ce qui se situe avant 1985... Ensuite, il y a quelques
coups de coeur sur d'assez nombreuses machines (dont le PC) mais
c'est surtout le temps qui me manque pour me plonger dans des jeux
plus complexes.
Le retrogaming, selon moi, commence aux origines grand public du
jeu vidéo, donc avec la VCS et l'Apple ][. Par contre, il ne peut pas
aller plus loin que la fin de l'ère des 16-bits (ordinateurs et consoles).
J'ai même parfois du mal à me dire que la SNES est rétro (elle, une
gamine de douze ans...) alors que l'Atari 800 a été conçu il y a vingtcinq ans !
Tout cela nous prouve que la notion de rétro, en matière de jeu
vidéo, peut couvrir des époques différentes et revêtir plusieurs
aspects bien distincts, qui peuvent être parfois difficiles à concilier. En
réalité, la tendance au passéisme qui caractérise certains retrogamers est surtout provoqué par leur passion, leur joie ou leur
désarroi face à certains des évènements qui ont fait l'histoire récente
des jeux vidéo.
Yoshi : Le retro-gaming, ce n'est pas un besoin de vieux jeux mais
un besoin de jeux tout court. Je ne peux pas ne pas jouer à des jeux
récents. Les "vieux" jeux et les jeux récents sont indissociables. Le
jeu d'aujourd'hui est le retro-gaming de demain.
Le collectionneur
Seb a bien du mal à tout montrer en une seule photo
La majeure partie des retro-gamers joue aux jeux rétro,
sérieusement, passionnément, et ne se contente pas d’en parler ou
d’y repenser avec plaisir. Néanmoins, on en rencontre qui occupent
l’essentiel du temps consacré à leur passion par la fréquentation
assidue des brocantes, vide greniers, marchés aux puces, voire même
des boutiques de troc. Les sites de ventes aux enchères de particulier
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à particulier font partie de leur tour d’horizon quotidien sur le web, et
le retro-gaming, en plus d’être une passion, est aussi pour eux un
budget à gérer, parfois tant bien que mal (sans parler des problèmes
d’encombrement qui peuvent être un sérieux frein).
Atari Frog : Ma collectionnite se pratiquant sur un seul système
(ordinateurs Atari 8-bits), le décompte des programmes originaux est
assez vite fait : environ 200 cartouches et quelque 500 cassettes et
disquettes (mais je ne joue régulièrement qu'à une trentaine de ces
titres, pas plus). Après, il y a les centaines de jeux copiés et "images"
de disquettes. Pour le reste, j'ai une Atari 7800 qui me sert surtout à
jouer à la dizaine de cartouches VCS que je possède et un C64 (des
tonnes de disquettes mais aucun original). Malheureusement, plus
aucune console 16-bits, seulement une PS2 et une Dreamcast. Je n'ai
aucun "full set", me contentant de télécharger ce qui me plaît ou ce
que j'ai envie de découvrir et je fais le tri après coup... Au niveau des
dépenses retrogaming, j'ai eu des périodes assez folles. Aujourd'hui,
surtout à cause de ma situation
financière plus précaire, ça ne dépasse jamais €50 par mois. J'ai
tendance à me concentrer un peu plus sur la collection de certains
magazines à l'heure actuelle. Mes fournisseurs de came(lote) ? EBay,
des contacts ou des revendeurs spécialisés.
Gamerphil : Concernant le matériel et les jeux auxquels je joue,
comme je l'ai dit, je n'ai malheureusement pas les moyens de
collectionner tout ce que je voudrais. Pour autant, je possède tout de
même 16 machines en tout (dont quatre récentes) et environ 250
jeux originaux, que je garderai toujours, et auxquels je joue encore.
Je possède plus de jeux sur émulateur, c'est logique. J'en utilise cinq,
mais je possède dans les 4000 ROMs... Je sais c'est pas bien !
Ces retro-gamers collectionneurs ont en commun une fascination pour
le jeu rétro en tant qu’objet. Bien sûr, ils jouent aussi, même si
souvent le nombre de jeux acquis leur rend impossible l’exploration
exhaustive de tous, mais rien ne leur procure autant de plaisir que de
voir la partie de leur domicile qu’ils consacrent à leur passion toujours
plus remplie et colorée.
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Grospixels
064/03/Sunday 20h17
Une partie de la collection de vovo
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