art religion pouvoir

Transcription

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Une
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mu
au
ugo
•
2012
2013
En septembre 2012, quand le projet avec le lycée Victor Hugo prend vie, les objets des
expositions sont encore dans leurs caisses, les murs du MuCEM tout juste dressés. À partir
d’une sélection d’œuvres et d’objets destinés à être exposés dans la Galerie de la Méditerranée
du MuCEM, un groupe d’élèves de première en option histoire des arts a construit une
médiation destinée à des collégiens. L’objectif de cette expérience pédagogique était de créer
une médiation pertinente par des lycéens, qui découvraient un musée de civilisations encore
en gestation. L’enjeu était donc de taille, et c’est avec brio qu’ils ont réussi à s’approprier
les œuvres, prendre progressivement confiance dans leur prise de parole et instaurer un réel
échange avec les collégiens qui constituaient leur public. Les musées, de manière générale,
sont bien souvent boudés par les adolescents ; avec ce projet, le MuCEM fut pour eux un
terrain d’expérimentation et de réflexion. L’année scolaire se conclut pour tous les acteurs
par un sentiment de fierté. Le MuCEM remercie tous les élèves pour leur investissement, et le
lycée Victor Hugo pour sa confiance dans la réalisation de ce projet aussi simple qu’ambitieux.
Cécile Dumoulin, responsable du Département des Publics au MuCEM
L’accès à la culture comme ouverture sur le monde et comme moyen d’épanouissement
personnel pour nos élèves constitue un axe important de notre projet d’établissement. La
construction de leur citoyenneté passe également par cette appropriation de leur patrimoine
régional. Enseignants et élèves des options d’histoire des arts mènent depuis plusieurs
années une expérience pédagogique innovante avec les services de médiation des structures
culturelles.
Cette année, le MuCEM, leur a fait l’honneur d’être leur terrain d’expérimentation.
Je remercie les élèves des classes de première qui se sont engagés dans ce projet et ont
réussi leur pari : avoir contribué, avec détermination, aux évènements d’ouverture au public
du MuCEM. Je salue également l’équipe du MuCEM qui a permis que cette expérience
pédagogique originale ait lieu, permettant ainsi à nos élèves d’approcher les œuvres et les
métiers du patrimoine qui leur sont attachés.
Ce faisant, humblement et ensemble, vous avez créé un rite de passage pour de futurs
lycéens… et ainsi contribué à renforcer sensiblement, la liaison déterminante entre les
collèges et le lycée.
Laurent Lucchini, Proviseur du lycée Victor Hugo
Le projet mis en œuvre avec le MuCEM a permis aux élèves de découvrir les arcanes d’un
grand musée au cours de son étape finale d’installation. Ils ont pris conscience de la diversité
des collections du MuCEM et ont pu travailler sur des œuvres et objets très diversifiés dans
le temps et l’espace.
Ils ont effectué toute l’année un travail rédactionnel pour la mise au point des fiches d’objets
sélectionnés, de compte-rendu de leurs différentes visites et rencontres. Ils ont éprouvé
la rigueur d’un calendrier et les contraintes de la finalisation d’un projet. Ils ont surtout
travaillé, épreuve la plus exigeante pour eux, sur la prise de parole en public et la maîtrise
de l’oral.
Le choix de la thématique de leur médiation Arts, pouvoir et religion traduit leurs
préoccupations liées à leurs apprentissages, à leurs propres centres d’intérêt et à l’actualité.
Les mots esthétique, respect, tolérance, intolérance, république, liberté, croyance,
agnosticisme, athéisme sont revenus au cours de leurs débats pour le choix des objets et ont
été remués et retournés.
L’enseignement pluridisciplinaire d’histoire des arts, tel qu’il est pratiqué au lycée au sein
des options, permet donc aux élèves de construire à partir des arts, une culture personnelle
fluide qui tisse ici des liens avec l’histoire et la philosophie.
Nicole Villain, Professeur d’arts plastiques et d’histoire des arts
2
Visite du Centre
de Conservation et de ressources
Novembre 2012 : Nous faisons connaissance avec le MuCEM par
son Centre de Conservation et de Ressources, seul espace de travail
accessible dans cette période. Une rencontre importante pour faire
connaissance avec ce qui fonde l’identité d’un musée : ses collections.
Rencontre avec Émilie Girard, Conservateur du Patrimoine- Commissaire
de la singularité Jérusalem, ville trois fois sainte dans la Galerie de la
Méditerranée.
QUEL EST LE ROLE D’UN
COMMISSAIRE, NOTAMMENT DE
LA SECTION SUR JÉRUSALEM ?
Manale
Un commissaire doit connaître à fond les
collections de musées pour pouvoir chercher,
fouiller, trouver les œuvres et les objets qui
vont permettre de réaliser l’exposition dont il
est en charge.
Aymen
Le commissaire d’une exposition est le chef
d’orchestre qui la conçoit intellectuellement
(sur le plan historique, scientifique et
artistique). À partir de sa connaissance des
collections, il choisit de travailler sur un
thème d’exposition et il doit fournir une fiche
détaillée, très précise de chaque objet.
Zede
Le commissaire d’exposition est celui qui
sélectionne les œuvres et les artistes, qui
détermine la problématique et la thématique
de l’exposition, qui rédige les textes de
l’exposition. En tant que commissaire
d’exposition, elle travaille avec des collègues
conservateurs comme elle-même, mais aussi
avec des scénographes qui conçoivent avec
des moyens techniques et artistiques l’espace
et les volumes de l’exposition. Également avec
des régisseurs qui travaillent sur la gestion
administrative des œuvres et sur la logistique
de leurs déplacements.
POURQUOI LE CHOIX DE
JÉRUSALEM POUR ÉVOQUER LES
TROIS MONOTHÉISMES ?
Zede
Elle a choisi de travailler sur Jérusalem car c’est
une ville qui a beaucoup de choses à dire, par
le fait qu’elle est commune aux trois religions
monothéistes. En utilisant peu d’espace dans
la Galerie de la Méditerranée et à l’aide de 150
objets, elle peut montrer les particularités et
les différences de chaque religion.
Damouane
En faisant le choix de Jérusalem, elle souhaite
ouvrir un débat avec et entre les visiteurs.
© David Huguenin
3
Découverte du MuCEM dans le
cadre du week-end d’ouverture
de Marseille-Provence 2013
DIMANCHE 14 JANVIER 2013: Les élèves découvrent
Rudy Ricciotti, architecte, lors de son débat avec le public.
Terdjidine
Les piliers de béton ressemblent à des
branches, à de la mangrove, à des racines
géantes.
Damouane
La découverte du MuCEM fut pour moi une
surprise sur le plan architectural et esthétique,
notamment sa forme cubique et sa construction
particulière grâce à l’utilisation du befup. À
l’intérieur, lorsqu’on est derrière les résilles
de béton, la lumière entre dans le bâtiment en
dessinant des formes toujours changeantes,
impressionnantes. Bien que le matériau
utilisé soit sombre, ce musée semble être le
contraire du musée sombre et répulsif. Ces
passerelles qui relient le musée au fort SaintJean permettent aux visiteurs de se promener,
seuls, entre amis, en famille. Cet aspect peut
intéresser toutes les catégories sociales ainsi
que les personnes handicapées.
Léa
Le visiteur peut faire une promenade
architecturale, en empruntant la rampe
tout autour du bâtiment, puis à partir de la
terrasse, il marche encore sur la passerelle
qui relie le musée au fort Saint-Jean et là, il
découvre un morceau de ville suspendu… c’est
remarquable.
Aymen
Quand on se trouve sur la passerelle en béton,
on est comme suspendu dans les airs.
On voit la cathédrale, le port de la Joliette où
passent les bateaux.
© Charles Plumey-Faye
4
Visite de l’exposition au J1
VENDREDI 15 MARS : Qu’est ce qu’une médiation ?
Pour tenter de répondre à cette question, rien de tel que de suivre une visite guidée.
C’est tout l’objet de cette rencontre pour comprendre ce que signifie une médiation.
« Méditerranées : des grandes cités d’hier aux hommes d’aujourd’hui ».
Rencontre avec Émilie Kassentini, médiatrice.
COMMENT LE MÉDIATEUR
INTERPELLE-T-IL LE PUBLIC DANS
UNE EXPOSITION?
Interrogation autour des
trois mots qui s’imposent :
art, religion, pouvoir .
Manale
Découverte des aménagements du MuCEM et
de la Galerie de la Méditerranée.
La médiatrice s’est appuyée sur une carte
de la Méditerranée de format A3 environ
qui faisait apparaître les différentes villes
méditerranéennes (Athènes, Rome, Istanbul,
Venise par exemple) et d’une série de portraits
sous forme de vignettes; chaque portrait
positionné sur une ville nous guidait à travers
l’exposition et nous permettait de trouver la
ville suivante.
Chaque ville parle d’une époque et d’un
personnage.
COMMENT S’EST FAIT LE CHOIX
DES OBJETS OBSERVÉS PENDANT
LA MÉDIATION ?
Zede
La médiatrice est attentive aux différents
types de public. Suivant l’âge et l’attention de
celui-ci, elle adapte son choix et son discours
pour pouvoir profiter de la visite ensemble,
en groupe. Elle nous a permis d’observer les
jeux de regards entre les différents portraits et
a mis en évidence pour nous la scénographie
de l’exposition car elle savait que nous nous
intéressions à la manière de concevoir une
médiation.
Léa
L’espace n’est peut-être pas bien adapté pour
nous ou pour des gens handicapés car on est
vite à l’étroit dans les allées de la Galerie de la
Méditerranée.
Damouane
La mise en scène des œuvres, des sons et des
images est vivante grâce à des tableaux, des
objets, des images, des vidéos, des photos.
On ne se contente pas seulement de lire, on
regarde, on écoute, on réfléchit et on se sent
intégré à l’histoire des œuvres. Ce musée sera
probablement un exemple pour les musées de
demain. Je me suis senti à l’aise pour découvrir
tout cela, je sens que c’est compatible avec
ma génération.
Zede
Le MuCEM est différent des musées qu’on a
l’habitude de visiter en histoire des arts. Les
œuvres ont de l’espace, il y a un côté réaliste.
Ce sont des objets que l’on peut utiliser dans
la vie quotidienne…La cabane donne envie
d’entrer. Dans la section sur Jérusalem, la
séparation des espaces se fait grâce à des
rideaux très fins.
Ines
© MuCEM
5
J’avais vu le bâtiment avant qu’il soit aménagé
et je trouve qu’ils ont fait du beau travail…
Le rapport entre l’architecture et les objets qui
sont présentés à l’intérieur me plait.
6
CHOIX DES OBJETS
ET DU THÈME DE LA MÉDIATION
Linteau représentant
Akhenaton en sphinx
Au terme de leurs observations et réflexions, les élèves
retiennent sept objets parmi cinquante propositions. Cette
sélection s'oriente assez spontanément autour du thème ART,
RELIGION, POUVOIR.
Valentina distribue à chaque collégien une
petite planche de mots mélés.
« Vous devez trouver le nom d’un pharaon
célèbre du XIVe siècle avant notre ère »,
dit-elle. À la demande des collégiens, elle
donne quelques indices supplémentaires.
Lorsqu’ils ont trouvé AKHÉNATON, il
est plus facile pour Inès d’attirer leur
attention sur la manière dont celui-ci est
représenté.
Ils font également le choix d’adresser leur médiation à des
collégiens et retiennent l’idée de jeux comme des mots mêlés
ou des devinettes pour accrocher leur attention.
Cette œuvre montre comment un pharaon de
l’Egypte du XIVe siècle avant notre ère avait
tenté d’organiser la religion autour d’un seul
Dieu : le soleil, tel que tout le monde peut
le voir.
C’est la première fois qu’il est question de
s’affranchir du polythéisme : le pharaon
Aménophis IV devenu Akhénaton (vers 1364
-1347 av. J.-C.) déclare l'existence d'un dieu
unique, Aton, le soleil. C’est la première fois
également que le Dieu est visible.
Le roi Akhénaton est le seul interlocuteur de
Dieu. Il devient ainsi l’équivalent de Dieu sur
terre et, en essayant d’initier un nouveau culte,
il renforce son pouvoir en essayant d’initier un
nouveau culte. Akhénaton dédie au Dieu Soleil
une nouvelle ville, Tell el Amarna.
Il y a dans cette œuvre une notion de monolâtrie,
c’est-à-dire d’adoration préférentielle d’un Dieu
parmi d’autres. C’est le premier pas vers le
monothéisme. Art, pouvoir et religion sont ici
étroitement associés.
Probablement Tell el-Amarna, Égypte
Nouvel Empire, XVIIIe dynastie,
règne d’Akhenaton, xixe siècle av. J.-C.
(env. 1353-1337 av. J.-C.)
Calcaire sculpté.
© Musées d’art et d’histoire de la Ville de
Genève
Zede
Ines
Le matin, nous étions encore très
dépendants de nos fiches…on ne croyait
pas vraiment à notre réussite. J’ai eu peur
de rater ! Puis la confiance est venue !
J’ai apprécié la journée au MuCEM et
l’ambiance dans notre groupe.
Les collections sont superbes. Il y a des
objets que nous avions vu en photo et qui
sont plus beaux en réalité.
Le premier objet de notre médiation que
nous avons découvert a été le sphinx. C’est
l’objet que je vais présenter…finalement,
sa taille me plait.
C’est une belle expérience, à refaire l’année
prochaine ?
8
MAQUETTE DE L’ÉGLISE
DU SAINT-SÉPULCRE
AL-BURAQ DEVANT LA MOSQUÉE
AL-AQSA DE JERUSALEM
Floran dispose de façon énigmatique sur un
socle un ensemble de petites boîtes rondes qui
se rangent les unes dans les autres. Il engage
les collégiens à faire quelque chose avec ces
boites : empilement, emboitage, etc…Puis il
entraîne le groupe vers l’ensemble de petites
maquettes, conçues elles-mêmes comme une
drôle de construction. C’est parti pour le jeu
de questions-réponses.
Aymen propose à chacun une feuille sur
laquelle un fragment de représentation
animale apparaît. Il octroie quelques
minutes à son public pour poursuivre, au
crayon, la représentation. Le groupe constate
que des êtres plus ou moins fantasques ont
été représentés. Il entraîne le groupe devant
la peinture d’Al-Buraq, être lui-même
fantastique.
L'église du Saint-Sépulcre construite en 330
est située sur la colline de crucifixion et le lieu
où Jésus fut enterré. L’actuel édifice date du XIe
siècle.
Elle a été très tôt un lieu important de pèlerinage
pour les Chrétiens.
Au XVIIe siècle, des maquettes des lieux saints
(églises, tombeaux et chapelles) étaient fabriquées
et vendues comme souvenirs.
Cette peinture représente un être fantastique,
hybride, particulier car il renvoie à la monture des
Prophètes qui sont des êtres exceptionnels. Il a
la forme d’un cheval ailé, à tête de femme avec
une queue de paon qui rappelle d’autres figures
légendaires ou mythologiques (comme le sphinx
ou le centaure).
Objet précieux de marqueterie, il témoigne de
l’artisanat syro-libanais et du goût, voire de la
richesse de l’acquéreur. Le côté modèle réduit
et jeu de construction - qui permet de découvrir
l’intérieur et les différentes parties des édifices
grâce à des parties amovibles ou coulissantes –
intrigue : ces objets avaient un rôle pédagogique.
Le croyant devait comprendre et assimiler les
circonstances de la mort du Christ.
Relation entre art et religion : pour renforcer les
croyances et la dévotion, la religion s’appuie
sur la création artistique et l’artisanat. Artistes
et artisans traduisent ses principes dans leurs
œuvres – images ou objets-souvenirs.
Ensemble de 9 petites maquettes de 2 lieux de
pèlerinage, Jérusalem et Bethléem.
XVIIe siècle - Bethléem (Israël)
Bois incrusté d’ivoire et de nacre.
© MuCEM
9
Ses couleurs sont vives et fraîches. Cette peinture
s’apparente à une œuvre d’art naïf ou une
représentation enfantine. Pour les musulmans, AlBuraq est un être fantastique familier que chacun
reconnaît.
Cette œuvre évoque un des épisodes importants
de l’histoire sainte de l’Islam et de la vie du
prophète : celui où Al-Buraq, être venant du
Paradis pour servir de monture au prophète, va le
conduire devant la mosquée al-Aqsa.
Cet être fantastique, hybride, avec une tête
humaine et un corps qui emprunte des parties
à plusieurs animaux, est une représentation
surréelle, exceptionnelle car il sert de monture au
prophète, lui-même exceptionnel.
Floran
Aymen
Une première journée au MuCEM importante qui
nous a permis de travailler avec des collégiens.
C’est un bon petit entraînement pour l’oral de
français.
J’étais un peu stressé car la répétition du matin a
été laborieuse mais au fur et à mesure, j’ai senti
que je prenais de l’assurance et pendant mon
temps de parole, les élèves ont été très réceptifs.
Il y a eu beaucoup d’interactions entre les élèves
de troisième et nous. Au final, ça m’a beaucoup
plu et les fiches et les jeux nous ont facilité la
tâche.
Nasser Ellefi, Al-Buraq devant la
mosquée Al-Aqsa, Tunisie, vers 2000,
peinture sous verre. © MuCEM
10
ICÔNE DE PÉLERIN
BUSTE DE MARIANNE
Valentina distribue un fragment très agrandi
de la peinture devant laquelle Manale a
attiré le groupe. Autant essayer de retrouver
Charlie dans la foule ! Mais cela marche et
chacun a déjà focalisé son regard sur un
point de la toile foisonnante.
Léa propose à deux élèves du groupe deux
objets identiques en tissu rouge. Après
manipulation, celles-ci identifient des
bonnets phrygiens. Léa suggère au groupe
de regarder si un objet leur fait écho…
« Ah, oui, Marianne ! »
Cette peinture avec comme couleurs dominantes
le rouge et le bleu, représente une vue de la ville
de Jérusalem et des différents lieux où se sont
déroulés les épisodes de la vie du Christ.
Le regard circule sur la surface, organisée en
séquences un peu comme une bande dessinée
pour bien faire apparaître la succession et la
multitude des scènes.
Le buste dénudé de Marianne renvoie aux figures
féminines héroïques de l’antiquité. Marianne est
l’allégorie de la république française, le symbole
de la mère-patrie qui protège les enfants de
la République. Elle porte le bonnet phrygien,
allégorie de la liberté et représente les valeurs
républicaines contenues dans la devise « Liberté ,
égalité, fraternité ».
Le plâtre moulé, peint avec des couleurs un peu
criardes, donne un caractère populaire à l’objet.
C’est un objet-souvenir acheté par un pèlerin
(Chrétien orthodoxe). C’est la mémoire de l’histoire
religieuse. Les croyants peuvent accrocher ces
scènes chez eux au retour du pèlerinage. C’est
comme le souvenir d’un moment important de la
vie spirituelle du croyant qui, de plus, rappelle les
points essentiels de la religion. L’ensemble doit
être bien lisible et le choix de la forme artistique
joue donc un rôle important.
Peinture sur toile
Fin XVIIIe - début XIXe siècle.
© MuCEM
11
Marianne représente le pouvoir du peuple et
l’idée de l’égalité de tous les citoyens devant la
République. Elle symbolise l’émancipation des
hommes par rapport à la religion. Ils ne sont plus
seulement sujets ou fidèles mais citoyens.
Cet objet symbole évoque par sa forme l’histoire
de l’art, par ses attributs, la révolution française et
les mutations profondes des relations au pouvoir,
et aux religions.
Manale et Valentina
Faïnati, Léa, Zede
La médiation s’est très bien passée, nous avons pu
dire les choses naturellement. Les élèves étaient à
l’écoute et très réceptifs, ça nous a facilité la prise
de parole. Objectivement, nous avons « réussi »
et en tant qu’élèves de première, nous sommes
fières de ce projet. Nous aimerions revivre cette
expérience.
La découverte des objets a été le moment le plus
important pour nous car nous avons vu les objets
réels pour la première fois et ce n’est pas du tout
la même chose. Le plus étonnant a été la taille
de la guillotine, immense. Nous avons été un peu
déçues par le buste de Marianne et par l’oeuvre
d’Adel Abdessemed que nous imaginions plus
grands.
Buste de Marianne, G. Verne,
Montceau-les-Mines, France,
début du XXe siècle, plâtre peint.
© MuCEM
12
GUILLOTINE
Faïnati donne à chacun une carte figurant
la question de la peine de mort dans le
monde suivant les pays. Il y a bien des
légendes…mais les pastilles de couleurs
ont été effacées et il faut retrouver où la
peine de mort a été abolie ou non. Ce n’est
pas si simple…
« Et en France, savez-vous quand la peine
de mort a été abolie ? », demande Faïnati ?
C’est un objet technique ambigü, inventé à la
fin du XIXe dans la foulée du philanthropisme
et de la déclaration des droits de l’homme de
1789. Les citoyens sont égaux devant le juge et
si la justice a décidé de la peine de mort, il y a
l’idée de donner celle-ci de façon immédiate et
sans faire souffrir inutilement.
L’article 3 de la Déclaration universelle des
Droits de l’Homme de 1948, dit que « Tout
individu a droit à la vie, à la liberté et à la
sûreté de sa personne ». On voit donc bien
la contradiction incarnée par la guillotine
qui représente le pouvoir de donner la mort
de façon raisonnée. Elle a fonctionné pour la
dernière fois en septembre 1977 à la prison des
Baumettes à Marseille.
Chêne, fer
1872 - France.
© MUCEM
13
IL MEGLIO DELLE
TRE RELIGIONE
Damouane et Zede proposent aux collégiens
de trouver des expressions avec le mot
meilleur : « Le meilleur des mondes », « le
meilleur de soi », « pour le meilleur et pour
le pire ».
Pour leur part, ils proposent « le meilleur
pour la fin ».
Œuvre contemporaine conçue par l’artiste Adel
Abdessemed.
Cet objet imite les livres de textes religieux
mais ne fait référence à aucun. Il porte un titre
énigmatique en italien qui signifie : « le meilleur
des trois religions » et s’ouvre de gauche à droite
comme les livres orientaux. Ses pages noires
sont dépourvues de toute trace de texte. C’est
comme s’il retournait l’ordre des principes,
définis par les textes religieux. Il se rapproche
d’une position agnostique : il montre qu’il n’y a
pas de preuve formelle en faveur de l'existence
ou de l'inexistence d’un Dieu. Il ouvre ainsi une
multitude d’interprétations.
Victor Hugo s’était opposé à la guillotine.
Albert Camus dénonce la peine de mort et la
guillotine comme une machine à assassiner.
Robert Badinter a mené un long combat contre
la peine de mort en tant qu’avocat et a fait voter
la loi pour son abolition en 1981, en tant que
ministre de la justice.
Né en 1971 à Constantine, Adel Abdessemed
a vécu les premières années de sa vie dans
une communauté où les trois monothéismes se
côtoient sans heurts. Il entreprend des études
d’art, d’abord à Batna puis à Alger. Il a vingt ans
lorsque commence la vague d’actes terroristes
qui plonge le pays dans la guerre civile pendant
une décennie. Il quitte l’Algérie en 1994 après
l’assassinat du directeur de son école et vient
poursuivre ses études en France, à l’École des
Beaux-arts de Lyon.
Faïnati et Léa
damouane et zede
Nous avons beaucoup aimé notre public qui a
été très actif et enthousiaste. Malgré la peur,
nous avons pu réussir notre première médiation
et nous espérons pouvoir continuer ce projet
avec d’autres publics.
C’était le dernier objet à présenter. On était plus à
l’aise, plus apte à parler de notre objet. Conclure
sur l’ensemble du projet a été un peu stressant,
mais lorsqu’on présentait notre oeuvre, avoir leur
attention nous a poussé à continuer. Savoir que
l’on aura été interessant nous a plu.
Adel ABDEMESSED, né en 1971, artiste d’origine algérienne,
vit en France et aux États-Unis.
Livre formé de 365 pages de papier noir
2002 - FRAC Champagne-Ardennes.
14
Inauguration présidentielle
du mucem :
mardi 4 juin : Participation à la cérémonie officielle
d’inauguration du MuCEM en présence de Monsieur François
Hollande, Président de la république et de Madame Aurélie
Filipetti, Ministre de la culture et de la Communication.
Faïnati
Ce que je retiens de cette journée, c’est l’apparition du Président de la
République…puis la découverte du musée. Ce musée nous a stupéfait,
même si nous le connaissions déjà un peu !
Ines
Malgré l’attente et la station debout, cet évènement m’a plu car nous
étions tous ensemble, nous avons pu en discuter, prendre des photos,
prendre une collation. Nous faisions partie des invités spéciaux, des VIP !
Léa
Le MuCEM est le seul bâtiment construit de cette façon. Il ne ressemble
pas aux autres musées classiques, il est original et moderne et en plus, il
est tout près de chez nous.
Damouane
J’ai été émerveillé et content d’avoir eu la chance de participer à
l’inauguration!
J’ai été surpris par l’importance de la sécurité, les détecteurs, la
présence de la marine nationale et tous les journalistes.
En attendant l’arrivée du Président de la République, nous avons
eu le temps d’explorer, sous le soleil, le site du MuCEM, le paysage
paradisiaque et les effets d’ombre de l’architecture du musée, c’est tout
simplement fabuleux !
© MuCEM
15
16
Les acteurs du projet :
Les élèves de première de l’option facultative
d’histoire des arts du lycée Victor Hugo de Marseille :
Terdjidine ALIBACO - 1e L
Manale BOUNAB - 1e L
Khaled MANSOIBOU - 1e L
Faïnati ISHAKA - 1e ES1
Yacine BENTOURI- 1e ES2
Zede DAURIN - 1e ES2
Aymen JAMAÏ - 1e ES2
Damouane N’GOME - 1e ES2
Floran TALEB - 1e ES2
Léa TIMOTÉO - 1e STMG 2
Valentina BURCEA - 1e S3
Inès SAADI - 1e S3
Professeur d’arts plastiques et d’histoire des arts : Nicole VILLAIN
Encadrants au MuCEM :
Responsable du Département des Publics : Cécile DUMOULIN
Chargée de mission du service éducatif : Christine QUENTIN
Chargée du public scolaire au MuCEM : Nelly ODIN
Ont participé à ce projet :
Conservateur du patrimoine stagiaire au MuCEM : Myriam BOYER
Conservateur du Patrimoine - Responsable du département
des collections et des ressources documentaires : Emilie GIRARD
Chargée des publics du champ social et du handicap : Manuela JOGUET
Chargée de coordination de médiation : Ninon SORDI
Remerciements : les élèves et les enseignantes du collège IZZO
(Sophie DELFINO, Françoise GRANDMAISON, Danièle LESC) pour avoir
accepté l’invitation de cette médiation lycéenne expérimentale !
Couverture
Musée
des civilisations
de l’Europe &
de la Méditerranée
MUCEM ©Charles Plumey-Faye,
architecte Rudy Ricciotti
Impression
Azur Offset
Adresse
1, Esplanade du J4
13002 Marseille
Tél. :+33 (0)4 84 35 13 13
[email protected]
www.mucem.org
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