Enrique Neira Fernandez Teilhard Structuré et Structurant

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Enrique Neira Fernandez Teilhard Structuré et Structurant
Dr. Enrique Neira Fernandez
La pensée structurée et structurante de Teilhard de Chardin
Version française – p. 1
Version anglaise – p. 14
Version espagnole – p. 25
Après avoir passé 30 ans à travailler comme scientifique, phénoménologue et théologien chrétien,
Teilhard de Chardin a été déclaré "Pontifex" de la pensée contemporaine, parce que c'est lui qui a
construit un pont entre les deux berges de la rivière sur laquelle s'écoule l'élan vital de notre
humanité : la science et la religion, le Monde et Dieu, l'Evolutionnisme et le Christianisme
Il a été un témoin de son époque, qui avait un langage adapté à ses nouvelles formes de pensée et
une foi totale, dans laquelle peuvent et doivent se réconcilier l'amour que nous devons au monde et
l'amour que nous devons à Dieu1
Le mérite de son travail a été de considérer que la connaissance scientifique et la connaissance
religieuse ne doivent pas cohabiter l'une à côté de l'autre, dans une entente plus ou moins pacifique,
ni être en guerre ouverte ou en guerre froide mais, au contraire, doivent s'intégrer, sans tomber dans
le concordisme, pour aller vers une vision nouvelle et suggestive de l'Univers.
Savant chrétien, investigateur scientifique et prêtre, Teilhard était passionné par le Monde et
passionné par Dieu, et, pour cette raison, s’est senti appelé à restaurer le lien entre l'homme moderne
et l'Eglise, entre l'Humanisme et le Christianisme, entre les adorateurs du Monde et les adorateurs du
Christ, entre la passion de construire la Terre et la passion d'atteindre le Ciel. Cette double passion de
fils de la terre et fils du ciel est l'âme de toute son œuvre. 2
C'est de cette façon qu'il a vécu et senti, comme il l’a dit lui-même dans un article qui fait la synthèse
de sa pensée:
Christianisme et Evolution non pas deux visions inconciliables, mais deux perspectives
faites pour s'emboiter et se compléter mutuellement. […] Et c’est ainsi que, par simple
incorporation et assimilation des vues évolutives par la pensée chrétienne, la barrière
se trouve, à mon avis, supprimée qui, depuis quatre siècles, n’avait pas cessé de
monter entre Raison et Foi. L’obstacle fixiste une fois écarté, rien n’empêche plus
désormais catholiques et a-catholiques de s’avancer de front, la main dans la main,
sur les grands chemins de la Découverte. De part et d’'autre, une franche
collaboration est devenue possible aujourd’hui. […] L'Evolution est fille de la Science,
mais en fin de compte, c’est peut-être bien la foi au Christ qui sauvera en nous le goût
de l'Evolution.3
1
E. Rideau, La pensée du P. Teilhard de Chardin, Paris 1965,p.49 (traduction)
L Barjon Le combat de Pierre Teilhard de Chardin, Laval-Québec 1971, p.7 (traduction)
3 Pierre Teilhard de Chardin Science et Christ, 1946.
2
1
Pour aider à entendre, assimiler et diffuser la pensée, si originale et innovante, de Teilhard de
Chardin, j'ai réalisé une étude approfondie, ordonnée et pédagogique. Je l'ai intitulée " De l'Atome à
Omega", la pensée évolutive de Teilhard de Chardin ( Edition Rustica Madrid Bubok International
2013 avec accès sur internet4 ).
J'ai essayé, en 333 pages, de présenter les grandes questions sur lesquelles Teilhard a réfléchi, et
laissé l’empreinte originale de son profond génie, avec un éclairage moderne et un style original. Nos
contemporains reconnaissent la grande actualité de sa pensée, se sentent compris et accompagnés
sur les problèmes du passé et, grâce à Teilhard, sont mieux préparés pour trouver des solutions que
ne l'étaient ses contemporains au siècle dernier.
Voici un résumé du parcours accompli au long des 21 chapitres. Un thème initial, comme mise-en
bouche, intitulé " Teilhard, signe de notre Temps" et, en conclusion, un thème final "Teilhard au
XXIème siècle ". Entre les deux est développée ce que nous pourrions appeler la phénoménologie
teilhardienne, c'est-à-dire la méthodologie originale et déconcertante qui est le cadre dans lequel
évolue la "complexité croissante" qui constitue, selon lui, la "grande loi de l'évolution". Teilhard
utilise cette loi pour avancer dans l’hypothèse scientifique d’un univers en expansion : en partant de
l'origine de l'Univers, Cosmogénèse, il passe par l'origine et la diversification de la Vie sur notre
planète, Biogénèse, pour parvenir à la naissance du groupe zoologique humain et au développement
de la noosphère, Anthropogenèse. En prenant comme base l’immense évolution ascendante et
convergente de la Vie et de la Pensée, considérées ensemble (par opposition à l'Entropie), Teilhard
formule l'hypothèse philosophique phénoménologique du "Point Oméga", c'est-à-dire de Dieu dans
le langage classique des philosophes et des religieux. Ceci constitue le chapitre 9, que je considère
fondamental. Viennent ensuite trois chapitres clés : "Christ et Evolution", chapitre 10, Christogenèse,
chapitre 11, qui présente la description que fait Teilhard avec une terminologie adaptée à notre
époque, des trois dogmes essentiels et fondamentaux du Christianisme que sont : l'Incarnation de
Dieu en Jésus-Christ, la Résurrection du Christ, et le travail de réunification du Christ à la fin des
temps, c’est-à-dire la Parousie, lorsque Dieu sera "Tout en tous" selon St Paul. A partir de ceci naît
"une énergétique chrétienne ", chapitre 12, c'est-à-dire une éthique, sage orientation de conduite
pour l’homme, ou une morale et une mystique chrétiennes, dérivées de la vision du cosmos. Elles
sont une source d'orientation, aussi bien pour l'action individuelle des personnes, que pour l'action
collective de la société.
Dans la troisième partie du Livre (Ch. 14 à 19), j'entame la discussion de thèmes majeurs, difficiles et
en contradiction apparente : matière et esprit? angoisse et optimisme? création ou évolution?
naturel ou surnaturel? sexe ou amour? panthéisme oriental ou personnalisme occidental? Marx ou
Teilhard?
I - Teilhard de Chardin, symbole de notre temps.
Je n'ai pas d'autre ambition que celle d'avoir laissé la trace d'une vie logique, complètement
tendue vers les grands espoirs du monde.(Tien-sin, 1927, Lettres de voyage) (traduction)
Pierre Termier dit qu'on doit reconnaître l’existence, sur notre planète terrestre, de "rafales
juvéniles" qui, érodant les vieux rochers sédimentaires, ont donné naissance à de fantastiques
rochers géants pendant des millénaires. L'humanité, elle aussi millénaire, est également travaillée et
reprise par des "vapeurs de jeunesse", qui de temps en temps la métamorphosent. Il y a des hommes
4 E Neira Del Atomo à Oméga El pensamiento evolutivo de Teilhard de Chardin. Madrid 2013, Bubok
Internacional. (traduction)
2
qui représentent de vraies mutations dans l'Histoire. Ce sont de grands esprits qui modèlent des
strates et des époques de l'humanité, par leur pensée ou leur travail : Buda Sakyamuni, Lao-Tseu ou
Confucius, en Orient ; Aristote, Augustin d' Hippone, Thomas d'Aquin, dans l'Occident ancien ou
médiéval; Marx ou Freud, à des époques plus récentes. Pour certains, Teilhard fait partie des ces
"esprits juvéniles" qui, à une époque donnée, agitent et changent quelque chose.
Dans le journal la Croix des 24-25 avril 1965, l'éditorialiste Joseph Folliet écrivait : "Deux hommes ont
changé notre image du monde" : Einstein, en questionnant la physique de Newton avec sa théorie de
la Relativité, et Teilhard de Chardin, qui retourna la vision mécaniciste et déterministe de l'Univers, et
ainsi "obligea les croyants à réviser leurs attitudes intellectuelles."
En 1975, 20 ans après sa mort (Avril 1955), avec 15 volumes de son œuvre publiés, Teilhard était,
selon le recensement annuel de l’"Archivum Historicum S.J. ", le Jésuite au sujet duquel le plus grand
nombre d'articles et de livres étaient publiés, soit entre 120 et 150 articles et livres publiés
annuellement. Son œuvre a été la source d'inspiration de deux romans, " Les racines du Ciel" de
Romain Gary, prix Goncourt, et les "Sandales du Pêcheur" de Morris West, adapté au cinéma avec
Antony Quinn, où le Père Teleman incarnait P. Teilhard.
Sa pensée est à la base de la Constitution Socialiste du nouvel Etat Africain du Sénégal, par décision
de son Président, le poète-, Léopold Sédar Senghor. Des scientifiques retrouvent en lui la possibilité
d'une Synthèse totale. Il est discuté avec passion entre marxistes et entre théologiens modernes,
catholiques et protestants. Quelle sorte d'homme est-il? Et quel est son secret?
Si l'influence d'une œuvre sur une époque se mesure à partir de son impact sur les représentations
et images qu’élabore cette époque, il faut reconnaitre que celles qui sont proposées par Teilhard ont
eu une grande audience.
Teilhard appartient à cette catégorie de personnes qui, sans être de grands philosophes, ni des
fondateurs d'une religion, ni des saints, ni des leaders politiques, ni des révolutionnaires de masse,
sont indiscutablement des personnes qui ont changé quelque chose à leur époque et sont ainsi à
l'origine d'un changement historique.
Des hommes d’Etat mettent [la pensée du Père Teilhard de Chardin] à la base de leurs
constitutions, des scientifiques y trouvent la possibilité d'une synthèse totale, des
hommes d’Eglise y reconnaissent l'instrument privilégié d'une redécouverte de Dieu
par la civilisation technique. Progressivement, des esprits qui avaient d’abord été
réticents reconnaissent son importance et s'interrogent sur elle : les marxistes en
discutent, les thomistes la découvrent, Mauriac s'en préoccupe. Il serait absurde de
parler de mode. Il y a des raisons pour lesquelles l'œuvre de Teilhard apparaît d’une
étonnante actualité, au sens le meilleur du mot, c'est-à-dire comme répondant à un
besoin profond des esprits. 5
La grande marée de la "mode" teilhardienne a eu lieu à la fin des années 60. Aussi bien les attaques
que les louanges furent en do majeur. Des personnes très sérieuses ont dit de lui qu’il était "la
subversion dans l'Eglise", "le Jésuite qui ne croyait pas à Adam", "l'écrivain de romans scientifiques et
de rêves métaphysiques", "le Jésuite qui a mis le Vatican en danger", le "frère des Franc-maçons en
esprit et en vérité". Mais d'autres l'ont loué comme philosophe, poète et mystique, il a été déclaré
"le saint Thomas d'une époque dans laquelle Einstein, Heisenberg et Louis de Broglie étaient Aristote
" par Teldy Naim, "le penseur le plus révolutionnaire de la Chrétienté européenne du XXème siècle"
par Friedrich Heer, "le plus grand apologète de Christianisme après Pascal" par Bruno de Solages.
5
J. Daniélou, "Signification de Teilhard de Chardin" Etudes, -312- 1962- 145-161.
3
Cette mode est passée, mais il reste encore quelque chose qui continue à répondre aux aspirations
profondes des hommes de notre temps. Sa pensée n'est pas une pensée structurée, mais
structurante. Il y a en elle une dynamique qui lui est propre et qui répond à beaucoup de nos
inquiétudes, elle provoque sur les différents terrains de la science moderne une telle dialectique
qu’elle arrive à nous impacter avec succès. André George, éditorialiste au Figaro, (7 Juillet 1966) a dit
de Teilhard ce que disait Madame de Staël en parlant de Rousseau: "Il n'a rien découvert mais il a
tout enflammé".
André Blanchet, Jésuite et collègue de travail de Teilhard, qui l'a bien connu, dit de lui, dans un article
de la Revue Etudes, qu'il fut "un des plus authentiques visionnaires de notre temps" 6
Le terme de "visionnaire" a ici le sens qu'on lui donnerait en parlant de Rembrandt, Pascal, Bolivar, et
d'autres. Un visionnaire c'est quelqu'un qui est habité par une passion dévorante (souvent à partir de
l'enfance ou d'une conversion totale), qui a une intuition qu'on ne peut pas discuter, qui embrase sa
vie, et ne lui laisse pas un instant de repos jusqu'à son dernier souffle. Le visionnaire a vu quelque
chose qui échappe à notre vision. Il ne fait que nous appeler vers le lieu où il la voit. Mais nous
sommes aveugles à ce qui "lui brûle les yeux", il essaye de nous faire partager sa vision, en utilisant
du mieux qu'il peut un langage qui est ancien pour dire une réalité qui est nouvelle, en forçant les
mots et en produisant des images qu'il voudrait suggestives pour nous, mais qui ne sont
qu'approximatives. Avec un "visionnaire", les discussions sont inutiles, Teilhard nous dit "Une Foi ne
peut naître que d'une autre Foi". "Je ne défends pas une idée, ni un Système, mais une Foi, une
Mystique." Ce "visionnaire" a crié à pleins poumons tout au long du siècle dernier:
" Il vous faut arriver à élargir votre conception du Christianisme jusqu'à atteindre
l'amplitude du monde dans lequel vous vivez aujourd'hui, et dans lequel vous vivrez
demain "
Et l'écho de ses paroles résonne aujourd'hui, au XXI éme siècle, avec beaucoup plus de force, dans un
monde encore plus élargi et qui a besoin du Christianisme éternel pour lequel le Jésuite Teilhard se
démena, comme un nouveau Don Quichotte, contre les fortes résistances du Vatican, sans pouvoir
imaginer que viendrait un jour le premier Pape Jésuite, François, et qu'en occupant le Siège de Pierre
celui-ci revendiquerait pour Teilhard le rôle d'évangélisateur génial pour notre siècle. Teilhard a
violemment combattu les habitudes invétérées de la pensée scientifique, philosophique et
théologique, en cherchant à élargir notre vision. Il se peut qu’il y parvienne, si sa géniale pensée
évolutive, en consonance avec les fondements du Christianisme, redevient à la mode.
Il était mystique, sans être saint, il est mort incompris par la plupart des ses contemporains, mais il
était "sans inquiétude, ni amertume ". Il était sûr du succès final ! Les deux vocations qu'il a vécues
dès l'enfance, celle de jésuite et celle de scientifique, l'ont tellement absorbé qu'à la fin elles se sont
confondues. Il s'était donné à Dieu comme un "terrain d'expérimentation" pour qu'ait lieu en lui "la
fusion entre les deux grands amours : Dieu et le Monde".
Teilhard avait souhaité finir au bord d'un chemin, comme un pauvre et perpétuel marcheur, à la
recherche de quelque chose qui n'arrive jamais, parce que, disait-il " :Le monde n'est compris et
sauvé que par ceux qui n'ont pas où poser leur tête". New York, aujourd'hui carrefour de tous les
chemins maritimes et aériens du monde, fut, en 1955, pour ce perpétuel voyageur, son bord du
chemin. Ce voyageur n'avait rien dans ses mains, ni dans ses poches, mais il était arrivé à saisir et à
attacher fortement dans son cœur Dieu et le Monde.
L'Héritage de Teilhard
6
A. Blanchet, "Teilhard plus intime", Etudes 1972-1,563 (traduction)
4
Pierre Teilhard expérimenta depuis l'enfance la tension qui existe entre Dieu et le Monde. Ce n’est
qu’après une quête difficile de 30 ans qu’il est arrivé à faire une synthèse qui constitue un héritage
révolutionnaire pour le XXIème siècle.
L’originalité de ma croyance est qu’elle a ses racines dans deux domaines de vie
habituellement considérés comme antagonistes. Par éducation et par formation
intellectuelle, j’appartiens aux « enfants du Ciel ». Mais par tempérament et par
études professionnelles je suis un « enfant de la Terre ». Placé ainsi par la vie au cœur
de deux mondes dont je connais, par une expérience familière, la théorie, la langue,
les sentiments, je n’ai dressé aucune cloison intérieure. Mais j’ai laissé réagir en
pleine liberté l’une sur l’autre, au fond de moi-même, deux influences apparemment
contraires. Or, au terme de cette opération, après trente ans consacrés à la poursuite
de l’unité intérieure, j’ai l’impression qu’une synthèse s’est opérée entre deux
courants qui me sollicitent. Ceci n’a pas tué mais renforcé cela. Aujourd’hui je crois
probablement plus que jamais en Dieu, et certainement plus que jamais au Monde.
N’y a-t-il pas là, à une échelle individuelle, la solution particulière, au moins ébauchée,
du grand problème spirituel auquel se heurte, à l’heure présente, le front marchant de
l’humanité ? » 7
« Le monde devenant Christ » et « le Christ devenant monde » : ce sont les deux thèmes, proches
l’un de l’autre, qui s’entrecroisent tout au long des écrits de Teilhard. Christianisme et évolution ne
sont pas deux visons inconciliables, mais deux perspectives faites pour s’entrecroiser et se compléter
mutuellement. C’est ce que dit Teilhard dans une étude très éclairante, intitulée « Catholicisme et
Science », qui contient la synthèse de sa pensée:
Christianisme et Evolution, non pas deux visions inconciliables, mais deux perspectives
faites pour s’emboîter et se compléter mutuellement. Et c’est ainsi que, par simple
incorporation et assimilation des vues évolutives modernes par la pensée chrétienne,
la barrière se trouve, à mon avis, supprimée qui, depuis quatre siècles, n’avait pas
cessé de monter entre Raison et Foi. L’obstacle fixiste une fois écarté, rien n’empêche
plus, désormais, catholiques et a-catholiques de s’avancer de front, la main dans la
main, sur les grands chemins de la Découverte. De part et d’autre, une franche
collaboration est devenue possible aujourd’hui. L'Evolution est fille de la Science, mais
en fin de compte, c’est peut-être bien la foi au Christ qui sauvera en nous le goût de
l'Evolution. L'Evolution est fille de la Science, mais il est bien possible que, dans
l'avenir, la foi au Christ sauve en nous le goût de l'Evolution 8
Attitude devant Teilhard
Chesterton a dit que la pensée catholique est un point de croisement entre plusieurs contradictions
et que le symbole qui exprime le mieux cette pensée est la croix. Il en est de même pour la pensée
de Teilhard. Teilhard n'est pas la tranquillité, il est le mouvement, mais il dépasse sa fatigue petit à
petit avec une souffrance inhérente à toute croix, il représente une option pour la vie, l'évolution, le
progrès, l’avenir. Mais c'est une option qui est une réponse à une négation ; à la place de l’optimisme
ingénu qui caractérise les pseudo-philosophes progressistes ordinaires, son optimisme est héroïque,
c’est la victoire permanente sur une négation constamment présente au cœur de l'histoire humaine
et cosmique.
7
8
P. Teilhard, Comment je crois, 1934
Voir
5
Actuellement, l'humanité est à la recherche d'une nouvelle image de l'homme, d'un
nouveau mode de vivre, de nouvelles raisons de vivre, et d'espérer, capables de
donner un sens à sa condition, Teilhard donne la réponse.9
C'est un non sens d'adhérer avec enthousiasme, sans esprit critique, à la pensée de Teilhard, mais
c'est aussi un non sens de la réfuter sans l'étudier ni la discuter. Examinons-la en profondeur, sous
ses différents aspects: scientifique, philosophique et théologique. Selon ce que nous dit saint Paul
"examinons tout et gardons ce qui est bon". Les amis et les ennemis de Teilhard ont fait de lui un
"mythe", notre travail sera de faire de lui un "logos", de rationaliser le "mythe". 10
Newman disait que, pour apprivoiser une idée nouvelle, il faut beaucoup de temps. Teilhard était en
avance sur son époque. Les problèmes qu'il a posés, et qu'il nous pose, doivent mûrir et il faut
prendre du temps jusqu'à ce qu'ils soient éclaircis par la raison et par la foi. En tout cas, il a obligé
aussi bien les scientifiques que les philosophes et les théologiens à faire un pas,"un grand pas en
avant" comme il se plaisait souvent à répéter. Acceptons le défi.
II. Teilhard au XXIème siècle.
Nous pouvons dire de Teilhard qu'il fut un génie situé entre deux siècles, sur le mât
d'une génération qui navigue entre deux mondes, le monde Ancien et celui de
l'Avenir. (Luis Martinez Gomez)
A la fin d'un parcours sur la pensée de Teilhard, on peut dire qu'on a rencontré un "génie" qui
chevauche deux siècles11, un génie hissé sur le mât d'une génération qui navigue entre deux mondes,
l'ancien et celui qui vient. Par plusieurs aspects Teilhard fut un pionnier, et ses idées qui firent
scandale au milieu du XXème siècle sont les ébauches d'idées courantes au XXI ème. Il faut du temps
pour maîtriser les idées fortes.
Nous ne devons pas oublier que Teilhard fut un pionnier, et qu’il n’a jamais été possible pour un seul
homme de mener jusqu'à son terme une grande œuvre qui révolutionne culturellement une époque.
Ceci demande non seulement plusieurs étapes, mais aussi plusieurs esprits, comme l’illustre le texte
d'un autre illustre penseur John Henry Newman 12
"Pour la recherche et l'obtention de la vérité l'esprit humain doit progresser par
étapes successives, en faisant plusieurs détours. De plus, il n'est souvent pas possible
à un seul homme de mener à bonne fin un tel travail pendant sa vie. Son
développement nécessite différentes étapes, mais aussi plusieurs esprits. Ce que l'un
commence, l'autre le finit; et finalement on arrive à une conclusion véridique par la
coopération d'écoles indépendantes et par un travail persévérant, mais aussi en
supportant, pendant un certain temps, ce qui ressemble à une erreur, en relation avec
la vérité qui doit se révéler à la fin. Les esprits supérieurs ont besoin d'avoir le champ
libre, non pas sur le terrain de la Foi, mais sur le terrain de la Pensée. C'est ce qui
arrive aussi aux esprits plus communs et à tout le monde en général. Il y a dans le
9
E. Rideau Teilhard oui, ou non? Paris Fayard p.138
P Labourdette O.P. Recension des œuvres de Teilhard, Revue Thomiste 64 1964 (42)
11
Teilhard entre dos siglos, revue espagnole "Pensamiento" deux articles d'un numéro extraordinaire 102-103
1970,pp. 255-275
12
J.H.Newman The Idea of un University, London 1875, pp. 474-477 Traduit à l'espagnol "Pensamientos sobre
la Iglesia, Barcelona 1964,pp. 339-340
10
6
monde beaucoup de gens à qui la nature a donné une capacité déterminée, qui est
pour eux une stimulation énergique ou une règle impérative tandis qu'ils sont
aveugles pour tout le reste. Mais si on leur demande, dans leurs spéculations, de se
soumettre à l'Eglise et d’admettre ses dogmes de façon générale, mais en plus de
tenir compte de toutes les déclarations des théologiens, ou des croyances du peuple
en matière religieuse, alors on arrive à détruire et à étouffer la flamme qu'ils avaient
en eux, et ils deviennent incapables de faire quoi que ce soit. Tout système humain et
tout être humain doivent accepter des critiques justes. Si vous les obligez à clore leur
feuille de route, vous allez perdre ce qui, malgré des erreurs de parcours, aurait pu
être une des plus habiles ripostes dans le monde de la vérité révélée. (Riposte directe
ou indirecte selon la question). 13
Teilhard, comme tout être humain, doit être jugé avec des critiques justifiées. Utilisons sa pensée
avec soin et prudence, mais ne l'obligeons pas à refermer son carnet de route, ni à éteindre sa
flamme qui éclaire des chemins nouveaux.
C'est lui-même qui disait : "Dans ce ré-agencement des valeurs, j'ai pu me tromper sur bien des
points. Que d’autres tâchent de faire mieux." (Le Phénomène humain)
Parmi les différents groupes de scientifiques qui existent dans notre monde, (selon la classification
des frères Agudelo), le nom de Teilhard devrait s’ajouter à la liste de scientifiques complexes,
évolutionnistes, universels. La classification qu'ils font est la suivante:
La vie humaine et le travail scientifique (comme disait Teilhard de Chardin) pourraient
apparaître, au regard d'un observateur extérieur, comme un immense tâtonnement
non aléatoire. C'est pourquoi nous en déduisons (à partir du critère complexitéconscience), qu'il y a plusieurs groupes de scientifiques:
A) ceux qui savent, ou qui croient savoir, et qui ont en point de mire les "quoi" et les
"pourquoi". On pourrait les appeler scientifiques raisonneurs. C'est sans aucun doute
la plupart de la communauté scientifique.
B) Ceux qui savent qu'ils savent et qui ont envie d'approfondir la nature et les racines
épistémologiques de leur connaissance. On pourrait dire les scientifiques réflexifs.
C) Ceux qui savent qu'ils savent et qui cherchent pourquoi ils savent, en
approfondissant leur maturité personnelle et en s’appuyant sur la formation
professionnelle. On pourrait les appeler les scientifiques humbles. Leur motivation les
amène à interpréter la vie comme un processus d'évolution transcendante avec des
coordonnées qui vont plus loin que leur système, leur partialité, leurs limites, leur
terrain. On pourrait les appeler les scientifiques complexes, évolutionnistes,
universels." 14
Il y a encore quelques scientifiques qui prennent comme point de départ la Finalité de leur travail, et
le font parfaitement, en se dirigeant, décidés, vers le Point d'Arrivée. Mais il y en a de plus en plus qui
attendent que ce soit leur travail scientifique qui les conduise au Point d'Arrivée. Teilhard fut un de
ceux-là, il est arrivé à "Voir".
Le secret de l'œuvre et de la pensée de Teilhard réside dans la synthèse et l'unité qu'il fut capable
d'opérer, il appartient à cette sorte de penseurs qui (comme il le disait lui-même) arrivent, à travers
la multiplicité, à voir l'unité, ils arrivent à "Voir"
13
J. H. Newman. The idea of a University, London 1875, p.474-477 Traduit en espagnol : Pensamientos sobre la
Iglesia, Barcelona 1964, p.339-340 (traduction)
14
Agudelo M. G. et J. S. " El secreto de Teilhard". En el Universo sensible Méxique 2002
7
Il y a, au fond, deux classes d’esprits, et deux seulement : les uns qui ne dépassent (ni
ne sentent le besoin de dépasser) la perception du multiple, […] et les autres, pour qui
la perception de ce même multiple s’achève forcément dans quelque unité. Les
pluralistes et les monistes. Ceux qui ne voient pas, et ceux qui voient15.
Teilhard a été un scientifique et un prêtre, un homme de Dieu et un homme de son temps.
Sa vie fut dédiée à la construction d'une synthèse entre le Christianisme et l'esprit de notre temps,
une synthèse qui a rempli sa vie, avec l'envie de la vivre, de la résoudre, de l'exprimer avec des
paroles et de la communiquer aux autres. Il y a différents aspects dans cette synthèse : l'amour de
Dieu et l'amour du Monde, la Foi dans le Christ et la Foi en l'Homme, la Religion et la Science, la
kénose chrétienne et l'immersion dans le monde, le Royaume de Dieu et le Progrès humain.
Dans mon étude complète sur Teilhard j'ai essayé de présenter les grands thèmes sur lesquels il a
travaillé et sur lesquels il a laissé l’empreinte originale de son esprit profond, avec un éclairage
moderne et un style original.
Son œuvre peut être classée en trois catégories distinctes, comme l’a bien montré N.M. Wildiers16
Chaque catégorie souligne l'extrême actualité de la pensée de Teilhard pour notre XXI ème Siècle, où
nos contemporains peuvent se sentir bien accompagnés dans leurs problèmes par le Teilhard d’hier,
et sont mieux préparés pour trouver des réponses que ne pouvaient l’être les hommes de la
première moitié du siècle dernier, comme je l'ai dit plus haut.
Première catégorie thématique : Sociologie de la religion.
A cause de sa formation et de ses activités scientifiques, Teilhard a été très sensible à l'influence sur
la conscience religieuse - qui existe en toute société et s'exprime dans les différentes religions – de
différents points de vue exprimant la vision générale du monde, à son époque.
Les progrès scientifiques qui ont eu lieu pendant les deux derniers siècles ont suscité une sorte de
révélation dans la pensée de l'homme moderne : le cosmos s'est manifesté dans sa fantastique
grandeur et dans sa cohérence organique.
L'histoire actuelle du sentiment religieux chez les hommes, quels qu'ils soient, me
paraît dominée par une sorte de révélation qui se fait, dans la conscience humaine, de
l'Univers un et grand. Teilhard, "Note sur Le Christ Universel".
De cette nouvelle vision du monde est née une nouvelle forme de religiosité naturelle, impensable
aux siècles précédents.
On pourrait dire qu'une forme encore inconnue de religion.(une religion que personne
n’aurait pu imaginer ni décrire jusqu’ici, faute d’un Univers assez grand et organique
pour la contenir) est en train de germer au cœur de l'Homme moderne dans le sillon
ouvert par l'idée d’Evolution. (Teilhard "L’étoffe de L'Univers")
L'humanité contemporaine n’est pas athée, comme le disent certains, au contraire, elle a élaboré
une nouvelle religion naturelle. Ce qui arrive est qu'elle n'a pas encore trouvé à quel Dieu se vouer,
Teilhard dit :" Notre siècle est religieux, et peut-être plus religieux que les autres, mais il n'a pas
15
Teilhard. Comment je crois, 1934,5
N.M. Wildiers Prologue à un livre qui recueille d’importants écrits de Teilhard édités en français, 10 ans après
sa mort avec le titre "Science et Christ", Paris, Seuil, traduit en espagnol Ciencia y Cristo, Madrid Taurus.
16
8
encore trouvé quel Dieu il pourra adorer" (lettre du 10 décembre 1952). Plus que d'un athéisme,
nous devrions parler d'un "théisme"(croyance en Dieu) "insatisfait".
Les conséquences de cette situation religieuse de l'humanité sont évidentes:
Définitivement et pour toujours, on peut le croire, l'Univers s'est manifesté à notre
génération comme un Tout organique, en marche vers toujours plus de liberté et de
personnalité. Par le fait même, la seule Religion que l'Humanité désire et puisse
admettre désormais est une Religion capable de justifier, d'assimiler et d'animer le
Progrès cosmique, tel qu'il se dessine dans l'ascension de l’Humanité. (Teilhard,
Introduction à la vie Chrétienne)
Dans un deuxième temps se pose la question de savoir dans quelle mesure le Christianisme
historique peut remplir cette condition.
Deuxième catégorie thématique: Phénoménologie du Christianisme.
Dans différentes méditations et réflexions, Teilhard présente le Christianisme comme un fait
historique. En effet, nous pouvons étudier le Christianisme comme un phénomène religieux
semblable aux autres, sans nous prononcer sur son caractère surnaturel. Il s’agit alors d'un simple
phénomène historique dont nous pouvons analyser l'ampleur, la répercussion et surtout les
caractéristiques, comme la structure spirituelle, en les comparant avec des données expérimentales.
De la même façon, nous pouvons étudier les autres religions que partage le monde des croyants.
Quelle est la religion qui s’accorde le mieux, par sa structure interne, avec la structure fondamentale
d'un monde caractérisé par une évolution convergente? Autrement dit, quelle est la religion la plus
apte à être considérée comme une vraie religion de l'évolution?
Par "Phénomène Chrétien", j’entends l'existence expérimentale, au sein de
l'Humanité, d'un courant religieux caractérisé par le groupe de propriétés suivantes :
intense vitalité ; curieuse « adaptivité », lui permettant, contrairement aux autres
religions, de se développer au mieux, et principalement dans la zone même de
croissance de la Noosphère ; remarquable similarité, enfin, dans les perspectives
dogmatiques […] avec tout ce que nous a appris l'étude du Phénomène
humain(Teilhard, Comment je crois, 1948 )
En plus de la croyance en un Dieu unique et personnel, commune aux autres religions monothéistes
que sont le judaïsme et l'Islam, Teilhard met en évidence trois éléments caractéristiques du
Christianisme, qui le différencient des autres religions: 1- Une personne historique occupe en ellemême une place centrale. 2- Le Christianisme est spécifiquement eschatologique, c'est-à-dire orienté
vers les fins dernières. 3- La personne historique du Christ a annoncé sa venue à la fin des temps
(Parousie) comme couronnement et pleine consécration. Dans le Plérôme du Christ (comme Tête) il y
aura une totale union entre le Ciel et l'Univers, tout sera "récapitulé" en Lui, Dieu et le Monde, pour
toujours (St. Paul, Ephésiens 1, 9-10).
Troisième catégorie thématique : Théologie fondamentale.
Teilhard louait souvent la grandeur et la richesse d'une " harmonie d'ordre supérieur". Il s'agit de
l'harmonie entre la structure fondamentale du Christianisme et les exigences d'une Evolution
convergente. Ceci donne à l’œuvre de Teilhard une signification de justification rationnelle de sa foi,
(Comment je crois 1934). N'oublions pas que l'harmonie est une caractéristique de la vérité.
9
En partant des données de la foi chrétienne surnaturelle, et en les étudiant, Teilhard a médité sur le
contenu et le signifié de cette foi. Il a fait un effort pour comprendre exactement la Révélation et
pouvoir la formuler d'une façon intelligente. C’est son apport à la science humaine appelé Théologie.
Mais la pensée de Teilhard ne peut pas être cataloguée comme la pensée d'un théologien
professionnel et systématique. A la rigueur on pourrait classer son travail comme l'ébauche d'un
"préambule de la Foi"; c'est-à-dire comme une "apologétique" adaptée à la mentalité moderne, une
"mystagogie" contemporaine du Christianisme. Sur ce plan, il faut reconnaître qu'il a fait des apports
nouveaux et substantiels à ce que nous appelons aujourd'hui "la Théologie fondamentale". Ses
apports concernent les trois dogmes clés et fondamentaux sur lesquels repose le Christianisme :
L'Incarnation de Dieu en Jésus-Christ, La Résurrection, et La Parousie, c’est-à-dire la fin
eschatologique du Monde en Dieu par le Christ. De cette façon, la vérité de la Foi chrétienne devient
intelligible pour l'homme d'aujourd'hui en étant débarrassée de tous les concepts et formules
définitivement dépassés.
Il a opté pour un "remplacement" de la vision traditionnelle fixiste, exprimée en termes d’années de
Cosmos, par une vision moderne, exprimée en dimensions d'évolution. (Lettre de 1er Janvier 1951)
C'est une transposition légitime, puisqu'elle suppose le fait de pouvoir distinguer la "vérité
permanente" de son "expression variable". "Une chose est la vérité de la substance que contient
l'ancienne doctrine dans le dépôt de la Foi, et une autre chose la formulation qu'on emploie"
(Allocution de Jean XXIII. à l' inauguration du Concile Vatican II, 11 Octobre 1962). Citation
textuellement rapportée par l'actuel Pape François, dans son Encyclique : "Evangelii Gaudium", 24
Novembre 2013)
Sigourd Daeke, dans la deuxième partie de sa thèse 17, a très bien organisé une synthèse des
différents thèmes de la pensée de Teilhard, à partir de citations qui résument sa pensée d’hier, mais
sont très adaptées et utiles à nos contemporains.
1- Unité de Dieu et du Monde :
"Le Christ Universel, tel que je le comprends, est une synthèse du Christ et de l'Univers". « Comme
j'aime à le dire, il est la synthèse du Dieu (chrétien) vers "le haut" et du Dieu (marxiste) vers "l'avant";
Il est le seul Dieu que nous pouvons adorer," en avant", en esprit et en vérité ».
2- Unité entre la transcendance et l'immanence :
" Vers Lui (Oméga), tout monte comme vers un foyer d'immanence. Mais de Lui tout descend
comme d'une montagne de transcendance. Une nouvelle Foi dans laquelle s'intègrent la Foi
ascensionnelle vers un Transcendant et la Foi propulsée vers un immanent ".
3- Unité entre le surnaturel et le naturel :
"Il y a deux super-entités, l'une surnaturelle, l'autre naturelle. Pourquoi ne seraient-elles pas en
relation et en harmonie dans la pensée chrétienne, étant donné que le Point Critique de Maturité
prévu par la Science est la condition physique et la phase expérimentale du Point Critique de la
Parousie, prévu et attendu par la Révélation ? "
4- Unité du Royaume de Dieu et de l'avenir terrestre :
"Dieu coïncide, sans se confondre, avec le Centre de convergence de la Cosmogénèse". Non
seulement le Progrès humain et le Royaume de Dieu ne se contredisent pas, mais au contraire, de
17
S Daecke, Teilhard de Chardin und die evangelische Theologie, Gottingen, Vandenoec und Ruprecht, 1967, à
partir de la page 261
10
cette conjonction hiérarchisée, se prépare certainement à surgir la renaissance chrétienne, parce
qu'il semble que le moment biologique est arrivé.
5- Unité entre le sacré et le profane:
"Pour un évolutionniste devenu chrétien, la barrière qui semblait séparer le profane du sacré est
tombée". ".A cause de la Création, mais surtout à cause de l'Incarnation, rien n’est profane sur la
terre, pour qui sait voir. Au contraire, tout est sacré, pour qui voit dans chaque créature l'élément
choisi pour être soumis à l'attraction du Christ afin d'être assumé. "
6- Unité entre "En haut" et "En Avant":
"En Haut et En Avant dans l'Univers coïncident : Rien ne va Vers le Haut sans aller Vers l'Avant et rien
ne va En Avant sans aller Vers le Haut". "Je suis chaque jour plus convaincu de deux choses : que la
résolution du nœud du problème spirituel d'aujourd'hui est dans la synthèse entre un En Haut et un
En Avant, et que le commencement de la solution du problème qui existe entre les deux sortes de Foi
est le discernement, au-dessous de nous, d'un point critique de Maturation humaine, qui sera la
phase expérimentale et le point d'accomplissement de la Parousie."
7- Un seul mot peut définir toutes les propositions de Teilhard : " Synthèse". Toute sa pensée est
commandée par "l'unité".
Technique, Amour et Adoration.
Le cardinal Jean Daniélou, s. j., a publié, dans un article déjà cité, un écrit sur la signification profonde
de l'œuvre de Teilhard pour notre temps.
J. Daniélou était bien au courant des problèmes, lacunes, ambigüités et dangers qu’il y avait dans
l’œuvre de Teilhard. Mais il était certain de sa fécondité et de sa grande valeur du point de vue
philosophique, théologique et spirituel.
1--L'importance métaphysique de Teilhard n'est pas tant fondée sur l'intérêt de ses thèses
métaphysiques que sur son attitude métaphysique fondamentale : Teilhard croit à la pensée. La crise
principale de la culture moderne est une crise de l'intelligence, plus exactement, le monde
contemporain cherche une métaphysique, et Teilhard construit une Métaphysique en prolongation
de la Science de son temps. La confiance dans l'intelligence se retrouve dans la métaphysique
classique. Il y a des catégories constitutives de la pensée de Teilhard, comme la personne, la création,
Dieu, qui sont empruntées à la philosophie scolastique, mais que Teilhard a interprétées avec les
données scientifiques de son temps, en faisant un effort de synthèse et en cherchant à construire
une science qui les intègre. Il témoigne ainsi de son amour du réel, qui le maintient ouvert à toutes
sortes de réalités, et qui fait barrage au fractionnement existant entre les différentes disciplines de
la culture contemporaine.
2—A l’importance philosophique de Teilhard s’ajoute une signification théologique. Il est évident
que Teilhard fait sans cesse de la théologie ! Mais sa pensée est essentiellement totalisante. S'il
n'admet pas une science séparée de la métaphysique, il n'accepte pas non plus une philosophie
séparée de la théologie. Au total, il ne faut pas penser que Teilhard traite les questions idéologiques
pour elles mêmes et non à partir de son point de vue de scientifique ; l'intérêt de son œuvre a été le
fait d'approfondir la relation déjà existante entre foi et science, entre l'ordre naturel et l'ordre
surnaturel. Un premier élément semble intéressant à Daniélou. Pour Teilhard l'évolution cosmique
est inexplicable sans Dieu. De cette pensée, vient l'affirmation paradoxale que le sens religieux
augmentera avec l'évolution. Daniélou croit que Teilhard a raison. Ce sont les mêmes hommes qui
11
s'éloignent de Dieu et du Monde. La religion est plus vivante là où l'humanité est la plus vivante,
parce qu'il y a un accord fondamental entre nature et grâce. Mais Teilhard ne se contente pas
seulement de faire converger vers Dieu toutes choses en même temps que le devenir de l'Univers, il
fait plus, il enserre le Christ au cœur de cette histoire cosmique. Voici le deuxième trait positif de sa
vision du Monde. Sous la pression du progrès scientifique, Teilhard a fait rentrer le Christianisme
dans la catégorie de l'histoire. Ceci veut dire que, jusqu'à maintenant, nous juxtaposions le concept
d'une histoire sainte et celui d’une nature statique. Il est sûr que l'évolution rend davantage le Christ
possible, et que l'histoire sainte nous paraît plus nécessaire depuis que la nature est devenue
histoire. En même temps, Teilhard a ouvert le Christ aux dimensions du Cosmos et il a redonné une
valeur de réalité matérielle au Christianisme, au moment où l'humanité, émerveillée, entrait dans
l'époque planétaire et découvrait les richesses de la matière. C’est le troisième caractère positif de sa
doctrine théologique.
Teilhard a cru en la bonté fondamentale de la Création et il a rendu à l'homme moderne "l'optimisme
chrétien", qui fait battre un cœur plein de gratitude devant la grandeur du Monde. Voilà encore un
quatrième trait positif de sa pensée. Il est vrai que Teilhard est plus sensible à ce que la Création
conserve de bon qu'à ce que le péché a corrompu en elle. "Mais c'est catholique de dire que si la
nature a été blessée par le péché, elle n'a pas été détruite, mais, en outre, elle a été rétablie par la
grâce."
3- Finalement l'œuvre de Teilhard est signifiante et féconde pour nous, à cause de son éthique,
c'est-à-dire à cause de l'action et de la spiritualité. Teilhard prend au sérieux les rôles terrestres des
hommes, sans oublier qu'ils doivent trouver leur pleine réalisation dans l'adoration, et que la
recherche du succès est, en elle-même, insuffisante. Teilhard a également vu que les transformations
actuelles de l'humanité, dues au progrès technique et à l'unification économique, modifient d'une
façon profonde les tâches humaines, en nous obligeant, d'une certaine façon, à d'autres devoirs.
Teilhard a dépassé l'ancien dualisme entre vie spirituelle et activité humaine : l'accomplissement des
tâches humaines est une louange à Dieu, non seulement en tant que réalisation de ce que Dieu veut,
mais aussi parce que le véritable but de tout effort humain est, finalement, Dieu.
En résumé
Pour le Cardinal Daniélou, la signification de l'œuvre de Teilhard est d'avoir établi une série de
"passerelles" entre des réalités qui semblaient opposées: science et foi, monde et Dieu, travail
séculier et vie spirituelle. Ce faisant, il donne une unité au monde désaxé et schizophrène, en même
temps qu’il restaure l'harmonie catholique entre nature et grâce. Son humanisme est non seulement
véritable, mais total.
Il rassemble la triple dimension biblique de l'homme : la maîtrise du cosmos par la
technique, la communauté des personnes par l'amour, l'ouverture à Dieu par
l'adoration : technique, amour, adoration, sont les trois dimensions de l'univers. Si
l’une manque, l'univers est plat. Et le message d’espérance que Teilhard nous donne
est que ces trois dimensions, loin de s’opposer l'une à l'autre, convergent, conspirent
ensemble en sorte que nous ayons le droit d’attendre, de l’accroissement de la
technique et de l'unité, un accroissement de l'adoration. C’est un superbe défi ! Mais
il est magnifique qu'il soit lancé. J. Daniélou
Certitude et appel.
12
Je veux finir cet article, avec une citation de quelqu'un qui a très bien approfondi la vie et l'œuvre de
Teilhard18. Il dit:
Peu à peu, nous avons découvert l'immense édifice construit par l'auteur du
"Phénomène Humain" et "Le Milieu Divin", édifice qui ferme une ère et en ouvre une
autre, nouvelle, dans laquelle dominent l'unité et la synthèse, dans laquelle l'homme
amplifie ses aspirations profondes et dans laquelle l'humanité scelle ses noces avec
Dieu. La clé de voûte de cet édifice est le Christ, Fils de Dieu, celui qui voulut naître de
notre chair, et parcourir avec nous le chemin, pour faire de nous, dans le plein sens du
terme, des dieux avec Lui pour toute l'éternité. (traduction)
Cette "cathédrale", ébauchée dans ses grandes lignes par Teilhard, est, à cause de son universalisme,
"définitive". Mais elle exige pour être achevée, toutes sortes d'initiatives et d'activités de la science
et de l'art. Cette "cathédrale" s'élève devant nos yeux, comme une "certitude" et un "appel". La
"certitude" est que, puisqu'elle se fonde sur sa Résurrection, le Christ la finira et la consolidera. Et
"l'appel", est un appel au travail accéléré, embarqués que nous sommes dans l'inexorable marée
d'un "rebond de l'évolution", qui nous possède.
18
C. Cuénot," Ce que Teilhard a vraiment dit", Stock, Paris 1972, p.p.313-314.
13
THE STRUCTURAL AND STRUCTURING THOUGHT
OF TEILHARD DE CHARDIN
Dr. Enrique Neira Fernandez
Pierre Teilhard de Chardin has been considered a bridge-builder of contemporary thought
after thirty years of experience and reflection as a scientist, phenomenologist and Christian
theologian. This was because he succeeded in building a new bridge, joining the two banks
through which flows modern humanity: Science and Religion; World and God; Evolutionism
and Christianity.
He has testified before the men of his time, in a language adapted to the new forms of his
thought, of a total faith in which the love we owe to the world and the love we owe to God
can and should be reconciled 19
This was his mission. The value of his system is rooted in the fact that in him scientific
knowledge and religious knowledge are not next to each other in a more or less pacific
state, or in a state of non-declared war, but are united way beyond all facile agreement, in a
new and coherent vision of the Universe.
Wise Christian, scientific researcher and priest with a passion for the World and a passion for
God, Teilhard felt himself called to re-establish a link between modern man and the Church,
between humanism and Christianity, between the “adorers of the World and the adorers of
Christ”, between a passion to build up the Earth and a passion for reaching heaven. This
double vocation of son of the Earth and son of Heaven is the heart and soul of his work. 20
And this is how Teilhard himself understood and lived his life, as he wrote in an article which
has come to be seen as a synthesis of his thought
Christianity and evolution are not to irreconcilable versions, but two perspectives made to
connect and complete each other. So, by simply incorporating and assimilating the
evolutionary perspective into Christian thought, the barrier between faith and reason,
erected over four centuries, has fallen. With this FIXIST obstacle removed, nothing now
prevents non-Catholics and Catholics from advancing forward, hand in hand, along the great
road of the Search. Collaboration is now possible on both sides. Evolution is the daughter of
Science. But in the last analysis, it may well be faith in Christ which will preserve in us our
love of evolution 21
In order to help understand, assimilate and spread this highly original and innovative
thought of Teilhard de Chardin, I have made a serious, ordered and pedagogical study, which
I have entitled “ Atom to Omega. The Evolutionary Thought of Teilhard de Chardin”
Madrid Bubok International, 2013 and accessible in digital form.
In 333 pages, I have tried to deal with the great matters on which Teilhard reflected, leaving
his imprint of profound genius, modern focus and original style .Everything underlines the
great actuality of Teilhard’s thought for this century, when our contemporaries can feel
today better understood with their problems by Teilhard than previously, and better
equipped to appreciate his solutions than his contemporaries were half-way through the last
century.
I will summarise now the themes of the 21 Chapters. To start, as an introduction, ”Teilhard
sign for our time”. The final Chapter:”Teilhard in the 21st Century”. Between these, I deal
19
E. Rideau, La pensée du P. Teilhard de Chardin, Paris 1965,p.49 (translated)
L Barjon Le combat de Pierre Teilhard de Chardin, Laval-Québec 1971, p.7 (translated)
21
Pierre Teilhard de Chardin Science et Christ, 1946. (translated)
20
14
with what we might call Teilhardian Phenomenology, namely his “original and disconcerting
methodology”;”the evolutionary sign” inside which he moves, which constitutes for him the
“great Law of evolution”( the growing complexity). The application with Teilhard makes of
this law to go forward from the scientific hypothesis of the universe in expansion, with the
origin of the universe (“Cosmogenesis”),passing on through the origin and diversification of
life on our planet (“Biogenesis”), to reach the arrival of the human Zoological Group on our
planet and the development of the Noosphere (“Anthropogenesis”). With its base in this
gigantic ascendant and convergent evolution of Life and Thought ( as opposed to
ENTROPIA),and taken together, Teilhard speaks of the phenomenological-philosophical
hypothesis of the so-called “Omega-Point”) ( God in the traditional language of philosophies
and religions),which makes up my Chapter 9,which I see as fundamental.
I then propose three key Chapters: “Christ and evolution”(Chapter10);”Christogenesis”
(Chapter 11),in which Teilhard formulates for our time the three essential and fundamental
dogmas of Christianity: the Incarnation of God in Christ; the Resurrection of Christ and the
gathering together of all things into Christ at the end of time, or “Parousia” ( when “God will
be all in all”, as St.Paul puts it).This leads on to “An energetic Christianity” (Chapter 12).Thus,
ethics as wise orientation of human conduct or as Christian morals and mysticism,derived
from the earlier vision of the cosmos. These trace a direction as much for the individual
action of persons as for the collectivity of society. In a third part of the book, in the six
Chapters from Chapter 14 to Chapter 19 inclusive, I deal with the discussion of critical and
difficult topics such as the apparent contradiction between matter and spirit?;anguish or
optimism?; creation or evolution?;natural or supernatural?;sex or love?;eastern pantheism
or western personalism?; Marx or Teilhard?
I - Teilhard de Chardin. Sign for our Times
I have no ambition other than to trace a logical life, absolutely extended towards the great
hopes of the world (Tientsin, 1927, Lettres de voyage) (translated)
Pierre Termier that the earth cannot hide the existence of “youthful vapours” which change
the sedimentary rocks and have shaped gigantic and fantastic shapes over millennia.
Humanity also is worked and shaped by these “youthful vapours” which from time to time
effect changes. There are men who effect real changes in history.
Gigantic spirits who shape whole periods of history with their thought: the Buddha
Sakyamnuni; Lao-Tse or Confucius in the East;
Artistotle, Augustine of Hippo and Thomas Aquinas in the ancient and medieval West; Mark
and Freud in recent times. For some people, Teilhard is one of these “youthful spirits” who
work change in a particular period.
A leading journalist on “La Croix” (Joseph Folliet,25-26 April 1965) has written that two men
have changed our image of the world: Einstein who called Newtonian physics into question
with his theory of relativity and Teilhard de Chardin who overthrew the mechanist and
determinist vision of the universe “ thus forcing believers to revise their intellectual positions
“
In 1975, twenty years after his death ( which occurred in 1955), and with 15 volumes of his
works published, Teilhard was already, according to the latest annual bulletin “Archivum
Historicum S.J) still the Jesuit with most written about him (between 120 and 150 books and
articles each year). He has inspired two novels: “Les Racines du ciel” by Romain Gary
(Goncourt prize ) and “The Shoes of the Fisherman” by Morris West, made into a film with
15
Anthony Quinn playing Fr.Teleman, based on Teilhard. His thought provided the basis for the
socialist constitution of the new African state of Senegal, thanks to its poet-president
Leopold Sedar Senghor. Men of science find in his work the possibility of a total synthesis. Hi
work is studied and passionately discussed among Marxists and modern Catholic and
Protestant theologians. What kind of man is this what is his secret?
If influence on a particular period of history can be measured by the impact on images and
works produced in that period, then we must recognise that the ideas of Teilhard have a vast
audience in our time.
Teilhard belongs to that group of people who without being philosophers of genius or the
founders of a religion, or saints, or political leaders, or revolutionaries, are however people
who have changed things in our time and become measures of change in a particular period
of history.
Statesmen place his work at the basis of their constitutions: scientists find in his work the
possibility of a total synthesis; Churchmen recognise in his work the special means for a
rediscovery of God in our technical age. Slowly but surely, minds which had previously been
hesitant, recognise the importance of Teilhard’s work and are stimulated by its questions.
Marxists discuss it, Thomists discover it. Mauriac himself is interested in it. It would be
absurd to speak here of fashion. There are reasons why the work of Teilhard surprises us as
contemporary in the best sense of the word, that is responding to a deep need of the human
spirit 22
The high point of the “fashion“ for Teilhard came at the end of the 1960’s. Both the attack
on him and the praises for him were at their loudest at that time. There were respected
figures who called him “the source of subversion in the Church”, “the Jesuit who didn’t
believe in Adam”, “The writer of scientific novels and metaphysical dream”, “the Jesuit who
caused difficulties for the Vatican”,” the brother of Freemasons in spirit and in truth”. But he
was also praised as ”philosopher, poet and mystic”, ”The St.Thomas Aquinas in an age in
which Einstein, Heisenberg and Louis de Broglie are the Aristotles” (Teldy Naim), “the most
revolutionary thinker in European Christianity of the twentieth century” (Friedich Heer),
“the greatest apologist for Christianity since Pascal” (Bruno de Solages).
That fashion passed, but something of it goes on responding to the deep aspirations of the
men of our time. More than a structural way of thinking, his is a structuring way of thinking.
It has its own dynamism which replies to our present-day anxieties, and it leaves an imprint
on modern fields of study a dialectic which still has an impact for us. A commentator with
the Figaro newspaper (Andre George, 7th July 1966) applies to Teilhard the phrase which
Madame de Stael says of Rousseau “He has discovered nothing, but he has inflamed
everything”.
Andre Blanchet, SJ, a work colleague of Teilhard on the French Jesuit journal “Etudes” and
who knew him very well, has said of him that he “was one of the most authentic visionaries
of our time”23
Visionary in the sense that we speak of Rembrandt, Pascal, or Simon Bolivar, is someone
who has been taken over by an all-consuming intuition-often from infancy or as a
consequence of a radical life change- an intuition which is not challenged, which lights up life
and leaves no rest until the last breath. The visionary has seen something that escapes our
vision. and he does nothing except call our attention towards the place his vision is
concentrated on. Since we are blind to that which “blinds our eyes”, he tries to translate his
22
23
J. Daniélou, "Signification de Teilhard de Chardin" Etudes, -312- 1962- 145-161. (translated)
A. Blanchet, "Teilhard plus intime", Etudes 1972-1,563 (translated)
16
vision for us, using the best of traditional language to express a new reality, forcing the
words and succeeding only with images of what he wants to suggest to us, images which
end up being only approximations. With the visionary , discussions are a waste of time.
“Faith can only be born from faith”, wrote Teilhard. He also tells us ”I do no defend an idea,
a system, but a Faith, a mystical Faith”. This visionary cried out with full voice in the desert
during the last century:
You must succeed in making your concept of Christianity the equal of the breadth of the
world in which you now live and will live tomorrow.
And his echo sounds out more energetically in our 21st century, in a wider world more in
need of the eternal Christianity for which Teilhard fought, in his Don Quixote style, against
strong opposition in the Vatican, never thinking that one day we would have a Jesuit Pope,
Francis, on the throne of Peter, who would justify for Teilhard his genial role of evangeliser
on this century. Teilhard delivered strong blows against engrained habits of scientific,
philosophical and theological thought, seeking to broaden our vision. And it is likely that he
will succeed, now that his evolutionary thought, in agreement with the fundamentals of
Christianity, is again in fashion.
A mystic without being a saint, he died misunderstood by most of his contemporaries, but
“without anxiety or bitterness”. He was so certain of the final triumph! The two vocationswhich from childhood and more as a Jesuit scientist absorbed him so much that they finally
fused. He had offered himself to God “as a field of experiment”, so that through him could
take place the “fusion of the two great loves, love of God and love of the World”.
Teilhard had wanted to finish “at the side of the road”, as a poor committed pilgrim in
search of what never arrives. As he said ”The World is only understood and saved by those
who have no place to lay down their head”. New York was, in 1955, the end of the road
where this pilgrim arrived where all sea and air routes of our restless world meet. This
traveller had nothing in his hands nor in his pockets.
But he had succeeded in burying and rooting his heart in both God and the World!
The legacy of Teilhard
Pierre Teilhard, from childhood, felt this tension between God and the World. Only after a
passionate search over 30 years did he manage a synthesis, and this is his interesting and
revolutionary legacy for our 21st century.
The originality of my thought consists in this: that it is rooted in two dimensions of life that
are usually considered antagonistic to each other. My education and intellectual formation
make me one of the “sons of Heaven” but my character and my professional studies make
me a “son of the Earth”. Living my life in the heart of these two worlds, both of which I know,
through family experience, theory, language and feelings, I have built no wall between them,
but have allowed the two worlds to interact freely with each other, with their seemingly
contradictory influences. So, after thirty years dedicated to an interior unity of these two
world, I feel that I have arrived quite naturally at a synthesis. One has not drowned the other.
I now believe more than ever in God and at the same time, more than ever in the World. Is
this not a small-scale model ,my individual solution, to the great spiritual question which
faces humanity now as we progress forward ?24
“The Christing of the World”, “the Worlding of Christ”….these are the two themes which we
find through the writings of the learned Jesuit. Christianity and Evolution are not, then, two
24
P. Teilhard, Comment je crois, 1934 (translated)
17
irreconcilable visions, but two different perspectives made to connect and complement each
other. This is how Teilhard summed it up in a brilliant study entitled “Catholicism and
Science”, which contains a summary of all his thought:
Christianity and evolution are not two irreconcilable versions of truth, but two perspectives
designed to connect and complete each other. So, by the simple incorporation into Christian
thought of the evolutionary point of view, the barrier which was erected four centuries ago
between faith and reason has fallen. With this fixist obstacle removed, nothing now prevents
non-Catholics and Catholics from advancing forward, hand in hand, along the great path of
our Search. Collaboration is now possible on both sides. Evolution is the daughter of Science.
But in the last analysis, it can very well be faith in Christ which will keep alive in us our
appreciation of Evolution25
Reactions to Teilhard
Chesterton said that Catholic thought is the meeting point of two contradictions, best
expressed in the Cross. We find a similar thought in Teilhard. For Teilhard, it is not passivity,
but always movement, which step by step goes beyond the suffering of every cross; he
represents an option which answers negativity: instead of ingenuous optimism, which
characterises the run-of the-mill progressive pseudo-philosophers, his is an heroic optimism
which triumphs totally over the endless negative planted in the human and cosmic heart.
Humanity is now visibly moving in search of a new figure of man, a new mode of existence,
new reasons for living and hoping,able to give a meaning to our condition. Teilhard gives an
answer26
Clinging to Teilhard’s thought with an enthusiasm devoid of a critical sense has no meaning.
But rejecting it with pre-judgement, without study or discussion, is also without meaning. Let
us examine his work in depth in its different aspects : scientific, philosophical and theological.
Following the counsel of St.Paul: “ let us examine everything and retain only that which is
good”. Friends and enemies of Teilhard have made him into a “myth”. Our job is to make him
a “logos”: to rationalise the”myth”27
Newman said that to “make an idea familiar needs time”. Teilhard was ahead of his time.
The problems which he presented will go on maturing and taking their time until reason and
faith shine the fullness of their light on them. But in any event, for scientists as for
philosophers and theologians, Teilhard has forced us to take a step, a great step “forward “
as he loved to repeat. Let us accept his challenge.
II - Teilhard in the 21st Century.
We can speak of Teilhard as a genius between two centuries, unfurled high on the mast of a
generation sailing between two worlds, the old and the future. ( Luis Martinez Gomez)
After an overview of Teilhard’s thought, we can speak of a meeting with a genius positioned
“between two centuries”.28 A genius unfurled high on the mast of generation sailing
between two worlds, the old and the future. In many ways, Teilhard was ahead of his time
25
See note 3
E. Rideau Teilhard oui, ou non? Paris Fayard p.138 (translated)
27
P Labourdette O.P. Recension des œuvres de Teilhard, Revue Thomiste 64 1964 (42) (translated)
28
Teilhard entre dos siglos, revue espagnole "Pensamiento" two articles in a wonderful issue 102-103 1970,pp.
255-275 (translated)
26
18
and aspects of his thought which scandalized in the middle of the 20 th century are hardly
drafts of ideas which are beginning to be current in our 21 st century. Time is needed for wild
ideas to be tamed.
We cannot forget that Teilhard was a pioneer and that it can never be the task of one man to
bring to a happy conclusion a great study project which culturally revolutionises a whole
period of history. This requires not just various stages but various inspirations. The following
phrases of the great thinker, John Henry Cardinal Newman are illustrative here: (see “The
Idea of a University”, London 1875, pages 474-477).
Like any other author, Teilhard is subject to fair criticism. Let us use his thought with care
and prudence, but let us not oblige him to close his notebook or extinguish the light he
provides for new paths. He himself advises as follows: “In this ordering of values, I may have
strayed at certain points. Here lies the task for those wanting to improve my work” (Le
Phénomène Humain)
Among the various groups of scientists found in our world- according to the division made by
the Agudelo brothers-the name of Teilhard should serve to enlarge the list of scientists who
are complex, evolutionist and universal. Their classification of scientists is as follows:
Human life and the scientific task-paraphrasing Teilhard de Chardin himself-might seem to
an outside observer as an enormous non-fortuitous guess. From this we deduce ( from the
criterion of complexity and conscience) that there are various groups of scientists:
A) those who know or think they know, and concentrate their attentions on the why’s and
wherefore’s. We might call these explicit scientists.
B) Those who know that they know, and have been able to dig deep into nature and the
epistemological roots of their knowledge. These would be the reflective scientists.
C) Those who know what they know and search for why they know, deepening their own
personal maturity, seeking to integrate with their professional training. We could call these
humble scientists. Their motivation leads them to interpret life as a process of transcendent
evolution, whose elements go far beyond the system, the partiality, the limitation, the field of
knowledge. We could call these scientists complex, evolutionist and universal.29
There are still few scientists who understand the final destination of their work and work
from a perfect starting point, remaining open to the point of arrival. But there are more and
more who understand their scientific work as also leading to that point of arrival. Among
these is Teilhard, who succeeded in “seeing”.
The secret of all the work and thought of Teilhard is in the synthesis and unity which he was
capable of achieving. Teilhard belongs to that group of thinkers which- as he himself defined
- succeed in unifying through a multiple perception, succeeding in “seeing”.
In fact there are only two kinds of thinkers, only two: those who never get beyond the
perception of multiplicity and feel no need to do so. And those for whom this very perception
of multiplicity must necessarily form a unity. Pluralists and singularists, those who see and
the others who remain blind30
Teilhard was a scientist and a priest, a man of God and a man of his time. He dedicated his
life to the creation of a synthesis between Christianity and the spirit of our time, a synthesis
which embraced his whole life, in his enthusiasm to live it, solve it, express it in words and
communicate it to others. Various different elements form part of this synthesis: love of God
and love of the World, faith in Christ and faith in Man, in Religion, in Science, Christian
detachment and immersion in the world, the Kingdom of God and human progress.
29
30
Agudelo M. G. et J. S. " El secreto de Teilhard". En el Universo sensible Mexico 2002 (translated)
Teilhard. Comment je crois, 1934 (translated)
19
In my comprehensive study, I have tried to present the great themes on which Teilhard
reflected, allowing their profoundly original genius, modern focus and original style to shine
through. All these can be found in the three groups listed by N.M. Wildiers. 31 All these
underline the great actuality of Teilhard’s thought for our 21 st century, when our
contemporaries can feel themselves and their problems better understood by the Teilhard
of yesterday and better equipped to appreciate now his solutions to what lay in the middle
of the last century, as I explained earlier.
First theme: the sociology of religion
Because of his scientific training and work, Teilhard was very sensitive to the influence of
points of view on religious sensibility-present in all societies and expressed in a variety of
religions-generally very linked to the world view of the period.
The scientific advances we have seen during the last two centuries have brought about a
kind of revelation in modern thought: the cosmos has been made manifest in its greatness
and its organic coherence.
The modern history of religious thought, whoever the thinkers, seems to me to be dominated
by a kind of revelation which rises in human consciousness, in the Universe which is one and
great (Teilhard, “Note sur Le Christ Universel”)
Modern man is not atheist as some maintain. On the contrary, he has developed a new
natural religion.
It is just that he has not yet found a God he is able to adore, says Teilhard Our century is
religious, possibly more religious than others, but modern man has just not yet found a God
he is able to adore (Letter 10th December 1952).We should speak less of atheism and more
of a theism ( a belief in God), which is unsatisfied. The consequences of this religious
situation for humanity are clear:
We can believe, definitively and for all time, that the Universe which is seen in our generation
is an organic Whole, advancing towards greater freedom and personality. Thus, the only
religion desired and admitted from now on by Humanity, is a Religion capable of justifying,
assimilating and animating the cosmic Progress, as seen in the ascent of Humanity. (Teilhard,
Introduction à la vie chrétienne)
Later, the question remains as to the measure in which the history of Christianity fulfils this
condition.
Second theme: The phenomenology of Christianity
In various meditations and reflections, Teilhard sees Christianity as an historical fact. We can,
in fact, study Christianity as one religious phenomenon among other similar ones, without
making any statement about its supernatural character. So here we are dealing only with an
historical phenomenon whose importance, impact and above all characteristic features, can
be analysed, as can its spiritual structure, comparing these to other experimental data.
Similarly, it is possible to study the other world religions. Which Religion is closer, through its
internal structure, to the fundamental structure of a world characterised by a convergent
31
N.M. Wildiers Prologue to a volume with important essays by Teilhard edited in French 10 years after his
decease under the title "Science et Christ", Paris, Seuil.
20
evolution? In other words, which is the religion best adapted to be considered as a true
religion of evolution ?
By “Christian phenomenon” I mean the experimental existence, the desire of Humanity, in a
religious current characterised by the following properties: intense vitality, an adaptive
curiosity which allows it, unlike other religions, to develop best, and principally, in the zone of
growth of the Noosphere: similarly in various dogmatic perspectives, with everything that we
have been taught of the Human Phenomenon. (Teilhard, Comment je crois, 1948)
In addition to the belief in one personal God ( common to the other two great monotheistic
religions, Judaism and Islam), Teilhard highlights three elements which are characteristic of
Christianity and distinguish it from other religions:1) the fact that a historical person
occupies a primordial place2) Christianity is profoundly eschatological, that is to say, that it
points to the last things 3)the historical person of Christ has announced his return at the end
of time ( Parousia), in glory and to complete all things. In the total fullness of Christ (as
Head), the full unity of Heaven and the Universe will be achieved, all things will be made new
in Him, God and the World, for ever (San Paul to the Ephesians,1,9-10)
Third theme: Fundamental Theology
There is a “harmony of higher order”, whose grandeur and richness Teilhard never tired of
praising. This is the harmony between the fundamental structure of Christianity and the
requirements of a convergent evolution. This gives to the work of Teilhard the sense of a
rational justification of his faith (Comment je crois, 1934). On the other hand, let us not
forget that harmony is a characteristic of truth.
Given the facts of supernatural Christianity and working on them, Teilhard reflected
incessantly on the contents and significance of this faith. He also made an effort to
understand Revelation exactly and formulate it intelligently. In this way he contributed to
the human science we call Theology. But the thought of Teilhard cannot be classified as that
of a professional systematic theologian. At its best, we would do better to consider it a
drawing of some “preambles of faith”, that is to say an “apologetic”, adapted to the modern
mind, a contemporary revealer of the sacred mysteries of Christianity. And we must
recognise as such the substantive and new contributions which Teilhard made to what we
now call “fundamental Theology”, because they centre on three key dogmas ,forming the
basis of Christianity: the Incarnation of God in Jesus Christ/ the Resurrection/ the return of
Christ at the end of time. In this way, he has made the truths of the Christian faith
intelligible for modern man, freeing them from outdated concepts and formulations.
He spoke in favour of a “transposition” expressed for years in terms of the Cosmos from the
traditional fixist view to a modern vision in terms of evolution ( Letter of 1st January 1951). A
legitimate move, which supposed that it is possible to distinguish between permanent truth
and its variable expression “One thing is the truth in the contents of the ancient doctrine
contained in the deposit of faith and another is the formulation given to this truth today”(
Address of Pope John XXIII at the opening of the Second Vatican Council, 11 th October
1962,referred to by Pope Francis in his Encyclical “Evangelii Gaudium”, 24th November 2013,
No.41).
21
Sigurd Daecke, in the second part of his thesis32has set out very well the various themes
linked to the synthesis of Teilhard -using original phrases- which are useful as a summary of
earlier thought but very adapted and very useful for our contemporaries today.
1. Unity of God and the World. “The Universal Christ, as I understand him, is a synthesis
of Christ and the Universe” “As I like to put it, the synthesis of “God” (Christian) in an
upwards direction, and of “God “(Marxist) in a forward direction, is the same God which
we can adore from now on “in spirit and in truth”
2. Unity of the transcendent and the immanent. “ Towards the Omega point, everything
rises as if towards an immanent home. But from Him everything comes down also, as
from the summit of transcendence”/” A new faith in which integrates a Faith rising to the
Transcendent and a Faith propelled towards the Immanent”
3. Unity of the supernatural and the natural.”The two super entities” ( one “supernatural”
and the other” natural”) how are they not going to relate to each other and harmonise
with each other in Christian thought, since the critical point of Maturity envisioned by
Science is the physical condition and the experimental phase of the critical point of the
Parousia, postulated and hoped for in the name of Revelation?
4. Unity of the Kingdom of God and the future of the earth.
“God coincides (without being subsumed) with the centre of convergence and
Cosmogenesis”. Not only do human Progress and the Kingdom of God not contradict
each other, but from this hierarchical joining will probably spring the Christian rebirth
whose biological time seems to have arrived.
5. Unity of the sacred and the profane.
“ For the evolutionist who has become Christian, the barrier which seems to separate the
profane from the sacred can be overcome”. By virtue of Creation, and ever more by
virtue of the Incarnation, nothing is profane, here below, for he who wants to see. On
the other hand, all is sacred for he who wishes to see in every creature, the element
chosen to be subject to the attraction of Christ made whole.
6. Unity of “Vertical” and “Horizontal” dimensions.
“The Vertical and the horizontal dimensions complement each other. No Vertical without
the Horizontal and no Horizontal without the Vertical.” “I am daily more convinced of
this double proposition: that the nub of our spiritual problem these days is in a synthesis
of the Vertical and the Horizontal and that the principle of a solution to this problem of
the two Faith directions lies in a discernment above ourselves, in a critical point for
human Maturity, an experimental phase and achieving the Parousia”
7. One word can sum up all the quotations from Teilhard: Synthesis. All the thought of
Teilhard is dominated by the idea of unity.
Technique, Love and Adoration.
The learned Cardinal Jean Daniélou, SJ spoke in his lively article (quoted earlier)of the
profound meaning of the work of Teilhard for our time.
Daniélou knew very well that the work of Teilhard contained problems, gaps, ambiguities
and dangers. But he was certain of his fruits and of his great value in the three fields of
philosophy, theology and spirituality.
32
S Daecke, Teilhard de Chardin und die evangelische Theologie, Gottingen, Vandenoec und Ruprecht, 1967,
starting from page 261
22
1) The importance of Teilhard’s metaphysics lies not so much in his metaphysical theories,
but in his basic metaphysical attitude: Teilhard believes in thought. The main crisis of our
contemporary culture is a crisis of intelligence. So that the modern world seeks a
metaphysic and Teilhard builds a metaphysics developing the Science of his time. This
confidence in intelligence is found in classical metaphysics. There are categories of
Teilhard’s metaphysics (person, creation, God),which are taken from Scholastic
philosophy; but Teilhard interprets these using the scientific knowledge of his own time,
striving for a synthesis and to build a total science. Thus Teilhard reveals his love of the
real, which keeps him open to reality and is a timely corrective to the atomisation of
various disciplines in our modern culture.
2) This philosophical importance of Teilhard must be added its theological meaning. It is
clear that Teilhard is constantly doing theology. His thought is essentially holistic. A
science separated from metaphyics is not allowed, neither a philosophy separated from
theology. We are not to think that Teilhard deals with ideological questions for their own
sake, and not from his scientific starting point. His great work has been, in this sense, the
deepening of the existing relationship between science and faith, between the natural
order and the supernatural. One feature seems important to Daniélou. For Teilhard
cosmic evolution is inexplicable without God. Hence his paradoxical affirmation that
religious feeling will grow stronger with evolution. Daniélou believes that Teilhard is
correct here. The men who close themselves to God are the same men who close
themselves to the world. Religion is more alive in those places where humanity is more
alive, since nature and grace are built on one another. But Teilhard is not satisfied with
making the whole future of the universe converge towards God, he inserts Christ into the
heart of this cosmic story. Here we have, theologically, a second positive aspect of his
view of the world This means that until now we juxtapose the concept of a sacred history
and a static nature. It is certain that evolution makes Christ more possible and that
sacred history strikes us as more necessary since nature is also history. At the same time,
Teilhard has opened Christ to the dimensions of the cosmos and has seized anew the
value of material reality for Christianity at the precise moment that humanity was
entering, marvelling, into the planetary era and was discovering the riches of matter.
Here, then, is a third feature of his theological position. Finally, Teilhard has believed in
the fundamental goodness of Creation and has restored to modern man that Christian
optimism which causes the heart to fill with gratitude for the greatness of the world.
Here is a fourth aspect of his thought. It is certain that Teilhard is more sensitive to all
that creation contains of goodness, than to that which sin has corrupted. “But it is
Catholic to believe that if nature has been wounded by sin, it has not been destroyed, and
moreover, that she is revived through grace”.
3) Finally, the work of Teilhard is particularly rich for us in the field of ethics, that is to say
action and spirituality. Teilhard takes seriously the worldly roles of man, without ignoring
that these find their full realisation in adoration and that the criterion of success is in
itself insufficient. Teilhard has also seen that the modern transformations of humanity,
brought about by technological progress and economic globalisation, profoundly modify
the applications of human action, opening up new obligations. Teilhard has gone beyond
the old dualism between the spiritual life and human activity: the completion of human
tasks is to praise God, not only in carrying out what God desires, but also in as far as the
final objective of all human effort is God.
23
In summary
For Cardinal Daniélou, the significance of Teilhard’s work consists in his having opened up
inroads between realities which seem opposites: science and faith, world and God, worldly
duties and the spiritual life. With all this he gives back unity to our troubled and
schizophrenic world, restoring the Catholic harmony of nature and grace. His humanism is
not only true, but is also integral to his work:
“The triple Biblical dimension of man is reunited: the dominion of the cosmos by work, the
community of persons in love, the opening up to God through adoration. Work, love,
adoration, are the three dimensions of the universe. If one of these is missing, the world is
flattened. The message of hope which Teilhard gives us consists in that these three
dimensions, far from opposing each other, converge in such a way that we have the right to
hope that the growth in our technological work will lead to a growth in adoration. This is a
highly ambitious challenge. But it is a magnificent attempt.”
Certainty and call
I conclude with the final conclusion which a great expert on the life and work of Teilhard has
left us in his brilliant study.33
Little by little, he says, we discovered the wonderful construct of the author of “Le
Phénomène Humain” and “Le Milieu Divin”, a construct which closes one era and opens a
new one, in which unity and synthesis prevail, in which man widens his deepest aspirations,
in which humanity seals its union with God. The high point of the dome of this building is
Christ, the Son of God, who wished to be born flesh of our flesh and tread the path with us, to
make us, in the fullest sense of the word, Gods with Him for all eternity.
This “catedral”, built up by Teilhard, is by its very universality, ”definitive”. But for its
completion, it requires the totality of initiatives, of activities, in the fields of sciences and of
arts. This “cathedral” rises before our eyes as a “certainty” and as a “call”. The “certainty”
that Christ, on whose Resurrection it is based, will complete it and consolidate it. And the
“call” to rush to our work, carried along as we are by the inexorable movement of a
bouncing evolution which possesses us all.
33
C. Cuénot," Ce que Teilhard a vraiment dit", Stock, Paris 1972, p.p.313-314. (translated)
24
Dr. Enrique Neira Fernández
EL PENSAMIENTO ESTRUCTURADO Y ESTRUCTURANTE DE TEILHARD DE CHARDIN
"Pontifex" del pensamiento contemporáneo fue catalogado Pierre Teilhard de Chardin
después de 30 años de experiencia y reflexión como científico, fenomenólogo y teólogo del
cristianismo . Se debe a que logró tender un puente nuevo que una las dos riberas por entre las
cuales corre el fluir de nuestra humanidad: Ciencia y Religión, Mundo y Dios, Evolucionismo y
Crstianismo.
"El ha dado testimonio ante los hombres de su tiempo, en una lengua adaptada a las formas nuevas
de su pensamiento, de la fe total en la que pueden y deben reconciliarse el amor que debemos al
mundo y el amor que debemos a Dios" (1).
Esta fue su misión. El valor de su sistema estriba en el hecho de que en él conocimiento científico y
religioso no están el uno junto al otro en coexistencia más o menos pacífica o de guerra no declarada
sino que se integran más allá de todo fácil concordismo, en una nueva y sugerente visión del
Universo.
"Sabio cristiano, investigador científico y sacerdote apasionado por el Mundo y apasionado por
Dios, Teilhard se sintió llamado a restablecer un nexo entre el hombre moderno y la Iglesia, entre el
humanismo y el Cristianismo, entre <los adoradores del Mundo y los adoradores de Cristo>, entre la
pasión por construir la Tierra y la pasión por alcanzar el cielo. Esta doble vocación: de hijo de la Tierra
e hijo del Cielo es el alma de toda su obra" (2).
Y así lo entendió y vivió el mismo Teilhard, como lo consignó en un lúcido artículo que viene a
ser como una síntesis de su pensamiento (3):
"Cristianismo y evolución no son dos versiones inconciliables, sino dos perspectivas hechas para
encajar y completarse mutuamente. Así, por la simple incorporación y asimilación al pensamiento
cristiano del punto de vista evolutivo, ha caído la barrera que se erguía, desde hace cuatro siglos,
entre razón y fe. Suprimido el obstáculo fixista, nada impide ahora a acatólicos y católicos avanzar, de
frente y cogidos de la mano, por el gran camino de la Búsqueda. De una y otra parte la colaboración
es hoy posible. La Evolución es hija de la Ciencia. Pero, a fin de cuentas, puede muy bien ser la fe en
Cristo la que salvará mañana en nosotros el gusto de la Evolución" .
Para ayudar a entender, asimilar y difundir este pensamiento tan original e innovador de
Teilhard de Chardin he realizado un estudio serio, ordenado y pedagógico. Lo he titulado DEL ÁTOMO
A OMEGA. EL PENSAMIENTO EVOLUTIVO DE TEILHARD DE CHARDIN (edición rustica Madrid Bubok
Internacional 2013 y de acceso en texto digital) (4).
En 333 páginas he tratado de presentar los grandes temas sobre los que reflexionó Teilhard
dejando en ellos su impronta original de genio profundo, de enfoque moderno y estilo original.
Todos ellos subrayan la gran actualidad del pensamiento de Teilhard para este siglo, cuando
nuestros contemporáneos pueden sentirse hoy mejor comprendidos en sus problemas por el
25
fueron
Teilhard de ayer y mejor equipados para apreciar ahora sus soluciones de lo que
sus coetáneos a mediados del siglo pasado.
Resumo acá el recorrido temático de los 21 capítulos. Un tema inicial, como
abrebocas, titulado "Teilhard signo de nuestro tiempo". Y un tema final, conclusivo: "Teilhard en el
siglo XXI". Entre ellos discurre lo que podemos calificar como la Fenomenología Teilhardiana. A
saber, su "original y desconcertante metodología"; "el marco evolutivo" dentro del cual se mueve,
lo que constituye para él "la gran Ley de la evolución"(la complejidad creciente). La aplicación que
hace T. de dicha ley para ir avanzando desde la hipótesis científica del universo en expansión, con el
origen del Universo ("Cosmogénesis"), pasando por el origen y diversificación de la Vida en nuestro
planeta ("Biogénesis") hasta llegar a la aparición del Grupo Zoológico humano en nuestro planeta y
el desarrollo de la Noósfera ("Antropogénesis"). Con base en esta gigantesca evolución ascendenteconvergente de la Vida y el Pensamiento (en contravía de la Entropia) - y tomada en conjuntoTeilhard emite la hipótesis fenomenológico-filosófica del llamado "Punto Omega" (Dios en lenguaje
clásico de filosofías y religiones) que constituye mi capítulo 9, que lo juzgo fundamental. De ahí para
adelante ofrezco tres capítulos-clave: "Cristo y la evolución" (capítulo 10); "Cristogénesis" (capítulo
11) con la que T. formula -en términos evolutivos para nuestro tiempo- los tres dogmas esenciales y
fundamentales del Cristianismo, a saber, la Encarnación de Dios en Jesucristo, la Resurrección de
Cristo y el papel reunificador de Cristo al final de los tiempos o “Parusía” (cuando 'Dios será todo en
todos' en frase de San Pablo). De todo ello brota "Una energética cristiana" (capítulo 12). Es decir, la
ética como orientación sabia de conducta humana o como moral y mística cristianas, derivadas de la
cosmovisión anterior. Ellas marcan una orientación tanto para la acción individual de las personas
como para la colectiva de la sociedad. En una tercera parte del libro, en 6 capítulos
complementarios (14 a 19 inclusive) abordo la discusión de temas álgidos y difíciles de aparente
contradicción como son: ¿materia o espíritu?; ¿angustia u optimismo?; ¿ creación o evolución?;
¿natural o sobrenatural?; ¿sexo o amor?; ¿panteísmo oriental o personalismo occidental?; ¿Marx o
Teilhard?.
I. TEILHARD DE CHARDIN SIGNO DE NUESTRO TIEMPO
"No tengo otra ambición que la de dejar la huella de una vida
lógica, absolutamente tendida hacia las grandes esperanzas
del mundo" (Tientsin 1927, Cartas de Viajes).
Pierre Termier ha dicho que no puede disimularse la existencia en la tierra de "vapores
juveniles que metamorfosean las rocas sedimentarias y han modelado gigantes milenarios y
fantásticos. También la humanidad milenaria es trabajada y conformada por "vapores juveniles" que
de vez en cuando la metamorfosean. Hay hombres que representan verdaderas mutaciones en la
historia. Son espíritus gigantes que modelan capas y épocas de la humanidad en su pensamiento o
quehacer. Buda Sakyamuni, Lao-Tse o Confucio en el Oriente; Aristóteles, Agustín de Hipona, Tomás
de Aquino en el Occidente antiguo o medioeval; Marx, Freud en épocas más recientes. Para algunos
también Teilhard es uno de estos "espíritus juveniles" que agitan y cambian algo en una época.
26
Un editorialista de La Croix (Joseph Folliet, 25-26 abril 1965) ha llegado a decir que dos
hombres han cambiado nuestra imagen del mundo: Einstein quien cuestionó la física newtoniana con
su teoría de la relatividad y Teilhard de Chardin quien dio vuelta de campana a la visión mecanicista y
determinista del universo "obligando así a los creyentes a una revisión de sus actitudes
intelectuales."
En 1975, a 20 años de su muerte (que ocurrió en abril 1955) y publicados 15 volúmenes de sus
obras, Teilhard era ya según el último boletín anual "Archivum Historicum S.J.", el jesuita de quien se
seguía escribiendo más (120 a 150 libros y artículos cada año). Ha dado lugar a 2 novelas:"Les Racines
du ciel" de Romain Gary (premio Goncourt) y "Las sandalias del pescador" de Morris West, que vimos
también en celuloide con Anthony Quin, donde el P. Teleman encarna al P. Teilhard. Su pensamiento
está en la base de la constitución socialista del nuevo estado africano del Senegal, por obra de su
poeta-presidente Léopold Sédar Senghor. Hombres de ciencia encuentran en él la posibilidad de una
síntesis total. Se lo estudia y discute apasionadamente entre marxistas y entre teó1ogos modernos
cató1icos y protestantes. ¿Qué clase de hombre es este y en qué reside su secreto?
Si el influjo sobre una época se mide por el impacto real que se tiene sobre las
representaciones e imágenes que elaboran dicha época, hay que reconocer que las propuestas por
Teilhard tienen actualmente una vasta audiencia.
T. pertenece a ese tipo de personas que sin ser filósofos geniales, ni fundadores de religión, ni
santos, ni líderes políticos o revolucionarios de masa, son sin embargo figuras que han cambiado algo
en nuestra época y se convierten en índice de un cambio de período histórico.
"Los hombres de Estado colocan su obra en la base de sus constituciones;
los hombres de ciencia encuentran en ella la posibilidad de una síntesis
total; los hombres de Iglesia reconocen en ella el instrumento privilegiado
de un redescubrimiento de Dios por la civilización técnica. Progresivamente,
los espíritus antes reticentes, reconocen su importancia y se interrogan
sobre ella. Los marxistas la discuten, los tomistas la descubren, Mauriac
mismo se interesa por ella. Sería absurdo hablar de moda. Hay razones por
las que la obra de Teilhard aparece de una sorprendente actualidad en el
sentido mejor de la palabra, es decir como respondiendo a una necesidad
profunda de los espíritus" (5).
La marea alta de la "moda” teilhardiana se dio a finales de los años 60. Tanto los ditirambos
contra él como las alabanzas fueron por entonces en tono mayor. Hubo gente seria que lo llamó "la
subversión en la Iglesia", "el jesuita que no creyó en Adán”, "el escritor de novelas científicas y
sueños metafísicos”, "el jesuita que puso en apuros al Vaticano”, "hermano de los masones en
espíritu y en verdad". Pero también lo llegaron a elogiar como "filósofo, poeta y místico”, "el Santo
Tomás de una época en la que Einstein, Heisemberg y Louis de Broglie son los Aristóteles” (Teldy
Naím), "el pensador más revolucionario en la cristiandad europea del siglo XX" (Friedich Heer), "el
más grande apologista del cristianismo después de Pascal" (Bruno de Solages).
La moda de entonces pasó, pero hay algo de él que sigue respondiendo a las aspiraciones profundas de los hombres de nuestro tiempo. Más que un pensamiento estructurado, el suyo es un
27
pensamiento estructurante. Tiene un dinamismo propio que responde a muchas de nuestras
inquietudes, imprime a los varios campos del saber moderno una dialéctica tal que logra todavía
impactarnos con éxito. Un comentarista de Fígaro (André George, 7 julio 1966), aplica a Teilhard la
frase que Mme. de Stáel decía de Rousseau: "No ha descubierto nada, pero lo ha inflamado todo!
André Blanchet, S.J. compañero de trabajo de T. en la revista francesa, "Etudes" y quien lo
conoció muy bien, ha dicho de él que "fue uno de los más auténticos videntes de nuestro tiempo" (6).
Vidente en el sentido en que se dice de Rembrandt, Pascal, Bolívar, es alguien de quien se ha
apoderado una intuición devoradora -con frecuencia desde la infancia o a consecuencia de una
mutación total-, intuición que no se discute, que incendia la vida y no deja reposo hasta el último
suspiro. El vidente ha visto algo que escapa a nuestra visión. Y él no hace sino llamar nuestra
atención hacia el lado por donde él ve. Dado que somos ciegos a lo que le "quema los ojos", él trata
de traducir para nosotros su visión, usando lo mejor que puede el lenguaje antiguo para expresar una
realidad nueva, forzando las palabras y no logrando sino imágenes que él quisiera fueran sugestivas
para nosotros y no llegan a ser sino aproximativas. Con el vidente las discusiones son vanas. "Una fe
no puede nacer sino de una fe", escribió Teilhard. También él nos dice: "Yo no defiendo una Idea, un
Sistema, sino una Fe, una Mística".
Este vidente gritó a todo pulmón en el desierto del siglo pasado: tenéis que llegar a igualar
vuestra concepción del cristianismo con la amplitud del mundo en el que vivís ahora y viviréis
mañana. Y su eco resuena ahora con nuevo brío en nuestro siglo XXI en un mundo más amplio y más
necesitado del eterno cristianismo por el que luchó el jesuita Teilhard un poco quijotescamente y
contra fuertes resistencias en el Vaticano sin llegar a pensar que llegara un día en el que un primer
Papa jesuita, Francisco, ocupara el solio de Pedro y reivindicara para Teilhard el rol genial de
evangelizador que le corresponde en este siglo. Teilhard dió golpes certeros contra hábitos
inveterados de pensamiento científico, filosófico, y teológico, buscando hacer ampliar nuestra visión.
Y es probable que lo logre poniéndose de nuevo de moda su genial pensamiento evolutivo en
consonancia con lo fundamental del cristianismo.
Místico, sin ser santo, murió incomprendido por la mayor parte de sus coetáneos, pero "sin
inquietud ni amargura". Estaba tan seguro del triunfo final! Las dos vocaciones -que desde niño, y
más aún de jesuita- científico lo absorbieron tanto, que llegaron al final a confundirse. El se había
ofrecido a Dios "como un campo de experimentación", para que se obrase en él "la fusión entre los
dos grandes amores, el de Dios y el del Mundo".
Teilhard había deseado terminar "al borde de un camino", como un pobre y perpetuo
caminante en búsqueda de algo que nunca llega. Porque decía: "el Mundo no es comprendido y
salvado sino por aquellos que no tienen donde reposar la cabeza". New York, fue en 1955, para este
perpetuo viajero, el borde de un camino, allí donde hoy confluyen todos los caminos marítimos y
aéreos de nuestro inquieto mundo. Este viajero no tenía nada en sus manos ni en sus bolsillos. Pero
había logrado fundir y agarrar fuertemente en su corazón a Dios y al Mundo!
El legado de Teilhard
28
Pierre Teilhard experimentó desde niño esta tensión entre Dios y el Mundo. Solo después de
una ardua búsqueda de 30 años logra hacer la síntesis, que es su interesante y revolucionario legado
para nuestro siglo XXI.
"La originalidad de mi creencia consiste en esto: que arraiga en dos
dimensiones de la vida, consideradas habitualmente antagónicas. Por mi
educación y formación intelectual, pertenezco a los <hijos del cielo>, pero
por mi carácter y mis estudios profesionales soy un <hijo de la tierra>.
Situado así por la misma vida en el corazón de dos mundos, de los cuales
conozco, por experiencia familiar, la teoría, el lenguaje y los sentimientos,
no he levantado ningún muro interior, sino que he dejado que actuasen
libremente, una sobre otra, dos influencias aparentemente contrarias. Pues
bien; al término de esta experiencia después de treinta años consagrados a
la búsqueda de la unidad interior, tengo la impresión de que se ha realizado,
de manera natural, una síntesis entre las dos corrientes que me solicitan.
Una no ha ahogado a la otra, hoy creo, probablemente más que nunca, en
Dios, y al propio tiempo, más que nunca, en el mundo. ¿No está aquí
esbozado, en una escala individual al menos, la solución privada del gran
problema espiritual con que tropieza actualmente el movimiento de avance
de la humanidad?" (7).
"Cristificación" del Mundo, "mundanización" de Cristo: son los dos temas, afines entre sí, que
se entretejen a lo largo de los escritos del sabio jesuita. Cristianismo y Evolución no son, pues, dos
visiones inconciliables sino dos perspectivas hechas para encajar y complementarse mutuamente. Así
lo dejó Teilhard consignado en un lúcido estudio titulado "Catolicismo y Ciencia", que contiene en
síntesis todo su pensamiento (8):
"Cristianismo y evolución no son dos versiones inconciliables, sino dos
perspectivas hechas para encajar y completarse mutuamente. Así, por la
simple incorporación y asimilación al pensamiento cristiano del punto de
vista evolutivo, ha caído la barrera que se erguía, desde hace cuatro siglos,
entre razón y fe. Suprimido el obstáculo fixista, nada impide ahora a
acatólicos y católicos avanzar, de frente y cogidos de la mano, por el gran
camino de la Búsqueda. De una y otra parte la colaboración es hoy posible.
La Evolución es hija de la Ciencia. Pero, a fin de cuentas, puede muy bien ser
la fe en Cristo la que salvará mañana en nosotros el gusto de la Evolución".
Actitud ante Teilhard
Chesterton ha dicho del pensamiento católico que es punto de encuentro de las
contradicciones, cuyo símbolo más expresivo es la cruz. Con el pensamiento de Teilhard pasa casi lo
mismo. Teilhard no es la quietud, es siempre el movimiento, pero va superando su fatiga paso a paso
con un sufrimiento que es inherente a toda cruz: representa una opción a favor de la vida, la
evolución, el progreso, el futuro. Pero una opción que es una respuesta a una negación: en lugar de
un optimismo ingenuo, que caracteriza a los pseudo filósofos progresistas vulgares es un optimismo
29
heroico que es la victoria sin tregua sobre una negación constante planteada en el corazón de la
historia humana y cósmica.
"La humanidad actualmente se mueve visiblemente en busca de una nueva
figura del hombre, de un nuevo modo de existencia, de nuevas razones de
vivir y de esperar, capaces de dar un sentido a su condición. Teilhard le da
una respuesta" (9).
Carece absolutamente de sentido el adherirse con entusiasmo desprovisto de espíritu crítico,
al pensamiento de Teilhard. Pero carece igualmente de sentido el rechazarlo de antemano, sin
estudio ni discusión. Examinémoslo a fondo en sus distintos aspectos: científico, filosófico y
teológico. Según el consejo de San Pablo: ''examinémoslo todo, y retengamos solo lo que es bueno”.
Los amigos y enemigos de Teilhard han hecho de él un “mito". Nuestro trabajo será hacer de él un
''logos": racionalizar el "mito” (10).
Newman decía que "para domesticar una idea nueva hace falta tiempo". Teilhard se adelantó
a su tiempo. Y los problemas que se planteó y nos ha planteado deben irse madurando y tomar su
tiempo hasta que la razón y la fe hagan plenamente luz sobre ellos. Pero en todo caso, tanto a los
científicos como a los filósofos y teólogos, Teilhard nos ha obligado a dar un paso, el gran paso "hacia
adelante" como le gustaba a él mismo repetir. Aceptemos su reto.
II. TEILHARD SIGLO XXI
" Podemos hablar de Teilhard como de un genio situado entre dos siglos,
enarbolado en el mástil de una generación que navega entre dos mundos,
el antiguo y el porvenir" (Luis Martínez Gómez)
Al final de un recorrido sobre el pensamiento de Teilhard, se puede hablar de un encuentro
con una especie de genio situado “entre dos siglos” (11).
Genio enarbolado en el mástil de una generación que navega entre dos mundos, el antiguo y
el porvenir. En muchas cosas T. se adelantó a su tiempo, y puntos de su pensamiento que
escandalizaron en mitad del siglo XX son apenas esbozos de ideas que comienzan a ser corrientes en
nuestro siglo XXI. Se necesita tiempo para domar las ideas cerreras.
No podemos olvidar que T. fue un pionero y que jamás puede ser tarea de un solo hombre
llevar a feliz término un gran estudio que revoluciona culturalmente una época. Ello exige no
solamente varias etapas, sino varios espíritus. A este propósito son esclarecedoras las siguientes
frases de otro ilustre pensador, John Henry Newman (12) :
"Es ley del espíritu humano en la búsqueda y logro de la verdad progresar por etapas
sucesivas, haciendo numerosos rodeos. Además, con frecuencia, no es destino de un solo hombre
llevar a buen fin un estudio durante su vida. Su desarrollo exige no solamente varias etapas, sino
30
varios espíritus. Lo que uno comienza, lo termina otro; y finalmente se descubre una conclusión
verídica por la cooperación de escuelas independientes y por el trabajo perseverante obligados a
soportar durante algún tiempo lo que parece un error, en consideración a la verdad de que de ello
debe derivarse al fin. Los espíritus superiores necesitan tener el campo libre, no en el dominio de la fe
sino en el del pensamiento. Lo propio sucede con los espíritus más comunes y todas las mentes en
general. Hay en el mundo muchas personas que han sido dotadas por la naturaleza de una facultad o
de una capacidad particular, que es para ellos un estimulante enérgico o una regla imperiosa,
mientras están ciegos para todo lo demás. Pero si se les exige que en sus especulaciones no se
contenten con someterse a la Iglesia de una forma general y con admitir sus dogmas, sino que
tengan en cuenta todas las declaraciones de los teólogos, o las creencias del pueblo en materia de
religión, se llega a destruir y a ahogar la llama que ardía en ellos y ya son incapaces de hacer nada.
Cualquier sistema humano y cualquier autor humano está sujeto a críticas justas. Obligadlo a cerrar
su fichero y perderéis seguramente lo que, en suma y a pesar de los errores accidentales, habría sido
una de las defensas más hábiles en el mundo de la verdad revelada (defensa directa o indirecta,
según su tema)".
T. como cualquier autor humano está sujeto a críticas justas. Utilicemos su pensamiento con
cuidado y prudencia, pero no lo obliguemos a cerrar su fichero ni a apagar su llama iluminadora de
nuevos caminos. Él mismo nos lo recomienda así:
“En esta ordenación de los valores puedo haberme perdido en
determinados puntos. Ahí tienen tarea los que quieran mejorarme"
(Fenómeno Humano p. 346).
Entre los varios grupos de científicos que se dan en nuestro mundo -de acuerdo a la división
que hacen los hermanos Agudelo- el nombre de Teilhard debería engrosar la lista de científicos
complejos, evolucionistas, universales (13). La clasificación que hacen ellos de los científicos es la
siguiente:
"La vida humana y el quehacer científico –parafraseando al propio Teilhard
de Chardin- podrían aparecer, a los ojos de un observador externo, como un
inmenso tanteo no aleatorio. De esto deducimos [desde el criterio de
complejidad-conciencia], que existen varios grupos de científicos: a) Los que
saben o creen que saben, y centran su motivación en los qués y en los porqués.
Podríamos denominarles científicos explicativos. Sin duda, integrarían la mayor
parte de la comunidad de investigadores. b) Los que saben que saben, y han
podido ahondar en la naturaleza y raíces epistémicas de su conocimiento. Serían
los científicos reflexivos. c) Los que saben lo que saben y buscan para qué lo
saben, profundizando en la propia madurez personal, buscando su integración
con la formación profesional. Podríamos calificarles como científicos humildes. Su
motivación les lleva a interpretar la vida como un proceso de evolución
trascendente cuyas coordenadas van mucho más allá de su sistema, su
parcialidad, su limitación, su terreno. Podríamos llamarles científicos complejos,
evolucionistas, universales".
31
Son todavía pocos los científicos que entienden la finalidad de su trabajo y lo hacen a
perfección como punto de partida, permaneciendo abiertos a un Punto de llegada. Pero cada vez
son más y más quienes entienden su trabajo científico conducente también al Punto de llegada.
Entre ellos está Teilhard, quien alcanzó a "ver".
El secreto de toda la obra y pensamiento de T. está en la síntesis y unidad que fue capaz de
operar. T pertenece a aquel tipo de pensadores que -como él mismo definía- logran a través de la
percepción de la multiplicidad llegar a la unidad, llegar a 'ver'.
“En realidad hay dos tipos de pensadores y solamente dos: aquellos que
nunca sobrepasan la percepción de la multiplicidad y no sienten ninguna
necesidad de hacerlo. Y aquellos para quienes esta misma percepción de la
multiplicidad debe necesariamente reducirse en una unidad. Los pluralistas
y los monistas, aquellos que ven y aquellos otros que son ciegos" (Teilhard,
Comment je vois, 1934, 5).
Teilhard fue un científico y un sacerdote, un hombre de Dios y un hombre de su tiempo.
Orientó su vida a la construcción de una síntesis entre el Cristianismo y el espíritu de nuestro
tiempo, una síntesis que abarcó su vida, en un afán de vivirla, de resolverla, de expresarla en
palabras y comunicarla a los demás. Muy diversos aspectos entran en dicha síntesis: el amor de Dios
y el amor del Mundo, la fe en Cristo y la fe en el Hombre, la Religión y la Ciencia, el desprendimiento
cristiano y la inmersión en el mundo, el Reino de Dios y el Progreso humano.
En mi estudio completo, he tratado de presentar los grandes temas sobre los que reflexionó
Teilhard dejando en ellos su impronta original de genio profundo, de enfoque moderno y estilo
original. Todos ellos se pueden repartir en tres grupos bien señalados por un especialista que utilizo
acá (14). Todos ellos subrayan la gran actualidad del pensamiento de Teilhard para nuestro siglo XXI
cuando nuestros contemporáneos pueden sentirse hoy mejor comprendidos en sus problemas por
el Teilhard de ayer y mejor equipados para apreciar ahora sus soluciones de lo que lo fueron a
mediados del siglo pasado, como expresé anteriormente.
1er. campo de temas: sociología de la religión
En virtud de su formación y de su actividad científicas, Teilhard fue muy sensible al influjo de
los puntos de vista sobre la conciencia religiosa -que existe en todas las sociedades y se expresa en
las varias religiones- por lo general muy vinculadas a la visión general del mundo que tienen en su
época.
Los progresos científicos que se han manifestado durante los dos siglos últimos han suscitado
una especie de revelación en el pensamiento del hombre moderno: el cosmos se le ha manifestado
en su fantástica grandeza y en su coherencia orgánica.
“La historia actual del sentimiento religioso en los hombres, cualesquiera
que sean, me parece dominada por una especie de revelación que surge, en
la conciencia humana, del Universo uno y grande”(Teilhard, Nota sobre el
Cristo-Universal).
32
De esta visión nueva del mundo ha surgido una nueva forma de religiosidad natural que era
totalmente inimaginable en los siglos pasados:
“Se podría decir que una forma desconocida de religión (una religión que
nadie podía imaginar ni describir hasta ahora porque no existía un Universo
lo suficientemente grande y orgánico para contenerla) está en vías de
germinar en el corazón del Hombre moderno en el surco abierto por la Idea
de Evolución"(Teilhard, La Trama del Universo).
La humanidad contemporánea no es atea como lo afirman algunos. Por el contrario, ha
elaborado una especie de religión natural nueva. Lo que ocurre es que no ha encontrado todavía al
Dios que pueda adorar, dice Teilhard: "Nuestro siglo es religioso, probablemente más religioso que
los otros, solamente no ha encontrado todavía al Dios que pueda adorar "(Carta 10 diciembre 1952).
Más que de un ateísmo deberíamos hablar de un teísmo (creencia en Dios) insatisfecho. Las
consecuencias de esta situación religiosa de la humanidad son claras:
“Se puede creerlo, definitivamente y para siempre, que el Universo se ha
manifestado en nuestra generación como un Todo orgánico, en marcha hacia una mayor libertad y personalidad. Por esa circunstancia, la única
Religión que desea y puede admitir ya en adelante la Humanidad, es una
Religión capaz de justificar, de asimilar y de animar el Progreso cósmico tal
como se dibuja en la ascensión de la Humanidad" (Teilhard, Introduction a
la vie chrétienne).
Surge -en un segundo tiempo- la cuestión de saber en qué medida el historial del cristianismo
llena esta condición.
2o campo de temas: fenomenología del cristianismo
En varias meditaciones y reflexiones T. enfoca el cristianismo como hecho histórico. Podemos,
en efecto, estudiar el cristianismo como un fenómeno religioso entre otros similares, sin
pronunciarnos sobre su carácter sobrenatural. Por consiguiente, se trata aquí exclusivamente de un
fenómeno histórico del que podemos analizar la envergadura, la repercusión y sobre todo los rasgos
característicos, así como la estructura espiritual, comparándolos con otros datos experimentales.
Análogamente, es posible estudiar las demás religiones que se reparten el mundo creyente. ¿Qué
Religión se asocia mejor -por su estructura interna- con la estructura fundamental de un mundo
caracterizado por una evolución convergente? En otras palabras ¿cuál es la religión mejor adaptada
para ser tomada en consideración como una verdadera religión de la evolución?
“Por ‘fenómeno cristiano’, entiendo la existencia experimental, el deseo de
la Humanidad, de una corriente religiosa caracterizada por el siguiente
grupo de propiedades: intensa vitalidad, curiosa ‘adaptividad’, que le
permite, a diferencia con otras religiones, desarrollarse mejor, y
principalmente, en la zona misma del crecimiento de la Noóesfera; notable
semejanza, por último, en las perspectivas dogmáticas... con todo lo que
nos ha enseñado el estudio del Fenómeno Humano” (Teilhard, Comment je
vois, 1948).
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A más de la creencia en un solo Dios personal (común con las otras dos grandes religiones
monoteístas el Judaísmo y el Islam), T. destaca tres elementos que son característicos del
Cristianismo y lo distinguen de otras religiones: 1) El hecho de que una persona histórica ocupa en él
un lugar inequívocamente central. 2) El Cristianismo es profundamente escatológico, es decir,
orientado hacia los fines últimos. 3) La persona histórica de Cristo ha anunciado su regreso al final de
los tiempos (parusía) como coronación y culminación plena. En el "pleroma" de Cristo (como
Cabeza) se constituirá la unidad plena del Cielo y del Universo, se "recapitulará" todo en Él, Dios y el
Mundo, para siempre (San Pablo a los Efesios 1, 9-10).
3er. campo de temas: teología fundamental
Hay “una armonía de orden superior”, cuya grandeza y riqueza no cesaba de alabar Teilhard.
Es la armonía entre la estructura fundamental del cristianismo y las exigencias de una evolución
convergente. Esto confiere a la obra de Teilhard el sentido de una justificación racional de su fe
(Comment je crois, 1934). Por otra parte, no olvidemos que la armonía constituye la característica
de la verdad.
Supuestos los datos de la fe cristiana sobrenatural y trabajando sobre ellos, Teilhard meditó
incesantemente sobre el contenido y el significado de dicha fe. Hizo también un esfuerzo por
aprehender exactamente la Revelación y formularla inteligentemente. Hizo, así, un aporte a la
ciencia humana llamada Teología. Pero el pensamiento de Teilhard no puede catalogarse como el de
un teólogo profesional y sistemático. A lo sumo, cabría considerarlo como el esbozo de unos
"preámbulos para la fe", es decir, una "apologética" adaptada a la mentalidad moderna, una
“mistagogia” contemporánea del Cristianismo. Y en cuanto tales sí hay que reconocer aportes
sustantivos y novedosos que hizo Teilhard a lo que hoy llamamos "Teología fundamental" porque se
concretaron alrededor de los tres dogmas-claves y fundamentales sobre los que reposa todo el
Cristianismo: a saber, la Encarnación de Dios en Jesucristo/ la Resurrección/ la Parusía o final
escatológico del Mundo en Dios por Cristo. Ha hecho, así, que la verdad de la fe cristiana resulte
<inteligible> para el hombre de hoy liberándola de todas las concepciones y fórmulas
definitivamente superadas. Abogó en favor de una “transposición" expresada por años en términos
de Cosmos de la visión tradicional fixista a una visión moderna en dimensiones de evolución (Carta
del 10 enero 1951). Transposición legítima, pues supone que sea posible discernir la verdad
permanente y su expresión variable:“Una cosa es la verdad de la sustancia de la antigua doctrina
contenida en el depósito de la fe y otra la formulación que se le da” (Alocución de Juan XXIII en la
inauguración del Concilio Vaticano II, 11 octubre 1962. Criterio refrendado textualmente por el
actual Papa Francisco en su Encíclica “La alegría del Evangelio”, 24 noviembre 2013, No. 41)..
Sigurd Daecke -en la segunda parte de su tesis (15)-, ha organizado muy bien los varios temas
de aproximación de la valiosa síntesis de Teilhard -utilizando frases originales del mismo- que nos
sirven como remate sustancial de su pensamiento de ayer pero muy adaptado y útil para nuestros
contemporáneos de hoy.
34
1.
Unidad de Dios y del Mundo: "El Cristo Universal, tal como lo comprendo, es una
síntesis de Cristo y el Universo": "Como a mí me gusta decirlo, la síntesis del 'Dios' (cristiano) haciaarriba y del 'Dios' (marxista) hacia-adelante, es el único Dios que podremos adorar en adelante 'en
espíritu y en verdad'
2.
Unidad de la trascendencia y de la inmanencia: "Hacia El (Omega), todo sube como
hacia un hogar de inmanencia. Pero de El todo baja también como de una cima de trascendencia"/
"Una fe nueva en la que se integran la Fe ascensional hacia un Trascendente y la Fe propulsora hacia
un Inmanente".
3.
Unidad de lo sobrenatural y lo natural: "Las dos super-entidades (la una 'sobrenatural', la otra natural), ¿cómo no irían a relacionarse y a armonizarse en el pensamiento
cristiano, siendo así que el punto crítico de Maduración entrevisto por la Ciencia es la condición
física y la fase experimental del punto crítico de la Parusía, postulado y esperado en nombre de la
Revelación?
4.
Unidad del Reino de Dios y del porvenir terrestre: "Dios coincide (sin confundirse) con
el Centro de convergencia de la Cosmogénesis" /"No solo no se contradicen Progreso humano y
Reino de Dios, sino que de esta conjunción jerarquizada se prepara a salir probablemente el
renacimiento cristiano cuya hora parece biológicamente que ha llegado".
5.
Unidad de lo sagrado y de lo profano: "Para el evolucionista que se ha hecho
cristiano, puede ser superada la barrera que parecía separar lo profano de lo sagrado"/ "En virtud de
la Creación, y más todavía de la Encarnación, nada es profano, aquí abajo, para quien sabe ver. Por
el contrario, todo es sagrado para quien distingue en cada creatura, la parcela escogida de ser
sometida a la atracción de Cristo en vías de consumación".
6.
Unidad de lo 'Hacia-Arriba' y lo 'Hacia-Adelante': "Lo Hacia-Arriba y lo HaciaAdelante del Universo coinciden: nada de Hacia-Arriba sin Nada-Adelante y nada de Hacia-Adelante
sin Nada-Arriba"/ "Me confirmo cada día más en esta doble convicción: que el nudo del problema
espiritual presente está en la síntesis de un Hacia-Arriba con un Hacia-Adelante, y que el principio de
la solución de este problema de las dos Fes está en el discernimiento por encima de nosotros, de un
punto crítico de Maduración humana, fase experimental y punto de aplicación de la Parusía".
7.
Una sola palabra puede resumir todas las citas de Teilhard: Síntesis. Todo el
pensamiento de T. está dominado por la unidad.
Técnica, Amor y Adoración
El sabio Cardenal Jean Danielou, s.j. precisó en su genial artículo (atrás citado) el
significado profundo de la obra de T. para nuestro tiempo.
Danielou sabía muy bien que la obra de T encerraba problemas, lagunas, ambigüedades y
peligros. Pero estaba seguro de su fecundidad y su gran valor a través de una triple significación: la
filosófica, la teológica y la espiritual.
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1) La importancia metafísica de T. no consiste tanto en sus tesis metafísicas, sino en su
actitud metafísica fundamental: T cree en el pensamiento. La crisis principal de la cultura
contemporánea es una crisis de inteligencia. Más exactamente, el mundo contemporáneo busca una
metafísica y T construye una metafísica prolongando la Ciencia de su tiempo. Esta confianza en la
inteligencia se encuentra en la metafísica clásica. Hay categorías constitutivas del pensamiento de T
(persona, creación, Dios), que están tomadas de la filosofía escolástica; pero T las interpretó a partir
del dato científico de su tiempo, en un esfuerzo de síntesis e intentando construir una ciencia
integral. T testimonia así su amor a lo real, que lo mantiene abierto a toda realidad y es oportuna
corrección al fraccionamiento de las varias disciplinas de la cultura contemporánea.
2) A esta importancia filosófica de Teilhard se junta su significación teológica. Es claro que
Teilhard hace continuamente teología. Su pensamiento es por esencia total. Si no admite una ciencia
separada de la metafísica, tampoco una filosofía separada de la teología. No hay que pensar, con
todo, que Teilhard trate las cuestiones ideológicas por sí mismas y no a partir de su punto de partida
científico. Su gran obra ha sido, en este sentido, el profundizar en la relación existente entre la
ciencia y la fe, entre el orden natural y el sobrenatural. Un primer rasgo le parece importante a
Danielou. Para Teilhard la evolución cósmica es inexplicable sin Dios. De ahí su afirmación paradójica
de que el sentido religioso aumentará con la evolución. Danielou cree que en esto Teilhard tiene la
razón. Son los mismos hombres lo que se cierran a la vez a Dios y al mundo. La religión es más viva
allí donde la humanidad es más viva, pues existe un acuerdo de fondo entre naturaleza y gracia. Pero
Teilhard no se contenta con hacer converger hacia Dios todo el devenir del universo, sino que inserta
a Cristo en el corazón de esta historia cósmica. He aquí, teológicamente, un segundo rasgo positivo
de su visión del mundo. Bajo la presión del progreso científico Teilhard ha salvado para el
cristianismo la categoría de historia. “Esto quiere decir que hasta ahora yuxtaponíamos la
concepción de una historia santa y una naturaleza estática. Es seguro que la evolución hace a Cristo
más posible y que la historia santa nos parece más necesaria desde que la naturaleza es también
historia". Al mismo tiempo Teilhard ha abierto a Cristo a las dimensiones del cosmos y ha
reconquistado el valor de la realidad material para el cristianismo en el preciso instante en el que la
humanidad entraba, maravillada, en la época planetaria y descubría las riquezas de la materia. He
aquí, pues, un tercer rasgo positivo de su posición teológica. Finalmente, Teilhard ha creído en la
bondad fundamental de la Creación y ha devuelto al hombre moderno aquel optimismo cristiano
que hace estallar el corazón de gratitud ante la grandeza del mundo. He aquí un cuarto rasgo
positivo de su pensamiento. En cierto que Teilhard es más sensible a lo que la creación conserva de
bueno, que a lo que el pecado en ella ha corrompido. "Pero es católico creer que si bien la naturaleza
ha sido herida por el pecado, no ha sido destruida, y además, que ella revive por la gracia".
3) Finalmente la obra de Teilhard es significativa y fecunda para nosotros en el plano de la
ética, es decir de la acción y de la espiritualidad. T. considera con seriedad los roles terrenos del
hombre, sin desconocer que ellos deben encontrar su plena realización en la adoración y que el
criterio del éxito es en sí insuficiente. T. además ha visto que las transformaciones actuales de la
humanidad, inducidas por el progreso técnico y la unificación económica, modifican profundamente
las aplicaciones de la acción humana, abriendo en cierto modo nuevos deberes. T ha superado el
antiguo dualismo entre vida espiritual y actividad humana: el cumplimiento de las tareas humanas es
alabanza a Dios, no solo en cuanto realización de lo que Dios quiere, sino también en cuanto que el
verdadero término de todo esfuerzo humano es últimamente Dios.
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En resumen
Para el cardenal Danielou la significación de la obra de T consiste en haber restablecido una
serie de "pasajes" entre realidades que parecían opuestas: ciencia y fe, mundo y Dios, tarea terrena
y vida espiritual. Con ello devuelve la unidad al mundo desquiciado y esquizofrénico, a la vez que
restaura la armonía católica de naturaleza y gracia. Su humanismo no solo es verdadero sino es
integral:
"Reúne la triple dimensión bíblica del hombre: el dominio del cosmos por la
técnica, la comunidad de las personas por el amor, la abertura a Dios por la
adoración. Técnica, amor, adoración son las tres dimensiones del universo.
Si falta una, el universo se hace chato. El mensaje de esperanza que
Teilhard nos da consiste en que estas tres dimensiones, lejos de oponerse
una a otra, convergen y de tal suerte que tenemos el derecho de esperar del
crecimiento de la técnica y de la unidad un crecimiento de la adoración. Se
trata de un soberbio desafío. Pero es magnífico que haya sido lanzado" ( J.
Danielou).
Certeza y llamada
Remato con el juicio final que un gran conocedor de la vida y obra de Teilhard ha dejado en
brillante estudio (16). "Poco a poco -dice- fuimos descubriendo el prodigioso edificio construido por
el autor del Fenómeno Humano y de El Medio Divino, edificio con el que se cierra una era y se abre
otra nueva, en el que domina la unidad y la síntesis, en el que el hombre amplifica sus aspiraciones
profundas, en el que la humanidad sella sus bodas con Dios. La clave de bóveda de este edificio es
Cristo, el Hijo de Dios, quien quiso nacer en nuestra carne y recorrer con nosotros el camino para
hacernos, en el pleno sentido de la palabra, dioses con Él por toda la eternidad".
Esta "catedral", construida en sus grandes líneas por Teilhard es -por su universalidad misma"definitiva". Pero ella exige para su acabamiento, la totalidad de las iniciativas, de las actividades, de
las ciencias y de las artes. Esta "catedral" se levanta ante nuestros ojos como una "certeza" y una
"llamada". 'Certeza de que Cristo, sobre cuya Resurrección se apoya, la acabará y la consolidará. Y
llamada al 'trabajo' acelerado, arrastrados como estamos por el inexorable movimiento de una
evolución en rebote por el que estamos poseídos.
NOTAS
1. E. Rideau, La pensée du P. Teilhard. de Chardin, París 1965, p. 49.
2. L. Barjon Le combat de Pierre T. de Chardin, Laval-Quebec 1971, p. 7.
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3. P. Teilhard, Comment je vois (1934) 1.
4. E. Neira, Del átomo a Omega. El pensamiento evolutivo de Teilhard de Chardin, Madrid
2013, Bubok Internacional.
5. J. Danielou, “Signification de Teilhard de Chardin", Etudes 312 <1962> 145-161.
6. A. Blanchet, "Teilhard plus intime", Etudes, 1972, 1, 583.
7. P. Teilhard, Comment je vois, 1934.
8. T. de Chardin, Ciencia y Cristo, Taurus, Madrid 1968, p. 215-221.
9. E. Rideau, ¿Teilhard oui ou non? , París, Fayard, p, 138..
10. P. Labourdette. O.P. en la recensión de las obras de Teilhard: Revue Thomiste
64 (1964) 424.
11. "Teilhard entre dos siglos", tituló la prestigiosa revista española Pensamiento el doble
artículo que le dedicó: número extraordinario 102-103 de 1970, pp.255-275.
12. J.H. Newman The Idea of a University, London 1875, p. 474-477. Traducción española
"Pensamientos sobre la Iglesia", Barcelona 1964, p.339-340'.
13. Agudelo M.G. y J.S., " El secreto de Teilhard" en El universo sensible, México 2002.
14. N.M.Wildiers Prólogo al libro que recoge valiosos aportes de Teilhard, editados en francés 10
años después de su muerte con el título Science et Christ (Paris Seuil) y traducido al
español Ciencia y Cristo (Madrid Taurus).
15. S. Daecke, Teilhard de Chardin und die evangelische Theologie, Góttingen, Vandenhoec und
Ruprecht, 1967, a partir de la página 261.
16. C. Cuénot, Ce que Teilhard a vraiment dit, Stock, Paris 1972, pgs. 313-314.
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