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Le Projet :
Une Cendrillon orientale :
Hatchi-Katsugi-Himé ou Princesse à la tête couverte d’une coupe
Pourquoi tant de similitudes entre ces deux princesses qui se trouvent chacune à
l’autre côté du globe ?
Hatchi-Katsugi-Himé (Princesse à la tête couverte d’une coupe) et Haï-Kaburi-Himé
(Cendrillon) se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
Ces deux contes sont racontés depuis des siècles l’un en Europe et l’autre au Japon
sans que ces deux régions aient un échange privilégié. Une simple coïncidence ? L’un
est une adaptation de l’autre (comment est-ce possible ? je l’ignore…)? En tous cas
dans ces deux récits, on trouve tous les thèmes universels d’un conte pour enfants :
une gentille princesse à la beauté pure est maltraitée par sa belle-mère et sa (ses)
demi-sœur(s). Elle travaille comme une servante et personne ne se préoccupe de son
sort. Mais un prince charmant tombe amoureux d’elle et la bonté triomphe enfin grâce
à leur amour.
Mais dans la version originale (si l’on croit à la qualité d’ethnologue des frères Grimm
et à l’authenticité de leurs travaux), il y a tout de même une petite différence : le
prince occidental tombe sous le charme d’une princesse à la beauté éblouissante
lorsqu’elle se montre non pas avec ces cendres mais en robe longue parée de l’or et
des diamants dans un bal au château. Et quand il la recherche plus tard, il ne la
reconnaît qu’à l’aide d’un vulgaire soulier que cette princesse au pied menu a laissé en
guise d’empreinte. Tandis que le prince japonais est déjà amoureux d’une servante
pauvre et mal propre à la tête couverte d’une grande coupe dont il ne peut deviner
son visage.
Encore une différence : pendant le mariage, Cendrillon ordonne à son prince de
mettre sa belle-mère et ses demi-sœurs dans un tonneau clouté de tout côté et de le
faire rouler sur une pente raide pour se venger (lui a-t-il répondu après « Oui ma
chérie, c’est une bonne idée. C’est le meilleurs spectacle pour notre mariage. » ?).
Tandis que dans toutes les versions de Hatchi-Katsugi-Himé (y compris celle qui se
trouve dans l’« Otogi-Zôshi » : le plus ancien recueil des contes du Japon), on ne
trouve aucun commentaire sur le sort de ses « méchantes ». Elles sont en quelque
sorte « oubliées ».
Bien entendu dans la version « moderne » de Cendrillon (Perrault, Rossini,
Prokofiev…), tous ces détails sont modifiés pour ne pas effrayer nos enfants : Le
prince tombe amoureux d’une servante misérable dès leur première rencontre et
Cendrillon pardonne à sa belle-mère et à ses demi-sœurs en les invitant à son
mariage. On peut difficilement imaginer dans un film de Walt Disney une exécution
mortelle ordonnée par la gentille Cendrillon…
Croyez-vous que ce soient seulement des petits détails différents ? Sinon deux modes
de penser entre l’Europe et le Japon ? C’est à vous de réfléchir…
En Tous cas, ces ressemblances et ces différences vont être la clef de mon écriture
pour ce spectacle qui sera sans doute un miroir magique où l’on apercevra une
étrange Cendrillon aux boucles dorées et habillée d’un kimono traditionnel... Car les
deux cultures, occidentale et japonaise, sont devenues aujourd’hui toutes deux les
miennes et l’une influence sans cesse l’autre à l’intérieur de moi-même.
Takénori Némoto compositeur

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