Le LaBo dans l`Huma

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AU CAFFÊ LABO, À BLOIS, JEUNES DES QUARTIERS POPULAIRES, ÉTUDIANTS, RETRAITÉS, TOURISTES, TRAVAILLEURS SE CÔTOIENT
ET DISCUTENT E N S E M B L E . P H O T O J U L I E N J A U L I N / H A N S L U C A S
CITOYENNETE
La pensée unique
dézinguée sur le zinc
Affichant ses couleurs, le Caffè LaBo, à Blois (Loir-et-Cher), développe la conscience politique
de ses usagers. Loin de rebuter ou de restreindre son public, il rencontre un succès grandissant.
Dans ce café abonné à l'Humanité et à Mediapart, entre le
portrait du Che et celui de Marx, rien d'étonnant à ce que
ci, on décloisonne. On sert des cafés, mais pas l'engagement politique ne soit jamais loin. Pour Jean-Bernard
seulement. On propose un accès au droit. On et Sébastien, les deux juristes, « l'accès au droit, c'est polirépare les ordinateurs. On parle politique. Des tique. Le faire dans ce café mais aussi dans les quartiers polivres ou des journaux sont à disposition. » En pulaires nous fait revenir au vrai sens de la politique. On est
, apportant un thé à la menthe, Jean-Bernard au cœur de la cité ». Avoir conscience des injustices de classe
et faire vivre le partage avec l'humain au cœur. Peu à
Rambure, cofondateur du lieu, met des mots sur la
peu les esprits se forgent. Victor, dix-sept ans, a
vitalité que l'on ressent en arrivant dans ce café.
adhéré au Mouvement jeunes communistes
Et ce qui fait sa réussite : le décloisonnement
« un peu grâce au Caffè LaBo, aux valeurs
et la conscience politique. Ouvert depuis
qu'il porte, aux rencontres que j'y ai faites »,
juillet 2014, le Caffè LaBo est la déclinaison
confie-t-il. En quelques mois, le café est
sociale et culturelle du Service de médiation
devenu le lieu de réalisation d'une autre phiet accès au droit (Semad), association dans
losophie. « Sans se prendre la tête », comme
laquelle deux juristes, cofondateurs du
aime à le dire Sidi Boussetta, barista et cocafé, proposent des conseils gratuits en
fondateur du lieu avec ses deux amis juristes,
droit du travail et des étrangers.
« mais avec du fond », ajoute celui qui était
aussi remplaçant PCF aux dernières élections
En quelques mois, le café est devenu le
départementales : conférence sur la Commune de
lieu de réalisation d'une autre philosophie
Paris, exposition Louis Aragon, soirée grecque pour la
Pas un repaire de vieux anarchistes, pas non plus un
café à concept pour bobos. Jeunes des quartiers populaires, victoire de Syriza, etc.
Une ébullition qui ne manque pas d'alimenter la rumeur
étudiants, retraités, touristes, travailleurs se côtoient et
discutent ensemble. Pour Camélia, dix-huit ans, et son d'une petite ville peu habituée à l'irruption de la conscience
amie Marie, il y a eu un avant et un après-Caffè LaBo : politique hors des cénacles consacrés. Irruption qui a pris la
« Depuis que yy viens et qu'on y parle politique, le soir en forme dernièrement de la venue de l'ambassadeur de l'État
rentrant, je regarde la télé d'un autre œil quand ça parle de plurinational de Bolivie : « C'est un café ouvert à tous les projets
politique. Je prends conscience que c'est important. Avant,politiques progressistes et notamment ceux de l'Aïba (Alliance
je m'en foutais », confie Camélia. Marie ajoute : « Pour bolivariennepour les Amériques - NDLR). » La démarche de
moi, les gens étaient vachement individualistes, je me rends l'ambassadeur rejoint celle du Caffè LaBo : « Faire confiance
compte en venant ici qu'ils sont peut-être plus ouverts queaupeuple, sans toujours passer par le protocole. » Projections,
ce que je pensais. En discutant avec des militants commu- expositions, conférences : la programmation s'étoffe pour
nistes qui viennent au café, je me suis intéressée à la questionfaire connaître les politiques de changement social des pays
du conflit en Palestine alors qu'au départ, je ne cherchais de l'Amérique latine. Toujours autour d'un bon café. *
OLIVIER MORIN
pas à savoir. »
Loir-et-Cher,
«
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envoyé
spécial