L`Europe de l`Espace à Kourou

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L`Europe de l`Espace à Kourou
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L'Europe
de l'Espace à Kourou
imanche 20 juillet dernier, il est à peine 15 heures lorsque
l’Airbus A340 siglé du macaron tricolore de
la République Française, se pose sur le tarmac de
l’aéroport de Cayenne-Rochambeau. A peine remis de leurs neuf
heures de vol et de la chaleur équatoriale ambiante, quinze
ministres européens et douze délégués de haut niveau, spécialistes
des questions de l’Espace, accompagnés de leurs dizaines
de collaborateurs, s’engouffrent dans des bus.
D
A l’invitation de Valérie Pécresse, Ministre Française de la
Recherche et de l’Enseignement Supérieur, tous ces représentants
des pays membres de l’Union Européenne ont rendez-vous
le lendemain au CSG dans le cadre de la Présidence Française
de l’Union Européenne (PFUE) que Nicolas Sarkozy a souhaité
consacrer en partie au domaine spatial. Bien qu’informelle,
cette réunion est importante dans la mesure où l’activité spatiale
européenne arrive à une période charnière. Elle intervient
à quelques semaines du Conseil Espace, en septembre, et
du Conseil ministériel de l’Esa, en novembre. « Il nous faut créer
une conscience spatiale européenne », précise d’entrée Valérie
Pécresse, lors de son discours d’accueil en préfecture.
« Dans le contexte d’une concurrence mondiale de plus en plus
élevée, l’Europe est attendue. Je suis heureuse de constater
que notre unité en matière d’espace s’affiche dans la réalisation
même de cette réunion. Notre volonté commune et
nos compétences acquises depuis plus de 40 ans doivent nous
offrir la possibilité de porter une politique spatiale européenne
audacieuse, autonome et cohérente ».
Quelques mois seulement après la visite du Président français
en Guyane, l'ensemble du CSG s’est mobilisé pour réussir cette
visite. En pleine campagne du vol 184, le Centre Spatial Guyanais
a en effet dû déployer d’importants moyens humains, techniques
et de sécurité pour répondre aux besoins de cette visite
exceptionnelle de près de 200 personnes venues de toute
l’Europe. Durant deux jours, les réunions et visites des structures
du CSG s’enchaînent à un rythme effréné. Les Ensembles
de Préparation Charges Utiles (EPCU) S5, l’Ensemble
de Lancement Ariane ainsi que les chantiers Soyouz et Vega sont
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© 2008 - ESA - CNES - Arianespace / Activite Optique Video - P BAUDON
Cinq mois après la venue de Nicolas Sarkozy, le CSG a reçu, du 20 au 21 juillet dernier, les Ministres Européens en charge
de l’Espace. S’inscrivant dans le cadre de la Présidence Française à l’Union Européenne (PFUE), cette réunion informelle,
a permis au CSG de dévoiler ses outils de pointe et aux ministres de dessiner les nouveaux caps de l’Europe spatiale.
L’ensemble des Ministres européens en charge de l’espace
24h après leur arrivée au CSG.
visités « avec enthousiasme » par les ministres en compagnie
de Yannick d’Escatha, Président du CNES, Jean-Yves Le Gall,
PDG d’Arianespace, Jean-Jacques Dordain, directeur général
de l’ESA, sans oublier les industriels tels que Thalès Alenia Space,
EADS Astrium Satellites ou Vitrociset.
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Visite guidée de la ZL3.
Moins de 24 heures après leur arrivée, le verdict des ministres
européens est là ! « Je suis impressionné », avoue Christos
Vasilakos, Ministre Grec de l’Espace. « Très intéressant », souligne
son homologue lituanien, Algirdas Monkevicius. « Franchement
étonné par le savoir-faire des ingénieurs qui travaillent dans des
conditions parfois difficiles », résume l’Allemand Günter
Verheugen, vice-président de la Commission Européenne.
Les réunions organisées en salle Jupiter, autour d’une table de plus
de 20 mètres tout en bois de Guyane, sont décisives aussi.
Les Ministres Européens chargés de l’Espace souhaitent que l’UE
devienne un acteur global de la politique spatiale afin de fixer
les grandes orientations, notamment dans le domaine
de l’exploration et de la mise en œuvre de programmes spatiaux
au service des citoyens, comme Galileo et GMES.
Ils souhaitent aussi donner plus de voix à l’Europe au niveau
international et ouvrir ainsi la politique spatiale européenne
à des coopérations avec les pays en développement.
A côté de l’Agence Spatiale Européenne, dont la légitimité
est reconnue pour les programmes technologiques et
scientifiques, les ministres expriment également le souhait
d’un pilotage plus politique. L’idée est d’adopter aussi une vraie
politique spatiale qui ne soit pas seulement une succession
de grands programmes européens.
Une Europe soudée et cohérente
Grande première, la Commission Européenne a lancé en
septembre 2008 un appel d’offres unique pour toute l’Europe
(contre 27 lots auparavant), destiné à recruter des fournisseurs
de services de communication par satellite. Objectif : fournir
à la majeure partie du territoire des services innovants par satellites
paneuropéens… d’ici moins d’un an !
« Les discussions politiques se sont déroulées dans un excellent
climat d’amitié et de volonté politique partagée. Nous avons eu
beaucoup de compliments sur le CSG, qui a été admiré,
et a engendré de nombreux sentiments de fierté », se félicite
Yannick d’Escatha, Président du CNES.
Concrètement
Vendredi 26 septembre 2008, le 5ème Conseil Espace, réunissant
le Conseil de l’Union Européenne et le Conseil de l’ESA,
a conclut à l’unanimité à une importante résolution s’appuyant
sur “les discussions très fructueuses issues de la réunion informelle
de Kourou de juillet dernier ”, et sur la résolution de 2007.
Le communiqué de presse du même jour du Ministère
de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, stipule que
“la Ministre [Valérie Pécresse] a salué une avancée majeure pour
l’Europe spatiale, puisque l’Union européenne est formellement
reconnue comme un acteur global dans ce domaine (…).”
Estimant nécessaire “la création d’instruments et schémas
financiers communautaires adaptés”, ce Conseil Espace lance
de nouvelles initiatives en ce sens : se doter d’un système
de surveillance des débris spatiaux ; renforcer le rôle de l’Europe
dans le domaine de l’exploration via un projet mondial basé sur
le principe de l’interdépendance [des Etats] ; mieux s’organiser
pour optimiser l’exploitation des données satellites en vue
d’une meilleure compréhension du changement climatique ;
faire du secteur spatial un “marché porteur ” en tant que marché
commun et facile d’accès.
© 2008 - ESA - CNES - Arianespace / Activite Optique Video - L Mira
© 2008 - ESA - CNES - Arianespace / Activite Optique Video - L Mira
Du 18 au 20 septembre, toujours dans le cadre de la PFUE,
le CSG a accueilli le COREPER, Comité des Représentants
Permanents. Composé des ambassadeurs des Etats membres
de l’Union Européenne, ce comité est chargé de préparer les travaux
du Conseil de l’Union Européenne. Entre présentations, visites
et repas, la soixantaine d'ambassadeurs et équipes des Etats
membres ainsi accueillie a pu nouer de véritables échanges
et dialogues. Cela a également été l'occasion pour eux de partager
une soirée avec les salariés ENF (Européens non français) de
la Base, soulignant l’aspect multiculturel et européen du CSG.
Durant deux jours, les Ministres ont planché sur les projets et perspectives
de l’Europe en matière spatiale.
Les ministres européens chargés de l’Espace se réuniront
prochainement à l’occasion du Conseil Ministériel de l’ESA
les 25 et 26 novembre prochains à La Haye (Pays-Bas). Son enjeu
principal sera de mettre en application les principes discutés
lors du Conseil Espace, à savoir l’espace au service des citoyens,
de l’économie, ou encore de l’environnement. 4
Par Eric Médaille
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