La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact

Transcription

La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact
La dermatite de contact irritante
et la dermatite de contact allergique
Document de travail à l’intention du
Tribunal d’appel de la sécurité professionnelle et
de l’assurance contre les accidents du travail
mai 2008
Révisé en novembre 2014
préparé par :
Dre S. Skotnicki
Université de Toronto
Service de dermatologie et de santé au travail
St. Michael’s Hospital
La Dre Skotnicki a terminé ses études de premier cycle en 1991 à l’Université de
Toronto en microbiologie et en immunologie, en tant que major de sa promotion.
Elle est ensuite entrée à l’école de médecine à l’Université de Toronto, où elle a
obtenu son diplôme avec mention Alpha Omega Alpha. Elle a continué sa formation
en dermatologie à l’Université d’Ottawa. Elle a reçu en juin 1997 une bourse en
dermatologie octroyée par le Collège royal. En septembre 1997, elle est devenue
ambassadrice de l’American Board of Dermatology. Elle occupe actuellement un
poste à l’Université de Toronto, au département de médecine, aux services de
dermatologie et de santé au travail.
La Dre Skotnicki exerce dans la région de Toronto depuis 1997. Elle occupe
actuellement le poste de dermatologue consultante au Woman’s College Hospital et
au St. Michael’s Hospital.
Elle fait partie du Programme spécialisé sur les maladies professionnelles du
St. Michael’s Hospital, où elle agit à titre de responsable des cas complexes de
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
dermatites allergiques et professionnelles. C’est l’une des rares dermatologues au
Canada à détenir une sous-spécialité en dermatite de contact allergique et tests
épicutanés. Elle sert également de consultante pour la Commission de la sécurité
professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail. Considérée comme
l’une des plus grandes spécialistes des dermatites allergiques, on lui demande souvent
de participer à des conférences ou de donner des conseils sur les produits cosmétiques
et de toilette.
Active dans les domaines de la recherche et de l’enseignement, elle enseigne aux
résidents en dermatologie, allergies et médecine familiale à l’Université de Toronto, à
sa clinique du St. Michael’s Hospital depuis 1999. Elle est aussi membre du Centre for
Research Expertise in Occupational Disease (CREOD) et elle a publié de nombreux
articles portant sur les différents aspects des dermatites allergiques.
Elle est membre de l’Association médicale canadienne, de l’Association canadienne de
dermatologie, de l’American Dermatology Association et de l’American Contact Dermatis
Society.
La Dre Skotnicki intervient trimestriellement dans la publication du magazine Allergic
Living en répondant aux questions des patients. Elle a également été citée dans
les magazines Flare, Glow et Toronto Life Fashion. Ses apparitions télévisuelles
comprennent les chaînes Breakfast TV, CTV, Shop Toronto et CBC. Elle a aussi été
consultante pour les marques Oil of Olay, Neutrogena et Lubriderm. Elle fait aussi partie
du conseil consultatif de Dove. Elle a été nommée porte-parole en 2007 et en 2008 pour
KAO, une société qui représente Jergens, Bioré et Curel.
Considérée comme une dermatologue de premier rang spécialisée dans les domaines
de la dermatite allergique, de la dermatologie cosmétique et de la dermatologie générale,
elle a lancé le Bay Dermatology Centre en 2006 afin d’offrir un service complet en
dermatologie axé sur le patient et non sur les procédés de traitement
Ce document de travail médical sera utile à toute personne en quête de renseignements
généraux au sujet de la question médicale traitée. Il vise à donner un aperçu général d’un sujet
médical que le Tribunal examine souvent dans les appels.
Ce document de travail médical est l’œuvre d’un expert reconnu dans le domaine, qui a été
recommandé par les conseillers médicaux du Tribunal. Son auteur avait pour directive de
présenter, d’un point de vue équilibré, la connaissance médicale existant sur le sujet. Les
documents de travail médicaux ne font pas l’objet d’un examen par les pairs, et ils sont rédigés
pour être compris par les personnes qui ne sont pas du métier.
Les documents de travail médicaux ne représentent pas nécessairement les opinions du
Tribunal. Les décideurs du Tribunal peuvent s’appuyer sur les renseignements contenus dans
les documents de travail médicaux, mais le Tribunal n’est pas lié par les opinions qui y sont
exprimées. Toute décision du Tribunal doit s’appuyer sur les faits entourant le cas particulier
visé. Les décideurs du Tribunal reconnaissent que les parties impliquées dans un appel peuvent
toujours s’appuyer sur un document de travail médical, s’en servir pour établir une distinction ou
le contester à l’aide d’autres éléments de preuve : voir Kamara v. Ontario (Workplace Safety and
Insurance Appeals Tribunal) [2009] O.J. No. 2080 (Ont Div Court).
Traduction réalisée par les services de traduction certifiés retenus par le Tribunal : Asiatis (Un Mot
d’Excellence Inc.).
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
La dermatite de contact irritante
et la dermatite de contact allergique
Introduction
Il existe deux formes de dermatite de contact (DC) : la dermatite de contact allergique
et la dermatite de contact irritante (ou irritative). Cette dernière comporte plusieurs
sous-types. La DC est l’une des maladies de peau les plus fréquentes, avec une
prévalence vie-entière comprise entre 1 et 10 % dans les pays industrialisés1. Elle se
caractérise par une chronicité et des rechutes au contact avec des agents allergènes
ou irritants. Il est difficile d’établir un diagnostic efficace et fiable de cette maladie,
dont la prise en charge est par conséquent complexe. Il n’existe aucun remède
contre cette maladie. Dans les pays industrialisés, la DC représente la cause la plus
fréquente de dermatoses professionnelles et occupe ainsi une place de plus haute
importance en médecine du travail2.
Définitions :
Dermatite de contact irritante (DCI)
La dermatite de contact irritante (DCI) est la plus fréquente des dermatites de
contact, mais elle est souvent négligée. Bien que courante, elle représente l’une
des dermatites professionnelles les moins bien comprises, en raison de ses types
multiples, du faible nombre de tests diagnostiques et des nombreux mécanismes
impliqués dans son développement. La DCI n’est pas un phénomène uniforme, mais
se présente sous divers sous-types associés à des tableaux cliniques distincts.
On peut la définir comme une réaction cutanée aspécifique et non immunitaire à un
agent irritant. Cependant, à ce jour, on admet que cette définition est trop simpliste.
De nouvelles études suggèrent que notre système immunitaire intervient dans le
développement de la DCI, selon plusieurs mécanismes parallèles3. En substance,
un agent irritant provoque une toxicité ou des lésions au niveau des cellules
épidermiques, à l’origine d’une inflammation due au système immunitaire. Les
réponses immunitaires correspondent aux cellules ou mécanismes de lutte contre
les infections ou les lésions, chez un individu, de manière aspécifique. Ces réponses
aspécifiques ne confèrent pas d’immunité protectrice ou à long terme à l’organisme
hôte. Certains éléments tendent à prouver que des facteurs endogènes (c’est-àdire une prédisposition génétique) influencent la prédisposition à développer la DCI.
Ces facteurs comprennent l’âge, le sexe, la région anatomique et les antécédents
d’eczéma, notamment l’eczéma atopique (héréditaire). La sensibilité à l’irritation
diminue avec l’âge, et est plus fréquente chez la femme et au visage.
Les patients présentant une « diathèse atopique », c’est-à-dire une prédisposition
génétique à être atteints de rhume des foins, d’asthme ou d’eczéma atopique, ou
de l’ensemble de ces affections, possèdent une peau, des voies respiratoires et des
1
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
muqueuses (yeux, nez et bouche) plus sensibles aux agents irritants. Des exemples
seraient de l’irritation et de l’asthme aggravé par le tabac, et de l’eczéma irritant à
l’eau et au savon. Un individu ne présentant pas cette prédisposition génétique, ni
aucun antécédent personnel ou familial, est moins sensible à ces agents irritants.
Certaines études réfutent que des antécédents de rhume des fois ou d’asthme
augmentent l’irritation de la peau en l’absence d’eczéma atopique4.
Types de DCI :
Différents types de DCI sont décrits selon les publications, mais récemment, une
étude documentaire en a décrit 10 sous-types5.
La dermatite de contact irritante aiguë
La DCI aiguë est causée par une exposition à un agent irritant potentiel, tel qu’un
acide ou un alcali fort. Au niveau de la peau, la réponse comprend l’érythème
(rougeurs de la peau par dilatation capillaire), l’œdème et la nécrose (mort) possible
des cellules cutanées. Elle se déclenche très peu de temps après l’exposition.
La guérison débute rapidement après l’exposition et dure souvent jusqu’à 4
semaines. Le pronostic est très favorable, malgré la formation possible de cicatrices.
Un exemple de DCI aiguë serait l’exposition à du ciment humide à l’origine de
« l’eczéma des cimentiers ».
La dermatite de contact irritante aiguë retardée
Certaines substances chimiques, tels le dithranol et le chlorure de benzalkonium,
ont le potentiel de provoquer une réponse inflammatoire retardée (ou différée),
environ 8 à 24 heures après la première exposition6. Les symptômes sont similaires
à ceux de la DCI aiguë et le pronostic est favorable. Il est important de connaître ce
sous-type, puisque la nature différée de la dermatite peut conduire à une mauvaise
interprétation de la poussée en tant que DCA.
La réaction d’irritation
Les patients exposés au travail en milieu humide, tels les coiffeurs, peuvent
développer de l’érythème, de la desquamation, des vésicules et de l’érosion
sur le dos des mains, lors d’expositions à répétition. La peau se durcit après le
rétablissement et le pronostic est favorable. Cependant, si on ne diminue pas
l’exposition, une DCI cumulative peut se développer.
L’irritation subjective ou sensorielle
Le contact avec un agent irritant entraîne une gêne sensorielle, se manifestant
habituellement sous forme de sensations de piqûres, de brûlures ou de prurit,
en l’absence de signes cliniques et histologiques (l’histologie étant l’étude de la
structure des cellules) de lésions cutanées. Le seuil de déclenchement de cette
2
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
réaction varie d’un individu à l’autre. L’acide lactique et le propylène glycol sont de
bons exemples d’agents irritants subjectifs. L’issue clinique de cette réaction à un
agent irritant est favorable.
L’irritation non érythémateuse
Ce sous-type se rapporte à une irritation de la peau qui affiche des modifications
d’ordre pathologique, mais est d’apparence normale7. Ces symptômes sont
similaires à ceux de l’irritation subjective. Les individus présentent une sensibilité à
de nombreux agents chimiques. On pense que cette forme apparaît fréquemment
lors de l’exposition à des produits de consommation ayant une haute teneur en
composés tensio-actifs, telle la bétaïne de cocamidopropyle. Le pronostic est
variable. Ce sous-type de DCI jouerait un rôle chez les individus développant
une « peau sensible ». Des composantes à la fois neurologiques et vasculaires
contribuent à cette sensibilité.
La dermatite de contact irritante cumulative
Ce type de DCI présente la prévalence la plus élevée. La DCI cumulative est la
conséquence de nombreuses attaques infraliminaires par des agents à faible
pouvoir irritant. La nature répétitive du contact avec les agents irritants empêche la
peau de se rétablir, ce qui conduit à une dermatite persistante ou chronique. Les
signes cliniques comprennent rougeurs et peau sèche, suivies d’un épaississement
de la peau portant le nom d’hyperkératose. Le seuil varie d’un individu à l’autre. Il
est très important de savoir que les symptômes de la DCI cumulative n’apparaissent
pas immédiatement après l’exposition, de façon analogue à la dermatite de contact
allergique (DCA). Il est par conséquent souvent difficile de distinguer ces deux
dermatites sans avoir recours à des tests épicutanés (consulter la page XX pour
une description de ces tests). Un autre point essentiel est que les individus ne sont
pas exposés aux agents à faible pouvoir irritant uniquement en milieu professionnel,
mais également en milieu domestique, ce qui complique encore davantage
l’identification des facteurs contributeurs.
La dermatite de contact irritante traumatique
Il s’agit d’une forme rare de DCI. Elle apparaît après une exposition très aiguë ou
soudaine à un agent irritant, de manière similaire à une brûlure chimique. Elle se
caractérise par une guérison incomplète à l’attaque d’origine, suivie d’une lésion
nummulaire ou circulaire analogue à l’eczéma. Cette maladie chronique est parfois
réfractaire (hautement résistante) aux traitements8.
La dermatite pustuleuse et acnéiforme
L’exposition à des métaux, du goudron, des huiles ou des agents chlorés
peut conduire à une forme pustuleuse de dermatite (c’est-à-dire des élevures
circonscrites de petite dimension contenant du pus) ou à une dermatite acnéiforme
3
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
(ressemblant à l’acné), particulièrement chez les patients atopiques (c’est-à-dire les
patients allergiques souffrant de dermatite atopique, de rhume des foins ou d’asthme).
La dermatite de friction
La dermatite de friction est provoquée par l’action horizontale et en surface d’une
force de cisaillement, et non par la pression ou la température. On peut la définir
comme un processus eczémateux au cours duquel un traumatisme par friction
physique contribue à la mise en place de la dermatite. Elle est confinée aux
emplacements des traumatismes par friction. Elle est fréquente au niveau des mains,
particulièrement la main dominante, mais elle peut apparaître n’importe où sur la peau
touchée par des forces de friction répétitives. Elle est sous-diagnostiquée en raison
du manque de connaissances au sujet de la capacité de la friction physique à induire
des altérations eczémateuses dans la peau. La friction répétitive peut induire des
rougeurs, une desquamation, parfois des vésicules (des élevures circonscrites de
petite dimension renfermant du liquide), une hyperkératose (un épaississement de
la peau) et des fissures ou crevasses. Ces altérations touchent surtout les doigts
(particulièrement les côtés et le bout) ainsi que la paume. Son déclenchement est
souvent retardé, parfois de plusieurs années. Les publications indiquent que les
professions concernées par la dermatite de friction des mains sont associées à la
manipulation répétitive de petites pièces métalliques, de papier, de plastique, de
carton ou de tissu et à la conduite de véhicules9.
Le pronostic est généralement favorable. Les cas de dermatite de friction s’améliorent
une fois la source de friction éliminée. Néanmoins, en milieu professionnel, la
modification des tâches professionnelles visant à diminuer les forces de friction
n’est pas toujours possible. L’usage d’équipement de protection, notamment des
gants, est une mesure importante à envisager en vue de la guérison, et des études
supplémentaires sont nécessaires à ce sujet. Les gants antichocs en gel se sont
révélés prometteurs pour prévenir l’impact des forces de cisaillement par friction et
améliorer la dermatite de friction des mains en milieu professionnel10.
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La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Illustration 1 : Dermatite de friction des mains chez un gardien
La dermatite hyperkératosique palmaire
La dermatite hyperkératosique palmaire peut être classée en tant que sous-type
de DCI, bien que l’irritation ne constitue pas toujours un événement déclencheur.
Deux études distinctes ont permis de démontrer qu’elle représentait environ 2 % de
l’ensemble des dermatoses des mains11. Elle touche surtout les hommes âgés de 40
à 60 ans. Le tableau clinique de cette affection est similaire à celui de la dermatite de
friction des mains. Elle se caractérise par des plaques hyperkératosiques symétriques
au niveau des portions proximales ou centrales de la paume des mains et/ou de la
plante des pieds. Le prurit peut également jouer un rôle et, généralement, des fissures
douloureuses se forment. Habituellement, les ongles et le cuir chevelu ne présentent
aucune altération psoriasique (des desquamations rougeâtres et argentées, rondes
et plates). Environ 50 % des patients atteints de dermatite hyperkératosique palmaire
occupent un emploi manuel difficile au moment du déclenchement. Il a été postulé que
les traumatismes mécaniques chroniques constituaient un facteur contributeur. Les
professions concernées comprennent les travailleurs des secteurs de la construction,
la foresterie, l’usinage, la mécanique et la manutention du papier. Le pronostic est
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La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
très mauvais. Contrairement aux patients souffrant de dermatite de friction des mains,
l’état de ces patients ne s’améliore pas après leur retrait de leur environnement
professionnel et ils présentent souvent une invalidité permanente.
Illustration 2 : Dermatite hyperkératosique palmaire
La dermatite de contact allergique
La dermatite de contact allergique (DCA) est provoquée par une large gamme de
substances chimiques (des allergènes potentiels) suite à un contact prolongé ou
répété avec la peau. Elle est moins courante que la DCI et on estime qu’elle serait à
l’origine d’environ 20 % des dermatites professionnelles.
Dans la population européenne, sa prévalence est d’environ 20 %. Les allergènes
les plus fréquents sont le nickel, les parfums et les agents de conservation. Les
agents à l’origine de la DCA professionnelle les plus fréquemment et régulièrement
signalés incluent le cobalt, les chromates, les produits cosmétiques et les parfums,
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La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
les époxydes, le nickel, les plantes, les agents de conservations, les résines et les
acryliques12.
La DCA est, par définition, une réponse immunitaire adaptative aux substances
chimiques pénétrant la peau. Il s’agit d’une réaction immunitaire de type IV, à
médiation cellulaire ou retardée. À l’instar d’autres formes d’allergie, la DCA se
développe selon un processus à deux phases. La sensibilisation se produit lors de
la première exposition à la substance chimique, à l’origine d’une immunité à cet
allergène, suivie d’une élicitation lors d’une nouvelle exposition. Si la probabilité
d’exposition à cet allergène en particulier (la substance chimique) est supérieure
en milieu professionnel, on considère que la dermatite résultante est une dermatite
professionnelle. Fait encore plus important, contrairement à la DCI, pour la DCA, la
plupart des allergènes de contact provoquent une réaction allergique de sensibilisation
chez seulement un faible pourcentage des individus exposés. De nombreux facteurs
peuvent contribuer à la sensibilisation à l’allergène, notamment la température,
l’humidité, la prédisposition génétique et les irritations cutanées antérieures ou
concomitantes. Il a été démontré que le facteur le plus important, pour un individu, est
une lésion cutanée récente ou actuelle relevant d’un traumatisme ou d’une irritation au
niveau du point de contact avec l’allergène potentiel. Ceci explique souvent pourquoi
certains travailleurs qui présentent peu de problèmes cutanés pendant des mois ou
des années développent « soudainement » une dermatite de contact allergique.
Pathophysiologie de la dermatite de contact irritante
On considère le plus souvent que la DCI est une réponse immunologique aspécifique.
Néanmoins, tel que mentionné précédemment, on soupçonne actuellement que
le système immunitaire jouerait un rôle. Il a été démontré que la DCI présentait un
polymorphisme génétique, ce qui pourrait aboutir sur une nouvelle approche visant à
détecter la prédisposition à développer cette maladie13. Pour l’essentiel, une substance
chimique irritante ou une toxine provoque la lésion d’un kératinocyte. Les kératinocytes
constituent le type cellulaire principal de la couche la plus superficielle de la peau,
l’épiderme. Cette lésion provoque l’activation des médiateurs de l’inflammation. Ces
médiateurs activent les gènes des kératinocytes responsables de la production de
certaines protéines que l’on nomme cytokines (des protéines d’origine cellulaire)
qui activent le système immunitaire de la peau, notamment dans les lymphocytes T.
L’ensemble de ces médiateurs et cellules entraînent la dilatation (l’ouverture) des
vaisseaux sanguins au niveau de cette zone. Ceci entraîne une tuméfaction et
l’infiltration d’un plus grand nombre de cellules inflammatoires et immunitaires dans
cette zone.
7
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
La dermatite de contact allergique
La DCA est une réponse immunitaire spécifique, que l’on nomme également
réponse immunitaire adaptative. Cette réaction est classée en quatre types, selon
la classification de Gell et Coombs. La DCA est une réponse immunitaire retardée
d’hypersensibilité de type IV.
Classification de l’hypersensibilité
Au début des années 1970, P.G.H Gell et R.A Coombs ont proposé une méthode de
classification de l’hypersensibilité, qui est la suivante :
1. L’hypersensibilité immédiate.
Elle comprend trois types :
a. Le type I (l’hypersensibilité anaphylactique). Il implique l’intervention de
l’IgE, des mastocytes, des basophiles et des médiateurs responsables de la
contraction musculaire. Ce type d’hypersensibilité peut se manifester sous
forme d’urticaire, d’œdème de Quincke et d’anaphylaxie (un choc).
b. Le type II (l’hypersensibilité cytotoxique). Il implique l’intervention de l’IgG, de
l’IgM et du complément, ainsi que la destruction des cellules hôtes.
c. Le type III (l’hypersensibilité à complexes immuns). Il implique l’intervention de
l’IgG, de l’IgM et du complément, ainsi que la formation d’agrégats antigèneanticorps dans les tissus.
2. L’hypersensibilité retardée.
Elle correspond au type IV.
d. Le type IV (l’hypersensibilité cellulaire). Il implique l’intervention des
lymphokines et des lymphocytes T. On l’observe dans les cas de dermatite de
contact allergique.
La DCA est à médiation cellulaire (par les lymphocytes T), et non immunoglobulaire
(par les anticorps). La réponse se divise en deux phases : une sensibilisation, suivie
d’une réponse d’élicitation.
La sensibilisation
Un allergène, c’est-à-dire une substance chimique de faible poids moléculaire, entre
en contact avec la peau. L’allergène est ensuite pris en charge par une cellule de
l’épiderme portant le nom de cellule de Langerhans. Cette cellule présente l’allergène
au système immunitaire de la peau, les lymphocytes T. Il est probable que la
présence ou l’absence de lymphocytes T spécifiques dans la peau soit déterminée
génétiquement. Une fois l’allergène reconnu par le lymphocyte T, les deux cellules
sont activées, ce qui mène à la formation de médiateurs et à l’augmentation de la
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La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
prolifération des lymphocytes T. Les clones de lymphocytes T spécifiques subissent
ensuite une expansion. Les clones de lymphocytes T, ou lymphocytes mémoire,
reconnaissent cet allergène. L’individu est à présent sensibilisé à cet antigène et prêt à
réagir lorsque les lymphocytes T mémoire circulants y sont exposés.
L’élicitation
La seconde phase ou l’élicitation de l’hypersensibilité de type retardé se produit lors
d’une nouvelle exposition. L’allergène entre en contact avec la peau et les cellules
de Langerhans le présentent au système immunitaire de la peau. Les lymphocytes T
sensibilisés ou mémoire sont activés et prolifèrent. Les médiateurs inflammatoires sont
synthétisés, les vaisseaux se dilatent et on assiste à une tuméfaction de la zone, ainsi
qu’à l’infiltration d’un plus grand nombre de cellules.
Résumé de la pathophysiologie
Bien que la DCI soit aspécifique et que la DCA soit spécifique à l’allergène, le résultat
final de ces deux mécanismes est similaire au niveau cellulaire. Les lymphocytes T de
la peau sont activés et l’inflammation qui s’ensuit résulte sur le plan clinique en une
dermatite siégeant dans la peau.
Les causes
A. Les facteurs endogènes :
Des facteurs endogènes peuvent influencer la prédisposition à développer une DCI ou
une DCA.
DCA
• La DCA est légèrement moins fréquente chez les jeunes enfants;
néanmoins, on observe depuis récemment une augmentation des cas
documentés de DCA en pédiatrie.
• La DCA nécessite une réponse immunitaire spécifique à l’allergène en
contact avec la peau. Il est probable que la présence ou l’absence de
lymphocytes T spécifiques dans la peau soit déterminée génétiquement.
• On sait que la dermatite concomitante de la peau augmente les risques
de sensibilisation à un allergène potentiel. Par conséquent, les patients
souffrant actuellement de dermatite atopique ou ayant manifesté
antérieurement cette maladie sont plus susceptibles de présenter une
sensibilisation par les allergènes.
• L’atopie des muqueuses, qui comprend l’asthme et le rhume des foins, n’a
pas d’effet aussi net sur la sensibilité aux allergènes potentiels en contact
avec la peau.
9
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
DCI
• La prédisposition aux irritations cutanées diminue avec l’âge.
• La DC serait plus fréquente chez la femme. Cependant, on ne sait pas
réellement si ce phénomène relève d’une prédisposition accrue des femmes
à la DCI ou si elles sont davantage exposées aux agents irritants, notamment
au travail en milieu humide. La réalisation de plus amples études est
nécessaire.
• La pénétration de la peau varie en fonction de la région anatomique. Le
visage est la région la plus perméable : trois fois plus que le dos.
• Les patients dont la fonction de barrière de la peau est altérée sont plus
susceptibles de développer une DCI. La présence d’une dermatite, de tout
type, augmente la réactivité à divers agents irritants dans des zones du corps
qui ne sont pas encore touchées par la maladie4. Ceci est particulièrement
vrai dans le cas de la dermatite atopique.
• Une étude publiée en 2000 dans la revue Immunogenetics a décrit le premier
marqueur génétique non atopique de la sensibilité aux agents irritants chez
des individus « normaux ». Le génotypage du polymorphisme du facteur
de nécrose tumorale TNF-308 pourrait permettre de dépister les individus à
risque de développer une DCI13.
B. Les facteurs externes/d’exposition :
DCI
La DCI peut être causée par divers agents irritants, y compris les substances
chimiques et les agents physiques ou mécaniques. Le pouvoir irritant d’une substance
dépend de ses propriétés chimiques et physiques. La grosseur, l’ionisation et la
solubilité dans les lipides déterminent la capacité de pénétration dans la peau. Les
substances chimiques à faible pouvoir irritant nécessitent des expositions répétées.
À un haut niveau d’exposition, de nombreuses substances chimiques constituent
des agents irritants. La concentration, le volume, la surface de contact et la durée de
l’exposition sur la peau déterminent l’issue clinique. La capacité de pénétration d’un
agent irritant augmente avec le volume et la durée des expositions. Ces paramètres
entrent souvent en jeu chez les travailleurs en exercice pendant de longues heures
sur une période de quelques jours (comme les quarts de travail de 3 jours suivis de 4
jours de congé), ce qui augmenterait la probabilité de développer une DCI, en raison
de l’augmentation du volume et de la durée de l’exposition pour ce genre de quart de
travail.
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La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
1. Agents irritants cutanés :
Pratiquement toutes les substances chimiques ont le potentiel de provoquer une DCI.
Il est souvent impossible d’en identifier la cause. L’agent irritant le plus important et le
plus courant est le travail en milieu humide14. On définit ce genre de travail comme une
exposition de la peau à un liquide pendant une durée supérieure à 2 heures par jour,
l’emploi de gants occlusifs pendant une durée supérieure à 2 heures par jour ou le
nettoyage fréquent des mains15. Les professions à risque comprennent les secteurs de
la coiffure, la manutention des aliments et les soins de santé. L’irritant cutané le plus
courant est le travail en milieu humide, suivi des expositions aux détergents, savons,
solvants, huiles et substances acides ou basiques.
2. Agents irritants cutanés physiques ou environnementaux
D’après : (16)
R. Morris-Jones, S.J. Robertson, J.S. Ross, I.R. White, J.P. McFadden et R.J.F.
Rycroft. Dermatitis caused by physical irritants, British Journal of Dermatology; 2002:
147: 270-275
Faible taux d’humidité
Un faible taux d’humidité environnementale augmente l’irritation de la peau.
L’air chaud et sec en mouvement peut causer un prurit, voire des altérations
eczémateuses. L’air conditionné établit un faible taux d’humidité sur le lieu de travail.
Un exemple est le personnel de bord des lignes aériennes, particulièrement pour les
vols long-courriers. Ces individus présentent souvent des antécédents d’éruptions
faciales récurrentes et leur état s’améliore lorsqu’ils quittent l’environnement climatisé
appliqué à bord des avions.
Chaleur
La chaleur provoque de la sudation, ce qui constitue particulièrement un problème
pour les individus travaillant en usine. Les exemples comprennent les travailleurs
œuvrant à proximité d’équipement de soudure, de fournaises, d’incinérateurs ou de
métaux ou verre en fusion. Ces travailleurs sont nombreux à souffrir de dermatite
faciale. La sudation peut également faciliter la pénétration de la peau par les
allergènes. La chaleur, la sudation et les gants ou les vêtements occlusifs peuvent
provoquer de l’irritation.
Métaux
La dermatite de friction des mains est induite par l’exposition chronique et répétée
des travailleurs au métal. La main dominante et les doigts sont les zones les plus
touchées. Les copeaux et la poussière de métal peuvent également être à l’origine de
dermatite faciale.
Papier
La majorité des travailleurs exposés au papier, qui s’avère être un agent irritant,
exercent leur profession dans les bureaux, les bureaux de poste ou les banques. Le
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La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
classement et la distribution répétés de papier entraînent la friction de la pulpe des
doigts, alors desséchée, ce qui entraîne une dermatite chronique.
Outils
Les mains faisant l’objet de traumatismes et de friction chroniques de faible intensité
imputables à l’usage d’outils peuvent développer diverses réponses sous forme
de DCI. Les travailleurs des secteurs suivants sont particulièrement touchés :
manufacture, construction, ébénisterie, entretien et réparation. Pour ces professions,
les mains sont les régions les plus touchées. Les mécanismes de l’irritation sont
habituellement la friction et les traumatismes chroniques.
Tissus
La manipulation répétée de tissu par les travailleurs de l’industrie du textile est à
l’origine de friction et de dessiccation (dessèchement), particulièrement au niveau
des mains. Les tissus les plus souvent concernés comprennent le polyester, le nylon
et la laine. La manipulation répétée de sacs en tissu peut également constituer un
problème pour les travailleurs en entrepôt. La friction, la rigidité et la finesse de la fibre
contribuent toutes à l’augmentation des risques d’irritation de la peau.
Plastique
La manipulation répétée de petits objets ou sacs de plastique peut entraîner une
dermatite de friction des mains. Des poussières de plastique peuvent être produites
lors du limage et de la finition des articles, ce qui peut provoquer une DCI faciale.
Poussières
Des poussières, c’est-à-dire des particules en suspension dans l’air, peuvent être
libérées lors du travail du bois, métal, plastique, ciment ou plâtre. Les poussières
se propagent souvent sur des distances considérables et affectent des individus
éloignés du processus ou qui n’y participent pas dans l’immédiat. Les travailleurs les
plus fréquemment concernés incluent les charpentiers et les constructeurs. La friction
mécanique créée par le ponçage de ces matières entraîne souvent une dermatite
chronique sur les mains et la poussière qui en résulte cause une dermatite sur le
visage.
Bois
La friction créée par la manipulation des produits du bois non fini dans les industries
de la charpenterie et de la construction peut conduire à une dermatite de friction des
mains.
Caoutchouc
Les élastiques en caoutchouc sont largement utilisés dans les bureaux et les
entrepôts. Les travailleurs peuvent développer une dermatite sur leur main dominante.
Le caoutchouc utilisé dans les poignées de raquettes de sport peut causer une friction
et une pression sur la paume des mains liées à l’activité ou aggravées par celle-ci.
12
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Machinerie lourde
Les opérateurs de machine en usine doivent souvent manipuler à répétition des
pièces lourdes d’équipement, dans le cadre de travaux d’assemblage. Ils peuvent
fait l’objet de traumatismes mécaniques répétitifs aux mains provoqués par le lourd
travail physique, et développer une dermatite de friction des mains.
Fibre de verre
La fibre de verre est fabriquée à partir de silice associée à divers métaux et autres
éléments. La fibre de verre peut provoquer les symptômes suivants : folliculite et
irritation (notamment le prurit sans éruption cutanée), brûlures oculaires, maux de
gorge et toux. Curieusement, les travailleurs ne sont pas tous concernés, ce qui
suggère le concours d’une prédisposition individuelle. La fibre de verre de diamètre
supérieur à 3,5 ppm (parties par million) provoque de l’irritation tissulaire. La
dermatite apparaît généralement sur des régions exposées du corps en raison du
contact avec les poussières de fibre de verre produites lors du meulage, du sciage
et de la finition. La DCA peut également se développer en réaction aux substances
chimiques ajoutées lors de la fabrication de la fibre de verre. La présence de cette
maladie devrait être exclue lors du développement de nouveaux cas de dermatite.
C. La dermatite de contact allergique
La DCA est causée par les substances chimiques décrites en tant qu’allergènes.
Les allergènes sont de petites molécules qui, dans la peau, se lient aux protéines de
transport. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la sensibilisation aux allergènes.
Ils comprennent l’augmentation de la température et/ou de l’humidité, ainsi que les
irritations cutanées antérieures ou concomitantes.
La DCA se développe en conséquence de l’exposition répétée aux substances
chimiques allergènes. Les travailleurs peuvent être en contact avec une substance
présentant un pouvoir allergène à de nombreuses reprises pendant de longs mois
sans aucun problème, puis développer soudainement une sensibilité et une DCA
réfractaire.
L’élicitation de la DCA chez les travailleurs sensibilisés dépend de la durée et de la
fréquence de l’exposition, de la zone de contact et de la présence d’agents irritants.
Il est impossible de décrire toutes les substances chimiques à pouvoir allergène
associées à la DCA. Les manuels de dermatologie du travail classent généralement
les agents à potentiel irritant et les allergènes par profession, puis les décrivent
pour chacune de ces professions. Cependant, l’étude d’un allergène que l’on trouve
fréquemment, le chrome, aidera à illustrer le rôle de l’allergène, les paramètres
d’expositions, dans quelle mesure il est associé au développement de la DCA et les
mesures de contrôle possibles.
13
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Chrome
Le chrome est un métal dur de couleur gris acier. Il est utilisé dans les alliages
(l’acier inoxydable en est un exemple), le placage, le tannage, la peinture, le
traitement anticorrosion, la céramique et l’industrie chimique. Historiquement,
la cause la plus importante d’allergie de contact au chrome est l’exposition
professionnelle au ciment. Le chrome se comporte en allergène sous deux formes :
le chrome trivalent et le chrome hexavalent. La formation de chacune de ces
formes dépend du pH et de la température du ciment. Les cas de DCA attribuables
au chrome intégré au ciment remontent à 1908 et 1925. Le test épicutané au
dichromate de potassium à 0,5 % dans une gelée de pétrole sert à diagnostiquer
la DCA due au chrome. En 1950, il a été déterminé que le chrome hexavalent était
l’allergène principalement responsable de la DCA due au ciment. En 1979, il a été
suggéré d’ajouter du sulfate de fer au ciment afin de tenter de réduire la quantité
de chrome hexavalent soluble dans l’eau à une valeur de 2 ppm dans le ciment.
En 1983, le Danemark a adopté une loi rendant obligatoire l’ajout de sulfate de fer
au ciment. Depuis cette mesure, la prévalence de la DCA due au chrome chez les
travailleurs de la construction a diminué dans ce pays. Dans les pays qui n’ont pas
adopté cette loi, dont le Canada, le chrome continue de provoquer des cas de DCA
chez les travailleurs de la construction. Le 17 janvier 2005, l’Union européenne
a imposé des restrictions portant sur la commercialisation et l’usage de ciment
renfermant plus de 2 ppm de chrome hexavalent17.
Équipement de protection individuelle
L’équipement de protection individuelle comprend : gants, manchettes,
combinaisons, masques, respirateurs, lunettes et chaussures de protection. Les
travailleurs peuvent manifester des réactions indésirables aux combinaisons,
manchettes et respirateurs, mais ceci se produit rarement. Plus fréquemment,
les gants de protection fournis ou choisis ne sont pas convenables ou constituent
même la source de la DCI ou DCA.
Tableau 1
Recommandations générales relatives à la résistance chimique des matières
utilisées dans la fabrication des gants18
14
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Matière
Nitrile
Vinyle
Polychloroprène
Alcool
polyvinylique
Viton (Dupont)
Butyle
Gants antichocs
en gel
Bonne protection
Matière d’origine biologique et solvants à base d’eau
Solvants, huiles, graisses et certains acides et bases
Acides, bases, huiles, graisses, peroxydes et amines
Acides, bases, alcools, carburants, peroxydes,
hydrocarbures, huiles, graisses et phénols
Solvants aromatiques et chlorés, cétones, esters et
méthacrylate
Solvants chlorés et aromatiques, composés
aliphatiques et alcools
Cétones, aldéhydes et esters
Traumatismes mécaniques ou physiques répétés
Illustration 3 : Gants antichocs en gel pour la prévention de la dermatite de friction
des mains
15
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Mécanismes possibles d’exposition des mains gantées aux substances nocives.
Les mains gantées peuvent être exposées aux substances chimiques selon trois
mécanismes principaux19.
1. La contamination
2. La perméation
3. La pénétration
En conclusion, il est important de changer à des intervalles appropriés les gants
sélectionnés afin de réduire les risques de perméation et de pénétration des
substances chimiques. Il faut inspecter les gants régulièrement pour détecter tout
signe de détérioration physique. Enfin, les gants doivent être enfilés et retirés selon
d’excellentes techniques afin d’éviter de contaminer l’intérieur des gants.
DCA due aux gants
Certains allergènes dans les gants en caoutchouc peuvent provoquer une DCA. Cet
état de fait exclut le latex. Le latex n’est pas un allergène qui peut causer la survenue
d’une DCA. Les accélérateurs de vulcanisation, notamment les carbamates, le
mercaptobenzothiazole et le thiurame, sont des allergènes associés à la DCA due
aux gants en caoutchouc. Les gants en caoutchouc présentent actuellement de
nouveaux allergènes. Avec l’usage accru d’autres formes de caoutchouc, le nombre
d’allergènes continue d’augmenter et ils peuvent uniquement être détectés en testant
les matières des gants utilisés par le travailleur au travail. On y parvient en découpant
un petit morceau de gant d’un pouce de longueur que l’on baigne dans une solution
physiologique, puis que l’on applique sur le dos du travailleur pendant 96 ou 120
heures.
16
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Illustration 4 : Test épicutané positif conduit sur les matières premières d’un gant
Tableau clinique
Il est difficile, voire souvent impossible, de poser un diagnostic de DCA et non de
DCI, ou inversement, en se basant sur les signes cliniques. Sur le plan clinique, les
classifications en tant que DC aiguë, DC subaiguë ou DC chronique ont une utilité
générale, mais ne permettent pas de différencier la DCI et de la DCA. Les variantes
cliniques ne sont pas nécessairement corrélées directement avec de nouvelles
expositions ou des expositions récentes ou chroniques à une substance en raison des
interactions entre les nombreux facteurs impliqués. Plusieurs sous-types de dermatites
de contact irritantes ont des caractéristiques cliniques spécifiques qui les démarquent
des autres formes de DC.
17
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Illustration 5 : DCA subaiguë aux gants en caoutchouc
Illustration 6 : DCI clinique
18
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
La dermatite de contact aiguë
La DC aiguë se caractérise par des rougeurs, des papules (des bosses) et des
vésicules. L’apparition de petites vésicules de 1 à 3 mm et parfois de cloques est
caractéristique de la dermatite de contact allergique. Le prurit est souvent intense et
peut perturber le sommeil.
La dermatite de contact subaiguë
La DC subaiguë se caractérise par des rougeurs et un prurit, mais les vésicules sont
perçues comme une légère exfoliation, une desquamation ou un épaississement de
la peau. Le prurit persiste et les démangeaisons entraînent la formation de petites
plaies ou excoriations. Les fissures ou crevasses linéaires sont fréquentes aux zones
touchées par les traumatismes mécaniques, particulièrement sur les mains.
La dermatite de contact chronique
La DC chronique se caractérise au minimum par des rougeurs ou une inflammation
et par un épaississement de la peau, qui présente des desquamations ou brille en
surface, en association à des fissures ou crevasses aux emplacements où la peau est
étirée par les mouvements. À ce stade, les plaintes relèvent davantage des sensations
de brûlure et des douleurs au niveau des fissures que du prurit.
La dermatite de contact due aux particules en suspension dans l’air
Les expositions aux allergènes et aux agents irritants en suspension dans l’air
provoquent généralement une dermatite aux zones exposées, sur le visage, le cou et
les bras. Le cuir chevelu et les paupières peuvent être touchés. Les régions situées
sous les vêtements sont généralement moins touchées, mais peuvent l’être, selon
l’ajustement des vêtements, l’ampleur de la sudation et les facteurs mécaniques.
Une étude documentaire récente portant sur des cas de DC due aux particules
en suspension dans l’air en milieu professionnel a mené à la conclusion que les
substances chimiques les plus fréquemment impliquées étaient les suivantes :
parfums, agents de conservation, médicaments à action systémique (pour les emplois
de préparation ou de fabrication des médicaments à action systémique), méthacrylate
et résines époxy20.
19
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Illustration 7 : DCA due aux particules en suspension dans l’air libérées par un
système à résine époxy dans un assembleur
La dermatite de contact irritante aiguë
Cette forme de DCI se manifeste souvent comme une brûlure chimique ou une grosse
cloque ou ampoule. Elle ne présente pas souvent les motifs rouges squameux et
eczémateux généralement observés dans les cas de DC.
La dermatite de friction des mains
Cette forme de DCI relevant des traumatismes mécaniques subis par la peau possède
peu de différences cliniques avec les autres formes de DC. Elle est habituellement
plus proéminente sur la main dominante, là où le stress mécanique est le plus évident.
Elle peut toucher la paume des mains uniquement et a souvent une apparence
psoriasiforme, associée à des plaques rouges, squameuses, épaisses et non
prurigineuses. Sur le plan clinique, seulement les côtés ou le bout des doigts peuvent
être concernés, selon la nature du stress mécanique.
20
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Illustration 8 : Dermatite de friction des mains chez un employé de bureau
Histoire naturelle
L’histoire naturelle ou temporelle de la dermatite est souvent une indication permettant
de déterminer si une éruption est une DCI ou une DCA. De manière classique, la DCA
apparaît après des expositions répétées chez des travailleurs présentant peu ou pas
de problème de peau, jusqu’à ce qu’ils développent brusquement la maladie. Des
antécédents de minuscules vésicules prurigineuses de 1 à 3 mm sont un phénomène
classique pour la DCA. Initialement, l’état de ces vésicules s’améliore un minimum
au cours des fins de semaine et elles disparaissent complètement lors des absences
associées aux vacances. À mesure que l’exposition devient de plus en plus chronique,
les patients font rarement l’objet d’une élimination complète des vésicules, même
après les fins de semaine ou les congés d’une semaine. La DCA classique est une
maladie dont l’éruption est de 3 semaines. Par exemple, si un individu touche de
l’herbe à puce, un allergène de contact très répandu, il présentera une éruption qui
nécessite habituellement environ 3 semaines pour disparaître totalement. Cette
éruption se produit après une seule exposition. Autrement dit, si un travailleur
manifeste des éruptions à répétition qui durent plusieurs heures à plusieurs jours ou
21
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
qui disparaissent en une nuit, il ne s’agit pas de l’histoire naturelle de la DCA, mais
plutôt celle de la DCI.
Il est plus difficile d’établir une histoire naturelle générale pour la DCI, car elle
comporte de nombreux sous-types. Mais, habituellement, dans le cadre de cette
maladie, lorsqu’un agent irritant entre en contact avec la peau, il provoque une
éruption qui disparaît relativement rapidement, normalement après plusieurs jours ou
une semaine. Un exemple classique serait celui d’un patient qui travaille dans une
usine et développe sur le visage des éruptions rouges accompagnées de sensations
de brûlure qui disparaissent le matin suivant. Cette histoire naturelle correspondrait à
une DCI provoquée par les particules en suspension dans l’air. Cependant, une DCA
due aux particules en suspension dans l’air n’aurait pas disparu le matin suivant et
durerait des semaines. Comme les agents irritants s’accumulent pendant des jours et
des mois, les éruptions deviennent de plus en plus chroniques et ne disparaissent pas
avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
L’évolution temporelle de la DCI cumulative ou chronique est lente par rapport à la
DCI. Il a été rapporté que même après que la peau a repris une apparence normale,
il faut environ 4 mois, voire davantage, pour que le rôle de barrière de la peau
fonctionne de nouveau normalement21.
Concernant la dermatite de friction des mains, une forme de DCI, l’histoire
naturelle est généralement très prolongée chez les patients qui présentent un léger
dessèchement ou la formation de cals en raison de traumatismes mécaniques
répétés pendant des mois ou des années. Après un certain délai, les patients peuvent
développer des plaques fissurées, douloureuses et épaisses sur la paume des mains,
les doigts ou le bout des doigts, la main dominante étant généralement plus touchée.
L’histoire naturelle est d’abord très lente, pour évoluer ensuite en maladie chronique
souvent réfractaire. Une fois les traumatismes mécaniques répétés éliminés, l’état des
mains de ces patients s’améliore toujours. Mais cela peut prendre des semaines, voire
des mois, selon la gravité de la dermatite.
La dermatite hyperkératosique palmaire est un très petit sous-ensemble qui
représente 2 % de toutes les formes de dermatite des mains. Elle peut relever d’une
prédisposition génétique. Elle est similaire à la dermatite de friction des mains, car
elle est souvent précipitée, mais pas toujours, par des traumatismes mécaniques
répétés aux mains. Néanmoins, lorsque cette forme de dermatite des mains est
précipitée, l’état des patients touchés ne s’améliore pas lorsqu’ils sont retirés de leur
environnement professionnel. Cette caractéristique permet réellement de distinguer
cette dermatite de la dermatite de friction des mains. La maladie évolue en dermatite
chronique des mains souvent invalidante et très résistante aux traitements. Cette
forme de dermatite des mains est une cause courante d’invalidité permanente.
22
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Diagnostic
Deux étapes sont nécessaires pour poser un diagnostic de dermatite de contact
professionnelle (DCP) :
1. Identifier l’existence d’une exposition en milieu professionnel; et
2. Déterminer si cette exposition constitue un facteur de cause ou un facteur
d’aggravation.
Tableau 2. Critères de diagnostic de la dermatite de contact professionnelle22.
1. Début de l’éruption après que le patient a commencé à exercer son emploi
2. Identification de la cause précise
3. Patient principalement exposé à l’agent étiologique en milieu professionnel
4. Région anatomique où l’éruption a débuté exposée à l’agent causal en milieu
professionnel
5. Distribution des lésions coïncidant avec une exposition professionnelle
6. Délai conforme entre l’exposition à l’agent causal et le développement des
lésions
7. Plausibilité biologique
8. Dermatite non professionnelle exclue
9. Autres travailleurs touchés de manière similaire
10.Altération du processus avant le début de la dermatite
11.Réactions véritablement positives au test épicutané dans les cas de dermatite
de contact allergique
Une autre liste de critères souvent citée dans les publications pour établir les
facteurs de cause et d’aggravation en milieu professionnel de la dermatite de contact
correspond aux critères de Mathias23. La validité de ces critères a été étudiée au fil des
années et ceux-ci s’avèrent très utiles de manière constante, en particulier lorsqu’on
s’interroge au sujet de la validité de l’exposition en milieu professionnel24.
Critère n° 1 : Les signes cliniques coïncident-ils avec la dermatite de contact?
Critère n° 2 : Le milieu professionnel fait-il l’objet d’expositions à des agents irritants ou
allergènes potentiels?
23
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Critère n° 3 : La distribution anatomique de la dermatite correspond-elle à l’exposition
cutanée associée aux activités de cet emploi?
Critère n° 4 : Le délai entre l’exposition et le début de l’éruption coïncide-t-il avec la
dermatite de contact?
Critère n° 5 : Peut-on exclure les expositions non professionnelles des causes
possibles?
Critère n° 6 : L’élimination de l’exposition conduit-elle à une amélioration de la
dermatite?
Critère n° 7 : Les tests épicutanés ou les tests de provocation démontrent-ils une
exposition en milieu professionnel spécifique?
Pour répondre aux critères cités ci-dessus, le médecin doit procéder à une revue
approfondie des antécédents du patient, à une analyse complète de l’exposition aux
agents irritants et allergènes potentiels sur le milieu de travail, à un examen médical
et à des tests épicutanés. Une visite du lieu de travail peut également fournir des
renseignements essentiels à l’évaluation d’un cas soupçonné de DCP.
Il est très important d’identifier tous les agents possiblement nocifs dans
l’environnement des travailleurs, même s’il s’agit d’une tâche difficile. L’agent peut être
chimique, physique ou biologique. Les facteurs physiques, tels la chaleur, l’humidité, le
froid, les vibrations, les radiations et les traumatismes mécaniques, doivent être pris en
compte, tout comme les substances chimiques. Il est indispensable de faire appel à un
hygiéniste du travail agréé pour analyser les expositions appliquées aux travailleurs et
pour examiner et résumer les fiches signalétiques de toutes les substances chimiques
auxquelles ils sont exposés.
Tests épicutanés
La seule preuve scientifique d’atteinte de DCA est la conduite de tests épicutanés
réalisés et interprétés correctement. Il n’existe aucun test de diagnostic de la DCI.
Les tests épicutanés visant à diagnostiquer la DCP doivent être conduits après
l’analyse et la documentation complètes des substances chimiques possibles. Les
tests épicutanés sont utiles uniquement s’ils portent sur les agents auxquels le patient
est exposé dans son environnement professionnel. Il est nécessaire de recourir à des
séries ou des plaques d’allergènes correspondant à des professions spécifiques et
aux substances précisément utilisées par le patient. Si les plaques standard associées
à une profession ne comportent pas toutes les substances auxquelles le patient est
exposé, il faut utiliser les matières premières de l’environnement professionnel, sous
forme diluée ou brute. La préparation de ces matières premières doit être effectuée
24
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
par un clinicien et un chimiste expérimentés. Ce processus peut malheureusement
retarder la conduite des tests, mais permet d’éviter d’obtenir de faux résultats négatifs.
Illustration 9 : Première lecture d’un test épicutané après 48 heures de contact et le
retrait des plaques adhésives
Plaques de tests épicutanés
Plusieurs compagnies préparent des allergènes, en concentrations standardisées,
prêts à l’application. Pour déterminer la bonne concentration pour le test,
chaque allergène est testé à diverses concentrations sur 20 sujets témoins, et la
concentration qui induira une vraie réaction positive de DCA, sans réaction de DCI,
sera sélectionnée. Quelques exemples de plaques de tests pour professionnels
comprennent les suivantes :
25
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
1. Huiles et liquides de refroidissement
2. Plaque pour coiffeur
3. Plaque pour boulanger
4. Plaque pour mécanicien
Tests épicutanés sur matière première
• La matière première peut être testée sous forme diluée. Dans ce but,
il faut obtenir la matière première auprès du patient, par exemple une
peinture ou un vernis, puis la diluer dans des véhicules adaptés, tels la
gelée de pétrole, l’alcool ou l’eau stérile. Une fois la gamme de dilutions
effectuée, les allergènes préparés sont testés sur des sujets témoins dans
le cadre d’essais de contrôle visant à vérifier qu’ils ne provoquent pas
de réaction d’irritation. Lorsque les essais de contrôle sont terminés, la
matière première est testée sur le patient.
• Les tests ouverts ou semi-ouverts de matière première constituent des
méthodes plus controversées. Les matières dont le pH est inférieur à 3
ou supérieur à 10 ne sont pas testées avec ces méthodes. Toute matière
première entrant quotidiennement en contact avec la peau du travailleur
(une huile ou une peinture, par exemple) peut être testée avec ces
méthodes. Une petite quantité de préparation (1 à 2 ml) est appliquée sur
la peau (sur une surface de 1 cm2) avec un coton-tige. On laisse sécher
complètement. La préparation est ensuite recouverte d’une bande de
papier ou laissée à l’air libre. La zone est ensuite examinée après 48
heures, puis après 96 ou 120 heures, comme pour un test épicutané
standard. La lecture des résultats doit être effectuée avec prudence; les
réactions d’irritation ne sont pas rares.
Technique des tests épicutanés
• Les tests épicutanés nécessitent l’emploi de petites cupules en plastique
ou en aluminium. Une petite bandelette de 0,5 cm imbibée de préparation
d’allergène dans la gelée de pétrole, l’eau ou l’alcool est appliquée sur
la cupule. Ces cupules sont conditionnées en bandelettes ou plaques
adhésives. Les bandelettes sont posées sur le dos propre du patient.
• Elles sont retirées après 48 heures afin de procéder à une lecture
préliminaire et d’en enregistrer les résultats.
• La lecture finale ou différée est essentielle à l’interprétation des tests. Elle
est généralement effectuée après 96 ou 120 heures. Si l’on n’effectue
qu’une lecture après 48 heures, les résultats des tests épicutanés ne sont
pas valides et ne peuvent pas être interprétés correctement. La DCA est
26
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
une réaction d’hypersensibilité retardée et doit faire l’objet d’une lecture
différée pour que les résultats des tests soient valides.
• Les tests épicutanés ne doivent pas être administrés sur le dos d’un
patient souffrant d’une dermatite active. Ainsi, la conduite des tests
épicutanés peut parfois être difficile, puisque de nombreux patients
souffrent de dermatite chronique. La dermatite doit être éliminée, soit par
un congé de travail ou la prise de prednisone à action systémique, avant
de procéder aux tests.
• Les bandelettes de test doivent demeurer sèches pendant toute la période
de 96 ou 120 heures, ce qui est souvent difficile pour les travailleurs
en usine, en raison de la transpiration. En tel cas, la conduite des tests
épicutanés nécessite la prise d’un congé par le travailleur.
Interprétation et pertinence des tests épicutanés
Bien entendu, la dernière lecture après 96 ou 120 heures est de haute importance.
L’interprétation des résultats positifs comme de vraies réactions d’allergie ou d’irritation
doit être effectuée par un clinicien expérimenté. Une fois que les agents irritants ou
allergènes induisant une réaction positive ont été identifiés, la dernière étape, et la
plus importante, consiste à déterminer si ces agents sont la cause ou sont associés à
l’éruption cutanée d’origine professionnelle du patient.
Ceci demande ici encore de l’expérience et une connaissance des expositions du
patient. Un patient peut présenter une forte réaction positive au chrome, sans y être
exposé dans son environnement professionnel. Dans ce cas, l’allergène n’est pas
pertinent et n’est pas associé à la dermatite du patient, qui peut y avoir été sensibilisé
lors d’une exposition antérieure.
Les patients souffrant de dermatite atopique développent souvent une réaction
à plusieurs agents irritants lors des tests épicutanés impliquant des substances
chimiques. Un clinicien expérimenté sera en mesure de déterminer sur le plan clinique
s’il s’agit de réactions d’irritation et non de fausses réactions d’allergie positives.
27
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Illustration 10 : Résultats positifs à des tests épicutanés, après 120 heures, chez une
hygiéniste dentaire
Réactions croisées à différents allergènes lors des tests épicutanés
Des réactions croisées entre différentes substances chimiques se produisent dans
différents domaines de la médecine. Un exemple très connu est celui de la réactivité
protéique croisée entra la banane et le latex. Tel que mentionné précédemment,
l’allergie est une réponse immunitaire. Un anticorps dirigé contre un antigène
spécifique est synthétisé. Les antigènes sont habituellement de nature protéique.
Si deux protéines ont une structure similaire, l’anticorps serait en mesure de les
reconnaître toutes les deux. Un exemple de ce phénomène pour la DCA est le
suivant :
• De par leur structure chimique, les teintures capillaires appartiennent à
la classe des colorants azoïques. Cette classe regroupe de nombreuses
substances chimiques, notamment les teintures pour textile et certains
médicaments. Si un coiffeur développe une allergie à une teinture capillaire,
il pourrait également être allergique aux teintures pour textile, en raison de la
similitude chimique entre ces molécules.
28
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Diagnostic différentiel
Certains des principaux éléments à considérer lors du diagnostic différentiel de
la DC peuvent parfois coexister avec la DC. Dans certains cas, il est plus utile de
prendre en compte tous les facteurs contributeurs plutôt que de présumer qu’il
n’existe qu’un seul diagnostic possible. Les autres maladies à envisager (aiguës
ou chroniques) sont identifiées par les signes cliniques au moment de l’évaluation.
Elles comprennent les suivantes :
• Psoriasis
• Éruptions pustuleuses, y compris le psoriasis pustuleux
• Réaction « Ide » secondaire à une infection fongique des pieds. Une
telle réaction est rouge et squameuse. Elle peut avoir l’apparence
d’une dermatite.
• Éruptions médicamenteuses
• Piqûres d’insectes ou infestations par des insectes
• Infections bactériennes, y compris la folliculite
• Dermatoses vésiculobulleuses primaires, telles que la dermatite
herpétiforme et la porphyrie cutanée tardive
• Dermatoses papulosquameuses primaires, y compris le lichen plan et
le pityriasis rosé de Gibert
Facteurs de risque
Les travailleurs que l’on a signalé le plus fréquemment comme présentant un
risque accru de développer une dermatite de contact professionnelle exercent
leur profession dans les secteurs suivants : agriculture, soins esthétiques, chimie,
nettoyage, construction, restauration et service de traiteur, électronique, coiffure,
santé et services sociaux, machinerie, mécanique, métallurgie et assemblage de
véhicules12.
Des antécédents de dermatite atopique, particulièrement à l’âge adulte, semblent
être des facteurs de risque indépendants dans le développement de la dermatite
de contact professionnelle15.
L’atopie serait également un facteur de risque indépendant dans le développement
de l’urticaire de contact professionnelle24.
La dermatite de contact professionnelle peut se manifester à toutes les phases de
la carrière d’un travailleur, y compris lors de l’apprentissage12.
29
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Controverse dans la communauté médicale au sujet de la dermatite de
contact allergique et la dermatite de contact irritante
La DC n’est pas bien enseignée dans les programmes de dermatologie. De
nombreux établissements qui offrent des programmes de dermatologie n’ont pas à
leur disposition un dermatologue expert dans le domaine de la DC. Dans ces cas,
la quantité de formation consacrée à la DC est très limitée. Les tests épicutanés
représentent un effort coûteux qui demande beaucoup de temps, tant pour le patient
que pour le médecin. Malheureusement, la conduite de ces tests n’est pas bien
rémunérée au Canada. Pour cette raison, de nombreux dermatologues ne pratiquent
pas ces tests dans leur cabinet.
Certains allergologues procèdent à des tests épicutanés, sans avoir reçu de formation
appropriée ou suffisamment approfondie pour pouvoir en interpréter les résultats et
déterminer la pertinence des réactions positives.
Les médecins dont les prestations offertes dans leur cabinet n’incluent pas les tests
épicutanés, testent en général uniquement une batterie d’allergènes standard, ce qui
est habituellement inadéquat pour les cas complexes de maladie professionnelle.
Ces cas exigent une analyse approfondie des expositions et il est impossible, ou
peu probable, que le clinicien ait le temps d’y parvenir de manière complète. Par
conséquent, il est nécessaire de faire appel non seulement à un infirmier, mais
également à un hygiéniste du travail. De plus, si des tests sur des matières premières
sont exigés, un chimiste et un laboratoire devront participer aux analyses.
Au Canada, un nombre limité de centres sont équipés de cliniques de tests épicutanés
en mesure de prendre en charge les cas complexes de DC professionnelle.
En conclusion, tous les facteurs décrits ci-dessus mènent souvent à un diagnostic
erroné ou retardent le diagnostic des travailleurs concernés.
Questions particulières adressées au Tribunal
a. Quelle est la relation entre l’exposition aux agents sensibilisants et la DCA?
Les patients ne deviennent pas tous sensibilisés aux allergènes. Tel que présenté
précédemment, un facteur génétique joue un rôle. Les patients doivent posséder les
lymphocytes T qui reconnaissent l’allergène, ce qui est fort probablement déterminé
de façon génétique. Comme mentionné, la présence d’une dermatite, quel que soit le
type, augmentera les probabilités de développer une sensibilisation. Il existe un seul
mécanisme de sensibilisation. Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité de type IV.
30
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
b. Peut-il y avoir un laps de temps entre l’exposition et le début de l’apparition
de la dermatite?
Oui. La réponse figure dans la section consacrée à l’Histoire naturelle. Cela dépend du
type clinique, mais en général, autant pour la DCI que pour la DCA, un long délai peut
précéder le déclenchement de la dermatite. Ceci n’est pas le cas pour la DCI aiguë qui
ressemble davantage à une brûlure chimique.
c. Quelle est la relation avec le latex?
Les allergènes présentés à l’organisme peuvent entraîner l’une des quatre réactions
d’hypersensibilité décrites précédemment. Le latex, à titre d’allergène, entraîne une
réaction d’hypersensibilité immédiate de type I, à médiation par l’anticorps IgE. Le
tableau clinique qui en résulte n’est pas celui de la dermatite, mais celui de l’urticaire,
de l’œdème de Quincke (de grandes zones circonscrites d’œdème sous-cutané) et
de l’anaphylaxie (une réaction d’hypersensibilité). L’allergène latex ne provoque pas
de réaction d’hypersensibilité de type IV ou retardée, induisant une dermatite. Il s’agit
d’une idée fausse véhiculée à la fois par les médecins et les patients. L’allergie au
latex relevant d’un gant peut entraîner de l’urticaire sur les mains, pas une dermatite.
d. Quelle est la relation, le cas échéant, avec les liquides de travail des métaux?
Certaines substances chimiques agissent à la fois comme agent irritant et comme
allergène potentiel. Les liquides utilisés dans le travail des métaux (LTM) peuvent
être irritants pour la peau et contiennent également des biocides ou des agents de
conservation qui sont des allergènes potentiels. Un patient peut souvent présenter
simultanément une DCI et une DCA dues au contact avec des liquides de travail des
métaux. Par exemple, un travailleur dont le test est positif pour un biocide particulier
peut remplacer le liquide de travail des métaux qu’il utilise par un autre qui ne contient
pas cet allergène. Le travailleur peut néanmoins présenter une dermatite des mains
persistante en raison des propriétés irritantes des liquides de travail des métaux.
Le traitement de la DCA est véritablement d’éviter l’allergène. Une fois allergique, un
individu sera toujours allergique et il doit simplement éviter d’être en contact avec cet
allergène. Il est plus difficile de traiter la DCI. La prise en charge cible la protection
de la peau contre l’agent irritant ou le changement de la façon dont l’agent irritant
entre en contact avec la peau par modification de la manipulation ou du traitement du
produit contenant l’agent, diminution de l’exposition et amélioration de l’équipement de
protection.
e. Peut-on distinguer les éruptions cutanées associées à la DCI de celles
associées à la DCA?
Généralement non, tel que stipulé précédemment. Il existe des signes, mais la
conduite de tests épicutanés est nécessaire, en toutes circonstances, pour exclure la
présence de DCA.
31
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
f. Existe-t-il différents types de dermatite provoquée par l’exposition à des
agents irritants?
Oui, tel que décrit en détail ci-haut.
g. Certaines substances peuvent-elles agir en tant qu’agent sensibilisant ou
qu’agent irritant selon les conditions ou le niveau d’exposition?
Oui. La réponse a été apportée pour la question d.
h. Aggravation de la dermatite atopique et d’autres formes de dermatite
associées au stress sur le lieu de travail.
Plusieurs articles ont démontré l’aggravation de certaines formes de dermatite
ou d’eczéma atopique par le stress26, 27. Des médiateurs neurologiques seraient
associés avec le déclenchement des crises de dermatite. Ce mécanisme pourrait
ultérieurement constituer une voie de traitement de la dermatite atopique.
Il existe de nombreux sous-ensembles de dermatites atopiques. Selon moi, la
dermatite dysidrosique des mains et la dermatite nummulaire représenteraient une
forme héréditaire ou atopique de dermatite.
L’association entre le stress et les crises de ces formes de dermatite est très bien
acceptée sur le plan clinique par les dermatologues, à l’échelle mondiale. Nous
sommes juste en train d’apprendre les causes scientifiques de ce phénomène.
D’autres formes de dermatites, notamment la dermatite séborrhéique, la dermatite
allergique et la dermatite irritante, peuvent également être aggravées par le
stress présent sur le lieu de travail, mais les études sont moins nombreuses et les
mécanismes scientifiques sont moins étudiés. Cette conclusion relève principalement
de la pratique clinique.
i. Les troubles non cutanés, comme les sensations de brûlure au niveau des
yeux et/ou de la gorge et les sensations de picotement, associés à diverses
expositions sur le lieu de travail
La description des symptômes ci-dessus correspondrait à un diagnostic de dermatite
de contact irritante provoquée par les particules en suspension dans l’air. Comme
présenté dans la section consacrée à la DCI, il existe dix sous-types de réactions à
un agent irritant. Ces réactions appartiendraient au sous-type subjectif ou sensoriel :
« Irritation subjective ou sensorielle »
Le contact avec un agent irritant entraîne une gêne sensorielle, se manifestant
habituellement sous forme de sensations de piqûres, de brûlures ou de prurit, en
32
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
l’absence de signes cliniques et histologiques (l’histologie étant l’étude de la
structure des cellules) de lésions cutanées. Le seuil de déclenchement de cette
réaction varie d’un individu à l’autre. L’acide lactique et le propylène glycol sont de
bons exemples d’agents irritants subjectifs. L’issue clinique de cette réaction à un
agent irritant est favorable.
Elle peut provenir d’un contact direct avec des substances chimiques ou des
particules en suspension dans l’air. Si la substance chimique en question est
volatile (elle s’évapore facilement à des températures normales), elle peut se
déposer sur la peau du visage, surtout les joues, le front, les oreilles et les
paupières, lorsqu’elle est en suspension dans l’air. Ce phénomène est souvent
accentué dans les environnements poussiéreux par la liaison de cette substance
chimique volatile avec la poussière dans l’air et ainsi l’augmentation de sa
concentration dans l’air. Concernant la DCI de sous-type subjectif ou sensoriel,
les patients ne font pas l’objet d’éruptions cutanées, mais manifestent des
symptômes de prurit, de brûlures et de picotements. La substance chimique
irritera probablement les yeux, le nez et la gorge, entraînant une augmentation des
sécrétions lacrymales et nasales, une gorge sèche et irritée, de la congestion et
des céphalées.
j. Dans quelles circonstances la dermatite de contact peut-elle entraîner une
invalidité permanente?
La difficulté avec la dermatite de contact est d’éviter les substances chimiques
responsables de l’irritation, pour la DCI, ou de l’allergie, pour la DCA. Dans de
nombreux cas, il est possible pour le patient de retourner au travail avec une
modification de ses tâches, un réarrangement de ses horaires de travail (c’està-dire moins de quarts de travail consécutifs), une augmentation des mesures
de protection, des dispositions visant à éviter l’allergène, parfois un changement
de département, etc. Cependant, dans certains cas, un tel retour au travail est
impossible, car la profession implique une exposition.
Par exemple, un travailleur affecté à une mine de nickel qui développe une allergie
au nickel, ou un infirmier, un restaurateur, une esthéticienne ou un boulanger
exposés au travail en milieu humide et au port de gants. Si un infirmier clinique
travaillant selon un quart de travail de 12 heures peut seulement endurer 8 heures
de lavage des mains avant qu’elles ne présentent des plaies ou fissures, il est
difficile pour lui de continuer à exercer un travail dans le secteur clinique. Il devrait
être muté dans un service de recherche clinique ou d’administration qui n’exigerait
aucun contact avec les patients, et par conséquent, aucun lavage des mains.
Les expositions aux particules en suspension dans l’air conduisent fréquemment
à une invalidité permanente. Les travailleurs qui deviennent allergiques aux
allergènes omniprésents dans l’environnement, comme les parfums par exemple,
33
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
peuvent éprouver des difficultés à travailler dans les espaces ouverts, où ils
côtoient d’autres travailleurs, sauf si un règlement interdisant l’usage de parfums
est adopté. La fréquentation de centres commerciaux ou d’espaces publics peut
également être problématique pour ces individus.
Les allergènes professionnels en suspension dans l’air plus spécifiques, comme
les résines époxy, peuvent également gêner les travailleurs sur leur lieu de travail.
Par exemple, si un assembleur dans l’aéronautique développe une allergie à
l’époxy, puis une DCA de contact et due aux résines époxy en suspension dans
l’air, il ne pourrait plus travailler chez un constructeur aéronautique, mais pourrait
occuper un emploi dans un autre secteur qui ne l’expose pas à la résine époxy.
Pour finir, les trois formes spécifiques de dermatites des mains, une fois
précipitées par les agents irritants, peuvent devenir chroniques ou réfractaires
aux traitements, même lorsque les patients sont retirés de leur environnement
professionnel ou lorsqu’ils n’exercent aucune activité. Cette propriété concerne la
dermatite dysidrosique des mains, la dermatite hyperkératosique palmaire et la
dermatite irritante traumatique des mains. Ces deux derniers sous-types cliniques
sont des formes de DCI.
La dermatite dysidrosique des mains est un sous-ensemble clinique de dermatite
des mains caractérisée par la formation de petites vésicules (des cloques) sur
la paume et les côtés des doigts. Chez certains patients, ces vésicules peuvent
être prurigineuses et très grosses. Dans les publications sur la dermatologie,
on considère généralement qu’elle constitue une forme héréditaire de dermatite
des mains. Cependant, selon mon expérience clinique, je peux témoigner que,
chez de nombreux patients, la dermatite dysidrosique des mains d’origine
professionnelle peut être précipitée dans l’exercice des fonctions, surtout lorsque
le travail en milieu humide, le port de gants ou l’exposition aux solvants sont
importants. Les patients peuvent présenter une « diathèse atopique », c’està-dire une prédisposition génétique, mais ils sont nombreux à n’avoir jamais
souffert de leur maladie avant d’être exposés à l’agent irritant. Une fois qu’ils l’ont
développée, la dermatite des mains perdure souvent, même après leur retrait du
milieu professionnel. Plus que d’autres, ce diagnostic pose un problème relatif
aux plaintes, puisqu’on considère généralement que cette maladie est d’origine
génétique, mais une fois précipitée, elle peut être invalidante, pas seulement dans
le cadre de l’exercice professionnel, mais également lors des activités de la vie
quotidienne.
34
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
k. Veuillez dresser une liste des agents irritants courants et une liste des agents
sensibilisants courants dont la présence a été observée dans diverses professions.
Professions
Ouvrier agricole
Agents irritants et agents sensibilisants courants
Agents irritants
- savons, détergents, pesticides, désinfectants, solvants,
produits de gelée de pétrole, fertilisants, grains et autres
produits d’origine végétale
Allergènes
- caoutchouc dans les gants et les tuyaux, pesticides,
chromate dans le cuir, agents de conservation du lait,
ciment et agents de conservation dans les crèmes et les
onguents
Agents irritants
- agents de nettoyage et solvants, saletés et déchets,
ciment humide, fibre de verre et résines; agents irritants
mécaniques et physiques issus de traumatismes répétés
aux mains
Travailleur de la
construction
Allergènes
- chromate dans le ciment, cuir dans les gants et les bottes,
agents de préservation du bois, caoutchouc dans les
gants et les outils, résines époxy dans les peintures et les
adhésifs, colophane dans la poussière de pin, décapant,
nickel dans les outils, et formaldéhyde dans les résines et
les agents de nettoyage pour métaux
Agents irritants
- travail en milieu humide, savons et détergents, épices,
jus de fruits et de légumes, ail et oignons, farine et pâte à
cuisson
Préposé à la
Allergènes
manutention des - caoutchouc dans les gants, arômes, huiles essentielles,
aliments
agents de conservation des aliments et certaines épices
Urticaire de contact
- provoquée par certains aliments
35
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Professions
Coiffeur
Préposé à
l’entretien
ménager
Machiniste
Travailleur
médical
Agents irritants et agents sensibilisants courants
Agents irritants
- travail en milieu humide, shampooings et lotions pour
permanente
Allergènes
- nickel dans les ciseaux et les pinces, caoutchouc dans les
gants, formaldéhyde dans les shampooings et les produits
cosmétiques pour cheveux, teintures capillaires, parfums et
lotions pour permanente
Agents irritants
- travail en milieu humide, agents de nettoyage,
désinfectants et eau de Javel; agents irritants mécaniques
et physiques issus des balais, des agents de nettoyage
pour le plancher, etc.
Allergènes
- caoutchouc dans les gants, parfums, agents de
conservation dans les produits et les crèmes de nettoyage,
glutéraldéhyde, choroxylénol et désinfectants au chlorure
de benzalkonium
Agents irritants
- liquides de travail des métaux (LTM), copeaux de métal,
savons et détergents; agents irritants mécaniques et
physiques
Allergènes
- métaux, caoutchouc dans les gants et agents
anticorrosion dans les LTM, agents de conservation dans
les LTM, colophane utilisée comme émulsifiant dans
les LTM, parfums dans les huiles de coupe et chromate
anticorrosion
Agents irritants
- travail en milieu humide, lavage des mains, savons,
détergents, désinfectants et oxyde d’éthylène
Allergènes
- caoutchouc dans les gants et les tuyaux, agents
de conservation, chromate dans les sutures, agents
antimicrobiens, acrylate de méthyle, parfums, Tricolsan,
glutéraldéhyde, choloroxylénol et désinfectants au chlorure
de benzalkonium dans les agents de nettoyage pour les
mains et les autres solutions à usage médical
36
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Professions
Employé de
bureau
Imprimeur
Travailleur du
textile
Agents irritants et agents sensibilisants courants
Agents irritants
- travail en milieu humide, révélateurs, fixateurs et agents
de blanchiment; agents irritants mécaniques et physiques
issus de l’usage répété du papier
Allergènes
- caoutchouc dans les gants, révélateurs, formaldéhyde,
substances chimiques à usage photographique
Agents irritants
- solvants, encres, savons abrasifs et agents de nettoyage
Allergènes
- chromate dans les solutions de mouillage, caoutchouc
dans les gants, résine époxy, phénylènediamine et
colophane dans l’encre, substances chimiques à usage
photographique, encre d’impression (matière première à
1 % dans gelée de pétrole)
Agents irritants
- acides, alcalis, fibre de verre et détergents; agents
irritants mécaniques et physiques issus de la manipulation
répétée des tissus
Allergènes
- chromate dans le mordant, caoutchouc dans les tissus
caoutchoutés, résine époxy utilisée comme adhésif,
teintures, formaldéhyde dans les apprêts de tissus, nickel
dans les outils, matière première du textile, trempée dans
l’eau pendant 10 minutes, puis laissée reposer pendant 5
jours
Autres définitions
L’urticaire
L’urticaire est une réaction de la peau due à la libération d’une substance chimique
dans l’organisme portant le nom d’histamine. Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité
immédiate de type I. L’histamine provoque des tuméfactions, des rougeurs et le
prurit. L’urticaire est la plupart du temps une réponse immunitaire adaptative. Les
anticorps IgE se lient à l’allergène pour se fixer aux mastocytes qui libèrent alors de
l’histamine, ce qui entraîne la formation de lésions urticariennes.
37
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
Dans la plupart des cas, l’urticaire est provoquée par l’ingestion d’un allergène (des
arachides, par exemple), entraînant la formation de lésions. Sur le plan clinique,
l’urticaire se définit par des lésions rouges, gonflées et prurigineuses, dépourvues
de squames, qui disparaissent dans un délai de 24 heures.
L’urticaire de contact professionnelle
L’urticaire de contact peut se manifester, mais elle est moins fréquente. Lorsque
placés sur la peau ou en contact avec celle-ci, certains allergènes peuvent
provoquer de l’urticaire. Un exemple de ce type d’allergènes est le latex. Le latex,
agissant en tant qu’allergène en contact avec la peau d’un patient allergique, peut
provoquer la formation d’une lésion d’apparence semblable à de l’urticaire.
L’urticaire de contact professionnelle est associée aux protéines dans la nourriture
et aux gants en latex, particulièrement chez les travailleurs en soins de santé12.
L’urticaire de contact professionnelle est responsable de 1 à 8 % des cas signalés
de maladie professionnelle12.
Les travailleurs que l’on a signalé le plus fréquemment comme présentant un risque
accru de développer une urticaire de contact professionnelle travaillent dans les
secteurs suivants : boulangerie, agriculture, services sociaux, soins de santés et
préparation des aliments12.
La dermatite spongiotique
La pathologie est une spécialité de la médecine consacrée à l’étude des maladies
par l’analyse d’échantillons tissulaires, cellulaires, sanguins ou urinaires. Ce
domaine possède ses propres définitions et termes médicaux. Les termes
« spongiose » et « spongiotique » appartiennent au domaine de la pathologie et
sont utilisés pour décrire les caractéristiques de l’eczéma ou de la dermatite. Vous
ne verrez jamais le terme « spongiose » dans un autre diagnostic que celui d’un
eczéma ou d’une dermatite.
La définition pathologique de la spongiose est la formation d’œdèmes
intercellulaires (l’accumulation anormale de liquide) dans l’épiderme. Elle est
caractéristique de la dermatite eczémateuse. Sur le plan clinique, elle se manifeste
sous forme de vésicules intraépidermiques (des espaces renfermant du liquide), de
papules suintantes et de lichénification (un épaississement de l’épiderme).
En résumé, si une biopsie de la peau est pratiquée sur un patient et qu’elle révèle
la présence de spongiose, ce patient est atteint de dermatite ou d’eczéma. Cette
procédure de diagnostic ne permet pas d’identifier la cause de la maladie.
38
La dermatite de contact allergique et la dermatite de contact irritant
L’eczéma
Les termes « eczéma » et « dermatite » désignent le même phénomène et peuvent
être utilisés de manière interchangeable. Il s’agit d’une inflammation de la peau.
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