Saidal ambitionne la mise en place d`une industrie pharmaceutique

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Saidal ambitionne la mise en place d`une industrie pharmaceutique
ÉVÈNEMENT
Saidal ambitionne la mise en place d’une industrie
pharmaceutique nationale performante
Unique groupe public pharmaceutique, en Algérie, Saidal veut réussir
le défi de couvrir les besoins du marché national en médicaments, avec
une stratégie tendant vers la réduction des importations, à travers le
développement d’une industrie nationale performante.
Créée vingt ans après l’indépendance
de l’Algérie, suite à la restructuration
de la Pharmacie centrale algérienne
(PCA) et de la Société nationale des
industries chimiques (SNIC), Saidal
s’est fixé pour objectif de réduire la
dépendance de l’Algérie des autres
pays, dans son approvisionnement en
médicaments.
L’entreprise entame sa stratégie de
développement d’une industrie nationale du médicament, avec la nationalisation des unités de production
d’El Harrach, de Dar El Beida et de
Gué de Constantine. La fin des années 80 a été marquée par l’acquisition du complexe «Antibiotiques»
de Médéa, premier en Afrique, qui
était rattaché à la SNIC et sa transformation en une Entreprise publique
économique (EPE), dotée de l’autonomie de gestion.
«Le véritable investissement industriel consenti par l’Etat, à cette
époque, était la réalisation du complexe antibiotique de Médéa», résume le PDG de Saidal, M. Boumediene Derkaoui. Sa restructuration en
groupe industriel est intervenue, en
1997, avec le rattachement de Pharmal, Antibiotical et Biotic.
Ce redéploiement a permis à Saidal
d’amorcer un démarrage effectif et
de conforter sa position de leader
dans la production de médicaments
’’génériques’’, dans un marché porteur et en pleine croissance, depuis
les années 90.
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Santé-MAG N°08 - Juillet 2012
Actuellement, le groupe Saidal développe et fabrique une gamme de 180
produits, qui couvrent 20 classes thérapeutiques comme la cardiologie,
la diabétologie l’infectiologie et la
dermatologie, sous 18 formes galéniques (sèches, pâteuses, liquides
et injectables). Optimiser la couverture du marché national, face à la
croissance démographique, à l’amélioration de l’espérance de vie et à
l’apparition et l’expansion de pathologies chroniques, comme le diabète
et les maladies cardio-vasculaires, le
groupe axe sa stratégie, pour améliorer sa couverture du marché national et gagner de nouvelles parts
de marché.
«A l’époque du monopole de l’Etat sur
le commerce extérieur, la PCA était la
seule entreprise, qui était autorisée
à importer du médicament. Mais,
aujourd’hui, le marché a connu une
nette évolution, regroupant 60 importateurs, une cinquantaine d’usines
privées et 9 unités de production
relevant du groupe public «Saidal»,
rappelle M.Derkaoui.
Au cours de ces dix dernières années, le marché du médicament, en
Algérie, a énormément progressé : il
est passé de 250 millions d’euros à
plus de 1,5 milliard d’euro, en 2011.
«La production nationale représente
plus de 35% de ce marché, en valeur
et 7%, seulement, revient à Saidal;
les 28% restant représentent la production du secteur privé», indiquet-il. Pour consolider la présence
du groupe dans ce marché, inondé par les produits d’importation,
M. Derkaoui assure que la priorité
du groupe est l’élargissement de sa
gamme de produits à d’autres formes
médicamenteuses et une ouverture à
l’oncologie et à la biotechnologie. Se-
lon le premier responsable du groupe,
les produits anti-cancéreux et des
maladies chroniques représentent
une lourde facture, pour le pays et
posent le problème de la disponibilité,
pour les malades. Il appelle, à cette
occasion, les opérateurs du secteur à
produire les médicaments essentiels
selon les besoins de la population
et dont le pays souffre d’un déficit
de production.
«Il existe près de 5.000 médicaments
sur le marché. Une remise en ordre,
selon la priorité de production, devrait être faite, pour réguler le marché», lance-t-il, estimant que cette
question est «l’affaire du producteur
et des institutions en charge».
Ambitieux plan
de développement
L’Etat a pris d’importantes mesures
pour asseoir une industrie pharmaceutique performante, en mesure
d’assurer la couverture des besoins,
croissants, de la population, par l’encouragement des investissements
M. Derkaoui - PDG de Saidal
ÉVÈNEMENT
et la conclusion de partenariats
industriels, basés sur le transfert
du savoir-faire. L’objectif, visé par
l’Algérie, est de produire, localement,
70% des besoins de la population en
médicaments, avec l’aide des laboratoires étrangers, d’ici à la fin 2015.
Dans cette optique, un plan de développement ambitieux (2010-2014)
a été lancé, pour porter la part de
marché du groupe Saidal de 7%, en
valeur, à 25 %, améliorer sa position
sur le marché national et s’ouvrir à
l’international.
D’un financement de près de 17 milliards de DA, ce redéploiement du
groupe Saidal prévoit la création de 7
nouvelles usines, dont 3 spécialisées
dans la production de ’’génériques’’
à Constantine, Tipaza (Cherchell) et
Alger (El Harrach). Il porte, également, sur la modernisation des sites
actuels de production, la création
d’un centre de recherche et développement, dans la nouvelle ville de Sidi
Abdellah et un laboratoire de bioéquivalence, à Hussein Dey (Alger),
afin de définir les caractéristiques de
tous les produits qu’il fabrique.
La réalisation d’une unité de production d’anticancéreux, en partenariat
avec une société koweitienne, pour
répondre à la forte demande, sur ce
type de traitements et en réduire les
importations, figurent, également,
parmi les objectifs inscrits dans cet
ambitieux programme.
Une usine de production d’insuline,
en partenariat avec le danois Novo
Nordisk est, aussi, prévue, pour
élargir la production d’insuline du
groupe Saidal, afin de répondre à
une demande locale croissante, évaluée, actuellement, à cinq millions de
flacons.
L’usine de Constantine produit, actuellement, 1,3 million de flacons
d’insuline humaine, soit 3% des
besoins de la population ; l’objectif
attendu étant la couverture totale du
marché national et la possibilité d’exportation, selon M.Derkaoui.
Le groupe Saidal, qui emploie 4.100
salariés, ambitionne de porter son
chiffre d’affaires de 12 milliards de
DA à plus de 40 milliards de DA, à
moyen terme. Le groupe compte trois
filiales de production, à Alger : Biotic
(El Harrach), Somédial (Oued Smar),
Pharmal (Dar El Beida) et Antibiotical
à Médéa, ainsi que 9 usines de production d’une capacité totale de 200
millions d’unités-ventes
Pr. Farid Haddoum,
chef de service en
néphrologie, à l’hôpital
Parnet et président de
la SANDT à Santé mag
«Nous devons inventer
le modèle algérien
de transplantation d’organes»
Le modèle Algérien de transplantation d’organe, double enjeu
pour notre pays:
- entrer dans le groupe des nations à tradition de transplantation;
- sortir du tout-dialyse, qui permetra aux patients de retrouver une
autonomie d’action. Voilà le challenge des néphrologues algériens,
bien exprimé par le Pr Farid Haddoum.
Entretien réalisé par Tanina Ait
Santé Mag : Combien de patients
dialysés attendent de bénéficier,
un jour, d’une transplantation
rénale ?
Pr F. Haddoum : Aujourd’hui, on
compte, en Algérie, 16 000 dialysés
chroniques. Ces patients ne vivent et
ne survivent que grâce à l’hémodialyse
ou la dialyse péritonéale.
Sur ces 16 000 dialysés, nous avons
recensé, environ, 20% d’insuffisants
rénaux, qui sont sous dialyse et attendent une greffe de rein. Ceci dit,
3200 patients sont, donc, en attente de
greffe rénale. Nous avons, à travers le
territoire national, 200 enfants dialysés et ces enfants doivent être, tous,
transplantés. En effet, ils attendent
d’être libérés de la prison de la dialyse
et espèrent, un jour, bénéficier d’une
transplantation rénale. Autant les
adultes ne peuvent pas tous être greffés, pour des raisons médicales et non
médicales; mais, pour les enfants, il y
a très peu de contre-indications et le
seul traitement, à long terme, pour ces
enfants, c’est la transplantation rénale.
Quelles sont les solutions
proposées aux malades, en
phase finale de leur maladie?
Au niveau de la prise en charge de l’insuffisance rénale en phase terminale,
nous avons trois solutions à proposer,
à nos malades. La première, qui est
la plus ancienne et la meilleure, c’est
la transplantation rénale ; à côté de
cela, on fait appel à des appareils : soit
l’hémodialyse avec un rein artificiel ;
soit on utilise le péritoine, qui se trouve
dans l’abdomen ; c’est ce qu’on appelle
la dialyse péritonéale et elle se fait à
domicile. En tout état de cause, quelles
sont les recommandations actuelles,
de l’O.M.S et des sociétés savantes de
néphrologie, lorsque le malade atteint
le stade final de l’insuffisance rénale?
Nous devons proposer, en priorité, à
tout malade souffrant d’une insuffisance rénale, la transplantation d’un
rein et c’est même une loi, de par le
monde. Dans le cas où le malade présente une contre-indication, où il doit
attendre quelques mois, on le dirige
vers la dialyse et lorsqu’il est, ainsi,
N°08 - Juillet 2012 Santé-MAG
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