nr 11 - Taty Lauwers
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nr 11 - Taty Lauwers
Belgique - Belgïe P.P. - P.B. 1400 Nivelles 1 BC 5883 Cuisine Nature numéro spécial Lettre personnelle de Taty. Impact de la cuisine sur la santé: un autre éclairage. C hères amies diététiciennes, qu’avez-vous à inonder le corps des hommes de tant de laitages ? Chers amis naturos, kinésios, ostéos, homéos...qu’avez-vous donc contre tous les laitages, quels qu’ils soient ? Dans le contexte de cette gué-guerre entre partisans tous plus excessifs (et irrationnels, pardon) les uns que les autres, généralement sans égard pour la réelle souffrance des personnes qui suivent leurs injonctions avec trop de docilité, l’article Fromage et pain : restons simple remet en contexte les choix du mangeur en matière de fromages (pages 11 & 13). S i vous suivez un régime non-lacté pour des raisons de santé avérées, ce choix ne sera utile que si vous réduisez en même temps les apports en féculents de toute sorte et particulièrement ceux qui sont riches en gluten dur (blé/froment, épeautre, seigle, kamut). Parfois il faut même passer plusieurs semaines, si pas mois, sans aucun féculent, blanc ou complet ou gris ou vert. Ce n’est pas une raison pour manger triste. Souvenir de l’année où je me suis totalement passée de féculent pour me remettre sur pied d’une maladie auto-immune : les Madeleines de Marcel (sans farine - page 9). O n peut improviser de délicieux yaourts sans matériel électrique coûteux : le Yaourt sans yaourtière (p. 2) peut être réalisé dans un thermos ménager ou au cuit-vapeur. Il ne vous reste qu’à vous procurer du lait cru et trois cuillérées de yaourt d’amorce. On verra pourquoi faire son propre yaourt est utile pour tous, mais indispensable pour les personnes à la digestion fragile (page 10). Il me semble aussi utile de savoir ce que mangent nos petits. Page 4 : la composition exacte du Milk shake d’un fast food connu, indigeste encart ne visant qu’à illustrer que les fréquentes hypersensibilités aux laitages pourraient être dues à quelque petit additif. J e n’oublie pas mon passé de jules pressé : une recette de Vinaigrette à leur intention (page 13). Quelques idées aussi de sauces légères (mais non allégées !) et des idées pour se préparer des repas-minute avec 1001 Variantes de Bouillon (page 14). Q ui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son, dit-on par chez moi. Laissez-moi donc faire la troisième cloche et voyons ce que peut dire des injonctions consensuelles en matières de graisses un esprit dégagé de préoccupations mercantiles ou de crispation figée sur une école nutritionnelle aux vues parcellaires (comme ce fût mon cas lors de mes années naturo). Je reprends donc ici la suite de notre petit coin du nutritionnellement correct*1 sur le sujet des graisses : Pour Qui Sonne le Gras ? (pages 4 à 8). Où j’essaie de répondre aux questions les plus courantes des mangeurs conscients : faut-il éviter les graisses saturées ? Faut-il privilégier alors les huiles polyinsaturées ? Faut-il limiter les aliments riches en choles*1 térol ? Faut-il limiter la consommation globale de graisses ? Faut-il éviter les sources d’oméga-6 ? Des oméga 3 pour tous ? Avant de digérer ce pavé gras que, pour éclairer votre réflexion, j’ai bien dû structurer en catégories, on pourrait méditer un instant sur la petite histoire qui suit. Un maître rendait la justice entre deux plaignants, devant ses disciples. Au premier qui exposait son cas, le juge, après une longue réflexion, décida de donner raison. Mais quand le deuxième eut fini de plaider, le juge, encore après avoir réfléchi longuement, lui donna aussi raison. Aux disciples qui s’étonnaient alors que le Maître pût ainsi donner raison aux deux versions contradictoires des mêmes faits, le juge répondit, après une nouvelle et longue réflexion: «En effet, vous avez aussi raison...». Marc-Alain Ouaknin (Lire aux Eclats). sur le modèle du politiquement correct Bimestriel. Ag P304055. Bureau de dépôt: Nivelles distribution. 16.11.04 Cuisine Nature 11 novembre 2004 Sommaire en page 14 1 mes racines en cuisine Yaourt sans yaourtière Je vous propose ici la très simple technique de yaourtification du lait dans un thermos ménager. Il existe bien des techniques autres que la yaourtière, depuis l’abri de laine jusqu’au yaourt version « sous la couette », profitant de la chaleur de l’édredon familial, en passant par le cuit-vapeur. Je ne me lasse pas d’observer la lente alchimie de la nature quand on sait qu’il suffit pour cela de consacrer dix minutes d’attention. On retiendra que les semences du yaourt ne s’activent qu’à partir de 37°C et ne supportent pas une température supérieure à 45°C. J’explique page 9 pourquoi faire son yaourt soi-même alors qu’il en existe de délicieux tout prêts. Vous choisirez du lait cru ou à la rigueur du lait pasteurisé de type Demeter, mais non homogénéisé s.v.p.. Le « s.v.p. » m’est soufflé par vos petites cellules. Vous les écouterez si et quand ça vous chante. Faites bouillir le lait un instant. Laissez-le tiédir jusqu’à 40°C environ. Nul besoin de thermomètre, c’est la chaleur que votre doigt peut supporter. Mélangez quelques cuillérées de yaourt en pot ou de votre fournée précédente à ce lait. Fouettez intimement à l’aide d’un instrument Avis aux intolérants au lactose et aux personnes à la digestion fragile (les « colopathes »). Laissez fermenter le yaourt au minimum 24 heures. Après cette durée, presque tout le lactose est décomposé. Il ne fera donc plus souci dans le tube digestif. S’il vous semble alors trop acide de goût, essayez la même version en ajoutant de la crème au lait cru avant la fermentation d’une journée entière. Slurp et miam ! Fromage frais ou yaourt ? Le très précieux petit lait est préservé dans le fromage alors que dans le yaourt, où le lait doit être bouilli avant ensemencement, deux des protéines à si hauteur valeur biologique de cet élément sont dégradées par la chaleur et ne peuvent plus tenir leur rôle d’adjuvant de détoxification du corps. Pour les personnes les plus fragiles, on conseille donc le fromage frais (maison). D’autant plus que 2 en bois (il semble que les microorganismes réagissent mal aux outils en métal). Versez immédiatement le mélange dans un thermos préchauffé avec de l’eau bouillante (puis vidé, bien sûr). Fermez soigneusement. Enmitouflez éventuellement d’une couverture en laine.Attendez de 5 à 24 heures (pourquoi si long ? Voir ci-dessous). 1 litre de lait de ferme cru le plus sain possible (bio pour les citadins, c’est le plus simple - le lait de chèvre produit un yaourt très, très liquide) 2 cuill.s. de yaourt le plus sain possible M ATÉRIEL : 1 bouteille thermos Autre version au cuit-vapeur 1. Remplissez le faitout d’eau chaude jusqu’aux poignées. Portez à ébullition puis éteignez le feu. 2. Déposez dans la passoire du cuitvapeur les pots de yaourt fermés (lait chauffé à 40°C et ensemencé de yaourt ). Couvrez du couvercle. 3. Après une nuit, les yaourts sont prêts à être dégustés. NB. On peut emmitouffler le faitout d’une couverture de laine pour plus de chaleur garantie. le yaourt est, en termes de diététique chinoise, plus «froid» que le fromage blanc. Une recette indienne de yaourt aromatisé Egouttez le yaourt dans une étamine pendant quelques heures, il sera plus dense et plus savoureux. Agrémentez-le d’une pincée de safran dilué dans quelques gouttes d’eau chaude et de miel. N’attendez pas trop pour le consommer car les saveurs du safran sont volatiles. Mariner au yaourt Les volailles, autant que le poisson, gagneront en tendreté à être marinées dans du yaourt quelques heures avant la cuisson. C’est le principe qu’utilisent les indiens pour le Chicken Tandoori, que j’ai adapté dans le Masala de saumon publié dans Cuisine Nature n° 7 . Cuisine Nature 11 novembre 2004 Je me doute que c’est l’acidité du yaourt qui attendrit les chairs, mais peut-être y at-il là aussi un principe culinaire sain ? Comme le précieux acide lactique résiste à la cuisson, il reste peut-être présent dans la viande ou le poisson après marinade. Méthode pour mariner au yaourt Salez l’aliment, idéalement coupé en gros dés (saumon, poulet, etc.). Effectuez quelques entailles dans les chairs. Enduisez d’épices de votre choix (tandoori, curry, garam massala, mélange d’épices méditerranéennes mais toujours en petites doses). Nappez le tout de yaourt nature. Mélangez. Laissez mariner au moins deux heures, au frais, à couvert – ou mieux : une nuit. Voir la pratique dans la recette de Masala de saumon au wok p. 4 du n° 7. Si le yaourt est trop grumeleux, passez-le un instant au mixeur pour l’homogénéiser. Si votre premier yaourt maison vous semble raté, que votre orgueil n’en pâtisse pas. Répandez le bruit que vous avez réalisé du Lassi, la boisson favorite des Indiens. Elle est traditionnellement composée d’un volume d’eau pour deux volumes de yaourt, d’un peu de sucre et d’eau de rose. Ou ajoutez ce yaourt pour votre prochain pain au levain, il aidera à ce que le pain monte bien et ajoutera du précieux acide lactique. Le yaourt est trop liquide... Le lait cru s’il est non bouilli reste encore riche en très nombreuses tribus de bactéries. Il tournera aussi en yaourt, mais sera plus liquide que cette version-ci. En effet, xi les bactéries de type lactobacillus bulgaricus & C° dont vous l’ensemencez n’ont pas le champ libéré des autres familles microbiennes, elles ne pourront vous garantir la prise en yaourt ferme. Vous obtiendrez difficilement la même texture que les yaourts du commerce car nous n'utilisons pas les mêmes additifs foisonnants (voir les carraghénanes page 9). De plus, nous avons choisi de ne pas rajouter de lait en poudre comme dans les recettes tout-venant — lait en poudre dont on ne connaît qu'à peine l'origine et dont les graisses sont oxydées par la pulvérisation, merci bien ! Je ne joue plus à la roulette russe alimentaire avec ce genre de plasti-aliments... Solution pour texturer votre oeuvre : égouttez le yaourt comme dans la recette indienne page ci-contre. MILK Le yaourt est trop acide.... Plus on attend, plus le yaourt est ferme mais aussi plus il est acide de goût. A la yaourtière la fermentation ne dure que 3 heures puisqu’on s’assure d’une température constante. Avec notre technique nature , nous prévoyons 5 à 10 heures à cause du risque de déperdition de chaleur. Si le yaourt est trop acide, c’est peut-être aussi qu’il a été ensemencé à trop haute température ou encore que vous avez attendu trop longtemps avant de le consommer. En effet, le yaourt artisanal est moins stable à la conservation que le yaourt du commerce parce que le lait cru n'a bouilli qu'un instant et pour d’autres raisons que je cherche encore. SHAKE D’UN FAST FOOD Je ne résiste pas au plaisir de vous partager la composition du milk shake du fast-food que ma fillette adorée préfère, trouvée sur le site de sa chaîne de néfaste-food. Hop, c’est parti. «VANILLA SHAKE: Partially skimmed milk (milk and skim milk), sugar, high fructose corn syrup, corn syrup, sweet whey, artificial vanilla flavor, guar gum, mono- and diglycerides, cellulose gum, carrageenan, potassium phosphate or disodium or di-potassium phosphate, sodium citrate, sodium carbonate, annatto and/or caramel color.» Ma filiote voudrait choisir un yaourt aux fraises du même fabricant, parce que « c’est plus sain »? «STRAWBERRY SHAKE: Same base as vanilla shake. The following syrup is added: corn syrup, water, citric acid, artificial flavor, sodium benzoate as a preservative, FD&C Red #40 (color).» Cuisine Nature 11 Blurks! De bon sens, je frémis. Bien informée, je tressaille encore plus. Voici comment on compose l’arôme artificiel ajouté dans ce milk shake à la fraise (extrait d’un article du magazine américan Atlantic Monthly). Je recopie tout petit pour ne pas vous dégoûter... amyl acetate, amyl butyrate, amyl valerate, anethol, anisyl formate, benzyl acetate, benzyl isobutyrate, butyric acid, cinnamyl isobutyrate, cinnamyl valerate, cognac essential oil, diacetyl, dipropyl ketone, ethyl acetate, ethyl amyl ketone, ethyl butyrate, ethyl cinnamate, ethyl heptanoate, ethyl heptylate, ethyl lactate, ethyl methylphenylglycidate, ethyl nitrate, ethyl propionate, ethyl valerate, heliotropin, hydroxyphenyl-2-butanone (10 percent solution in alcohol), a-ionone, isobutyl anthranilate, isobutyl butyrate, lemon essential oil, maltol, 4-methylacetophenone, methyl anthranilate, methyl benzoate, methyl cinnamate, methyl heptine carbonate, methyl naphthyl ketone, methyl salicylate, mint essential oil, neroli essential oil, nerolin, neryl isobutyrate, orris butter, phenethyl alcohol, rose, rum ether, g-undecalactone, vanillin, and solvent. Dans cet article, j’ai aussi appris que le parfum de la pomme est parfaitement simulé par de l’éthyl-2-methyl butyrate. Ne croyez pas vous sortir des flûtes sans souci parce que votre choix se porte sur des « arômes naturels ». Ces derniers ne sont dits naturels que lorsqu’ils sont extraits d’une plante, mais le mode d’extraction peut être tout sauf naturel. L'arôme de banane distillé par des solvants chimiques produit de l’amyl acétate et porte pourtant le nom d'arôme naturel. Cela n’a plus grand chose à voir avec Le Parfum de Patrick Süsskind, non ? novembre 2004 3 Le coin du nutritionnellement correct : les matières grasses *1 *1 Suite de la première partie publiée dans Cuisine Nature n° 10 sous le titre « Pour Qui Sonne le Gras » “ Quelqu’un qui aurait assisté pour un peu de temps seulement aux cours gratuits de la grande université de la misère et aurait fait attention aux choses qu’il voit de ses yeux, et qu’il entend de ses oreilles et aurait réfléchi là-dessus, il finirait aussi par croire et il en apprendrait peut-être plus long qu’il ne saurait dire. “ Vincent van Gogh, dans ses Lettres à son frère Théo. Je voudrais tant que cette phrase soit méditée par les petits dictateurs de l’assiette qui nous embuent l’esprit par leurs crispations individuelles sur l’une ou l’autre facette de la vaste nutrition. Qu’ils soient diététiciens classique ou naturo, on dirait que leur allégeance à une école nutritionnelle compte plus à leurs yeux que le résultat de leurs conseils sur la misère physiologique de nos congénères. Bien des chercheurs en lipides se posent pourtant en dissidents des hypothèses de l’establishment diététique mais la liste de ces sources serait ici trop volumineuse. Je me contenterai de faire la synthèse de la page What’s wrong with politically correct nutrition du site de la Weston Price Foundation. La plupart de ces préceptes sont confirmés par les études statistiques lorsqu’elles sont étudiées sans oeillères*2. *2 Faut-il éviter les graisses saturées ? Les graisses saturées ont de nombreuses fonctions importantes dans le corps : étanchéité de la membrane cellulaire, bonne utilisation des acides gras essentiels provenant des polyinsaturées, stimulation de l’immunité, protection du foie, solidité osseuse. Pourquoi ces saturés sont-ils alors entachés d’une telle réputation, au point que même Mammie Kousmine les diabolisait (illogiquement puisqu’elle se basait sur les sages traditions de nos aïeux) ? A l’époque, on amalgamait dans les études statistiques les résultas de la consommation de graisses naturellement saturées avec les margarines et autres graisses industrielles artificiellement saturées. Or, depuis que les statistiques nutritionnelles ont été relues en discriminant les deux sources, on a pu révéler que les premières ne sont pas du tout impliquées dans les maladies cardiaques comme on l’a suspecté longtemps (voir C.N. n° 2 pages 8-9). Nous sommes tellement embrigadés dans la maigro-manie et la terreur des saturées que la présentation des habitudes alimentaires des centenaires d’Okinawa*3 est biaisée dans les media les plus sérieux (exemple d’un récent article dans le numéro de septembre 2004 de Science & Avenir, sous la plume de Thierry Souccar). Si l’on y insiste avec justesse sur la frugalité comme source de leur longévité, comme peuvent être biaisées les analyses des résultats de l’Etude des Infirmières Américianes (80.000 sujets) ou celle des Professionnels de Santé (50.000 sujets) utitilisées par l’Ecole de Santé Publique d’Harvard pour présenter une « nouvelle » pyramide alimentaire qui ressemble à l’assiette très naturo ancienne mode... Vue largement représentée en français dans le récent livre du journaliste de Science & Avenir Thierry Souccar & Isabelle Robard: Santé, Mensonges et Propagande (Seuil). il est omis de préciser que ces centenaires cuisinent au saindoux et consomment autant de viande de porc que de poisson (100 g par jour en moyenne). Car ce n’est pas de mode, voyez-vous. Pour une vision latérale et informée sur la réelle consommation historique de ces « sataniques » saturées, voir la traduction française d’un article bien informé: http://www.westonaprice.org/ know_your_fats/skinny_fr.html Faut-il privilégier alors les huiles polyinsaturées ? Nous sommes la première société dans l’histoire alimentaire humaine à tester à grande échelle de si grandes quantités d’acides gras polyinsaturés (AGPI), ne fûtce que par la surconsommation des produits industriels. On a déjà vu ici que si l’on voulait copier nos aïeux et les sociétés encore attachées à leurs traditions nous consommerions autant de graisses saturées (beurre & C°) que de mono- 4 insaturées (famille huile d’olive-Ω 9) et l’équivalent d’une cuiller à soupe maximum de polyinsaturées (famille tournesolΩ-6 et famille noix-Ω 3) chaque jour. Voilà qui est bien moins que les doses conseillées aujourd’hui avec tant de légèreté. La consommation d’huiles polyinsaturées, lorsqu’elle dépasse la dose minime nécessaire, s’avère contribuer aux maladies cardiaques et auto-immunes, cancers, Cuisine Nature 11 novembre 2004 problèmes intestinaux, troubles de l’apprentissage et vieillissement précoce. Blurks ! Mais oui... Au risque de passer pour un disque rayé, je persiste et signe : c’est la qualité et l’équilibre entre les apports de graisses qui comptent et non l’apport miraculeux de l’une ou l’autre. Illustrons par un exemple quotidien: le sandwich sur un coin de bureau. Prenez du bon pain au levain semi-complet (apport d’Ω-6 s’il est autre chose que pur blanc), tartinez de toute bonne huile d’olive parfumée (V.P.P.F. bien sûr, apport d’Ω-9), posez une couche de légumes crus ou cuits et terminez par une tranche de jambon (en grande partie graisses saturées, mais aussi Ω-6 et Ω-3 s’il est bio). Le problème des AGPI est leur instabilité. Combien n’ai-je rencontré de cuisiniers pourtant avertis qui ne conservaient pas au frais et au noir leurs précieuses huiles VPPF autres que l’olive (tournesol, colza, germe de blé, etc.). Mais, chers amis, ces huiles sont très instables. La même instabilité fait leur peu de fiabilité dans notre organisme car ces AGPI s’oxydent dans le corps si vous ne les accompagnez pas de très hautes doses d’anti-oxydants naturels (comme la vitamine E de l’huile de tournesol ou des légumes frais en très grande quantité). De plus, elles s’accumulent avec l’âge (surtout dans le cerveau) et comme la peroxidation lipidique (la « rouille ») augmente aussi, v’là la mémoire qui flanche et l’immunité aussi. Toutes les infos de mes articles sur les huiles et graisses valent bien sûr pour les sources solides d’icelles: noix & C°, fromages, etc... Cas particuliers Si vous êtes fragilisé, les conseils d’alimentation saine tout-venant vous conviennent encore moins... Les « bonnes » graisses sont celles que votre corps est encore capable de traiter. Malgré le refrain entêtant des « experts », les personnes à la digestion fragilisée n’assimilent bien que des acides gras à chaîne courte ou moyenne : le beurre ou la graisse de palme (ou huile de coco), pourtant en majorité saturées. Combien de témoignages n’ai-je reçu d’améliorations chez des personnes qui ont bien voulu réintroduire dans leur cuisine la graisse de palme pour la cuisson... personnes qui ne digéraient plus aucune graisse et se privaient donc de ce premier des alicaments (contraction de médicaments et d’aliments) que sont les graisses originelles. Si votre thyroïde montre des signes de déficience vous ne pouvez non plus vous comparer à des Inuits du Grand Nord car de hautes doses de polyinsaturées sont réputées inhibitrices de la fonction thyroïde. Que ceux qui omégagatisent avec les loups observent ce que peut donner sur la durée un régime déséquilibré en trop de polyinsaturées. Voyez la photo de la très respectée dame Kousmine au dos de son livre Sauvez votre corps. Je l’ai publiée dans mon article en son hommage dans la lettre Cuisine Nature n° 4. Je concluais en clin d’oeil à ceux qui voulaient comprendre l’allusion : On observe qu’à se limiter à une seule variété de graisses (végétales, c’est la mode), on se prive de quelques propriétés bénéfiques des autres graisses (ici: animales). On risque par exemple de flétrir prématurément comme une vieille pomme!. A 80 ans, la Grande Catherine ressemblait à Jeanne Calment à 110 ans. Elle est par ailleurs décédée à 82 ans, un âge jeune si l’on considère son ascèse permanente. Paix à son âme et que mille et un respects lui parviennent de l’au-d’ici. Faut-il limiter la consommation globale de graisses ? La dose pratiquée par beaucoup de 20% de la ration alimentaire est trop basse pour quantité de sujets. Si elle est constituée de graisses non reconnaissables (margarines, allégés, huiles raffinées, etc.), cette dose peut même entraîner de l’hypoglycémie et de la fatigue, si pas de la confusion mentale ou un chaos hormonal de type fibromyalgie ou candidose. Les régimes traditionnels (y compris depuis le paléolithique) comprenaient de 40 à 80 % de la ration alimentaire en graisses saines, principalement de source animale. Les deux études utilisées par l’Ecole de Nutrition de Harvard leur permettent de préciser que nous n’avons observé aucune relation entre le pourcentage de calories fourni par les graisses et l’obésité ou même les maladies chroniques . Il semblerait que ce soit plus le type de graisses que leur quantité qui soit crucial. Ces observations sont confirmées par la faillite à moyen et long terme des régimes extremely low fat (10% de graisses) que sont les régimes Pritikin et Ornish, après quelques premiers mois de bénéfices. Dans son livre Beyond Pritikin, Ann Louise Gittleman, ex-praticante et enseignante repentie de ce régime, relate les divers troubles de santé qui touchaient les praticants après quelques mois de régime et après un premier sursaut de santé et d’amincissement : fatigue chronique, troubles de la concentration, dépression, anémie, prise de poids et déficiences en minéraux. Tenez, tenez, tenez, justement les marques typiques des maladies d’épui- Cuisine Nature 11 novembre 2004 sement chronique (fibromyalgie, candidose, etc.) D’autres études ont par ailleurs révélé que ces régimes très bas en graisses baissent le cholestérol sanguin mais hélas aussi par la même occasion la testostérone. Poursuivez cette piste en lisant l’article Skinny on Fats chez la Weston Price Foundation (westonaprice.org). Extrait: « Le docteur Pritikin lui-même s’est peutêtre protégé d’une maladie cardiaque jeune grâce à ce régime. Il se suicida lorsque il se rendit compte que son régime spartiate n’avait pu le prémunir d’une leucémie dans la fleur de l’âge et surtout ne pouvait l’en sortir. » (traduit par je). Un des traitements efficaces de l’épilepsie consiste en ... 80% de graisses par jour ! 5 Ω-6 ? Faut-il éviter les sources d’Ω Caroline me montre ses dernières analyses sanguines. Il en ressort qu’elle doit arrêter la consommation d’huile de tournesol ou de carthame car ce sont des sources d’Ω-6. Ah, zut, voilà que nous avons importé la mode américaine d’interdire les sources d’Ω-6 sans discriminer la qualité de ces apports. Ces fameux Ω-6 qui firent fureur depuis les années soixante sont aujourd’hui démonisés. S’il est vrai qu’on peut pâtir d’un déséquilibre global entre les Ω-6 et 3 (ce rapport est couramment de 20 à 1 dans l’assiette occidentale alors qu’il devrait être de 3 ou 5 à 1), ne peut-on imaginer que les dégâts observés sont imputés aux cas où les huiles et aliments riches en Ω-6 sont cuits, brûlés, rancis ? L’huile de tournesol consommée aujourd’hui en Occident dans les biscuits, viennoiseries, fritures diverses est majoritairement raffinée (donc dénaturée, en tout cas vidée de ses micronutriments). Pourquoi quasi aucune étude ne semble-telle prendre ce fait en compte ? Des oméga 3 pour tous ? Quelle curieuse acrobatie mental e ! On reconnaît aux huiles de poisson des effets thérapeutiques à l’instar des médicaments mais dans le même temps, on n’imagine pas que des effets secondaires malvenus soient au rendez-vous. L’idéalisation du Naturel avec un n majuscule ne nous obscurcit-elle pas l’esprit ?La cigüe est naturelle, le laurier et la muscade sont naturels mais à haute dose peuvent tuer un homme ... En outre, la prévalence de la publicité sur le bon sens et l’information juste est pire que « peu éthique » en matière de santé. Cette résignation au mensonge nous pousse 6 La doctoresse Kousmine obtenait de remarquables rémissions en changeant l’alimentation du sujet atteint de pathologie grave à plusieurs niveaux comme je l’ai explicité dans l’article à son sujet (C.N. n° 4) : réintroduction de grandes quantités de légumes frais (alimentation semivégétarienne donc riche en phyto-stérols, les « graisses » des végétaux), élimination des acides gras TRANS et complément des matières grasses par la vitamine F (« F » comme « Fatty Acid » - un peu de sources d’Ω-6 et très peu de sources d’Ω-3). Tant Kousmine que les naturos insistent sur la consommation d’huiles exclusivement crues. Elle utilisait pour les Ω-6*1 de l’huile de tournesol V.P.P.F.. Pour les Ω-3, elle préconisait les graines de lin ou l’huile de lin pour les cas graves (et pas chez chacun !) . Ces huiles doivent être riches d’autres co-facteurs et micro-nutriments, qui les rendraient si essentielles. Ce n’est pas pour les seuls Ω-3 et Ω-6 que Kousmine favorisait avec succès ces apports-là, puisque parmi toutes les sources possibles elles en rejettait la plupart. La vraie huile de tournesol V.P.P.F. est très riche en vitamine E naturelle, la seule vitamine dont l’effet thérapeutique ne peut être copiée par un apport de synthèse. Les graines de lin, apport en Ω-3, sont très riches en lignanes dont les effets anticancer sont largement démontrés. En outre, elle utilisait les Ω-3 à bon escient puisqu’elle les recommandait aux personnes à l’immunité délirante. Logique, puisqu’ils dépriment l’immunité... *1 Ce n’est que dans les cas de fragilité physiologique (carence en delta-saturase pour décomposer l’huile de tournesol) qu’elle recommandait des gélules de bourrache et d’onagre. Après le grand battage médiatique des années 1980 sur « l’indispensable » lait de soja, promu comme ressource historique en Orient et dont on découvre aujourd’hui que c’est une récente invention commerciale américaine dont les dégâts possibles sur la santé ne sont pas anodins, nous voici aux prises avec une nouvelle déferlante : les Ω -3. Ai-je été assez claire dans le numéro précédent? Certains lecteurs ont compris que mes précautions touchaient les gélules d’huiles de poisson. Je répète plus clairement encore: c’est l’excès d’Ω Ω3 de toutes sources par rapport au reste de l’apport lipidique qui est délétère à long terme, en particulier chez les personnes fragilisées. à prendre pour argent comptant l’éclairage parcellaire sur les recherches scientifiques qui nous est proposé aujourd’hui. Le chapitre sur les huiles dans le livre de D.S.-S. cité dans le dernier numéro représente une vision des connaissances très biaisée, qui évoque plus les brochures de publicité pour firme pharmaceutique que le travail d’un chercheur. Prenez plutôt rendez-vous chez un ami biologiste moléculaire, qui est plus proche des vrais sources scientifiques. Etudiez avec lui la documentation internationale. Vous y découvrirez quasi autant d’études très sérieuses incriminant les graisses saturées Cuisine Nature 11 novembre 2004 (ou les acides gras polyinsaturés, leurs contreparties à la mode) dans divers troubles dégénératifs que de recherches les recommandant comme protectrices de santé. En réalité, l’essentiel est de doser en finesse les apports des unes et des autres graisses. Mais voilà qui ne fait pas grand succès à l’heure où la sursimplification nous embue le raisonnement. La Bush attitude qui consiste à chercher un ennemi pour lui dresser une statue plutôt que d’embrasser la complexité du monde se fraierait-elle un chemin dans l’assiette? Les nutritionnistes se mordent les doigts d’avoir sur-conseillé les Ω-6 pendant trente ans, sans avoir insisté sur la qualité VPPF de ces apports ni sur l’équilibre global. Perseverare humanum est. Recommençons donc la même erreur et balançons des Ω3 sans discrimination dans l’assiette du mangeur de base. La documentation internationale est pourtant déjà assez riche d’informations sérieuses sur les dangers de peroxidation dans l’organisme (c’est le phénomène de rouille prématurée), sur leur contreindication avec certains médicaments comme les anticoagulants et sur les troubles immunitaires qui découlent d’une surconsommation d’Ω-3. Recul historique : observations sur le terrain Il est vrai que les occidentaux consomment trop peu d’Ω−3 par rapport aux Ω−6. Bon, d’accord, rien de surprenant pour les naturos et kousminiens qui, depuis plus de cinquante ans, ont réintroduit les Ω-3 au quotidien avec les formidables résultats que l’on sait. Mais ce n’était pas n’importe quelle huile ! D’abord, sont-ce vraiment les Ω-3 ou -6 qui sont essentiels ou ne seraient-ce pas des micronutriments annexes des aliments sources qui sont efficaces (voir p. 5) ? Ensuite, les sources de graisse (huiles, amandes & C°, viandes, fromages) ont des effets tout différents sur la santé s’ils sont cuits ou crus. Pourquoi si peu d’études cliniques sur cet élément que n’importe quel nutritionniste un peu naturo a pu observer dans sa pratique ? Immuno-dépresseurs Mon ami chercheur en biologie me rappelle que les Ω-3 sont couramment utilisés dans les cas de greffe d’organes pour leurs vertus de déprimants de la fonction immunitaire. On comprend le calme organique qui suit le surdosage en Ω-3 chez le français moyen : on vient de baillonner le bébé. C’est peut-être utile dans les cas d’immunité délirante (maladies auto-immunes) que soignent les kousminiens. Est-ce utile chez le mangeur lambda dont le système immunitaire a déjà tant de peine à faire face à l’état d’inflammation quasi-chronique qui le caractérise ? Cerise sur un gâteau amer Si nous n’avions pas assez de raisons de douter de cette dernière mode des Ω-3, je me permets un petit rappel. Les toxiques environnementaux comme les PCBs sont surtout transmis au roi de la prédation par la voie des graisses animales, le végétal ne semblant pas aussi puissant communicateur-à-crasses. Les océans sont surchargés en déchets toxiques au point qu’on en retrouve de considérables taux jusque dans les chairs d’ours blancs polaires. Il n’y a pas encore de mer bio à ma connaissance et, malgré que la famille des PCBs soit persona non grata en Europe depuis plus de trente ans, les graisses de poissons en contiennent encore. A des doses considérées comme anodines par l’O.M.S. et les instituts de nutrition officiels. A des doses qu’un amateur d’homéopathie s’inquiéterait d’ingurgiter et dont Greenpeace et consorts ont déjà pu démontrer la toxicité. Selon une étude de 1998 déjà, les tests de 44 marques de gélules d’huiles de poissons (Ω-3) vendues dans 15 pays différents entre 1994 et 1995 révélaient de notables quantités d’organochlorés comme les PCBs et les résidus de pesticides. Allez hop, en chalut Simone, on va râcler le fond des mers pour mes mitochondries ... Avez-vous donné une minute de conscience au fait que la production de ces gélules d’Ω−3 demandent de sur-exploiter les réserves halieutiques déjà épuisées ? J’ai grande compassion pour les Omer Simpson que nous sommes tous, mais faut-il vraiment aller râcler le fond des mers pour s’offrir des nutriments que nous apporterait un petit effort intellectuel (s’informer) et physique (tendre la main vers des aliments frais) ? Par la même occasion, ce geste vous pemettra de soutenir les quelques agriculteurs qui cherchent une voie de sortie au productivisme prétendu incontournable. En effet, les animaux pâturant et picorant en liberté vous apportent ce qu’il faut d’Ω-6 et 3... Si vous vouliez bien les payer le juste prix en leur consacrant votre budget de gélules de poisson, cela stimulerait le monde paysan à retourner aux sources, eux aussi. Initiés en nutrition, téléchargez l’article Toxicity of unsaturated oils chez Raymond Peat www.efn.org/~raypeat/nutri.html, histoire de remplir votre petit sac à dos d’infos déstabilisantes de la part d’un chercheur spécialisé dans le domaine. Faut-il limiter les aliments riches en cholestérol ? Le cholestérol alimentaire contribue à la solidité de la muqueuse intestinale tout autant qu’à la santé du cerveau et du système nerveux ... et bien d’autres organes. Détail croustillant : le cholestérol est le précurseur de la précieuse testostérone chère au « coeur » de nos maris. Il est facile de comprendre que la carence en cholestérol est la porte ouverte au Viagra. Le cholestérol est aussi le précurseur de la non moins chère progestérone naturelle de ces dames, indispensable hormone du bien-être, propre entre autre à nous aider à contrer les effets délétères des pesticides et autres débris de la pétrochimie. Les aliments riches en cholestérol sont aussi riches en beaucoup Cuisine Nature 11 d’autres nutriments importants. Ce n’est que le cholestérol oxydé tel qu’on le retrouve dans les œufs en poudre et le lait en poudre qui est impliqué dans les maladies cardiaques. Seuls les médecins propagent encore l’idée qu’il faut éviter les aliments riches en cholestérol pour modérer son taux de cholestérol. Cela fait belle lurette que les nutritionnistes*1 se sont rendus compte de la vanité de cette manoeuvre.. *1 Voir chez la diététicienne et nutritionniste Paule Neryat, pourtant très establishment (www.ligne-et-sante.com ou son livre Les Vertus des Aliments). novembre 2004 7 Copier les Inuits à l’aveugle: une anecdote Extrtait d’un site indépendant (je pouffe...): « Parmi les oméga 3, il existe des acides gras particuliers que l’on appele EPA (acide eicosapenténoïque) et DHA (acide docosahéxaénoïque). Ils sont présents dans les poissons gras. Ces acides gras ont un effet protecteur pour les artères. En effet, les inuits, grands consommateurs de poissons gras, ne sont presque jamais atteints de maladies cardio-vasculaires. ». C’est avec de pareils raisonnements que l’on pousse l’occidental à s’offrir comme cobaye d’une gigantesque expérience en vrai double aveugle. L’insistance des firmes pharmaceutiques, de quel que bord qu’elles soient (conventionnelles ou fabricants de compléments alimentaires), à nous voir consommer des Ω-3 est basée sur des études épidémiologiques. Après observation du peu de maladies cardio-vasculaires chez les Inuits ou les Crétois, on a essayé d’extraire ce qui, dans leur mode de vie et singulièrement leur Des trans partout? Les acides gras TRANS qui ne vous veulent pas que du bien sont présents dans beaucoup de plats préparés (voir dernier numéro). Une rumeur court dans les cercles de nutrition selon laquelle ces acides gras TRANS sont aussi formés dès lors qu’une source de polyinsaturée (ω-6 ou 3) est chauffée ou frite. Je l’ai d’ailleurs propagée dans le tome 1 car c’est une vue des médecins kousminiens. Extracteur de jus et moulin doux Matstone 8 Ventes personnelles alimentation, permettait de les prémunir. Bien sûr, l’alimentation de ces peuples est équilibrée en Ω-3, mais aussi ils mangent une alimentation plus variée et plus simple que nous, plus proche des saisons, et surtout dépourvue d’additifs et de traitements industriels dénaturants. Mmmmh, fort dommage: plusieurs facteurs impossibles à vendre ! Les Inuits ne meurent pas de maladies cardiaques, mais bien assez jeunes d’hémorragies cérébrales. Voilà qui nous fait des Ω-3 avec une autre gueule. Tout comme le soja prend une autre tournure quand on connaît les très hauts taux de cancer de l’estomac au Japon... Il ne s’agirait pas de copier nos aïeux sans comprendre l’essence de leur plan alimentaire. Illustrons par un cas amusant, que j’adapte d’un article de Raymond Peat: Les matières grasses en contexte*1. Le chercheur en lipides H. Sinclair a consommé pendant cent jours une alimentation inspirée des doses de graisses que consomment les Inuits. « H. Sinclair a publié dans un journal scientifique le résultat de ses observations : ses taux de peroxides lipidiques sanguins atteignaient un taux 50 fois supérieur à la normale. Il déclara pourtant ne pas se préoccuper des effets tératogéniques de tels taux sur sa progéniture car, dans le même temps, son taux de sperme était descendu à ... zéro. Dans ces cultures traditionnelles, c’est l’animal entier qui est consommé, cervelle et glandes comprises. En outre, les Inuits ont un métabolisme basal équivalent à 125% de celui de l’américain moyen. En consommant le cerveau des animaux sacrifiés, les peuples ancestraux se procurent la partie la plus riche en cholestérol. Or, le cholestérol en présence d’assez de vitamine A et d’une thyroïde en bon état, est converti en hormones stéroïdes comme la pregnenolone, la progestérone et la DHEA. Ces trois hormones font montre d’une large fourchette d’actions protectrices de santé. » C’est pourtant une rumeur infondée car pour produire des TRANS il faut pression à haute température. Qu’en disent les spécialistes ? La parole à la chercheuse Mary Enig, déjà présentée dans le dernier numéro (p. 8): Il est vrai que cuire les huiles hautement polyinsaturées les dénature. Il est juste de déconseiller la cuisson ou la friture avec ces huiles fragiles. Mais ce n’est pas parce qu’il s’y forme des acides gras TRANS. Ce qui apparaît dans ces circonstances extrêmes (cuisson à haute température et fritures) est une huile polymérisée, due à la création de radicaux libres et d’autres produits de dégradation à cause de la chaleur. *1 pour s’abonner à la lettre bimestrielle très pointue de Raymond Peat: www.efn.org/ ~raypeat. ma traduction - article Trans Fatty Acids are Not Formed by Heating Vegetable Oils dans Wise Traditions in Food, Farming and the Healing Arts, n° d’hiver 2003, par Mary Enig. Cette chercheurse mérite une statue car c’est elle qui a finalement convaincu les instances officielles américaines de vérifier leurs statistiques. C’est ainsi qu’on a pu apprendre que seules les margarines et huiles raffinées étaient chargées de tous les maux et que le beurre était disculpé. J’organise chaque mois dans les magasins bio des démos de l’extracteur & moulin doux Matstone dont il fut fait pub dans le dernier numéro. Je vous propose aussi les mêmes démos-dégustations chez vous, à la mode Tupperware. Lors de ces séances de régalade le prix promo est pratiqué (342 euros au lieu de 380 euros en magasins). La personne qui invite a évidemment droit à un prix encore plus rabattu car tout ce travail mérite bien du beurre dans les épinards, non ? Contactez-moi au 067-84 11 22 . Cuisine Nature 11 novembre 2004 blé lait Sans sans Madeleines de Marcel (sans farine) Pour 10 madeleines environ. 50 g de poudre d’amandes 1 cuill.s. de fécule de pomme de terre 50 g de graisse de palme non hydrogénée, à température ambiante 2 blancs d’oeufs 50 g de miel parfumé 1 cuill. c. d’eau de fleurs d’oranger 1 cuill. c. de zestes de citron s e l M ATÉRIEL : moule spécifique ou barquettes en papier (on appellera ces biscuits des « jacqueline » alors ...) La pâte des « vraies » madeleines de Commercy est la pâte de base du Quatre-Quart (farine, oeufs, sucre, beurre) mais nous confectionnons ici des madeleines différentes de la recette classique afin que les personnes en régime pour rétablir une dysbiose intestinale puissent agrémenter leur quotidien d’un petit goût doux. On n’incorpore que les blancs d’oeufs, la farine est remplacée par des amandes en poudre et un soupçon de fécule de pomme de terre pour alléger. On sucre au miel et on ajoute des zestes de citron. Les madeleines sont cuites dans un moule caractéristique, dont les alvéoles sont en forme de coquillage allongé. Dégustez-les seules ou avec une compote de pommes à la cannelle, non sucrée. FAIRE FONDRE LE MIEL (FACULTATIF) Si le miel est solide (ce qui est généralement le cas pour les autres miels que l’acacia), faites-le fondre à la vapeur douce dans un bol en porcelaine à feu déposé dans le panier supérieur du cuit-vapeur. Il se liquéfiera en quelques instants. CRÈMER LE GRAS Dans ce même bol, fouettez la graisse en pommade avec le miel. APPAREIL Versez sur le mélange graisse/miel, en mélangeant, dans l'ordre: la farine d’amandes, la fécule, l’eau d’oranger, le sel et les zestes de citron. Mélangez bien en une pâte homogène sans trop travailler. BLANCS Battez les blancs en neige pas trop ferme. Les palettes du fouet ne doivent pas laisser une vague solide lorsque vous les sortez du mélange. Il suffit de les battre vigoureusement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de blancs liquides dans le fond du bol. Incorporez les blancs d’œufs battus en neige à l’appareil* (la pâte, quoi). Procédez comme dans la recette du Gâteau au chocolat du numéro 7 : d’abord les deux tiers des blancs, grossièrement, puis le dernier tiers, avec une grande délicatesse. MOULE Versez la pâte dans les coques d’un moule à madeleines. REPOS Si possible, laissez reposer 1 heure au réfrigérateur au moins, une nuit idéalement. CUISSON Faites cuire 15 à 20 minutes dans un four préchauffé à 180°. Les bords commencent à dorer. Vérifiez en tapotant une madeleine du doigt : elle doit être moelleuse mais ferme. Démoulez sur une grille. Les madeleines conserveront au sec pendant quinze jours au moins. Vous devez cuisiner sans gluten (blé & C°), sans caséine (lait animal & C°) et sans sucre ? Il est probable que vous suiviez le fameux régime dit anticandida (et dont on pourrait dire qu’il est plutôt anti-physiologique). Ce régime est trop strict et trop souvent imposé à des personnes qui sont seulement en dysbiose intestinale (voir l’article Candidose ou Dysbiose dans Cuisine Nature n° 4). Praticienne aguerrie de la dysbiose de par ma propre histoire, je peux témoigner que même dans ces conditions on peut, sans être strict, créer de délicieux desserts pour les petits — ou pour nos propres petits coeurs, les jours de coups de mou. Commentaire d’une lectrice. «Au début, je les digérais bien ces madeleines, mais maintenant ça ne va plus.» Le bon sens : on se limite en quantité car ce sont tout de même des biscuits. Votre système a été si fragilisé avec le temps qu’il ne peut gérer tout ce «sucre». Ce régime anti-dysbiose ne durera que quelques mois, patience ! Cuisine Nature 11 novembre 2004 9 On gardera à l’esprit que le sucre et ses substituts sont TOUS des flambeurs de terrain... sauf les fruits frais et le miel (le vrai, sans glucose ajouté). Mais oui, Jeanine, et pardon : « TOUS, fructose y compris »... Le fructose des pâtisseries n’est pas le même que le sucre naturel des fruits: c’est une poudre extraite d’amidons modifiés. Dans ma gamme de recettes pour les personnes fragiles, le sucre est remplacé par du miel et la farine sans gluten par de la poudre d’amandes. Il y a une excellente raison à cela, comme je l’ai appris dans le Régime des Glucides Simples des docteurs Haas (Specific Carbohydrate Diet, le seul régime à ma connaissance qui vienne vraiment à bout des colopathies).. L’un et l’autre ne fermentent pas dans un tube digestif compromis. A l’inverse, toute farine, même sans gluten (riz, quinoa, etc) et tout substitut de sucre autre que le miel (fructose, sirop de riz, etc.) exigent que les villosités intestinales soient très performantes pour être décomposés*1. Ici, on n’utilise qu’un soupçon de fécule pour alléger le biscuit. Ce n’est tout de même pas un dixième d’une cuiller à soupe par madeleine qui vous fera flamber le terrain. Cela sera plus clair dans un prochain livre La Dysbiose intestinale expliquée à ma mère. *1 Pourquoi faire son propre yaourt ? Le yaourt est essentiel dans notre quotidien en l’an 2004. La simple raison en est que nous avons oublié les aliments lactofermentés de nos anciens : pain au levain, cornichons et câpres lacto-fermentés ( et non au vinaigre), choucroute, saucisson à l’ancienne, etc. Le yaourt reste souvent notre seul adjuvant de digestion et de nutrition dans cette catégorie. La réaction immédiate : « Mais pourquoi ne pas acheter du yaourt, pourquoi me compliquer la tâche ? Monsieur D. m’annonce que son bifidobrol est riche en milliards de bactéries bénéfiques. » Il n’est pas nécessaire ici de répéter que le yaourt tout venant est trop souvent réalisé avec du non-lait (extrait de vaches malades et carencé en nutriments, puis UHTisé- homogénéisé, trituré quoi). Un coup d’oeil sur l’encadré de la page 3 sera aussi éclairant sur les additifs et composants d’un « Milk Shake de Fast Food ». On sait que les victimes de dysbiose intestinale sont souvent hyperréactifs au sucre du lait (le lactose). Il est peut-être plus édifiant d’apprendre que le yaourt n’est débarrassé de tout le lactose qu’après une fermentation de 24 heures. Or, la production même artisanale ne prévoit que trois heures. Ce n’est peut-être pas pour cette raison-là que le passage par une alimentation nonlactée est si ressourçant. Depuis l’avènement de l’ère de l’allégé, l’industrie alimentaire utilise avec beaucoup de légèreté des additifs comme les carraghénanes, ces algues micronisées qui font que la texture de votre yaourt maison n’arrive pas à la cheville d’un bête yaourt du commerce. Hélas autorisées même en bio. Pourquoi « hélas »? C’est que le dossier de la famille Carragh’ est loin d’être léger... En études cliniques sur les rongeurs, ces additifs provoquent des troubles de santé que je *1 Rappel technique. Les OGMs ou Organismes Génétiquement Modifiés concernent les aliments trans-gé-niqués (l’homme saute la barrière des espèces), alors que les Enzymes Manipulés Génétiquement sont un autre gadget des biotechnologistes : les levures et autres bactéries de l’agro-alimentaire sont « opérées » au niveau micro-cellulaire. « Extension accélérée des hybridations ancestrales » disent les amateurs de roulette russe. « Défaut de principe de précaution » suggère Mammie qui est tout de même étonnée qu’il soit si peu question de ces EMG dans le discours courant. Vous saviez, vous, que votre fromage y était passé ? 10 Cuisine Nature 11 résume en brouillon sur le site en attendant le dossier final. Sur le terrain de l’humain, on observe qu’ils entretiennent l’inflammation et la dysbiose intestinales. Au surplus, mais oui : la liste n’en finit plus... au surplus donc, on a vu se généraliser depuis vingt ans la mise en place d’enzymes manipulés génétiquement*1 dans la production d’aliments à fermentation (pain, vin, fromages, etc.). Ces enzymes sont réputés anodins, mais ils n’ont pas été testés sur l’humain in vivo. Nous n’avons pas non plus de recul sur leur consommation à long terme. Or, qu’observe-t-on à nouveau sur le terrain ? En ôtant de l’alimentation du sujet moderne en fragilité intestinale les pains, vins, fromages, vinaigres, bières, tous produits où ces nouveaux enzymes sont surreprésentés, on obtient un sursaut de bienêtre, si pas une rémission. Lorsque le mangeur décide de remplacer tous ces aliments par des versions « à l’ancienne » avec des vrais ferments non manipulés , le même résultat est au rendez-vous : bien-être et rémission. Les internautes d’entre vous se réjouiront des échanges de participants sur le forum américain Native Nutrition : tant et tant de témoignages d’eczéma résorbé, de poids perdu, de digestion retrouvée lorsque les mangeurs se reconnectent à la tradition alimentaire sans exclure aucun aliment mais en portant une attention extrême à la qualité originelle. De par leur appartenance à un pays neuf, ils exagèrent cette nouvelle approche et vivent en quasi-autarcie alimentaire. Il ne faut pas aller si loin. Mais quelle leçon pour nous ! Il serait donc possible de ne pas punir un malade en lui ôtant tous ces bons produits, mais de les lui autoriser en version à l’ancienne ? Ces paragraphes n’ont pas de soutien scientifique ou de terrain comme c’est mon habitude. Ce n’est qu’une observation tatyesque. J’attends des témoignages des praticiens ou des chercheurs, mes recherches sur le sujet ayant été vaines jusqu’ici. Pour les spécialistes, comparez au régime conseillé aux victimes de candidose. Curieux tout de même d’observer que pain et produits laitiers font partie des deux interdits que l’on retrouve chez tous les nutrithérapeutes modernes (depuis 1990 environ) alors que les Anciens (Kousmine & C° jusqu’à cette date) n’y voyaient aucun souci. *2 novembre 2004 Fromage et pain: restons simples Le pique-nique le plus simple et le plus complet, en promenade dans une garrigue du Sud en été, n’est-il pas traditionnellement composé d’une tomate bien mûre ou d’un concombre à croquer, d’un quignon de bon pain et d’un morceau de fromage au lait cru ? Si les produits de base sont de qualité et si vous n’êtes pas clairement intolérant aux laitages, il est par ailleurs garanti que le bénéfice de ce repas, apparemment sur le pouce, sera incomparable avec un plat surgelé présenté comme un parmentier de poisson ou une boîte de couscous de là-bas – dont il est encore à prouver que c’est de la nourriture pour le corps. Pour les yeux, pour l’esprit détaché de son ressenti, nul ne le niera. Pour vos mitochondries (les usines de chaque cellule), c’est autre chose.... Fromages de lait cru Lorsque l’on veut tirer le meilleur parti des aliments, il est utile de se procurer la meilleure qualité. Évidence. Mais où est la définition précise de la qualité ? Le producteur s’attache à la qualité bactériologique. Le mangeur conscient recherche les versions les plus digestes, les mieux assimilables, les plus riches en acides aminés non transformés par la pasteurisation ou la stérilisation, les plus intègres en acides gras et en conséquence probablement les plus nourrissantes pour le moindre risque de réaction d’intolérance. Dans le cas des fromages, c’est le produit à base de lait cru et exempt de Jane craint mal se nourrir. Toutefois, son plan alimentaire révèle qu’elle est très attentive dans son choix d’aliments de première qualité (toutes des « nourritures vraies ») et dans le respect de son profil biologique. Le problème ? Elle regrette de manger des repas trop classiques ou encore de manger froid souvent le soir, des fromages par exemple. Et alors ? Pourquoi voulons-nous absolument servir des repas chauds, chaque jour – si ce n’est que nous sommes sous l’emprise de vieux réflexes du Nord, froid et venteux ? On se complique la vie, l’organisation et la digestion : un bout de fromage et de l’excellent pain remplaceront tout à fait honorablement la triade « viande-légumespommes de terre », surtout s’ils sont servis avec une petite crudité, un fruit, un bouillon ou un jus de légume frais. Ne tombons pas dans l’excès inverse. Le fromage ne doit pas revenir sur la table tous les jours. ferments des biotechnologies qui gagne la palme. Le lait cru est encore riche en enzymes propres à vous aider à le digérer, ce qui règle souvent les problèmes d’hypersensibilité. Selon les naturos, les fromages de chèvre et de brebis seraient mieux tolérés que les fromages de vache. Mais ne sont-ils pas souvent de lait cru à l’inverse des fantômes de fromage de vache tout-venant ? Et exempts des vitamines de synthèse (vit. A) et de carraghénanes trop souvent ajoutées aux produits de vache, ajouts qui se révèlent responsables d’hyperréactivités (p. 10) ? Où trouver ces laitages ? Les produits frais comme le lait, le fromage frais et la crème de lait cru sont indisponibles en grande surface depuis quelques années à la suite de réglementations européennes. Il faut soit se les procurer à la ferme, soit sur les marchés où le fermier vient vendre directement ses produits, soit auprès de systèmes de livraison à domicile comme La Fourmi Verte (voir Cuisine Nature nr 3). Les fromages affinés de lait cru, eux, sont faciles à trouver chez la crémière et même en grande surface : depuis le comté jusqu’au camembert en passant par le picodon. Choisissez-les de source A.O.C. (appellation d’origine contrôlée). Ce cahier des charges exige souvent le lait cru. Il existe des versions de camembert ou de comté qui sont au lait stérilisé, ensemencés de levures concoctées dans les laboratoires de l’INRA ou autre organisme de technologie agricole (ces E.M.G. dont il est question page 10). Vérifiez l’étiquette ou discutez avec le fromager de la fabrication de ses fromages. Le fromager se rit de vous : « Mais mon bon monsieur, le comté n’est jamais au lait cru ! » car il sait le lait du comté préchauffé avant ensemencement (49°C). Or, est dit au lait cru tout produit laitier qui n’a pas été chauffé à plus de 64°C, seuil de dégradation de certains de ses nutriments les plus utiles. Encyclopédie des fromages Ou procurez-vous l’Encyclopédie des fromages chez Gründ, formidablement clair et informé, bourré de photos alléchantes et détaillant les cahiers de charge de quantité de fromages français. Dommage que ne soient pas inclues d’infos précises sur les types d’enzymes utilisés. Vérification faite, le cahier des charges bio interdit en tout cas ces micro-organimes génétiquement manipulés. Comprenez- suite page 13 Cuisine Nature 11 novembre 2004 11 Vinaigrette spécial jules En cuisine nature, on assaisonne des légumes crus de vraie mayonnaise ou d’une vraie vinaigrette. Vraie ? Mais oui, car sans graisses de toute première qualité, vous ne mincirez pas durablement et vous n’arriverez pas à vous ressourcer en profondeur. Jetez donc ces pots douteux, même présentés sous les atours de princesse. Composez une vinaigrette pour une semaine et conservez-la au frais dans un récipient en verre (de type bocal de récup’, avec couvercle). Voici une recette de vinaigrette simplissime. impossible à rater. Versez dans un bol les ingrédients ci-contre. Secouez. C’est tout. Enfin non: pour être sûr d’une texture proche de la vinaigrette en bocal, mixez au mixeur à soupe quelques instants. Organisation des jules Le samedi, je prépare cette vinaigrette dans un bocal de verre de récup’ de yaourt pour pouvoir en profiter toute la semaine. Je conserve au frais sans que l’huile ne gélifie puisque j’ai ajouté de l’huile de carthame (ou mieux : de tournesol), qui tempère cette habitude classique de l’huile d’olive de gélifier au froid. Si j’ai ajouté des petits oignons ou des herbes fraîches, il est même plus qu’utile de procéder ainsi : il est indispensable de conserver au réfrigérateur car sinon votre vinaigrette va fermenter à température ambiante, en raison de ces apports organiques. et vous consommez du canola (en anglais) ou du colza 00 Variantes Multipliez les proportions ci-dessus pour une ration hebdomadaire. Ne calculez les doses que lors de vos premiers essais car, par après, vous vous doutez bien qu’on ne compte plus. Ce sera « au pif ». On ajoute parfois : du gomasio (mélange de sel marin et de graines de sésame pilées, achat en magasin bio) , de l’ail écrasé, 1 cuill. s. de levure en paillettes (achat en magasin bio), une échalote hachée, un peu de pâte de curry, du persil plat ou toute autre herbe fraîche. L’un ou l’autre, histoire de reconnaître encore les goûts originels. Des additifs anodins ? Vous connaissez tous cet ami proche et aimé qui, un peu lourd, vous fait régulièrement des cadeaux mal choisis. Méditez un instant sur ce que me propose d’ingurgiter Monsieur K., un ami pas très proche qui a gracieusement déposé dans ma boîte aux lettres un sachet promotionnel de Salad Mix : « lactose, sel, sucre, E 621, acidifiant, E 262, herbes 2%, amidon modifié, épices, oignons, huiles végétales, fécule, extrait de levure, arômes » . Quelle que soit la législation en la matière, chaque ingrédient cité ci-dessus est accueilli par votre corps comme un additif — et ce d’autant plus fort que vous êtes plus fragilisé. En un mot: il n’y a pas de nourriture vraie dans ce sachet. 12 Cuisine Nature 11 novembre 2004 1 cuill. café de moutarde 18 cuill. s. d’huile d’olive V.P.P.F. et 2 cuill. s. d’huile de tournesol V.P.P.F. bio non désodorisée 3 à 6 cuill. s. de jus de citron frais ou de vinaigre de cidre (lui et pas un autre...) sel Sauces légères Les sauces d’accompagnement ne doivent pas toujours être crémées ou embeurrées pour vous ravir. Inspirez-vous pour vos prochaines envolées créatives des recettes suivantes parues dans Le Cru Bien Tempéré : Anchoïade (p. 68), Sauce au curry (p. 68), Hachis d'échalotes persillé (p. 69), Crème d'herbes (p. 71); ou de celles publiées dans Graines de Gourmand, en versions germées, donc plus riches et plus digestes tout à la fois : Coulis de légumes au tournesol germé (p. 68) Sauce vitalité (p. 70) Sauce au jus de légumes frais et tournesol germé (p. 70) Sauce aux feuillages de printemps et graines germées (p. 71) Sauce indienne Raita aux épices orientales version germée (p. 72). NB Si par hasard vous avez en mains l’incunable Saine et Sereine (tome 2 de 1998, épuisé), je vous prie de ne pas pratiquer la recette Sojanaise ou mayonnaise au lait de soja que, jeune et fraîche, j’ai publiée lorsque je croyais encore à la propagande autour du soja... Désormais blette et mieux informée, je peux tempérer vos ardeurs sojamaniques. suite de la page 11 - Fromage et pain vous mon insistance à vous voir choisir au moins les fromages en bio ? Conservation des laitages crus Le lait de ferme et les produits laitiers crus en dérivant (fromage frais, yaourt, etc.) se gâtent plus vite que leurs homologues pasteurisés et additivés du commerce. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des produits de qualité. Lorsque vous achetez de la vraie ricotta de brebis ou de la mozzarella de bufflonne sur un marché italien, êtes-vous étonné qu’elles ne tiennent que trois ou quatre jours ? Ce sont des réflexes que nous avons perdus, endormis que nous sommes dorénavant par les dates de péremption extensibles des produits stérilisés d’aujourd’hui. Si vous désirez conserver le lait cru plus longtemps sans le congeler (ma solution), il convient de le faire bouillir dès l’achat : c’est une pasteurisation maison qui lui conserve malgré tout son arôme et son goût mais qui lui fait perdre quelques nutriments utiles (cas du yaourt, même maison). « Dangereux » lait cru Les produits de lait cru pâtissent de leur réputation d’antan (tuberculose et brucellose), lorsque les fermes étaient beaucoup moins rigoureuses en matière d’hygiène qu’aujourd’hui. Les services de l’inspection de l’hygiène alimentaire m’indiquent que ces maladies n’ont plus cours dans nos fermes bien tenues. Il n’est pas exclu de visiter soi-même la ferme d’où proviennent les produits laitiers et de s’assurer de visu de la qualité et de l’hygiène de leurs traitements. Cela fera une promenade pour les enfants, dont je ne me lasse pas de partager la joie lors de ces visites. Le livre du chercheur québecois Carol Vachon (Pour l’Amour du Bon Lait, présenté dans C.N. n° 2) démontre assez clairement que cette crudophobie tient plus de la rumeur que de la réalité scientifiquement soutenue. Les contaminations par staphylocoques ou listeria entre autres germes peu bienvenus peuvent toucher aussi bien les laits pasteurisés que les laits crus (si pas plus, si l’on en croit les statistiques bien lues...). Les laitages de lait cru ne sont dangereux que pour le portefeuille de Big Pharma (car ce sont, avec les graisses originelles, de véritables alicaments) ou la grande distribution (car ces laitages sont capricieux sur la durée). Les laitages ne posent problème aux personnes en sensibilité momentanée (les -ites à répétition de l’hiver, par exemple) que lorsqu’ils sont surconsommés et choisis sans égard pour la qualité. L’intolérance ou hypersensibilité aux produits laitiers (ou aux additifs?) est fonction de la dose et de la qualité du produit. Elle ne se manifeste pas à la molécule près comme une vraie allergie. Une petite portion de 30 grammes de fromage de lait cru deux à trois par semaine ne peut raisonnablement poser de souci à quiconque, à part les vrais allergiques. ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ Le juste équilibre ... .Ne perdons pas de temps à souligner la fausseté des allégations de l’industrie laitière qui, par le biais des diététiciens classiques, voudrait faire boire à des humains du lait de vache non fermenté, même passée la prime enfance; ou de faire consommer jusqu’à 4 portions de laitages quotidiennement. Selon les conclusions qu’on peut tirer de l’Etude des Infirmières mentionnée page 4, non seulement les laitages n’ont pas démontré leur intérêt, mais les femmes qui ont une consommation élevée de laitages ont un risque de fracture dû à l’ostéoropose deux fois plus élevé que celles qui en mangent peu. Carol Vachon a pu démontrer que l’ostéoporose était liée à la consommation de lait pasteurisé, mais pouvait être prévenue par le lait cru. Dans le camp des alternutritionnistes, le lait et ses dérivés est chargé de tous les péchés de la terre. Ceux d’entre vous qui ne seraient pas encore au courant jetteront un coup d’oeil critique au site américain de Robert Cohen: nomilk.com.Sous des apparences scientifiques, ces textes pâtissent de leur hauteur de ton. Pourquoi crier si fort ? Pourquoi généraliser à tous les observations avérées sur certaines catégories de malades ? Leur dérive intellectuelle me peine car elle freine des chercheurs et médecins plus rationnels qui pourraient apporter une belle pierre à la construction d’un meilleur respect de l’homme. Comment d’ailleurs justifier ces hauts cris face aux produits laitiers lorsque l’on sait que tant de sociétés ancestrales ont consommé force produits laitiers pendant des siècles, sans les troubles dégénératifs d’aujourd’hui ? Et tout soudain le lait serait devenu poison, lui qui a traditionnellement été utilisé en contre-poison quand il était encore cru? Qu’une récente étude scientifique indique que les suédois et finlandais consommant du lait sont moins sujets au cancer du colon que les témoins ? Que la médecine ayurvédique utilise les produits laitiers en traitement Cuisine Nature 11 novembre 2004 thérapeutique ? Que les végétariens indiens, réputés pour leur bonne santé, consomment presque à chaque repas du caillé de lait? Que des cliniques danoises et allemandes utilisent le lait cru en thérapeutique de cancer ? Que de grands nutrithérapeutes ont obtenu de remarquables rémissions de maladies graves par l’équilibre de l’assiette mais sans interdire aucun aliment et certainement pas les produits laitiers*1 ? A nouveau, pas de différence entre laitages et laitages ... c’est-à-dire entre les laitages de lait cru provenant d’animaux sains et pâturant, consommés en modération, et les laitages trafiquouillés, riches en additifs de toute sorte et surconseillés... la doctoresse Kousmine en Suisse, Adelle Davis ou le docteur Douglass aux Etats-Unis, le docteur Lutz en Allemagne, plus des dizaines d’autres thérapeutes qui ont chacun soigné environ dix mille patients avec succès sur la durée de leur carrière... *1 13 Le fast-food de la Cuisine Nature Bouillon spécial Jules Après mes multiples appels du pied*1, vous avez compris que vous vous ressourcerez, si pas vous reconstruirez, grâce à l’un des trois adjuvants de digestion oubliés aujourd’hui: le petit bouillon maison à base d’os de volaille, boeuf, etc. Il facilite l’assimilation des féculents et autres aliments cuits du même repas, il fait une belle peau douce, aide à fabriquer de l’os (ce qui le rend incontournable à l’âge où l’ostéoporose guette), soulage l’arthrose et est une source de minéraux sans comparaison. Mais comment varier les plaisirs ? Quelques idées pour un jules en deuxième année de cuisine... La plus simple solution pour les jules vivant en solo : pendant que vous réchauffez du bouillon avec un peu de curry ou d’autre épice, pressez un jus de légumes frais (1 carotte, céleri, persil, courgette...). Dès que le bouillon est assez chaud, mêlezle au jus de légumes. Rapidos, non ? Bouillon au crabe à la chinoise Portez le bouillon à frémissement. Ajoutez des germes de soja et du concombre taillé en bâtonnets. Laissez cuire deux minutes. Ajoutez le crabe en boite, émietté. Servez saupoudré de coriandre fraîche ciselée. Bouillon à la chinoise aux légumes Faites revenir des poivrons et des carottes taillés en brunoise avec des poireaux en fines lamelles et une gousse d’ail. Ajoutez le bouillon. Portez à frémissements. Servez décoré de ciboule ciselée. Bouillon aux crevettes et nouilles de riz Faites tremper les nouilles cellophane dans de l’eau bouillante pendant dix minutes. Pendant ce temps, faites revenir une julienne de céleri (1 branche), 1 carotte, 1 oignon vert pendant quelques minutes. Ajoutez le bouillon maison. *1 Dossier Du Bouillon pour Vivre Mieux Vieux dans Cuisine Nature n° 7; recette et commentaires santé dans Cuisine Nature n° 2 + toutes les recettes où je l’intègre comme les recettes au wok (n°s 5 & 7) ou le Jus de légumes confits à la Pierre Gagnaire (n° 8) Portez à petit frémissement et laissez cuire 5 minutes. Ajoutez les nouilles égouttées et coupées grossièrement ainsi que les crevettes cuites. Décorez chaque assiette de pluches de coriandre frais. Bouillon thaï au coco Faites blondir deux gousses d’ail avec 1 cuill.s. de curry en pâte et de fines lamelles de poulet (3 à 4 minutes maximum). Ajoutez le bouillon et du lait de coco. Gardez à frémissement 10 minutes. Versez quelques lamelles de champigon (et si vous en avez un peu de sauce de poissons) et laissez encore cuire 5 minutes. Servez avec une chiffonnade d’épinards ou verts de bette et du jus de citron vert. Bouillon thaï au coco aux scampis Faites blondir 1 échalote avec 1 cuill.s. de curry en poudre. Après deux minutes (le parfum se dégage), ajoutez du gingembre et du lait de coco. Laissez cuire à feu moyen, à couvert pendant 10 minutes. Ajoutez alors le bouillon, des haricots coupés en morceaux et des rondelles de carotte. Dès la reprise du frémissement du liquide, laissez cuire à couvert encore 5 minutes. Ajoutez enfin les scampis cuits et décortiqués, un filet de jus de citron, des feuilles d’épinards en fines lanières. *2 Dans l’article Pistes balisées du n° 8, j’ai présenté comment un Jules pouvait s’organiser pour une semaine au repos culinaire et organique en n’y consacrant qu’une heure en fin de semaine. Page 4, je présentais diverses manières d’habiller le bouillon au quotidien sous le titre « Le Bouillon en Contexte ».. Sommaire Cuisine Nature Rédaction et éditeur responsable : Taty Lauwers, 11 allée du Mont Cheval, B-1400 Nivelles.Textes et recettes © Taty Lauwers. Se vend uniquement par correspondance. Modalités d’abonnement dans le numéro 7 en votre possession ou en annexe à ce specimen. 14 ................................................ 1 POUR QUI SONNE LE GRAS? (PARTIE 2) ..... 4-8 POURQUOI FAIRE SON PROPRE YAOURT? ...... 10 FROMAGE ET PAIN: RESTONS SIMPLES ! .. 11-13 ÉDITO 11 allée du Mont Cheval B-1400 Nivelles Cuisine Nature 11 novembre 2004 tél: +32-(0)67-84 11 22 RECETTES: YAOURT MAISON SANS YAOURTIÈRE ... P. 2-3 MADELEINES DE MARCEL (SANS FARINE) .. P. 9 VINAIGRETTE SPÉCIAL JULES ET AUTRES SAUCES ..................... P. 12 VARIANTES DU BOUILLON SPÉCIAL JULES P. 14 Annexes sur www.taty.be/Doc [email protected] fax: +32-(0)67-22 10 01