FORMATION (gratuite) A L`ENTRETIEN MOTIVATIONNEL

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FORMATION (gratuite) A L`ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
FORMATION
(gratuite)
A L'ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
« Arrêter de fumer est une question de volonté, si le patient n’en a pas, je ne peux rien faire pour l’aider... »
« Je répète sans cesse aux fumeurs que c’est mauvais pour la santé. A quoi bon ? Ils n’écoutent pas.»
« Les fumeurs n’aiment pas qu’on parle de leur tabagisme, ...je n’ose plus aborder ce problème à l’officine. »
« Quand je conseille à Mr X d’arrêter de fumer, il évoque un tas d’excuses pour continuer, c’est absurde ! »
« Mme Y a toutes les raisons d’arrêter de fumer, elle en a envie. C’est une personne dynamique et
volontaire. Pourquoi n’y arrive-t-elle pas ? Que puis je faire pour l’aider ?»
Beaucoup de fumeurs savent qu’ils devraient arrêter un jour. Ils y pensent, ils essaient, mais
souvent restent indécis et éprouvent des difficultés à gérer leur ambivalence...
Face à ces situations, comment adapter sa communication ?
Il n' y a pas de recette miracle, certaines techniques de communication ont toutefois fait
leurs preuves. Dans le cadre de la campagne fédérale " Lutte contre le tabagisme",
la SSPF, en collaboration avec le FARES (Fond des Affections Respiratoires), vous invite à
2 soirées (complémentaires) de sensibilisation à l'entretien motivationnel.
Aider au changement dans le but d’améliorer la santé est un des rôles importants du
soignant. Or, ce dernier est souvent confronté à l’absence de motivation dans le chef du
patient. Celle-ci peut donc se manifester par des réactions de résistance suite aux
suggestions de changement données par le soignant.
Au cours des années 80, les psychologues William Miller et Stephen Rollnick ont mis au
point un style d’approche relationnelle qui est surtout un état d’esprit s’opposant à
l’approche confrontationnelle classique : l’entretien motivationnel. Ils le définissent
comme une méthode de communication directive, centrée sur le client, visant au
changement de comportement par l’exploration et la résolution de l’ambivalence.
L’entretien motivationnel s’appuie sur des principes qui mettent en avant la
responsabilité du patient dans son cheminement.
Modalités pratiques
•
•
participation gratuite
Formatrice : Bérengère Janssens est psychologue, tabacologue et formatrice à
l'entretien motivationnel pour le Fares. Elle sera accompagnée par le
pharmacien Muriel Rocour de la SSPF pour la partie pratique à l'officine.
COMMUNICATION VERS LE PATIENT : PLACE DE L’APPROCHE MOTIVATIONNELLE
1
Introduction
Aider au changement dans le but d’améliorer la santé est un des rôles importants du
soignant. Or, ce dernier est souvent confronté à l’absence de motivation dans le chef du
patient. Celle-ci peut donc se manifester par des réactions de résistance suite aux
suggestions de changement données par le soignant.
Au cours des années 80, les psychologues William Miller et Stephen Rollnick ont mis au pont
un style d’approche relationnelle qui est surtout un état d’esprit s’opposant à l’approche
confrontationnelle habituelle : l’entretien motivationnel.
A ce style d’approche relationnelle, s’est ajouté le modèle de changement de James Prochaska
et Carlo Di Clemente décrivant le parcours motivationnel des sujets souffrant de conduites
addictives. En effet, un changement ( et surtout le maintien de celui-ci) ne s’obtient pas d’un
coup. Il se fait par étapes.
Repérer et tenir compte du stade où se situe la personne dans son cycle motivationnel permet
d’atténuer les résistances aux changements et de ne pas les considérer comme un échec mais
comme un processus inhérent à la prise de décision.
S’inspirer de la philosophie et des techniques de l’entretien motivationnel pour favoriser la
communication et l’écoute du patient ouvre des perspectives dans de nombreux domaines à
l’officine : dépendance, problème d’observance, mauvaises habitudes alimentaires, … Par
contre, pratiquer un entretien motivationnel, qui peut prendre 30 à 60 minutes, relève de la
consultation chez une personne suffisamment formée à cette technique.
Il faut souligner que la motivation et la résistance ne sont pas des caractéristiques
intrinsèques du patient mais, sont fortement influencées par la relation avec l’entourage
et/ou le professionnel de la santé. Etre sensibilisé à cette technique et l’appliquer (dans la
mesure de nos moyens), permet alors de réduire cette résistance, voire d’améliorer la
motivation intrinsèque du patient. C’est déjà tout un programme…
Quelques mots sur l’ambivalence….
L’ambivalence est constituée de tendances opposées qui entrent en
L’ambivalence est la clé à
résoudre pour que survienne le
changement
conflit, ce qui bloque les perspectives de changement.
En effet, les personnes qui luttent contre des problèmes d’alcool, de tabagisme, ou d’autres
surconsommations, connaissent souvent les risques, les coûts et les dommages entraînés par
leur comportement. Cependant, pour différentes raisons, elles sont aussi attachées à ce
comportement addictif et attirées par lui. Elles veulent changer et en même temps elles ne le
veulent pas.
Comme professionnel de la santé, on aurait tendance à prendre parti contre la consommation
(réflexe correcteur). Dans ce cas on constate souvent, d’une manière qu’on peut juger
totalement irrationnelle, que la personne va argumenter en faveur de la consommation. Il a
été montré qu’il était plus bénéfique de faire émerger la motivation personnelle de la
personne, plutôt que vouloir la convaincre.
Notons que la question de l’ambivalence ne se limite pas aux situations d’addiction, mais se
rencontre également dans d’autres domaines, lorsqu’il s’agit de choisir entre le confort
d’aujourd’hui et la santé de demain ( ex : régime alimentaire).
Coûts du statu quo
Bénéfices du changement
Fig. Un bon moyen d'illustrer
l'ambivalence est la métaphore
de la balance; il y a des
bénéfices et des coûts associés
aux 2 options opposées
Coûts du changement
Bénéfices du statu quo
Pourquoi les gens changent -ils ?
Prendre une décision est souvent le fruit d’un processus qui suppose que l’on soit
suffisamment motivé à la prendre et à la tenir.
Quatre conditions favorisent le changement.
1. que le patient ait conscience du problème et qu’elle le reconnaisse comme tel.
2. que ce soit important pour lui de changer (désir, nécessité et raisons de changer)
3. qu’il ait confiance dans sa capacité de pouvoir réaliser ce changement,
4. que ce soit le bon moment, c'est-à-dire que ce soit devenu une question de priorité.
Dans le cadre de la cessation tabagique, il arrive souvent qu’un patient demande une aide
médicamenteuse; alors qu’il ne réunit pas encore tous les critères qui vont réellement lui
permettre de conduire à long terme ce changement. Il peut s’agir d’un manque de confiance
ou d’un manque de conviction réelle. Cette attitude conduit régulièrement à la rechute ; mais
doit être considérée comme une étape et non un échec vers l’arrêt définitif.
Les techniques utilisées dans l’entretien motivationnel permettent dans un premier temps
d’explorer l’ambivalence. Après quoi, elles seront utiles pour mettre en évidence les éléments
en faveur du changement : désir, capacité, raisons, et nécessité de changer.
2
Stades de changement
Le modèle motivationnel de Di Clemente et Prochaska distingue différents stades de
conscience du problème de consommation.
A chacun de ces stades correspond un accompagnement particulier. Si dans les premiers
stades l'information tient une place importante, il s'agira ensuite d'élaborer un projet de
changement et de le mettre en action. Ainsi, il est sans doute inadéquat de proposer
directement une stratégie de sevrage à une personne qui serait au stade de préintention ou
d’intention.
L’approche motivationnelle est très utile pour faire évoluer la personne jusqu’au stade de
l’action, particulièrement lorsque la personne est au stade de l’intention ( ou de
l’ambivalence).
Préintention
Intention
Rechute
Maintien
Préparation
Action
Envisagez vous un jour d’arrêter ?
Pas dans les 6 mois à venir
Préintention
Oui, un jour (< 6 mois)
Intention
Oui, bientôt ( < 1 mois)
Préparation
Oui, mais je n’y suis pas arrivé
Rechute
Stades de changement : ex : le cas du fumeur
1.Préintention
Le fumeur ne considère pas ou ne veut pas considérer sa consommation de tabac comme un problème.
Objectifs et stratégies d’intervention
- augmenter la prise de conscience, amener à réfléchir sur le problème (approche motivationnelle)
- « Quels sont les inconvénients liés à la cigarette qui vous inquiètent le plus ? »
- « Peut – être votre toux est – elle causée par une infection virale, mais il est prouvé qu’il existe un lien entre la
toux et le tabagisme. »
- proposer une information (ex brochure, ligne tabac stop)
Il y a prise de conscience. Le patient a intégré le fait qu’une consommation au départ ponctuelle est devenue plus
qu’une habitude, qu’il est devenu dépendant de cette consommation. Par contre, il ne voit pas la nécessité de changer
2. Intention
(avec tout ce que cela comporte en terme d’inquiétude et d’appréhension).
Objectifs et stratégies d’intervention
- soulever les éléments en jeu dans la décision : identifier les effets positifs de l’arrêt, identifier les croyances,
craintes et connaissances (approche motivationnelle)
- "Qu’est - ce vous aimez dans le fait de fumer ? "
- "Quels sont les inconvénients liés à la cigarette qui vous inquiètent le plus ? "
- "Que craignez - vous en arrêtant de fumer ? "
- "Que retireriez - vous de l’arrêt de la cigarette ? Pourquoi souhaiteriez – vous arrêter ?"
- ener à prendre une décision et exprimer son soutien
La personne est consciente de l’intérêt de l’arrêt de sa consommation MAIS y reste attachée.
3. Préparation
Les avantages de l’arrêt se montrent plus marquants. L’ambivalence est sans doute un problème clé à résoudre pour
que le changement survienne. L’action d’arrêt est envisagée mais n’est pas encore précise dans le temps. La personne
commence à s’y préparer.
Objectifs et stratégies d’intervention
- informations sur le sevrage et médicaments d’aide à l’arrêt
- "Savez – vous qu’il existe différents médicaments pour arrêter de fumer ? Que savez - vous à ce propos ?
Qu’en pensez – vous ? "
- renvoi chez le médecin pour les situations plus difficiles
- encourager la décision
La personne a confiance en ses capacités de changement, c’est le bon moment pour elle. Elle voit, dans ce changement,
une amélioration dans sa qualité de vie, origine de sa motivation. C’est une étape difficile, qui nécessite beaucoup de
4. Action
soutien et de valorisation de la part des soignants et de l’entourage.
Objectifs et stratégies d’intervention
- informations sur les moyens d’action (prise correcte médicaments et conseils hygiéno-diététiques)
- soutien et suivi du sevrage, importance de la fréquence des contacts
- "Comment vous sentez - vous maintenant que vous avez arrêté de fumer ? "
- "Quels sont pour vous les aspects positifs de la cessation tabagique ? "
- valoriser la décision et soutenir le patient
- référer à un spécialiste en cas de symptômes de sevrage importants
5. Maintien –
Consolidation
La personne a arrêté depuis plus de 6 mois. Elle a le sentiment d’être capable de s’en passer, ce qui favorise l’estime de
soi. Elle tente aussi de trouver des alternatives à cette consommation.
Objectifs et stratégies d’intervention
-
L’objectif principal de cette étape est d’éviter la rechute.
- consolider les acquis (ex : , goût amélioré, économie, meilleure haleine)
- stabiliser le changement comportemental (ex : hygiène de vie, maintien du poids,...)
- rappeler régulièrement les motivations à l’origine du changement
-
Si de nouvelles difficultés apparaissent, un renvoi chez le médecin s’impose
La personne doit être rassurée. "Craquer" est humain. Ce n’est pas catastrophique, pour autant que l’on puisse trouver
en soi les motivations pour se relever.
Rechute
Objectifs et stratégies d’intervention
Ecoute empathique, questions ouvertes et résumés permettront de comprendre l’origine du découragement :
-
-
« Y a-t- il eu des symptômes de sevrage ? »
« Vous avez arrêté de fumer pendant 4 semaines, c’est déjà une réussite. Quelles sont les motivations qui vous
pousseraient à réessayer d’arrêter ? Quels seraient les moyens complémentaires nécessaires pour une
prochaine tentative de sevrage ? "
« Je comprend que vous soyez déçu d’avoir recommencé à fumer après 4 semaines d’arrêt, mais d’autre part,
vous avez réussi à arrêter de fumer pendant 4 semaines !"
3
Approche motivationnelle
Définition et état d’esprit
L’entretien motivationnel est une approche directive centrée sur la personne visant à amener
un changement de comportement en aidant le patient à explorer et à résoudre son
ambivalence, à sortir de son immobilisme.
L’ambivalence, hésitation dans le choix entre deux ou plusieurs options, est considérée
comme un frein puissant à la décision de changer. Le principe est de créer et d’amplifier,
dans la manière de voir du patient, une divergence entre son comportement actuel et ses
valeurs de références ou ses objectifs plus généraux. Le professionnel de la santé aide à
identifier ses valeurs intrinsèques qui seront les moteurs du changement.
La motivation au changement doit venir de la personne elle-même, elle n’est pas imposée par
l’extérieur. Or, comme professionnel de la santé, on aurait tendance à prendre parti contre la
consommation (réflexe correcteur). Dans ce cas on constate souvent, d’une manière qu’on
peut juger totalement irrationnelle, que la personne va argumenter en faveur de la
consommation.
Cette approche est marquée par une forme de partenariat entre un intervenant et une
personne. L’entretien se déroule dans une atmosphère empathique : la persuasion, la
confrontation agressive et l’argumentation sont des concepts opposés à l’esprit de cette
méthode.
Ex :
Patient : « Ma toux n’a rien à voir avec ma consommation de tabac. Vous savez
comme moi que par ce temps, et, en contact permanent avec des enfants en bas âge, on
attrape tous les virus qui passent … »
Pharmacien(ne) :(affrontement) « Ne me dites pas qu’avec les 2 paquets de cigarettes
que vous fumez par jour, cela ne vous irrite pas les voies respiratoires. Quoi qu’il en soit, et
surtout si vous êtes en contact avec des jeunes enfants, je vous conseille d’arrêter de fumer,
vous verrez rapidement un effet positif sur votre toux et votre santé en général. »
Pharmacien(ne) (non confrontant) « Vous pensez que votre toux peut être provoquée
par une infection virale. Et vous avez probablement raison. Toutefois, fumer irrite les voies
respiratoires et les rend plus sensibles à ce type d’infection. En attendant, on va chercher une
solution pour soulager cette toux gênante. »
Les principes
Les principes de base définissent des attitudes de l’intervenant dans la conduite de
l’entretien.
1. Exprimer de l’empathie
L'empathie désigne une attitude envers autrui caractérisée par un effort objectif et rationnel
de compréhension intellectuelle des ressentis de l'autre. Excluant particulièrement tout
entraînement affectif personnel (sympathie, antipathie) et tout jugement moral.
Nous avons souvent tendance à donner des conseils, à réconforter, à donner notre avis ou à
exposer notre sentiment. Lorsqu’on a besoin d’empathie, il est parfois frustrant d’être en
face d’une personne qui part du principe que l’on veut être rassuré ou obtenir une « recette
miracle ».
On peut exprimer de l’empathie soit en exprimant directement sa compréhension, soit en
reflétant ses pensées et émotions sans porter de jugement. Ex : « Vous avez traversé une
épreuve particulièrement éprouvante ».
2. Développer la divergence
La motivation au changement survient lorsque les gens perçoivent une contradiction entre
leur comportement actuel et leurs valeurs et/ou objectifs personnels. Le travail motivationnel
consiste à relever ses contradictions. Les arguments en faveur du changement sont ceux du
patient ( par ex : boire de l’alcool versus être un « bon » père de famille).
3. Rouler avec la Résistance – Eviter les argumentations
Le style confrontationnel renforce les résistances : plaidoyer pour le changement, argumenter,
démontrer, prouver, faire réfléchir, persuader.
La résistance du patient peut se repérer essentiellement par quatre types d’attitude du
patient : rejet de l’expertise et/ou désintérêt face au discours du thérapeute, interruption
défensive de son discours, déni du problème, … Il ne faut pas s’opposer à la résistance mais
la considérer comme naturelle et compréhensible dans un processus de changement. Elle
doit être considérée comme un signal, elle nous signifie qu’il faut changer d’attitude.
4. Renforcer le sentiment d’efficacité personnelle
Le patient se sentira prêt à changer s’il a une confiance suffisante en sa capacité à mettre en
oeuvre le changement. Ainsi une personne pourra réaliser l’effet néfaste de sa
consommation de tabac sur la qualité de sa peau mais ne s’engagera pas pour autant dans un
processus de changement de comportement si elle n’a aucune confiance en sa capacité à
réussir. Il est donc indispensable d’encourager la personne, de la valoriser et ce, tout au long
de sa démarche.
Les techniques « OU V E R »
Ces techniques sont utilisées pour ouvrir la communication. Elles permettent dans un
premier temps d’explorer l’ambivalence. Après quoi, elles seront utiles pour mettre en
évidence les éléments en faveur du changement : désir, capacité, raisons, et nécessité de
changer.
1. Questions OUvertes
A l’inverse des questions fermées (réponses brèves, réponses oui ou non), les questions
ouvertes favorisent l’expression des motivations intrinsèques du patient, et permettent de
faire ressortir ses préoccupations.
Exemples de questions ouvertes pour faire progresser le patient vers une décision d’arrêt
Statu quo
«Qu’est-ce vous aimez dans le fait de
fumer ?
«Quels sont les inconvénients liés à la
cigarette qui vous inquiètent le plus ? »
Changement
«Que retireriez-vous de l’arrêt de la cigarette? »
«Quelles seraient vos craintes en arrêtant la
consommation de tabac ? »
Exemples de questions fermées
« Ne trouvez-vous pas qu’il serait important de diminuer votre consommation de
cigarettes? »
« Avez-vous peur de prendre du poids en arrêtant du fumer ?
« Vous avez déjà pris du poids ? »
« Vous êtes-vous fait aider par vote médecin ? »
2. Valorisation
Pour renforcer l’ouverture de la relation, il faut veiller à valoriser le patient et le soutenir
durant tout l’entretien. Le simple fait qu’il ait envie de changer peut déjà être souligné.
« Le fait d’avoir déjà diminué votre consommation est une bonne chose »
« C’est une étape importante que vous venez de franchir en décidant d’arrêter de fumer. Cette
décision n’a pas dû être facile à prendre. Je vous en félicite. »
3. Le reflet et l’Ecoute active
Le reflet permet à l’intervenant et au patient d’être sur la même longueur d’onde et de faire
ressortir les motivations du patient. Un reflet est une affirmation et non une question, il
permet de résumer et de compléter ce que dit le patient et ce à deux niveaux : on peut faire
un reflet de contenu et/ou de sentiment.
Il existe des réactions qui sont des freins à l’écoute active : conseiller, fournir des solutions,
dire aux gens ce qu’ils doivent faire, juger, critiquer, argumenter, moraliser, étiqueter,
démontrer, rassurer, se mettre en retrait ou changer de sujet,...
Patient : « Si j’essaie d’arrêter mes cigarettes, je ne tiendrai pas trois jours »
Pharmacien(ne): « Vous ne voyez pas comment vous pourriez arrêter de fumer » (reflet
simple).
Pharmacien(ne) : « D’une part, vous avez envie d’arrêter de fumer et, en même temps, vous
manquez de confiance en vous pour aller au bout de cette décision » (double reflet, qui tient
compte de l’ambivalence de la personne).
Patient : « J’ai décidé d’arrêter de fumer mais c’est sans médicaments »
Pharmacien(ne) : « J’entends que vous êtes motivée et d’autre part, vous êtes réticent à
l’utilisation de médicaments »
4. Le Résumé
Les résumés permettent de renforcer les éléments qui viennent d’être discutés et témoignent
de l’écoute de l’intervenant. Ils permettent également de souligner une ambivalence, de faire
ressortir un élément important de la motivation du patient et de dégager des pistes
stratégiques de changement.
Exemple :
« Si je résume, depuis 4 ans, vous fumez, cela correspond à votre changement de travail.
Cela vous détend, vous vous retrouvez au coin fumeurs entre collègues et vous trouvez ces
rendez vous très conviviaux. Par ailleurs, vous constatez une diminution de vos performances
sportives et cela vous dérange de plus en plus… ».
L’objectif de l’approche motivationnelle est d’aider les personnes à explorer leur vécu et leur
ambivalence. Il est important de mélanger les questions ouvertes, les reflets, les résumés
pour faire ressortir les inconvénients du statut quo, les avantages du changement,
l’optimisme concernant le changement et l’intention de changer.
Eviter les pièges !
1. Les questions réponses.
Cette manière de dialoguer donnera lieu à des réponses brèves de la part du patient et
suggère que l’interaction se déroule entre un expert actif et un patient passif.
Pharmacien(ne) : « Pensez-vous que vous fumez trop ? » Patient : « Sans doute,…. »
« Combien de cigarettes fumez-vous ? Vous fumez beaucoup ? A quelle heure fumez-vous
votre première cigarette ? »
2. La prise de parti
Comme professionnel de santé, si nous détectons un élément en faveur de l’existence d’un
problème de santé, il nous parait normal d’en faire part au patient. Celui-ci pourrait
exprimer une résistance telle que « je ne vais pas mal à ce point… ». Dans ce cas, en
argumentant en faveur du changement, on risque de favoriser l’argumentation du patient
ambivalent dans le sens « il n’y a pas de problème ».
Pharmacien(ne) : « Vous êtes papa maintenant, les conséquences du tabagisme passif sont
clairement établies actuellement. Je vous conseille vivement d’aller en parler avec votre
médecin. »
Patient : « Je le sais bien, je ne fume jamais en présence de mon enfant, Par contre, j’ai
besoin de ces cigarettes pour gérer mon stress et être plus disponible pour mon enfant. »
Pharmacien(ne) : « Vos problèmes de santé actuels devraient vous motiver à arrêter de fumer.
Ne pensez-vous pas ? »
3. L’expertise
Le professionnel de la santé donne l’impression qu’il a réponses à toutes les questions, ce qui
tient le patient dans une passivité incompatible avec l’objectif qui est de résoudre par lui
même son ambivalence. Dans l’entretien motivationnel, on considère que le patient est
l’expert dans le sens où il sait mieux que quiconque quels sont ses objectifs, valeurs,
compétences, motivations, …
Pharmacien(ne) : « Le tabagisme durant la grossesse a plusieurs conséquences : la
consommation de tabac est la principale cause de décès prématuré, … Vous devriez en tenir
compte.».
Dans ce cas, sans imposer son plaidoyer au changement, on peut proposer à la patiente, une
information sur la grossesse et le tabac.
Pharmacien(ne) : « Je suppose que vous savez que pilule et tabac ne font pas bon ménage »
Pharmacien(ne) : « Moi, j’imagine bien pour vous une traitement de substitution nicotinique
avec gommes à 2mg et un suivi chez un tabacologue »
4. L’étiquetage
Vouloir faire accepter au patient une étiquette (alcoolique, dépendant, …) est dévalorisant,
jugeant, inefficace et devient rapidement un obstacle à la progression.
Pharmacien(ne) : « Etant donnée votre consommation (plus d’un paquet par semaine), vous
êtes devenu dépendant »
Pharmacien(ne) : « Comme vous êtes un gros fumeur, je ne vois pas comment faire l’impasse
d’une aide médicamenteuse »
Pharmacien(ne) : « Vous êtes très dépendant »
5. La focalisation prématurée
Il se peut que professionnel de la santé et patient ne soient pas concentrés sur le même
problème. Le piège est de vouloir tirer le patient vers ce qu’on croit être la bonne perception
du dit problème et de vouloir rapidement le corriger.
Un patient fumeur vient chercher un sirop antitussif. Sa toux perturbe ses nuits, déjà agitées
actuellement à cause de tracas personnels.
Pharmacien(ne) : « Vous savez que fumer provoque ce type de toux. Au lieu de masquer le
symptôme, il serait préférable de prendre le problème à la base ».
Pharmacien(ne) : « Arrêtez de fumer et vous retrouverez un sommeil paisible sans tousser »
4
Pour en savoir plus :
- Miller, Willem R., Rollnick, Stephen, Lécalallier, Dorothée, Michaud, Philippe. L’entretien
motivationnel : Aider la personne au changement. InterEditions, 2006.
- DICLEMENTE C.C., PROCHASKA J.O., FAIRHURST S.K., VELICER W.F., VELASQUEZ M.M., ROSSI
J.S – The process of smoking cessation : An analys of precontemplation, contemplation, and
praparation satges of changes. J Consult Clin Psychol 59: 295-304, 1991.
_ Miller, Willem R., Rollnick, Stephen, C. C. Butler L’entretien motivationnel : Pratique de
l’entretien motivationnel - Communiquer avec le patient en consultation - InterEditions, 2009
- http://www.entretienmotivationnel.org/