FORMATION (gratuite) A L`ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
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FORMATION (gratuite) A L`ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
FORMATION (gratuite) A L'ENTRETIEN MOTIVATIONNEL « Arrêter de fumer est une question de volonté, si le patient n’en a pas, je ne peux rien faire pour l’aider... » « Je répète sans cesse aux fumeurs que c’est mauvais pour la santé. A quoi bon ? Ils n’écoutent pas.» « Les fumeurs n’aiment pas qu’on parle de leur tabagisme, ...je n’ose plus aborder ce problème à l’officine. » « Quand je conseille à Mr X d’arrêter de fumer, il évoque un tas d’excuses pour continuer, c’est absurde ! » « Mme Y a toutes les raisons d’arrêter de fumer, elle en a envie. C’est une personne dynamique et volontaire. Pourquoi n’y arrive-t-elle pas ? Que puis je faire pour l’aider ?» Beaucoup de fumeurs savent qu’ils devraient arrêter un jour. Ils y pensent, ils essaient, mais souvent restent indécis et éprouvent des difficultés à gérer leur ambivalence... Face à ces situations, comment adapter sa communication ? Il n' y a pas de recette miracle, certaines techniques de communication ont toutefois fait leurs preuves. Dans le cadre de la campagne fédérale " Lutte contre le tabagisme", la SSPF, en collaboration avec le FARES (Fond des Affections Respiratoires), vous invite à 2 soirées (complémentaires) de sensibilisation à l'entretien motivationnel. Aider au changement dans le but d’améliorer la santé est un des rôles importants du soignant. Or, ce dernier est souvent confronté à l’absence de motivation dans le chef du patient. Celle-ci peut donc se manifester par des réactions de résistance suite aux suggestions de changement données par le soignant. Au cours des années 80, les psychologues William Miller et Stephen Rollnick ont mis au point un style d’approche relationnelle qui est surtout un état d’esprit s’opposant à l’approche confrontationnelle classique : l’entretien motivationnel. Ils le définissent comme une méthode de communication directive, centrée sur le client, visant au changement de comportement par l’exploration et la résolution de l’ambivalence. L’entretien motivationnel s’appuie sur des principes qui mettent en avant la responsabilité du patient dans son cheminement. Modalités pratiques • • participation gratuite Formatrice : Bérengère Janssens est psychologue, tabacologue et formatrice à l'entretien motivationnel pour le Fares. Elle sera accompagnée par le pharmacien Muriel Rocour de la SSPF pour la partie pratique à l'officine. COMMUNICATION VERS LE PATIENT : PLACE DE L’APPROCHE MOTIVATIONNELLE 1 Introduction Aider au changement dans le but d’améliorer la santé est un des rôles importants du soignant. Or, ce dernier est souvent confronté à l’absence de motivation dans le chef du patient. Celle-ci peut donc se manifester par des réactions de résistance suite aux suggestions de changement données par le soignant. Au cours des années 80, les psychologues William Miller et Stephen Rollnick ont mis au pont un style d’approche relationnelle qui est surtout un état d’esprit s’opposant à l’approche confrontationnelle habituelle : l’entretien motivationnel. A ce style d’approche relationnelle, s’est ajouté le modèle de changement de James Prochaska et Carlo Di Clemente décrivant le parcours motivationnel des sujets souffrant de conduites addictives. En effet, un changement ( et surtout le maintien de celui-ci) ne s’obtient pas d’un coup. Il se fait par étapes. Repérer et tenir compte du stade où se situe la personne dans son cycle motivationnel permet d’atténuer les résistances aux changements et de ne pas les considérer comme un échec mais comme un processus inhérent à la prise de décision. S’inspirer de la philosophie et des techniques de l’entretien motivationnel pour favoriser la communication et l’écoute du patient ouvre des perspectives dans de nombreux domaines à l’officine : dépendance, problème d’observance, mauvaises habitudes alimentaires, … Par contre, pratiquer un entretien motivationnel, qui peut prendre 30 à 60 minutes, relève de la consultation chez une personne suffisamment formée à cette technique. Il faut souligner que la motivation et la résistance ne sont pas des caractéristiques intrinsèques du patient mais, sont fortement influencées par la relation avec l’entourage et/ou le professionnel de la santé. Etre sensibilisé à cette technique et l’appliquer (dans la mesure de nos moyens), permet alors de réduire cette résistance, voire d’améliorer la motivation intrinsèque du patient. C’est déjà tout un programme… Quelques mots sur l’ambivalence…. L’ambivalence est constituée de tendances opposées qui entrent en L’ambivalence est la clé à résoudre pour que survienne le changement conflit, ce qui bloque les perspectives de changement. En effet, les personnes qui luttent contre des problèmes d’alcool, de tabagisme, ou d’autres surconsommations, connaissent souvent les risques, les coûts et les dommages entraînés par leur comportement. Cependant, pour différentes raisons, elles sont aussi attachées à ce comportement addictif et attirées par lui. Elles veulent changer et en même temps elles ne le veulent pas. Comme professionnel de la santé, on aurait tendance à prendre parti contre la consommation (réflexe correcteur). Dans ce cas on constate souvent, d’une manière qu’on peut juger totalement irrationnelle, que la personne va argumenter en faveur de la consommation. Il a été montré qu’il était plus bénéfique de faire émerger la motivation personnelle de la personne, plutôt que vouloir la convaincre. Notons que la question de l’ambivalence ne se limite pas aux situations d’addiction, mais se rencontre également dans d’autres domaines, lorsqu’il s’agit de choisir entre le confort d’aujourd’hui et la santé de demain ( ex : régime alimentaire). Coûts du statu quo Bénéfices du changement Fig. Un bon moyen d'illustrer l'ambivalence est la métaphore de la balance; il y a des bénéfices et des coûts associés aux 2 options opposées Coûts du changement Bénéfices du statu quo Pourquoi les gens changent -ils ? Prendre une décision est souvent le fruit d’un processus qui suppose que l’on soit suffisamment motivé à la prendre et à la tenir. Quatre conditions favorisent le changement. 1. que le patient ait conscience du problème et qu’elle le reconnaisse comme tel. 2. que ce soit important pour lui de changer (désir, nécessité et raisons de changer) 3. qu’il ait confiance dans sa capacité de pouvoir réaliser ce changement, 4. que ce soit le bon moment, c'est-à-dire que ce soit devenu une question de priorité. Dans le cadre de la cessation tabagique, il arrive souvent qu’un patient demande une aide médicamenteuse; alors qu’il ne réunit pas encore tous les critères qui vont réellement lui permettre de conduire à long terme ce changement. Il peut s’agir d’un manque de confiance ou d’un manque de conviction réelle. Cette attitude conduit régulièrement à la rechute ; mais doit être considérée comme une étape et non un échec vers l’arrêt définitif. Les techniques utilisées dans l’entretien motivationnel permettent dans un premier temps d’explorer l’ambivalence. Après quoi, elles seront utiles pour mettre en évidence les éléments en faveur du changement : désir, capacité, raisons, et nécessité de changer. 2 Stades de changement Le modèle motivationnel de Di Clemente et Prochaska distingue différents stades de conscience du problème de consommation. A chacun de ces stades correspond un accompagnement particulier. Si dans les premiers stades l'information tient une place importante, il s'agira ensuite d'élaborer un projet de changement et de le mettre en action. Ainsi, il est sans doute inadéquat de proposer directement une stratégie de sevrage à une personne qui serait au stade de préintention ou d’intention. L’approche motivationnelle est très utile pour faire évoluer la personne jusqu’au stade de l’action, particulièrement lorsque la personne est au stade de l’intention ( ou de l’ambivalence). Préintention Intention Rechute Maintien Préparation Action Envisagez vous un jour d’arrêter ? Pas dans les 6 mois à venir Préintention Oui, un jour (< 6 mois) Intention Oui, bientôt ( < 1 mois) Préparation Oui, mais je n’y suis pas arrivé Rechute Stades de changement : ex : le cas du fumeur 1.Préintention Le fumeur ne considère pas ou ne veut pas considérer sa consommation de tabac comme un problème. Objectifs et stratégies d’intervention - augmenter la prise de conscience, amener à réfléchir sur le problème (approche motivationnelle) - « Quels sont les inconvénients liés à la cigarette qui vous inquiètent le plus ? » - « Peut – être votre toux est – elle causée par une infection virale, mais il est prouvé qu’il existe un lien entre la toux et le tabagisme. » - proposer une information (ex brochure, ligne tabac stop) Il y a prise de conscience. Le patient a intégré le fait qu’une consommation au départ ponctuelle est devenue plus qu’une habitude, qu’il est devenu dépendant de cette consommation. Par contre, il ne voit pas la nécessité de changer 2. Intention (avec tout ce que cela comporte en terme d’inquiétude et d’appréhension). Objectifs et stratégies d’intervention - soulever les éléments en jeu dans la décision : identifier les effets positifs de l’arrêt, identifier les croyances, craintes et connaissances (approche motivationnelle) - "Qu’est - ce vous aimez dans le fait de fumer ? " - "Quels sont les inconvénients liés à la cigarette qui vous inquiètent le plus ? " - "Que craignez - vous en arrêtant de fumer ? " - "Que retireriez - vous de l’arrêt de la cigarette ? Pourquoi souhaiteriez – vous arrêter ?" - ener à prendre une décision et exprimer son soutien La personne est consciente de l’intérêt de l’arrêt de sa consommation MAIS y reste attachée. 3. Préparation Les avantages de l’arrêt se montrent plus marquants. L’ambivalence est sans doute un problème clé à résoudre pour que le changement survienne. L’action d’arrêt est envisagée mais n’est pas encore précise dans le temps. La personne commence à s’y préparer. Objectifs et stratégies d’intervention - informations sur le sevrage et médicaments d’aide à l’arrêt - "Savez – vous qu’il existe différents médicaments pour arrêter de fumer ? Que savez - vous à ce propos ? Qu’en pensez – vous ? " - renvoi chez le médecin pour les situations plus difficiles - encourager la décision La personne a confiance en ses capacités de changement, c’est le bon moment pour elle. Elle voit, dans ce changement, une amélioration dans sa qualité de vie, origine de sa motivation. C’est une étape difficile, qui nécessite beaucoup de 4. Action soutien et de valorisation de la part des soignants et de l’entourage. Objectifs et stratégies d’intervention - informations sur les moyens d’action (prise correcte médicaments et conseils hygiéno-diététiques) - soutien et suivi du sevrage, importance de la fréquence des contacts - "Comment vous sentez - vous maintenant que vous avez arrêté de fumer ? " - "Quels sont pour vous les aspects positifs de la cessation tabagique ? " - valoriser la décision et soutenir le patient - référer à un spécialiste en cas de symptômes de sevrage importants 5. Maintien – Consolidation La personne a arrêté depuis plus de 6 mois. Elle a le sentiment d’être capable de s’en passer, ce qui favorise l’estime de soi. Elle tente aussi de trouver des alternatives à cette consommation. Objectifs et stratégies d’intervention - L’objectif principal de cette étape est d’éviter la rechute. - consolider les acquis (ex : , goût amélioré, économie, meilleure haleine) - stabiliser le changement comportemental (ex : hygiène de vie, maintien du poids,...) - rappeler régulièrement les motivations à l’origine du changement - Si de nouvelles difficultés apparaissent, un renvoi chez le médecin s’impose La personne doit être rassurée. "Craquer" est humain. Ce n’est pas catastrophique, pour autant que l’on puisse trouver en soi les motivations pour se relever. Rechute Objectifs et stratégies d’intervention Ecoute empathique, questions ouvertes et résumés permettront de comprendre l’origine du découragement : - - « Y a-t- il eu des symptômes de sevrage ? » « Vous avez arrêté de fumer pendant 4 semaines, c’est déjà une réussite. Quelles sont les motivations qui vous pousseraient à réessayer d’arrêter ? Quels seraient les moyens complémentaires nécessaires pour une prochaine tentative de sevrage ? " « Je comprend que vous soyez déçu d’avoir recommencé à fumer après 4 semaines d’arrêt, mais d’autre part, vous avez réussi à arrêter de fumer pendant 4 semaines !" 3 Approche motivationnelle Définition et état d’esprit L’entretien motivationnel est une approche directive centrée sur la personne visant à amener un changement de comportement en aidant le patient à explorer et à résoudre son ambivalence, à sortir de son immobilisme. L’ambivalence, hésitation dans le choix entre deux ou plusieurs options, est considérée comme un frein puissant à la décision de changer. Le principe est de créer et d’amplifier, dans la manière de voir du patient, une divergence entre son comportement actuel et ses valeurs de références ou ses objectifs plus généraux. Le professionnel de la santé aide à identifier ses valeurs intrinsèques qui seront les moteurs du changement. La motivation au changement doit venir de la personne elle-même, elle n’est pas imposée par l’extérieur. Or, comme professionnel de la santé, on aurait tendance à prendre parti contre la consommation (réflexe correcteur). Dans ce cas on constate souvent, d’une manière qu’on peut juger totalement irrationnelle, que la personne va argumenter en faveur de la consommation. Cette approche est marquée par une forme de partenariat entre un intervenant et une personne. L’entretien se déroule dans une atmosphère empathique : la persuasion, la confrontation agressive et l’argumentation sont des concepts opposés à l’esprit de cette méthode. Ex : Patient : « Ma toux n’a rien à voir avec ma consommation de tabac. Vous savez comme moi que par ce temps, et, en contact permanent avec des enfants en bas âge, on attrape tous les virus qui passent … » Pharmacien(ne) :(affrontement) « Ne me dites pas qu’avec les 2 paquets de cigarettes que vous fumez par jour, cela ne vous irrite pas les voies respiratoires. Quoi qu’il en soit, et surtout si vous êtes en contact avec des jeunes enfants, je vous conseille d’arrêter de fumer, vous verrez rapidement un effet positif sur votre toux et votre santé en général. » Pharmacien(ne) (non confrontant) « Vous pensez que votre toux peut être provoquée par une infection virale. Et vous avez probablement raison. Toutefois, fumer irrite les voies respiratoires et les rend plus sensibles à ce type d’infection. En attendant, on va chercher une solution pour soulager cette toux gênante. » Les principes Les principes de base définissent des attitudes de l’intervenant dans la conduite de l’entretien. 1. Exprimer de l’empathie L'empathie désigne une attitude envers autrui caractérisée par un effort objectif et rationnel de compréhension intellectuelle des ressentis de l'autre. Excluant particulièrement tout entraînement affectif personnel (sympathie, antipathie) et tout jugement moral. Nous avons souvent tendance à donner des conseils, à réconforter, à donner notre avis ou à exposer notre sentiment. Lorsqu’on a besoin d’empathie, il est parfois frustrant d’être en face d’une personne qui part du principe que l’on veut être rassuré ou obtenir une « recette miracle ». On peut exprimer de l’empathie soit en exprimant directement sa compréhension, soit en reflétant ses pensées et émotions sans porter de jugement. Ex : « Vous avez traversé une épreuve particulièrement éprouvante ». 2. Développer la divergence La motivation au changement survient lorsque les gens perçoivent une contradiction entre leur comportement actuel et leurs valeurs et/ou objectifs personnels. Le travail motivationnel consiste à relever ses contradictions. Les arguments en faveur du changement sont ceux du patient ( par ex : boire de l’alcool versus être un « bon » père de famille). 3. Rouler avec la Résistance – Eviter les argumentations Le style confrontationnel renforce les résistances : plaidoyer pour le changement, argumenter, démontrer, prouver, faire réfléchir, persuader. La résistance du patient peut se repérer essentiellement par quatre types d’attitude du patient : rejet de l’expertise et/ou désintérêt face au discours du thérapeute, interruption défensive de son discours, déni du problème, … Il ne faut pas s’opposer à la résistance mais la considérer comme naturelle et compréhensible dans un processus de changement. Elle doit être considérée comme un signal, elle nous signifie qu’il faut changer d’attitude. 4. Renforcer le sentiment d’efficacité personnelle Le patient se sentira prêt à changer s’il a une confiance suffisante en sa capacité à mettre en oeuvre le changement. Ainsi une personne pourra réaliser l’effet néfaste de sa consommation de tabac sur la qualité de sa peau mais ne s’engagera pas pour autant dans un processus de changement de comportement si elle n’a aucune confiance en sa capacité à réussir. Il est donc indispensable d’encourager la personne, de la valoriser et ce, tout au long de sa démarche. Les techniques « OU V E R » Ces techniques sont utilisées pour ouvrir la communication. Elles permettent dans un premier temps d’explorer l’ambivalence. Après quoi, elles seront utiles pour mettre en évidence les éléments en faveur du changement : désir, capacité, raisons, et nécessité de changer. 1. Questions OUvertes A l’inverse des questions fermées (réponses brèves, réponses oui ou non), les questions ouvertes favorisent l’expression des motivations intrinsèques du patient, et permettent de faire ressortir ses préoccupations. Exemples de questions ouvertes pour faire progresser le patient vers une décision d’arrêt Statu quo «Qu’est-ce vous aimez dans le fait de fumer ? «Quels sont les inconvénients liés à la cigarette qui vous inquiètent le plus ? » Changement «Que retireriez-vous de l’arrêt de la cigarette? » «Quelles seraient vos craintes en arrêtant la consommation de tabac ? » Exemples de questions fermées « Ne trouvez-vous pas qu’il serait important de diminuer votre consommation de cigarettes? » « Avez-vous peur de prendre du poids en arrêtant du fumer ? « Vous avez déjà pris du poids ? » « Vous êtes-vous fait aider par vote médecin ? » 2. Valorisation Pour renforcer l’ouverture de la relation, il faut veiller à valoriser le patient et le soutenir durant tout l’entretien. Le simple fait qu’il ait envie de changer peut déjà être souligné. « Le fait d’avoir déjà diminué votre consommation est une bonne chose » « C’est une étape importante que vous venez de franchir en décidant d’arrêter de fumer. Cette décision n’a pas dû être facile à prendre. Je vous en félicite. » 3. Le reflet et l’Ecoute active Le reflet permet à l’intervenant et au patient d’être sur la même longueur d’onde et de faire ressortir les motivations du patient. Un reflet est une affirmation et non une question, il permet de résumer et de compléter ce que dit le patient et ce à deux niveaux : on peut faire un reflet de contenu et/ou de sentiment. Il existe des réactions qui sont des freins à l’écoute active : conseiller, fournir des solutions, dire aux gens ce qu’ils doivent faire, juger, critiquer, argumenter, moraliser, étiqueter, démontrer, rassurer, se mettre en retrait ou changer de sujet,... Patient : « Si j’essaie d’arrêter mes cigarettes, je ne tiendrai pas trois jours » Pharmacien(ne): « Vous ne voyez pas comment vous pourriez arrêter de fumer » (reflet simple). Pharmacien(ne) : « D’une part, vous avez envie d’arrêter de fumer et, en même temps, vous manquez de confiance en vous pour aller au bout de cette décision » (double reflet, qui tient compte de l’ambivalence de la personne). Patient : « J’ai décidé d’arrêter de fumer mais c’est sans médicaments » Pharmacien(ne) : « J’entends que vous êtes motivée et d’autre part, vous êtes réticent à l’utilisation de médicaments » 4. Le Résumé Les résumés permettent de renforcer les éléments qui viennent d’être discutés et témoignent de l’écoute de l’intervenant. Ils permettent également de souligner une ambivalence, de faire ressortir un élément important de la motivation du patient et de dégager des pistes stratégiques de changement. Exemple : « Si je résume, depuis 4 ans, vous fumez, cela correspond à votre changement de travail. Cela vous détend, vous vous retrouvez au coin fumeurs entre collègues et vous trouvez ces rendez vous très conviviaux. Par ailleurs, vous constatez une diminution de vos performances sportives et cela vous dérange de plus en plus… ». L’objectif de l’approche motivationnelle est d’aider les personnes à explorer leur vécu et leur ambivalence. Il est important de mélanger les questions ouvertes, les reflets, les résumés pour faire ressortir les inconvénients du statut quo, les avantages du changement, l’optimisme concernant le changement et l’intention de changer. Eviter les pièges ! 1. Les questions réponses. Cette manière de dialoguer donnera lieu à des réponses brèves de la part du patient et suggère que l’interaction se déroule entre un expert actif et un patient passif. Pharmacien(ne) : « Pensez-vous que vous fumez trop ? » Patient : « Sans doute,…. » « Combien de cigarettes fumez-vous ? Vous fumez beaucoup ? A quelle heure fumez-vous votre première cigarette ? » 2. La prise de parti Comme professionnel de santé, si nous détectons un élément en faveur de l’existence d’un problème de santé, il nous parait normal d’en faire part au patient. Celui-ci pourrait exprimer une résistance telle que « je ne vais pas mal à ce point… ». Dans ce cas, en argumentant en faveur du changement, on risque de favoriser l’argumentation du patient ambivalent dans le sens « il n’y a pas de problème ». Pharmacien(ne) : « Vous êtes papa maintenant, les conséquences du tabagisme passif sont clairement établies actuellement. Je vous conseille vivement d’aller en parler avec votre médecin. » Patient : « Je le sais bien, je ne fume jamais en présence de mon enfant, Par contre, j’ai besoin de ces cigarettes pour gérer mon stress et être plus disponible pour mon enfant. » Pharmacien(ne) : « Vos problèmes de santé actuels devraient vous motiver à arrêter de fumer. Ne pensez-vous pas ? » 3. L’expertise Le professionnel de la santé donne l’impression qu’il a réponses à toutes les questions, ce qui tient le patient dans une passivité incompatible avec l’objectif qui est de résoudre par lui même son ambivalence. Dans l’entretien motivationnel, on considère que le patient est l’expert dans le sens où il sait mieux que quiconque quels sont ses objectifs, valeurs, compétences, motivations, … Pharmacien(ne) : « Le tabagisme durant la grossesse a plusieurs conséquences : la consommation de tabac est la principale cause de décès prématuré, … Vous devriez en tenir compte.». Dans ce cas, sans imposer son plaidoyer au changement, on peut proposer à la patiente, une information sur la grossesse et le tabac. Pharmacien(ne) : « Je suppose que vous savez que pilule et tabac ne font pas bon ménage » Pharmacien(ne) : « Moi, j’imagine bien pour vous une traitement de substitution nicotinique avec gommes à 2mg et un suivi chez un tabacologue » 4. L’étiquetage Vouloir faire accepter au patient une étiquette (alcoolique, dépendant, …) est dévalorisant, jugeant, inefficace et devient rapidement un obstacle à la progression. Pharmacien(ne) : « Etant donnée votre consommation (plus d’un paquet par semaine), vous êtes devenu dépendant » Pharmacien(ne) : « Comme vous êtes un gros fumeur, je ne vois pas comment faire l’impasse d’une aide médicamenteuse » Pharmacien(ne) : « Vous êtes très dépendant » 5. La focalisation prématurée Il se peut que professionnel de la santé et patient ne soient pas concentrés sur le même problème. Le piège est de vouloir tirer le patient vers ce qu’on croit être la bonne perception du dit problème et de vouloir rapidement le corriger. Un patient fumeur vient chercher un sirop antitussif. Sa toux perturbe ses nuits, déjà agitées actuellement à cause de tracas personnels. Pharmacien(ne) : « Vous savez que fumer provoque ce type de toux. Au lieu de masquer le symptôme, il serait préférable de prendre le problème à la base ». Pharmacien(ne) : « Arrêtez de fumer et vous retrouverez un sommeil paisible sans tousser » 4 Pour en savoir plus : - Miller, Willem R., Rollnick, Stephen, Lécalallier, Dorothée, Michaud, Philippe. L’entretien motivationnel : Aider la personne au changement. InterEditions, 2006. - DICLEMENTE C.C., PROCHASKA J.O., FAIRHURST S.K., VELICER W.F., VELASQUEZ M.M., ROSSI J.S – The process of smoking cessation : An analys of precontemplation, contemplation, and praparation satges of changes. J Consult Clin Psychol 59: 295-304, 1991. _ Miller, Willem R., Rollnick, Stephen, C. C. Butler L’entretien motivationnel : Pratique de l’entretien motivationnel - Communiquer avec le patient en consultation - InterEditions, 2009 - http://www.entretienmotivationnel.org/