Un appartement pour sortir de la rue

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Un appartement pour sortir de la rue
La Ferté-sous-Jouarre
La Marne - Mercredi 16 décembre 2015
18
Solidarité
Un appartement pour sortir de la rue
L’association Toit à moi est en train d’acheter un troisième appartement dans le centre de La Ferté.
Comme les deux premiers, il doit accueillir un ancien
SDF. Julien est l’un d’eux. Rencontre.
u mur, un drapeau
breton et deux
écharpes
de
l’équipe de football nantaise. Sur
son canapé, Julien s’agite
mais sa voix est calme.
Aujourd’hui, le Nantais de
bientôt 32 ans vit dans un
appartement de 36 m2, qu’il
loue à l’association Toit à
moi, également d’origine
nantaise. Il paie son loyer de
295 euros, plus son électricité et son eau. Son T2 est
bien propre, avec du parquet
dans le salon. « J’ai toujours
été comme ça, même dans
les squats. » Il y a deux mois,
il vivait encore en Bretagne,
déjà aidé par l’association.
Mais il a dû quitter cette
région qui l’a vu grandir et
souffrir, pour enfin rebondir
vraiment.
Son regard est à la fois
réaliste et sans concession
sur sa vie d’avant. « Je n’ai
pas de famille », dit-il sobrement, sans larmoyer. Sa mère
était déjà dans la rue. Lui a
été placé. Après le lycée, il se
forme à la cuisine, puis à la
mécanique auto.
À 21 ans, il quitte son foyer.
Et la galère commence,
après un contrôle où il se fait
piquer sur une mob’, alcoolisé. Dès lors, impossible de
se rendre sur son lieu de travail. La rue l’accueille, l’alcool, la drogue. Son petit
frère de 20 ans est également
A
sans domicile fixe, à Nantes.
« Mais c’est un feignant ,
assène Julien ».
« On ne comprend pas
quand on est dedans »
Lui, il a profité de l’aubaine
offerte par l’association pour
quitter Nantes. Partir, changer d’air et d’environnement,
il l’a fait, grâce à l’association, qui lui a payé les billets
d’avion vers le Canada, où il a
passé trois mois à faire du
woofing (travail dans une
ferme non rémunéré mais où
il a été logé et nourri). À son
retour, il a quasiment décroché de l’alcool et la drogue.
Aujourd’hui, à La Ferté, il
« peut aller chez les commerçants », on ne le voit plus
comme un ivrogne. Par
contre, selon lui, son voisin
est alcoolique. « Et dire que
j’ai été comme ça… On ne
s’en rend pas compte quand
on est dedans. »
Finie la rue, finie la galère,
les petits métiers dans la cuisine ou la mécanique. Il veut
se former pour devenir éleveur.
Avec la bénévole de l’association, il cherche des formations auprès de Pôle
Emploi. « Mais ici, ils ne sont
vraiment pas rapides, c’est
comme pour l’administration,
la CMU, la paperasse… » Il
compte devenir éleveur, mais
en région parisienne, ce n’est
pas si simple. « J’ai discuté
Entre le football nantais et le hockey de Montréal, Julien voit son passage fertois comme une étape vers une nouvelle
vie.
avec des anciens, affirme-til. Avant il y avait des vaches.
Mais aujourd’hui, les céréaliers sont partout. Avec quel
lait ils le font, votre brie de
Meaux ? », s’amuse le trentenaire.
Casquette vissée sur le
crâne et diamant fiché dans
le lobe, Julien a « pris la bougeotte ». Il doit partir, découvrir d’autres choses. Réagir.
« Dans la rue, on ne vit pas
jusqu’à 60 ans. Et déjà dès 40
ans, si on choisit de se laisser
aller, on n’en revient pas.
J’en ai vu partir beaucoup. »
Lui, s’il veut partir, c’est vers
l’Auvergne ou l’Ardèche, ou
bien Grenoble où il a « un
pote » également sorti de la
dèche. Pourquoi pas, aussi,
aller en Allemagne, chez une
connaissance rencontrée
dans le train.
Mais pour l’instant, c’est
en Seine-et-Marne, entre La
Ferté et Meaux, qu’il commence sa nouvelle vie. Et
près de Melun, aussi, où il a
« trouvé un petit bout de
femme », sourit-il, les yeux
lourds mais clairs. Dans son
appartement, où bientôt,
peut-être son chien Klaxon,
son compagnon de rue resté
à Nantes, viendra le rejoinPierre Serizay
dre.
Toit à moi en bref
L’association Toit à moi a été créée en 2007 à Nantes.
Elle achète des appartements grâce à des dons de particuliers, qui servent à rembourser les emprunts bancaires. Des entreprises mécènes financent les salaires de
travailleurs sociaux et de responsables. L’association
est propriétaire de neuf appartements à Nantes et
essaime en commençant par La Ferté, et ses trois
appartements. Un quatrième devrait y être acheté en
2016. Un projet pourrait aussi voir le jour à Toulouse.
Association Germinale
La conciergerie va fermer ses portes
Une affiche apposée sur
les locaux de la conciergerie
de Germinale, à proximité de
la gare, explique tout. Elle
rappelle qu’une entreprise
d’insertion comme Germinale
a besoin de subventions de
fonctionnement pour vivre.
« L’an passé, la Ville de La
Ferté-sous-Jouarre a sup primé 25 % de ce que touchait Germinale les années
précédentes », peut-on y lire.
« Cette année, le maire nous
a annoncé que nous n’aurons plus aucune aide. Les 14
postes seront supprimés. »
La mairie précise pour sa
part que « la conciergerie
appartient à la SNCF, qui a dû
mettre fin aux activités de
Germinale afin de récupérer
l’usage du bâtiment, dans le
cadre du futur réaménage-
EN BREF
■ PAYS FERTOIS
Réveillon solidaire • Le Centre social du Pays fertois propose
pour la première fois un réveillon solidaire le 31 décembre
2015, à partir de 19 h. Le principe : chacun apporte quelque
chose à partager. Inscription au 01 60 22 19 19 ou par mail [email protected].
■ LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE
Seniors • Le traditionnel repas de Noël des seniors aura lieu
mercredi 16 décembre à la salle polyvalente et les colis seront
distribués vendredi 18 décembre au théâtre municipal.
Restos du cœur • Les Restos du cœur viendront récupérer les
denrées alimentaires collectées auprès des élèves du lycée
Sainte-Céline, vendredi 18 décembre à 13 h.
■ COULOMMIERS
Concert • Vendredi 18 décembre à 20 h 30, l’église de
Coulommiers accueillera un concert chant, hautbois et orgue
avec Léonore Guizard, Monique Trecan, Hervé Le Liepvre et
Emmanuel Hocde.
Bruno Buffières, responsable, et Aurélie Aydogdu présentaient les réalisations des ateliers au marché de Noël de Saint-Cyr-sur-Morin.
ment du pôle gare. De notre
côté, nous n’avons qu’un seul
impératif : u t i l i s e r c h a q u e
denier public au mieux. » La
conciergerie fonctionnait
depuis sept ans.
G. R.
■ JOUARRE
Jouarre Agglomération Handball • Le club dispose désormais
de son site internet. Suivez toute l’actualité des Diables
Rouges sur http ://jouarrehb. clubeo. com.