3ème partie - CESER Aquitaine
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3ème partie - CESER Aquitaine
III. FOCUS SUR 4 GROUPES D’ACTIVITES DES STIC EN AQUITAINE Etant donnée l’extrême diversité du secteur, il n’est pas possible, dans le temps imparti et compte tenu des moyens d’investigation dont dispose la Section, de présenter une typologie exhaustive des activités productives liées au numérique en Aquitaine. Toutefois, au regard de leur importance relative dans la région, nous avons retenu quatre sous secteurs pour une analyse plus approfondie : les STIC liés à la production industrielle stricto-sensu pour lesquelles perdure un héritage régional significatif ; les TICS (Technologies de l’Information et de la Communication pour la Santé) domaine de spécialisation de l’Aquitaine, en nous appuyant sur notre précédant rapport de saisine : Etat des lieux et perspectives à 5-10 ans des filières industrielles liées à la santé d’octobre 2012 ; le secteur des Jeux Numériques pour lesquels l’Aquitaine a déjà acquis une notoriété certaine ; les SSII (Sociétés de Services en Ingénierie Informatique) renommées aujourd’hui : Entreprises de Service du Numérique, pour une approche synthétique du cœur des STIC adressés aux entreprises. Dans chaque groupe, des fiches-témoins d’entreprises auditionnées par la Section fourniront des illustrations concrètes, à titre d’exemple. III.1. LES STIC LIES A LA PRODUCTION INDUSTRIELLE Dans la relation du numérique à la production industrielle on peut distinguer deux groupes d’entreprises : les « Activités de fabrication des TIC » (reprenant la terminologie de l’OCDE, utilisée en 1ère partie du rapport) qui figurent dans le noyau central de l’économie numérique (cf. Figure 1) et les STIC connexes de nouvelles formes de production industrielle qui se situent dans le cercle 2 (« entreprises qui n’existeraient pas - ou plus – sans le numérique »). Les premières sont directement identifiables par leur code NAF43 : 26 (-11, -12, -20, -30 -40, -80), les secondes sont dispersées, au cas par cas, au sein d’autres branches de fabrication industrielle. III.1.1. Activités de fabrication des TIC Comme on l’a vu en 1ère partie, la base de données CLAP de l’INSEE recensait, en 2010, 104 entreprises sous cette rubrique, en large majorité dans les fabrications de cartes électroniques assemblées et d’équipements de communication, comptant 1 263 salariés au total, soit une proportion relativement faible tant de l’emploi salarié dans l’ensemble des TIC en Aquitaine (6% des effectifs régionaux), qu’en part des effectifs nationaux équivalents (1,6 % des effectifs de France métropolitaine et 2,2 % des effectifs de France de province), ce qui reflète - une fois encore - la sous-industrialisation relative de l’Aquitaine. A partir des années 60 ce secteur, au regard de l’emploi salarié de la branche industrielle dénommée à l’époque « Construction électrique et électronique » par l’INSEE, a connu en Aquitaine, comme dans la plupart des régions métropolitaines, une croissance spectaculaire : 4 000 emplois directs dès 1970, 9 000 en 1980, 12 000 en 1990, avant de plafonner sur les années 90 et de régresser fortement ensuite sous le double effet de l’externalisation (sous43 Pour autant que ces derniers correspondent bien encore à l’activité initialement déclarée à l’enregistrement de l’entreprise (cf. libellés en annexe 4). 54 traitance vers d’autres branches d’activité) et de la délocalisation des fabrications en grande série vers les pays low cost, Ainsi des majors du secteur se sont d’abord implantés en Aquitaine, à l’exemple d’IBM, relayé par Solectron à Canéjan (qui comptera jusqu’à 4 000 salariés avec l’arrivée de la téléphonie mobile), de Siemens à Lormont, de Sony à Pontonxsur-Adour et Bayonne, de Pioneer à Cestas… avant de quitter la région par abandon de l’activité ou sa délocalisation. De cette époque subsiste toujours, au prix du repliement en sous-traitance sur des productions spécialisées en petites séries, des établissements de main d’œuvre tels BMS Circuits à Bayonne- Mouguerre (cf. Fiche d’entreprise n°1 ci-après), de Cofidur à PérigueuxBoulazac (après la reconversion de l’ex Compagnie des Signaux de la fabrication des terminaux de la Française des jeux vers la sous-traitance électronique pour le groupe Thales), de FEED Fabrication Electronique de Dordogne à Ste Alvère (toujours pour la fabrication de cartes électroniques destinées aux secteurs aéronautique et ferroviaire)… S’y ajoutent toutefois quelques créations plus récentes à l’instar d’Innovelec Industrie (année 2000) à Boulazac (24) et Boé (47). Toutes ces entreprises ont en commun de rester des PME, implantées dans des bassins d’emploi disposant d’une main d’œuvre accessible, ce qui ne les empêche pas de sous-traiter, à leur tour, quelques fabrications à faible valeur ajoutée vers les pays du Maghreb. Une mention complémentaire doit être faite pour l’entreprise I2S à Pessac (cf. Fiche d’entreprise n°2 ci-après) qui a « migré » du code NAF 2670 (matériel optique et photographique) vers le code 2620 (fabrication d’ordinateurs et d’équipement périphériques), traduisant la montée des processus de numérisation. Ses dirigeants jouent un rôle particulièrement actif dans la région, au sein de structures de soutien telles que l’AEC et l’ADEISO, présentées plus haut. III.1.2. STIC connexes d’autres branches de fabrication industrielle En Aquitaine, plusieurs groupes d’activité sont à relever, en illustration de l’émergence décisive du numérique. Il s’agit tout d’abord du complexe ASD pour lequel œuvre un nombre significatif d’entreprises régionales développant des solutions numériques, en particulier pour l’électronique embarquée. Elles se retrouvent en large part sous le code 2651A : Fabrication d’équipements d’aide à la navigation, ce qui inclut le maritime, le routier et le ferroviaire à côté de l’aérien. Il en existe de toutes tailles, de la TPE artisanale aux PME (2MoRO à Bidart, Eukréa à Pessac…) et ETI (à l’exemple de TELERAD avec sa centaine de salariés à Anglet), succursales (Isis Mpp pour NEXEYA Systems à Mérignac) jusqu’aux grands groupes : DASSAULT Systems dont le siège est à Vélizy-Villacoublay en Ile-de-France avec une antenne à Colomiers (31) pour le Sud Ouest, et surtout en Aquitaine les établissements girondins du groupe Thales en voie de regroupement sur Mérignac (cf. Fiche entreprise n°3 ci-après). On trouve également des fabricants d’instrumentation scientifique et technique qui intègrent de plus en plus les TIC, à l’exemple de KIMO à Montpon (24) ou de A Puissance 3 à Saucats (33) ; des fabricants de matériels optiques et photographiques : I2S antérieurement, AMPLITUDE Systèmes (lasers) à Pessac, récemment implantée depuis l’Ilede-France ; un fabricant de machines pour les industries textiles : LECTRA à Cestas, illustration emblématique de la montée du numérique dans l’industrie (cf. Fiche d’entreprise n°4 ci-après )… 55 Fiches des entreprises du secteur des STIC liés à la production industrielle auditionnées Fiche 1 BMS Circuits – Bayonne Manufacturing Services Circuits à Mouguerre (64) Fiche entreprise : BMS Circuits (Bayonne Manufacturing Services Circuits) - Mouguerre (64) Code NAF : 2630 – Fabrication d’équipements de communication Implanté dès 1975 sur la zone industrielle de Mougerre, dans l’agglomération bayonnaise, au sein du groupe SAT (Société Anonyme des Télécommunications), par choix des « aménités » de la Côte Basque, l’établissement a successivement appartenu aux groupes SAGEM puis SAGEMCOM, avant d’être repris en 2012 – sous son nom actuel – par le Fonds d’Investissement AIAC (American Industrial Acquisition Corporation). En restant positionnée sur la sous-traitance de production électronique, la société BMS Circuits s’est réorientée de fabrications de grandes séries (décodeurs, modems, etc…) désormais délocalisées vers des pays low cost, sur des productions plus spécifiques en petites séries à partir de son cœur de métier : les cartes électroniques, déclinées en diverses applications telles la géo-localisation routière ou ferroviaire (Coyote, Sierra Wirless,…), la transmission d’informations sur des lignes à haute tension « intelligentes » (Alsthom…), la domotique. Sur des marchés étroits, essentiellement nationaux, et fortement soumis à une concurrence franco/française (depuis Rhône-Alpes mais aussi Bretagne et Pays de Loire) la visibilité est faible, les contrats de fabrication en sous-traitance étant à très court terme. Les espoirs sont mis, en autres, actuellement sur des produits de seconde monte pour le marché automobile. Toutefois les effectifs salariés poursuivent leur érosion, par non-remplacement de départs à la retraite, sur une pyramide des âges du personnel plutôt âgée. Les effectifs sont de l’ordre de 260 aujourd’hui, dont une centaine d’opérateurs ouvriers travaillant en 2x8 (voir 3x8 si besoin), sur quatre lignes de production de circuits imprimés, montés sur les différents types de produits. Leur recrutement se fait sur le bassin d’emploi local, pour la plus large part en intérim. Les techniciens viennent de BTS ou DUT en électronique, électrotechnique, conduite de machines automatiques ; une quarantaine de personnes travaille sur les moyens de test dont quelques uns en développement. Les relations avec des entreprises régionales sont pratiquement nulles, les marchés étant au nord et à l’est de la France, d’où un positionnement excentré du site bayonnais, jugé lointain par les donneurs d’ordres. BMS Circuits participe aux réunions de l’ADEISO où les informations et les contacts sont juges utiles, et de l’UIMM car la convention collective de l’établissement relève de la métallurgie. Les préoccupations actuelles concernent, à la fois, la trésorerie et les investissements nécessaires pour le renouvellement du matériel, face à la double difficulté de l’éparpillement des interlocuteurs et de « l’effet de seuil » qui ferme l’accès à certains types de soutiens pour les entreprises de plus de 250 salariés, même si elles restent des PME. Entretien avec M. Thomas COCQUEMPOT, Directeur des Opérations - mardi 11 juin 2013 56 Fiche 2 I2S – Innovative Imaging Solution à Pessac (33) Fiche entreprise : i2S (Innovative Imaging Solutions) – Pessac (33) Code NAF : 2620 – Fabrication d'ordinateurs et d'équipements périphériques La société dont le siège social se situe à Pessac (33) a été créée en 1979 par deux ingénieurs de l’Aérospatiale, Jean Louis Blouin et Alain Ricros. Introduite en bourse en 2007, et très fortement capitalisée, elle emploie aujourd’hui environ 70 personnes sur le site de Pessac et 15 à Victor (près de Rochester, au nord de l’Etat de New York, USA). Spécialisée initialement dans les systèmes de vision numérique, automates de capture et traitement de l’image, l’entreprise développe également depuis le début des années 90 des solutions de numérisation et de valorisation du patrimoine numérique, culturel, administratif et industriel. Ainsi, le groupe i2S s’organise autour de trois divisions : - i2S Vision : distribution de composants de vision industrielle et services. Cette division réalise près de la moitié de l'activité du groupe (5 à 6 millions de CA) sur un marché essentiellement national sur lequel elle occupe une position de leader. Les clients sont de grands industriels équipementiers exportateurs ainsi que des centres de recherches technologiques privés ou publics (Thales, Lectra Systèmes, le CEA…) ; - i2S OEM Devices : conception et fabrication de systèmes de vision numérique dédiés, pour de grands équipementiers du biomédical, de l'industrie, du sport et des « clean technologies » ; Bio Mérieux, Schlumberger, Omega - avec qui la société a mis au point la première photo finish couleur aux JO d'Atlanta, First Solar, font partie des clients du groupe. Cette activité génère environ 2 millions de CA et connaît un développement prometteur ; - i2S DigiBook : conception, fabrication et commercialisation de scanners haute résolution d’ouvrages culturels, administratifs et industriels ; de logiciels de traitements d’image ; de solutions de création de bibliothèques en ligne ; de développement des services liés à ces activités. i2S DigiBook est leader mondial sur ce marché et réalise 90 % de ses ventes à l’étranger (près de 80 pays couverts, 6 à 7 millions de CA). Afin de renforcer cette position et d’élargir sa gamme de produits et logiciels associés, le groupe a pris le contrôle en 2009 de la start-up bordelaise Amanager, spécialisée dans les applications online de production de contenus multimédias, et a acquis (à 65%) en 2011 l’américain Kirtas Technologies, leader mondial des scanners automatiques de livres. A l’origine ou associé à de nombreuses innovations technologiques depuis sa création, le groupe est très actif en matière de R & D. Dans ce cadre, il participe activement à Polinum (Plateforme Opérationnelle pour le LIvre NUMérique), plateforme collaborative de recherche et développement pour la numérisation et la valorisation des fonds patrimoniaux, industriels et informationnels qui regroupe un consortium de 8 partenaires français, privés et publics, financés en partie par l’Europe et la région Aquitaine. Audition de M. Alain RICROS, co-fondateur d’i2S (Président d’AEC) Vendredi 25 janvier 2013 57 Fiche 3 Thales Avionics – Le Haillan (33) Fiche entreprise : Thales Avionics – Le Haillan (33) Code NAF : 2651A – Fabrication d'équipements d'aide à la navigation Il y a près de 40 ans en Aquitaine, sur le site du Haillan, le groupe Thomson-CSF a implanté une activité majeure de sa Division « Avionique Générale ». Cette unité est devenue plus tard Sextant Avionique et depuis le tout début des années 2000 Thales Avionics. L’usine du Haillan au fil de ces changements de noms a toujours développé une forte compétence dans l’avionique civile et militaire et fait des systèmes de visualisation et de l’interface HommesSystèmes sa spécialité reconnue. Aujourd’hui c’est une des entités de la Division Avionique du Groupe Thales. Cette division forte de près de 9 000 collaborateurs conçoit, développe et produit des systèmes et équipements pour les fonctions de commande et de gestion du vol, la navigation les communications et la surveillance. Ces activités de la Division Avionique font du Groupe Thales dans ce domaine le N°3 mondial derrière les américains Honeywell et Rockwell Collins et le leader européen de l’avionique de vol. Dans la gamme très étendue proposée par la Division Avionique de Thales à ses partenaires civils et militaires c’est au site du Haillan que revient l’objectif de développer la plus grande partie du cockpit des aéronefs, avions, ou hélicoptères et les interfaces Hommes-Systèmes associées. C’est ainsi par exemple que les systèmes de visualisations de tous les Airbus, ceux de l’avion de combat Rafale, de l’avion de transport A400M et des hélicoptères Tigre et NH90 de même que le Viseur de Casque Topwol (référence mondiale de ce type de produit) sortent de l’usine du Haillan. Avec Airbus, ATR, Bombardier, Dassault, Eurocopter, Sikorski, Sukhoi, entre autres, la liste est longue des avionneurs mondiaux pour lesquels, à travers ses produits, le site Thales Avionics du Haillan est partenaire de rang 1. Derrière ces produits, la part du logiciel et du système n’a cessé de progresser. Si l’on parle souvent aujourd’hui de l’avion plus électrique, on pourrait tout aussi bien dire que l’avion des dix prochaines années sera de plus en plus « numérique ». Pour maitriser la complexité des systèmes intelligents de demain, offrir plus d’interactivité aux pilotes et garantir, malgré l’augmentation du trafic aérien, toujours plus de sécurité, les maîtres mots dans la conception des systèmes seront de plus en plus : - importances du traitement des données ; - puissance de calcul ; - maitrise de la complexité des logiciels embarqués. Ce sont des thématiques proches de celles de tous les utilisateurs du monde de plus en plus numérique qui nous entoure. Thales Avionics restera donc l’un des acteurs majeurs de l’économie liée au numérique avec l’obligation, compte tenu de ses activités aéronautiques, de se maintenir au meilleur niveau dans sa maîtrise des logiciels et des systèmes pour assurer la sûreté de fonctionnement requise par ses produits et la sécurité des vols. On voit bien que le « numérique » qui n’a cessé de se développer en volume et complexité restera chez Thales Avionics un domaine prioritaire au cœur de ses produits et de ses systèmes. Cela concernera directement le site du Haillan car le cockpit et l’amélioration de l’interface pilotes/systèmes restent des enjeux majeurs de l’avion du futur. Pour ce qui est de l’autre établissement de Thales en Aquitaine, il est avec 1 000 collaborateurs sur le site de Pessac aussi important que celui du Haillan. Il appartient à la Division Défense du groupe avec des activités dans les domaines radars, systèmes de mission et plus récemment systèmes de drones. Tout ce qui a été dit sur l’importance et l’apport du numérique sur les produits du Haillan s’applique également à ceux de Pessac. A noter l’annonce cette année de la construction d’un nouvel établissement qui regroupera ces deux entités. Au-delà de l’impact fort sur l’image et la visibilité du groupe Thales en Aquitaine, le rapprochement des équipes sera également très positif dans les cœurs de métiers de Thales dont le numérique fait bien évidemment partie. Entretien avec M. Jean-René JECKO, Directeur du Développement industriel régional de Thales Avionics Membre de la Section Veille et Prospective - mercredi 28 août 2013 58 Fiche 4 Lectra – Cestas (33) Fiche entreprise : LECTRA - Cestas (33) Code NAF : 2894 – Fabrication de machines pour les industries textile L’entreprise est tout à fait emblématique de l’introduction du numérique dans l’industrie. Créée dès 1973 à Bordeaux par Jean et Bernard Etcheparre, elle met au point une machine de découpe de vêtement d’après un patron en carton (d’où le choix de son code NAF). En 1976 les premiers systèmes de Conception Assistée par Ordinateur (CAO) sont commercialisés. Après un déménagement à Cestas en 1984 et une progression exponentielle (plus de 1 100 employés pour le groupe en 1989), une crise financière sévère conduit André et Daniel Harari à prendre le contrôle et la direction de la société en 1991. En 2000, Lectra devient le numéro 1 mondial dans son secteur (dépassant son concurrent américain Gerber Technology). L’entreprise s’oriente dès lors de plus en plus vers des solutions logicielles amont et aval pour proposer une offre globale couvrant, à flux tendus, l’ensemble du cycle de vie du produit : de la conception des collections, jusqu’à leur mise sur le marché, en passant par la fabrication et la logistique. Lectra adresse aujourd’hui toutes les industries utilisatrices des matériaux souples (textiles, cuir, composites…) : la mode, l’automobile, l’ameublement et autres industries (aéronautique, nautique…) Le groupe emploie 1 350 personnes réparties dans 31 filiales et couvre le monde entier. Le « campus technologique » de Cestas rassemble environ 600 personnes, autour du développement logiciel, de la conception, du développement et de la fabrication de machines, de la logistique, du marketing, du commercial, et des finances… Le chiffre d’affaires se répartit en trois tiers : les machines de découpe, l’édition de logiciels, les services de conseil et de maintenance. Les recrutements se font auprès des écoles d’ingénieurs et en collaboration étroite avec les universités et autres établissements de formation aquitains. S’il y a peu de relations commerciales avec d’autres entreprises régionales (les marchés sont principalement aujourd’hui dans les pays émergents), un réseau actif de sous-traitance s’est créé localement, tant pour le hardware que pour le software. Très sensible à la conjoncture sur les différents continents, l’entreprise s’appuie sur des relais financiers et des aides compensatoires (du type crédit d’impôt recherche). En découle son engagement très actif dans le tout nouveau Club régional des ETI, qui demande notamment que ces dispositifs soient plus adaptés au réel besoin des ETI. Entretien avec Mme Laurence JACQUOT, Directeur Industriel et R&D (Vice-présidente du Club des ETI d’Aquitaine) - jeudi 13 juin 2013 59 III.2. LES TICS (INFORMATIQUE POUR LA SANTE) L’industrie des TICS est particulièrement développée en Aquitaine, qui accueille nombre de PME positionnées sur des segments de marché spécifiques, mais aussi plusieurs grands groupes qui ont choisi la région comme base d’implantation pour aborder le marché national et parfois même l’international. Le marché régional des TICS est, pour sa part, prometteur puisque la généralisation de la télésanté se réalise plus rapidement en Aquitaine que dans d’autres régions françaises. Cela conforte la vision stratégique adoptée par les institutions régionales concernées. En effet, l’ARS (Agence Régionale de Santé) consacre un volet « PRT » (Programme Régional de Télémédecine) au sein de son document cadre, le PRS (Plan Régional de Santé). Sa maîtrise d’ouvrage incombe au GCS (Groupement de Coopération Sanitaire) TéléSanté Aquitaine (TSA), qui assure la phase opérationnelle du PRT. La présence de TSA permet d’accélérer le déploiement de la télémédecine, comme l’illustre les avancées du déploiement du dossier médical personnalisé en Aquitaine. III.2.1. Le poids du secteur en Aquitaine Le poids du secteur des TICS n’est pas directement mesurable en se basant sur les données fournies par l’INSEE. L’estimation à partir des codes NAF proposée en 1ère partie du rapport ne distingue pas explicitement l’informatique de santé. Les entreprises relevant de cette dernière s’inscrivent principalement sous les codes NAF : • • • • 5829C : Edition de logiciels applicatifs ; 6201Z : Programmation informatique ; 6202A : Conseil systèmes logiciels informatiques ; 6202B : Tierce maintenance systèmes et applications informatiques. « Edition de logiciels applicatifs » inclut le segment de l’édition de logiciels pour les professionnels de santé dans une proportion significative. En revanche, le code « Programmation informatique » regroupe un ensemble d’activités beaucoup plus hétérogènes, qui dépasse largement le seul secteur de la santé, comme les deux codes suivants (conseil et tierce maintenance). Il n’est donc pas permis d’apprécier précisément le poids relatif des TICS au sein des filières du numérique en Aquitaine, encore moins de se livrer à des comparaisons interrégionales sur cette base, sous peine d’avancer des conclusions peu fondées et hasardeuses44. III.2.2. Les entreprises du secteur en Aquitaine Il est toutefois possible, à partir d’une connaissance directe du terrain, de classer les entreprises recensées en cinq catégories, en fonction du marché ciblé et de l’activité principale exercée : • Le segment hospitalier public : o o o o o o o 44 AGFA Healthcare (fiche entreprise n° 5) Mc Kesson France Intersystems Octime E-Novation Mo3s Malta Informatique (EHPAD) Cf. notre rapport précité d’octobre 2012, p78. 60 • Le segment hospitalier privé : o SIGEMS (fiche entreprise n°6) o QSP Systems o Medisys o KI-LAB o Medialog Santé o E-maging (radiologie – imagerie) o Penaranda informatique (radiologie – imagerie) o E-Sens o Waresys o Web100T • Le segment ambulatoire : o AGDF Cégédim o Imagine Editions / Hello Doc • Le segment de l’e-santé (soins à domicile) : o o o o o • eDevice Telecom Design Robosoft Domicalis Lincor Solutions Les autres services aux entreprises : o o o o o o o o o o o o o o o o o o o Cap Gémini informatiques (intégrateur) Thales (intégrateur) Steria (intégrateur) SQLi Addeo (E-Learning) Algo’Tech / ASP GMAO Implanet Maya Business Solutions Santé CIS Aquitaine Valley (logiciel de gestion pour l’industrie pharmaceutique) Clinsight (logiciel de gestion pour les essais cliniques) Cosilog (conseil, intégration des SIH et marketing pour les entreprises du secteur) LEH (Les Etudes Hospitalières : cabinet de conseil) REVeSS (études et évaluations pour les entreprises et les collectivités) Sodad (études statistiques) Insight (conseil, études) Radhius (conseil, études) ADE Conseil Santé My SIH AXS Ingénierie (logiciel de modélisation en 3D du rachis…). A noter que l’entreprise Siemens Health Services, ancien leader du secteur, autrefois présent en Aquitaine, a été racheté en 2011 par le groupe américain Intersystems qui a conservé l’établissement de Siemens Health Services à Bidart (Pyrénées-Atlantiques). L’activité concernant le secteur hospitalier privé a ensuite été revendue à Web100T (Mérignac, Gironde), Intersystems étant plutôt positionné sur le segment hospitalier public. L’arrivée du groupe américain a permis de renforcer le positionnement du régional sur ce segment, principal marché en termes de chiffre d’affaires pour le secteur des TICS. En effet, l’Aquitaine accueille déjà deux grandes entreprises du segment hospitalier public : AGFA Healthcare (à Artigues-Près-Bordeaux) et Mc Kesson (à Gradignan), qui ont choisi d’implanter leur siège pour la France dans la région bordelaise. La disparition de Siemens Health Services a également favorisé le développement d’autres entreprises du marché hospitalier privé. Ainsi, l’Aquitaine accueille aujourd’hui, en Lot-et61 Garonne, les deux principaux leaders de ce segment, à savoir QSP Systems (à ColayracSaint-Cirq) et SIGEMS (à Villeneuve-sur-Lot) qui regroupent à eux deux environ la moitié des parts de marché françaises. La région bénéficie aussi d’une forte présence sur le segment ambulatoire, avec AGDF Cégédim (à Mérignac) et Imagine Editions (à Soulac-sur-Mer), qui se partagent la moitié du marché de l’informatisation des cabinets médicaux français. De surcroît, la présence de trois hébergeurs de données agréés constitue un autre atout important pour la région. En effet, la procédure d’agrément des hébergeurs de données de santé à caractère personnel permet de garantir la sécurité de ces données lorsqu’elles sont hébergées par un organisme distinct du professionnel ou de l’établissement de santé du patient. Elle s’apparente ainsi à une labellisation certifiant la qualité de la sécurisation informatique, et non pas à une autorisation spécifique d’hébergement de données de santé. Le statut d’hébergeur agréé octroie ainsi un avantage commercial important aux entreprises qui l’obtiennent. En France, ces entreprises sont fédérées autour de l’AFHADS (Association Française des Hébergeurs Agrées de Données de Santé). Les hébergeurs certifiés présents en Aquitaine couvrent les principaux segments de marché du secteur : SIGEMS pour le segment hospitalier privé, CIS Valley pour le public, et AGDF Cegedim pour l’ambulatoire. La concentration de ces implantations, bien qu’elle ne découle pas d’une histoire commune aux entreprises du secteur, conduit certains responsables régionaux à parler d’une véritable « Aquitaine Valley ». Au-delà du « hasard » qui a pu guider telle ou telle implantation dans un domaine nouveau d’activité (les applications informatiques) sur un marché français (et mondial) en pleine expansion, on a pu repérer quelques causalités plausibles : → les effets (lointains) de la politique de décentralisation industrielle des années 60/70/80 qui ont rendu l’Aquitaine éligible aux différentes primes versées par l’Etat dans le cadre de la politique nationale d’aménagement du territoire ; → la montée en puissance du phénomène métropolitain autour de Bordeaux, grâce à la concentration des investissements publics : universités, écoles, hôpitaux… sur les « métropoles régionales d’équilibre » ; → les aménités (attraits) de l’Aquitaine : en Gironde d’abord, mais aussi sur la Côte Basque et les vallées du Lot-et-Garonne. III.2.3. L’organisation du secteur en Aquitaine Les regroupements professionnels Les acteurs ont rapidement pris conscience des bénéfices qu’ils retireraient de la mise en réseau de leurs compétences. C’est ainsi que, sous l’impulsion initiale du CRA, de l’Université Bordeaux Segalen, de l’INRIA et des deux « majors » régionaux AGFA Healthcare et McKesson, nombre d’entre eux se sont regroupés au sein du pôle TIC Santé qui a par la suite donné lieu à la création du Cluster TIC Santé aquitain en avril 2011. Il a pour objectif principal de favoriser la structuration de la filière, à la recherche d’un modèle économique pour le secteur. Le cluster vise également à développer l’image du potentiel aquitain afin de faciliter l’exportation de ses compétences. Il fédère une grande majorité des entreprises du secteur. Les groupements publics pour la formation S’il existe des formations généralistes dans le domaine des STIC en Aquitaine (IPB, Université de Bordeaux avec les cursus de l’ENSEIRB ainsi que l’ISIC pour l’Université Bordeaux 3), le Cluster TIC Santé a permis de repérer une lacune importante commune à l’Aquitaine et aux autres régions françaises : l’insuffisance de formation spécifiquement dédiée au TICS obligeant les entreprises à former en interne leurs salariés. 62 Or, le secteur requiert des compétences à la fois techniques, médicales voire commerciales. Cette polyvalence tant recherchée par les industriels du secteur n’existe pas en France, où les différents parcours d’études sont en général très cloisonnés, bien que l’on note une certaine amélioration dans ce domaine. Le Cluster TIC Santé a ainsi plaidé en faveur d’une formation transversale qui a débouché sur la création de la spécialité « SIGS » (Systèmes d’Information de Gestion de Santé) au sein de la formation MIAGE (Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion des Entreprises) grâce à une collaboration étroite entre les Universités Bordeaux 1, 2 et 4. L’originalité de cette formation réside dans l’étroite collaboration avec les entreprises du secteur, puisqu’environ 40 % des intervenants du Master sont des industriels. Parallèlement, une autre formation dédiée a été créée au sein du Master « Santé Publique » de l’ISPED (Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et de Développement) pour la rentrée 2012 avec une spécialisation en Master 2 « Informatique médicale ». D’autres organismes pourraient contribuer à l’élargissement de cette offre de formations à l’exemple de l’ESTIA (Ecole Supérieure des Technologies Industrielles Avancées) à Bidart (Pyrénées Atlantiques), qui forme des ingénieurs polyvalents sur des thématiques inhérentes au secteur des TICS (interopérabilité…), ou de l’ensemble ENSEIRBMatmeca à Talence (Bordeaux 1). Les projets coopératifs Des actions collaboratives ont déjà vu le jour avec le soutien du CRA : - le projet AGILIS, démarré en 2010, qui expérimente la mise en place d’une tablette tactile placée à côté du lit des patients. Cette nouvelle technologie regroupe le téléphone et la télévision en un seul équipement, mais surtout elle permet aux personnels soignant d’accéder au dossier médical du patient directement depuis sa chambre. La mise en place d’une plateforme interopérable, qui permettra l’accès aux dossiers médicaux quelle que soit la localisation des professionnels de santé, est un défi complexe qui a nécessité l’association de plusieurs compétences internes et externes à l’Aquitaine. C’est pourquoi ce projet associe à la fois AGFA Healthcare, Mc Kesson France, AGDF Cégédim, Imagine Editions (Hellodoc), Mo3s, Web100T, ainsi que les trois hébergeurs de données aquitains agréées : CIS Valley, AGDF Cegedim et SIGEMS. Enfin, AGILIS a également dû faire appel à une société irlandaise spécialisée dans la production de tablettes tactiles : Lincor Solutions. Suite à cette coopération, l’entreprise a décidé d’ouvrir un établissement en Aquitaine, car elle utilise une technologie de dalle tactile de la société bordelaise STANTUM ; - le projet Territoires Santé Numériques (TSN) qui associe le GCS Télésanté Aquitaine avec AGDF Cégédim, AGFA Healthcare, Mc Kesson France et Imagine Editions. TSN vise à mettre en place un « Espace Santé Numérique » afin de favoriser l’accès en temps réel aux connaissances médicales ainsi qu’aux éventuelles évolutions de l’offre de soins ; - Le Cluster TIC Santé assure pour sa part la promotion de l’image régionale du secteur à l’occasion du « Connectathon », manifestation annuelle visant à développer l’interopérabilité internationale des systèmes de santé grâce aux normes produites par l’organisation internationale IHE (Integrating the Healthcare Entreprise). 63 Fiches des entreprises du secteur des TICS auditionnées Fiche 5 AGFA HealthCare Enterprise Solutions – Artigues-près-Bordeaux (33) Fiche entreprise : AGFA HealthCare Enterprise Solutions – Artigues-près-Bordeaux (33) Code NAF : 6202B – Tierce maintenance systèmes et applications informatiques Le groupe belge AGFA - GEVAERT, créé en 1867, est organisé en trois grandes divisions, dont une division santé. AGFA HealthCare est une entreprise dédiée aux soins de santé qui reposent sur deux activités, l’une consacrée à l’imagerie médicale, l’autre à l’informatique de santé. La filiale française d’AGFA HealthCare est implantée dans l’agglomération bordelaise. Dans les années 60, l’entreprise d’éditions spécialisées Kalamazoo a déplacé, depuis la région parisienne, son siège social à Artigues-près-Bordeaux grâce à la prime de décentralisation industrielle alors en vigueur. Rachetée par la société Symphonie, elle devient en 2003 Symphonie Online, leader du marché français. En 2005, AGFA HealthCare acquiert cette entreprise et en 2007 réunit l’ensemble de ses activités et implante son siège social à Artigues-près-Bordeaux. AGFA HealthCare France possède deux sites principaux, l’un à Ivry-sur-Seine, l’autre en région bordelaise. Le site d’Artigues-près-Bordeaux emploie 220 des 450 salariés français. Dans le domaine des solutions informatiques pour la santé, AGFA HealthCare est un éditeur de logiciels hospitaliers et d’imagerie médicale. La société présente une gamme de solutions intégrées pour couvrir les besoins des établissements de santé : système d’information de santé pour gérer l’ensemble des processus administratifs et médicaux, solutions transversales de diagnostic, de consultation et de stockage d’images radiologiques (PACS), solutions départementales adaptées aux spécialités médicales (Radiologie, Mammographie, Orthopédie, Cardiologie, Biologie). AGFA HealthCare développe également des équipements d’imagerie médicale et des produits de contraste pour l’imagerie. Artigues-près-Bordeaux héberge l’un des principaux sites de R&D européens d’AGFA HealthCare en informatique de santé et emploie aussi bien des ingénieurs en informatique travaillant sur des projets purement techniques, que des ingénieurs ayant une double compétence informatique et « métier », ce qui permet une meilleure appréhension des usages. Bon nombre de professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, …) sont également présents dans les équipes afin de garantir la meilleure adaptation des produits développés. Les solutions développées par AGFA HealthCare inter-opèrent notamment avec le Dossier Médical Personnalisé (DMP). AGFA HealthCare est fortement investi dans le Cluster TIC Santé Aquitain, qui regroupe des acteurs majeurs des trois collèges, industriels, universitaires, et établissements de santé, pour des actions permettant le développement des compétences (Formation, R&D), des collaborations et des partenariats sur des projets collaboratifs. Avec le soutien du Conseil Régional d’Aquitaine, AGFA HealthCare a fait du site d’Artigues-près-Bordeaux, l’un des sites de R&D majeurs du groupe. En termes de produits, AGFA HealthCare est en Innovation Continue : - le Cloud Computing pour la mise en place d’un système de location de ses solutions logicielles avec paiement à l’usage ; - le concept d’utilisabilité et de mobilité, afin de rendre l’utilisation des TICS mobiles et accessibles au plus grand nombre d’usagers (ex : Prescription médicamenteuse en tout lieu de soins). Audition de M. Lân GUICHOT, Responsable Business Development, le 29 juin 2012 64 Fiche 6 SIGEMS – Villeneuve-sur-lot (47) Fiche entreprise : SIGEMS – Villeneuve-sur-lot (47) Code NAF : 6201 – Programme informatique SIGEMS est une PME localisée à Villeneuve-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne. L’entreprise fondée en 1981 proposait initialement des services en informatique de gestion aux entreprises de la région. A la fin des années 80, SIGEMS est sollicitée par une clinique toulousaine pour lui fournir un logiciel de gestion. Son PDG identifie des besoins spécifiques au secteur de la santé et choisit de s’orienter sur ce marché. Ce choix est conforté par la mise en place par le ministère de la Santé du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information) en 1994. SIGEMS produit actuellement des solutions informatiques spécifiques aux établissements de santé et en particulier aux cliniques privées, marché sur lequel elle s’est largement imposée au niveau national. Elle propose des solutions complètes allant de la gestion médico-administrative d’un dossier Patient avec la planification des lits, des blocs, du personnel, à la tarification et l’hébergement de données. L’entreprise emploie 45 salariés sur son site, dont 13 sont dédiés à la R&D. Elle accorde une grande importance à la relation avec le client, et donc à la proximité et à la réactivité après l’installation de ses solutions. Depuis 2003, l’entreprise s’est également tournée vers l’hébergement de données et s’oriente vers le Cloud (fourniture en libre-service de solutions logicielles), solution d’avenir dans laquelle elle investit des sommes très significatives. La stratégie de développement interne via la prise de parts de marché reste donc sa ligne de conduite. A plus long terme, SIGEMS vise véritablement à couvrir l’ensemble de la chaîne de production pour offrir des solutions clés en main à ses clients – le cas échéant en sous-traitance spécialisée « santé » pour de grands groupes du service informatique multicartes - et pouvoir leur assurer le meilleur service possible. Le PDG de l’entreprise s’investit dans le cluster TIC Santé ; il perçoit en effet la concentration d’acteurs de l’informatique de santé dans la région de façon très positive, puisqu’elle lui permet d’être au plus près de l’information et de l’innovation dans le secteur. Audition de Monsieur Jean-Claude FOURES, Président Directeur Général, le 30 mars 2012 65 III.3. LE SECTEUR DES JEUX NUMERIQUES Rien ne prédisposait, a priori, Bordeaux et l’Aquitaine à devenir un territoire de spécialisation pour la production de jeux numériques, si ce n’est peut-être la présence, au début des années 70, d’un groupe d’amateurs passionnés de bandes dessinées, associés à la création du festival d’Angoulême qui a donné naissance au Centre national de la bande dessinée et de l’image que l’on connaît aujourd’hui dans cette ville, bientôt à moins de 20 minutes en TGV de la métropole d’Aquitaine. C’est la success story de l’entreprise Kalisto, créée en 1990 par le jeune arcachonnais Nicolas GAUME, cotée en bourse dix ans plus tard et comptant alors plus de 250 collaborateurs, qui a été le point de départ du développement de cette filière sur Bordeaux. Nonobstant la crise financière brutale qu’elle a subie dès 2000, amenant une liquidation de l’entreprise en 2002, l’élan était donné et le secteur des jeux numériques a continué de s’affirmer sur les bords de la Garonne, de la gare Saint-Jean aux bassins à flots (« la ligne C du tramway »), tant par essaimage à partir « des anciens de Kalisto » que par attraction de jeunes talents venus de l’extérieur. Si d’autres entreprises, à des échelles plus modestes, ont connu depuis lors les mêmes vicissitudes (In-Fusio de 1998 à 2012, Faeria -Studio de 2007 à 2013…), le tissu productif n’a pas cessé de se renouveler et de se diversifier à Bordeaux, constituant un « cluster spontané » des jeux numériques sous l’égide du Club d’entreprises Bordeaux Games. III.3.1. Des entreprises diversifiées Le jeu vidéo est, d’après son syndicat national (le SNJV), le 1er « bien culturel » en France : 3 Md d’euros de CA en 2012 (après 2,7 en 2011), contre 0,6 pour la musique, 1,2 pour la vidéo, 1,3 pour le cinéma. Il générerait 3 000 emplois direct dans la production (et 2 000 dans la distribution). Les supports sont différenciés : consoles numériques, TV connectée, web (internet), téléphones portables et tablettes numériques, de même que les contenus : jeux au sens proprement ludique du terme, ou outils de simulation, d’entraînement et d’apprentissages (« gamification »). S’y ajoutent les jeux en ligne qui, sans avoir nécessairement de support image, permettent à des joueurs de s’affronter ou de participer à des compétitions et des concours. En Aquitaine, c’est-à-dire en quasi-totalité dans l’agglomération bordelaise, toutes les spécialités sont représentées, le plus souvent par des petites ou très petites entreprises, parfois sous forme de SCOP, voire unipersonnelles. Aucune aujourd’hui n’excède les 100 salariés. Quelques-unes sont des PME de belle taille : ASOBO-studio spécialisée sur les jeux sur consoles (cf. fiche d’entreprise n°7 ci-après), ConcoursMania un des leaders du jeuconcours promotionnel en ligne (cf. fiche n°8), Be Tomorrow (une trentaine de salariés) pour les jeux en application mobiles, sur le web ou la TV connectée. Parmi les entreprises de plus de 10 salariés ou associés on peut encore mentionner AESIA (jeux et gamification), Motion Twin (jeux communautaires pour le web), Tikimove (application « ma tirelire du Crédit Agricole »), et dans des créations récentes : Infernal Brothers (jeux sur toutes plateformes), Atlantic Training (applications pour pilotage d’avions) dans la catégorie des « serious games », domaine vers lequel s’oriente aussi une entreprise de e-learning telle que ADDEO (cf. fiche n°10). Même s’il existe désormais un code NAF spécifique Edition de jeux électroniques, la plupart des entreprises citées se sont inscrites sous des codes plus généralistes, tels : Programmation informatique, Autres activités informatiques ou Conseil pour les affaires et la gestion. Il n’y a donc encore que 10 entreprises, déclarant 38 salariés (en 2010) qui sont recensées en Aquitaine sous ce code (5821), comme on l’a vu en 1ère partie. Ces dernières toutefois représentent un peu plus de 16% des effectifs salariés équivalents en France de province, au 3ème rang des régions françaises derrière (Ile-de-France), Rhône-Alpes (39%) et Nord- Pas de Calais (18%), ce qui donne à l’Aquitaine son plus fort coefficient de spécialisation au sein des activités numériques (2,7). 66 III.3.2. Bordeaux Games Cette association, créée depuis septembre 2007, regroupe les acteurs de l’industrie des jeux vidéos en Aquitaine soit : 22 sociétés et 250 emploi environ. Ses missions sont de structurer, développer et représenter le secteur, tant au plan local (Bordeaux essentiellement), régional, national et international (plus difficilement). Ses actions concernent (outre un réseautage des membres entre eux) : - Le soutien au recrutement : mettre en avant des arguments communs et cohérents sur l’attractivité des offres de candidature ; La mutualisation des moyens commerciaux : répondre en synergie à des appels d’offres ou se déplacer à frais optimisés pour des salons ; Le montage des dossiers : par rapport aux soutiens publics (aides et subventions, moyens fiscaux, etc.) ; L’animation de la filière : mener des réflexions et animer des groupes de travail autour des nouveaux enjeux des sociétés, identifier les opportunités pour l’association et ses membres. Elle participe ainsi à la plupart des structures collaboratives régionales présentées dans la 2ème partie du rapport. Le jeu électronique reste une niche dans le champ de l’édition numérique, mais sa notoriété « grand public » en fait un vecteur d’attractivité fort pour Bordeaux et l’Aquitaine. 67 Fiches des entreprises du secteur des jeux numériques auditionnées Fiche 7 ASOBO Studio - Bordeaux (33) Fiche entreprise: ASOBO Studio – Bordeaux (33) Code NAF : 6209 – Autres activités informatiques La société, établie sur le Parvis des Chartrons à Bordeaux, a été fondée en 2002 par douze anciens de Kalisto (après la liquidation judiciaire de cette dernière) pour poursuivre le développement de jeux sur console numérique. Dix ans après, la réussite est au rendez-vous puisque ASOBO Studio compte aujourd’hui plus de 80 collaborateurs, réalisant 95% de son chiffre d’affaires à l’international. Après cinq années nécessaires pour se faire connaitre et reconnaître par les grands éditeurs du secteur qui préfinancent les productions, en 2007, l’adaptation du dessin animé Ratatouille en jeu vidéo a été un véritable blockbuster, suivie d’une collaboration renouvelée avec DisneyPixar et de nouveaux succès tels que le jeu de course avant-gardiste Fuel, l’adaptation de Toys Story 3 ou encore Kinect Heros… A très court terme l’ambition de la société est de tirer parti de la nouvelle génération de consoles annoncée pour la fin 2013 au salon de Los Angeles, par Microsoft et Sony. La stratégie d’ASOBO Studio est de rester positionnée sur des jeux haut de gamme, pour joueurs expérimentés – et donc exigeants – à même de juger des innovations…et de payer le prix qui en découle. La condition première de la réussite est de pouvoir attirer à Bordeaux des jeunes talents (tous diplômés d’écoles, mais d’horizons géographiques très divers) en concurrence avec Paris, Montpellier, Lyon ou même Annecy et Valenciennes (réputée en formation) sans parler de l’international pour lequel, au-delà de la référence californienne, Montréal apparait comme le modèle à suivre. Pour ce faire, c’est un climat créatif qu’il faut savoir encourager (y compris via la dynamisation des sites internet institutionnels régionaux !) en sortant du localisme de la seule fédération des forces « bordelo-bordelaises » – et en se lançant résolument dans des réseaux internationaux. Plus prosaïquement, outre le renforcement de l’appareil de formation – en s’appuyant sur le pôle d’Angoulême – la simplification des aides et des circuits de financement reste une priorité (avec le tandem Oséo/BPI, plus la Région), tandis que l’amélioration des infrastructures d’accueil à Bordeaux : aéroport et sa desserte, taxis, hôtels… est toujours une nécessité évidente. Pour ce type d’entreprise, il existe en outre une autre contrainte majeure : celle de la capacité d’accueil en logements et de facilitation des procédures d’intégration (Sécurité Sociale entre autres…) pour de jeunes collaborateurs venus de l’extérieur, vis-à-vis desquels l’attractivité retrouvée des bords de la Garonne ne suffit pas pour les retenir durablement. Entretien avec Mme Aurélie BELZANNE, Public Relations Manager - jeudi 13 juin 2013 68 Fiche 8 Groupe ConcoursMania – Bordeaux (33) Fiche entreprise : Groupe ConcoursMania – Bordeaux (33) Code NAF : 7022 – Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion Le Groupe ConcoursMania, dont le siège social est situé à Bordeaux, est aujourd’hui un des leaders européens du jeu marketing en ligne. L’activité du groupe a débuté en 1995 avec la création et l’édition, en format papier, de « La Revue des Jeux », premier magazine en France recensant et fournissant les réponses aux jeux concours proposés dans les médias, réalisée par Julien Parrou, alors étudiant en Droit à Bordeaux. Après avoir lancé en 1998 un portail de jeux-concours web « Concours.fr » destiné au grand public, et progressivement approfondi son savoir faire dans le domaine des jeux et des techniques marketing, ConcoursMania, anticipant le fait que les marques allaient communiquer de plus en plus par le jeu et Internet, développe dès 2000 une nouvelle activité complémentaire : la création de jeux promotionnels clés en main pour le compte de clients souhaitant étendre leur audience et visibilité. Concrètement, l’activité de ConcoursMania consiste à mettre en place des opérations de jeux promotionnels gratuits, soit sur ses propres sites, soit au travers d’opérations réalisées pour le compte de ses clients, qui permettent d’instaurer une relation entre les marques et les consommateurs. Dans ces espaces dédiés au jeu, les internautes viennent en effet spontanément et répondent volontairement aux questions des annonceurs. Les informations obtenues permettent de conquérir des prospects, de fidéliser des clients, ou encore de qualifier des bases de données: coordonnées, composition du foyer, niveau de revenu, intentions d'achat…. ConcoursMania édite aujourd’hui en compte propre une trentaine de sites de jeux grand public destinés à une clientèle d'internautes ou de téléphonie mobile aux profils variés et qui ne cesse de croître (plus de 15 millions de visiteurs uniques en 2012). Dans son activité de prestataire de jeux marketing, le groupe compte désormais parmi ses clients près de 500 marques couvant un large panel d’activité : Sephora, Lufthansa, Voyages SNCF, STUDIOCANAL, Toy’r’Us, Roquefort Société, NRJ, Toyota, Publicis Groupe France Télévisions,… Son marché reste aujourd’hui essentiellement national (80%) mais le groupe se déploie depuis 2012 en Europe et en Amérique du Sud et développe des partenariats en ce sens avec des sociétés à l’étranger (Daishinsha, groupe japonais de services marketing et prestations de conseil, agence de communication Grey Europe, Moyen-Orient, Afrique). Coté en bourse depuis mai 2011, ce qui lui a permis de réaliser une levée de fonds de plus de 10 millions d’euro, le groupe mène depuis 2009 une stratégie de développement par croissance externe qui lui permet d’élargir son offre et ses domaines de compétences : Toilokdo (jeux gratuits), Flibus (casual gaming), et Cashpot (loterie gratuite) en 2009 ; Jeux.com (casual gaming) et Actiplay (jeux 2D et 3D) en 2011 ; Telaxo, (éditeur français dans le top 10 mondial des éditeurs de jeux sur Facebook en termes d'audience) en 2012. En 2012, ConcoursMania employait 90 salariés, à Bordeaux et dans son agence de Montpellier, et réalisait un peu plus de 15 millions d'euros de chiffre d'affaires, en croissance régulière (4,8 millions en 2009 ; +20% au 1er semestre 2013). Compte tenu de son potentiel de croissance, Julien Parrou envisage avec sérénité l’avenir du groupe et prévoit de nouveaux recrutements ainsi que des investissements pour accroitre ses capacités d’innovation Le Dirigeant s’investit en parallèle dans le tissu économique local, en particulier dans le cadre de l'association « Bordeaux Entrepreneurs » qu’il préside et dont l’objet est de faciliter et d’accélérer la création d’entreprises à Bordeaux notamment en favorisant les levées de fonds pour les jeunes start-up. Entretien avec M. Julien PARROU, Président - jeudi 20 juin 2013 69 III.4. LES SERVICES NUMERIQUES AUX ENTREPRISES Depuis avril 2013, Syntec Numérique - chambre patronale du secteur - a proposé d’utiliser désormais l’appellation (ESN) à la place de SSII (Société de Service en Ingénierie Informatique, décliné plus récemment en : Société de Service en Informatique et Ingénierie), sigle qui avait déjà succédé à celui de SSCI (Société de Service et de Conseil en Informatique) utilisé jusqu’aux années 80. Cette évolution traduit l’élargissement du champ d’intervention des entreprises afférentes : des études et conseil en amont et de la programmation informatique à la mise en œuvre d’une architecture informatique opérationnelle, d’un contrôle qualité, de la maintenance et d’autres fonctions externalisées en « infogérance » (OutSourcing en anglais) telles, de plus en plus aujourd’hui, le stockage et le traitement de données à distance (Cloud computing), la prise en charge de données de masse (Big Data) etc. Comme on l’a vu en 1ère partie, l’essentiel des entreprises correspondantes recensées par l’Insee en Aquitaine se concentre sur les codes NAF : - 6202 (A et B) Conseil en systèmes et logiciels informatiques / Tierce maintenance de systèmes et applications informatiques, plus de 1 400 entreprises et de 6 500 salariés (en 2010) ; - 6311 Traitement de données, hébergement et activités connexes, 235 entreprises et 1 500 salariés ; - 6201 Programmation informatique 1 500 entreprises et 1 400 salariés ; - 5829 (A, B, C) Edition de logiciels 230 entreprises et 1 300 salariés ; soit un total approchant les 11 000 salariés. Dans cet ensemble, dominé par la présence d’une très grande proportion de TPE indépendantes, quelques entreprises ou établissements de taille significative émergent : - les agences régionales des majors du secteur, géographiquement concentrées sur Bordeaux, Bayonne et Pau (Akka Technologies, Alten, Altran, Atos-Origin, Cap Gemini, GFI Informatique, IBM Global Services, Logica, Orange Business Service, Sogeti, Sopra, Steria, …) ou encore, de taille plus modeste, la SSII Exakis qui a choisi d’implanter son siège à Bidart, intégrée depuis 2012 dans le groupe Magellan ; - des entreprises régionales, avec au 1er rang Cheops Technologie dont le siège est à Canéjan (33), en pleine expansion aujourd’hui (360 salariés avant l’acquisition, en août 2013, de l’entreprise lyonnaise Océalis qui en compte 70) ; le groupe Aquitaine Valley (CIS + ORSUD) filiale de la Caisse d’épargne Aquitaine Poitou-Charentes et d’Expanso, implantée à Bruges (33), et qui regroupe désormais 180 collaborateurs ; Aquitem + Alienor.net au Bouscat (33) qui dépasse les 100 salariés ; ou encore, de taille plus modeste, Adour Gestion Informatique à St Pierre-du-Mont (40) et le cloud d’ASP 64 à Bassussary (64), pour citer quelques exemples hors agglomération bordelaise. Si toutes ces ESN ont en commun la prestation de services aux entreprises (et le cas échéant aux administrations et collectivités publiques), leurs spécialisations sont très variées. En complément, nous avons choisi de mentionner deux domaines d’activités où existent déjà des synergies entre entreprises locales. - 70 Celui de l’e-commerce et e-marketing en premier lieu. Au-delà des associations de commerçants (type ecom33, ou ecom64 en cours de création), la présence de Cdiscount, Dolist, AT Internet, Aquitem et Actual Systèmes (cf. fiches d’entreprise n°9 et 10) donne une visibilité certaine à l’Aquitaine, bien placée également dans l’e-tourisme et la valorisation patrimoniale (logiciels et usages)45 à l’exemple de la société AXYZ à Bordeaux ou encore de LAbXXI à Pau ; - 45 Celui du e-learning avec ADDEO (cf. fiche d’entreprise n°11), eduMedia, Stantum… dans l’amorce d’un cluster e-éducation à Bordeaux, avec le soutien des appels d’offres de l’Education Nationale (Rectorat) et des collectivités locales impliquées. Cf. le Diagnostic de l’Aquitaine numérique 2012 de l’AEC. 71 Fiches des entreprises de services du numérique auditionnées Fiche 9 Aquitem – Le Bouscat (33) Fiche entreprise : Aquitem – Le Bouscat (33) Code NAF : 6201 – Programmation informatique Aquitem, créée en 1987 au Bouscat par Philippe et Agnès PASSAULT, emploie aujourd’hui un peu plus d’une centaine de salariés, tous basés au Bouscat. L’entreprise travaille pour le compte d’enseignes françaises de distribution de détail et de leurs filiales sur 14 pays (Europe et Maghreb) et réalise un chiffre d’affaires d’environ 10 M€ (2012). Aujourd’hui un des leaders en Europe de la gestion externalisée de programmes de fidélisation et gestion clients, avec 20 millions de comptes clients gérés et 2 500 sites internet hébergés, la société a démarré son activité en proposant un logiciel de gestion spécialement conçu pour les parfumeries (Pastel : Parfumerie Stocks Encaissement Logiciel). En équipant de grandes chaînes de parfumeries ou de parfumeurs franchisés comme Marionnaud, Beauty Succes, Aquitem devient rapidement leader national sur ce marché qui va progressivement se structurer. La société élargit en suivant son marché en adaptant son logiciel à d’autres secteurs et complète ainsi sa gamme de solutions de gestion avec Proshop, un logiciel de gestion de boutique de mode et Tooltime, logiciel destiné à la gestion des temps de travail. En 1998, Aquitem crée une division « ZeFid' by Aquitem » spécialisée dans la conception et la gestion des programmes de fidélité des grandes enseignes. Cette plateforme globale accompagne les entreprises dans les choix marketing et techniques préalables à la mise en place de leur programme de fidélité, dans la prise en charge de l'exploitation du programme et dans l’animation du plan marketing direct. Zefid' a été choisie par plus d'une trentaine d'enseignes de distribution de détail pour la gestion complète de leur programme fidélité clients (Franck Provost, Gamm Vert, La Mie Câline, La Trocante...). En 1999, Aquitem rachète, à la fois pour ses compétences et ses infrastructures numériques, la société Alienor.net, spécialisée dans l’hébergement de données. Filiale à 100% d’Aquitem, Alienor.net est aujourd’hui un des plus importants hébergeurs aquitains avec plus de 2 000 sites hébergés sur plus de 300 serveurs. Au-delà de cette activité, la société, qui emploie une trentaine de salariés, propose également aujourd’hui des services de développement de sites internet, de webmarketing (animation de sites…) et de développement d’applications mobiles sur smartphone. Ses clients sont des collectivités, essentiellement régionales, des sites de e-commerce régionaux ou nationaux, et Aquitem dans son activité d’hébergement de données. En 2012, Aquitem décline son expérience des programmes de fidélité grandes enseignes pour les commerçants indépendants (boutiques, salons, points de vente...), en créant MaCarteFid', solution 100% web. La croissance d’Aquitem a été accompagnée d'efforts importants en R&D pour développer son offre et la palette d’outils proposés à ses clients soutenus par Oséo, le Conseil Régional d’Aquitaine et le FEDER dans le cadre du programme de compétitivité régionale et emploi en Aquitaine. Depuis quelques années, avec en particulier la création d’un observatoire de la fidélité et de la fidélisation clientèle en partenariat avec l’IAE, Aquitem réalise par ailleurs une veille continue sur son secteur. Audition de Mme Agnès PASSAULT, Présidente Groupe Aquitem - Vendredi 22 février 2013 72 Fiche 10 ACTUAL Systèmes – Mérignac (33) Fiche entreprise: ACTUAL Systèmes – Mérignac (33) Code NAF : 4651 – Commerce de gros ordinateurs, équipements informatiques périphériques et de logiciels Le groupe ACTUAL Systèmes, dont le siège social se situe à Mérignac (33) et qui dispose d’une agence à Nantes, emploie aujourd’hui 22 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 18,7 millions d’euros (2012). L’entreprise, créée en 1992 pour répondre aux besoins des TPE et PME aquitaines en matière d’équipement informatique était à l’origine un grossiste logisticien régional fonctionnant sur le modèle de la distribution indirecte. En 2007, Alain CADOT, Breton d’origine ayant acquis une large expérience professionnelle à la fois dans le domaine technique informatique et commercial chez Jouve Imprimerie, UPS puis Vecteur Plus, et suivi une formation complémentaire à l’ESSEC, reprend en LBO l’entreprise, en perte de croissance. Il restructure et diversifie les activités de la société qui propose alors une gamme de services largement au-delà de la seule fourniture de matériel informatique (conseils, délégation auprès des clients finaux, …) et en lui donnant aussi une dimension nationale. En 2010, ACTUAL Systèmes effectue une opération de croissance externe par apport partiel d’actifs de la BU Informatique Professionnelle de la SCOP Disposelec, plateforme d’approvisionnement de biens d’équipements domestiques et professionnels. En 2008, elle noue également des partenariats avec d’autres sociétés comme Vecteur Plus, entreprise nantaise spécialisée en veille commerciale, afin que ses clients bénéficient des services de veille commerciale sur les marchés publics de ce dernier, ou l'éditeur de logiciels de géolocalisation Cyndrome qui permet aux revendeurs de visualiser sur une carte leur niveau d'implantation. En 2012, ACTUAL Systèmes crée une filiale, CProDirect, employant six personnes dont trois développeurs, pour gérer la plateforme de services dématérialisés qu’elle a mis en place avec une levée de fonds de 1,1 million d’euros. Le groupe met ainsi à disposition de ses clients revendeurs de matériel (petites SSII) un site en marque blanche associant du cloud, de la location courte durée, de la veille commerciale, du courrier recommandé en ligne de La Poste, l’envoi de SMS, la sauvegarde externalisées, du e-mailing, etc, (40 flux intégrés sont ainsi planifiés à moyen terme), afin de les accompagner également sur la vente de produits immatériels en paiement à l’usage. Cette plateforme a été conçue pour être traduite en plusieurs langues et ainsi utilisée par des clients extra nationaux. A ce titre des démarches ont été entamées auprès de UBI France New York et San Francisco pour sonder le terrain. En 2013, afin d’élargir son champs de compétence, ACTUAL Systèmes lance Virtuozo, marque déposée du groupe. Agence web & communication spécialisée dans la conception, la réalisation et le suivi de projets dans le domaine informatique (sites internet, e-mailing) cette société située à Mérignac dans les locaux du groupe, emploie 4 salariés. 2 contrats importants ont été signés : l’un avec un groupement, le SIST, de 80 entreprises françaises spécialisées dans la prise de RDV au téléphone et l’autre avec THOMSON LIGHTING France. Depuis 2007, le repositionnement de la société et le développement de nouveaux services, ont permis au groupe d’enregistrer une très forte croissance de son activité (près de 200%). La clientèle, initialement constituée de TPE et PME de proximité (80% Bordeaux et alentours), est aujourd’hui nationale (dont 35% dans le Sud-Ouest). Entretien avec M. Alain CADOT, Président - jeudi 20 juin 2013 73 Fiche 11 ADDEO –Bordeaux (33) Fiche entreprise: ADDEO – Bordeaux (33) Code NAF : 6201 - Programmation informatique ADDEO, spécialisée dans la production de solutions numériques pour le développement des compétences - logiciels de e-learning, ingénierie de la formation ouverte et à distance, production de contenus pédagogiques… - a été créée en 1989 à Bordeaux par Jacques PEYRONDET à l’issue de ses études à l’Université Bordeaux 1. Elle emploie aujourd’hui une quinzaine de salariés alliant des compétences à la fois en technologies numériques et en sciences humaines. A partir de 1989, ADDEO conçoit des ressources multimédias de formation sur disque dur et disquette puis sur cédérom et étend progressivement son intervention à l’ensemble des solutions impliquant le numérique au service des apprentissages, de la capitalisation des savoirs et de l’évaluation des compétences. Aujourd’hui, ADDEO déploie la palette des solutions innovantes pour apprendre et s’orienter tout au long de la vie : social e-learning, serious games, simulateurs, communautés de pratique, e-portfolio, gestion des parcours professionnels… et regroupe des professionnels de diverses origines : ergonomie, sciences cognitives, ingénierie pédagogique, psychologie, infographie et évidemment informatique et réseaux. Pionnière du e-learning et seule société aquitaine spécialisée dans son domaine pendant 20 ans, son marché, composé de groupes et grandes entreprises (TOTAL, Groupe Eiffage, EADS, Leroy Merlin...), d’opérateurs de formation, de collectivités (CUB, Conseil Régional d’Aquitaine..), de syndicats, est essentiellement national, dont seulement 10% en Aquitaine. Les secteurs d’activité concernés sont variés ainsi que les solutions proposées par ADDEO : simulateur de formation pour la centrale nucléaire de Creys-Malville en Isère, CD Rom « Atouts mixité » destiné aux entreprises de plus de 50 salariés à l'initiative de la Délégation régionale aux droits des femmes et à l'égalité et du Conseil Régional d'Aquitaine, plateforme « Academynet » de gestion de la formation individualisée à distance dans 10 académies, « Banque numérique du savoir métier » pour le groupe Vinci Construction, plateforme de gestion et d’évaluation des compétences « Adequaskill Manager » pour le groupe Eiffage Construction , simulateurs pour l’apprentissage de progiciels pour le groupe La Poste, la Banque de France ou France Telecom, solution de formation à la lutte contre le harcèlement moral pour la Banque de France, etc. La société a en 2013 intégré une activité éditoriale qui représente 50% de son CA avec Wataycan, une plateforme de gestion personnelle de e-portfolio de compétences tout au long de la vie, récemment retenue notamment par la Région Lorraine. ADDEO a également développé une activité sur le champ de la sécurité et de la santé au travail, et assure notamment la transformation numérique des services de santé au travail. Entretien avec M. Jacques PEYRONDET, Président d’ADDEO - jeudi 27 juin 2013 (Président d’ADEISO depuis juin 2013) 74