Jeu des Quilles - Les Indiens blancs

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Jeu des Quilles - Les Indiens blancs
Jeu des Quilles
Jeu traditionnel très ancien, le jeu de quilles n’apparut en France qu’au XIVe siècle. Les
quilles étaient alors renversées à l’aide d’un bâton. Les boules ne feront leur apparition
qu’à partir du XVIIe siècle. 1
Ce mot vient de l’Anglois (kiles), ou de l’Alleman (kegelen), signifiant la même chose.
Ou plutôt de la langue celtique ou bretonne (quille), qui signifie un morceau de bois qui
se tient debout. 2 Cependant, on ignore si le jeu y a vu le jour. On a découvert les plus
anciens témoignages de quilles et de boules en Égypte, dans les pyramides.
De plus, l'odyssée révèle leur existence
au temps de la guerre de Troie, soit 12
siècles avant notre ère. Pendant les 20
ans d'absence d'Ulysse, son épouse
Pénélope qui avait, suivant la légende
108 prétendants, usa de ruse pour leur
résister, remettant sa réponse au jour où
elle aurait terminé la toile qu'elle tissait:
mais chaque nuit, elle défaisait le travail
de la journée... De leur côté, les
prétendants s'adonnaient à ce jeu, devant
le palais. Au centre du jeu, ils disposaient
une quille plus grande et plus belle, qui
représentait Pénélope. Quand le joueur
l'avait renversée, sans renverser d'autres
quilles, il considérait son succès comme
un heureux présage, espérant alors
conquérir Pénélope elle-même.
Initialement jeu populaire, il sera pratiqué par toutes les classes de la société. Parfois
générateur d’incidents, de brutalités et de troubles à l’ordre public, le jeu de quilles
suscitera des interdits et des réglementations draconiennes. Édouard III d'Angleterre et
Charles V en France interdirent en 1337 et 1369 sa pratique, sous peine de mort,
estimant qu'en s'y livrant, les sujets se détournaient des armes. Plus tard, Henri IV
(1553-1610) s'y adonnait volontiers. Son fils, Louis XIII (1601-1643) considérait que ce
jeu populaire préparait à la guerre et le pratiquait. 3
Les jeux de quilles varient tant par le nombre de quilles utilisées que par les règles qui
les régissent. Deux grandes catégories existent : les jeux directs (envoi direct des
boules sur les quilles) et les jeux indirects (la boule est dirigée sur un obstacle qui la
renvoie sur les quilles). Dans les jeux directs, la boule peut être envoyée à la volée, en
roulant ou en glissant; ce dernier cas nécessite des pistes particulières.
1
Marcel, A. et Sylvestre, Association pour le sauvegarde du patrimoine historique et culturel de la Haute-Vallée,
Quillan, Ressource électronique.
2
Dictionnaire universel François et Latin, Paris, Tome quatre, 1732, Ressource électronique.
3
Tujague Gérard, Historique du jeu de quilles, Ressource électronique, 1998.
Il existe des jeux à trois quilles, des jeux à cinq quilles (rares), des jeux à six quilles
(sud-ouest de la France), des jeux à sept quilles (attestés depuis le XIVe siècle et
disparus fin XIXe siècle), des jeux à neuf quilles (les plus nombreux) et des jeux à 10
quilles (XXe siècle). 4
Aux fins d’animation historique à l’époque du XVIIIe siècle, nous allons retenir le jeu à 9
quilles, tel que décrit par Diderot (1751) dans son encyclopédie. À titre indicatif, le jeu de
quilles se joue encore de cette façon en France dans la ville de Quillan.
QUILLE le jeu de, est un jeu d'exercice & assez amusant. Il consiste à abattre un certain
nombre de quilles fixé par les joueurs, avec une boule de grosseur proportionnée à celle
de ces quilles. On peut y jouer plusieurs ensembles, à nombre pair ou impair.
On tire d'abord à qui aura la boule. Celui à qui elle est échue, joue le premier, & celui qui
est à jouer le dernier, met le but, à moins que cet avantage n'accompagne la boule par
convention faite. Il faut, pour gagner la partie, faire précisément le nombre de quilles
qu'on a fixé ; car si on le passe, on creve, & on perd la partie, quand celui contre qui l'on
joue, n'en auroit pas même abattu une. Celui qui fait chou-blanc, perd son coup, c'est-àdire, ne compte rien, puisqu'il n'a rien abattu. Toute quille abattue par autre chose que par
la boule, n'est point comptée. Un joueur qui jetteroit la boule, avant que toutes les quilles
ne fussent redressées, recommenceroit à jouer, quoique jouant pour peu de quilles, il ait
fait le nombre qu'il lui falloit, d'un côté où toutes les quilles étoient relevées. Celui qui ne
joue pas du but, est dans le même cas. Quand on est plusieurs, celui qui joue devant son
tour, perd son coup ; & celui qui laisse passer son rang de même. Toute quille qui tombe
quand la boule est arrêtée, ne vaut point, non plus que celle qui étant ébranlée & soutenue
par une autre, ne tomberoit que quand on auroit ôté celle-ci. Celles que la boule une fois
sortie du jeu fait tomber en y rentrant, ne sont point comptées non plus.
Ce jeu ne se joue guere à Paris que parmi les domestiques dans les guinguettes & à
quelques promenades ; il est plus commun à la campagne, où de fort honnêtes gens ne
dédaignent pas d'y jouer.
QUILLIER, au jeu de quilles, est un espace en quarré dans lequel on a tracé trois lignes
où l'on dresse trois quilles sur chacune à distance égale ; en sorte que le quillier forme
deux especes de rues, soit qu'on le regarde de haut en bas ou par les côtés, selon la
disposition du jeu.
QUILLE DU MILIEU, est une quille ordinairement plus ornée que les huit autres, qu'on
plante au milieu d'elles, & qui en vaut neuf à celui qui a l'adresse de l'abattre seule, à
moins qu'on ne soit convenu du contraire. 5
4
Marcel, A. et Sylvestre, Association pour le sauvegarde du patrimoine historique et culturel de la Haute-Vallée,
Quillan, Ressource électronique.
5
Diderot et d’Alembert, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société
de gens de lettres, Paris, Briasson, 1751-1765, Ressource électronique.
© Les Indiens blancs, Pierre Thibault, 2009.

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