ADEME - Avis sur les appareils domestiques à éthanol
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ADEME - Avis sur les appareils domestiques à éthanol
Les Avis de l’ADEME Appareils domestiques à éthanol végétal ENJEUX Les appareils fonctionnant à l’éthanol se sont particulièrement développés sur le marché de la décoration puis sur celui des appareils de chauffage depuis quelques années. Plutôt réservés à l’habitat urbain et aux hôtels et restaurants, ces appareils sont présentés soit comme des chauffages d’appoint écologiques (les cheminées « bio »), soit décoratifs. L’ADEME apporte des précisions sur les performances de ces appareils. DESCRIPTION Le concept du foyer à éthanol est né en Allemagne à la fin des années 1990. Les appareils sont composés d’un brûleur (ou bloc de combustion), inclus dans un habillage qui n’est généralement pas raccordé à un conduit d’évacuation des fumées et peut prendre des formes diverses : - une cheminée existante - une cheminée fixable ou mobile - du mobilier Le combustible utilisé est constitué d’alcool éthylique ou éthanol dénaturé à 95° se présentant soit sous form e liquide soit sous forme de gel. DEVELOPPEMENTS Le marché Initialement développés en Allemagne (200 000 appareils installés en 2008), les appareils à éthanol végétal sont commercialisés aujourd’hui en Amérique du Nord, Australie et Europe. En France, ces appareils sont importés depuis 2005 et le marché est évalué à 80 000 1 pièces vendues chaque année . Les prix varient, selon les gammes, entre 200 euros et plus de 4 000 euros. Le combustible se vend aux environs de 2 euros le litre. Performances techniques A ce jour, les appareils fonctionnant à l’éthanol végétal ne sont pas soumis à une réglementation ou à une norme de fabrication ou d’utilisation. Selon la future norme D35-386 en cours d’élaboration par l’AFNOR, les appareils pourront présenter des autonomies allant de 1 heure à 3 heures, pour une consommation moyenne, par heure, de 0,6 litre et un maximum 0,75 litre/heure. Ils pourront émettre de la chaleur sur une durée maximale de 6 heures par période de 24 heures glissantes. Leur fonctionnement sera donc intermittent. Ce sont uniquement les produits de combustion qui apportent la chaleur. Ces appareils ne permettent pas un rayonnement de la chaleur dans la pièce. Ils ne disposent pas de système de convection assurant une propagation d’une masse d’air chauffée dans la pièce apportant ainsi un confort homogène. Enfin, un appareil à éthanol ne stocke pas l’énergie de la flambée et ne permet pas une restitution régulière de la chaleur sur une longue durée. Dans l’état actuel du marché, les appareils ne sont pas des appareils de chauffage efficace. Ils ont un usage surtout esthétique et devront à terme être conformes à la future norme D35-386 pour garantir la sécurité du consommateur. Impacts environnementaux La Commission de la Sécurité des consommateurs a rendu, le 22 novembre 2008, un avis sur les appareils de chauffage ou de décoration au bio éthanol, sur la base des conclusions du Laboratoire National de Métrologie et 2 d’Essais . Elle déplore trois types de risques de ces appareils. Risques de brûlures L’éthanol sous forme liquide ou de gel, dégage des vapeurs susceptibles de s’enflammer rapidement au contact d’une flamme dès 16°C. C’est donc un combustible extrêmement inflammable, même plusieurs minutes après l’extinction de l’appareil. Il peut ainsi provoquer de graves brûlures lors de la manipulation de l’appareil. Les vapeurs d’éthanol peuvent se dégager à température ambiante et créer un risque à l’allumage, voire même provoquer des explosions du brûleur. Risques d’incendie domestique La flamme de l’éthanol est très légère et difficilement maîtrisable et peut enflammer très rapidement les éléments de mobilier inflammables situés à proximité. La flamme monte ensuite en puissance, sous l’effet du réchauffement du combustible et de l’appareil qui produit de nouvelles vapeurs inflammables. Risques d’intoxication La combustion de l’éthanol produit en théorie uniquement du CO2 et de l’eau. Or, dans certains appareils présents sur le marché, la combustion de l’éthanol n’est pas complète, conduisant à la production de monoxyde de carbone. Si ces appareils ne disposent pas de conduits d’évacuation (cheminée), ce gaz toxique 2 1 Avis relatif à la sécurité des foyers à éthanol – Commission de la sécurité des consommateurs – 11 décembre 2008 Avis aux fabricants, importateurs et distributeurs d’appareils fonctionnant à l’éthanol, http://www.securiteconso.org/article703.html est directement émis dans la pièce. Les émissions de monoxyde de carbone, d’oxyde d’azote et de composés organiques volatils peuvent provoquer, en cas d’exposition prolongée, des difficultés respiratoires et des allergies, notamment dans les locaux mal ventilés. Le Laboratoire National de Métrologie et d’Essais a réalisé des tests sur 4 foyers à éthanol représentatifs des modèles en vente sur le marché 2008, dans des locaux normalement ventilés (renouvellement d’air de 0,4 volume/heure). Ces études ont montré que les 4 cheminées testées dépassaient très nettement les seuils limites d’oxydes d’azote de référence, 3 foyers sur 4 dépassant de façon très significative les seuils de référence d’émission de monoxyde de carbone. Aux valeurs relevées de CO, les premiers symptômes d’intoxication apparaissent pour les personnes à risques. Les tests ont enfin montré que les cheminées à éthanol ont des émissions de formaldéhyde et acroléine nettement supérieures à celles des appareils de chauffage à bois ou 3 à pétrole couramment utilisés . Pour ces polluants, le LNE a conclu que pour les appareils concernés, « une utilisation prolongée peut conduire à une exposition sensible ». Pour satisfaire la future norme D35-386, les appareils devront produire très peu de monoxyde de carbone (des mesures seront effectuées suivant différentes conditions d’essai). Sur la base de ces risques, le Laboratoire national de métrologie et d’essais a élaboré, par analogie avec les dispositifs mis en place pour les convecteurs à pétrole, un référentiel de certification pour les foyers à éthanol. Ce référentiel sert aujourd’hui de base à l’élaboration d’une norme portant sur les « Appareils à usage domestique à fonctionnement intermittent utilisant un combustible à base éthanol ». Des appareils à éthanol sont en cours d’homologation au LNE. AVIS DE L’ADEME Au regard de leurs performances techniques, l’ADEME indique que les appareils fonctionnant à l’éthanol ne sont pas des appareils de chauffage et ne peuvent pas être considérés comme tels. Leur usage est aujourd’hui purement décoratif et présente certains risques. L’ADEME se joint aux recommandations du Secrétariat d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation et de la Commission de la Sécurité des Consommateurs qui invitent les consommateurs possédant un appareil à éthanol à la plus grande vigilance et demande l’arrêt de l’utilisation pour les appareils non équipés de dispositifs permettant de prévenir les risques d’intoxication, de brûlures et d’incendie. Par ailleurs, l’ADEME rappelle que l’éthanol utilisé ne s’apparente pas au carburant E85 (qui incorpore 85% d’éthanol) et ne peut être utilisé comme carburant. Dans le cadre d’une démarche d’économies d’énergie de chauffage, l'ADEME préconise en premier lieu de réduire au maximum les besoins de chauffage en veillant à la qualité d'isolation thermique du bâtiment (murs, toiture, combles, fenêtres, …) et à son exposition, puis à adopter un mode de chauffage performant. L’Agence recommande aux personnes optant pour le bois comme mode de chauffage (principal ou en appoint) à choisir des appareils présentant de bons rendements (supérieurs à 70%). Le label flamme verte assure aujourd’hui des appareils présentant une performance énergétique et environnementale élevée. COUTS Sur un plan strictement économique, le coût du kWh produit par les foyers à éthanol est de 30 c€, soit 3 fois plus cher que le KWh fourni par un radiateur électrique et 5 fois plus cher que le KWh fourni par un poêle à granulés 4 d’un rendement de 75% . Pour en savoir plus • Espace éco-citoyen du site de l’ADEME http://ecocitoyens.ademe.fr • Commission de Sécurité des Consommateurs : www.securiteconso.org 3 Etude ADEME –LERMAB, ENSTIB, UHA, SUPRA, Amélioration des performances environnementales et de l’intégration dans l’habitat des équipements de chauffage domestique au bois, 2008. 4 Etude ADEME-BASIC, Enquête sur le prix des combustibles bois en 2006 et 2007, 2008 ADEME – mai 2009