Shrek 2 fait un tabac

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Shrek 2 fait un tabac
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Dossier
Shrek 2 fait
un tabac
Notre point de vue
+ 9 idées de scénarios,
le stage cinéma ...
“Shrek” : un conte défait
Analyse de scénario par Juliette SALLES
de A. Adamson et V. Jenson, scénario de Ted Elliot et Terry Rossio,
d’après le livre de William Steig.
Blanche-Neige vous agace ? Le Prince charmant vous endort ? Vous n’avez jamais
vraiment cru à cette histoire de métamorphose de la Bête en Apollon ? « Shrek » est un film pour vous !
Shrek contient bien les ingrédients habituels des conte de fées :
créatures mythiques et merveilleuses, péripéties incroyables, prédictions, serments et baisers magiques. Mais, attention : « Shrek » tord
le cou aux jolis contes de notre enfance, et dans le monde merveilleux où il nous entraîne, il vaut mieux ne pas se fier aux apparences
: le Prince charmant, l’Ogre et la Princesse ne sont pas toujours qui
on croit. C’est d’ailleurs là tout l’enjeu du scénario : il
s’agit
à la fois de démythifier les contes de fée et, en même
temps, de raconter, justement, un conte de fées... Les
auteurs de Shrek sont donc sur le fil du rasoir, tirant
ici sur les cordes de l’humour et de la dérision, là sur
celles de l’amour éternel et de la conquête. Lorgnant
–
avec plus ou moins de bonheur- du côté du drôlissime « Princess Bride », ils tentent de revisiter –et de moderniser- les
situations légendaires et éternelles qui ont bercé notre
enfance. Mais, si le début du film est un véritable feu
d’artifice d’idées, « Shrek » finit de façon extrêmement sage,
probablement rattrapé dans son délire par le désir de capter un public
enfantin.
Conventions explosées
Les auteurs passent le début du film à retourner les conventions du
genre : le Prince Charmant n’est ni princier ni charmant. La première
fois que nous le découvrons, il torture un pauvre bonhomme en pain
d’épice. La Princesse, quant à elle, est une championne de kung fu et
possède un esprit de contradiction peu commun. Quant à l’Ogre… Le
générique de début du film est un merveilleux travail de caractérisation
: dès la première scène, nous saisissons à la fois le thème du récit et la
personnalité de son héros. Imaginez plutôt : un beau livre de conte de
fées, couvert d’images et d’enluminures. Soudain, une main énorme
déchire violemment les dernières pages du livre. L’image suivante nous
montre l’énorme Ogre Shrek qui sort des toilettes, accompagné d’un
puissant bruit de chasse d’eau. Le message est clair : pour notre héros,
les contes de fées sont juste bons à servir de papier toilette. Tandis que
le générique se poursuit, nous voyons Shrek qui se vautre dans la boue
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asphyxie des poissons en pétant. Quelques instants plus tard, il
se cure les oreilles et se sert de ce qui en sort pour faire une
bougie. Sans qu’une parole soit prononcée, nous savons
que Shrek est sale… mais bon vivant, mal élevé…
mais plein de coeur.
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même que, formellement, les scénaristes jouent sans arrêt avec les
mythes pour les confronter à la réalité, le fond du scénario est un questionnement sur les apparences et la réalité. Les personnages sont quasiment tous dans cette problématique et cachent un secret – celui de leur
vrai Moi. Lord Farquaad cache derrière sa petite taille et son prétendu
amour pour Fiona une ambition féroce et le désir de devenir Roi. Shrek
cache sa laideur et sa solitude fondamentales derrière une
grosse misanthropie (à l’occasion, il met un casque pour
enlever la Princesse afin d’être certain de ne pas l’effrayer).
La dragonne cache un cœur de midinette derrière ses vilaines
écailles et ses jets de flammes. Fiona, enfin, cache sa vraie
nature d’Ogresse derrière l’apparence d’une fine Princesse de
sang. Seul l’Âne ne cache rien, probablement parce qu’il parle
beaucoup, trop bavard pour conserver un quelconque secret.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est lui qui pousse Shrek,
puis Fiona à…oser parler.
Rien n’est simple
En termes formels, la première partie du film respecte scrupuleusement
les règles des contes de fées : le héros entend un appel et, après avoir
résisté, il y répond et surmonte tous les obstacles nécessaires pour
parvenir à son but. La seule différence, ici, c’est que Lord Farquaad
–le Prince charmant- s’il reçoit bien l’appel, refuse d’y répondre. Car
Lord Farquaad n’est ni vraiment princier, ni totalement charmant. Il
est principalement lâche. Et petit. Donc, plutôt que d’aller délivrer
la Princesse lui-même, il envoie Shrek à l’abattoir. L’Ogre embrasse
donc l’objectif de Lord Farquaad, non pas dans un quelconque espoir
de conquérir la belle Princesse, mais pour récupérer son marécage
débarrassé des squatteurs. Et Shrek, parce qu’il est malin et courageux,
ne tombe pas dans les pièges du château : il ne perd pas de temps à
embrasser la Princesse et ne fuit pas par la sortie habituelle (jonchée
des squelettes des précédents chevaliers…) Enlevée par un Prince qui
refuse de l’embrasser, et qui se révèle être un Ogre, Princesse Fiona
fait la tête. On la comprend… d’autant qu’elle a du mal à fantasmer sur
Lord Farquaad qui n’a pas eu le courage de venir la délivrer lui-même.
Présomptueuse, elle est prête à retourner dans son château pour attendre
un vrai sauveur. Heureusement, Shrek ne l’entend pas de cette oreille et
la jette par-dessus son épaule.
Et, soudain, le ton du film change. A l’occasion d’une attaque de Robin
des Bois et de ses joyeux compagnons, la Princesse et Shrek se découvrent des goûts communs pour la baston et le rat grillé. L’histoire se
complique alors d’une fort jolie manière : l’Ogre et la Princesse tombent amoureux (un peu vite d’ailleurs), alors que tous deux
savent que le déroulement normal du conte de fées dont
ils sont les héros ne peut contenir un tel rebondissement : c’est Farquaad que Fiona doit épouser, et
Shrek s’est engagé à la lui ramener. Voici donc
un nouvel obstacle pour notre héros : après
l’envahissement de son marécage par des
créatures de contes de fées, la traversée du
pont suspendu, le dragon cracheur de feu,
et la mauvaise humeur de la Princesse,
il doit affronter l’amour et son cortège
d’angoisses liées notamment à sa propre laideur. C’est l’épreuve ultime :
Shrek est face à lui-même.
Cette complication amoureuse aurait pu
suffire en soi pour nouer le récit, mais les auteurs préfèrent nous offrir
un nouveau et étrange retournement. La Princesse Fiona, qui semble si
parfaite, cache en réalité un affreux secret : chaque nuit, dès que le soleil
disparaît, elle se transforme en laideron (en l’occurrence, sa laideur se
résume à devenir une Ogresse – peau verte, oreilles en trompettes et nez
en pomme de terre.) Seul un baiser de son amour véritable pourra lui
rendre définitivement sa véritable apparence.
Les auteurs installent ainsi une double ironie dramatique : le spectateur
sait que Fiona devient une Ogresse la nuit alors que Shrek l’ignore ;
par ailleurs, le spectateur sait que Fiona, en exprimant son dégoût pour
la laideur parle d’elle-même, alors que Shrek qui venait déclarer sa
flamme croit qu’elle parle de lui. Cette situation permet de jouer du
quiproquo et de l’incompréhension, toujours payants en termes scénaristiques. Fiona est persuadée que Shrek ne ressent rien pour elle
puisqu’il la livre à Lord Farquaad sans un battement de cil. Et Shrek est
persuadé que la Princesse Fiona l’a en horreur parce
qu’il est si laid.
“
miers tiers du film, on nous a laissé espérer que Shrek, Ogre mal léché
mais plein d’amour, et Fiona sublime Princesse au tempérament de
chien, allaient pouvoir s’aimer. Et finir ensemble. C’était savoureux,
drôle, émouvant et… surtout profondément transgressif. Malheureusement, les auteurs n’ont pas suivi cette piste jusqu’au bout : pour que
Fiona et Shrek puissent s’aimer, il faut auparavant que la Princesse
se transforme en Ogresse. Qu’elle devienne aussi laide que Shrek luimême (et peu nous importe que Shrek la trouve belle, nous, spectateurs,
savons qu’elle ne l’est pas). Bref, on ne mélange pas les torchons avec
les serviettes ! Un comble, pour un film qui prétend vanter la tolérance.
« Shrek », qui voulait faire souffler un vent de folie sur les contes de
fées, finit donc de façon incroyablement sage et traditionnelle. Une
seule petite touche d’espoir pour les amateurs d’émotions fortes :
l’idylle naissante (ou la liaison torride ?) entre l’Âne et la dragonne…à
retrouver dans « Shrek 2 / Enfin papa » ?
La fin renverse
tout le propos des
auteurs
Heureusement pour nous, le spectateur n’est pas le
seul à connaître le secret de Fiona. L’Âne –confident
forcé de la Princesse- joue alors un rôle primordial,
lié à sa caractéristique principale, la parole. Incapable
de garder un secret (et assez peu désireux de le faire
de toutes les façons), l’Âne va rendre possible le retournement final. A
cet égard, il faut noter –comme souvent dans les films américains- la
force des personnages secondaires, ici l’Âne. C’est lui qui porte toute
le drôlerie du film. Ses interminables monologues et sa couardise en
font un personnage irrésistible, et un contrepoint efficace pour la misanthropie quasi-mutique de Shrek.
L’ultime pirouette
Mais avant l’apogée finale, une séquence musicale toute en fondus
enchaînés marque la traditionnelle fin de l’acte 2 : tout le monde est
au plus mal dans notre pays de conte de fées. Fiona pense qu’elle doit
épouser le nain Farquaad pour conserver sa véritable apparence, alors
que c’est Shrek qu’elle aime. Et Shrek, persuadé que Fiona ne l’aime
pas, traîne tristement dans son marécage. Il en a même perdu l’appétit…
Une seule note d’espoir : la dragonne esseulée a retrouvé l’Âne qui est
parvenu à calmer ses ardeurs sexuelles.
C’est donc l’Âne qui, ne pouvant tenir sa langue, convainc Shrek que
la Princesse n’est pas indifférente à son charme. Et c’est toujours l’Âne
qui fournit à Shrek un moyen de transport unique et rapide : la dragonne
qui les emmène en volant jusqu’au château de Farquaad, juste à temps
pour empêcher le baiser fatal. Car, comme dans tous les bons contes
de fées, le baiser revêt ici une qualité magique : c’est ce baiser qui doit
rendre à Fiona son apparence véritable et faire de Lord Farquaad, un
roi. Des enjeux à la mesure de ceux de « La belle au bois dormant », ou
de « Blanche-Neige » Et Lord Farquaad va se battre pour ce baiser qui
doit lui donner la puissance et la gloire, jusqu’au moment où, le dernier
rayon de soleil disparaissant à l’horizon, Fiona prend sa forme nocturne
: celle d’une vilaine Ogresse… Un Ogresse que Shrek trouve plutôt à
son goût. Quand tous deux s’embrassent, la métamorphose promise a
lieu. Fiona, par le baiser de son amour véritable, retrouve son apparence véritable… pas celle de Princesse malheureusement mais celle
d’Ogresse !
Cette ultime pirouette permet aux auteurs d’utiliser –en la retournant- la
métamorphose finale si courante dans les contes de fée. D’habitude, il
s’agit plutôt d’une manie masculine : le crapaud devient un charmant
jeune homme, la Bête se transforme en beau Prince, Riquet à la houppe
se retrouve avec la tignasse de George Clooney. Ici, au contraire, c’est
la jolie Princesse Fiona qui abandonne son 36 fillette pour un bon 52,
un nez en patate, des oreilles en champignons et un joli teint verdâtre.
Et Fiona et Shrek vécurent heureux longtemps, en se gavant de rats
grillés…
Le problème de cette fin –qui se veut originale et tolérante- c’est qu’elle
renverse finalement tout le propos des auteurs. Pendant les deux pre-
Juliette Salles
Le scénario et ses séquences
Shrek, de A. Adamson et V. Jenson, scénario de
Ted Elliot et Terry Rossio, d’après le livre de William Steig.
1.
Shrek, Ogre misanthrope et passablement dégoûtant, vit tranquillement
dans son marécage puant. Régulièrement des hommes tentent de le capturer
mais Shrek est aussi fort qu’effrayant. Jusqu’au jour où, le souverain du royaume voisin, Lord Farquaad, maniaque de l’ordre et de la propreté, décide de se
débarrasser de toutes les créatures de conte de fées qui « souillent » son royaume
par leurs différences. L’une de ces créatures est un âne parlant –et bavard- qui
parvient à fuir. Poursuivi par les soldats du roi, l’Âne est sauvé par Shrek qui
fait fuir la patrouille. Fort sociable et prêt à tout pour s’attacher les faveurs d’un
tel protecteur, l’Âne suit Shrek. Il n’est pas le seul. Chassées du royaume, les
créatures de contes de fées se réfugient elles aussi dans le marécage de Shrek.
Celui-ci voit l’invasion de son domaine d’un très mauvais œil. Apprenant que
les créatures ont été chassées par Lord Farquaad, Shrek se met en route, accompagné de l’inévitable Âne qui connaît le chemin du Palais et refuse de quitter
son nouvel ami.
2.
Cependant, Lord Farquaad –qui développe un gros complexe lié à sa très
petite taille- torture un bonhomme de pain d’épice pour savoir où se trouvent les
créatures de contes de fées. Il est interrompu par ses soldats qui lui apportent ce
qu’il cherchait : le fameux miroir magique. Ledit miroir explique à Lord Farquaad que, sil veut devenir Roi à part entière, il doit sauver une Princesse. Il lui
présente une série de nymphettes à délivrer : Cendrillon, exploitée par ses sœurs
et sa méchante belle-mère, Blanche-Neige, entourée de ses nains et la Princesse
Fiona emprisonnée dans une haute tour gardée par un dragon. Le Prince choisit
la Princesse Fiona. Cependant, après un bref voyage, Shrek et l’Âne parviennent jusqu’au Palais du Prince qui est aussi ordonné qu’aseptisé. Dans l’arène
royale, Shrek et l’Âne dérangent un tournoi entre les plus valeureux chevaliers
du royaume : le gagnant doit avoir le privilège de délivrer la Princesse Fiona.
Avec l’aide de l’Âne, Shrek met tous les cavaliers KO. Lord Farquaad Prince,
horrifié par la laideur de l’Ogre, hésite à le faire tuer par ses archers puis décide
de passer un marché avec le monstre : qu’il lui ramène Fiona et il lui rendra
son marécage intact et débarrassé de tous
ses nouveaux habitants.
Shrek accepte le marché.
3.
Shrek et l’Âne cheminent. L’Âne
Shrek de paroles et de conseils. Shrek
lui demande de se taire. Arrivés au
château, ils doivent affronter un dragon
gigantesque, cracheur de feu, qui
se révèle être…une dragonne.
Tombée sous le charme de l’Âne,
elle le kidnappe. Shrek en profite pour libérer la ravissante
Princesse et l’entraîner hors du
château. Puis il parvient à libérer
l’Âne tandis que la dragonne
s’emmêle les pattes et le cou
dans un entrelac de chaînes.
La Princesse, surprise par
le visage de Shrek,
étonnée que le
abrutit

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