Le semis sous couvert de culture : une technique
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Le semis sous couvert de culture : une technique
A la découverte du bio A la découverte du bio Le semis sous couvert de culture : une technique intéressante à plus d’un titre Le semis sous couvert est une technique utilisée en agrobiologie, mais elle se développe aussi dans les systèmes conventionnels. En effet, cette technique permet de lutter contre les mauvaises herbes et d’introduire avantageusement des légumineuses dans la rotation. L e terme semis sous couvert regroupe plusieurs techniques. En effet, on peut semer une culture directement dans un couvert végétal, comme pratiqué en technique culturale sans labour. A l’inverse, un couvert végétal peut se semer sous une culture ; l’exemple le plus courant étant le semis de ray-grass sous maïs. Nous parlerons ici plutôt du semis d’une culture sous le couvert d’une autre culture. Cette technique, utilisée en agrobiologie, permet d’atteindre deux objectifs agronomiques prépondérants : prendre les mauvaises herbes de vitesse et améliorer son autonomie azotée. Des gains au niveau de l’azote Les légumineuses sont des cultures pouvant être facilement implantées sous couvert. En effet, elles ont un cycle de développement différent des céréales, ce qui permet de limiter l’effet de concurrence. Trèfle semé sous céréale. 30 L’introduction de légumineuses dans la rotation permet de jouer sur le poste lié au précédent cultural. En effet, les nodosités de la légumineuse vont fixer l’azote de l’air et le rendre disponible pour la culture en place. De plus, ces nodosités vont se dégrader en même temps que les racines et autres parties aériennes en libérant de l’azote. Il y a donc un double gain: pas d’azote à apporter pendant le cycle de la légumineuse et moins à apporter pour la culture suivante. Pour les agriculteurs en système de culture céréalier, le semis de légumineuses sous couvert permet de compenser, en partie, l’absence de prairie dans une rotation. En effet, au niveau de l’azote, chaque tonne de matière sèche produite par la légumineuse permet de restituer, en moyenne 15 à 20 uN/ha à la culture suivante. Ainsi, on peut par exemple implanter un trèfle blanc nain (3,5 kg/ha) dans une céréale d’hiver à partir du stade redressement*. Le semis à la volée, suivi d’un passage de herse étrille, donne de bons résultats. Attention, cependant, à ne pas semer trop tôt, afin d’éviter un risque de forte concurrence de la culture principale. En parallèle, cela sous-entend une implantation, dans la plupart des cas, sans travail du sol préalable (sauf semis de deux cultures en même temps). *Rappel réglementaire: la directive nitrates interdit de semer des légumineuses en CIPAN (Couvert intermédiaire Piège à Nitrate) sauf si ce dernier est pâturé ou exporté. Il est alors appelé dérobée. Une réduction du salissement La diversité dans la succession des cultures limite le développement des adventices. L’alternance de : - la famille de la culture (couverture des sols, allélopathie), - la date d’implantation (cultures de printemps et d’hiver : le sol étant travaillé à des dates différentes, ce ne sont pas les mêmes adventices qui sont mises en situation de germination), - la durée d’implantation (annuelle ou pluri-annuelle), sont des facteurs qui empêchent l’installation d’une flore résistante. Dans cette optique de gestion du salissement, deux stratégies peuvent être appliquées. La première est de garder des périodes d’interventions, entre les cultures, afin de réaliser des faux-semis. L’objectif est dans ce cas de diminuer le stock semencier viable présent dans les premiers centimètres du sol. Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Printemps 2011 La luzerne, une culture pouvant s’implanter sous culture. La seconde consiste à couvrir le sol le plus longtemps et le plus rapidement possible, afin d’étouffer les adventices présentes et d’empêcher les germinations. C’est dans cette seconde stratégie que les semis sous couvert trouvent leur place (cf. encadré). Le semis sous couvert : une course de vitesse Le principe est simple : lors d’un semis, il y a une concurrence directe entre les herbes non désirables et la culture. C’est une course pour la lumière, l’eau et les nutriments. C’est pourquoi, si la culture a déjà réalisé une partie de son cycle (germination et levée) au moment de la récolte du précédent, elle est en mesure de prendre les adventices de vitesse. Cependant, une concurrence existe aussi entre la culture principale et la culture sous couvert. Ainsi, pour éviter les interférences, il faut travailler avec des plantes à périodes de croissances différentes, comme les céréales et les légumineuses. Aussi, le choix de la variété est important : pour une luzerne implantée sous couvert d’orge, il faut privilégier des variétés à hauteur de paille courte pour éviter d’étouffer la luzerne. L’aboutissement de cette technique tend vers une couverture végétale permanente des sols (permaculture). Cette technique est expérimentée sur le terrain par les agriculteurs, mais aussi dans les stations d’essais, afin de mesurer les atouts et les contraintes de mise en œuvre. La gestion de la concurrence entre cultures associées est parfois délicate. Cependant, un moindre rendement une année donnée peut être compensé par des gains de fertilité des sols les années suivantes. C’est pourquoi il convient de poursuivre ces expérimentations sur la technique du semis sous couvert à l’échelle de la rotation. Aurélien Dupont Pôle Agro PV Exemples de rotation avec cultures implantées sous couvert Luzerne sous couvert de céréales d’hiver Prairies sous couvert de céréales d’hiver Couvert végétal (trèfle) sous céréales d’hiver RGA sous couvert de maïs Exemples d’implantation « en même temps », toujours dans une logique de concurrencer les adventices Céréales de printemps et Couvert végétal (trèfle) Colza et sarrasin (ce dernier gèlera en hiver). Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Printemps 2011 31