Lettonie geographie

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Lettonie geographie
la Lettonie (Latvija) : le pays
d’après :
Pascal Orcier ( http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/etpays/Europe/EurScient6.htm )
Emmanuel Gonon "Les États baltes et l'ensemble baltique" in Fragments d'Europe, 1993, pp. 242 à 249..
l’État du monde, la Découverte.
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La Lettonie est un pays de 65 000 km² (18 sur 27 en Europe) pour 2 300 000 habitants (23 sur
27), soit une densité de 35 habitants au kilomètre carré. Sa situation à l'est de la mer Baltique lui
donne une heure d'avance sur la France. Indépendante en 1918, elle a été occupée par l'URSS de
1940 à 1991, date à laquelle elle a retrouvé son indépendance. En 2004 elle intégrait l'Union
Européenne. Sa capitale est Riga.
La carte administrative du pays a été profondément modifiée par un vote du 18 décembre 2008, et
sa mise en place sera définitive en 2012. Cette réforme entraînant un bouleversement des limites et
du nombre des circonscriptions électorales a pris dix ans pour être, difficilement, acceptées par les
partis politiques et les élus. Cependant elle était indispensable en raison de l'urgence de la
modernisation du pays face à la crise, et des difficultés financières dues à la trop petite taille de
beaucoup de collectivités locales. Elle a été réalisée en harmonisation avec la Nomenclature des
1
Unités Territoriales Statistiques (NUTS ) de l'Union Européenne.
L'ancien système était composé de 552 communes rurales (pagasts), petites villes (pilsētas), et
grandes villes (lielpilsētas), les deux premières catégories étant regroupées dans 26 districts (rajons).
Déjà en 2002 avaient été créées cinq régions (de programme de développement) : la Courlande
(Kurzeme), la Semigalle (Zemgale) ou Courlande orientale, la Latgalie (Latgale) ou Livonie intérieure,
et, en Livonie proprement dite, la Vidzeme ("pays du milieu" en letton) et la région de Riga (la
capitale). A l'intérieur de ces régions se répartissent désormais les 109 cantons (novads) regroupant
les précédentes communes rurales et les petites villes, ainsi que les grandes villes ("villes de la
République", Republikas pilsētas) qui passent de sept à neuf.
Régions, Grandes Villes
et limites des cantons / novads
1
Nomenclature des Unités Territoriales Statistiques (NUTS)
L'UE, soucieuse de se doter d'outils statistiques spatialisés exploitables, a établi une Nomenclature des Unités Territoriales
Statistiques (NUTS). La classification NUTS est hiérarchique : elle subdivise chaque État membre (NUTS 0) en 3 niveaux :
NUTS 1, NUTS 2, NUTS 3. Un État membre peut décider d'aller encore plus loin en subdivisant le niveau NUTS 3. Pour ces
trois premières subdivisions, les critères de délimitation sont fondés sur des seuils démographiques : de 3 à 7 millions
d'habitants pour les NUTS 1 ; de 800 000 à 3 millions pour les NUTS 2 ; de 150 000 à 800 000 pour les NUTS 3.
Concrètement, pour la France : les NUTS 1 sont les ZEAT (Zone d’étude et d’aménagement du territoire) ; les NUTS 2, les
régions ; les NUTS 3, les départements ; les NUTS 4, les cantons et les NUTS 5, les communes.
Les PECO, nouveaux adhérents ou pays candidats, ont dû se mettre aux normes de l'UE en matière de gestion des territoires :
après des décennies de systèmes bureaucratiques très centralisés, c'est un des défis qu'il leur faut relever. C'est ce que fait la
Lettonie (NUTS 0, 1, 2), avec ses régions (Nuts 3) et ses cantons / novads (Nuts 4).
-1-
De faible altitude (maximum 312 m), la Lettonie possède un paysage de collines légèrement
vallonnées, avec un fleuve principal, la Dvina (Daugava) qui parcours le pays sur 370 km (longueur
totale : 750 km). 41 % du territoire est en forêt, 40 % en surface agricole, 10 % en lacs et marécages.
Les 531 km de côtes connaissent une forte pollution, héritage de 50 ans d'appartenance au pays du
"socialisme réel", lequel y avait aussi plus fait raser toutes les maisons (sauf à Jūrmala, station
balnéaire proche Riga).
Le climat, malgré l'influence maritime de la Baltique sur le littoral, est continental : l'été y dure
quatre mois, et l'hiver presque tout le reste de l'année. Parmi la faune plus particulière au pays on
compte des lynx, des loups, des castors, des cigognes, des élans, des loutres.
Riga, capitale de la Lettonie)
La tour de l'académie des sciences, l'église Saint-Pierre et la cathédrale protestantes,
en arrière plan la Dvina / Daugava.
La langue officielle de la Lettonie est le letton, mais la colonisation soviétique depuis 1945, à fin de
russification et de soviétisation du pays, y a laissé de 800 000 à 900 000 Russes et assimilés
(majoritaires dans les grandes villes), peu décidés à pratiquer la langue lettone, malgré les nombreux
privilèges dont ils jouissent en matière éducative. L'extrême sud-est du pays comprend une minorité
polonaise. Le 3 mars 1991, ces importantes minorités se sont cependant jointes aux Lettons d'origine
lors du référendum pour l'indépendance acquis par 74 % des votants. Avec le lituanien, le letton est
une langue balte, mais leur parenté est limitée. A l'est du pays, 150 000 locuteurs pratiquent le
latgalien, dialecte du letton, tandis qu'à l'extrême nord de la Courlande, le live, apparenté à l'estonien,
est encore parlé par quelque 2000 personnes.
La population de la Lettonie (populations russe et assimilables exclues) est de tradition luthérienne
pour environ les deux tiers, et de tradition catholique pour le tiers restant, surtout dans l'est du pays.
Toutes populations confondues, luthérianisme, catholicisme et orthodoxie concerneraient aujourd'hui
chacun à peu près 25 % des habitants.
Les séquelles de la période ayant suivi l'invasion soviétique en 1940 se traduisent encore dans
l'importance et la structure de la population lettone "ethnique" d'aujourd'hui. Ainsi les destructions et
massacrent explique pour partie la faible densité actuelle du pays. Les enrôlements forcés, les
déportations dans les camps de travail et les répressions ont particulièrement concerné les hommes
des classes d'âges correspondant à la Seconde Guerre mondiale, entraînant un important déficit des
naissances durant la même période, et la forte féminisation des personnes âgées aujourd'hui. A cela
se sont ajoutés à l'époque, le flux des réfugiés suivant l'invasion soviétique, et les vagues de
déportations massives (plus de 100 000 personnes) décidées par Staline, en partie pour mettre fin à
la résistance anticommuniste des "Frères de la forêt".
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Depuis l'indépendance retrouvée (mars 1991), la population a nettement baissé, passant de
2 667 000 habitants en 1989 à moins de 2 300 000 habitants en 2009. Le solde migratoire est négatif,
avec d'une part le retour d'une partie des "pieds rouges", fonctionnaires et militaires russes et autres
dans l'ancienne URSS (faisant remonter la population lettonne "ethnique" de 52 % à 59 %), et d'autre
part le développement d'une émigration favorisée par l'ouverture des frontières. Le solde naturel est
négatif : taux de mortalité de 14 ‰, taux de natalité de moins de 10 ‰. L'espérance de vie n'est que
de 73 ans, mais la population est en voie de vieillissement, et les moins de 15 ans ne constituent en
2009 que 14 % de la population (France : 18 %). L'appel à des travailleurs étrangers a été évoqué,
mais il rencontre une profonde hostilité de la part des Lettons en raison du précédent soviétique.
Dans le même temps, le pays a connu d'important mouvements migratoires internes : la restitution
en 1991 des terres qui avaient été spoliées par les Soviétiques a provoqué un bref mouvement des
villes vers les campagnes. Le phénomène s'est renversé en 1998 et l'exode rural a repris : recherche
d'emploi et de meilleures conditions de vie, abandon des kolkhozes et fermetures d'usines
obsolètes… le phénomène touchant particulièrement l'est de la Vidzeme et de Latgale.
La Lettonie indépendante n’a pas accordé la citoyenneté à tous ceux qui résidaient sur son territoire, à
savoir, aux russophones descendants de travailleurs soviétiques arrivés après la Seconde guerre mondiale.
Ces populations sont importantes dans les grandes villes et dans le sud-est du pays, et un peu moins de
20 % des habitants sont des non Lettons. Cependant, une procédure simple, comprenant des épreuves de
langue et histoire lettonnes, permet à ceux qui le souhaitent d'obtenir la naturalisation, et un programme
gouvernemental a été mis en place en faveur des minorités, facilitant notamment l'apprentissage du letton.
Bien que certains doutent de la loyauté des russophones de Lettonie, la politique du pays est que ceux-ci
puissent être intégrés sans pour autant être "assimilés" et perdre leur culture.
Le statut des non citoyens (ou "passeports gris") leur garantit la jouissance des libertés fondamentales
et de droits économiques et sociaux importants (e code du travail comprend des clauses anti
discrimination), malgré des restrictions : une soixantaine de professions (dont certaines professions
libérales) ne sont ainsi accessibles qu’aux citoyens. Il y a peu de différences économiques notables entre
citoyens et non citoyens. Par ailleurs, ce statut présente quelques avantages (facilités pour obtenir des
visas pour la Russie, dispense du service militaire), des écoles permettent une scolarisation en russe (avec
des cours de letton), la langue russe est comprise dans l'ensemble du pays, et il n'y a pas de certitude que
la politique d'intégration mettre fin à l'image "d'occupants"… aussi comptait-on toujours en 2005 quelque
450 000 non citoyens.
Population d'ethnie* russe (2003)
* selon la définition en vigueur en Lettonie et dans les limites des anciens districts / rajons,
personnes naturalisées incluses.
Source : Pascal Orcier - La Lettonie en Europe - Zvaigzne ABC, Riga - 2005
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En dépit de la vétusté des équipements, en particulier de transports et de communications, et le
manque de modernité de ces usines, la Lettonie bénéficiait dans l'ancienne URSS de sa position de
débouché maritime permettant l'exportation d'hydrocarbures par les ports de Riga et de Ventspils. Des
industries de transformation (alimentation, mécanique, électronique) y avaient été développées,
essentiellement autour de Riga qui concentrait les deux tiers de la production lettonne. La stratégie
économique soviétique s'appuyant sur des spécialisations régionales l'économie lettonne s'est trouvé
en situation de forte dépendance de la Russie après 1991 : débouchés presqu'exclusivement exsoviétiques, importations de matières premières et produits énergétiques de l'ex-URSS.
Géographie économique des États baltes en 1995
(Reval)
(Pernau)
(Dorpat)
(Pleskau)
(Windau)
(Libau)
(Mittau)
(Dunabourg)
(Memel)
(Wilna / Wilno)
(Könisberg)
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Aussi le passage d'une économie du "socialisme réel" à une économie de marché a connu
quelques années difficiles, mais il s'est relativement bien passé. La réforme monétaire a été une
réussite : 7 mai 1992, introduction du rouble letton ; 20 juillet 1992, suppression du rouble russe ;
printemps 1993, introduction du lats. Après une forte décroissance en 1991, 1992 et 1993 (-8 %, 44 %, -3 %), ainsi qu'en 1999 et 2000, le pays a connu depuis 1996 et surtout 2000 un véritable
miracle économique, lui valant le surnom de "tigre balte". La dépendance vis à vis de l'ex-URSS (sauf
en matière énergétique) a fortement décru, l'Union Européenne constituant aujourd'hui 70 % des
échanges.
Dans le même temps, avec la fin du système soviétique et l'adhésion à l'Union Européenne, la
pollution a amorcé une décrue y compris dans le golfe de Riga, particulièrement touché. En 2009, le
"Pavillon bleu Europe" a été décerné à quatre plages proches de la capitale, toute un événement, vu
l'ampleur u problème.
La plage d'Abragciems, commune d'Engures à l'ouest de Riga, "pavillon bleu" 2009.
Régionalement, la géographie de la Lettonie et de son territoire correspond on ne peut mieux au
schéma "centre / périphérie", que ce soit au niveau national (cf. carte) : un centre dynamique autour
de Riga, et en cercles concentriques, un espace agricole dynamique, un espace agricole peu
diversifié, un espace en crise (la Lagtale)…
Les dynamiques régionales de la Lettonie
Source : Pascal Orcier - La Lettonie en Europe - Zvaigzne ABC, Riga - 2005
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…ou au niveau international (cf. carte) : Lettonie en périphérie de l'espace scandinave (mais inclus
dans cet espace depuis 1992), lui-même en périphérie de l'espace européen.
Les organisations régionales dans l'espace baltique
Depuis le début 2008 le pays connaît une grave crise économique liée à la fois à la crise mondiale
et à la mauvaise maîtrise de la croissance des années précédentes : monnaie surévaluée (entraînant
depuis 2006 une chute de la balance commerciale), inflation à deux chiffres (15,4 % en 2008),
décrochage des salaires par rapport aux prix. Une réaction nécessaire et rigoureuse du gouvernement
accompagnée d'une aide au niveau européen tentent de redresser la situation.
Lettonie (en 2006)
Population :
Superficie (km²) :
Indice de fécondité (enfants / femme) :
Mortalité infantile ( ‰) :
Espérance de vie (années) :
Indice de Développement Humain :
Médecins (‰ habitants) :
Espérance de scolarisation (année) :
e
Scolarisation 3 degré (%) :
PIB (ppa) / habitants ;(en $) :
Taux de chômage (%) :
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Lettonie
France
2 289 000
64 589
1,2
10,4
72,7
0,845
3,0
15,5
74,4
15 549
6,1
61 330 000
543 965
1,9
4,2
80,7
0,942
3,4
16,5
56,0
30 693
9,0

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