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Prix Jeune Chercheur de la Ville de Clermont-Ferrand, édition 2016 Compte-rendu des principaux travaux de thèse Citoyenneté, Laïcité, Diversité: L’école et la transmission des principes républicains. Thèse présentée par Élodie Roebroeck et réalisée sous la direction de Serge Guimond Sujet de la recherche Les principes de la devise républicaine de « Liberté, égalité, fraternité » sont au cœur de la tradition politique française. À la suite des attentats de janvier 2015, le Ministère de l’Éducation nationale a réaffirmé l’importance de ces valeurs, à travers la mise en place d’un plan de grande mobilisation de l'École pour les valeurs de la République. Ce plan témoigne de la haute mission accordée à l’école en tant qu’agent de transmission de valeurs. Néanmoins, pour être efficace, un tel plan ne peut faire l’économie d’une analyse plus poussée sur les valeurs qui sont actuellement transmises à l’école, et sur celles que l’on souhaiterait transmettre. Or, de plus en plus d’analyses convergent vers l’idée que la laïcité n’aurait pas forcément la même signification en fonction des acteurs, et des contextes (voir Baubérot, 2012; Lorcerie, 2013; Milot, 2013). Mes recherches visent donc à examiner, pour la première fois à notre connaissance, comment les élèves s’approprient le principe de laïcité et les valeurs républicaines en général, et quelles en sont éventuellement les implications en termes de tolérance et d’ouverture à la diversité culturelle. But de la recherche Comment les jeunes élèves d’aujourd’hui conçoivent-ils la laïcité et les valeurs républicaines? Et dans quelle mesure l’école républicaine favorise-t-elle l’apprentissage de la tolérance? Bien qu’il existe de nombreuses analyses sur les valeurs républicaines en histoire, sociologie et en philosophie, il n’existait jusqu’alors aucune autre recherche scientifique sur le sujet en psychologie. Or, compte tenu de l’importance de cette thématique, il s’agissait 1 d’un manque à combler de manière urgente. Sommaire Sujet de la recherche 1 But de la recherche 1 Méthodes utilisées 4 Résultats obtenus 5 Conclusion 7 Perspectives de développement du travail de recherche 7 Bibliographie 7 2 L’école parvient-elle à transmettre des valeurs? L’école française est traditionnellement chargée de la transmission des valeurs républicaines et de la formation à la citoyenneté. Maroussia Raveaud (2003) a réalisé plusieurs observations dans des classes en France et en Grande Bretagne. D’après Raveaud, l’école française est clairement marquée par sa tradition républicaine. Les élèves y sont déjà considérés comme des futurs citoyens, et non en fonction de leur appartenance à divers groupes sociaux ou culturels. Néanmoins, il est important de distinguer ce qui est valorisé dans les programmes d’enseignement et dans les pratiques des enseignants, de ce que les élèves en retiennent vraiment. D’après Benoît Charuau (2011), professeur agrégé de philosophie en lycée, « Les valeurs républicaines sont connues et mécaniquement ânonnées. La leçon a donc eu lieu. Et plusieurs fois. Mais, interrogeant les élèves, il apparaît rapidement que la devise enseignée est rarement comprise. » Ainsi, l’on ne peut nier qu’il existe un débat sur la capacité de l’école à transmettre ces valeurs. Sortir du débat d’idées. Pour pouvoir sortir du débat d’idées et évaluer à quel point les élèves font l’acquisition, ou non, des valeurs républicaines, il faudrait interroger directement les principaux intéressés, à l’aide d’instruments de mesures validés. Mais, jusqu’à encore très récemment, l’on ne pouvait que déplorer le manque d’études à ce sujet. On peut malgré tout citer l’étude de Bérengère Massignon (2011), basée sur les données récoltées auprès d’élèves de 14-16 ans dans le cadre du projet REDCo (Religion in Education: a Contribution to Dialogue or a Factor of Conflict in Transforming Societies of European Countries). Massignon (2011) conclue par exemple que les jeunes ont Illustration de Jean Effel intériorisé les règles de laïcité à l’école et notamment la loi du pour le livre "Laïcité" de 15 mars 2004 avec l’importance de distinguer les signes religieux ostentatoires, que les élèves ont désormais Jean Cornec (1965) l’interdiction de porter, et les signes discrets. Savoir si les jeunes Savoir si les jeunes ont intériorisé ou non cette loi est bien évidemment important. Néanmoins, de plus en plus de chercheurs et d’analystes politiques avancent l’idée que la loi de 2004 introduirait une nouvelle conception de la laïcité, distincte d’une conception plus « historique ». Plusieurs définitions de la laïcité De manière assez significative, les débats publics récents, par exemple sur la question du port du voile à l’école, n’opposaient pas les personnes pour ou contre la laïcité, mais différentes définitions de ce principe. De plus en plus d’analyses convergent vers l’idée qu’il y aurait au moins deux façons de concevoir la laïcité: une laïcité historique, d’État, libérale et inclusive, qui s’opposerait à une laïcité de société civile, « nouvelle », identitaire et d’exclusion (Baubérot, 2012; Lorcerie, 2013). Ces deux formes de laïcité auraient des conséquences sociales et des objectifs très différents, voire opposés. La laïcité, dans sa conception historique, serait foncièrement tolérante. Elle vise en effet à garantir la liberté de croire ou de ne pas croire et l'égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions. Pour cela, elle s'appuie sur la séparation des Églises et de l’État, consacrée dans la loi française de 1905, et sur le principe de neutralité de l’État vis-à-vis des questions religieuses (Maclure & Taylor, 2010). La nouvelle laïcité se détacherait de cette conception historique en considérant les principes de séparation et de neutralité comme des fins en soi, et non plus comme des moyens (voir Tableau 1 ci-dessous). De plus, le principe de neutralité s’appliquerait désormais aux citoyens et futurs citoyens, et non plus seulement à l’État et à ses représentants. Les manifestations d’appartenance religieuse seraient ainsi cantonnées à la sphère privée, potentiellement au détriment de la liberté de conscience et de l'égalité des citoyens. D’après certains auteurs comme le philosophe Henri Pena-Ruiz (2014), l’idée qu’il pourrait y avoir plusieurs façons de définir la laïcité est simplement fausse. « Décidément, les adversaires de la laïcité la haïssent au point qu’ils essaient de tuer le mot, ou de le rendre invisible par une nuée d’adjectifs (ouverte, inclusive, plurielle, dure, molle, douce, tolérante, intolérante, etc.). » La question n’est donc pas tranchée, du moins d’un point de vue théorique. Mais il importe de tenir compte de ces éléments lorsque l’on s’intéresse à la manière dont les élèves conçoivent la laïcité. Tableau 1: Tableau récapitulatif des théories du dualisme de la laïcité Laïcité historique Nouvelle laïcité • Liberté de conscience • Séparation des sphères privées et publiques • Égalité des personnes peu importe leurs convictions • Neutralité des citoyens et et futurs citoyens Moyens • Séparation des Églises et de l’État • Neutralité de l’État Lois • Loi de 1905 de Séparation des Églises • Loi du 15 mars 2004 et de l’État Conséquences • Tolérance, acceptation de l’Autre • Rejet, exclusion sociales Finalités Les auteurs qui avancent l’idée qu’il y aurait une nouvelle conception de la laïcité sont également convaincus que cette conception est intolérante et excluante. Mais, qu’en est-il en réalité? Si une telle conception existe, est-elle reliée à davantage de préjugés chez les élèves? En tant que psychologues sociaux, notre intérêt s’est particulièrement porté sur les conséquences sociales de la transmission de ces valeurs. Le rôle de l’école dans la formation à la tolérance « Sale arabe », « la France aux Français » ou « voilà Bamako qui arrive ». Des mots que l’on n’aimerait plus jamais entendre à l’école. Comment lutter contre les préjugés et la discrimination en contexte scolaire, et dans la société en général? La psychologie sociale s’est historiquement beaucoup intéressée aux préjugés et à la discrimination car ces phénomènes ont des conséquences très négatives, tant pour les personnes directement touchées, que pour la société dans son ensemble. De plus en plus d’études mettent en avant le rôle du contexte social, et notamment des valeurs véhiculées par une institution donnée (i.e. l’État, l’école) dans la diminution, ou au contraire, l’augmentation des préjugés et de la discrimination (voir Guimond et al., 2013). Par exemple, le fait d’être dans un pays qui valorise la diversité favoriserait la tolérance des citoyens. D’après le modèle de la socialisation culturelle (Selznick & Steinberg, 1969), l’école va socialiser les élèves à ce qu’on appelle la culture officielle, constituée des normes et des valeurs idéales d’un pays donné. En transmettant ces valeurs, l’école amènerait les élèves à faire preuve de davantage de tolérance. La transmission des valeurs républicaines pourrait-elle être un moyen d’amener les élèves à se montrer plus tolérants? C’est une des questions centrales que j’ai souhaité examiné dans ma thèse, à l’aide outils scientifiques développés récemment. 3 Méthodes utilisées Mesurer les valeurs républicaines Jusqu’à très récemment, il n’existait encore aucun instrument permettant de mesurer les attitudes des individus vis-à-vis des principes républicains. C’est en utilisant des techniques de construction et de validation d’échelles élaborées que Rodolphe Kamiesjki et ses collègues (voir Kamiejski, Guimond, De Oliveira, Er-Rafiy, Brauer, 2012) ont pu mettre au point et utiliser un tel instrument. En s’appuyant sur des ouvrages historiques, philosophiques, sociologiques, ainsi que de certains textes juridiques (ex. la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la Constitution française), les auteurs ont formulé un certain nombre d’items caractéristiques des principes républicains (par ex. « Pour l’unité du pays, les individus doivent être considérés comme citoyen avant de l’être comme black, blanc, beur, femme, homme, gay ou hétéro. » ou « Il me semble tout à fait normal que dans les écoles publiques en France les signes religieux visibles soient proscrits (interdits). »). Les participants, des étudiants en psychologie et en sciences, étaient invités se prononcer sur chacun des énoncés, en entourant le chiffre correspondant le mieux à leur opinion, sur une échelle allant de 1 (pas du tout d’accord) à 7 (tout à fait d’accord). Dans le cadre de nos travaux auprès des élèves, nous avons simplifié la formulation de certains items de Kamiejski et al. (2012), et ajouté certains items sur des questions qui nous paraissaient essentielles (ex. la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens peu importe leurs convictions religieuses). Évaluer l’acquisition des valeurs républicaines Si les élèves font effectivement l’acquisition des valeurs républicaines à l’école, alors on devrait logiquement s’attendre à ce qu’ils adhèrent de plus en plus à ces valeurs au fur et à mesure de leur progression dans le cursus scolaire. Mais, comment être certain qu’il ne s’agit pas seulement d’un effet dû à la maturité, à l’avancée en âge? Une possibilité pour contourner ce problème est de comparer des élèves qui ont le même âge, mais qui sont issus de différentes filières. Le rôle des filières académiques Des recherches menées au niveau international montrent l’importance de prendre en compte la filière d’étude lorsque l’on s’intéresse aux opinions des élèves. Une étude de Bernier (1978) au Québec a par exemple mis en évidence que les élèves des filières générale et professionnelle avaient des attitudes socio-politiques contrastées. Plus récemment, une étude conduite dans 17 pays (van de Werfhorst, 2007) montre que les élèves scolarisés en filière générale mettent en œuvre davantage de pratiques de « citoyenneté active » (intérêt politique, engagement associatif,…) que les élèves scolarisés dans la filière professionnelle. En France, on peut distinguer les lycées d’enseignement général et technologique (LEGT), qui préparent à la poursuite d’études longues, et les lycées professionnels, qui préparent les élèves à une insertion professionnelle rapide. Au vu des études citées précédemment, on peut s’attendre à ce que l’impact de la scolarisation sur l’acquisition des principes républicains soit plus fort en lycée d’enseignement général et technologique qu’en lycée professionnel. Si tel était le cas, alors on pourrait avancer avec davantage de certitude que l’acquisition des principes républicains n’est pas uniquement une question d’âge, mais bien de scolarisation. Présentation des études Nous avons mené deux études auprès des élèves. Dans la première étude, 300 élèves originaires de toute la Région Auvergne et des régions limitrophes ont complété un bref questionnaire durant des salons d’orientation, entre novembre 2012 et janvier 2013. En plus des mesures d’adhésion aux valeurs républicaines adaptées de Kamiejski et al. (2012), ce questionnaire 4 comprenait une mesure de préjugés, adaptée des travaux de Dambrun et Guimond (2001, ex. de proposition « Les Français devraient être prioritaires en matière d’emploi. »). Dans la seconde étude, réalisée de janvier à juin 2013, 1079 élèves des quatre départements de l’Auvergne ont complété un questionnaire plus approfondi durant un temps de classe ou de permanence. Le questionnaire était présenté sous la forme d’un petit livret intitulé « L’école de la République ». Dans cette étude, nous avons pu utiliser des mesures plus complètes des valeurs républicaines et des préjugés. Nous avons également introduit une mesure d’attachement à la laïcité (ex. La laïcité est un principe qui me tient beaucoup à cœur »; « La laïcité est un principe important. »). Enfin, nous avons pu contrôler un certain nombre de caractéristiques socio-démographiques pouvant avoir une influence sur l’adhésion aux valeurs républicaines (genre, origines et profession des parents). Résultats obtenus Deux conceptions de la laïcité Questionnaire utilisé dans la deuxième étude L’ensemble des résultats est très consistant d’une étude à l’autre. Nous avons réalisé des analyses statistiques poussées afin de voir comment se regroupaient les différentes propositions dans les représentations des élèves. Il ressort de ces analyses que les élèves font une distinction très nette entre deux valeurs républicaines, que nous avons respectivement appelées l’égalité républicaine et la nouvelle laïcité (voir Roebroeck & Guimond, 2015). L’ensemble « égalité républicaine » regroupe des propositions en faveur de l’égalité de tous les citoyens, quels soient leurs convictions, origines, ou appartenances à divers groupes culturels et sociaux. Exemple de proposition: « Il est important de respecter l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine ou de religion. » L’ensemble « nouvelle laïcité » regroupe des propositions en faveur de la séparation des sphères privées et publiques et de la restriction des manifestations d’appartenance religieuse à la sphère privée. Exemple de proposition: « Autant que possible, les pratiques religieuses devraient être à caractère privé et non public. » Les propositions relatives à la liberté de conscience (« Chaque citoyen doit être libre de pratiquer la religion de son choix. ») et à l’égalité des convictions (« Dans un état démocratique, toutes les religions devraient être considérées comme égales. ») font partie de l’ensemble « égalité républicaine » et non de l’ensemble « nouvelle laïcité ». Ce résultat accrédite l’idée que les élèves auraient effectivement deux façons de concevoir la laïcité, l’une que l’on pourrait qualifier d’ « historique » prônant la liberté de conscience, et l’autre que l’on pourrait qualifier de « nouvelle » centrée plutôt sur l’idée de retreindre les manifestations d’appartenance religieuse à la sphère privée. Enfin, les deux propositions mesurant l’attachement à la laïcité constituent un regroupement distinct. 5 Implications pour la tolérance Plus les élèves adhèrent à l’ensemble « égalité républicaine et moins ils manifestent de préjugés à l’égard des immigrés. À l’inverse, plus les élèves sont d’accord avec l’ensemble de propositions concernant la « nouvelle laïcité » et plus ils manifestent de préjugés à l’égard des immigrés. Enfin, l’attachement à la laïcité est relié négativement aux préjugés. Ainsi, ce ne serait pas la laïcité en soi qui serait reliée négativement aux préjugés, mais une certaine conception de ce principe. Rôle de l’école dans la transmission des valeurs républicaines Conformément à notre hypothèse, les élèves scolarisés en lycée d’enseignement général et technologique adhèrent davantage aux valeurs d’égalité républicaine et de nouvelle laïcité, et sont plus attachés à la laïcité que les collégiens. Ce n’est pas le cas des élèves scolarisés en lycée professionnel, qui sont même moins attachés à l’égalité républicaine que les collégiens (étude 2). Ces différences demeurent lorsque l’on contrôle les caractéristiques socio-démographiques des élèves. Ainsi, la progression dans l’acquisition des valeurs républicaines du collège au lycée général ne peut ni être attribuée à une question d’âge (puisque l’on n’observe pas de progression similaire en lycée professionnel), ni à une question de caractéristique socio-démographiques, mais plus probablement à une influence de l’école. Test du modèle de la socialisation culturelle La transmission des valeurs républicaines dans le cursus général a-t-elle des implications pour la tolérance? Nous avons testé un modèle dans lequel la progression dans le cursus général est reliée à l’acquisition de valeurs, valeurs qui ont ensuite un impact sur les préjugés. Ce modèle apparaît comme étant statistiquement validé. La progression dans le cursus général (du collège au lycée) est associée à une hausse de l’adhésion aux valeurs d’égalité républicaine et de nouvelle laïcité, ainsi que de l’attachement à la laïcité. L’adhésion à l’égalité républicaine et l’attachement à la laïcité se traduisent ensuite en une baisse de préjugés, tandis que l’adhésion à la nouvelle laïcité se traduit en une augmentation (voir Figure 1). Figure 1: Modèle testé dans la thèse .07** Éducation .18*** Égalité républicaine Attachement à la laïcité .10*** -.47*** -.10** Préjugés .47*** Nouvelle laïcité Les résultats montrent, pour la première fois à notre connaissance, que l’école peut influencer le développement des préjugés anti-immigrés, en transmettant à la fois des valeurs amenant davantage de tolérance (l’égalité républicaine, l’attachement à la laïcité), et d’autres amenant davantage de préjugés (la nouvelle laïcité). Le modèle inverse, prédisant que l’école influence les préjugés, puis l’adhésion à certaines valeurs n’est clairement pas validé par nos données (test avec le logiciel AMOS). Cela signifie que c’est bien en transmettant des valeurs que l’école va influencer les préjugés, et non l’inverse. 6 Conclusion Les données récoltées dans le cadre de cette thèse accréditent l’idée que l’école et notamment la formation en filière générale, transmet effectivement les valeurs républicaines. Cependant, si la transmission du principe d’égalité républicaine apparaît comme ayant des effets bénéfiques pour l’apprentissage de la tolérance, la transmission de la laïcité, dans sa conception récente (mais pas dans sa conception historique), apparaît en revanche comme ayant des conséquences problématiques et même délétères. De nombreuses études ont visé jusqu’ici à mieux comprendre la manière dont l’école pouvait influencer les préjugés, sans toutefois toujours proposer des explications pleinement satisfaisantes. Nos résultats apportent une contribution importante sur cette question, en mettant en évidence le rôle très important de la transmission des valeurs. D’autre part, nos recherches permettent de mieux comprendre le rôle de l’école dans la formation à la citoyenneté, tout en interrogeant l’actuelle pédagogie de la laïcité. Perspectives de développement du travail de recherche Dans les études futures, nous nous intéresserons notamment aux processus par lesquels l’école transmet les valeurs républicaines, et notamment, à deux types d’influence: l’influence par la transmission de connaissances, et l’influence par la présence d’une norme « républicaine ». En parvenant à mieux identifier comment l’école transmet des valeurs, nous pourrons éventuellement faire des préconisations pour favoriser l’apprentissage de la citoyenneté. Bibliographie Baubérot, J. (2012). La Laïcité falsifiée. Paris, France: La Découverte. Bernier, L. (1978). L’impact de la scolarisation post-secondaire sur les représentations sociales des jeunes Québécois. Revue des Sciences de l’Education, 4, 81-104. Charuau, B. (2011, avril). Quelle transmission de valeurs? In « Ecole et société: tensions et mutations ». XXIIIe colloque de l’AFAE, Tours, France. Dambrun, M., & Guimond, S. (2001). La théorie de la privation relative et l’hostilité envers les Nord-Africains. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 14, 57-89. Guimond, S., Crisp, R. J., De Oliveira, P., Kamiejski, R., Kteily, N., Kuepper, B., Lalonde, R. N., Levin, S., Pratto, F., Tougas, F., Sidanius, J., & Zick, A. (2013). Diversity policy, social dominance, and intergroup relations: Predicting prejudice in changing social and political contexts. Journal of Personality and Social Psychology, 104, 941-958. Lorcerie, F. (2013). Y a-t-il des élèves musulmans? Diversité – Ville Ecole Intégration, 168, 64-73. Maclure, J. & Taylor, C., (2010). Laïcité et liberté de conscience. Paris, France: La Découverte. Massignon, B. (2011). Laïcité in practice: the representations of French teenagers. British Journal of Religious Education, 33, 159-172. Milot, M. (2013). Dualisme des conceptions de la laïcité au Québec et en France. The Tocqueville Review / La revue Tocqueville, 34(1), 17-42. Pena-Ruiz, H. (2014). Dictionnaire amoureux de la laïcité. Paris, France: Plon. Raveaud, M., (2003). Minorités, ethnicité et citoyenneté: Les modèles français et anglais sur les bancs de l’école. Revue Française de Pédagogie, 144, 19-28. Roebroeck, E., & Guimond, S. (2015). Schooling, citizen-making, and anti-immigrant prejudice in France. Journal of Social and Political Psychology, 3(2), 20-42. van de Werfhorst, H. G. (2007). Vocational education and active citizenship behavior in cross-national perspective (Working Paper No. 07/62). 7