Le dialogue pour éviter le bâton

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Le dialogue pour éviter le bâton
“JEUDI 10 DÉCEMBRE 2015 m“
RÉGION 7
COMMUNICATION Neuchâtel a mis sur le terrain ses premiers médiateurs de rue. De nombreuses
tâches les attendent, comme désamorcer des conflits. Ils nous expliquent leurs motivations.
Le dialogue pour éviter le bâton
Arborant veste verte et sourire
de «smiley» en guise de logo, les
médiateurs ont fait leur apparition hier dans les rues de Neuchâtel. A deux ou trois, ils seront
au contact de la population, en
hiver du mercredi au samedi et
jusqu’au dimanche en été. Au
centre-ville avant tout et là où
leur présence sera utile. En principe jusqu’à 1h du matin.
Il s’agit là de l’un des volets du
concept de sécurité urbaine introduit en début d’année avec les
agents de police de proximité.
«Nous sommes dehors, dans la
rue», souligne le conseiller communal Pascal Sandoz.
COLOMBIER
Magasin cambriolé
et appel à témoins
Un cambriolage a été perpétré
dans le commerce de vêtements et
souliers Two Angels, à la rue Haute
19 à Colombier, dans la nuit de
samedi à dimanche. Entre deux et
quatre heures du matin, les
auteurs, dont vraisemblablement
un guetteur, ont utilisé un véhicule
pour la commission de ce délit,
l’utilisant apparemment pour
charger la marchandise volée. Tout
témoin qui aurait pu passer à pied
ou en voiture devant le magasin
au moment des faits est prié de
prendre contact avec la police, au
032 889 90 00. } RÉD -:FDD
Rester neutres
Policier ravi
Engagés il y a deux mois, les
médiateurs ont accumulé cours
ou jeux de rôle. Une cinquième
médiatrice viendra compléter
l’équipe en janvier: une ancienne aide-soignante en provenance de Saint-Aubin.
«Je suis heureux de voir qu’enfin
l’approche sécuritaire change de
psychologie», réagit Pierre Hobi,
policier et chef du Service de la
sécurité. «Le but est d’anticiper,
de ne pas attendre d’avoir des problèmes comme au Flon à Lausanne.» }
Budget accepté,
hôpital à recycler
Le Conseil général de Saint-AubinSauges a approuvé mardi soir à
l’unanimité, hormis une abstention,
un budget 2016 bouclant sur un
déficit de plus de 100 000 francs.
Le Conseil communal a par ailleurs
informé le législatif de la fermeture
de l’hôpital de La Béroche à fin
janvier prochain (notre édition du
27 novembre). Il appartient à la
commission chargée d’élaborer un
plan d’aménagement régional de
trouver une nouvelle affectation
pour le site. Cette commission est
composée des conseillers
communaux bérochaux chargés de
l’urbanisme, d’un bureau
d’ingénieurs et du Service de
l’aménagement du territoire. } FME
FRÉDÉRIC MÉRAT
«La parole est notre principal outil», explique Fabienne Finat,
responsable des médiateurs urbains, qui sera elle aussi sur le
terrain. A ces cousins des
«grands frères» français, les
mots serviront autant à renseigner qu’à sensibiliser à la consommation excessive d’alcool et
aux déchets sauvages ou encore à
désamorcer des conflits.
«Par exemple, en présence de
deux groupes de jeunes en bisbille,
l’important est de détecter les leaders et de dialoguer avec eux.» Les
médiateurs doivent rester neutres et «ne pas être associés à la
police; sinon, le lien de confiance
risque de se rompre». Cela ne les
dispense pas de dénoncer des infractions, comme tout citoyen
est censé le faire.
SAINT-AUBIN
Les nouveaux médiateurs de la Ville lors de leur première sortie à Neuchâtel. LUCAS VUITEL
= QUATRE DES CINQ MÉDIATEURS EN QUELQUES MOTS
FABIENNE FINAT
ANTHROPOLOGUE
DE FORMATION ET
ANCIENNE MÉDIATRICE
CULTURELLE À GENÈVE
STÉPHANE
GUTKNECHT
GÉRANT PENDANT
CINQ SAISONS DU BAR
KING DU LAC
À NEUCHÂTEL
NEUCHÂTEL
JEAN-MARIE LACK
SOCIO-POLITOLOGUE
ET PÉDAGOGUE, ACTIF
DANS LES RELATIONS
NORD-SUD, LA CHAUXDE-FONDS
Inconscient
après une bagarre
STÉPHANE ROBERT
ENSEIGNANT EN
ÉDUCATION PHYSIQUE
SPÉCIALISÉE, IPSACH
(PRÈS DE BIENNE)
«Encore tout
à fait gérable»
«Une occasion
«J’ai la vocation
d’aider ma ville» d’apaiser»
«Une qualité de
vie à préserver»
Cheffe d’équipe, Fabienne Finat se
réjouit de faire de «l’anthropologie
appliquée», soit l’étude de l’être
humain, «sur le terrain». Celle qui
s’est intéressée à la gestion de
conflits dans des ethnies africaines
observe que les querelles de voisinage commencent à s’arranger en
se parlant. La situation à Neuchâtel
est «encore tout à fait gérable. Vous
n’êtes pas à la Riponne!»
Cadet des médiateurs, Stéphane
Gutknecht est né à Neuchâtel. A 33
ans, «j’ai trouvé dans ce poste une
occasion d’aider ma ville, que
j’aime beaucoup». Celui qui voulait
d’abord être animateur socioculturel
a notamment été engagé pour sa
connaissance des nuits neuchâteloises. Apaiser les gens, «je le faisais déjà indirectement, derrière le
bar».
Stéphane Robert ne cherchait pas
une activité de bureau. Il a travaillé
pendant des années dans le Jura
bernois aux côtés de personnes
handicapées, en particulier des autistes. «Là où il y a des problèmes
de communication, il peut y avoir
de la violence.» Arrivé de Montpellier, il apprécie «la qualité de vie, la
sérénité qui caractérise la Suisse; si
on peut préserver ça...»
Jean-Marie Lack parle d’activité
«en marge, dans l’instantanéité. J’ai
la vocation de prévenir, d’apaiser
les situations conflictuelles. Par ma
carrure, je ne ferais pas le poids!»
Pourtant, «ça m’est arrivé d’intervenir, de prendre des coups». Le
jeune quinquagénaire est vert de
rage quand il apprend «qu’il y a
des agressions dans le bus et que
personne ne bouge».
Un jeune homme âgé de 23 ans
frappé au visage, qui se cogne la
tête sur le trottoir en tombant puis
qui est encore frappé à la tête au
sol. Cela s’est passé dimanche 15
novembre, à 3h45 du matin, à la
rue de l’Evole à Neuchâtel. La
victime était inconsciente au
moment de l’intervention des
secours, a indiqué lundi la police,
qui lance un appel à témoin (au
032 889 90 00), l’auteur des coups
n’ayant pas été identifié. Son
signalement est le suivant: 170 175 cm, 20-25 ans, de type
européen, de corpulence svelte.
Il portait un T-shirt noir avec des
fleurs sur les manches, une
casquette noire, un pantalon foncé
et un sac à dos noir. } RÉD -:FDD
NEUCHÂTEL Quatre artistes transforment une partie de leur atelier en espace d’exposition. Smallville ouvre demain.
Un pont rêvé entre l’art contemporain et la culture populaire
Entre un supermarché allemand, une carrosserie et une
serrurerie, bienvenue à Smallville! Dans le quartier des
Draizes, à Neuchâtel, quatre artistes de la région ont aménagé
un nouvel espace d’exposition
dans leur atelier.
Ils seront dix à essuyer les plâtres demain soir avec une exposition de Noël, dans la tradition
germanique. «Ces expositions
sont toujours très décousues; autant y aller à fond», relève Renaud Loda. Ainsi, Gérald Comtesse, «50 ans de peinture à
Neuchâtel», s’acoquine avec le
graffeur Kesh. Ou Martin Jakob,
«la jeune génération du coin», se
frotte à Olivier Mosset, «un
grand, mais qui a un rapport assez
éloigné» avec le chef-lieu. «Ce
ont de gros a priori sur l’art contemporain». Variante du «moi
aussi je peux le faire», un interlocuteur a suggéré qu’il pourrait
exposer les langes de son enfant:
«J’aimerais prendre les noms et les
exposer, que leur pensée se matérialise et devienne une œuvre, mettre toutes ces formes d’art sur le
même plan, sans hiérarchie.»
sont tous des amis, à part Günter
Förg», un peintre allemand qui
vécut à Areuse à la fin de sa vie.
Un lieu ouvert
Cette exposition inaugurale se
veut programmatique. Avec Fabian Boschung, Camille Pellaux
et Sébastien Verdon, Renaud
Loda veut que le lieu soit ouvert,
loin du «cloisonnement» ou de la
«frilosité» dont peut faire preuve
«le milieu de l’art contemporain».
L’artiste, qui a déjà une expérience de curateur, souhaite «jeter des ponts entre des choses pointues et la culture populaire;
j’aimerais pouvoir travailler avec
des mères de famille qui font de
l’aquarelle, par exemple».
Travail alimentaire aidant, «je
suis amené à côtoyer des gens qui
L’ombre d’un super héros
Camille Pellaux, à gauche, et Renaud Loda, deux des artisans de
Smallville. Manquent Fabian Boschung et Sébastien Verdon. LUCAS VUITEL
«Beaucoup de gens étudient
l’histoire de l’art et aimeraient aussi exposer», rebondit Camille
Pellaux. Et bien évidemment,
pour les promoteurs de cet espace, il s’agit également de montrer leurs travaux. «Si je finis une
toile, je pourrai organiser un vernissage en quatre jours...» Smallville, qui a reçu 5000 francs de la
Loterie romande et 3000 francs
de la Ville, pourrait aussi accueillir conférences ou projections.
On saura encore que ce lieu, qui
a accueilli par le passé des machines-outils ou du tir à l’arc, doit
son nom à la ville de Superman.
«Ça correspond bien à Neuchâtel,
avec un côté rural et de l’énergie»,
glisse Renaud Loda. Au-dessus de
la porte, un S diffuse une petite
lumière verte. } FME
+
INFO
«Weihnachtsaustellung»:
Avec des œuvres de Kyung Roh
Bannwart, Fabian Boschung, Gérald
Comtesse, Günther Förg, Kester Güdel,
Martin Jakob, Kesh, Olivier Mosset,
Camille Pellaux et Léopold Rabus.
Vernissage vendredi à 18h30, chemin
des Péreuses 6b, à Neuchâtel. Jusqu’au
11 janvier sur rendez-vous, au 078 661
02 70 ou à [email protected]