Dans la perspective du fœtus...que vois-tu?

Transcription

Dans la perspective du fœtus...que vois-tu?
Perspectives sur le développement humain
aux différentes étapes de la vie
Journal de l’élève
Dans le présent numéro :
Dans le présent numéro :
Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan
Nº 2
Ministère de l’.Éducation de la Saskatchewan
Journal sur la psychologie du
développement, accompagnant
le cours Psychologie 30
du ministère de l’Éducation
de la Saskatchewan
Nº 2
Dans le présent numéro : La période prénatale
Au sommaire :
Dans la perspective du fœtus… que vois-tu?
Page 1
Cet article décrit le processus de développement pendant la gestation. On y traite tout
particulièrement du développement physique, cognitif et socioaffectif de l’enfant à naître.
Clonage : la création revue et corrigée
Page 9
Les progrès de la recherche aidant, nous pourrions être sur le point de trouver de nouveaux moyens
de guérir certaines des maladies parmi les plus graves qui aient frappé l’humanité jusqu’à nos jours.
Cependant, toute fascinante qu’elle soit, la recherche sur le clonage n’est pas sans soulever une
vive controverse.
L’hérédité, la génétique et le développement humain
Page 12
Après avoir défini l’hérédité et la génétique, cet article aborde les questions éthiques et morales qui
découlent de la manipulation génétique.
D’autres perspectives sur le développement du foetus et du nouveau-né
Page 14
La recherche démontre que le développement du bébé dans le ventre de sa mère n’est pas
nécessairement le même pour le garçon et la fille. Par ailleurs, on constate que l’on peut influencer
le développement du bébé avant même qu’il soit né.
L’enfantement
Page 17
Cet article décrit le travail et l’accouchement chez la parturiente, point culminant d’un processus de
conception et de développement d’un nouveau membre de la race humaine qui aura duré 38
semaines!
Maternité – paternité : où sont les hommes?
Page 20
Bienvenue à une nouvelle ère pour le papa moderne! Au fil des générations, on a vu une évolution
dans le rôle des pères ence qui a trait à la grossesse de la mère et dans la naissance et les premiers
soins de du bébé. De plus en plus, on voit les papas préparer la venue du bébé dans le monde et être
un de ses premiers contacts avec le monde.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page i
Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan
Journal sur la psychologie du
développement, accompagnant
le cours Psychologie 30
du ministère de l’Éducation
de la Saskatchewan
Dans la perspective des écosystèmes… que vois-tu?
Page 23
Cet article décrit les divers écosystèmes qui favorisent le développement de l’embryon et du
fœtus. En partant du modèle écologique de Bronfenbrenner (1979), on y voit comment chaque
écosystème contribue à sa façon au bon développement du bébé pendant la grossesse.
Influences sur le développement prénatal
Page 27
Même si l’enfant à naître reste relativement isolé du monde externe pendant qu’il est dans le
ventre de sa mère, il n’est pas à l’abri pour autant de facteurs et agents qui peuvent influer sur son
développement et souvent même y nuire. Cet article fait état d’un grand nombre des substances et
de conditions ambiantes – dites « agents tératogènes » – qui agissent sur le développement
prénatal.
L’approche ontogénétique du développement prénatal
Page 31
Cet article traite de la façon dont l’approche ontogénétique peut servir à la conceptualisation du
processus de développement pendant la période prénatale
L’argumentation : une démarche de réflexion
Page 33
Cet article présente un outil intéressant qui pourrait t’aider à débattre quelques-unes des grandes
questions touchant la psychologie du développement.
Deux points de vue
Page 38
On devrait autoriser le clonage d’organes humains à des fins de greffes.
Mon anthologie
Page 39
Pour que tu puisses vraiment t’approprier le Journal de l’élève, nous avons prévu des pages où tu
pourras consigner et préserver des dictons, images, poèmes, anecdotes, paroles de chansons et
tout ce que tu trouveras d’autre qui t’intriguera, t’inspirera, t’amusera ou t’interpellera.
Mes notes de cours
Page ii – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
Page 40
Dans la perspective du fœtus...que vois-tu?
Cet article décrit le processus de développement qui survient pendant la gestation. On y traite du
développement physique, cognitif et socioaffectif de l’enfant à naître.
Jamais plus, pendant le reste de sa vie, le corps humain ne
se développera-t-il aussi rapidement et aussi radicalement
qu’il le fait entre le moment où l’œuf de la femme est
fécondé et celui où le fœtus sort du ventre de sa mère. Il
suffit en effet d’à peine 40 semaines pour mettre au
monde un être humain, depuis le moment où un seul des
20 000 spermatozoïdes nécessaires pour percer la
membrane chimique de l’ovule se détache pour aller
fusionner avec l’ovule, jusqu’à l’accouche-ment
proprement dit d’un être doté de toutes les capacités et
potentialités de la race humaine. Ce miracle de la
création correspond à la période prénatale du
développement.
En fait, la période prénatale se décompose en trois souspériodes. La période germinale correspond aux deux
premières semaines de développement, lequel se
caractérise par une rapide division cellulaire, l’amorce
d’une différenciation cellulaire et l’implantation du
blastocyste sur la paroi utérine. Environ une semaine
après la fécondation, l’œuf (alors appelé zygote) compte
de 100 à 150 cellules. S’amorce alors la différenciation de
celles-ci, opération pendant laquelle le zygote se
décompose en trois couches : le blastocyste, couche
interne de cellules qui formera plus tard l’embryon, et
le trophoblaste, à savoir l’ensemble des couches externes
qui serviront ultérieurement à l’alimentation et au
développement de l’embryon. L’implantation utérine du
zygote se produit aux environs du 10e jour après la
fécondation (Santrock, 1999).
La période embryonnaire du développement est la
période qui survient de 2 à 8 semaines après la
fécondation. L’endoderme de l’embryon, soit le feuillet
interne de cellules, se transforme alors pour aller former
surtout les systèmes respiratoire et digestif du corps.
Le feuillet intermédiaire, appelé mésoderme, évoluera
pour donner naissance au système circulatoire, au
squelette, aux muscles, au système urinaire et aux organes
génitaux. Enfin, le feuillet externe de l’embryon,
l’ectoderme, ira former le système nerveux, les organes
des sens (yeux, nez, oreilles) et la peau. À mesure que se
développe l’embryon, prennent aussi forme le placenta, le
cordon ombilical et l’amnios (membrane qui enferme les
fluides dans lesquels flotte l’enfant) (Santrock, 1999).
La période fœtale commence 2 mois après la
fécondation et dure en moyenne 7 mois. À 3 mois, le
fœtus mesure 10 centimètres de long et pèse environ
60 grammes. Il s’active, agitant bras et jambes, ouvrant
et fermant la bouche, bougeant la tête. On peut déjà y
distinguer la figure, le front, les paupières, le nez et le
menton, ainsi que les bras, les mains et les jambes. À
4 mois, les membres inférieurs du fœtus connaissent
une poussée de croissance. À la fin du 5e mois, les
ongles de mains et de pieds ont fait leur apparition et le
fœtus est encore plus actif. À la fin du 6e mois, les
yeux et les paupières sont complètement formés, un
réflexe de préhension est déjà présent, et on observe
une respiration irrégulière. Dans les deux derniers
mois, le tissu adipeux se développe et le
fonctionnement de plusieurs organes, comme le cœur et
les reins, s’active (Santrock, 1999).
À chacune des trois périodes, il y a non seulement un
développement biologique fulgurant, mais aussi un
développement cognitif et socioaffectif.
Sur le plan du développement cognitif du bébé à naître,
on voit entrer très tôt en activité – quoique de façon
limitée – certaines fonctions rudimentaires du système
nerveux. En fait, les systèmes circulatoire et nerveux sont
les premiers à se mettre en branle chez l’embryon, les
battements de cœur apparaissant vers la 3e semaine après
la fécondation. Rendu au 2e mois, une réaction
d’évitement – le retrait de la main par contraction des
muscles du cou – se produit lorsqu’on applique un
stimulus déplaisant à la lèvre supérieure de l’embryon.
Ces développements sont la preuve que des réflexes
simples sont à l’œuvre à ce stade et que les liens
synaptiques et l’activité interneuronale sont déjà
suffisants pour coordonner les mouvements musculaires
(Rose, 1989, p. 192).
Le développement précis du cerveau et du système
nerveux central fait l’objet d’intenses recherches. Le
cerveau humain renferme pas moins de 100 milliards de
cellules nerveuses appelées neurones. Chaque neurone
établit des liens avec en moyenne plusieurs milliers
d’autres, pour former un réseau d’au moins 100 billions
d’interconnexions neuronales. Fait surprenant, ce réseau
d’une immense complexité semble se connecter avec une
précision quasi parfaite. Comment un pareil prodige
biologique est-il possible? Sûrement d’après un plan de
connexion déjà encodé dans les gènes. Il est en effet
clairement ressorti des études réalisées sur des embryons
d’animaux à différents stades de développement que les
neurones se forment et se déplacent pour tisser des
réseaux dans des aires désignées du cerveau et qu’une fois
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 1
rendus sur place, ils projettent leurs axones suivant des
trajectoires préprogrammées et aboutissant à des cibles
précises. Des neurobiologistes ont récem-ment découvert
un autre phénomène fondamental qui pourrait
éventuellement expliquer l’extra-ordinaire fidélité des
interconnexions du cerveau. Le « plan de connexion » de
base dressé par les instructions génétiques pourrait être
modifié par l’expérience pendant une période critique de
la vie du nourrisson. Des axones prenant naissance dans la
rétine de l’œil se projettent ainsi dans le cerveau en
développement et tissent une multitude de liens au sein du
cortex visuel. Suit une sorte de période transitoire pendant
laquelle les connexions synaptiques qui servent le moins
sont « élaguées » au profit de celles qui assurent le bon
fonctionnement du réseau. Le raffinement progressif des
interconnexions pourrait bien être un nouveau principe
général régissant le développement du cerveau. Ce
pourrait bien être aussi le mécanisme qui sous-tend
l’existence de « périodes critiques » pendant lesquelles le
nourrisson doit acquérir certaines habiletés, notamment au
4e mois, lorsque son cerveau acquiert la vision
binoculaire.
Il existerait d’autres périodes critiques,
quoique moins bien circonscrites, pour l’apprentissage du
langage et de la sociabilité. C’est ce qui expliquerait que
les enfants qui, pour une raison quelconque, n’arrivent pas
à acquérir ces habiletés pendant ces périodes critiques
risquent de ne jamais les acquérir par après (Wade, 1998,
p. 150).
Il semble quelque peu farfelu de laisser entendre qu’un
fœtus humain, bien en sûreté dans le ventre de sa mère,
baignant dans le liquide amniotique et presque
parfaitement isolé du monde externe, puisse développer
un tempérament de base, voire une personnalité. Mais
c’est le cas. Chaque individu naît avec un ensemble de
tendances ou dispositions psychologiques qui lui sont
propres et qui sont programmées dans ses gènes. Ces
tendances, qui ensemble forment le tempérament,
imprègnent et façonnent presque tous les aspects de la
personnalité de l’individu en développement. C’est
pourquoi on dit que le tempérament – et, par ricochet, la
personnalité – est « épigénétique » et non seulement
génétique. Autrement dit, le tempérament vient non
seulement des multiples instructions du programme
génétique qui guident la formation du cerveau, mais aussi
des influences du milieu prénatal (Berger, 2000, p. 219).
Le fœtus n’est donc pas un simple passager passif dans le
ventre de sa mère, pas plus que la femme n’est qu’une
simple mère « porteuse ». Le développement est au contraire
un processus interactif, même bien avant la naissance
(Kisilevsky et Low, 1998). Au-delà de la seule
interdépendance physiologique, le fœtus et la mère ont
ensemble une interaction bien plus intellectuelle, pour ne pas
dire « cérébrale ». Aux environs de la 9e semaine, en réaction
aux changements de position de la mère, le fœtus s’anime
ainsi d’imperceptibles mouvements de ses minuscules talons,
Page 2 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
poignets, coudes et fesses. Bientôt la mère sentira des
battements parfois si ténus qu’elle se demandera s’ils ne sont
pas des gaz ou le fruit de son imagination plutôt que les
mouvements bien réels d’un être vivant dans son corps. Mis
à part le désagrément temporaire qu’ils peuvent causer, les
mouvements du fœtus sont généralement source
d’émerveillement. Les futurs parents – le père aussi bien que
la mère – aiment bien caresser le ventre vivant de la mère. Le
fœtus ressent ces stimulations et y répond, amorçant un
mode de communication par le toucher qui se poursuivra
toute sa vie (Ronca et Alberts, 1995). Il est intéressant de
noter que les rythmes de mouvements quotidiens de la
femme, où elle marche, se penche et se repose, influencent le
rythme des mouvements du fœtus, et les nourrissons qui sont
très actifs ont aussi généralement été exceptionnellement
actifs dans le ventre de leur mère. Comme quoi l’un s’adapte
aux habitudes de mouvements de l’autre bien avant la
naissance.
Vers la fin du stade prénatal, d’autres systèmes sensoriels
commencent à fonctionner et, à nouveau, l’interaction
entre le fœtus et la future mère est évidente. Comme la
quantité de liquide amniotique que le fœtus avale dépend
en partie du goût qu’il a, le fœtus avale généralement plus
de fluide si ce dernier est sucré que s’il a mauvais goût, et
par voie de conséquence les poumons du fœtus, sa
digestion et sa nutrition sont intimement liés au régime
alimentaire de la mère (Carlson, 1994). Mais de tous les
sens qui s’éveillent chez le fœtus, l’ouïe est le plus
développé. Les nouveau-nés gardent le souvenir des sons
qu’ils ont entendus tandis qu’ils étaient encore dans le
ventre de leur mère, dont les voix et intonations
humaines. Les recherches indiquent que, au moins sur
certains plans, les fœtus ne font pas que préparer leurs
réflexes et leurs organes à un fonctionnement
physiologique après la naissance, ils s’accoutument déjà
aux particularités du monde auxquels ils s’apprêtent à se
joindre. Parallèlement, les mères commencent à identifier
et à reconnaître certaines des caractéristiques de leur futur
rejeton : rendu au dernier trimestre, la quasi-totalité des
femmes enceintes parlent au bébé dans leur ventre, elles
le tapotent régulièrement ou elles en rêvent pendant la
nuit (Berger, 2000, p. 106).
Pour résumer, pendant les 40 semaines que dure la
gestation, les trois dimensions de l’être humain –
physique, cognitive et socioaffective – sont déjà en train
de se développer. Ce développement est phénoménal, à un
point tel, du reste, que, pendant la période fœtale, il peut
se créer jusqu’à 16 000 neurones à la minute! D’où
l’incroyable niveau d’interaction et d’inter-dépendance
qui caractérise le développement prénatal, car à mesure
que se tisse le complexe réseau des neurones, se
construisent simultanément les structures cognitives du
cerveau – lesquelles pourraient bien être le siège des
émotions, attitudes et motivations qui sont à la base de la
personnalité!
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Liens et rapprochements
À l’aide du médium de ton choix, compose, construis ou crée une métaphore visuelle illustrant
la nature du développement prénatal.
À l’aide du tableau du développement prénatal du Journal de l’élève, reproduis les grandes
lignes du processus qu’il illustre en organisant autrement l’information, sous forme par exemple
d’affiche ou de chronologie.
° Des photographies, diagrammes ou illustrations des points saillants du développement
donneront à ton affiche ou à ta chronologie d’autant plus d’intérêt.
Réflexion : Ce qu’il faut retenir des influences héréditaires est qu’aucun gène ne détermine le
comportement.
° Quelle est l’importance d’une pareille affirmation?
° S’il n’y a pas de gène pour le comportement, qu’est-ce qui le détermine alors?
À partir des statistiques sur le poids et la taille de l’embryon puis du fœtus, crée un graphique à barres
représentant la croissance prénatale.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 3
Stade du
développement
Fœtus
Mère
Père
Premier trimestre
e
4 semaine
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•
•
8e semaine
•
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•
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•
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•
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Le cœur se met à pomper
le sang
L’épine dorsale se forme
Un reliquat de queue est
encore apparent
Plus grande vulnérabilité
aux méfaits des drogues,
du tabac et de l’alcool que
plus tard dans la grossesse
Le système nerveux et le
tube digestif se forment
Les reins commencent à
produire de l’urine
Les yeux, bras et jambes se
forment
Longueur - 1 cm
Poids - 1 g
•
•
•
•
•
•
•
•
Des bourgeons de dents de
lait s’esquissent
Le visage et les traits se
discernent
Les bras et jambes
s’articulent aux coudes,
aux chevilles, etc..
Les organes génitaux se
forment
L’intestin se forme
La queue s’estompe
Les battements du cœur se
renforcent
Les os longs, les organes
internes et le cerveau se
développent
Longueur - 3 cm
Poids - 4 g
•
•
•
•
Absence de règles (aménorrhée)
Période d’adaptation, voire de
doute si l’enfant n’a pas été
planifié
Changements hormonaux
perturbant les humeurs
Surcroît exigé du corps causant
de la fatigue et, éventuellement,
une baisse de l’intérêt sexuel
Augmentation de volume de
l’utérus accroissant la fréquence
des mictions
Ralentissement du transit
intestinal pouvant causer de la
constipation
Nausées et vomissements
occasionnels courants et
habituellement temporaires
Gonflement rapide, picotements
et parfois sensibilité des seins
par suite des changements
hormonaux
Écoulements vaginaux provoqués
par des changements dans le col
utérin
Après 12 semaines, le fond de
l’utérus dépasse de peu le pubis1
Tests de dépistage possibles :
examen clinique complet, rubéole,
groupe sanguin, frottis (test de
PAP).2
Prise de poids - 1,4 kg
•
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•
•
•
•
•
Période d’adaptation
et de doute
Difficulté à accepter
que la partenaire soit
enceinte tant que cela
ne « paraît » pas
Peut être perplexe
devant l’irritabilité et
l’émotivité de la
partenaire
Besoin de
comprendre qu’il est
normal d’avoir des
sentiments
contradictoires
Besoin de
comprendre les désirs
sexuels particuliers de
la femme
Peut être lui-même
pris à l’occasion de
nausées matinales ou
différents symptômes
de sa femme enceinte
Les deux doivent être
satisfaits du médecin
choisi
1
Au cours de ce trimestre, l'utérus augmente progressivement de volume. À partir du 2e mois, il gagne 4 centimètres en hauteur par
mois. La hauteur utérine se mesure avec un mètre ruban, sur l'abdomen, depuis l'arcade pubienne jusqu'au fond de l'utérus. À 3 mois,
le fond dépasse de peu le pubis.© Larousse / VUEF 2001
2
Premier examen prénatal. L'examen clinique complet comprend un examen cardiovasculaire et pulmonaire, un examen des seins et un
examen gynécologique (utérus, ovaires) ainsi qu'un frottis de dépistage si le frottis précédent date de plus d'un an. Le médecin
demande des examens complémentaires : détermination des groupes sanguins si la future mère ne possède pas de carte de groupe
sanguin complète (ABO, Rhésus et Kell), dépistage de la rubéole si elle n'est pas certaine d'avoir eu cette maladie, dépistage de la
syphilis, de la toxoplasmose, de la drépanocytose pour les Africaines et de la thalassémie pour les femmes asiatiques ou du MoyenOrient. © Larousse / VUEF 2001
Page 4 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
Stade du
développement
12e semaine
Fœtus
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Mère
Père
Les yeux sont presque
formés, mais les paupières
sont « fusionnées »
Le visage sourit et grimace
Les bourgeons des dents
permanentes se forment
Les os se durcissent
Les doigts de mains et de
pieds se forment
Les bras et jambes s’agitent
Les oreilles apparaissent
La respiration s’active
Le sexe devient apparent
Une mince peau se
développe
Le foie se met en action
Le corps peut uriner
Longueur - 10 cm
Poids - 60 g
Deuxième trimestre
16e semaine
•
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•
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•
•
•
•
Le corps s’enduit d’une
substance graisseuse et
laiteuse
Une matière brun verdâtre
s’accumule dans l’intestin,
le méconium
Le cerveau croît rapidement
Le corps se recouvre d’un
fin duvet
Suçage du pouce et réflexes
de déglutition et de
préhension sont présents
Les battements cardiaques
se renforcent
Les muscles s’animent
La peau est mince et
translucide
Longueur - 15 cm
Poids - 170 g
•
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•
•
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•
Période de l’acceptation et de la
planification : on pense à l’enfant
à naître comme d’un individu
La femme se sent
exceptionnellement bien et peut
retrouver une partie de son intérêt
sexuel
La grossesse est de plus en plus
visible; les mouvements du bébé
sont perceptibles; la mère peut
éprouver des contractions de
Braxton-Hicks
Le volume sanguin a augmenté
du tiers
Risque d’anémie
Écoulements mammaires
Apparition possible de taches sur
le visage, le « masque de
grossesse »
Une ligne sombre parcourt le
centre de l’abdomen
L’augmentation du volume utérin
accroît les pressions sur les
jambes; signes de pressions aussi
sur le système digestif avec
constipation possible
Apparition des premières
vergetures
Augmentation des pertes
vaginales
Gain de poids - 5 kg
•
•
•
•
Période de
l’acceptation de la
grossesse; entrevoit la
modification de ses
habitudes de vie
Période de
planification des
cours de préparation à
l’accouchement et au
type d’accouchement
souhaité
Apprécie le sentiment
de bien-être de la
future mère et, à
mesure que se voit sa
grossesse, éprouve un
sentiment de
protection à son
endroit
Peut réagir au
changement corporel
de sa partenaire soit
avec malaise, soit
avec grande
satisfaction
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 5
Stade du
développement
20e semaine
Fœtus
•
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•
•
•
24e semaine
•
•
•
•
•
•
•
Le crâne se couvre de
cheveux
Les premiers battements du
cœur sont audibles au
stéthoscope
Les cheveux, cils et
sourcils se forment
Les ongles de doigts et
d’orteils apparaissent
La mère sent les premières
secousses
Les organes internes se
développent rapidement
Longueur - 20 cm
Poids - 300 g
L’émail revêt les dents
Le médecin peut discerner
au toucher la forme du
bébé
La peau est rouge et plissée
et se couvre d’une pellicule
protectrice, le vernix
De la graisse commence à
s’accumuler sous la peau
Les yeux s’ouvrent
Longueur - 30 cm
Poids - 700 g
Page 6 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
Mère
Père
Stade du
développement
Fœtus
Mère
Père
Troisième trimestre
e
28 semaine
•
•
•
•
•
•
S’il devait naître
prématurément,
l’enfant serait viable
Le bébé continue
d’engraisser
Il a la peau plissée et
ridée.
Premiers mouvements
de respiration
Longueur - 36 cm
Poids – 1,1 kg
•
•
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•
•
•
•
•
Périodes d’exaltation extrême et de
doute de la maternité imminente
Pense à l’enfant à naître comme une
personne, à laquelle elle donne un
nom et pour laquelle elle prépare la
chambre pour bébé et sa layette
Peut sentir les hoquets du bébé
La hauteur de l’utérus et son volume
croissant créent un essoufflement qui
s’atténue au 9e mois au moment de
« l’allégement », à savoir la descente
du bébé dans l’abdomen
Fatigue et malaises peuvent nécessiter
la modification de l’activité sexuelle.
Cependant, il peut encore y avoir
pénétration sans danger, à moins que
la membrane se rompe
Le désir et la fréquence de relations
sexuelles peuvent baisser
La descente du bébé dans l’abdomen
allège les pressions et facilite la
respiration tout en accentuant les
mictions et la constipation
La pression sur les nerfs, les muscles
et les vaisseaux sanguins peuvent
causer des crampes dans les jambes,
des varicosités et des douleurs dans le
périnée et les cuisses
•
•
•
•
•
•
•
Partage probablement
la fierté de la future
mère et son exaltation
Peut craindre les
responsabilités de
parent
Peut envier
l’attention dont on
entoure la femme et
le bébé à naître, et se
sentir écarté
Les cours de
préparation à
l’accouchement
peuvent aider à
atténuer les angoisses
vis-à-vis du
« travail »
Peut craindre de
blesser mère ou
enfant en ayant des
relations sexuelles,
d’où l’importance de
garder bien ouvertes
les voies de
communications
Peut avoir du mal à
accepter les
changements
physiologiques et
émotionnels de la
mère et à s’y adapter
Doit décider s’il
accompagnera sa
partenaire pendant
l’accouchement
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 7
Stade du
développement
32e semaine
Fœtus
•
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•
•
•
•
•
•
•
36e semaine
•
•
•
•
•
•
Emmagasine du
calcium
Les ongles
s’allongent
Les testicules
descendent dans le
scrotum
Hoquets
Périodes de sommeil
et d’éveil
Réagit aux sons
Os du crâne mous et
flexibles
Longueur - 40 cm
Poids – 1,5 kg
Mère
•
•
•
Père
Des hormones causent
l’assouplissement des tissus du col de
l’utérus, du vagin et du plancher
pelvien
Contractions de Braxton-Hicks
perceptibles. Possibilité de « faux
travail » dans les dernières semaines
de la grossesse. Étourdissements dus
aux troubles circulatoires et à
l’engorgement des glandes
mammaires en colostrum, le premier
lait du nourrisson
Gain de poids total : de 9 à 16 kg
Emmagasine du fer
et du calcium
Le bébé s’arrondit
On note un tonus
musculaire
Moins actif
Longueur - 45 cm
Poids – 2,5 kg
Source : Régie régionale de la Santé de Rosetown, ministère de la Santé de la Saskatchewan, Services
Page 8 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
communautaires
Clonage : La création revue et corrigée
Les progrès de la recherche aidant, nous pourrions être sur le point de trouver de nouveaux moyens de guérir
certaines des maladies parmi les plus graves qui aient frappé l’humanité jusqu’à nos jours. Cependant,
toute fascinante qu’elle soit, la recherche sur le clonage n’est pas sans soulever une vive controverse.
Le cas de Dolly, la brebis-éprouvette
Dolly, la brebis-éprouvette née en 1996, est la preuve
irréfutable qu’on peut cloner un être vivant, et nombreux
ont été les scientifiques à se réjouir que ces expériences
aient finalement abouti. En fait, on savait déjà qu’on
pouvait cloner des mammifères, comme des moutons ou
des vaches. Dix ans plus tôt, notamment, il avait été
démontré qu’on peut prélever un ovocyte fécondé (un
embryon) sur une vache ou une brebis, le laisser se diviser
quelques fois et en extraire des cellules individuelles.
Chaque cellule peut ensuite être injectée dans un œuf hôte
(dont on a précédemment retiré le noyau d’ADN) et
stimulée par un petit choc électrique pour opérer la fusion
de l’ADN transplanté avec l’ovocyte et ainsi amorcer la
division cellulaire. Une fois que l’œuf s’est développé en
embryon, il est implanté dans une mère porteuse.
Dans le cas de Dolly, les scientifiques ont prélevé des
cellules de la mamelle d’une brebis de six ans pour les
insérer dans des ovocytes hôtes sans lien de parenté et
dont on avait retiré l’ADN. Plutôt que de créer des copies
identiques d’un seul et même œuf fécondé, ils ont créé
une proche copie d’un animal adulte. Il leur a fallu
environ 400 essais pour aboutir à Dolly – soit le clone de
sa mère – ce que pendant longtemps on avait cru
impossible à réaliser.
Aussitôt annoncée la création de Dolly, on s’est posé la
question « Mais peut-on aussi cloner un être humain. ».
Cela ne fait pas grand doute. Mais la véritable question
est plutôt de savoir : « Devrait-on même essayer de le
faire? »
Le clonage des tissus humains
Dans un sondage réalisé en l’an 2000, 80 % des
Canadiens se sont prononcés en faveur du clonage de
tissus ou organes humains, comme la peau, le cœur ou le
foie, à condition que les dits organes clonés ne servent
qu’à des fins thérapeutiques, comme le traitement de
blessures ou de brûlures graves, ou des greffes. Même si
la plupart ne disaient voir aucune objection de principe au
clonage thérapeutique, 90 % des personnes sondées se
sont dit, en revanche, opposées à la production de la
« copie conforme », au plan génétique, d’un autre
individu; plus de 90 % ont trouvé inacceptable
d’employer le génie génétique à des fins de présélection
du sexe d’un enfant à naître; et environ 74 % ont dit ne
pas voir d’un bon œil qu’on puisse, par manipulation
génétique, changer la couleur des yeux ou d’autres
caractéristiques physiques du bébé au stade
embryonnaire. Il reste que la majorité des gens ne voient
pas d’objection de fond à ce que les scientifiques usent
des biotechnologies pour trouver des remèdes à des états
pathologiques ou maladies héréditaires ou congénitales,
ou encore pour atténuer les risques de maladie.
Et le clonage des êtres humains?
Au Canada, le gouvernement fédéral en août 2000
propose avec un plan concernant la reproduction assistée
et de génétique et visant à gagner l’appui du public.
La nouvelle loi devrait refléter les volontés de la
population canadienne qui souhaite bannir le clonage
humain et créer un organe national chargé de réglementer
la création de bébés éprouvette et l’assistance médicale à
la procréation.
Le rôle législatif de l’État
La prochaine question à se poser est : Devrait-on compter
sur l’État et sur ses lois pour nous protéger? Après avoir
émis un premier brevet en Allemagne pour la production
d’humains transgéniques, l’Office européen des brevets a
eu presque aussitôt des doutes. Après avoir mûri la
question, les Allemands ont décidé que non seulement on
commettait une grave erreur en octroyant ainsi un brevet,
mais en outre que cela allait à l’encontre de la législation
allemande. En février 2000, l’Office a dit regretter l’octroi
du brevet. Six mois plus tard, le ministre britannique de la
Santé a émis la recommandation que les scientifiques
soient autorisés à effectuer une forme de clonage
thérapeutique, en l’occurrence le clonage d’embryons
humains à des fins de recherche médicale.
Or, l’utilisation de tissus fœtaux à des fins de recherche
médicale et, notamment, pour la culture de nouveaux
organes a de quoi faire frémir bien des gens, puisque la
plupart de ces tissus proviennent de fœtus avortés – ce qui
n’a pas pour plaire aux groupes anti-avortement, lesquels
s’inquiètent grandement de ce développement. En juillet
2000, des groupes de pression américains ont ouvertement
condamné la décision de l’American Heart Association
d’investir massivement dans la recherche sur les cellules
souches embryonnaires tirées d’êtres humains,
prometteuse de traitements révolutionnaires pour
d’innombrables maladies, dont les affections cardiaques,
la maladie d’Alzheimer et la cécité. À la base, un
embryon est un ensemble de cellules souches
microscopiques qui se forment peu de temps après la
fécondation pour se développer en fœtus. À ce stade, les
cellules souches commencent à se spécialiser pour former
le système nerveux, l’épine dorsale, et d’autres organes.
Cependant, en 1998, des biologistes américains ont
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 9
annoncé qu’ils étaient parvenus à isoler des cellules
souches sur des embryons humains, expliquant que ces
cellules pouvaient se multiplier à l’infini avant de se
différencier pour aller former les tissus et organes du
corps humain. En prélevant les cellules souches de
l’embryon avant qu’elles ne se mettent à se spécialiser, les
scientifiques espèrent pouvoir les orienter de telle façon
qu’elles aillent former des cellules ou tissus du type
désiré. La découverte a été à ce point remarquable que la
revue médicale Science a déclaré la recherche sur les
cellules souches le progrès scientifique le plus marquant
de 1999, et une découverte qui pourrait avoir de
profondes répercussions dans le monde médical.
Pour et contre cette recherche
Cela n’a rien fait pour rassurer les adversaires de
l’avortement et les autres qui craignent que les
scientifiques ne se contentent pas d’employer les cellules
souches de fœtus avortés, mais qu’ils se mettront de
surcroît à créer artificiellement des vies humaines pour les
détruire ensuite au nom de la recherche. D’une façon ou
de l’autre, ils considèrent le processus comme hautement
immoral. De déclarer le révérend Joseph Howard, chef
d’une division de l’American Life League : « Il n’existe
aucun moyen moral d’extraire des cellules souches
d’embryons humains, pas plus que cette règle ne souffre
d’exceptions. »
Néanmoins, un groupe a pris ouvertement le parti des
malades susceptibles de bénéficier du fruit de la recherche
dans ce domaine. Aux États-Unis, la Patients Coalition
for Urgent Research exerce des pressions auprès du
Congrès américain pour que la recherche sur le tissu fœtal
et les cellules souches puissent aller de l’avant. En fait,
tous ne voient pas un dilemme éthique dans l’utilisation
de tissus fœtaux pour la recherche. Le Pr Steven
Bamforth, généticien à l’Université de l’Alberta à
Edmonton, considère les tissus fœtaux comme n’importe
quel autre organe pouvant faire l’objet d’un don. « Que
des chercheurs utilisent des tissus fœtaux pour la
recherche n’en fait pas pour autant des tenants de
l’avortement, dit-il, pas plus que d’utiliser un organe
prélevé sur une victime de la route frappée par un
chauffard ivre ne se veut un encouragement de
l’alcoolisme ou de la conduite en état d’ébriété. » Le
Pr Bamforth dirige le seul dépôt de tissus fœtaux, qui
alimente en fœtus avortés un petit nombre de scientifiques
à l’échelle du pays. Sans y voir vraiment de problème, il
n’en estime pas moins que si la majorité des Canadiens
trouvent cette pratique inacceptable, l’État devrait
intervenir et y mettre fin.
La clé du dilemme pourrait bien résider en nous. Au
Canada, selon The Globe and Mail, l’Institut de recherche
de l’hôpital d’Ottawa aurait demandé au gouvernement
fédéral 5 millions de dollars pour la mise sur pied d’un
réseau canadien de recherche sur les cellules souches. Le
groupe entend se concentrer sur le principe que chacun
d’entre nous a un nombre limité de cellules souches qui
sont susceptibles de se régénérer, dans différentes parties
Page 10 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
du corps comme les muscles, le sang et le cerveau. S’il
était possible de les faire se comporter comme des
cellules souches embryonnaires, nos corps pourraient dès
lors fournir eux-mêmes les remèdes aux multiples maux
qui nous affligent.
L’utilisation des organes animaux
L’emploi d’organes animaux suscite également un grand
intérêt auprès des chercheurs. En mars 2000, cinq
cochonnets ont été produits par clonage en Virginie. Les
milieux scientifiques y ont vu une percée dans la
fourniture
d’organes
porcins
identiques
mais
génétiquement manipulés pour les rendre compatibles
avec des corps humains. Certains évaluent à 6 milliards de
dollars (US) le marché des organes porcins (cœurs,
poumons, foies, etc.) dans un monde en pénurie de
donneurs d’organes. Moyennant l’approbation des
pouvoirs publics, de premiers essais cliniques pourraient
avoir lieu d’ici quatre ans : reste d’ici là aux chercheurs à
procéder aux manipulations génétiques sur les gènes
porcins qui aideront à prévenir les rejets des greffons par
les humains, et à rechercher la présence éventuelle de
virus cachés dans l’ADN des cochons, qui pourraient
éventuellement affecter les greffés.
Même si les cochonnets sont nés aux États-Unis, c’est une
firme écossaise, PPL Therapeutics PLC, à qui l’on doit du
reste la brebis Dolly, qui en a eu l’idée. La société est
basée à l’Institut Roslin, tout près d’Édimbourg. PPL a
déjà un troupeau de moutons qui produit une protéine
humaine servant au traitement de la mucoviscidose, un
second, une protéine qui scelle les plaies et enraye le
saignement, et un troisième, une enzyme digérant les
lipides, dont ont besoin les personnes souffrant de
troubles pancréatiques. L’enzyme est aussi produite à
partir de lait maternel, en vue d’aider les prématurés qui
ne peuvent être allaités au sein.
L’Université Guelph, en Ontario, élève quant à elle des
cochons d’un type différent, en ce qu’on leur a implanté
un gène humain qui facilitera et rendra plus sûre la greffe
de leurs organes chez l’humain. Cette « espèce » de
cochons a été mise au point en Grande-Bretagne par la
société Imutran Ltd., puis importée au Canada en 1998.
Cependant, quand on considère que le système
immunitaire du corps humain rejette encore les greffons
d’autres humains, il ne faut pas s’étonner que des organes
venant d’autres espèces – fussent-ils transgéniques – ne
passent pas encore la rampe. On craint en outre que les
organes porcins ne transportent avec eux des virus
(comme le rétrovirus porcin endogène ou PERV, type de
leucémie propre aux cochons) qui ne se traitent pas chez
l’humain, et que ces virus finissent par se propager dans
la population. D’aucuns croient que de franchir la barrière
des espèces n’apportera rien de bon à terme, mais cela
n’empêchera pas les chercheurs de voir dans les greffes
d’organes animaux – les hétérogreffes ou xénogreffes,
comme on les appelle – une réponse à un manque cruel
d’organes et, notamment, de reins.
En conclusion…si cela est possible
Une dernière dépêche! Au moment de mettre sous presse,
des scientifiques italiens aussi intéressés à trouver les
remèdes venant « de l’intérieur » ont annoncé avoir
trouvé un moyen d’isoler des cellules souches du cerveau
chez des rats adultes, cellules qui pourraient servir à la
production de poumons, de reins ou d’autres organes
utiles. S’il devait être possible de transposer la technique
chez l’humain, l’utilisation des tissus fœtaux pourrait
perdre sa raison d’être – au grand bonheur des tenants des
deux camps.
Source : Traduction de Canada and the World Backgrounder,
octobre 2002.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 11
L’hérédité, la génétique et le développement humain
Qu’est-ce que l’hérédité et la génétique?
L’hérédité est le processus de transmission des
dispositions biologiques des parents à leurs descendants,
par la voie des gènes, l’unité de base de l’hérédité.
L’hérédité renvoie aussi aux caractères dont un individu a
hérité, comme sa taille, la couleur de ses yeux et son
groupe sanguin.
La génétique est l’étude du processus héréditaire et,
particulièrement, des gènes. Un gène est un segment
d’une longue molécule d’acide désoxy-ribonucléique
(ADN) transportant l’information pour la synthèse d’une
protéine ou partie de protéine. De par la diversité des
protéines qu’ils servent à encoder, les gènes influencent
ou déterminent des caractères comme la couleur des yeux,
la capacité d’une bactérie de digérer un certain sucre ou le
nombre de pois dans une cosse. Un virus ne comporte
qu’une dizaine de gènes. Un ver rond en compte de
5 000 à 8 000, et un plan de maïs, 60 000. La construction
d’un humain en prendrait environ 30 000. Si l’on pouvait
dérouler l’ADN d’une seule cellule humaine, il formerait
un filament de 170 centimètres de longueur et de
2,5 nanomètres (milliardièmes de mètre) d’épaisseur.
Comment les caractères héréditaires passent-ils d’une
génération à la suivante?
Chaque humain compte 23 paires de chromosomes,
chaque paire ayant hérité d’un chromosome de la mère et
d’un chromosome du père. Vingt-deux paires de
chromosomes sont identiques chez l’homme et chez la
femme; ce sont les autosomes. La 23e paire réunit les
chromosomes du sexe, car ils déterminent le sexe de
l’enfant à naître. Ce sont les chromosomes X et Y.
La femme a deux chromosomes X et l’homme un X et un
Y. Le chromosome Y fait le tiers seulement de la taille du
chromosome X. Un spermatozoïde, la cellule
reproductrice du mâle, peut transporter un chromosome X
ou Y. L’ovule, la cellule reproductrice de la femelle, ne
peut transporter qu’un chromosome X. Lorsqu’un
spermatozoïde avec un chromosome X s’unit à un ovule,
le résultat est un enfant doté de deux chromosomes X –
soit une femelle. Lorsqu’un spermatozoïde avec un
chromosome Y s’unit à un ovule, le résultat est un enfant
doté d’un chromosome X et d’un chromosome Y – soit un
mâle. Autrement dit, c’est le père qui détermine le sexe de
l’enfant (Brittanica.com).
Comment les médecins dépistent-ils les anomalies
génétiques?
La science a mis au point plusieurs tests visant à
déterminer si le fœtus se développe normalement :
•
L’amniocentèse est l’opération par laquelle, entre la
12e et la 16e semaine de la grossesse, on relève à
l’aide d’une aiguille du liquide amniotique en vue de
Page 12 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
•
•
•
l’analyser et de déceler la présence d’éventuelles
anomalies chromosomiques ou métaboliques du
fœtus.
L’échographie obstétricale est un examen médical
par lequel on vérifie l’état du fœtus en émettant des
ondes sonores à haute fréquence dans le ventre de la
mère. Les échos renvoyés sont transformés en une
représentation visuelle de la morphologie interne du
fœtus.
La biopsie de trophoblaste (ou prélèvement des
villosités choriales) est une opération par laquelle on
prélève entre la 8e et la 11e semaine de la grossesse
un petit échantillon de tissu placentaire à des fins
d’analyse.
Le test du sang maternel (test de l’alpha-fœtoprotéine) vise à dépister les éventuelles anomalies du
tube neural (ATN). Ce test est administré aux
femmes entre la 14e et la 20e semaine de la grossesse,
seulement dans les cas où il y a risque que l’enfant
présente des malformations au niveau du cerveau ou
de la moëlle épinière (Santrock, 1999).
Qu’est-ce que le génie génétique?
Le génie génétique est la modification du code génétique
d’un organisme par l’insertion de gènes supplémentaires.
Chez les humains, le génie génétique suppose l’ajout de
gènes normaux, par transfusion sanguine, greffe de
moëlle osseuse ou injection dans un amas de cellules, ce
qui permet au corps de remplacer les cellules qui se
dégénèrent par des cellules saines. La technique est
employée à des fins expérimentales pour traiter
l’hémophilie, la mucoviscidose (fibrose kystique), la
polyarthrite rhumatoïde, plusieurs types de cancer et des
dizaines de maladies rares (Berger, 2000).
Quels rôles jouent l’hérédité et la génétique dans le
développement humain?
Les caractères héréditaires d’un individu sont établis dès
la fécondation de l’œuf, notamment la couleur des
cheveux, de la peau et des yeux, le sexe, les probabilités
que la personne soit à terme grande ou petite, mince ou
grosse,
et
éventuellement
certaines
habiletés
intellectuelles de base et certains traits de caractère
(Lefton et coll., 2000).
Ce qu’il faut retenir des influences héréditaires est
qu’aucun gène ne détermine le comportement. Les gènes
sont en quelque sorte les plans d’assemblage et de
régulation des protéines, lesquelles forment la base du
corps humain. À leur tour, les protéines interagissent avec
d’autres éléments physiologiques, comme les hormones
ou
les
neurotransmetteurs,
ou
des
facteurs
environnementaux pour influer sur le développement
(Santrock, 1999).
Quelles sont les questions éthiques et morales posées
par le génie génétique?
Le séquençage du génome humain et le génie génétique
ont donné lieu à plusieurs dilemmes. Par exemple,
pourquoi vouloir être informé de ses défauts génétiques
s’ils ne peuvent être corrigés? Lorsque la question se
transpose dans le milieu du dépistage génétique et de
l’avortement, les valeurs éthiques se heurtent souvent à
des questions pratiques ainsi qu’aux droits des parents.
Ces derniers veulent-ils mener à terme la grossesse d’un
enfant qu’ils savent atteint d’un trouble grave? Un pays a
déjà institué une politique en la matière. En 1993, la
Chine a instauré un programme d’avortements, de
stérilisation forcée et d’interdictions de mariage visant à
éviter la naissance d’enfants de « qualité inférieure » et
relever le niveau du pays. D’aucuns craignent que
l’information que véhiculent les gènes d’un individu
pourrait être utilisée à son détriment et dégénère en
« sélection génétique ». Une goutte de sang ou une mèche
de cheveux contient toute l’information génétique dont a
besoin un employeur éventuel ou un assureur pour
déterminer si quelqu’un est « à risque » de développer
l’une ou l’autre d’une longue liste de maladies
débilitantes. Les dilemmes éthiques ne manqueront pas de
se multiplier au cours de la prochaine décennie à mesure
que le Projet Génome humain continuera à établir la carte
des gènes humains (Santrock, 1999).
D’autres experts craignent le génie génétique pour
d’autres raisons, notamment pour les dépistages
génétiques (examens attentifs d’un segment d’ADN en
vue de révéler le degré de probabilité qu’une personne
sera frappée de telle ou telle autre maladie) qu’on pratique
déjà dans certaines circonstances et qui ont de bonnes
chances de se répandre dans un avenir rapproché. Là où
se pose le dilemme moral, c’est de savoir si les autres
devraient être au courant. En fait, la question se pose pour
tous les dépistages génétiques. Autre sujet de
préoccupation, la perspective qu’on se mette à créer des
« bébés parfaits ». Lorsqu’un spermatozoïde s’unit à un
ovule, le hasard joue pour beaucoup dans la vie qui est
créée à terme, car, comme dans un coup de dés,
l’embryon reçoit la moitié de ses gènes de sa mère et
l’autre moitié de son père. Qu’il hérite de la taille de l’un
ou des yeux de l’autre, c’est le sort qui le veut. Le génie
génétique recèle, en revanche, le potentiel de pouvoir
renverser le cours naturel et imprévisible de l’hérédité.
(Taylor, 2000).
Pour un survol plus complet des questions morales et
éthiques reliées au génie génétique, voir le Journal de
l’élève, Nº 1, Une arme à double tranchant, pp. 15-18.
Comment vérifier le caractère éthique de nos
décisions?
Dans la vie de tous les jours3, nous devons faire des choix
sur des questions qui touchent l'honnêteté, la façon de
traiter autrui et la responsabilité individuelle. Il s'agit là de
choix moraux, puisqu'ils déterminent ce qui est bien et
ce qui est mal. Il y a choix moral quand il faut choisir
entre ce qui pourrait être bon pour nous personnellement
et ce qui serait bon pour les autres. Nous voulons parfois
faire telle chose, mais nous nous demandons si c'est bien.
Lorsqu'une situation suscite un doute sur le plan moral,
nous avons besoin de nous appuyer sur quelque chose
pour prendre une décision. Faut-il adopter un point de vue
individualiste et personnel? Faut-il toujours être gentil et
veiller à ce que les autres soient satisfaits? Quand faut-il
s'occuper de soi-même et quand faut-il se préoccuper des
autres?
3
L’approche suggérée pour débattre cette question est abordée
de façon détaillée dans le programme d’études de Sciences
sociales30.Voir
http://www.sasked.gov.sk.ca/docs/francais/schumaines/second/u
nite1_5e.html
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 13
D’autres persepectives sur le développement
du fœtus et du nouveau-né
.
La croissance et le développement du cerveau varientils selon le sexe de l’enfant à naître?
À mesure que s’accroît le bassin d’expérimentations
animales et de recherches sur des humains, comprenant
entre autres des tests psychologiques, des études
anatomiques et un nombre croissant de scintigraphies
cérébrales, les chercheurs se rendent de plus en plus à
l’évidence que les cerveaux des deux sexes sont
subtilement quoique sensiblement différents :
•
•
•
Des chercheurs ont réalisé une étude sur le traitement
par le cerveau de mots dépourvus de sens et de leurs
rimes, et ont indiqué que, tout en s’étant acquittés
tous deux de la tâche à accomplir, les sujets de
recherche ont utilisé pour le faire des aires différentes
du cerveau selon qu’ils étaient des hommes ou des
femmes. Les hommes ont en l’occurrence utilisé une
petite zone située sur le côté gauche du cerveau, tout
près de l’aire de Broca, alors que les femmes ont
utilisé la même aire, quoique du côté droit du
cerveau.
Pour la plupart, les chercheurs ont découvert que,
« au repos », les cerveaux des hommes et des femmes
sont pratiquement indiscernables les uns des autres, si
ce n’est au niveau du système limbique, lequel régit
les émotions. Chez la moyenne des hommes, on a
relevé une plus grande activité dans l’aire du système
limbique du cerveau, lequel aurait un lien avec
l’action, tandis que, chez les femmes, l’activité serait
plus grande dans les aires du cerveau reliées au
système symbolique. De plus, chez les femmes, le
corps calleux, à savoir la structure de fibres nerveuses
qui permet aux deux hémisphères cérébraux de
communiquer, est plus gros que chez les hommes.
L’homme a un cerveau plus gros que celui de la
femme, mais la femme a 11 % de plus de neurones
(Wade, 1998).
Quel processus de développement suivent les systèmes
sensoriels et perceptifs?
Le fœtus n’est donc pas un simple passager passif dans le
ventre de sa mère, pas plus que la femme n’est qu’une
simple mère « porteuse ». Le développement est au
contraire un processus interactif, même bien avant la
naissance (Kisilevsky et Low, 1998). Au-delà de la seule
interdépendance physiologique, le fœtus et la mère ont
ensemble une interaction bien plus intellectuelle, pour ne
pas dire « cérébrale ». Aux environs de la 9e semaine, en
réaction aux changements de position de la mère, le fœtus
s’anime ainsi d’imperceptibles mouvements de ses
minuscules talons, poignets, coudes et fesses. Bientôt la
mère sentira des battements parfois si ténus qu’elle se
demandera s’ils ne sont pas des gaz ou le fruit de son
Page 14 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
imagination plutôt que les mouvements bien réels d’un
être vivant dans son corps. Mis à part le désagrément
temporaire qu’ils peuvent causer, les mouvements du
fœtus sont généralement source d’émerveillement.
Les futurs parents – le père aussi bien que la mère –
aiment bien caresser le ventre vivant de la mère. Le fœtus
ressent ces stimulations et y répond, amorçant un mode de
communication par le toucher qui se poursuivra toute sa
vie (Ronca et Alberts, 1995). Il est intéressant de noter
que les rythmes de mouvements quotidiens de la femme,
où elle marche, se penche et se repose, influencent le
rythme des mouvements du fœtus, et les nourrissons qui
sont très actifs ont aussi généralement été
exceptionnellement actifs dans le ventre de leur mère.
Comme quoi l’un s’adapte aux habitudes de mouvements
de l’autre bien avant la naissance.
Vers la fin du stade prénatal, d’autres systèmes sensoriels
commencent à fonctionner et, à nouveau, l’interaction
entre le fœtus et la future mère est évidente. Comme la
quantité de liquide amniotique que le fœtus avale dépend
en partie du goût qu’il a, le fœtus avale généralement plus
de fluide si ce dernier est sucré que s’il a mauvais goût, et
par voie de conséquence les poumons du fœtus, sa
digestion et sa nutrition sont intimement liés au régime
alimentaire de la mère (Carlson, 1994).
Mais de tous les sens qui s’éveillent chez le fœtus, l’ouïe
est le plus développé. Les nouveau-nés gardent le
souvenir des sons qu’ils ont entendus tandis qu’ils étaient
encore dans le ventre de leur mère, dont les voix et
intonations humaines. Les recherches indiquent que, au
moins sur certains plans, les fœtus ne font pas que
préparer leurs réflexes et leurs organes à un
fonctionnement physiologique après la naissance, ils
s’accoutument déjà aux particularités du monde auxquels
ils s’apprêtent à se joindre. Parallèlement, les mères
commencent à identifier et à reconnaître certaines des
caractéristiques de leur futur rejeton : rendu au dernier
trimestre, la quasi-totalité des femmes enceintes parlent
au bébé dans leur ventre, elles le tapotent régulièrement
ou elles en rêvent pendant la nuit (Berger, 2000).
Qu’est-ce que le tempérament et la personnalité?
La personnalité est un mode de comportement et de
réflexion particulier qui traverse le temps et les situations
et qui distingue un individu d’un autre (Buskist et
Carlson, 1997). Elle représente la somme de tous les
processus
psychologiques,
comportementaux
et
biologiques d’un individu. En plus, elle reflète ses modes
constants de réflexion, d’affectivité et de comportement
qui le rapprochent ou le distinguent des autres (Bernstein
et Nash, 1999).
Les experts de la personnalité chez l’adulte se sont
également intéressés aux dimensions de la personnalité
qui sont reliées aux tempéraments de base (Digman,
1990; McDonald, 1995; McCrea et coll., 1999). Par divers
calculs statistiques, ils sont arrivés, selon Berger (2000) à
décrire le modèle des « cinq facteurs » ou traits stables de
la personnalité:
distinguent les uns des autres par neuf traits de
tempérament :
1.
2.
1.
2.
3.
4.
5.
Extraversion : tendance à être sociable, sûr de soi et
actif.
Amabilité : tendance à être gentil, serviable, confiant
et accommodant.
Rigueur : tendance à être organisé, réfléchi,
conformiste et persévérant.
Névrosisme : tendance à être anxieux, morose et
autopunitif.
Ouverture à l’expérience : tendance à être imaginatif,
curieux, créatif et à rechercher les nouvelles
expériences.
Chaque individu naît avec un ensemble de tendances ou
dispositions psychologiques qui lui sont propres et qui
sont programmées dans ses gènes. Ces tendances, qui
ensemble forment le tempérament, imprègnent et
façonnent presque tous les aspects de la personnalité de
l’individu en développement. C’est pourquoi on dit que le
tempérament – et, par ricochet, la personnalité – est
« épigénétique » et non seulement génétique. Autrement
dit, le tempérament vient non seulement des multiples
instructions du programme génétique qui guident la
formation du cerveau, mais aussi des influences du milieu
prénatal (Berger, 2000).
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Quels sont les tempéraments de base des nouveau-nés?
Étant donné que le tempérament influe sur la personnalité
et la nature des rapports interpersonnels, un grand nombre
de chercheurs se sont attachés à en décrire et à en mesurer
les diverses composantes (Buss, 1991; Lemery et coll.,
1999; Rothbart et Bates, 1998). L’étude la plus célèbre, la
plus poussée et la plus longue jamais menée sur le
tempérament est la New York Longitudinal Study (Étude
longitudinale de New York) amorcée il y a plus de 40 ans
(Thomas et Chess, 1977; Thomas et coll., 1963). D’après
les premiers résultats obtenus, les très jeunes bébés se
9.
Degré d’activité : Certains bébés sont actifs. Ils
remuent beaucoup dans l’utérus puis dans le berceau
et, devenus trottineurs, ils courent presque
constamment.
Rythmicité : Certains bébés présentent des cycles
réguliers d’activité. Ils mangent, dorment et
défèquent à intervalles réguliers, presque dès leurs
premiers jours. D’autres bébés ont un comportement
imprévisible.
Approche ou évitement : Certains bébés recherchent
la nouveauté, tandis que d’autres évitent tout ce qui
est inusité.
Adaptabilité : Certains bébés s’adaptent rapidement
au changement, tandis que d’autres protestent contre
toute dérogation à leur routine.
Intensité des réactions : Certains bébés s’étranglent
de rire et pleurent à fendre l’âme, tandis que d’autres
se contentent de sourire et de geindre.
Seuil de réaction : Certains bébés paraissent sensibles
à toutes les images, à tous les sons et à tous les
contacts. Ils se réveillent au moindre bruit et se
détournent d’une source de lumière même éloignée.
D’autres paraissent indifférents aux lumières vives,
au vacarme de la rue et à l’humidité de leur couche.
Humeur : Certains bébés semblent joyeux la plupart
du temps et sourient fréquemment. D’autres semblent
constamment sur le point de rouspéter.
Distractivité : Tous les bébés maugréent quand ils ont
faim. Cependant, certains se calment si on leur donne
une sucette ou si on leur chante une chanson, tandis
que d’autres continuent de se plaindre. De même,
certains bébés se laissent détourner des objets
attrayants mais dangereux, tandis que d’autres sont
plus persistants et ne se laissent distraire par rien
Durée de l’attention : Certains bébés jouent avec le
même jouet pendant de longues périodes, tandis que
d’autres passent d’une activité à une autre plus
rapidement.
On peut dire de la majorité des bébés qu’ils appartiennent
à l’un des trois types suivants : environ 40 % sont faciles,
15 %, lents à apprivoiser et 10 % difficiles (Berger, 2000).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 15
Faits et événements…
•
•
•
•
•
En 1998, des médecins d’un centre de fécondation in vitro de la Corée du Sud ont déclaré avoir
réalisé une percée dans le clonage humain. Ils affirment avoir fait d’un embryon quadricellulaire
le clone d’une femme stérile sans aller, pour autant, jusqu’à implanter l’embryon dans l’utérus
d’une mère porteuse pour voir s’il se développerait jusqu’à terme.
L’emploi d’animaux aux fins de l’industrie de la santé humaine s’appelle le « pharmage ».
Jonas Salk s’est servi des cellules d’un fœtus avorté dans les années 1930 pour développer son
vaccin contre la poliomyélite.
Vu toute la controverse qui entoure la recherche sur les cellules souches d’embryons humains et
craignant qu’elle ne les prive de fonds dont ils ont grand besoin, les scientifiques canadiens se
contentent pour le moment de mener leurs expériences sur des embryons d’animaux.
Même si la plupart des Canadiens sont contre le clonage humain, ils ont tendance à voir d’un
meilleur œil les techniques de procréation assistée, comme les dons d’ovules ou de sperme et les
contrats avec des mères porteuses.
Page 16 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
L’enfantement
Cet article décrit le travail et l’accouchement chez la parturiente, point culminant d’un processus de
conception et de développement d’un nouveau membre de la race humaine qui aura duré 38 semaines!
Le grand moment est arrivé! Après ce qui a pu paraître
une éternité aux parents, tous les espoirs, les rêves et les
potentialités de la race humaine se renouvellent avec la
naissance de cet enfant. Le présent article décrit le
processus fantastique du travail et de l’accouchement.
L’accouchement normal se déroule en trois phases :
•
Pour la femme qui attend son premier enfant, la
première phase du travail, celle de la dilatation, est
aussi la plus longue, car elle dure en moyenne de 12 à
24 heures. L’utérus se contracte à intervalles de 15 à
20 minutes, chaque contraction pouvant durer jusqu’à
une minute. Ces contractions poussent le col de
l’utérus à « s’effacer », c’est-à-dire à se raccourcir
puis à se dilater.4 Progressivement, les contractions se
rapprochent, à raison de toutes les 2 à 5 minutes et
elles s’intensifient. À la fin de la dilatation, le col de
l’utérus s’est ouvert de 8 à 10 cm, ce qui permet au
bébé de quitter l’utérus pour s’engager dans la filière
pelvigénitale, le passage emprunté par le fœtus pour
s’expulser du corps de la mère.
La deuxième phase, celle de l’expulsion, commence
lorsque la tête du bébé s’engage dans le col de
l’utérus et la filière pelvigénitale, et se termine
lorsque le bébé a complètement émergé du corps de
la mère. Cette phase dure environ 2 heures. À chaque
contraction, la mère doit « pousser » vers le bas en
vue d’expulser le bébé de son corps. Une fois que la
tête du nouveau-né a franchi le col de l’utérus, les
contractions se produisent presque toutes les minutes
et durent environ une minute chacune.
La délivrance est la troisième phase de
l’accouchement, celle pendant laquelle le
placenta, le cordon ombilical et d’autres membranes
se décollent et sont expulsés. Cette dernière étape est
la plus courte des trois et ne dure que quelques
minutes (Santrock, 1999, p. 103).
•
•
•
Il existe plusieurs méthodes d’accouchement :
•
Dans un accouchement « normal », en l’occurrence
médicalisé, la femme est amenée à la maternité d’un
hôpital où un médecin obstétricien l’accouche.
La méthode Leboyer vise à rendre l’accouchement
moins stressant pour l’enfant à naître. Leboyer
•
s’oppose avec véhémence à tenir l’enfant par les
pieds pour lui donner une claque, à lui mettre du
4
Sous l'effet des contractions, le col de l'utérus s'efface, c'està-dire se raccourcit, puis se dilate progressivement jusqu'à
atteindre un diamètre de 10 centimètres.© Larousse /
VUEF 2001
•
•
nitrate d’argent dans les yeux, à le séparer aussitôt de
sa mère à la naissance et à l’apeurer de sons bruyants
et de lumières gênantes dans la salle de travail. La
méthode Leboyer préconise qu’on pose le nouveauné aussitôt sur le ventre de sa mère de façon qu’elle
puisse le caresser. Ensuite, le bébé est placé dans un
bain d’eau chaude et relaxante.
La méthode Lamaze, de plus en plus répandue pour
les accouchements, prépare la femme enceinte à
composer naturellement avec les douleurs du travail
en lui enseignant la pratique de techniques de
respiration et de relaxation, et en misant sur une
réduction voire l’élimination de la médication
(Santrock, 1999, p. 106).
La césarienne est une intervention chirurgicale
visant à extraire le bébé de l’utérus. On la pratique
généralement dans les cas où le bébé est mal orienté
(présentation par le siège, position trans-versale,
etc.), que sa tête est trop grosse pour franchir le
bassin de la mère ou en cas de saignements vaginaux
(Santrock, 1999, p. 105).
Certaines complications peuvent se produire pendant le
travail et l’accouchement :
•
•
•
L’accouchement précipité est un accouche-ment
qui, comme son nom l’indique, se déroule trop
rapidement, le bébé prenant moins de 10 minutes
pour se glisser jusqu’au bout de la filière
pelvigénitale. Cet écart par rapport à la normalité
peut perturber le flux sanguin du nouveau-né, sans
compter que les pressions qui s’exercent sur son
crâne peuvent causer des hémorragies.
À l’inverse, si l’accouchement dure trop longtemps,
le bébé peut manquer d’oxygène et c’est l’anoxie,
laquelle n’est pas sans causer des dommages au
cerveau.
La présentation par le siège est un problème
d’orientation du fœtus dans l’utérus qui le fait
émerger du vagin les fesses en premier.
Normalement, l’enfant devrait se présenter par la tête
(Santrock, 1999, p. 105).
Au sujet du
rôle du père pendant le travail et
l’accouchement, on peut dire qu’il a bien évolué ces
dernières décennies. Les futurs pères sont ainsi plus
nombreux à assister à au moins une visite chez
l’obstétricien ou la sage-femme pendant la grossesse, à
suivre des cours de préparation prénatals, à apprendre sur
le travail et l’accouchement et à prendre part aux soins du
nourrisson. Pour un grand nombre de couples qui
attendent aujourd’hui un enfant, le père est formé pour
être l’accompagnateur de sa femme pendant le travail,
pour l’aider à relaxer et à maîtriser sa respiration
(Santrock, 1999, p. 108).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 17
Le degré de participation et d’initiative que montre le père
dans le cadre de ces activités définira à terme s’il est un
accompagnateur actif ou un observateur passif. Selon le
niveau de soutien social qu’il apporte à sa femme pendant
l’accouchement, l’homme assume l’un des trois rôles
suivants :
Les niveaux d’inter-dépendance, de partage et de
compréhension réciproque du couple sont souvent
indicateurs du rôle qu’assumera le père lorsque sonnera
l’heure de l’accouchement. Chapman (1992) a établi que
les « témoins » étaient, de tous, ceux qui manifestaient le
moins les qualités ci-dessus.
1.
Il importe de comprendre le rôle de l’homme pendant
l’accouchement, parce que :
L’accompagnateur
• Le rôle le plus souvent assigné au partenaire de
la mère; rares sont les partenaires à répondre
adéquatement aux attentes.
• Censé aider activement la mère à maîtriser sa
respiration, à relaxer et à réduire la douleur.
• Oriente et dirige la mère en lui indiquant les
rythmes de respiration à suivre et en l’aidant à
maîtriser ses réactions aux contractions.
• Sert de repère pour la mère, auprès duquel elle
cherche encouragements et instructions.
2. Le coéquipier
• Participe en réagissant aux demandes de soutien
de la parturiente.
• Va au-devant des indications du personnel
médical.
• Met davantage le personnel médical à
contribution qu’un accompagnateur, parce qu’il
n’est pas autant maître de la situation.
3. Le témoin
• Le rôle le plus souvent « choisi » par les pères,
car il permet de participer sans se sentir pour
autant maître du processus d’accouchement.
• Le rôle est plus détaché – et dès lors rassurant
pour les pères qui craignent d’être indisposés ou
d’avoir du mal à voir leur femme endurer les
douleurs de l’enfantement.
• Les témoins à une naissance souhaitent satisfaire
leur propre curiosité vis-à-vis de l’expérience,
remplir leur obligation sociale, et établir un lien
avec le nouveau-né sans avoir à participer de
trop près à l’expérience.
Le rôle que le père décide d’assumer est directement relié
au mode d’interaction et à la dynamique interpersonnelle
qui se sont établis dans le couple pendant la grossesse.
•
•
Le rôle qu’on assigne à l’homme et le rôle qu’il se
serait attribué ne coïncident pas toujours.
L’accouchement est une expérience stres-sante pour
la femme – et comme il a été prouvé que le soutien
social permettait d’atténuer les effets néfastes de ce
stress intense, le soutien du conjoint est ce que les
femmes réclament le plus (Nichols, 1993 et Keinan et
Hobfoll, 1989).
La femme doit recevoir le soutien qu’elle désire pour
mieux supporter le stress lié à l’accouchement, tout en
permettant à l’homme de participer à l’expérience à un
niveau avec lequel il se sent à l’aise (Swinney, 2000).
Résumé
L’enfantement est tout aussi important que les neuf mois
de grossesse qui l’ont précédé – et lui non plus n’est pas
sans poser des dilemmes, des défis voire certains dangers.
Les progrès de la médecine ont eu des retombées
importantes sur les naissances, et permettent maintenant
aux médecins, infirmières et sages-femmes de surveiller
l’enfant pendant qu’il est encore dans le ventre de sa mère
en vue de détecter ou dépister chez lui des anomalies
fœtales ou d’autres complications possibles. Le rôle du
père et celui des écosystèmes ont aussi évolué et marqué
le processus d’accouchement. Les pères, voire des parents
proches comme des frères ou des sœurs, sont aussi
appelés de nos jours à participer à la venue au monde
d’un nouveau membre de l’humanité.
Liens et rapprochements...
•
•
•
Crée un tableau comparatif décrivant les principales méthodes d’accouchement avec leurs
intérêts et limites.
À partir de l’article de Swinney sur le rôle du père pendant l’accouchement (tiré des
Indications pédagogiques), montre en quoi ce rôle a évolué ces dernières décennies? Parles-en
à ton père. Quel rôle a-t-il joué pendant ton ta naissaince? Parles-en à ton grand-père. Quelle
est son expérience personnelle? Parles-en à ta mère. Comment s’est passée ta naissance?
Parles-en à ta grand-mère. Quelle a été son expérience?
Discussion :
Vu les risques de complications pendant l’accouchement, pourquoi des femmes enceintes
choisissent-elles quand même d’avoir leur bébé à la maison?
Page 18 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
Ouvrages consultés
•
Chapman, L.L. (1991). « Expectant fathers' roles during labor and birth ». JOGNN, 21(2), 114-120.
•
Keinan, G., & Hobfoll, S.E. (1989). « Stress, dependency, and social support: who benefits from husband's presence in delivery? »,
Journal of Social and Clinical Psychology, 8(1), 32-44.
•
Nichols, M.R. (1993). « Paternal perspectives of the childbirth experience ». Maternal Child Nursing Journal, 21(3), 99-108.
•
Palkovitz, R. (1987). « Father's motives for birth attendance ». Maternal Child Nursing Journal, 16(2), 123-129.
•
Shapiro, J.L. (1987). « The expectant father ». Psychology Today, 21(1), 36-42.
Lectures suggérées
•
Chapman, L. (1991). « Searching: Expectant fathers' experience during labor and birth. » Journal of Perinatal and Neonatal Nursing, 4,
21-29.
•
Feher, L. (1988). « Birth issues. » Birth Psychology Bulletin, 9, 21-25.
•
Keirse, M., Enkin, M., & Lumley, J. (1989). « Social and professional support during labor » In I. Chalmers, M. Enkin, & M. Keirse
(Eds.), Effective care in pregnancy and childbirth, (pp. 53-61). New York: Oxford University Press.
•
Miller, B., & Bowen, S. (1982). « Father-to-newborn attachment behavior in relation to prenatal classes and presence at delivery ».
Family Relations, 31, 71-78.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 19
Maternité – paternité : où sont les hommes?
La grossesse du père
Les modifications survenues autour de la naissance ces
dernières décennies ont contraint les hommes à se
repositionner. Les pères sont plus proches de la naissance
et de leurs enfants que ne l'étaient leurs aïeuls. Qu'en est-il
dès lors du sentiment de paternité, quand se sent-on père,
et qu'entraîne chez l'homme cette prise de conscience?
Bien des hommes se sont sentis pères au moment de la
naissance ou après celle-ci, lors des premiers contacts
physiques avec leur enfant, ou à la signature de l'état civil.
Pourtant c'est dès la grossesse que la maternité s'aménage
mais fort peu d'indications sont offertes à l'homme pour
composer ce nouveau rôle.
Un enfant aujourd'hui s'attend, se rêve à deux, il en va de
la construction de sa vie psychoaffective. Mais le père,
contrairement à sa femme, ne ressent pas instantanément
dans son corps ce bouleversement. Le sentiment de
paternité est donc plus délicat et c'est dans sa tête que
l'homme peut vivre et appréhender sa grossesse.
Pendant neuf mois, l'homme va, soit seul, soit avec sa
compagne, se poser une foule de questions dont la
transmission de son nom par exemple. Des inquiétudes
peuvent apparaître, liées entre autres à la bonne santé de
l'enfant ou aux responsabilités qu'il va falloir assumer.
L'homme est en train de se transformer en père. Ceci
entraîne des modifications de son identité, de ses relations
avec sa partenaire, avec son enfant, et de sa place dans la
société. Devenir père implique pour l'homme de renoncer
à l'état d'éternel enfant, se séparant encore un peu plus de
ses parents; de se donner la possibilité de transmettre et
d'accepter de devenir vieux, et se retrouver donc
confronté à sa propre mort, au même moment qu'il réalise
un rêve d'immortalité en se perpétuant au travers de sa
progéniture.
En outre, le passé de l'homme avec son propre père, qui
devient grand-père, refait surface avec ses bons et ses
moins bons côtés - c'est avec ses références que l'homme
va devoir composer afin de construire sa paternité, sa
façon d'être père.
Les pères pourront à cette période présenter des
comportements curieux : angoisses, insomnies, voire fuite
ou état dépressif. Ces réactions traduisent les
bouleversements psychiques dont les hommes sont
l’objet, et qui sont fonction de leur vécu avec leur propre
père. Un certain état dépressif à cet instant n'est pas
forcément pathologique mais peut être le résultat de la
dépense d'énergie nécessaire pour traverser cette étape.
Au moment de devenir père, un individu est confronté aux
mêmes questions qu'au moment de devenir adulte, et cela
demande de l'énergie. D'autres manifestations sont
constatées également : prise de poids, nausées, coliques,
vomissements... Oui, oui, vous avez bien compris, ce sont
des symptômes démontrés par certains futurs papas!
Devenir père entraîne bien des perturbations et nécessite
de la part de l'homme un travail psychique qui lui est
propre mais qui est difficilement maîtrisable sans un
intermédiaire qui peut être l'obstétricien, la sage-femme,
le psychologue ou l'haptonome. Les groupes de parents,
de futurs pères en particulier peuvent également jouer ce
rôle et montrent à quel point il est primordial de renouer
avec une naissance qui prenne en compte le vécu des
parents. Dans ces lieux de parole, les pères peuvent poser
leurs questions, exprimer leurs doutes, leurs craintes. On
leur reconnaît le droit de ne pas se sentir père tout de suite
et de développer à leur rythme leur paternité.
Afin de s'approprier leur grossesse, et de développer leur
sentiment de paternité, les hommes « enceints » peuvent
aujourd'hui bénéficier des résultats d'avancées
scientifiques comme l'échographie ou l'haptonomie par
exemple. Grâce à l'image du fœtus, dessinée sur l'écran de
l'échographiste, l'enfant devient concret, il prend corps
dans les pensées du père. Pour certains, un sentiment de
paternité peut naître à cet instant.
L'haptonomie, elle, va permettre aux parents d'apprendre
à toucher et d'entretenir ainsi les premières relations
affectives avec le fœtus in utero. Il faut signaler ici qu'il y
a réelle rencontre entre le père (ou la mère) et l'enfant, ce
qui n'est pas le cas pour l'échographie ou le père est
simple spectateur et n'entre pas vraiment en contact avec
son enfant. L'approche haptonomique de l'enfant avant sa
naissance permet chez le père le développement précoce
du sentiment de paternité par une rencontre, très tôt dans
la grossesse, de son enfant.
Page 20 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
Devenir père est long et délicat et transforme
profondément les hommes. Les neuf mois de la grossesse
sont à mettre à profit pour développer, seul, en couple, ou
avec un soutien extérieur, ce sentiment de paternité, si
important pour l'équilibre de l'enfant et la nouvelle
identité de l'homme.
Les pères et l'accouchement
Depuis quelques décennies, les hommes sont passés d'une
position d'exclus à celle d'accompagnateur vivement
souhaité en salle de naissance. Suite à ce mouvement, les
sages-femmes, médecins et autres professionnels ont
rapidement proposé des tâches à ces hommes pour les
rendre « utiles ».
Peu de sociétés réservent à l'homme une place active lors
de l'accouchement, les excluant souvent de ce moment
considéré alors comme exclusivement féminin. Dans
certaines cultures traditionnelles, et anciennement dans
nos contrées, le père était pris en charge lors de
l'accouchement, dans un rituel appelé « couvade ».
est ensuite alité aux côtés de la mère, aidait les hommes à
passer à l'état de père, et reconnaissait de par son
existence la difficulté de ce passage.
Avant d'être un assistant pour sa compagne, c'est un
homme avec son passé qui se présente dans la salle
d'accouchement. Il faut considérer son passé, son vécu,
pour lui permettre de participer à un événement loin d'être
anodin pour lui. Outre l'éventualité de revivre sa propre
naissance au travers de celle de son enfant, l'homme
assiste à un phénomène purement féminin qui lui échappe
et surtout, qui le fait devenir père.
Au vu de ces implications d'une part, et du nouveau rôle
qui s'offre aux pères d'autre part, il apparaît important
d'apporter aux hommes « enceints » une aide et un
accompagnement dans leur « devenir-père » car c'est en
abordant cette paternité de manière sereine qu'ils pourront
apporter un soutien efficace à leur compagne et à leur
bébé, dans le respect d'eux-mêmes.
Il s'agit alors pour l'homme « enceint » de considérer,
d'imaginer sa place de père, ce qui est en jeu, ce qui va
Aujourd'hui, de nouvelles traditions se mettent en place
qui ignorent la propre expérience, la propre perception de
l'homme par rapport à la naissance. Le nouveau rôle des
pères à la naissance a été défini davantage à partir des
besoins de la mère que des siens, évitant ainsi
l'opportunité pour l'homme de vivre la naissance pour luimême.
« J'avais beaucoup travaillé pour suivre les directives de
mes cours de préparation à la naissance, » disait un
certain Richard Reed, « essayant d'aider les infirmières et
restant attentif à ma femme. Mais quelque chose manquait
(...) Les tâches que l'on m'a confiées à l'accouchement
n'étaient pas appropriées à mes compétences ou mes
besoins. »
Il est important de considérer l'homme à l'accouchement
comme une personne à part entière, avec son vécu, et pas
seulement comme un assistant. Il faut rappeler que
l'homme devient père à ce moment et que cela constitue
un changement radical, lourd en implications.
Ceci est d'autant plus délicat que cette paternité qui
s'annonce n'est encore que
très peu soutenue dans son
élaboration, que le fœtus se
développe « hors de portée »
du père, que les hommes ne
peuvent se baser sur aucune
expérience
de
leur
prédécesseur à cet égard et
que les rites tels que la
couvade ont disparu. Cette
tradition, au cours de
laquelle le père simule les
douleurs de l'enfantement et
changer pour lui, quelles sont ses images, ses croyances
par rapport à la naissance. Certaines angoisses, certains
souvenirs de leur enfance, de leur relation à leur propre
père peuvent surgir. L'homme a besoin de se préparer luimême avant de pouvoir accompagner la future mère. Des
groupes de paroles pour hommes dans les maternités ou
ailleurs, un accompagnement haptonomique, des
discussions avec le futur grand-père ou des amis déjà
parents peuvent apporter une aide considérable.
Se préparer à sa paternité le plus tôt possible dans la
grossesse créera un espace satisfaisant pour laisser grandir
ce sentiment et permettra aux hommes de considérer
l'accouchement comme un aboutissement et non plus
comme le début de leur nouveau rôle. Cette préparation
leur laissera en outre plus de place pour un
accompagnement serein de l'accouchement.
Une fois ces questions posées peut alors être envisagé le
soutien à l'accouchement, mais en considérant ses propres
expériences, ses limites. Il est en effet important pour
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 21
l'homme de faire ce qu'il se sent désireux et capable de
faire, voire, si cela s'avère trop pénible, ne pas assister à
l'accouchement. Il n'y a là aucune obligation. Il serait en
effet irréfléchi, après avoir exclu totalement les pères des
salles de naissance, de les y faire entrer tous, et parfois
contre leur gré.
Il faut souligner ici l'importance du dialogue dans le
couple à ce propos, afin d'élaborer un projet commun
autour de l'accouchement. Que veut-on, que refuse-t-on,
que faire en cas de complication, quelles sont les attentes
et les limites de chacun? Cette discussion fondamentale
permettra, le jour J, d'être plus proche l'un de l'autre, dans
une sorte de partenariat. Certaines de ces revendications
peuvent également être soumises à la maternité ou à la
sage-femme, afin de s'assurer du niveau de compatibilité
avec les possibilités et les coutumes des professionnels.
Pour les pères il y a là une autre opportunité de
préparation : celle qui concerne l'accouchement en luimême. Il est en effet aussi important pour lui que pour sa
femme d'être au courant du déroulement de la grossesse et
de l'accouchement afin de les aborder de la manière la
plus sereine. Les lectures, les divers cours de préparation
à la naissance, les récits d'amis pourront, entre autres,
apporter les informations nécessaires.
Tout ceci permet au papa d'être plus serein et plus
disponible le jour de l'accouchement pour accompagner la
naissance de son enfant. De par le recul physique - c'est
dans le ventre de la femme que cela se passe- il peut être
plus disponible pour être attentif à sa femme, jouer le rôle
du médiateur avec les professionnels, en fonction de ce
qui a été choisi en couple. Ceci permet à la femme, en
confiance dans son partenaire, d'être pleinement centrée
Page 22 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
sur ce qui se passe en elle, dans son corps, dans le lâcherprise nécessaire à la naissance de leur enfant.
L'homme peut également soutenir concrètement sa
partenaire durant le travail, l'assistant dans certaines
positions facilitantes par exemple, et poser certains actes
avec le nouveau-né - comme couper le cordon, donner le
premier bain, placer l'enfant sur la mère - par lesquels il
exerce une fonction fondamentale: celle d'accueillir et
d'ouvrir au monde.
Envisager la place du père lors de l'accouchement impose
de reconsidérer son cheminement vers la paternité et sa
propre perception de cette naissance. A cet égard, il est
primordial d'apporter aux futurs pères des espaces ou ils
peuvent recevoir, eux aussi, écoute et soutien. Ceci
facilitera à l'homme son accession à sa place de père, son
soutien à sa compagne durant l'accouchement et
l'accompagnement de la venue de son enfant au monde
dans sa fonction de socialisation.
Tout ce travail se révélant éprouvant pour l'homme, tant
physiquement que psychiquement, il serait souhaitable de
lui reconnaître, comme au temps de la couvade, le droit à
plus de repos après la naissance. Ceci clôturerait d'autant
mieux ce long travail au cours duquel femmes et hommes
deviennent mères et pères.
Samuel François (2000)
Institut pour l'Amélioration des Conditions autour de la
Naissance
Centre de consultation périnatale
Itzig, Luxembourg
Dans la perspective des écosystèmes…que vois-tu?
Cet article décrit les divers écosystèmes qui favorisent le développement de l’embryon et du fœtus.
En partant du modèle écologique de Bronfenbrenner (1979), on y voit comment chaque écosystème
contribue à sa façon au bon développement du bébé pendant la grossesse.
Tandis qu’il est encore dans le ventre de sa mère, l’enfant
est entouré d’écosystèmes qui favorisent son
développement, dont sans aucun doute le plus important
est la mère elle-même, qui est directement reliée au fœtus
par l’intermédiaire du cordon ombilical.
4.
Quel rôle la mère joue-t-elle dans le développement d’un
enfant sain? Les recherches donnent à penser que les
mères peuvent suivre cinq précautions de base pour
donner les plus grandes chances de développement à leur
bébé :
1.
2.
3.
Abstinence d’alcool, de drogues et de tabac même
avant le début de la grossesse.
Abstinence totale après le premier trimestre. Comme
les effets tératogènes des drogues peuvent
s’accumuler tout au long de la grossesse, la prise de
précautions
particulières
peut
réduire
substantiellement les effets nocifs possibles sur le
dévelop-pement du cerveau du fœtus. En fait, comme
le dernier trimestre de la grossesse est une période
critique pour le développement du cerveau, s’abstenir
de consommer des drogues pendant la seconde moitié
de la gestation pourrait suffire à prévenir des atteintes
cérébrales – à condition que la consommation de
drogues ait été modérée pendant la première moitié.
Modération pendant la grossesse. Comme les effets
des substances psychotropes sont proportionnels aux
5.
doses consommées, et qu’ils sont interactifs et
cumulatifs, chaque dose qu’on réduit, chaque drogue
qu’on cesse de consommer et chaque jour sans
drogue réduisent d’autant les dommages qui peuvent
en découler.
Soutien social. Il existe des corrélations entre, d’une
part, le stress maternel, les problèmes psychosociaux,
l’isolement
et
les
mauvaises
conditions
d’hébergement, et d’autre part, les complications
prénatales et la consommation de drogues. Se lier
d’amitié avec une femme enceinte qui consomme des
drogues, et la soutenir et lui prêter assistance pendant
sa grossesse peuvent non seulement contribuer à
réduire sa consommation d’agents tératogènes
(substances et conditions qui augmentent les risques
de malformations), mais en outre, sans pour autant
avoir de répercussion directe sur la consommation de
drogues, aider au développement du fœtus.
Soins postnatals. Un autre moyen de protéger les
enfants des conséquences éventuelles de la
consommation de drogues pendant la grossesse est de
leur prodiguer après la naissance des soins de premier
ordre axés sur l’éducation des parents, la médecine
préventive, les visites à domicile, le placement
précoce en garderie et, s’il y a lieu, le placement en
foyer nourricier (Berger, 2000, p. 115).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 23
Premier trimestre
•
•
•
•
•
•
•
Période d’adaptation et de doute
Difficulté à accepter que la
partenaire soit enceinte tant que
cela ne « paraît » pas
Peut être perplexe devant
l’irritabilité et l’émotivité de la
partenaire
Besoin de comprendre qu’il est
normal d’avoir des sentiments
contradictoires
Besoin de comprendre les désirs
sexuels particuliers de la femme
Peut être lui-même pris à
l’occasion de nausées matinales
ou d’autres des symptômes de sa
femme enceinte
Les deux parents doivent être
satisfaits du médecin choisi
Deuxième trimestre
•
•
•
•
Période de l’acceptation de la
grossesse; entrevoit la modification
de ses habitudes de vie
Période de planification des cours
de préparation à l’accouchement et
au type d’accouchement souhaité
Apprécie le sentiment de bien-être
de la future mère et, à mesure que
se voit sa grossesse, éprouve un
sentiment de protection à son
endroit
Peut réagir au changement corporel
de sa partenaire soit avec malaise,
soit avec grande satisfaction
Troisième trimestre
•
•
•
•
•
•
•
Même s’il n’a aucun lien physique avec l’enfant à naître,
le père joue aussi un rôle clé dans son bon développement
prénatal.
On ne saurait trop souligner l’importance du père dans
l’atténuation du stress maternel. En outre, l’établissement
d’un lien entre le « papa » et son bébé commence dans le
ventre de la mère. Le fœtus est en effet capable de
distinguer des sons pendant le troisième trimestre et de
réagir, dès la naissance, à la voix de son père. Dans la
perspective du père, la formation de ce lien durera toute la
vie. Quel père oublierait la première fois qu’il a senti son
bébé bouger dans le ventre de sa mère!
La présence des futurs pères pendant l’accouchement
n’est qu’un phénomène récent. Les années 1990 ont
marqué le quarantième anniversaire à la fois des
mouvements de préparation à la naissance et de libération
de la femme, qui ont grandement influé sur le rôle du père
dans l’éducation des enfants (Shapiro, 1987 et Chapman,
1991). On attend actuellement des pères qu’ils participent
davantage à la mise au monde et aux soins de l’enfant que
par le passé. De nos jours, il est même rare qu’un père ne
soit pas présent à la naissance de son enfant (Shapiro,
1987). Les conjoints peuvent être utiles pendant
l’accouchement, en ce qu’ils :
•
•
•
•
Le degré de participation et d’initiative que montre le père
dans le cadre de ces activités définira à terme s’il est un
accompagnateur actif ou un observateur passif. Selon le
niveau de soutien social qu’il apporte à sa femme pendant
l’accouchement, l’homme assume l’un des trois rôles
suivants :
•
•
•
fournissent un soutien affectif;
prodiguent encouragements et conforts;
donnent des instructions;
assurent un soutien instrumental.
Page 24 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
Partage probablement la fierté de
la future mère et son exaltation
Peut craindre les responsabilités
de parent
Peut envier l’attention dont on
entoure la femme et le bébé à
naître, et se sentir écarté
Les cours de préparation à
l’accouchement peuvent aider à
atténuer les angoisses vis-à-vis de
l’accouchement et surtout du
« travail »
Peut craindre de blesser mère ou
enfant en ayant des relations
sexuelles, d’où l’importance de
garder bien ouvertes les voies de
communications
Peut avoir du mal à accepter les
changements physiologiques et
émotionnels de la mère et à s’y
adapter
Doit décider s’il accompagnera sa
partenaire pendant le travail et
l’accouchement
L’accompagnateur
o Le rôle le plus souvent assigné au partenaire de
la mère; rares sont les partenaires à répondre
adéquatement aux attentes.
o Censé aider activement la mère à maîtriser sa
respiration, à relaxer et à réduire la douleur.
o Oriente et dirige la mère en lui indiquant les
rythmes de respiration à suivre et en l’aidant à
maîtriser ses réactions aux contractions.
o Sert de repère pour la mère, auprès duquel elle
cherche encouragements et instructions.
Le coéquipier
o Participe en réagissant aux demandes de soutien
de la parturiente.
o Va au-devant des indications du personnel
médical.
o Met davantage le personnel médical à
contribution qu’un accompagnateur, parce qu’il
n’est pas autant maître de la situation.
Le témoin
o Le rôle le plus souvent choisi par les pères, car il
permet de participer sans se sentir pour autant
maître du processus d’accouchement.
o Le rôle est plus détaché – et dès lors rassurant
pour les pères, qui craignent d’être indisposés ou
o
d’avoir du mal à voir leur femme endurer les
douleurs de l’accouchement.
Les témoins à une naissance souhaitent satisfaire
leur propre curiosité vis-à-vis de l’expérience,
remplir leur obligation sociale, et établir un lien
avec le nouveau-né SANS avoir à participer de
trop près à l’expérience.
Le rôle que le père décide d’assumer est directement relié
au mode d’interaction et à la dynamique interpersonnelle
qui se sont établis dans le couple pendant la grossesse.
Les niveaux d’interdépendance, de partage et de
compréhen-sion réciproque du couple sont souvent
indicateurs du rôle qu’assumera le père lorsque sonnera
l’heure de l’accouchement. Chapman (1992) a établi que
ceux qui avaient le rôle de « témoins » étaient ceux qui
manifestaient le moins les qualités ci-dessus.
La collectivité, particulièrement par l’entremise des
organes de santé publique, assure de nombreux services
de soutien auprès des futurs parents, à commencer par les
cours de préparation à la naissance. En outre, des
programmes spéciaux comme Healthy Babies, Healthy
Moms, et Students and Kids Services (S.A.K.S.)
prodiguent un soutien continu et des programmes
éducatifs aux futurs parents.
Alors que la mère, le père et les organismes de santé
communautaire peuvent tous, chacun à sa façon, favoriser
le développement du bébé, des facteurs non négligeables,
entre autres d’ordre économique, interviennent aussi dans
le développement prénatal.
•
Il importe de comprendre le rôle de l’homme pendant
l’accouchement, parce que :
•
•
•
Le rôle qu’on assigne à l’homme et le rôle qu’il se serait
attribué ne coïncident pas toujours.
L’accouchement est une expérience stressante pour la
femme – et comme il a été prouvé que le soutien
social permettait d’atténuer les effets néfastes de ce
stress intense, le soutien du conjoint est ce que les
femmes réclament le plus (Nichols, 1993 et Keinan et
Hobfoll, 1989).
La femme doit recevoir le soutien qu’elle désire pour
mieux supporter le stress lié à l’accouchement, tout
en permettant à l’homme de participer à l’expérience
à un niveau avec lequel il se sent à l’aise.
L’école et la collectivité peuvent aussi jouer un rôle vital en
assurant un soutien au bon développement de l’enfant pendant
la gestation. Des programmes scolaires destinées aux filles
mères comme le Millie’s Early Learning Centre au Nutana
Collegiate à Saskatoon, assurent des services à la mère comme
à l’enfant à naître, en veillant à ce que les choix de carrière de
la mère ne soient pas limités par la grossesse ni par les
exigences inhérentes aux soins à prodiguer au nouveau-né.
•
Dans une étude réalisée en 1998 auprès d’un
échantillon de 148 pays, les Nations Unies ont dit
considérer que la pauvreté et les politiques publiques
interagissent pour influer sur le taux d’enfants de
faible
poids
de
naissance
(inférieur
à
2 500 grammes). En général, sur le plan de cet
indicateur de santé nationale, les pays d’Europe s’en
tireraient le mieux, et les pays d’Asie du Sud, le
moins bien.
Comparativement
aux
femmes
de
statut
socioéconomique supérieur, les femmes enceintes qui
se trouvent au bas de l’échelle économique ont plus
de risques d’être malades, mal nourries, adolescentes
et stressées. Les soins prénatals qu’elles reçoivent
sont souvent tardifs ou inadéquats, elles respirent de
l’air pollué, elles vivent très à l’étroit, elles changent
régulièrement de domicile et elles ingèrent des
substances nocives pour leur santé. Les femmes
vivant dans la pauvreté ont aussi moins accès à des
services de planification familiale et elles vivent dans
des collectivités qui encouragent des taux de natalité
élevés pour compenser les taux de mortalité élevés.
En cela, le contexte social est souvent lui-même à la
base de bien des causes biologiques de faible de
poids de naissance (Berger, 2000, p. 120).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 25
Liens et rapprochements…
•
•
•
•
•
En quoi les soins prénatals ont-ils évolué ces dernières décennies? Parles-en à ta mère.
Comment s’est-elle préparée à ta naissance? Se sentait-elle soutenue par l’entourage? Parles-en
à ton père. Quel rôle a-t-il joué pendant le travail et l’accouchement? Parles-en à ton grandpère. Quelle a été son expérience? Parles-en à ta mère. Comment s’est déroulé le travail et
l’accouchement à ta naissance? Parles-en à ta grand-mère. Comment cela se passait-il dans son
temps?
Le développement prénatal et la loi
o À partir de quand un fœtus est-il considéré comme un être humain qui a des droits au titre
de la Charte canadienne des droits et libertés?
o À partir du moment où une mère est toxicomane et que ce qu’elle consomme a de bonnes
chances d’être nocif pour l’enfant qu’elle porte, l’État a-t-il le droit d’appréhender la mère
pour s’assurer que son bébé se développera sainement?
Dialectique : L’universalité du congé de maternité
o Thèse : Toutes les futures mères devraient avoir droit à des congés de maternité payés
pendant toute la durée de leur grossesse, pour favoriser le développement du bébé.
o Antithèse : Le coût économique d’une pareille mesure serait trop lourd pour le pays, les
futures mères devraient être formées au développement prénatal car c’est à elles
qu’incombe la responsabilité du bon développement du bébé.
Grossesse à l’adolescence
o Quelles sont les statistiques provinciales et nationales sur les grossesses à l’adolescence?
o À quels problèmes les adolescents devenus parents doivent-ils faire face?
La chanson Bessie, enregistrée par Patricia Kaas – Les paroles traitent du cycle de violence et
de pauvreté que vivent les enfants nés dans les grands centres urbains. Même si Bessie est
noire, sa situation n’est pas tellement différente de celle de beaucoup de nos minorités visibles
comme celle de nos autochtones dans nos villes canadiennes. (voir leçon 2.9)
° Quels messages cette chanson fait-elle passer sur l’influence du milieu socioculturel sur le
développement humain?
Page 26 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
Influences sur le développement prénatal
Même si l’enfant à naître reste relativement isolé du monde externe pendant qu’il est dans le ventre
de sa mère, il n’est pas à l’abri pour autant de facteurs et agents qui peuvent influer sur son
développement et souvent même y nuire. Cet article fait état d’un grand nombre des substances et
de conditions ambiantes – dites « agents tératogènes » – qui agissent sur le développement
prénatal.
Pendant le développement prénatal, la santé du fœtus et la
santé de la mère sont particulièrement délicates tant ils
sont exposés à de multiples dangers venant soit de
l’environnement, comme les produits chimiques, les
émanations toxiques et les poisons, soit de la
consommation de substances nocives comme des drogues,
du tabac et de l’alcool.5
Quels sont les agents externes susceptibles de nuire au
bon développement du fœtus?
Les agents tératogènes recouvrent toute une gamme de
substances (comme des drogues et des polluants) et
d’états de santé (comme des conditions extrêmes de
malnutrition et de stress) qui accentuent les risques
d’anomalies congénitales. Ces anomalies comprennent
des malformations bien visibles (comme l’absence de
membres) et des handicaps moins évidents, comme des
lésions cérébrales dont on ne voit les premières
conséquences qu’une fois l’enfant rendu à l’âge scolaire.
Un agent tératogène donné peut affecter la morphologie
du corps, altérer la croissance ou endommager le système
nerveux – ou les trois ensemble. Les agents tératogènes
qui s’attaquent au cerveau et sont susceptibles de rendre
l’enfant hyperactif, antisocial, mentalement arriéré ou
autre sont dits agents tératogènes comportementaux, car
leur incidence peut avoir des effets bien plus profonds
tout au long de la vie qu’un simple défaut physique
(Berger, 2000, p. 105).
Quels facteurs déterminent le degré d’intensité avec
laquelle ces agents frapperont?
L’un des principaux facteurs d’intensité est le moment de
l’exposition de l’organisme à l’agent tératogène donné.
Certains agents tératogènes ne causent des dommages que
pendant certains jours ou certaines semaines au tout début
de la gestation, cependant qu’une partie donnée du corps
est en train de se former. D’autres sont nocifs en tout
temps, mais ils infligent des dommages plus graves à
certains moments de l’exposition. La période de
vulnérabilité pendant laquelle les risques sont les plus
élevés est appelée la période critique. Chaque organe ou
5
La traduction qui suit s’inspire de Psychologie du
développement, Berger, pp. 93 à 95.
structure du corps a sa propre période critique. En règle
générale, les malformations physiques peuvent se
produire pendant toute la durée de la période
embryonnaire (Berger, 2000,
p. 107). Un deuxième facteur important est l’intensité et
la fréquence de l’exposition à un agent tératogène, ou les
deux. Les experts hésitent à établir le seuil de toxicité de
la plupart des agents tératogènes, soit le seuil à partir
duquel ils deviennent nocifs, car nombre de ces
substances ont un effet synergique, c’est-à-dire que l’une
amplifie les effets de l’autre (Berger, 2000, p. 108).
Un troisième facteur est la sensibilité génétique. La
toxicité d’un agent tératogène dépend de la mesure dans
laquelle l’enfant à naître y est sensible. Dans certains cas,
cette sensibilité semble reliée au sexe. En général, les
embryons et fœtus mâles (XY) courent des risques plus
grands que les embryons et fœtus femelles, vu qu’il y a
plus d’embryons mâles qui avortent spontanément. De
plus, les nouveau-nés garçons sont généralement frappés
de plus de malformations congénitales et les garçons plus
âgés, de plus de troubles d’apprentissage et d’autres
problèmes, lesquels seraient reliés à des agents
tératogènes comportementaux (Berger, 2000, p. 109).
Quels facteurs sont plus susceptibles que d’autres de
nuire au développement prénatal?
Les radiations, les produits chimiques et d’autres
substances présentes dans l’environnement posent une
menace pour le fœtus. Ainsi, les anomalies
chromosomiques sont plus élevées chez les enfants
d’hommes qui ont été exposés à des taux élevés de
radiation dans leurs milieux de travail. Les polluants et les
déchets toxiques sont aussi des sources de danger pour les
enfants à naître. Parmi les plus dangereux, se trouvent le
monoxyde de carbone, le mercure et le plomb. Un autre
risque lié à l’environnement est la toxoplasmose, une
infection légère qui cause tout au plus des symptômes
assimilables au rhume chez les adultes, mais qui peut
provoquer pendant la grossesse des malformations
oculaires, des lésions cérébrales ou un accouchement
prématuré. Les chats sont des vecteurs courants de la
toxoplasmose, particulièrement s’ils vont dehors et
mangent de la viande crue. La femme enceinte peut
attraper le virus en manipulant la litière à chat (Santrock,
1999, p. 101).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 27
En ce qui concerne l’âge maternel, deux périodes posent
des problèmes particuliers : l’adolescence et à partir de la
trentaine. Les enfants nés de mères qui sont encore
adolescentes sont souvent prématurés. Le taux de
mortalité infantile chez les mères adolescentes est aussi le
double de celui des femmes dans la vingtaine. Le
syndrome de Down, une forme d’arriération mentale, est
relié à l’âge de la mère. Rendu dans la quarantaine, le
risque est légèrement supérieur à 1 pour 100, dans la
cinquantaine, il grimpe à 1 pour 10. Le risque est aussi
plus élevé avant 18 ans. Quant aux risques de
complications liées à la grossesse, ils s’accentuent à partir
de 30 ans (Santrock, 1999, p. 93)
Par ailleurs, le fœtus compte entièrement sur sa mère pour
ce qui est de sa nutrition, laquelle lui est apportée par le
sang maternel. Aussi importet-il qu’il reçoive un nombre approprié de calories ainsi
que des niveaux adéquats de protéines, de vitamines et de
minéraux. Le régime alimentaire de la mère va jusqu’à
influer sur sa capacité même de procréation. Dans des cas
extrêmes de dénutrition, les femmes cessent d’être
menstruées. De plus, les enfants nés de mères souffrant de
malnutrition courent plus de risques d’avoir des
malformations congénitales (Santrock, 1999, p. 93). La
malnutrition de la mère est en outre susceptible de ralentir
la croissance du fœtus et de donner, à terme, un enfant de
faible poids de naissance. Ce problème a plusieurs causes
spécifiques. Les femmes qui sont déjà sous-alimentées
lorsqu’elles deviennent enceintes, qui s’alimentent mal
pendant la grossesse et qui, par conséquent, ne prennent
pas au moins un kilo et demi par mois aux 2e et
3e trimestres courent de bien plus grands risques
d’accoucher d’un enfant de faible poids de naissance. En
fait, les femmes qui prennent moins de 7 kg, même si
elles ne fument pas et amorcent leur grossesse avec un
excédent de poids, ont quand même des risques plus
élevés d’accoucher avant terme de bébés plus petits, que
celles qui prennent au moins 7 kg (Berger, 2000, p. 119).
Les maladies et infections de la mère peuvent
occasionner des anomalies qui traversent la barrière
placentaire. Par exemple, les plus grands dommages
occasionnés au fœtus par une mère qui contracte la
rubéole se produisent au cours des 3e et 4e semaines de la
grossesse. Par ailleurs, la syphilis est particulièrement
Page 28 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
dommageable à un stade plus avancé du développement
prénatal – soit 4 mois ou plus après la fécondation – et
plutôt que de s’attaquer au développement des organes
comme la rubéole, la syphilis affecte les organes une fois
qu’ils se sont formés. L’importance de la santé de la mère
pour la santé de l’enfant qu’elle porte ne saurait être plus
grande que dans les cas où la mère est séropositive et
qu’elle risque de transmettre le VIH à son enfant
(Santrock, 1999, p. 97).
Les drogues comprennent le tabac, l’alcool, les
médicaments
d’ordonnance
et
les
stupéfiants.
Par exemple, de la thalidomide prise pendant la
4e semaine du développement du fœtus a des effets
dévastateurs. Une trop grande consom-mation d’alcool
chez la femme enceinte peut aussi laisser chez le bébé de
graves séquelles. Le syndrome d’alcoolisme fœtal ou SAF
(de son nom scientifique embryofœtopathie alcoolique)
est un groupe d’anomalies qui apparaissent chez les
enfants de mères qui ont eu une consom-mation excessive
d’alcool pendant leur gros-sesse. Ces anomalies
comprennent des mal-formations du visage et des défauts
des membres, du visage et du cœur. La plupart des enfants
frappés du SAF ont un QI inférieur à la moyenne. Dans
une étude, toutefois, il est ressorti que même les mères qui
ont bu avec modération pendant la gestation ont des bébés
moins vigilants et alertes, avec des séquelles toujours
présentes à l’âge de 4 ans.
Le tabagisme chez les femmes enceintes peut aussi
nuire au développement prénatal, à la naissance et au
développement postnatal.
Les taux de néomortalité et d’avortement spontané sont
plus élevés chez les mères qui fument, tout comme les
naissances prématurées et les faibles poids de
naissance. Les troubles respiratoires et la mort subite
du nourrisson sont aussi courants chez les enfants de
mères qui ont fumé pendant leur grossesse. La prise de
calmants pendant les trois premiers mois de la
gestation peut entraîner chez le bébé une division
palatine, entre autres malformations congénitales. Les
mères qui consomment de grandes quantités de
barbituriques risquent d’accoucher d’enfants affectés
d’un syndrome de sevrage ou manifestant des
tremblements, de l’agitation et de l’irritabilité
(Santrock,
1999,
p. 98).
Drogue
Alcool
Consommation
3 verres ou plus par jour, ou une
« beuverie » occasionnelle d’au moins 5
verres au début de la grossesse
Plus d’une demi-once d’alcool pur par jour
Consommation modérée : moins de 1 ou 2
verres de bière ou de vin ou 1 cocktail
quelques jours par semaine
Tabac
Tabagisme de la mère au début de la
grossesse
Tabagisme de la mère tard dans la
grossesse
Tabagisme du père
Comparativement aux femmes de statut socioéconomique
supérieur, les femmes enceintes qui se trouvent au bas de
l’échelle économique ont plus de risques d’être malades,
mal nourries, adolescentes et stressées.
Des complications comme le dysfonctionnement du
placenta ou du cordon ombilical sont également
susceptibles de se produire si les grossesses sont trop
rapprochées, car le faible espacement des grossesses est
aussi corrélé à la pauvreté. La pauvreté permet
d’expliquer les écarts considérables qu’on peut observer
dans les statistiques nationales et internationales :
•
•
•
La vaste majorité des 25 millions d’enfants de faible
poids de naissance qui voient le jour chaque année
dans le monde se trouvent dans des pays en
développement.
Les pays en développement appartenant à la même
région géographique et dont la composition ethnique
est similaire montrent des taux de faibles poids de
naissance bien différents selon le revenu moyen.
Globalement, les différences entre les taux de faible
poids de naissance des groupes ethniques d’un même
•
•
Effets
Cause le syndrome d’alcoolisme fœtal (SAF). Au
nombre des symptômes figurent des
malformations faciales (tête de petites
dimensions, yeux anormalement espacés, nez
aplati, lèvre supérieure amincie, paupières
inhabituelles), retard global de croissance,
troubles d’apprentissage et troubles du
comportement.
Cause des effets de l’alcool sur le fœtus (EAF).
Les EAF n’entraînent pas nécessairement la
malformation du visage ni n’arrêtent la
croissance, mais ils altèrent le fonctionnement du
cerveau.
N’a probablement pas d’effets nocifs sur le
développement prénatal, même si la question
reste controversée.
Accentue les risques d’anomalies, y compris de
malformations des membres ou de l’appareil
urinaire.
A un effet à la baisse sur le poids et la taille du
bébé à la naissance. Les enfants nés de mères
fumeuses pèsent en moyenne 250 g de moins
que la normale, et ils sont plus petits à la
naissance comme par la suite. Ils peuvent
éprouver des difficultés d’abord pendant
l’enfance, particulièrement des troubles
respiratoires, puis à l’âge adulte, où ils risquent
de se mettre eux-mêmes à fumer.
Réduit le poids à la naissance d’environ 45 g
en moyenne.
pays
correspondent
à
des
différences
socioéconomiques entre ces groupes.
Aux États-Unis, la proportion d’enfants de faible
poids de naissance est deux fois plus élevée dans les
États qui sont aussi les plus pauvres (Berger, 2000,
p. 120).
Le stress de la mère peut se transmettre au fœtus.
Lorsqu’une femme enceinte éprouve des émotions
intenses, comme de la crainte ou de l’anxiété, on peut
observer des changements physiologiques chez le fœtus,
notamment dans sa respiration et ses sécrétions
glandulaires. Ainsi, la sécrétion d’adrénaline en réaction à
un sentiment de peur limite le flux sanguin dans la région
utérine et peut priver le fœtus d’un apport suffisant en
oxygène. En revanche, selon les études, le fait de rassurer
la mère sur le bien-être du fœtus a des retombées positives
sur les nourrissons (Santrock, 1999, p. 96).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 29
Y a-t-il des moments pendant la grossesse où l’effet
Résumé
des agents tératogènes est plus intense?
Comme nous l’avons vu plus tôt, non seulement la nature
de l’agent tératogène est importante pour ce qui est des
effets qu’il a sur le développement prénatal, mais le
moment auquel il produit ces effets pendant la grossesse
joue aussi pour beaucoup dans les influences sur le fœtus.
C’est là la période critique. Le tableau ci-après illustre les
diverses périodes critiques du développement prénatal en
ce qui concerne les principaux organes et membres du
corps humain.
Les agents tératogènes représentent un large éventail de
substances et d’états susceptibles d’avoir des retombées
graves sur le développement prénatal. Qu’il s’agisse de
substances ou conditions présentes dans l’environnement,
comme des produits toxiques ou des radiations, ou encore
de substances particulières comme le tabac et l’alcool, ces
agents tératogènes peuvent perturber et compromettre la
nature délicate du développement prénatal et l’altérer
pour
le
reste
de
la
vie.
Quelles sont les périodes critiques du développement prénatal?
Partie du corps
Cerveau et système nerveux central
Période critique
de la 4 à la 8e semaine
Cœur
Membres supérieurs
Yeux
Membres inférieurs
Dents
Palais
Organes génitaux externes
Oreilles
de la 5e à la 9e semaine
de la 6e à la 10e semaine
de la 6e à la 10e semaine
de la 6e à la 10e semaine
de la 9e à la 11e semaine
de la 9e à la 11e semaine
de la 9e à la 11e semaine
de la 6e à la 11e semaine
e
Développement jusqu’à …
De la naissance jusqu’à l’âge
adulte
12e semaine
12e semaine
terme
12e semaine
terme
16e semaine
terme
13e semaine
Liens et rapprochements…
•
•
•
Recherche : Syndrome d’alcoolisme fœtal
° Quelles différences y a-t-il entre le SAF et les EAF (effet de l’alcoolisme fœtal)?
° Quels sont les effets du syndrome d’alcoolisme fœtal sur l’état physique, intellectuel et
affectif de l’enfant à naître?
Recherche : Syndrome de Down
° Quelles sont les causes du syndrome de Down?
° À quelles difficultés les personnes atteintes du syndrome de Down seront-elles confrontées
dans leur vie?
Discussion : En général, les embryons et fœtus mâles (XY) courent des risques plus grands que
les embryons et fœtus femelles, vu qu’il y a plus d’embryons mâles qui avortent spontanément.
De plus, les nouveau-nés garçons sont frappés de plus de malformations congénitales et les
garçons plus âgés, de plus de troubles d’apprentissage et d’autres problèmes, lesquels seraient
liés à des agents tératogènes comportementaux
° Pourquoi en est-il ainsi? Quels pourraient être certains des facteurs à la base de cet état de
fait?
Page 30 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2
L’approche ontogénétique du développement humain
Cet article s’intéresse à la façon dont l’approche ontogénétique peut
servir à conceptualiser le processus de développement prénatal.
En considérant que le développement se déroule tout au long de la vie, on peut le décrire comme
l’enchevêtrement de sept spirales, chacune complétant et soutenant continuellement les autres. À mesure
qu’on avance dans la vie, chacun de ces aspects influence le développement. Par moments, un ou
plusieurs de ces aspects peuvent agir de façon plus exacerbée, notamment en temps de crise ou de
pauvreté où il y a pénurie de nourriture. L’approche ontogénétique ne s’applique pas qu’au
développement physique, mais aussi sur les plans du mental, de l’affectif et du spirituel. De même,
lorsque nous traversons des moments de grand stress, d’épreuve, de joie, d’amour et d’intimité, notre
développement s’en ressent et nous évoluons et grandissons.
L’approche ontogénétique du développement humain se reconnaît à sept traits caractéristiques :
•
•
•
étendu sur toute la vie (il n’est marqué par aucune période dominante);
multidimensionnel (il a des dimensions physique, mentale, affective et spirituelle);
multidirectionnel (il peut y avoir évolution sur certains plans et régression sur d’autres;
par exemple, à l’âge adulte, le sens décisionnel s’améliore, mais la mémoire baisse);
multidisciplinaire (le développement humain est étudié par des psychologues, des sociologues, des
anthropologues, des neuroscientifiques et des chercheurs médicaux, qui ont en commun de
s’employer à déchiffrer les mystères du développement tout au long de la vie humaine);
plastique (il emprunte des voies différentes selon les conditions de vie de chacun);
inscrit dans le temps (il est influencé par des conditions historiques, comme les grands moments de
l’histoire, la Crise, les guerres ou les moments de grande pauvreté);
inscrit dans un contexte (l’individu agit et réagit continuellement dans un contexte, en fonction de
son patrimoine biologique, de son cadre physique et de son entourage social, historique et culturel).
•
•
•
•
Sers-toi de la fiche vierge de la page suivante comme guide pour déterminer comment l’approche
ontogénétique s’applique au développement prénatal. Pour chacun des sept aspects de l’approche
ontogénétique, donne un exemple qui répond à la description qui en est donnée.
Liens et rapprochements …
•
En te servant du médium de ton choix, dessine, construis ou crée un graphique illustrant ou
représentant les sept aspects de l’approche ontogénétique du développement humain.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 - Page 31
L’approche ontogénétique
appliquée au développement prénatal
multidimensionnel…
étalé sur toute la vie…
plastique…
multidirectionnel…
inscrit dans le temps…
inscrit dans un contexte...
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multidisciplinaire…
L’argumentation : une démarche de réflexion
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Source : http://www.sasked.gov.sk.ca/docs/francais/fransk/fran/unites_modeles/argu/index.html
L’argumentation renvoie au processus de pensée critique tel qu’il est appliqué à la résolution de problèmes
qui prêtent à controverse ou à l’évaluation de points de vue divergents. Il existe souvent plusieurs façons
d’envisager ou de résoudre une question plutôt qu’une seule et unique solution. Dans certains cas,
l’information peut être incomplète et plusieurs approches ou points de vue peuvent entrer en concurrence,
entre lesquels nous devons décider celle ou celui qui est le plus raisonnable en fonction de ce qu’on sait –
même s’il n’y a pas de solution toute tranchée.
En argumentation, on veut examiner des faits ou des opinions contradictoires. C’est ce que les jurys
sont censés faire pour en arriver à un verdict : ils doivent considérer et évaluer les arguments et les
preuves présentés à l’appui ou à l’encontre de l’assertion ou de la question considérée. C’est un
processus dans lequel on soupèse et confronte des faits et idées opposés en vue d’en faire ressortir la
meilleure solution, de résoudre un différend ou de parvenir à la conclusion la plus raisonnable compte
tenu des preuves présentées à l’appui et de la logique.
Généralement, on reconnaît 3 façons d’analyser et de rallier des opinions opposées :
1. Deux points de vue
La première approche est la prise en compte des deux points de vue sur la question débattue, où les
élèves sont appelés à dresser la liste de leurs motivations ou « arguments », à savoir pourquoi ils sont
en accord ou non avec le point avancé.
On aborde l’argumentation en classe en faisant valoir qu’il peut y avoir plusieurs points de vue sur
une question et que ces points de vue méritent d’être respectés. La première étape de la démarche est
celle où l’on examine le point soulevé à partir de deux perspectives différentes à l’intérieur d’un
schéma conceptuel opposant les arguments contradictoires. On peut aider les élèves à appréhender
les questions controversées tout d’abord par une prise de conscience des arguments contradictoires,
laquelle aboutit à une synthèse réfléchie, logique et défendable des solutions possibles. De cette
confrontation peut ressortir un troisième point de vue, comme quoi la résolution complète du
problème est rarement réalisable et la perfection, souvent hors de portée.
Exemple : Question débattue : L’être humain est foncièrement pacifique et coopératif.
Pourquoi je suis d’accord …..
Pourquoi je ne suis pas d’accord ….
• Même les petits enfants piquent des crises.
• De tout temps, les humains ont chassé les
animaux pour survivre.
• On montre progressivement aux humains à
être agressifs pour qu’ils se protègent euxmêmes et protègent les leurs.
• Les humains ont malheureusement usé de leur
agressivité contre d’autres soit par appât du
gain soit par recherche de gloire nationale.
• La violence s’apprend; en tant que parent,
on peut donc apprendre à son enfant à ne pas
être violent.
• Tout le monde n’est pas violent; bien des gens
sont au contraire pacifiques et coopératifs.
• Ce sont les médias, particulièrement la
télévision, qui poussent les jeunes à la
violence, s’il n’y avait pas autant de violence
au petit écran, les enfants ne seraient pas aussi
violents.
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• L’histoire de l’humanité est ponctuée de guerres
et de conflits.
• Le seul moyen d’obtenir ce qu’on veut est de le
prendre par la force.
• La violence est un instinct de base chez l’être
humain.
• La recherche de pouvoir est l’une des
principales motivations du comportement.
• Les « films de gars » sont toujours violents.
• L’être humain est foncièrement violent et
agressif.
• L’être humain ne naît pas agressif; j’ai vu de
très jeunes enfants qui savaient très bien jouer
ensemble.
• Les gens ne deviennent violents que lorsqu’ils
veulent quelque chose, comme plus de pouvoir
ou de biens matériels. S’ils avaient tout ce
qu’ils voulaient, ils deviendraient paresseux.
• Certaines sociétés savent coopérer entre elles;
elles ne se livrent pas combat.
2. Le cercle de parole 6
La deuxième approche serait la mise à l’épreuve des arguments selon la méthode des tests de la
valeur morale (on va souvent entendre parler de « test des cas nouveaux », de « test de la réciprocité
» et « test des conséquences universelles » qui sont, dans ce contexte, des synonymes de cette
approche) ou dans le cadre d’un cercle de parole.
Le cercle de parole (aussi appelé cercle de discussion) se prête tout particulièrement à l’examen de
questions qui n’ont ni bonne ni mauvaise réponse, et à l’expression de sentiments des participants
sur ces questions. On peut ainsi y débattre de questions d’ordre moral ou éthique sans qu’aucun
jugement ne soit porté, car le cercle de parole se veut un milieu sûr où les élèves peuvent partager
leur point de vue avec d’autres, comprendre qu’on écoutera et acceptera leurs interventions sans les
critiquer, et avoir eux-mêmes plus d’empathie et de compréhension à l’égard des autres points de
vue que le leur.
Le bon déroulement d’un cercle de parole peut nécessiter (surtout la première fois) l’intervention
d’une personne pour animer ou faciliter, qui veillera à ce que les élèves suivent bien le protocole
établi, à savoir :
•
•
•
•
•
•
Les témoignages présentés par les participants ne doivent concerner que le problème ou la question
en examen; ils ne doivent pas être en réplique à ce qu’a dit un ou une autre élève.
Il ne doit y avoir qu’une personne qui parle à la fois, et les autres élèves doivent écouter
attentivement ce qui est dit sans porter de jugement. Il est parfois utile de rappeler qui a le droit de
parole à l’aide d’un objet quelconque (le « bâton de parole ») qu’on se passe de l’un à l’autre.
Le silence est une réponse acceptable.
On ne doit jamais forcer quelqu’un à témoigner contre son gré.
Selon la nature de la discussion, il est souvent préférable de tenir les cercles de parole en petits
groupes que dans un trop grand groupe, au risque d’intimider certains intervenants ou
intervenantes qui ont du mal à verbaliser leurs idées.
Nul ne doit formuler sur soi-même ou sur autrui des commentaires désobligeants.
(Ce texte sur le cercle de la parole a été traduit et adapté avec la permission du Projet de développement des quatre mondes,
Sacred Tree Teachers' Guide, Université de Lethbridge, 1982.)
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Ressource suggérée : http://passerelles.eco.free.fr/N6/Cercles%20de%20Parole.htm
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3. La méthode du consensus 7
Le consensus est un processus par lequel un groupe arrive à prendre une décision sur une question
donnée sans devoir passer au vote. De ce processus de collecte d’information et de points de vue,
de discussion et de persuasion, ressort une décision consensuelle qui forme la synthèse des
propositions avancées ou qui en avance de nouvelles, ou les deux. Le processus consensuel vise à
parvenir à une décision à laquelle tout le monde souscrira. À son meilleur, il passe par la persuasion
plutôt que par les pressions à l’uniformité du groupe.
Lorsqu’une décision est prise par consensus, tous les participants et participantes sont censés
comprendre la décision et être prêts à la soutenir. Sur le plan pratique, cela signifie que tous et toutes
sont censés être capables de reformuler la décision dans leurs propres mots pour montrer qu’ils la
comprennent, que tous ont eu la chance de se faire entendre sur la décision, et que ceux et celles qui
continuent de ne pas être d’accord ou qui ont des doutes à son égard n’en appuieront pas moins la
décision publiquement, étant entendu qu’ils sont prêts à la mettre à l’essai pendant un certain temps.
Voici le protocole à suivre pour prendre une décision par consensus :
1. On doit éviter de défendre aveuglément ses propres jugements de valeur dans des discussions
interminables, et se contenter de présenter sa position le plus clairement et logiquement possible,
tout en restant à l’écoute des réactions des autres participants, et en les soupesant attentivement avant
de pousser plus loin son argumentation.
2. On ne doit pas changer d’avis juste pour en arriver à une entente et éviter les conflits. On ne doit
souscrire qu’aux solutions avec lesquelles on s’estime généralement plutôt en accord. On ne doit se
rendre qu’aux positions qui reposent sur des fondements solides, objectifs et logiques.
3. On ne doit pas recourir à des méthodes qui cherchent à éviter les conflits, comme tenir un vote à la majorité
simple, tirer à pile ou face, tracer une « moyenne » ou marchander.
4. On doit chercher à faire ressortir les différences d’opinions. Elles sont normales et on doit s’attendre
à ce qu’il y en ait. On doit aussi essayer de faire participer tout le monde à la décision. Les
désaccords sont susceptibles d’aider à la prise de décisions, car ils mettent en lumière un vaste
éventail d’informations et d’opinions et, ce faisant, ils augmentent les chances d’en arriver à des
solutions plus adéquates.
5. Devant une impasse, on ne doit pas chercher de gagnant ni de perdant, mais plutôt la solution la plus
acceptable pour tous et pour toutes.
6. On doit discuter des hypothèses sous-jacentes, s’écouter attentivement les uns les autres et
encourager la participation de tous et toutes.
On doit faire ressortir clairement deux points au moment de mettre la méthode du consensus à l’essai :
1. Il importe de bien écouter chaque intervenant dans le groupe, pour bien comprendre à la fois la
nature de ses arguments et les motivations à la base de ses opinions.
2. Il importe de se rappeler que l’exercice a pour but d’en arriver à la décision qui sera la meilleure
possible pour le groupe, afin que ce dernier puisse poursuivre son objectif commun.
L’emploi de la méthode du consensus :
La méthode du consensus permet d’en arriver à une décision avec laquelle tous sont d’accord. Elle
cherche à prendre en compte les idées et préoccupations de tous les participants pour en arriver à la
meilleure décision possible. Non pas que tout le monde sera parfaitement satisfait de la décision, mais
celle-ci doit être suffisamment acceptable pour que tous y souscrivent. Pour parvenir à pareil résultat, les
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Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_de_d%E9cision_par_consensus
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membres du groupe doivent bien écouter les idées des uns et des autres et prendre en compte des points
de vue de tous dans leurs discussions.
Le dégagement d’un consensus n’a rien de facile, car, ce qui importe n’est pas tant de faire passer son point de
vue que de trouver ce qui est dans l’intérêt du groupe. Même si l’on ne peut toujours donner droit aux priorités
de tous, chacun et chacune peut en revanche convenir que les priorités établies par le groupe sont bonnes pour
le groupe dans son ensemble, ainsi que pour chacune des personnes qui le composent. Il est généralement utile
d’avoir un facilitateur ou une facilitatrice pour animer la discussion.
Étapes de la méthode du consensus :
1. Amorcer la démarche par une réflexion générale sur les priorités de chacun et de chacune. On peut
encourager la réflexion de la façon suivante : « Si vous pouviez changer ne serait-ce qu’un aspect du
problème, quel serait-il? … À présent, si vous pouviez agir sur deux aspects, quels seraient-ils? …
Sur trois aspects? »
2. Faire passer les élèves à tour de rôle, le temps que chacun expose ses priorités et les raisons pour
lesquelles elles comptent à ses yeux. Tandis que chacun et chacune s’exprime, les autres doivent
écouter très attentivement en vue de comprendre le point de vue exposé. Noter sur papier les
priorités énoncées.
3. Animer une discussion à partir de la liste créée et des questions suivantes :
a) Quels sont les points les plus importants sur lesquels nous pourrions agir et pourquoi? et
b) Sur quel point pourrions-nous agir et faire une différence en tant que groupe?
Il est probable qu’après avoir entendu les priorités et motivations des autres, certains changeront de point de
vue. Certes, le classement des priorités du début est important pour la réflexion, mais il pourra être
complètement bouleversé une fois qu’on aura pris en compte ce qui est le mieux pour le groupe.
4. Voir s’il y a consensus, en faisant un vote d’essai sur les priorités. Ce vote ne lie pas le groupe, mais
il fait ressortir les points où il y a accord ou désaccord.
5. S’il y a accord, il y a consensus! Félicitations à tout le monde.
6. En revanche, s’il y a désaccord, on doit revenir sur ce qui motive les divergences d’opinions et pourquoi
ces points importent autant aux yeux des contradicteurs. On doit chercher véritablement à comprendre
les motivations et préoccupations soulevées. On doit aussi se rappeler qu’il revient au groupe d’écouter
les opinions contradictoires et de tenter de répondre à ces objections, et qu’il revient à l’inverse à ceux et
à celles qui expriment ces contradictions d’écouter les raisons pour lesquelles le groupe ne partage pas
leurs opinions.
7. Discuter de la décision susceptible d’amener le groupe à mieux travailler à la poursuite de son but
commun. Quels sont les points que les participants partagent et sur lesquels ils pourraient
s’entendre? Quels sujets de préoccupation les en empêchent? Comment pourraient-ils prendre ces
points en compte dans une décision reformulée sur laquelle tous les participants pourraient
s’entendre? Il faut montrer de l’ouverture et de la créativité pour répondre aux préoccupations
soulevées – ce qui pourrait même déboucher sur une solution à laquelle on n’avait jamais pensé
jusqu’alors.
8. Voir à nouveau s’il y a consensus. Le cas échéant, félicitations à tout le monde. Sinon, retour au point 6.
Les participants et participantes ont éventuellement besoin d’encore plus d’information sur les opinions
des opposants à la décision, ou vice versa. Il arrivera un stade, cependant, où les divergences d’opinions
sembleront inconciliables. Si cela se produit, on doit essayer de rapprocher les participants et
participantes aux vues les plus contradictoires. Chacun et chacune doit énoncer le point de vue de l’autre
jusqu’à ce que celle-ci ou celui-ci s’en estime satisfait, puis renverser les rôles – cet exercice ayant pour
but de leur faire comprendre qu’ils doivent aboutir à une solution avec laquelle ils pourront de part et
d’autre travailler, et qu’il leur revient de trouver une solution.
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9. Si l’on ne parvient toujours pas à régler les différends (ce qui est fort peu probable), le groupe peut
soit décider en bloc qu’il importe davantage d’en arriver à ce stade à une décision qui satisfait tout le
monde et demander aux opposants de « s’écarter » pour que le groupe aille de l’avant avec la
proposition en dépit de leur désaccord, soit convenir par consensus d’une autre façon de trancher la
question.
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Deux points de vue…
Problème : Choisis un des thèmes de recherche (pp.73-74 de l’unité) et fais valoir les
points de vue divergents
Pourquoi je suis d’accord…
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Pourquoi je ne suis pas d’accord …
Mon anthologie
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Mes notes de cours
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