Dans la perspective du fœtus...que vois-tu?
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Dans la perspective du fœtus...que vois-tu?
Perspectives sur le développement humain aux différentes étapes de la vie Journal de l’élève Dans le présent numéro : Dans le présent numéro : Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Nº 2 Ministère de l’.Éducation de la Saskatchewan Journal sur la psychologie du développement, accompagnant le cours Psychologie 30 du ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Nº 2 Dans le présent numéro : La période prénatale Au sommaire : Dans la perspective du fœtus… que vois-tu? Page 1 Cet article décrit le processus de développement pendant la gestation. On y traite tout particulièrement du développement physique, cognitif et socioaffectif de l’enfant à naître. Clonage : la création revue et corrigée Page 9 Les progrès de la recherche aidant, nous pourrions être sur le point de trouver de nouveaux moyens de guérir certaines des maladies parmi les plus graves qui aient frappé l’humanité jusqu’à nos jours. Cependant, toute fascinante qu’elle soit, la recherche sur le clonage n’est pas sans soulever une vive controverse. L’hérédité, la génétique et le développement humain Page 12 Après avoir défini l’hérédité et la génétique, cet article aborde les questions éthiques et morales qui découlent de la manipulation génétique. D’autres perspectives sur le développement du foetus et du nouveau-né Page 14 La recherche démontre que le développement du bébé dans le ventre de sa mère n’est pas nécessairement le même pour le garçon et la fille. Par ailleurs, on constate que l’on peut influencer le développement du bébé avant même qu’il soit né. L’enfantement Page 17 Cet article décrit le travail et l’accouchement chez la parturiente, point culminant d’un processus de conception et de développement d’un nouveau membre de la race humaine qui aura duré 38 semaines! Maternité – paternité : où sont les hommes? Page 20 Bienvenue à une nouvelle ère pour le papa moderne! Au fil des générations, on a vu une évolution dans le rôle des pères ence qui a trait à la grossesse de la mère et dans la naissance et les premiers soins de du bébé. De plus en plus, on voit les papas préparer la venue du bébé dans le monde et être un de ses premiers contacts avec le monde. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page i Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Journal sur la psychologie du développement, accompagnant le cours Psychologie 30 du ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Dans la perspective des écosystèmes… que vois-tu? Page 23 Cet article décrit les divers écosystèmes qui favorisent le développement de l’embryon et du fœtus. En partant du modèle écologique de Bronfenbrenner (1979), on y voit comment chaque écosystème contribue à sa façon au bon développement du bébé pendant la grossesse. Influences sur le développement prénatal Page 27 Même si l’enfant à naître reste relativement isolé du monde externe pendant qu’il est dans le ventre de sa mère, il n’est pas à l’abri pour autant de facteurs et agents qui peuvent influer sur son développement et souvent même y nuire. Cet article fait état d’un grand nombre des substances et de conditions ambiantes – dites « agents tératogènes » – qui agissent sur le développement prénatal. L’approche ontogénétique du développement prénatal Page 31 Cet article traite de la façon dont l’approche ontogénétique peut servir à la conceptualisation du processus de développement pendant la période prénatale L’argumentation : une démarche de réflexion Page 33 Cet article présente un outil intéressant qui pourrait t’aider à débattre quelques-unes des grandes questions touchant la psychologie du développement. Deux points de vue Page 38 On devrait autoriser le clonage d’organes humains à des fins de greffes. Mon anthologie Page 39 Pour que tu puisses vraiment t’approprier le Journal de l’élève, nous avons prévu des pages où tu pourras consigner et préserver des dictons, images, poèmes, anecdotes, paroles de chansons et tout ce que tu trouveras d’autre qui t’intriguera, t’inspirera, t’amusera ou t’interpellera. Mes notes de cours Page ii – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Page 40 Dans la perspective du fœtus...que vois-tu? Cet article décrit le processus de développement qui survient pendant la gestation. On y traite du développement physique, cognitif et socioaffectif de l’enfant à naître. Jamais plus, pendant le reste de sa vie, le corps humain ne se développera-t-il aussi rapidement et aussi radicalement qu’il le fait entre le moment où l’œuf de la femme est fécondé et celui où le fœtus sort du ventre de sa mère. Il suffit en effet d’à peine 40 semaines pour mettre au monde un être humain, depuis le moment où un seul des 20 000 spermatozoïdes nécessaires pour percer la membrane chimique de l’ovule se détache pour aller fusionner avec l’ovule, jusqu’à l’accouche-ment proprement dit d’un être doté de toutes les capacités et potentialités de la race humaine. Ce miracle de la création correspond à la période prénatale du développement. En fait, la période prénatale se décompose en trois souspériodes. La période germinale correspond aux deux premières semaines de développement, lequel se caractérise par une rapide division cellulaire, l’amorce d’une différenciation cellulaire et l’implantation du blastocyste sur la paroi utérine. Environ une semaine après la fécondation, l’œuf (alors appelé zygote) compte de 100 à 150 cellules. S’amorce alors la différenciation de celles-ci, opération pendant laquelle le zygote se décompose en trois couches : le blastocyste, couche interne de cellules qui formera plus tard l’embryon, et le trophoblaste, à savoir l’ensemble des couches externes qui serviront ultérieurement à l’alimentation et au développement de l’embryon. L’implantation utérine du zygote se produit aux environs du 10e jour après la fécondation (Santrock, 1999). La période embryonnaire du développement est la période qui survient de 2 à 8 semaines après la fécondation. L’endoderme de l’embryon, soit le feuillet interne de cellules, se transforme alors pour aller former surtout les systèmes respiratoire et digestif du corps. Le feuillet intermédiaire, appelé mésoderme, évoluera pour donner naissance au système circulatoire, au squelette, aux muscles, au système urinaire et aux organes génitaux. Enfin, le feuillet externe de l’embryon, l’ectoderme, ira former le système nerveux, les organes des sens (yeux, nez, oreilles) et la peau. À mesure que se développe l’embryon, prennent aussi forme le placenta, le cordon ombilical et l’amnios (membrane qui enferme les fluides dans lesquels flotte l’enfant) (Santrock, 1999). La période fœtale commence 2 mois après la fécondation et dure en moyenne 7 mois. À 3 mois, le fœtus mesure 10 centimètres de long et pèse environ 60 grammes. Il s’active, agitant bras et jambes, ouvrant et fermant la bouche, bougeant la tête. On peut déjà y distinguer la figure, le front, les paupières, le nez et le menton, ainsi que les bras, les mains et les jambes. À 4 mois, les membres inférieurs du fœtus connaissent une poussée de croissance. À la fin du 5e mois, les ongles de mains et de pieds ont fait leur apparition et le fœtus est encore plus actif. À la fin du 6e mois, les yeux et les paupières sont complètement formés, un réflexe de préhension est déjà présent, et on observe une respiration irrégulière. Dans les deux derniers mois, le tissu adipeux se développe et le fonctionnement de plusieurs organes, comme le cœur et les reins, s’active (Santrock, 1999). À chacune des trois périodes, il y a non seulement un développement biologique fulgurant, mais aussi un développement cognitif et socioaffectif. Sur le plan du développement cognitif du bébé à naître, on voit entrer très tôt en activité – quoique de façon limitée – certaines fonctions rudimentaires du système nerveux. En fait, les systèmes circulatoire et nerveux sont les premiers à se mettre en branle chez l’embryon, les battements de cœur apparaissant vers la 3e semaine après la fécondation. Rendu au 2e mois, une réaction d’évitement – le retrait de la main par contraction des muscles du cou – se produit lorsqu’on applique un stimulus déplaisant à la lèvre supérieure de l’embryon. Ces développements sont la preuve que des réflexes simples sont à l’œuvre à ce stade et que les liens synaptiques et l’activité interneuronale sont déjà suffisants pour coordonner les mouvements musculaires (Rose, 1989, p. 192). Le développement précis du cerveau et du système nerveux central fait l’objet d’intenses recherches. Le cerveau humain renferme pas moins de 100 milliards de cellules nerveuses appelées neurones. Chaque neurone établit des liens avec en moyenne plusieurs milliers d’autres, pour former un réseau d’au moins 100 billions d’interconnexions neuronales. Fait surprenant, ce réseau d’une immense complexité semble se connecter avec une précision quasi parfaite. Comment un pareil prodige biologique est-il possible? Sûrement d’après un plan de connexion déjà encodé dans les gènes. Il est en effet clairement ressorti des études réalisées sur des embryons d’animaux à différents stades de développement que les neurones se forment et se déplacent pour tisser des réseaux dans des aires désignées du cerveau et qu’une fois Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 1 rendus sur place, ils projettent leurs axones suivant des trajectoires préprogrammées et aboutissant à des cibles précises. Des neurobiologistes ont récem-ment découvert un autre phénomène fondamental qui pourrait éventuellement expliquer l’extra-ordinaire fidélité des interconnexions du cerveau. Le « plan de connexion » de base dressé par les instructions génétiques pourrait être modifié par l’expérience pendant une période critique de la vie du nourrisson. Des axones prenant naissance dans la rétine de l’œil se projettent ainsi dans le cerveau en développement et tissent une multitude de liens au sein du cortex visuel. Suit une sorte de période transitoire pendant laquelle les connexions synaptiques qui servent le moins sont « élaguées » au profit de celles qui assurent le bon fonctionnement du réseau. Le raffinement progressif des interconnexions pourrait bien être un nouveau principe général régissant le développement du cerveau. Ce pourrait bien être aussi le mécanisme qui sous-tend l’existence de « périodes critiques » pendant lesquelles le nourrisson doit acquérir certaines habiletés, notamment au 4e mois, lorsque son cerveau acquiert la vision binoculaire. Il existerait d’autres périodes critiques, quoique moins bien circonscrites, pour l’apprentissage du langage et de la sociabilité. C’est ce qui expliquerait que les enfants qui, pour une raison quelconque, n’arrivent pas à acquérir ces habiletés pendant ces périodes critiques risquent de ne jamais les acquérir par après (Wade, 1998, p. 150). Il semble quelque peu farfelu de laisser entendre qu’un fœtus humain, bien en sûreté dans le ventre de sa mère, baignant dans le liquide amniotique et presque parfaitement isolé du monde externe, puisse développer un tempérament de base, voire une personnalité. Mais c’est le cas. Chaque individu naît avec un ensemble de tendances ou dispositions psychologiques qui lui sont propres et qui sont programmées dans ses gènes. Ces tendances, qui ensemble forment le tempérament, imprègnent et façonnent presque tous les aspects de la personnalité de l’individu en développement. C’est pourquoi on dit que le tempérament – et, par ricochet, la personnalité – est « épigénétique » et non seulement génétique. Autrement dit, le tempérament vient non seulement des multiples instructions du programme génétique qui guident la formation du cerveau, mais aussi des influences du milieu prénatal (Berger, 2000, p. 219). Le fœtus n’est donc pas un simple passager passif dans le ventre de sa mère, pas plus que la femme n’est qu’une simple mère « porteuse ». Le développement est au contraire un processus interactif, même bien avant la naissance (Kisilevsky et Low, 1998). Au-delà de la seule interdépendance physiologique, le fœtus et la mère ont ensemble une interaction bien plus intellectuelle, pour ne pas dire « cérébrale ». Aux environs de la 9e semaine, en réaction aux changements de position de la mère, le fœtus s’anime ainsi d’imperceptibles mouvements de ses minuscules talons, Page 2 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 poignets, coudes et fesses. Bientôt la mère sentira des battements parfois si ténus qu’elle se demandera s’ils ne sont pas des gaz ou le fruit de son imagination plutôt que les mouvements bien réels d’un être vivant dans son corps. Mis à part le désagrément temporaire qu’ils peuvent causer, les mouvements du fœtus sont généralement source d’émerveillement. Les futurs parents – le père aussi bien que la mère – aiment bien caresser le ventre vivant de la mère. Le fœtus ressent ces stimulations et y répond, amorçant un mode de communication par le toucher qui se poursuivra toute sa vie (Ronca et Alberts, 1995). Il est intéressant de noter que les rythmes de mouvements quotidiens de la femme, où elle marche, se penche et se repose, influencent le rythme des mouvements du fœtus, et les nourrissons qui sont très actifs ont aussi généralement été exceptionnellement actifs dans le ventre de leur mère. Comme quoi l’un s’adapte aux habitudes de mouvements de l’autre bien avant la naissance. Vers la fin du stade prénatal, d’autres systèmes sensoriels commencent à fonctionner et, à nouveau, l’interaction entre le fœtus et la future mère est évidente. Comme la quantité de liquide amniotique que le fœtus avale dépend en partie du goût qu’il a, le fœtus avale généralement plus de fluide si ce dernier est sucré que s’il a mauvais goût, et par voie de conséquence les poumons du fœtus, sa digestion et sa nutrition sont intimement liés au régime alimentaire de la mère (Carlson, 1994). Mais de tous les sens qui s’éveillent chez le fœtus, l’ouïe est le plus développé. Les nouveau-nés gardent le souvenir des sons qu’ils ont entendus tandis qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère, dont les voix et intonations humaines. Les recherches indiquent que, au moins sur certains plans, les fœtus ne font pas que préparer leurs réflexes et leurs organes à un fonctionnement physiologique après la naissance, ils s’accoutument déjà aux particularités du monde auxquels ils s’apprêtent à se joindre. Parallèlement, les mères commencent à identifier et à reconnaître certaines des caractéristiques de leur futur rejeton : rendu au dernier trimestre, la quasi-totalité des femmes enceintes parlent au bébé dans leur ventre, elles le tapotent régulièrement ou elles en rêvent pendant la nuit (Berger, 2000, p. 106). Pour résumer, pendant les 40 semaines que dure la gestation, les trois dimensions de l’être humain – physique, cognitive et socioaffective – sont déjà en train de se développer. Ce développement est phénoménal, à un point tel, du reste, que, pendant la période fœtale, il peut se créer jusqu’à 16 000 neurones à la minute! D’où l’incroyable niveau d’interaction et d’inter-dépendance qui caractérise le développement prénatal, car à mesure que se tisse le complexe réseau des neurones, se construisent simultanément les structures cognitives du cerveau – lesquelles pourraient bien être le siège des émotions, attitudes et motivations qui sont à la base de la personnalité! • • • • Liens et rapprochements À l’aide du médium de ton choix, compose, construis ou crée une métaphore visuelle illustrant la nature du développement prénatal. À l’aide du tableau du développement prénatal du Journal de l’élève, reproduis les grandes lignes du processus qu’il illustre en organisant autrement l’information, sous forme par exemple d’affiche ou de chronologie. ° Des photographies, diagrammes ou illustrations des points saillants du développement donneront à ton affiche ou à ta chronologie d’autant plus d’intérêt. Réflexion : Ce qu’il faut retenir des influences héréditaires est qu’aucun gène ne détermine le comportement. ° Quelle est l’importance d’une pareille affirmation? ° S’il n’y a pas de gène pour le comportement, qu’est-ce qui le détermine alors? À partir des statistiques sur le poids et la taille de l’embryon puis du fœtus, crée un graphique à barres représentant la croissance prénatale. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 3 Stade du développement Fœtus Mère Père Premier trimestre e 4 semaine • • • • • • • • • 8e semaine • • • • • • • • • • Le cœur se met à pomper le sang L’épine dorsale se forme Un reliquat de queue est encore apparent Plus grande vulnérabilité aux méfaits des drogues, du tabac et de l’alcool que plus tard dans la grossesse Le système nerveux et le tube digestif se forment Les reins commencent à produire de l’urine Les yeux, bras et jambes se forment Longueur - 1 cm Poids - 1 g • • • • • • • • Des bourgeons de dents de lait s’esquissent Le visage et les traits se discernent Les bras et jambes s’articulent aux coudes, aux chevilles, etc.. Les organes génitaux se forment L’intestin se forme La queue s’estompe Les battements du cœur se renforcent Les os longs, les organes internes et le cerveau se développent Longueur - 3 cm Poids - 4 g • • • • Absence de règles (aménorrhée) Période d’adaptation, voire de doute si l’enfant n’a pas été planifié Changements hormonaux perturbant les humeurs Surcroît exigé du corps causant de la fatigue et, éventuellement, une baisse de l’intérêt sexuel Augmentation de volume de l’utérus accroissant la fréquence des mictions Ralentissement du transit intestinal pouvant causer de la constipation Nausées et vomissements occasionnels courants et habituellement temporaires Gonflement rapide, picotements et parfois sensibilité des seins par suite des changements hormonaux Écoulements vaginaux provoqués par des changements dans le col utérin Après 12 semaines, le fond de l’utérus dépasse de peu le pubis1 Tests de dépistage possibles : examen clinique complet, rubéole, groupe sanguin, frottis (test de PAP).2 Prise de poids - 1,4 kg • • • • • • • Période d’adaptation et de doute Difficulté à accepter que la partenaire soit enceinte tant que cela ne « paraît » pas Peut être perplexe devant l’irritabilité et l’émotivité de la partenaire Besoin de comprendre qu’il est normal d’avoir des sentiments contradictoires Besoin de comprendre les désirs sexuels particuliers de la femme Peut être lui-même pris à l’occasion de nausées matinales ou différents symptômes de sa femme enceinte Les deux doivent être satisfaits du médecin choisi 1 Au cours de ce trimestre, l'utérus augmente progressivement de volume. À partir du 2e mois, il gagne 4 centimètres en hauteur par mois. La hauteur utérine se mesure avec un mètre ruban, sur l'abdomen, depuis l'arcade pubienne jusqu'au fond de l'utérus. À 3 mois, le fond dépasse de peu le pubis.© Larousse / VUEF 2001 2 Premier examen prénatal. L'examen clinique complet comprend un examen cardiovasculaire et pulmonaire, un examen des seins et un examen gynécologique (utérus, ovaires) ainsi qu'un frottis de dépistage si le frottis précédent date de plus d'un an. Le médecin demande des examens complémentaires : détermination des groupes sanguins si la future mère ne possède pas de carte de groupe sanguin complète (ABO, Rhésus et Kell), dépistage de la rubéole si elle n'est pas certaine d'avoir eu cette maladie, dépistage de la syphilis, de la toxoplasmose, de la drépanocytose pour les Africaines et de la thalassémie pour les femmes asiatiques ou du MoyenOrient. © Larousse / VUEF 2001 Page 4 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Stade du développement 12e semaine Fœtus • • • • • • • • • • • • • • Mère Père Les yeux sont presque formés, mais les paupières sont « fusionnées » Le visage sourit et grimace Les bourgeons des dents permanentes se forment Les os se durcissent Les doigts de mains et de pieds se forment Les bras et jambes s’agitent Les oreilles apparaissent La respiration s’active Le sexe devient apparent Une mince peau se développe Le foie se met en action Le corps peut uriner Longueur - 10 cm Poids - 60 g Deuxième trimestre 16e semaine • • • • • • • • • • Le corps s’enduit d’une substance graisseuse et laiteuse Une matière brun verdâtre s’accumule dans l’intestin, le méconium Le cerveau croît rapidement Le corps se recouvre d’un fin duvet Suçage du pouce et réflexes de déglutition et de préhension sont présents Les battements cardiaques se renforcent Les muscles s’animent La peau est mince et translucide Longueur - 15 cm Poids - 170 g • • • • • • • • • • • • Période de l’acceptation et de la planification : on pense à l’enfant à naître comme d’un individu La femme se sent exceptionnellement bien et peut retrouver une partie de son intérêt sexuel La grossesse est de plus en plus visible; les mouvements du bébé sont perceptibles; la mère peut éprouver des contractions de Braxton-Hicks Le volume sanguin a augmenté du tiers Risque d’anémie Écoulements mammaires Apparition possible de taches sur le visage, le « masque de grossesse » Une ligne sombre parcourt le centre de l’abdomen L’augmentation du volume utérin accroît les pressions sur les jambes; signes de pressions aussi sur le système digestif avec constipation possible Apparition des premières vergetures Augmentation des pertes vaginales Gain de poids - 5 kg • • • • Période de l’acceptation de la grossesse; entrevoit la modification de ses habitudes de vie Période de planification des cours de préparation à l’accouchement et au type d’accouchement souhaité Apprécie le sentiment de bien-être de la future mère et, à mesure que se voit sa grossesse, éprouve un sentiment de protection à son endroit Peut réagir au changement corporel de sa partenaire soit avec malaise, soit avec grande satisfaction Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 5 Stade du développement 20e semaine Fœtus • • • • • • • • 24e semaine • • • • • • • Le crâne se couvre de cheveux Les premiers battements du cœur sont audibles au stéthoscope Les cheveux, cils et sourcils se forment Les ongles de doigts et d’orteils apparaissent La mère sent les premières secousses Les organes internes se développent rapidement Longueur - 20 cm Poids - 300 g L’émail revêt les dents Le médecin peut discerner au toucher la forme du bébé La peau est rouge et plissée et se couvre d’une pellicule protectrice, le vernix De la graisse commence à s’accumuler sous la peau Les yeux s’ouvrent Longueur - 30 cm Poids - 700 g Page 6 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Mère Père Stade du développement Fœtus Mère Père Troisième trimestre e 28 semaine • • • • • • S’il devait naître prématurément, l’enfant serait viable Le bébé continue d’engraisser Il a la peau plissée et ridée. Premiers mouvements de respiration Longueur - 36 cm Poids – 1,1 kg • • • • • • • • Périodes d’exaltation extrême et de doute de la maternité imminente Pense à l’enfant à naître comme une personne, à laquelle elle donne un nom et pour laquelle elle prépare la chambre pour bébé et sa layette Peut sentir les hoquets du bébé La hauteur de l’utérus et son volume croissant créent un essoufflement qui s’atténue au 9e mois au moment de « l’allégement », à savoir la descente du bébé dans l’abdomen Fatigue et malaises peuvent nécessiter la modification de l’activité sexuelle. Cependant, il peut encore y avoir pénétration sans danger, à moins que la membrane se rompe Le désir et la fréquence de relations sexuelles peuvent baisser La descente du bébé dans l’abdomen allège les pressions et facilite la respiration tout en accentuant les mictions et la constipation La pression sur les nerfs, les muscles et les vaisseaux sanguins peuvent causer des crampes dans les jambes, des varicosités et des douleurs dans le périnée et les cuisses • • • • • • • Partage probablement la fierté de la future mère et son exaltation Peut craindre les responsabilités de parent Peut envier l’attention dont on entoure la femme et le bébé à naître, et se sentir écarté Les cours de préparation à l’accouchement peuvent aider à atténuer les angoisses vis-à-vis du « travail » Peut craindre de blesser mère ou enfant en ayant des relations sexuelles, d’où l’importance de garder bien ouvertes les voies de communications Peut avoir du mal à accepter les changements physiologiques et émotionnels de la mère et à s’y adapter Doit décider s’il accompagnera sa partenaire pendant l’accouchement Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 7 Stade du développement 32e semaine Fœtus • • • • • • • • • 36e semaine • • • • • • Emmagasine du calcium Les ongles s’allongent Les testicules descendent dans le scrotum Hoquets Périodes de sommeil et d’éveil Réagit aux sons Os du crâne mous et flexibles Longueur - 40 cm Poids – 1,5 kg Mère • • • Père Des hormones causent l’assouplissement des tissus du col de l’utérus, du vagin et du plancher pelvien Contractions de Braxton-Hicks perceptibles. Possibilité de « faux travail » dans les dernières semaines de la grossesse. Étourdissements dus aux troubles circulatoires et à l’engorgement des glandes mammaires en colostrum, le premier lait du nourrisson Gain de poids total : de 9 à 16 kg Emmagasine du fer et du calcium Le bébé s’arrondit On note un tonus musculaire Moins actif Longueur - 45 cm Poids – 2,5 kg Source : Régie régionale de la Santé de Rosetown, ministère de la Santé de la Saskatchewan, Services Page 8 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 communautaires Clonage : La création revue et corrigée Les progrès de la recherche aidant, nous pourrions être sur le point de trouver de nouveaux moyens de guérir certaines des maladies parmi les plus graves qui aient frappé l’humanité jusqu’à nos jours. Cependant, toute fascinante qu’elle soit, la recherche sur le clonage n’est pas sans soulever une vive controverse. Le cas de Dolly, la brebis-éprouvette Dolly, la brebis-éprouvette née en 1996, est la preuve irréfutable qu’on peut cloner un être vivant, et nombreux ont été les scientifiques à se réjouir que ces expériences aient finalement abouti. En fait, on savait déjà qu’on pouvait cloner des mammifères, comme des moutons ou des vaches. Dix ans plus tôt, notamment, il avait été démontré qu’on peut prélever un ovocyte fécondé (un embryon) sur une vache ou une brebis, le laisser se diviser quelques fois et en extraire des cellules individuelles. Chaque cellule peut ensuite être injectée dans un œuf hôte (dont on a précédemment retiré le noyau d’ADN) et stimulée par un petit choc électrique pour opérer la fusion de l’ADN transplanté avec l’ovocyte et ainsi amorcer la division cellulaire. Une fois que l’œuf s’est développé en embryon, il est implanté dans une mère porteuse. Dans le cas de Dolly, les scientifiques ont prélevé des cellules de la mamelle d’une brebis de six ans pour les insérer dans des ovocytes hôtes sans lien de parenté et dont on avait retiré l’ADN. Plutôt que de créer des copies identiques d’un seul et même œuf fécondé, ils ont créé une proche copie d’un animal adulte. Il leur a fallu environ 400 essais pour aboutir à Dolly – soit le clone de sa mère – ce que pendant longtemps on avait cru impossible à réaliser. Aussitôt annoncée la création de Dolly, on s’est posé la question « Mais peut-on aussi cloner un être humain. ». Cela ne fait pas grand doute. Mais la véritable question est plutôt de savoir : « Devrait-on même essayer de le faire? » Le clonage des tissus humains Dans un sondage réalisé en l’an 2000, 80 % des Canadiens se sont prononcés en faveur du clonage de tissus ou organes humains, comme la peau, le cœur ou le foie, à condition que les dits organes clonés ne servent qu’à des fins thérapeutiques, comme le traitement de blessures ou de brûlures graves, ou des greffes. Même si la plupart ne disaient voir aucune objection de principe au clonage thérapeutique, 90 % des personnes sondées se sont dit, en revanche, opposées à la production de la « copie conforme », au plan génétique, d’un autre individu; plus de 90 % ont trouvé inacceptable d’employer le génie génétique à des fins de présélection du sexe d’un enfant à naître; et environ 74 % ont dit ne pas voir d’un bon œil qu’on puisse, par manipulation génétique, changer la couleur des yeux ou d’autres caractéristiques physiques du bébé au stade embryonnaire. Il reste que la majorité des gens ne voient pas d’objection de fond à ce que les scientifiques usent des biotechnologies pour trouver des remèdes à des états pathologiques ou maladies héréditaires ou congénitales, ou encore pour atténuer les risques de maladie. Et le clonage des êtres humains? Au Canada, le gouvernement fédéral en août 2000 propose avec un plan concernant la reproduction assistée et de génétique et visant à gagner l’appui du public. La nouvelle loi devrait refléter les volontés de la population canadienne qui souhaite bannir le clonage humain et créer un organe national chargé de réglementer la création de bébés éprouvette et l’assistance médicale à la procréation. Le rôle législatif de l’État La prochaine question à se poser est : Devrait-on compter sur l’État et sur ses lois pour nous protéger? Après avoir émis un premier brevet en Allemagne pour la production d’humains transgéniques, l’Office européen des brevets a eu presque aussitôt des doutes. Après avoir mûri la question, les Allemands ont décidé que non seulement on commettait une grave erreur en octroyant ainsi un brevet, mais en outre que cela allait à l’encontre de la législation allemande. En février 2000, l’Office a dit regretter l’octroi du brevet. Six mois plus tard, le ministre britannique de la Santé a émis la recommandation que les scientifiques soient autorisés à effectuer une forme de clonage thérapeutique, en l’occurrence le clonage d’embryons humains à des fins de recherche médicale. Or, l’utilisation de tissus fœtaux à des fins de recherche médicale et, notamment, pour la culture de nouveaux organes a de quoi faire frémir bien des gens, puisque la plupart de ces tissus proviennent de fœtus avortés – ce qui n’a pas pour plaire aux groupes anti-avortement, lesquels s’inquiètent grandement de ce développement. En juillet 2000, des groupes de pression américains ont ouvertement condamné la décision de l’American Heart Association d’investir massivement dans la recherche sur les cellules souches embryonnaires tirées d’êtres humains, prometteuse de traitements révolutionnaires pour d’innombrables maladies, dont les affections cardiaques, la maladie d’Alzheimer et la cécité. À la base, un embryon est un ensemble de cellules souches microscopiques qui se forment peu de temps après la fécondation pour se développer en fœtus. À ce stade, les cellules souches commencent à se spécialiser pour former le système nerveux, l’épine dorsale, et d’autres organes. Cependant, en 1998, des biologistes américains ont Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 9 annoncé qu’ils étaient parvenus à isoler des cellules souches sur des embryons humains, expliquant que ces cellules pouvaient se multiplier à l’infini avant de se différencier pour aller former les tissus et organes du corps humain. En prélevant les cellules souches de l’embryon avant qu’elles ne se mettent à se spécialiser, les scientifiques espèrent pouvoir les orienter de telle façon qu’elles aillent former des cellules ou tissus du type désiré. La découverte a été à ce point remarquable que la revue médicale Science a déclaré la recherche sur les cellules souches le progrès scientifique le plus marquant de 1999, et une découverte qui pourrait avoir de profondes répercussions dans le monde médical. Pour et contre cette recherche Cela n’a rien fait pour rassurer les adversaires de l’avortement et les autres qui craignent que les scientifiques ne se contentent pas d’employer les cellules souches de fœtus avortés, mais qu’ils se mettront de surcroît à créer artificiellement des vies humaines pour les détruire ensuite au nom de la recherche. D’une façon ou de l’autre, ils considèrent le processus comme hautement immoral. De déclarer le révérend Joseph Howard, chef d’une division de l’American Life League : « Il n’existe aucun moyen moral d’extraire des cellules souches d’embryons humains, pas plus que cette règle ne souffre d’exceptions. » Néanmoins, un groupe a pris ouvertement le parti des malades susceptibles de bénéficier du fruit de la recherche dans ce domaine. Aux États-Unis, la Patients Coalition for Urgent Research exerce des pressions auprès du Congrès américain pour que la recherche sur le tissu fœtal et les cellules souches puissent aller de l’avant. En fait, tous ne voient pas un dilemme éthique dans l’utilisation de tissus fœtaux pour la recherche. Le Pr Steven Bamforth, généticien à l’Université de l’Alberta à Edmonton, considère les tissus fœtaux comme n’importe quel autre organe pouvant faire l’objet d’un don. « Que des chercheurs utilisent des tissus fœtaux pour la recherche n’en fait pas pour autant des tenants de l’avortement, dit-il, pas plus que d’utiliser un organe prélevé sur une victime de la route frappée par un chauffard ivre ne se veut un encouragement de l’alcoolisme ou de la conduite en état d’ébriété. » Le Pr Bamforth dirige le seul dépôt de tissus fœtaux, qui alimente en fœtus avortés un petit nombre de scientifiques à l’échelle du pays. Sans y voir vraiment de problème, il n’en estime pas moins que si la majorité des Canadiens trouvent cette pratique inacceptable, l’État devrait intervenir et y mettre fin. La clé du dilemme pourrait bien résider en nous. Au Canada, selon The Globe and Mail, l’Institut de recherche de l’hôpital d’Ottawa aurait demandé au gouvernement fédéral 5 millions de dollars pour la mise sur pied d’un réseau canadien de recherche sur les cellules souches. Le groupe entend se concentrer sur le principe que chacun d’entre nous a un nombre limité de cellules souches qui sont susceptibles de se régénérer, dans différentes parties Page 10 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 du corps comme les muscles, le sang et le cerveau. S’il était possible de les faire se comporter comme des cellules souches embryonnaires, nos corps pourraient dès lors fournir eux-mêmes les remèdes aux multiples maux qui nous affligent. L’utilisation des organes animaux L’emploi d’organes animaux suscite également un grand intérêt auprès des chercheurs. En mars 2000, cinq cochonnets ont été produits par clonage en Virginie. Les milieux scientifiques y ont vu une percée dans la fourniture d’organes porcins identiques mais génétiquement manipulés pour les rendre compatibles avec des corps humains. Certains évaluent à 6 milliards de dollars (US) le marché des organes porcins (cœurs, poumons, foies, etc.) dans un monde en pénurie de donneurs d’organes. Moyennant l’approbation des pouvoirs publics, de premiers essais cliniques pourraient avoir lieu d’ici quatre ans : reste d’ici là aux chercheurs à procéder aux manipulations génétiques sur les gènes porcins qui aideront à prévenir les rejets des greffons par les humains, et à rechercher la présence éventuelle de virus cachés dans l’ADN des cochons, qui pourraient éventuellement affecter les greffés. Même si les cochonnets sont nés aux États-Unis, c’est une firme écossaise, PPL Therapeutics PLC, à qui l’on doit du reste la brebis Dolly, qui en a eu l’idée. La société est basée à l’Institut Roslin, tout près d’Édimbourg. PPL a déjà un troupeau de moutons qui produit une protéine humaine servant au traitement de la mucoviscidose, un second, une protéine qui scelle les plaies et enraye le saignement, et un troisième, une enzyme digérant les lipides, dont ont besoin les personnes souffrant de troubles pancréatiques. L’enzyme est aussi produite à partir de lait maternel, en vue d’aider les prématurés qui ne peuvent être allaités au sein. L’Université Guelph, en Ontario, élève quant à elle des cochons d’un type différent, en ce qu’on leur a implanté un gène humain qui facilitera et rendra plus sûre la greffe de leurs organes chez l’humain. Cette « espèce » de cochons a été mise au point en Grande-Bretagne par la société Imutran Ltd., puis importée au Canada en 1998. Cependant, quand on considère que le système immunitaire du corps humain rejette encore les greffons d’autres humains, il ne faut pas s’étonner que des organes venant d’autres espèces – fussent-ils transgéniques – ne passent pas encore la rampe. On craint en outre que les organes porcins ne transportent avec eux des virus (comme le rétrovirus porcin endogène ou PERV, type de leucémie propre aux cochons) qui ne se traitent pas chez l’humain, et que ces virus finissent par se propager dans la population. D’aucuns croient que de franchir la barrière des espèces n’apportera rien de bon à terme, mais cela n’empêchera pas les chercheurs de voir dans les greffes d’organes animaux – les hétérogreffes ou xénogreffes, comme on les appelle – une réponse à un manque cruel d’organes et, notamment, de reins. En conclusion…si cela est possible Une dernière dépêche! Au moment de mettre sous presse, des scientifiques italiens aussi intéressés à trouver les remèdes venant « de l’intérieur » ont annoncé avoir trouvé un moyen d’isoler des cellules souches du cerveau chez des rats adultes, cellules qui pourraient servir à la production de poumons, de reins ou d’autres organes utiles. S’il devait être possible de transposer la technique chez l’humain, l’utilisation des tissus fœtaux pourrait perdre sa raison d’être – au grand bonheur des tenants des deux camps. Source : Traduction de Canada and the World Backgrounder, octobre 2002. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 11 L’hérédité, la génétique et le développement humain Qu’est-ce que l’hérédité et la génétique? L’hérédité est le processus de transmission des dispositions biologiques des parents à leurs descendants, par la voie des gènes, l’unité de base de l’hérédité. L’hérédité renvoie aussi aux caractères dont un individu a hérité, comme sa taille, la couleur de ses yeux et son groupe sanguin. La génétique est l’étude du processus héréditaire et, particulièrement, des gènes. Un gène est un segment d’une longue molécule d’acide désoxy-ribonucléique (ADN) transportant l’information pour la synthèse d’une protéine ou partie de protéine. De par la diversité des protéines qu’ils servent à encoder, les gènes influencent ou déterminent des caractères comme la couleur des yeux, la capacité d’une bactérie de digérer un certain sucre ou le nombre de pois dans une cosse. Un virus ne comporte qu’une dizaine de gènes. Un ver rond en compte de 5 000 à 8 000, et un plan de maïs, 60 000. La construction d’un humain en prendrait environ 30 000. Si l’on pouvait dérouler l’ADN d’une seule cellule humaine, il formerait un filament de 170 centimètres de longueur et de 2,5 nanomètres (milliardièmes de mètre) d’épaisseur. Comment les caractères héréditaires passent-ils d’une génération à la suivante? Chaque humain compte 23 paires de chromosomes, chaque paire ayant hérité d’un chromosome de la mère et d’un chromosome du père. Vingt-deux paires de chromosomes sont identiques chez l’homme et chez la femme; ce sont les autosomes. La 23e paire réunit les chromosomes du sexe, car ils déterminent le sexe de l’enfant à naître. Ce sont les chromosomes X et Y. La femme a deux chromosomes X et l’homme un X et un Y. Le chromosome Y fait le tiers seulement de la taille du chromosome X. Un spermatozoïde, la cellule reproductrice du mâle, peut transporter un chromosome X ou Y. L’ovule, la cellule reproductrice de la femelle, ne peut transporter qu’un chromosome X. Lorsqu’un spermatozoïde avec un chromosome X s’unit à un ovule, le résultat est un enfant doté de deux chromosomes X – soit une femelle. Lorsqu’un spermatozoïde avec un chromosome Y s’unit à un ovule, le résultat est un enfant doté d’un chromosome X et d’un chromosome Y – soit un mâle. Autrement dit, c’est le père qui détermine le sexe de l’enfant (Brittanica.com). Comment les médecins dépistent-ils les anomalies génétiques? La science a mis au point plusieurs tests visant à déterminer si le fœtus se développe normalement : • L’amniocentèse est l’opération par laquelle, entre la 12e et la 16e semaine de la grossesse, on relève à l’aide d’une aiguille du liquide amniotique en vue de Page 12 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 • • • l’analyser et de déceler la présence d’éventuelles anomalies chromosomiques ou métaboliques du fœtus. L’échographie obstétricale est un examen médical par lequel on vérifie l’état du fœtus en émettant des ondes sonores à haute fréquence dans le ventre de la mère. Les échos renvoyés sont transformés en une représentation visuelle de la morphologie interne du fœtus. La biopsie de trophoblaste (ou prélèvement des villosités choriales) est une opération par laquelle on prélève entre la 8e et la 11e semaine de la grossesse un petit échantillon de tissu placentaire à des fins d’analyse. Le test du sang maternel (test de l’alpha-fœtoprotéine) vise à dépister les éventuelles anomalies du tube neural (ATN). Ce test est administré aux femmes entre la 14e et la 20e semaine de la grossesse, seulement dans les cas où il y a risque que l’enfant présente des malformations au niveau du cerveau ou de la moëlle épinière (Santrock, 1999). Qu’est-ce que le génie génétique? Le génie génétique est la modification du code génétique d’un organisme par l’insertion de gènes supplémentaires. Chez les humains, le génie génétique suppose l’ajout de gènes normaux, par transfusion sanguine, greffe de moëlle osseuse ou injection dans un amas de cellules, ce qui permet au corps de remplacer les cellules qui se dégénèrent par des cellules saines. La technique est employée à des fins expérimentales pour traiter l’hémophilie, la mucoviscidose (fibrose kystique), la polyarthrite rhumatoïde, plusieurs types de cancer et des dizaines de maladies rares (Berger, 2000). Quels rôles jouent l’hérédité et la génétique dans le développement humain? Les caractères héréditaires d’un individu sont établis dès la fécondation de l’œuf, notamment la couleur des cheveux, de la peau et des yeux, le sexe, les probabilités que la personne soit à terme grande ou petite, mince ou grosse, et éventuellement certaines habiletés intellectuelles de base et certains traits de caractère (Lefton et coll., 2000). Ce qu’il faut retenir des influences héréditaires est qu’aucun gène ne détermine le comportement. Les gènes sont en quelque sorte les plans d’assemblage et de régulation des protéines, lesquelles forment la base du corps humain. À leur tour, les protéines interagissent avec d’autres éléments physiologiques, comme les hormones ou les neurotransmetteurs, ou des facteurs environnementaux pour influer sur le développement (Santrock, 1999). Quelles sont les questions éthiques et morales posées par le génie génétique? Le séquençage du génome humain et le génie génétique ont donné lieu à plusieurs dilemmes. Par exemple, pourquoi vouloir être informé de ses défauts génétiques s’ils ne peuvent être corrigés? Lorsque la question se transpose dans le milieu du dépistage génétique et de l’avortement, les valeurs éthiques se heurtent souvent à des questions pratiques ainsi qu’aux droits des parents. Ces derniers veulent-ils mener à terme la grossesse d’un enfant qu’ils savent atteint d’un trouble grave? Un pays a déjà institué une politique en la matière. En 1993, la Chine a instauré un programme d’avortements, de stérilisation forcée et d’interdictions de mariage visant à éviter la naissance d’enfants de « qualité inférieure » et relever le niveau du pays. D’aucuns craignent que l’information que véhiculent les gènes d’un individu pourrait être utilisée à son détriment et dégénère en « sélection génétique ». Une goutte de sang ou une mèche de cheveux contient toute l’information génétique dont a besoin un employeur éventuel ou un assureur pour déterminer si quelqu’un est « à risque » de développer l’une ou l’autre d’une longue liste de maladies débilitantes. Les dilemmes éthiques ne manqueront pas de se multiplier au cours de la prochaine décennie à mesure que le Projet Génome humain continuera à établir la carte des gènes humains (Santrock, 1999). D’autres experts craignent le génie génétique pour d’autres raisons, notamment pour les dépistages génétiques (examens attentifs d’un segment d’ADN en vue de révéler le degré de probabilité qu’une personne sera frappée de telle ou telle autre maladie) qu’on pratique déjà dans certaines circonstances et qui ont de bonnes chances de se répandre dans un avenir rapproché. Là où se pose le dilemme moral, c’est de savoir si les autres devraient être au courant. En fait, la question se pose pour tous les dépistages génétiques. Autre sujet de préoccupation, la perspective qu’on se mette à créer des « bébés parfaits ». Lorsqu’un spermatozoïde s’unit à un ovule, le hasard joue pour beaucoup dans la vie qui est créée à terme, car, comme dans un coup de dés, l’embryon reçoit la moitié de ses gènes de sa mère et l’autre moitié de son père. Qu’il hérite de la taille de l’un ou des yeux de l’autre, c’est le sort qui le veut. Le génie génétique recèle, en revanche, le potentiel de pouvoir renverser le cours naturel et imprévisible de l’hérédité. (Taylor, 2000). Pour un survol plus complet des questions morales et éthiques reliées au génie génétique, voir le Journal de l’élève, Nº 1, Une arme à double tranchant, pp. 15-18. Comment vérifier le caractère éthique de nos décisions? Dans la vie de tous les jours3, nous devons faire des choix sur des questions qui touchent l'honnêteté, la façon de traiter autrui et la responsabilité individuelle. Il s'agit là de choix moraux, puisqu'ils déterminent ce qui est bien et ce qui est mal. Il y a choix moral quand il faut choisir entre ce qui pourrait être bon pour nous personnellement et ce qui serait bon pour les autres. Nous voulons parfois faire telle chose, mais nous nous demandons si c'est bien. Lorsqu'une situation suscite un doute sur le plan moral, nous avons besoin de nous appuyer sur quelque chose pour prendre une décision. Faut-il adopter un point de vue individualiste et personnel? Faut-il toujours être gentil et veiller à ce que les autres soient satisfaits? Quand faut-il s'occuper de soi-même et quand faut-il se préoccuper des autres? 3 L’approche suggérée pour débattre cette question est abordée de façon détaillée dans le programme d’études de Sciences sociales30.Voir http://www.sasked.gov.sk.ca/docs/francais/schumaines/second/u nite1_5e.html Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 13 D’autres persepectives sur le développement du fœtus et du nouveau-né . La croissance et le développement du cerveau varientils selon le sexe de l’enfant à naître? À mesure que s’accroît le bassin d’expérimentations animales et de recherches sur des humains, comprenant entre autres des tests psychologiques, des études anatomiques et un nombre croissant de scintigraphies cérébrales, les chercheurs se rendent de plus en plus à l’évidence que les cerveaux des deux sexes sont subtilement quoique sensiblement différents : • • • Des chercheurs ont réalisé une étude sur le traitement par le cerveau de mots dépourvus de sens et de leurs rimes, et ont indiqué que, tout en s’étant acquittés tous deux de la tâche à accomplir, les sujets de recherche ont utilisé pour le faire des aires différentes du cerveau selon qu’ils étaient des hommes ou des femmes. Les hommes ont en l’occurrence utilisé une petite zone située sur le côté gauche du cerveau, tout près de l’aire de Broca, alors que les femmes ont utilisé la même aire, quoique du côté droit du cerveau. Pour la plupart, les chercheurs ont découvert que, « au repos », les cerveaux des hommes et des femmes sont pratiquement indiscernables les uns des autres, si ce n’est au niveau du système limbique, lequel régit les émotions. Chez la moyenne des hommes, on a relevé une plus grande activité dans l’aire du système limbique du cerveau, lequel aurait un lien avec l’action, tandis que, chez les femmes, l’activité serait plus grande dans les aires du cerveau reliées au système symbolique. De plus, chez les femmes, le corps calleux, à savoir la structure de fibres nerveuses qui permet aux deux hémisphères cérébraux de communiquer, est plus gros que chez les hommes. L’homme a un cerveau plus gros que celui de la femme, mais la femme a 11 % de plus de neurones (Wade, 1998). Quel processus de développement suivent les systèmes sensoriels et perceptifs? Le fœtus n’est donc pas un simple passager passif dans le ventre de sa mère, pas plus que la femme n’est qu’une simple mère « porteuse ». Le développement est au contraire un processus interactif, même bien avant la naissance (Kisilevsky et Low, 1998). Au-delà de la seule interdépendance physiologique, le fœtus et la mère ont ensemble une interaction bien plus intellectuelle, pour ne pas dire « cérébrale ». Aux environs de la 9e semaine, en réaction aux changements de position de la mère, le fœtus s’anime ainsi d’imperceptibles mouvements de ses minuscules talons, poignets, coudes et fesses. Bientôt la mère sentira des battements parfois si ténus qu’elle se demandera s’ils ne sont pas des gaz ou le fruit de son Page 14 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 imagination plutôt que les mouvements bien réels d’un être vivant dans son corps. Mis à part le désagrément temporaire qu’ils peuvent causer, les mouvements du fœtus sont généralement source d’émerveillement. Les futurs parents – le père aussi bien que la mère – aiment bien caresser le ventre vivant de la mère. Le fœtus ressent ces stimulations et y répond, amorçant un mode de communication par le toucher qui se poursuivra toute sa vie (Ronca et Alberts, 1995). Il est intéressant de noter que les rythmes de mouvements quotidiens de la femme, où elle marche, se penche et se repose, influencent le rythme des mouvements du fœtus, et les nourrissons qui sont très actifs ont aussi généralement été exceptionnellement actifs dans le ventre de leur mère. Comme quoi l’un s’adapte aux habitudes de mouvements de l’autre bien avant la naissance. Vers la fin du stade prénatal, d’autres systèmes sensoriels commencent à fonctionner et, à nouveau, l’interaction entre le fœtus et la future mère est évidente. Comme la quantité de liquide amniotique que le fœtus avale dépend en partie du goût qu’il a, le fœtus avale généralement plus de fluide si ce dernier est sucré que s’il a mauvais goût, et par voie de conséquence les poumons du fœtus, sa digestion et sa nutrition sont intimement liés au régime alimentaire de la mère (Carlson, 1994). Mais de tous les sens qui s’éveillent chez le fœtus, l’ouïe est le plus développé. Les nouveau-nés gardent le souvenir des sons qu’ils ont entendus tandis qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère, dont les voix et intonations humaines. Les recherches indiquent que, au moins sur certains plans, les fœtus ne font pas que préparer leurs réflexes et leurs organes à un fonctionnement physiologique après la naissance, ils s’accoutument déjà aux particularités du monde auxquels ils s’apprêtent à se joindre. Parallèlement, les mères commencent à identifier et à reconnaître certaines des caractéristiques de leur futur rejeton : rendu au dernier trimestre, la quasi-totalité des femmes enceintes parlent au bébé dans leur ventre, elles le tapotent régulièrement ou elles en rêvent pendant la nuit (Berger, 2000). Qu’est-ce que le tempérament et la personnalité? La personnalité est un mode de comportement et de réflexion particulier qui traverse le temps et les situations et qui distingue un individu d’un autre (Buskist et Carlson, 1997). Elle représente la somme de tous les processus psychologiques, comportementaux et biologiques d’un individu. En plus, elle reflète ses modes constants de réflexion, d’affectivité et de comportement qui le rapprochent ou le distinguent des autres (Bernstein et Nash, 1999). Les experts de la personnalité chez l’adulte se sont également intéressés aux dimensions de la personnalité qui sont reliées aux tempéraments de base (Digman, 1990; McDonald, 1995; McCrea et coll., 1999). Par divers calculs statistiques, ils sont arrivés, selon Berger (2000) à décrire le modèle des « cinq facteurs » ou traits stables de la personnalité: distinguent les uns des autres par neuf traits de tempérament : 1. 2. 1. 2. 3. 4. 5. Extraversion : tendance à être sociable, sûr de soi et actif. Amabilité : tendance à être gentil, serviable, confiant et accommodant. Rigueur : tendance à être organisé, réfléchi, conformiste et persévérant. Névrosisme : tendance à être anxieux, morose et autopunitif. Ouverture à l’expérience : tendance à être imaginatif, curieux, créatif et à rechercher les nouvelles expériences. Chaque individu naît avec un ensemble de tendances ou dispositions psychologiques qui lui sont propres et qui sont programmées dans ses gènes. Ces tendances, qui ensemble forment le tempérament, imprègnent et façonnent presque tous les aspects de la personnalité de l’individu en développement. C’est pourquoi on dit que le tempérament – et, par ricochet, la personnalité – est « épigénétique » et non seulement génétique. Autrement dit, le tempérament vient non seulement des multiples instructions du programme génétique qui guident la formation du cerveau, mais aussi des influences du milieu prénatal (Berger, 2000). 3. 4. 5. 6. 7. 8. Quels sont les tempéraments de base des nouveau-nés? Étant donné que le tempérament influe sur la personnalité et la nature des rapports interpersonnels, un grand nombre de chercheurs se sont attachés à en décrire et à en mesurer les diverses composantes (Buss, 1991; Lemery et coll., 1999; Rothbart et Bates, 1998). L’étude la plus célèbre, la plus poussée et la plus longue jamais menée sur le tempérament est la New York Longitudinal Study (Étude longitudinale de New York) amorcée il y a plus de 40 ans (Thomas et Chess, 1977; Thomas et coll., 1963). D’après les premiers résultats obtenus, les très jeunes bébés se 9. Degré d’activité : Certains bébés sont actifs. Ils remuent beaucoup dans l’utérus puis dans le berceau et, devenus trottineurs, ils courent presque constamment. Rythmicité : Certains bébés présentent des cycles réguliers d’activité. Ils mangent, dorment et défèquent à intervalles réguliers, presque dès leurs premiers jours. D’autres bébés ont un comportement imprévisible. Approche ou évitement : Certains bébés recherchent la nouveauté, tandis que d’autres évitent tout ce qui est inusité. Adaptabilité : Certains bébés s’adaptent rapidement au changement, tandis que d’autres protestent contre toute dérogation à leur routine. Intensité des réactions : Certains bébés s’étranglent de rire et pleurent à fendre l’âme, tandis que d’autres se contentent de sourire et de geindre. Seuil de réaction : Certains bébés paraissent sensibles à toutes les images, à tous les sons et à tous les contacts. Ils se réveillent au moindre bruit et se détournent d’une source de lumière même éloignée. D’autres paraissent indifférents aux lumières vives, au vacarme de la rue et à l’humidité de leur couche. Humeur : Certains bébés semblent joyeux la plupart du temps et sourient fréquemment. D’autres semblent constamment sur le point de rouspéter. Distractivité : Tous les bébés maugréent quand ils ont faim. Cependant, certains se calment si on leur donne une sucette ou si on leur chante une chanson, tandis que d’autres continuent de se plaindre. De même, certains bébés se laissent détourner des objets attrayants mais dangereux, tandis que d’autres sont plus persistants et ne se laissent distraire par rien Durée de l’attention : Certains bébés jouent avec le même jouet pendant de longues périodes, tandis que d’autres passent d’une activité à une autre plus rapidement. On peut dire de la majorité des bébés qu’ils appartiennent à l’un des trois types suivants : environ 40 % sont faciles, 15 %, lents à apprivoiser et 10 % difficiles (Berger, 2000). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 15 Faits et événements… • • • • • En 1998, des médecins d’un centre de fécondation in vitro de la Corée du Sud ont déclaré avoir réalisé une percée dans le clonage humain. Ils affirment avoir fait d’un embryon quadricellulaire le clone d’une femme stérile sans aller, pour autant, jusqu’à implanter l’embryon dans l’utérus d’une mère porteuse pour voir s’il se développerait jusqu’à terme. L’emploi d’animaux aux fins de l’industrie de la santé humaine s’appelle le « pharmage ». Jonas Salk s’est servi des cellules d’un fœtus avorté dans les années 1930 pour développer son vaccin contre la poliomyélite. Vu toute la controverse qui entoure la recherche sur les cellules souches d’embryons humains et craignant qu’elle ne les prive de fonds dont ils ont grand besoin, les scientifiques canadiens se contentent pour le moment de mener leurs expériences sur des embryons d’animaux. Même si la plupart des Canadiens sont contre le clonage humain, ils ont tendance à voir d’un meilleur œil les techniques de procréation assistée, comme les dons d’ovules ou de sperme et les contrats avec des mères porteuses. Page 16 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 L’enfantement Cet article décrit le travail et l’accouchement chez la parturiente, point culminant d’un processus de conception et de développement d’un nouveau membre de la race humaine qui aura duré 38 semaines! Le grand moment est arrivé! Après ce qui a pu paraître une éternité aux parents, tous les espoirs, les rêves et les potentialités de la race humaine se renouvellent avec la naissance de cet enfant. Le présent article décrit le processus fantastique du travail et de l’accouchement. L’accouchement normal se déroule en trois phases : • Pour la femme qui attend son premier enfant, la première phase du travail, celle de la dilatation, est aussi la plus longue, car elle dure en moyenne de 12 à 24 heures. L’utérus se contracte à intervalles de 15 à 20 minutes, chaque contraction pouvant durer jusqu’à une minute. Ces contractions poussent le col de l’utérus à « s’effacer », c’est-à-dire à se raccourcir puis à se dilater.4 Progressivement, les contractions se rapprochent, à raison de toutes les 2 à 5 minutes et elles s’intensifient. À la fin de la dilatation, le col de l’utérus s’est ouvert de 8 à 10 cm, ce qui permet au bébé de quitter l’utérus pour s’engager dans la filière pelvigénitale, le passage emprunté par le fœtus pour s’expulser du corps de la mère. La deuxième phase, celle de l’expulsion, commence lorsque la tête du bébé s’engage dans le col de l’utérus et la filière pelvigénitale, et se termine lorsque le bébé a complètement émergé du corps de la mère. Cette phase dure environ 2 heures. À chaque contraction, la mère doit « pousser » vers le bas en vue d’expulser le bébé de son corps. Une fois que la tête du nouveau-né a franchi le col de l’utérus, les contractions se produisent presque toutes les minutes et durent environ une minute chacune. La délivrance est la troisième phase de l’accouchement, celle pendant laquelle le placenta, le cordon ombilical et d’autres membranes se décollent et sont expulsés. Cette dernière étape est la plus courte des trois et ne dure que quelques minutes (Santrock, 1999, p. 103). • • • Il existe plusieurs méthodes d’accouchement : • Dans un accouchement « normal », en l’occurrence médicalisé, la femme est amenée à la maternité d’un hôpital où un médecin obstétricien l’accouche. La méthode Leboyer vise à rendre l’accouchement moins stressant pour l’enfant à naître. Leboyer • s’oppose avec véhémence à tenir l’enfant par les pieds pour lui donner une claque, à lui mettre du 4 Sous l'effet des contractions, le col de l'utérus s'efface, c'està-dire se raccourcit, puis se dilate progressivement jusqu'à atteindre un diamètre de 10 centimètres.© Larousse / VUEF 2001 • • nitrate d’argent dans les yeux, à le séparer aussitôt de sa mère à la naissance et à l’apeurer de sons bruyants et de lumières gênantes dans la salle de travail. La méthode Leboyer préconise qu’on pose le nouveauné aussitôt sur le ventre de sa mère de façon qu’elle puisse le caresser. Ensuite, le bébé est placé dans un bain d’eau chaude et relaxante. La méthode Lamaze, de plus en plus répandue pour les accouchements, prépare la femme enceinte à composer naturellement avec les douleurs du travail en lui enseignant la pratique de techniques de respiration et de relaxation, et en misant sur une réduction voire l’élimination de la médication (Santrock, 1999, p. 106). La césarienne est une intervention chirurgicale visant à extraire le bébé de l’utérus. On la pratique généralement dans les cas où le bébé est mal orienté (présentation par le siège, position trans-versale, etc.), que sa tête est trop grosse pour franchir le bassin de la mère ou en cas de saignements vaginaux (Santrock, 1999, p. 105). Certaines complications peuvent se produire pendant le travail et l’accouchement : • • • L’accouchement précipité est un accouche-ment qui, comme son nom l’indique, se déroule trop rapidement, le bébé prenant moins de 10 minutes pour se glisser jusqu’au bout de la filière pelvigénitale. Cet écart par rapport à la normalité peut perturber le flux sanguin du nouveau-né, sans compter que les pressions qui s’exercent sur son crâne peuvent causer des hémorragies. À l’inverse, si l’accouchement dure trop longtemps, le bébé peut manquer d’oxygène et c’est l’anoxie, laquelle n’est pas sans causer des dommages au cerveau. La présentation par le siège est un problème d’orientation du fœtus dans l’utérus qui le fait émerger du vagin les fesses en premier. Normalement, l’enfant devrait se présenter par la tête (Santrock, 1999, p. 105). Au sujet du rôle du père pendant le travail et l’accouchement, on peut dire qu’il a bien évolué ces dernières décennies. Les futurs pères sont ainsi plus nombreux à assister à au moins une visite chez l’obstétricien ou la sage-femme pendant la grossesse, à suivre des cours de préparation prénatals, à apprendre sur le travail et l’accouchement et à prendre part aux soins du nourrisson. Pour un grand nombre de couples qui attendent aujourd’hui un enfant, le père est formé pour être l’accompagnateur de sa femme pendant le travail, pour l’aider à relaxer et à maîtriser sa respiration (Santrock, 1999, p. 108). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 17 Le degré de participation et d’initiative que montre le père dans le cadre de ces activités définira à terme s’il est un accompagnateur actif ou un observateur passif. Selon le niveau de soutien social qu’il apporte à sa femme pendant l’accouchement, l’homme assume l’un des trois rôles suivants : Les niveaux d’inter-dépendance, de partage et de compréhension réciproque du couple sont souvent indicateurs du rôle qu’assumera le père lorsque sonnera l’heure de l’accouchement. Chapman (1992) a établi que les « témoins » étaient, de tous, ceux qui manifestaient le moins les qualités ci-dessus. 1. Il importe de comprendre le rôle de l’homme pendant l’accouchement, parce que : L’accompagnateur • Le rôle le plus souvent assigné au partenaire de la mère; rares sont les partenaires à répondre adéquatement aux attentes. • Censé aider activement la mère à maîtriser sa respiration, à relaxer et à réduire la douleur. • Oriente et dirige la mère en lui indiquant les rythmes de respiration à suivre et en l’aidant à maîtriser ses réactions aux contractions. • Sert de repère pour la mère, auprès duquel elle cherche encouragements et instructions. 2. Le coéquipier • Participe en réagissant aux demandes de soutien de la parturiente. • Va au-devant des indications du personnel médical. • Met davantage le personnel médical à contribution qu’un accompagnateur, parce qu’il n’est pas autant maître de la situation. 3. Le témoin • Le rôle le plus souvent « choisi » par les pères, car il permet de participer sans se sentir pour autant maître du processus d’accouchement. • Le rôle est plus détaché – et dès lors rassurant pour les pères qui craignent d’être indisposés ou d’avoir du mal à voir leur femme endurer les douleurs de l’enfantement. • Les témoins à une naissance souhaitent satisfaire leur propre curiosité vis-à-vis de l’expérience, remplir leur obligation sociale, et établir un lien avec le nouveau-né sans avoir à participer de trop près à l’expérience. Le rôle que le père décide d’assumer est directement relié au mode d’interaction et à la dynamique interpersonnelle qui se sont établis dans le couple pendant la grossesse. • • Le rôle qu’on assigne à l’homme et le rôle qu’il se serait attribué ne coïncident pas toujours. L’accouchement est une expérience stres-sante pour la femme – et comme il a été prouvé que le soutien social permettait d’atténuer les effets néfastes de ce stress intense, le soutien du conjoint est ce que les femmes réclament le plus (Nichols, 1993 et Keinan et Hobfoll, 1989). La femme doit recevoir le soutien qu’elle désire pour mieux supporter le stress lié à l’accouchement, tout en permettant à l’homme de participer à l’expérience à un niveau avec lequel il se sent à l’aise (Swinney, 2000). Résumé L’enfantement est tout aussi important que les neuf mois de grossesse qui l’ont précédé – et lui non plus n’est pas sans poser des dilemmes, des défis voire certains dangers. Les progrès de la médecine ont eu des retombées importantes sur les naissances, et permettent maintenant aux médecins, infirmières et sages-femmes de surveiller l’enfant pendant qu’il est encore dans le ventre de sa mère en vue de détecter ou dépister chez lui des anomalies fœtales ou d’autres complications possibles. Le rôle du père et celui des écosystèmes ont aussi évolué et marqué le processus d’accouchement. Les pères, voire des parents proches comme des frères ou des sœurs, sont aussi appelés de nos jours à participer à la venue au monde d’un nouveau membre de l’humanité. Liens et rapprochements... • • • Crée un tableau comparatif décrivant les principales méthodes d’accouchement avec leurs intérêts et limites. À partir de l’article de Swinney sur le rôle du père pendant l’accouchement (tiré des Indications pédagogiques), montre en quoi ce rôle a évolué ces dernières décennies? Parles-en à ton père. Quel rôle a-t-il joué pendant ton ta naissaince? Parles-en à ton grand-père. Quelle est son expérience personnelle? Parles-en à ta mère. Comment s’est passée ta naissance? Parles-en à ta grand-mère. Quelle a été son expérience? Discussion : Vu les risques de complications pendant l’accouchement, pourquoi des femmes enceintes choisissent-elles quand même d’avoir leur bébé à la maison? Page 18 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Ouvrages consultés • Chapman, L.L. (1991). « Expectant fathers' roles during labor and birth ». JOGNN, 21(2), 114-120. • Keinan, G., & Hobfoll, S.E. (1989). « Stress, dependency, and social support: who benefits from husband's presence in delivery? », Journal of Social and Clinical Psychology, 8(1), 32-44. • Nichols, M.R. (1993). « Paternal perspectives of the childbirth experience ». Maternal Child Nursing Journal, 21(3), 99-108. • Palkovitz, R. (1987). « Father's motives for birth attendance ». Maternal Child Nursing Journal, 16(2), 123-129. • Shapiro, J.L. (1987). « The expectant father ». Psychology Today, 21(1), 36-42. Lectures suggérées • Chapman, L. (1991). « Searching: Expectant fathers' experience during labor and birth. » Journal of Perinatal and Neonatal Nursing, 4, 21-29. • Feher, L. (1988). « Birth issues. » Birth Psychology Bulletin, 9, 21-25. • Keirse, M., Enkin, M., & Lumley, J. (1989). « Social and professional support during labor » In I. Chalmers, M. Enkin, & M. Keirse (Eds.), Effective care in pregnancy and childbirth, (pp. 53-61). New York: Oxford University Press. • Miller, B., & Bowen, S. (1982). « Father-to-newborn attachment behavior in relation to prenatal classes and presence at delivery ». Family Relations, 31, 71-78. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 19 Maternité – paternité : où sont les hommes? La grossesse du père Les modifications survenues autour de la naissance ces dernières décennies ont contraint les hommes à se repositionner. Les pères sont plus proches de la naissance et de leurs enfants que ne l'étaient leurs aïeuls. Qu'en est-il dès lors du sentiment de paternité, quand se sent-on père, et qu'entraîne chez l'homme cette prise de conscience? Bien des hommes se sont sentis pères au moment de la naissance ou après celle-ci, lors des premiers contacts physiques avec leur enfant, ou à la signature de l'état civil. Pourtant c'est dès la grossesse que la maternité s'aménage mais fort peu d'indications sont offertes à l'homme pour composer ce nouveau rôle. Un enfant aujourd'hui s'attend, se rêve à deux, il en va de la construction de sa vie psychoaffective. Mais le père, contrairement à sa femme, ne ressent pas instantanément dans son corps ce bouleversement. Le sentiment de paternité est donc plus délicat et c'est dans sa tête que l'homme peut vivre et appréhender sa grossesse. Pendant neuf mois, l'homme va, soit seul, soit avec sa compagne, se poser une foule de questions dont la transmission de son nom par exemple. Des inquiétudes peuvent apparaître, liées entre autres à la bonne santé de l'enfant ou aux responsabilités qu'il va falloir assumer. L'homme est en train de se transformer en père. Ceci entraîne des modifications de son identité, de ses relations avec sa partenaire, avec son enfant, et de sa place dans la société. Devenir père implique pour l'homme de renoncer à l'état d'éternel enfant, se séparant encore un peu plus de ses parents; de se donner la possibilité de transmettre et d'accepter de devenir vieux, et se retrouver donc confronté à sa propre mort, au même moment qu'il réalise un rêve d'immortalité en se perpétuant au travers de sa progéniture. En outre, le passé de l'homme avec son propre père, qui devient grand-père, refait surface avec ses bons et ses moins bons côtés - c'est avec ses références que l'homme va devoir composer afin de construire sa paternité, sa façon d'être père. Les pères pourront à cette période présenter des comportements curieux : angoisses, insomnies, voire fuite ou état dépressif. Ces réactions traduisent les bouleversements psychiques dont les hommes sont l’objet, et qui sont fonction de leur vécu avec leur propre père. Un certain état dépressif à cet instant n'est pas forcément pathologique mais peut être le résultat de la dépense d'énergie nécessaire pour traverser cette étape. Au moment de devenir père, un individu est confronté aux mêmes questions qu'au moment de devenir adulte, et cela demande de l'énergie. D'autres manifestations sont constatées également : prise de poids, nausées, coliques, vomissements... Oui, oui, vous avez bien compris, ce sont des symptômes démontrés par certains futurs papas! Devenir père entraîne bien des perturbations et nécessite de la part de l'homme un travail psychique qui lui est propre mais qui est difficilement maîtrisable sans un intermédiaire qui peut être l'obstétricien, la sage-femme, le psychologue ou l'haptonome. Les groupes de parents, de futurs pères en particulier peuvent également jouer ce rôle et montrent à quel point il est primordial de renouer avec une naissance qui prenne en compte le vécu des parents. Dans ces lieux de parole, les pères peuvent poser leurs questions, exprimer leurs doutes, leurs craintes. On leur reconnaît le droit de ne pas se sentir père tout de suite et de développer à leur rythme leur paternité. Afin de s'approprier leur grossesse, et de développer leur sentiment de paternité, les hommes « enceints » peuvent aujourd'hui bénéficier des résultats d'avancées scientifiques comme l'échographie ou l'haptonomie par exemple. Grâce à l'image du fœtus, dessinée sur l'écran de l'échographiste, l'enfant devient concret, il prend corps dans les pensées du père. Pour certains, un sentiment de paternité peut naître à cet instant. L'haptonomie, elle, va permettre aux parents d'apprendre à toucher et d'entretenir ainsi les premières relations affectives avec le fœtus in utero. Il faut signaler ici qu'il y a réelle rencontre entre le père (ou la mère) et l'enfant, ce qui n'est pas le cas pour l'échographie ou le père est simple spectateur et n'entre pas vraiment en contact avec son enfant. L'approche haptonomique de l'enfant avant sa naissance permet chez le père le développement précoce du sentiment de paternité par une rencontre, très tôt dans la grossesse, de son enfant. Page 20 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Devenir père est long et délicat et transforme profondément les hommes. Les neuf mois de la grossesse sont à mettre à profit pour développer, seul, en couple, ou avec un soutien extérieur, ce sentiment de paternité, si important pour l'équilibre de l'enfant et la nouvelle identité de l'homme. Les pères et l'accouchement Depuis quelques décennies, les hommes sont passés d'une position d'exclus à celle d'accompagnateur vivement souhaité en salle de naissance. Suite à ce mouvement, les sages-femmes, médecins et autres professionnels ont rapidement proposé des tâches à ces hommes pour les rendre « utiles ». Peu de sociétés réservent à l'homme une place active lors de l'accouchement, les excluant souvent de ce moment considéré alors comme exclusivement féminin. Dans certaines cultures traditionnelles, et anciennement dans nos contrées, le père était pris en charge lors de l'accouchement, dans un rituel appelé « couvade ». est ensuite alité aux côtés de la mère, aidait les hommes à passer à l'état de père, et reconnaissait de par son existence la difficulté de ce passage. Avant d'être un assistant pour sa compagne, c'est un homme avec son passé qui se présente dans la salle d'accouchement. Il faut considérer son passé, son vécu, pour lui permettre de participer à un événement loin d'être anodin pour lui. Outre l'éventualité de revivre sa propre naissance au travers de celle de son enfant, l'homme assiste à un phénomène purement féminin qui lui échappe et surtout, qui le fait devenir père. Au vu de ces implications d'une part, et du nouveau rôle qui s'offre aux pères d'autre part, il apparaît important d'apporter aux hommes « enceints » une aide et un accompagnement dans leur « devenir-père » car c'est en abordant cette paternité de manière sereine qu'ils pourront apporter un soutien efficace à leur compagne et à leur bébé, dans le respect d'eux-mêmes. Il s'agit alors pour l'homme « enceint » de considérer, d'imaginer sa place de père, ce qui est en jeu, ce qui va Aujourd'hui, de nouvelles traditions se mettent en place qui ignorent la propre expérience, la propre perception de l'homme par rapport à la naissance. Le nouveau rôle des pères à la naissance a été défini davantage à partir des besoins de la mère que des siens, évitant ainsi l'opportunité pour l'homme de vivre la naissance pour luimême. « J'avais beaucoup travaillé pour suivre les directives de mes cours de préparation à la naissance, » disait un certain Richard Reed, « essayant d'aider les infirmières et restant attentif à ma femme. Mais quelque chose manquait (...) Les tâches que l'on m'a confiées à l'accouchement n'étaient pas appropriées à mes compétences ou mes besoins. » Il est important de considérer l'homme à l'accouchement comme une personne à part entière, avec son vécu, et pas seulement comme un assistant. Il faut rappeler que l'homme devient père à ce moment et que cela constitue un changement radical, lourd en implications. Ceci est d'autant plus délicat que cette paternité qui s'annonce n'est encore que très peu soutenue dans son élaboration, que le fœtus se développe « hors de portée » du père, que les hommes ne peuvent se baser sur aucune expérience de leur prédécesseur à cet égard et que les rites tels que la couvade ont disparu. Cette tradition, au cours de laquelle le père simule les douleurs de l'enfantement et changer pour lui, quelles sont ses images, ses croyances par rapport à la naissance. Certaines angoisses, certains souvenirs de leur enfance, de leur relation à leur propre père peuvent surgir. L'homme a besoin de se préparer luimême avant de pouvoir accompagner la future mère. Des groupes de paroles pour hommes dans les maternités ou ailleurs, un accompagnement haptonomique, des discussions avec le futur grand-père ou des amis déjà parents peuvent apporter une aide considérable. Se préparer à sa paternité le plus tôt possible dans la grossesse créera un espace satisfaisant pour laisser grandir ce sentiment et permettra aux hommes de considérer l'accouchement comme un aboutissement et non plus comme le début de leur nouveau rôle. Cette préparation leur laissera en outre plus de place pour un accompagnement serein de l'accouchement. Une fois ces questions posées peut alors être envisagé le soutien à l'accouchement, mais en considérant ses propres expériences, ses limites. Il est en effet important pour Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 21 l'homme de faire ce qu'il se sent désireux et capable de faire, voire, si cela s'avère trop pénible, ne pas assister à l'accouchement. Il n'y a là aucune obligation. Il serait en effet irréfléchi, après avoir exclu totalement les pères des salles de naissance, de les y faire entrer tous, et parfois contre leur gré. Il faut souligner ici l'importance du dialogue dans le couple à ce propos, afin d'élaborer un projet commun autour de l'accouchement. Que veut-on, que refuse-t-on, que faire en cas de complication, quelles sont les attentes et les limites de chacun? Cette discussion fondamentale permettra, le jour J, d'être plus proche l'un de l'autre, dans une sorte de partenariat. Certaines de ces revendications peuvent également être soumises à la maternité ou à la sage-femme, afin de s'assurer du niveau de compatibilité avec les possibilités et les coutumes des professionnels. Pour les pères il y a là une autre opportunité de préparation : celle qui concerne l'accouchement en luimême. Il est en effet aussi important pour lui que pour sa femme d'être au courant du déroulement de la grossesse et de l'accouchement afin de les aborder de la manière la plus sereine. Les lectures, les divers cours de préparation à la naissance, les récits d'amis pourront, entre autres, apporter les informations nécessaires. Tout ceci permet au papa d'être plus serein et plus disponible le jour de l'accouchement pour accompagner la naissance de son enfant. De par le recul physique - c'est dans le ventre de la femme que cela se passe- il peut être plus disponible pour être attentif à sa femme, jouer le rôle du médiateur avec les professionnels, en fonction de ce qui a été choisi en couple. Ceci permet à la femme, en confiance dans son partenaire, d'être pleinement centrée Page 22 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 sur ce qui se passe en elle, dans son corps, dans le lâcherprise nécessaire à la naissance de leur enfant. L'homme peut également soutenir concrètement sa partenaire durant le travail, l'assistant dans certaines positions facilitantes par exemple, et poser certains actes avec le nouveau-né - comme couper le cordon, donner le premier bain, placer l'enfant sur la mère - par lesquels il exerce une fonction fondamentale: celle d'accueillir et d'ouvrir au monde. Envisager la place du père lors de l'accouchement impose de reconsidérer son cheminement vers la paternité et sa propre perception de cette naissance. A cet égard, il est primordial d'apporter aux futurs pères des espaces ou ils peuvent recevoir, eux aussi, écoute et soutien. Ceci facilitera à l'homme son accession à sa place de père, son soutien à sa compagne durant l'accouchement et l'accompagnement de la venue de son enfant au monde dans sa fonction de socialisation. Tout ce travail se révélant éprouvant pour l'homme, tant physiquement que psychiquement, il serait souhaitable de lui reconnaître, comme au temps de la couvade, le droit à plus de repos après la naissance. Ceci clôturerait d'autant mieux ce long travail au cours duquel femmes et hommes deviennent mères et pères. Samuel François (2000) Institut pour l'Amélioration des Conditions autour de la Naissance Centre de consultation périnatale Itzig, Luxembourg Dans la perspective des écosystèmes…que vois-tu? Cet article décrit les divers écosystèmes qui favorisent le développement de l’embryon et du fœtus. En partant du modèle écologique de Bronfenbrenner (1979), on y voit comment chaque écosystème contribue à sa façon au bon développement du bébé pendant la grossesse. Tandis qu’il est encore dans le ventre de sa mère, l’enfant est entouré d’écosystèmes qui favorisent son développement, dont sans aucun doute le plus important est la mère elle-même, qui est directement reliée au fœtus par l’intermédiaire du cordon ombilical. 4. Quel rôle la mère joue-t-elle dans le développement d’un enfant sain? Les recherches donnent à penser que les mères peuvent suivre cinq précautions de base pour donner les plus grandes chances de développement à leur bébé : 1. 2. 3. Abstinence d’alcool, de drogues et de tabac même avant le début de la grossesse. Abstinence totale après le premier trimestre. Comme les effets tératogènes des drogues peuvent s’accumuler tout au long de la grossesse, la prise de précautions particulières peut réduire substantiellement les effets nocifs possibles sur le dévelop-pement du cerveau du fœtus. En fait, comme le dernier trimestre de la grossesse est une période critique pour le développement du cerveau, s’abstenir de consommer des drogues pendant la seconde moitié de la gestation pourrait suffire à prévenir des atteintes cérébrales – à condition que la consommation de drogues ait été modérée pendant la première moitié. Modération pendant la grossesse. Comme les effets des substances psychotropes sont proportionnels aux 5. doses consommées, et qu’ils sont interactifs et cumulatifs, chaque dose qu’on réduit, chaque drogue qu’on cesse de consommer et chaque jour sans drogue réduisent d’autant les dommages qui peuvent en découler. Soutien social. Il existe des corrélations entre, d’une part, le stress maternel, les problèmes psychosociaux, l’isolement et les mauvaises conditions d’hébergement, et d’autre part, les complications prénatales et la consommation de drogues. Se lier d’amitié avec une femme enceinte qui consomme des drogues, et la soutenir et lui prêter assistance pendant sa grossesse peuvent non seulement contribuer à réduire sa consommation d’agents tératogènes (substances et conditions qui augmentent les risques de malformations), mais en outre, sans pour autant avoir de répercussion directe sur la consommation de drogues, aider au développement du fœtus. Soins postnatals. Un autre moyen de protéger les enfants des conséquences éventuelles de la consommation de drogues pendant la grossesse est de leur prodiguer après la naissance des soins de premier ordre axés sur l’éducation des parents, la médecine préventive, les visites à domicile, le placement précoce en garderie et, s’il y a lieu, le placement en foyer nourricier (Berger, 2000, p. 115). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 23 Premier trimestre • • • • • • • Période d’adaptation et de doute Difficulté à accepter que la partenaire soit enceinte tant que cela ne « paraît » pas Peut être perplexe devant l’irritabilité et l’émotivité de la partenaire Besoin de comprendre qu’il est normal d’avoir des sentiments contradictoires Besoin de comprendre les désirs sexuels particuliers de la femme Peut être lui-même pris à l’occasion de nausées matinales ou d’autres des symptômes de sa femme enceinte Les deux parents doivent être satisfaits du médecin choisi Deuxième trimestre • • • • Période de l’acceptation de la grossesse; entrevoit la modification de ses habitudes de vie Période de planification des cours de préparation à l’accouchement et au type d’accouchement souhaité Apprécie le sentiment de bien-être de la future mère et, à mesure que se voit sa grossesse, éprouve un sentiment de protection à son endroit Peut réagir au changement corporel de sa partenaire soit avec malaise, soit avec grande satisfaction Troisième trimestre • • • • • • • Même s’il n’a aucun lien physique avec l’enfant à naître, le père joue aussi un rôle clé dans son bon développement prénatal. On ne saurait trop souligner l’importance du père dans l’atténuation du stress maternel. En outre, l’établissement d’un lien entre le « papa » et son bébé commence dans le ventre de la mère. Le fœtus est en effet capable de distinguer des sons pendant le troisième trimestre et de réagir, dès la naissance, à la voix de son père. Dans la perspective du père, la formation de ce lien durera toute la vie. Quel père oublierait la première fois qu’il a senti son bébé bouger dans le ventre de sa mère! La présence des futurs pères pendant l’accouchement n’est qu’un phénomène récent. Les années 1990 ont marqué le quarantième anniversaire à la fois des mouvements de préparation à la naissance et de libération de la femme, qui ont grandement influé sur le rôle du père dans l’éducation des enfants (Shapiro, 1987 et Chapman, 1991). On attend actuellement des pères qu’ils participent davantage à la mise au monde et aux soins de l’enfant que par le passé. De nos jours, il est même rare qu’un père ne soit pas présent à la naissance de son enfant (Shapiro, 1987). Les conjoints peuvent être utiles pendant l’accouchement, en ce qu’ils : • • • • Le degré de participation et d’initiative que montre le père dans le cadre de ces activités définira à terme s’il est un accompagnateur actif ou un observateur passif. Selon le niveau de soutien social qu’il apporte à sa femme pendant l’accouchement, l’homme assume l’un des trois rôles suivants : • • • fournissent un soutien affectif; prodiguent encouragements et conforts; donnent des instructions; assurent un soutien instrumental. Page 24 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Partage probablement la fierté de la future mère et son exaltation Peut craindre les responsabilités de parent Peut envier l’attention dont on entoure la femme et le bébé à naître, et se sentir écarté Les cours de préparation à l’accouchement peuvent aider à atténuer les angoisses vis-à-vis de l’accouchement et surtout du « travail » Peut craindre de blesser mère ou enfant en ayant des relations sexuelles, d’où l’importance de garder bien ouvertes les voies de communications Peut avoir du mal à accepter les changements physiologiques et émotionnels de la mère et à s’y adapter Doit décider s’il accompagnera sa partenaire pendant le travail et l’accouchement L’accompagnateur o Le rôle le plus souvent assigné au partenaire de la mère; rares sont les partenaires à répondre adéquatement aux attentes. o Censé aider activement la mère à maîtriser sa respiration, à relaxer et à réduire la douleur. o Oriente et dirige la mère en lui indiquant les rythmes de respiration à suivre et en l’aidant à maîtriser ses réactions aux contractions. o Sert de repère pour la mère, auprès duquel elle cherche encouragements et instructions. Le coéquipier o Participe en réagissant aux demandes de soutien de la parturiente. o Va au-devant des indications du personnel médical. o Met davantage le personnel médical à contribution qu’un accompagnateur, parce qu’il n’est pas autant maître de la situation. Le témoin o Le rôle le plus souvent choisi par les pères, car il permet de participer sans se sentir pour autant maître du processus d’accouchement. o Le rôle est plus détaché – et dès lors rassurant pour les pères, qui craignent d’être indisposés ou o d’avoir du mal à voir leur femme endurer les douleurs de l’accouchement. Les témoins à une naissance souhaitent satisfaire leur propre curiosité vis-à-vis de l’expérience, remplir leur obligation sociale, et établir un lien avec le nouveau-né SANS avoir à participer de trop près à l’expérience. Le rôle que le père décide d’assumer est directement relié au mode d’interaction et à la dynamique interpersonnelle qui se sont établis dans le couple pendant la grossesse. Les niveaux d’interdépendance, de partage et de compréhen-sion réciproque du couple sont souvent indicateurs du rôle qu’assumera le père lorsque sonnera l’heure de l’accouchement. Chapman (1992) a établi que ceux qui avaient le rôle de « témoins » étaient ceux qui manifestaient le moins les qualités ci-dessus. La collectivité, particulièrement par l’entremise des organes de santé publique, assure de nombreux services de soutien auprès des futurs parents, à commencer par les cours de préparation à la naissance. En outre, des programmes spéciaux comme Healthy Babies, Healthy Moms, et Students and Kids Services (S.A.K.S.) prodiguent un soutien continu et des programmes éducatifs aux futurs parents. Alors que la mère, le père et les organismes de santé communautaire peuvent tous, chacun à sa façon, favoriser le développement du bébé, des facteurs non négligeables, entre autres d’ordre économique, interviennent aussi dans le développement prénatal. • Il importe de comprendre le rôle de l’homme pendant l’accouchement, parce que : • • • Le rôle qu’on assigne à l’homme et le rôle qu’il se serait attribué ne coïncident pas toujours. L’accouchement est une expérience stressante pour la femme – et comme il a été prouvé que le soutien social permettait d’atténuer les effets néfastes de ce stress intense, le soutien du conjoint est ce que les femmes réclament le plus (Nichols, 1993 et Keinan et Hobfoll, 1989). La femme doit recevoir le soutien qu’elle désire pour mieux supporter le stress lié à l’accouchement, tout en permettant à l’homme de participer à l’expérience à un niveau avec lequel il se sent à l’aise. L’école et la collectivité peuvent aussi jouer un rôle vital en assurant un soutien au bon développement de l’enfant pendant la gestation. Des programmes scolaires destinées aux filles mères comme le Millie’s Early Learning Centre au Nutana Collegiate à Saskatoon, assurent des services à la mère comme à l’enfant à naître, en veillant à ce que les choix de carrière de la mère ne soient pas limités par la grossesse ni par les exigences inhérentes aux soins à prodiguer au nouveau-né. • Dans une étude réalisée en 1998 auprès d’un échantillon de 148 pays, les Nations Unies ont dit considérer que la pauvreté et les politiques publiques interagissent pour influer sur le taux d’enfants de faible poids de naissance (inférieur à 2 500 grammes). En général, sur le plan de cet indicateur de santé nationale, les pays d’Europe s’en tireraient le mieux, et les pays d’Asie du Sud, le moins bien. Comparativement aux femmes de statut socioéconomique supérieur, les femmes enceintes qui se trouvent au bas de l’échelle économique ont plus de risques d’être malades, mal nourries, adolescentes et stressées. Les soins prénatals qu’elles reçoivent sont souvent tardifs ou inadéquats, elles respirent de l’air pollué, elles vivent très à l’étroit, elles changent régulièrement de domicile et elles ingèrent des substances nocives pour leur santé. Les femmes vivant dans la pauvreté ont aussi moins accès à des services de planification familiale et elles vivent dans des collectivités qui encouragent des taux de natalité élevés pour compenser les taux de mortalité élevés. En cela, le contexte social est souvent lui-même à la base de bien des causes biologiques de faible de poids de naissance (Berger, 2000, p. 120). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 25 Liens et rapprochements… • • • • • En quoi les soins prénatals ont-ils évolué ces dernières décennies? Parles-en à ta mère. Comment s’est-elle préparée à ta naissance? Se sentait-elle soutenue par l’entourage? Parles-en à ton père. Quel rôle a-t-il joué pendant le travail et l’accouchement? Parles-en à ton grandpère. Quelle a été son expérience? Parles-en à ta mère. Comment s’est déroulé le travail et l’accouchement à ta naissance? Parles-en à ta grand-mère. Comment cela se passait-il dans son temps? Le développement prénatal et la loi o À partir de quand un fœtus est-il considéré comme un être humain qui a des droits au titre de la Charte canadienne des droits et libertés? o À partir du moment où une mère est toxicomane et que ce qu’elle consomme a de bonnes chances d’être nocif pour l’enfant qu’elle porte, l’État a-t-il le droit d’appréhender la mère pour s’assurer que son bébé se développera sainement? Dialectique : L’universalité du congé de maternité o Thèse : Toutes les futures mères devraient avoir droit à des congés de maternité payés pendant toute la durée de leur grossesse, pour favoriser le développement du bébé. o Antithèse : Le coût économique d’une pareille mesure serait trop lourd pour le pays, les futures mères devraient être formées au développement prénatal car c’est à elles qu’incombe la responsabilité du bon développement du bébé. Grossesse à l’adolescence o Quelles sont les statistiques provinciales et nationales sur les grossesses à l’adolescence? o À quels problèmes les adolescents devenus parents doivent-ils faire face? La chanson Bessie, enregistrée par Patricia Kaas – Les paroles traitent du cycle de violence et de pauvreté que vivent les enfants nés dans les grands centres urbains. Même si Bessie est noire, sa situation n’est pas tellement différente de celle de beaucoup de nos minorités visibles comme celle de nos autochtones dans nos villes canadiennes. (voir leçon 2.9) ° Quels messages cette chanson fait-elle passer sur l’influence du milieu socioculturel sur le développement humain? Page 26 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Influences sur le développement prénatal Même si l’enfant à naître reste relativement isolé du monde externe pendant qu’il est dans le ventre de sa mère, il n’est pas à l’abri pour autant de facteurs et agents qui peuvent influer sur son développement et souvent même y nuire. Cet article fait état d’un grand nombre des substances et de conditions ambiantes – dites « agents tératogènes » – qui agissent sur le développement prénatal. Pendant le développement prénatal, la santé du fœtus et la santé de la mère sont particulièrement délicates tant ils sont exposés à de multiples dangers venant soit de l’environnement, comme les produits chimiques, les émanations toxiques et les poisons, soit de la consommation de substances nocives comme des drogues, du tabac et de l’alcool.5 Quels sont les agents externes susceptibles de nuire au bon développement du fœtus? Les agents tératogènes recouvrent toute une gamme de substances (comme des drogues et des polluants) et d’états de santé (comme des conditions extrêmes de malnutrition et de stress) qui accentuent les risques d’anomalies congénitales. Ces anomalies comprennent des malformations bien visibles (comme l’absence de membres) et des handicaps moins évidents, comme des lésions cérébrales dont on ne voit les premières conséquences qu’une fois l’enfant rendu à l’âge scolaire. Un agent tératogène donné peut affecter la morphologie du corps, altérer la croissance ou endommager le système nerveux – ou les trois ensemble. Les agents tératogènes qui s’attaquent au cerveau et sont susceptibles de rendre l’enfant hyperactif, antisocial, mentalement arriéré ou autre sont dits agents tératogènes comportementaux, car leur incidence peut avoir des effets bien plus profonds tout au long de la vie qu’un simple défaut physique (Berger, 2000, p. 105). Quels facteurs déterminent le degré d’intensité avec laquelle ces agents frapperont? L’un des principaux facteurs d’intensité est le moment de l’exposition de l’organisme à l’agent tératogène donné. Certains agents tératogènes ne causent des dommages que pendant certains jours ou certaines semaines au tout début de la gestation, cependant qu’une partie donnée du corps est en train de se former. D’autres sont nocifs en tout temps, mais ils infligent des dommages plus graves à certains moments de l’exposition. La période de vulnérabilité pendant laquelle les risques sont les plus élevés est appelée la période critique. Chaque organe ou 5 La traduction qui suit s’inspire de Psychologie du développement, Berger, pp. 93 à 95. structure du corps a sa propre période critique. En règle générale, les malformations physiques peuvent se produire pendant toute la durée de la période embryonnaire (Berger, 2000, p. 107). Un deuxième facteur important est l’intensité et la fréquence de l’exposition à un agent tératogène, ou les deux. Les experts hésitent à établir le seuil de toxicité de la plupart des agents tératogènes, soit le seuil à partir duquel ils deviennent nocifs, car nombre de ces substances ont un effet synergique, c’est-à-dire que l’une amplifie les effets de l’autre (Berger, 2000, p. 108). Un troisième facteur est la sensibilité génétique. La toxicité d’un agent tératogène dépend de la mesure dans laquelle l’enfant à naître y est sensible. Dans certains cas, cette sensibilité semble reliée au sexe. En général, les embryons et fœtus mâles (XY) courent des risques plus grands que les embryons et fœtus femelles, vu qu’il y a plus d’embryons mâles qui avortent spontanément. De plus, les nouveau-nés garçons sont généralement frappés de plus de malformations congénitales et les garçons plus âgés, de plus de troubles d’apprentissage et d’autres problèmes, lesquels seraient reliés à des agents tératogènes comportementaux (Berger, 2000, p. 109). Quels facteurs sont plus susceptibles que d’autres de nuire au développement prénatal? Les radiations, les produits chimiques et d’autres substances présentes dans l’environnement posent une menace pour le fœtus. Ainsi, les anomalies chromosomiques sont plus élevées chez les enfants d’hommes qui ont été exposés à des taux élevés de radiation dans leurs milieux de travail. Les polluants et les déchets toxiques sont aussi des sources de danger pour les enfants à naître. Parmi les plus dangereux, se trouvent le monoxyde de carbone, le mercure et le plomb. Un autre risque lié à l’environnement est la toxoplasmose, une infection légère qui cause tout au plus des symptômes assimilables au rhume chez les adultes, mais qui peut provoquer pendant la grossesse des malformations oculaires, des lésions cérébrales ou un accouchement prématuré. Les chats sont des vecteurs courants de la toxoplasmose, particulièrement s’ils vont dehors et mangent de la viande crue. La femme enceinte peut attraper le virus en manipulant la litière à chat (Santrock, 1999, p. 101). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 27 En ce qui concerne l’âge maternel, deux périodes posent des problèmes particuliers : l’adolescence et à partir de la trentaine. Les enfants nés de mères qui sont encore adolescentes sont souvent prématurés. Le taux de mortalité infantile chez les mères adolescentes est aussi le double de celui des femmes dans la vingtaine. Le syndrome de Down, une forme d’arriération mentale, est relié à l’âge de la mère. Rendu dans la quarantaine, le risque est légèrement supérieur à 1 pour 100, dans la cinquantaine, il grimpe à 1 pour 10. Le risque est aussi plus élevé avant 18 ans. Quant aux risques de complications liées à la grossesse, ils s’accentuent à partir de 30 ans (Santrock, 1999, p. 93) Par ailleurs, le fœtus compte entièrement sur sa mère pour ce qui est de sa nutrition, laquelle lui est apportée par le sang maternel. Aussi importet-il qu’il reçoive un nombre approprié de calories ainsi que des niveaux adéquats de protéines, de vitamines et de minéraux. Le régime alimentaire de la mère va jusqu’à influer sur sa capacité même de procréation. Dans des cas extrêmes de dénutrition, les femmes cessent d’être menstruées. De plus, les enfants nés de mères souffrant de malnutrition courent plus de risques d’avoir des malformations congénitales (Santrock, 1999, p. 93). La malnutrition de la mère est en outre susceptible de ralentir la croissance du fœtus et de donner, à terme, un enfant de faible poids de naissance. Ce problème a plusieurs causes spécifiques. Les femmes qui sont déjà sous-alimentées lorsqu’elles deviennent enceintes, qui s’alimentent mal pendant la grossesse et qui, par conséquent, ne prennent pas au moins un kilo et demi par mois aux 2e et 3e trimestres courent de bien plus grands risques d’accoucher d’un enfant de faible poids de naissance. En fait, les femmes qui prennent moins de 7 kg, même si elles ne fument pas et amorcent leur grossesse avec un excédent de poids, ont quand même des risques plus élevés d’accoucher avant terme de bébés plus petits, que celles qui prennent au moins 7 kg (Berger, 2000, p. 119). Les maladies et infections de la mère peuvent occasionner des anomalies qui traversent la barrière placentaire. Par exemple, les plus grands dommages occasionnés au fœtus par une mère qui contracte la rubéole se produisent au cours des 3e et 4e semaines de la grossesse. Par ailleurs, la syphilis est particulièrement Page 28 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 dommageable à un stade plus avancé du développement prénatal – soit 4 mois ou plus après la fécondation – et plutôt que de s’attaquer au développement des organes comme la rubéole, la syphilis affecte les organes une fois qu’ils se sont formés. L’importance de la santé de la mère pour la santé de l’enfant qu’elle porte ne saurait être plus grande que dans les cas où la mère est séropositive et qu’elle risque de transmettre le VIH à son enfant (Santrock, 1999, p. 97). Les drogues comprennent le tabac, l’alcool, les médicaments d’ordonnance et les stupéfiants. Par exemple, de la thalidomide prise pendant la 4e semaine du développement du fœtus a des effets dévastateurs. Une trop grande consom-mation d’alcool chez la femme enceinte peut aussi laisser chez le bébé de graves séquelles. Le syndrome d’alcoolisme fœtal ou SAF (de son nom scientifique embryofœtopathie alcoolique) est un groupe d’anomalies qui apparaissent chez les enfants de mères qui ont eu une consom-mation excessive d’alcool pendant leur gros-sesse. Ces anomalies comprennent des mal-formations du visage et des défauts des membres, du visage et du cœur. La plupart des enfants frappés du SAF ont un QI inférieur à la moyenne. Dans une étude, toutefois, il est ressorti que même les mères qui ont bu avec modération pendant la gestation ont des bébés moins vigilants et alertes, avec des séquelles toujours présentes à l’âge de 4 ans. Le tabagisme chez les femmes enceintes peut aussi nuire au développement prénatal, à la naissance et au développement postnatal. Les taux de néomortalité et d’avortement spontané sont plus élevés chez les mères qui fument, tout comme les naissances prématurées et les faibles poids de naissance. Les troubles respiratoires et la mort subite du nourrisson sont aussi courants chez les enfants de mères qui ont fumé pendant leur grossesse. La prise de calmants pendant les trois premiers mois de la gestation peut entraîner chez le bébé une division palatine, entre autres malformations congénitales. Les mères qui consomment de grandes quantités de barbituriques risquent d’accoucher d’enfants affectés d’un syndrome de sevrage ou manifestant des tremblements, de l’agitation et de l’irritabilité (Santrock, 1999, p. 98). Drogue Alcool Consommation 3 verres ou plus par jour, ou une « beuverie » occasionnelle d’au moins 5 verres au début de la grossesse Plus d’une demi-once d’alcool pur par jour Consommation modérée : moins de 1 ou 2 verres de bière ou de vin ou 1 cocktail quelques jours par semaine Tabac Tabagisme de la mère au début de la grossesse Tabagisme de la mère tard dans la grossesse Tabagisme du père Comparativement aux femmes de statut socioéconomique supérieur, les femmes enceintes qui se trouvent au bas de l’échelle économique ont plus de risques d’être malades, mal nourries, adolescentes et stressées. Des complications comme le dysfonctionnement du placenta ou du cordon ombilical sont également susceptibles de se produire si les grossesses sont trop rapprochées, car le faible espacement des grossesses est aussi corrélé à la pauvreté. La pauvreté permet d’expliquer les écarts considérables qu’on peut observer dans les statistiques nationales et internationales : • • • La vaste majorité des 25 millions d’enfants de faible poids de naissance qui voient le jour chaque année dans le monde se trouvent dans des pays en développement. Les pays en développement appartenant à la même région géographique et dont la composition ethnique est similaire montrent des taux de faibles poids de naissance bien différents selon le revenu moyen. Globalement, les différences entre les taux de faible poids de naissance des groupes ethniques d’un même • • Effets Cause le syndrome d’alcoolisme fœtal (SAF). Au nombre des symptômes figurent des malformations faciales (tête de petites dimensions, yeux anormalement espacés, nez aplati, lèvre supérieure amincie, paupières inhabituelles), retard global de croissance, troubles d’apprentissage et troubles du comportement. Cause des effets de l’alcool sur le fœtus (EAF). Les EAF n’entraînent pas nécessairement la malformation du visage ni n’arrêtent la croissance, mais ils altèrent le fonctionnement du cerveau. N’a probablement pas d’effets nocifs sur le développement prénatal, même si la question reste controversée. Accentue les risques d’anomalies, y compris de malformations des membres ou de l’appareil urinaire. A un effet à la baisse sur le poids et la taille du bébé à la naissance. Les enfants nés de mères fumeuses pèsent en moyenne 250 g de moins que la normale, et ils sont plus petits à la naissance comme par la suite. Ils peuvent éprouver des difficultés d’abord pendant l’enfance, particulièrement des troubles respiratoires, puis à l’âge adulte, où ils risquent de se mettre eux-mêmes à fumer. Réduit le poids à la naissance d’environ 45 g en moyenne. pays correspondent à des différences socioéconomiques entre ces groupes. Aux États-Unis, la proportion d’enfants de faible poids de naissance est deux fois plus élevée dans les États qui sont aussi les plus pauvres (Berger, 2000, p. 120). Le stress de la mère peut se transmettre au fœtus. Lorsqu’une femme enceinte éprouve des émotions intenses, comme de la crainte ou de l’anxiété, on peut observer des changements physiologiques chez le fœtus, notamment dans sa respiration et ses sécrétions glandulaires. Ainsi, la sécrétion d’adrénaline en réaction à un sentiment de peur limite le flux sanguin dans la région utérine et peut priver le fœtus d’un apport suffisant en oxygène. En revanche, selon les études, le fait de rassurer la mère sur le bien-être du fœtus a des retombées positives sur les nourrissons (Santrock, 1999, p. 96). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 29 Y a-t-il des moments pendant la grossesse où l’effet Résumé des agents tératogènes est plus intense? Comme nous l’avons vu plus tôt, non seulement la nature de l’agent tératogène est importante pour ce qui est des effets qu’il a sur le développement prénatal, mais le moment auquel il produit ces effets pendant la grossesse joue aussi pour beaucoup dans les influences sur le fœtus. C’est là la période critique. Le tableau ci-après illustre les diverses périodes critiques du développement prénatal en ce qui concerne les principaux organes et membres du corps humain. Les agents tératogènes représentent un large éventail de substances et d’états susceptibles d’avoir des retombées graves sur le développement prénatal. Qu’il s’agisse de substances ou conditions présentes dans l’environnement, comme des produits toxiques ou des radiations, ou encore de substances particulières comme le tabac et l’alcool, ces agents tératogènes peuvent perturber et compromettre la nature délicate du développement prénatal et l’altérer pour le reste de la vie. Quelles sont les périodes critiques du développement prénatal? Partie du corps Cerveau et système nerveux central Période critique de la 4 à la 8e semaine Cœur Membres supérieurs Yeux Membres inférieurs Dents Palais Organes génitaux externes Oreilles de la 5e à la 9e semaine de la 6e à la 10e semaine de la 6e à la 10e semaine de la 6e à la 10e semaine de la 9e à la 11e semaine de la 9e à la 11e semaine de la 9e à la 11e semaine de la 6e à la 11e semaine e Développement jusqu’à … De la naissance jusqu’à l’âge adulte 12e semaine 12e semaine terme 12e semaine terme 16e semaine terme 13e semaine Liens et rapprochements… • • • Recherche : Syndrome d’alcoolisme fœtal ° Quelles différences y a-t-il entre le SAF et les EAF (effet de l’alcoolisme fœtal)? ° Quels sont les effets du syndrome d’alcoolisme fœtal sur l’état physique, intellectuel et affectif de l’enfant à naître? Recherche : Syndrome de Down ° Quelles sont les causes du syndrome de Down? ° À quelles difficultés les personnes atteintes du syndrome de Down seront-elles confrontées dans leur vie? Discussion : En général, les embryons et fœtus mâles (XY) courent des risques plus grands que les embryons et fœtus femelles, vu qu’il y a plus d’embryons mâles qui avortent spontanément. De plus, les nouveau-nés garçons sont frappés de plus de malformations congénitales et les garçons plus âgés, de plus de troubles d’apprentissage et d’autres problèmes, lesquels seraient liés à des agents tératogènes comportementaux ° Pourquoi en est-il ainsi? Quels pourraient être certains des facteurs à la base de cet état de fait? Page 30 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 L’approche ontogénétique du développement humain Cet article s’intéresse à la façon dont l’approche ontogénétique peut servir à conceptualiser le processus de développement prénatal. En considérant que le développement se déroule tout au long de la vie, on peut le décrire comme l’enchevêtrement de sept spirales, chacune complétant et soutenant continuellement les autres. À mesure qu’on avance dans la vie, chacun de ces aspects influence le développement. Par moments, un ou plusieurs de ces aspects peuvent agir de façon plus exacerbée, notamment en temps de crise ou de pauvreté où il y a pénurie de nourriture. L’approche ontogénétique ne s’applique pas qu’au développement physique, mais aussi sur les plans du mental, de l’affectif et du spirituel. De même, lorsque nous traversons des moments de grand stress, d’épreuve, de joie, d’amour et d’intimité, notre développement s’en ressent et nous évoluons et grandissons. L’approche ontogénétique du développement humain se reconnaît à sept traits caractéristiques : • • • étendu sur toute la vie (il n’est marqué par aucune période dominante); multidimensionnel (il a des dimensions physique, mentale, affective et spirituelle); multidirectionnel (il peut y avoir évolution sur certains plans et régression sur d’autres; par exemple, à l’âge adulte, le sens décisionnel s’améliore, mais la mémoire baisse); multidisciplinaire (le développement humain est étudié par des psychologues, des sociologues, des anthropologues, des neuroscientifiques et des chercheurs médicaux, qui ont en commun de s’employer à déchiffrer les mystères du développement tout au long de la vie humaine); plastique (il emprunte des voies différentes selon les conditions de vie de chacun); inscrit dans le temps (il est influencé par des conditions historiques, comme les grands moments de l’histoire, la Crise, les guerres ou les moments de grande pauvreté); inscrit dans un contexte (l’individu agit et réagit continuellement dans un contexte, en fonction de son patrimoine biologique, de son cadre physique et de son entourage social, historique et culturel). • • • • Sers-toi de la fiche vierge de la page suivante comme guide pour déterminer comment l’approche ontogénétique s’applique au développement prénatal. Pour chacun des sept aspects de l’approche ontogénétique, donne un exemple qui répond à la description qui en est donnée. Liens et rapprochements … • En te servant du médium de ton choix, dessine, construis ou crée un graphique illustrant ou représentant les sept aspects de l’approche ontogénétique du développement humain. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 - Page 31 L’approche ontogénétique appliquée au développement prénatal multidimensionnel… étalé sur toute la vie… plastique… multidirectionnel… inscrit dans le temps… inscrit dans un contexte... Page 32 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 multidisciplinaire… L’argumentation : une démarche de réflexion 1 1 Source : http://www.sasked.gov.sk.ca/docs/francais/fransk/fran/unites_modeles/argu/index.html L’argumentation renvoie au processus de pensée critique tel qu’il est appliqué à la résolution de problèmes qui prêtent à controverse ou à l’évaluation de points de vue divergents. Il existe souvent plusieurs façons d’envisager ou de résoudre une question plutôt qu’une seule et unique solution. Dans certains cas, l’information peut être incomplète et plusieurs approches ou points de vue peuvent entrer en concurrence, entre lesquels nous devons décider celle ou celui qui est le plus raisonnable en fonction de ce qu’on sait – même s’il n’y a pas de solution toute tranchée. En argumentation, on veut examiner des faits ou des opinions contradictoires. C’est ce que les jurys sont censés faire pour en arriver à un verdict : ils doivent considérer et évaluer les arguments et les preuves présentés à l’appui ou à l’encontre de l’assertion ou de la question considérée. C’est un processus dans lequel on soupèse et confronte des faits et idées opposés en vue d’en faire ressortir la meilleure solution, de résoudre un différend ou de parvenir à la conclusion la plus raisonnable compte tenu des preuves présentées à l’appui et de la logique. Généralement, on reconnaît 3 façons d’analyser et de rallier des opinions opposées : 1. Deux points de vue La première approche est la prise en compte des deux points de vue sur la question débattue, où les élèves sont appelés à dresser la liste de leurs motivations ou « arguments », à savoir pourquoi ils sont en accord ou non avec le point avancé. On aborde l’argumentation en classe en faisant valoir qu’il peut y avoir plusieurs points de vue sur une question et que ces points de vue méritent d’être respectés. La première étape de la démarche est celle où l’on examine le point soulevé à partir de deux perspectives différentes à l’intérieur d’un schéma conceptuel opposant les arguments contradictoires. On peut aider les élèves à appréhender les questions controversées tout d’abord par une prise de conscience des arguments contradictoires, laquelle aboutit à une synthèse réfléchie, logique et défendable des solutions possibles. De cette confrontation peut ressortir un troisième point de vue, comme quoi la résolution complète du problème est rarement réalisable et la perfection, souvent hors de portée. Exemple : Question débattue : L’être humain est foncièrement pacifique et coopératif. Pourquoi je suis d’accord ….. Pourquoi je ne suis pas d’accord …. • Même les petits enfants piquent des crises. • De tout temps, les humains ont chassé les animaux pour survivre. • On montre progressivement aux humains à être agressifs pour qu’ils se protègent euxmêmes et protègent les leurs. • Les humains ont malheureusement usé de leur agressivité contre d’autres soit par appât du gain soit par recherche de gloire nationale. • La violence s’apprend; en tant que parent, on peut donc apprendre à son enfant à ne pas être violent. • Tout le monde n’est pas violent; bien des gens sont au contraire pacifiques et coopératifs. • Ce sont les médias, particulièrement la télévision, qui poussent les jeunes à la violence, s’il n’y avait pas autant de violence au petit écran, les enfants ne seraient pas aussi violents. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 33 • L’histoire de l’humanité est ponctuée de guerres et de conflits. • Le seul moyen d’obtenir ce qu’on veut est de le prendre par la force. • La violence est un instinct de base chez l’être humain. • La recherche de pouvoir est l’une des principales motivations du comportement. • Les « films de gars » sont toujours violents. • L’être humain est foncièrement violent et agressif. • L’être humain ne naît pas agressif; j’ai vu de très jeunes enfants qui savaient très bien jouer ensemble. • Les gens ne deviennent violents que lorsqu’ils veulent quelque chose, comme plus de pouvoir ou de biens matériels. S’ils avaient tout ce qu’ils voulaient, ils deviendraient paresseux. • Certaines sociétés savent coopérer entre elles; elles ne se livrent pas combat. 2. Le cercle de parole 6 La deuxième approche serait la mise à l’épreuve des arguments selon la méthode des tests de la valeur morale (on va souvent entendre parler de « test des cas nouveaux », de « test de la réciprocité » et « test des conséquences universelles » qui sont, dans ce contexte, des synonymes de cette approche) ou dans le cadre d’un cercle de parole. Le cercle de parole (aussi appelé cercle de discussion) se prête tout particulièrement à l’examen de questions qui n’ont ni bonne ni mauvaise réponse, et à l’expression de sentiments des participants sur ces questions. On peut ainsi y débattre de questions d’ordre moral ou éthique sans qu’aucun jugement ne soit porté, car le cercle de parole se veut un milieu sûr où les élèves peuvent partager leur point de vue avec d’autres, comprendre qu’on écoutera et acceptera leurs interventions sans les critiquer, et avoir eux-mêmes plus d’empathie et de compréhension à l’égard des autres points de vue que le leur. Le bon déroulement d’un cercle de parole peut nécessiter (surtout la première fois) l’intervention d’une personne pour animer ou faciliter, qui veillera à ce que les élèves suivent bien le protocole établi, à savoir : • • • • • • Les témoignages présentés par les participants ne doivent concerner que le problème ou la question en examen; ils ne doivent pas être en réplique à ce qu’a dit un ou une autre élève. Il ne doit y avoir qu’une personne qui parle à la fois, et les autres élèves doivent écouter attentivement ce qui est dit sans porter de jugement. Il est parfois utile de rappeler qui a le droit de parole à l’aide d’un objet quelconque (le « bâton de parole ») qu’on se passe de l’un à l’autre. Le silence est une réponse acceptable. On ne doit jamais forcer quelqu’un à témoigner contre son gré. Selon la nature de la discussion, il est souvent préférable de tenir les cercles de parole en petits groupes que dans un trop grand groupe, au risque d’intimider certains intervenants ou intervenantes qui ont du mal à verbaliser leurs idées. Nul ne doit formuler sur soi-même ou sur autrui des commentaires désobligeants. (Ce texte sur le cercle de la parole a été traduit et adapté avec la permission du Projet de développement des quatre mondes, Sacred Tree Teachers' Guide, Université de Lethbridge, 1982.) 6 Ressource suggérée : http://passerelles.eco.free.fr/N6/Cercles%20de%20Parole.htm Page 34 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 3. La méthode du consensus 7 Le consensus est un processus par lequel un groupe arrive à prendre une décision sur une question donnée sans devoir passer au vote. De ce processus de collecte d’information et de points de vue, de discussion et de persuasion, ressort une décision consensuelle qui forme la synthèse des propositions avancées ou qui en avance de nouvelles, ou les deux. Le processus consensuel vise à parvenir à une décision à laquelle tout le monde souscrira. À son meilleur, il passe par la persuasion plutôt que par les pressions à l’uniformité du groupe. Lorsqu’une décision est prise par consensus, tous les participants et participantes sont censés comprendre la décision et être prêts à la soutenir. Sur le plan pratique, cela signifie que tous et toutes sont censés être capables de reformuler la décision dans leurs propres mots pour montrer qu’ils la comprennent, que tous ont eu la chance de se faire entendre sur la décision, et que ceux et celles qui continuent de ne pas être d’accord ou qui ont des doutes à son égard n’en appuieront pas moins la décision publiquement, étant entendu qu’ils sont prêts à la mettre à l’essai pendant un certain temps. Voici le protocole à suivre pour prendre une décision par consensus : 1. On doit éviter de défendre aveuglément ses propres jugements de valeur dans des discussions interminables, et se contenter de présenter sa position le plus clairement et logiquement possible, tout en restant à l’écoute des réactions des autres participants, et en les soupesant attentivement avant de pousser plus loin son argumentation. 2. On ne doit pas changer d’avis juste pour en arriver à une entente et éviter les conflits. On ne doit souscrire qu’aux solutions avec lesquelles on s’estime généralement plutôt en accord. On ne doit se rendre qu’aux positions qui reposent sur des fondements solides, objectifs et logiques. 3. On ne doit pas recourir à des méthodes qui cherchent à éviter les conflits, comme tenir un vote à la majorité simple, tirer à pile ou face, tracer une « moyenne » ou marchander. 4. On doit chercher à faire ressortir les différences d’opinions. Elles sont normales et on doit s’attendre à ce qu’il y en ait. On doit aussi essayer de faire participer tout le monde à la décision. Les désaccords sont susceptibles d’aider à la prise de décisions, car ils mettent en lumière un vaste éventail d’informations et d’opinions et, ce faisant, ils augmentent les chances d’en arriver à des solutions plus adéquates. 5. Devant une impasse, on ne doit pas chercher de gagnant ni de perdant, mais plutôt la solution la plus acceptable pour tous et pour toutes. 6. On doit discuter des hypothèses sous-jacentes, s’écouter attentivement les uns les autres et encourager la participation de tous et toutes. On doit faire ressortir clairement deux points au moment de mettre la méthode du consensus à l’essai : 1. Il importe de bien écouter chaque intervenant dans le groupe, pour bien comprendre à la fois la nature de ses arguments et les motivations à la base de ses opinions. 2. Il importe de se rappeler que l’exercice a pour but d’en arriver à la décision qui sera la meilleure possible pour le groupe, afin que ce dernier puisse poursuivre son objectif commun. L’emploi de la méthode du consensus : La méthode du consensus permet d’en arriver à une décision avec laquelle tous sont d’accord. Elle cherche à prendre en compte les idées et préoccupations de tous les participants pour en arriver à la meilleure décision possible. Non pas que tout le monde sera parfaitement satisfait de la décision, mais celle-ci doit être suffisamment acceptable pour que tous y souscrivent. Pour parvenir à pareil résultat, les 7 Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_de_d%E9cision_par_consensus Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 35 membres du groupe doivent bien écouter les idées des uns et des autres et prendre en compte des points de vue de tous dans leurs discussions. Le dégagement d’un consensus n’a rien de facile, car, ce qui importe n’est pas tant de faire passer son point de vue que de trouver ce qui est dans l’intérêt du groupe. Même si l’on ne peut toujours donner droit aux priorités de tous, chacun et chacune peut en revanche convenir que les priorités établies par le groupe sont bonnes pour le groupe dans son ensemble, ainsi que pour chacune des personnes qui le composent. Il est généralement utile d’avoir un facilitateur ou une facilitatrice pour animer la discussion. Étapes de la méthode du consensus : 1. Amorcer la démarche par une réflexion générale sur les priorités de chacun et de chacune. On peut encourager la réflexion de la façon suivante : « Si vous pouviez changer ne serait-ce qu’un aspect du problème, quel serait-il? … À présent, si vous pouviez agir sur deux aspects, quels seraient-ils? … Sur trois aspects? » 2. Faire passer les élèves à tour de rôle, le temps que chacun expose ses priorités et les raisons pour lesquelles elles comptent à ses yeux. Tandis que chacun et chacune s’exprime, les autres doivent écouter très attentivement en vue de comprendre le point de vue exposé. Noter sur papier les priorités énoncées. 3. Animer une discussion à partir de la liste créée et des questions suivantes : a) Quels sont les points les plus importants sur lesquels nous pourrions agir et pourquoi? et b) Sur quel point pourrions-nous agir et faire une différence en tant que groupe? Il est probable qu’après avoir entendu les priorités et motivations des autres, certains changeront de point de vue. Certes, le classement des priorités du début est important pour la réflexion, mais il pourra être complètement bouleversé une fois qu’on aura pris en compte ce qui est le mieux pour le groupe. 4. Voir s’il y a consensus, en faisant un vote d’essai sur les priorités. Ce vote ne lie pas le groupe, mais il fait ressortir les points où il y a accord ou désaccord. 5. S’il y a accord, il y a consensus! Félicitations à tout le monde. 6. En revanche, s’il y a désaccord, on doit revenir sur ce qui motive les divergences d’opinions et pourquoi ces points importent autant aux yeux des contradicteurs. On doit chercher véritablement à comprendre les motivations et préoccupations soulevées. On doit aussi se rappeler qu’il revient au groupe d’écouter les opinions contradictoires et de tenter de répondre à ces objections, et qu’il revient à l’inverse à ceux et à celles qui expriment ces contradictions d’écouter les raisons pour lesquelles le groupe ne partage pas leurs opinions. 7. Discuter de la décision susceptible d’amener le groupe à mieux travailler à la poursuite de son but commun. Quels sont les points que les participants partagent et sur lesquels ils pourraient s’entendre? Quels sujets de préoccupation les en empêchent? Comment pourraient-ils prendre ces points en compte dans une décision reformulée sur laquelle tous les participants pourraient s’entendre? Il faut montrer de l’ouverture et de la créativité pour répondre aux préoccupations soulevées – ce qui pourrait même déboucher sur une solution à laquelle on n’avait jamais pensé jusqu’alors. 8. Voir à nouveau s’il y a consensus. Le cas échéant, félicitations à tout le monde. Sinon, retour au point 6. Les participants et participantes ont éventuellement besoin d’encore plus d’information sur les opinions des opposants à la décision, ou vice versa. Il arrivera un stade, cependant, où les divergences d’opinions sembleront inconciliables. Si cela se produit, on doit essayer de rapprocher les participants et participantes aux vues les plus contradictoires. Chacun et chacune doit énoncer le point de vue de l’autre jusqu’à ce que celle-ci ou celui-ci s’en estime satisfait, puis renverser les rôles – cet exercice ayant pour but de leur faire comprendre qu’ils doivent aboutir à une solution avec laquelle ils pourront de part et d’autre travailler, et qu’il leur revient de trouver une solution. Page 36 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 9. Si l’on ne parvient toujours pas à régler les différends (ce qui est fort peu probable), le groupe peut soit décider en bloc qu’il importe davantage d’en arriver à ce stade à une décision qui satisfait tout le monde et demander aux opposants de « s’écarter » pour que le groupe aille de l’avant avec la proposition en dépit de leur désaccord, soit convenir par consensus d’une autre façon de trancher la question. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 37 Deux points de vue… Problème : Choisis un des thèmes de recherche (pp.73-74 de l’unité) et fais valoir les points de vue divergents Pourquoi je suis d’accord… Page 38 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 Pourquoi je ne suis pas d’accord … Mon anthologie Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2 – Page 39 Mes notes de cours Page 40 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 2