L`eau, un enjeu mondial à la Une
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L`eau, un enjeu mondial à la Une
à savoir N°134 Bi-mensuel de décembre 2011 édito à la Une L’eau : énergie renouvelable et ressource vitale L e groupe Grenoble INP, par son implantation à Grenoble, berceau de la Houille Blanche, a très tôt développé des compétences dans le domaine de l’hydroélectricité. En 1882, Aristide Bergès fut en effet le premier à éclairer une ville à l’hydroélectricité. Aujourd’hui, l’hydroélectricité représente la deuxième source d’électricité, après le nucléaire, en France. Cette filière est appelée à prendre de plus en plus d’importance dans le portefeuille énergétique mondial parce qu’elle constitue la source d’énergie non carbonée la plus aisément accessible dans de nombreuses régions du monde dépourvues d’électricité. Mais la force et l’originalité de Grenoble INP est d’aborder la filière "eau" dans son ensemble. Outre son côté énergie renouvelable, l’eau est également envisagée, dans les formations proposées et les travaux de recherche menés au sein du groupe, comme une ressource à préserver et à gérer : gestion multi-usages et prévision des ressources en eau, observation satellitaire de ces dernières, traitement et retraitement de l’eau, transport de sédiments ou encore évaluation des risques naturels liés à l’eau et conception d’ouvrages. C’est pour renforcer ces ressources scientifiques et pour répondre aux objectifs du volet environnement de son contrat quinquennal de performance, que le groupe Grenoble INP propose cette année un programme de projets structurants sur le thème de la gestion de la ressource en eau dans le cadre de sa politique de recherche. Ce programme est intitulé "Méthodologies innovantes pour l'ingénierie de l'eau et des risques associés". Anne-Catherine Favre, professeur Grenoble INP - Ense3 et responsable de la filière Hydraulique Ouvrages et Environnement (HOE) L’eau, un enjeu mondial L a gestion des ressources en eau reste un des défis majeurs de l’humanité. Les enjeux peuvent être décrits en termes sanitaires, alimentaires, sociaux, économiques, énergétiques et environnementaux. Le groupe Grenoble INP intègre ces thématiques dans ses formations et les recherches menées au sein de ses laboratoires. Quand il s’agit de l’eau, il s’agit de la vie. L’eau est au cœur de quelques-uns des sujets les plus importants qui vont gouverner la société de demain et conditionner notre avenir : assurer à tous un approvisionnement satisfaisant en quantité et en qualité, gérer et optimiser la ressource, évaluer les risques liés à l’eau et concevoir des ouvrages de production de l’hydroélectricité… Grenoble INP, dont deux écoles et six laboratoires disposent de compétences dans le domaine de l’eau, est un lieu privilégié pour la formation d’ingénieurs susceptibles de relever ces défis. Plusieurs programmes fédérateurs ont été mis au point dans ce but, comme le semestre Procédés Industriels et Management Environnemental (PIME), lequel permet aux élèves ingénieurs de Grenoble INP de maîtriser les procédés de dépollution, de comprendre le milieu naturel et de développer des compétences solides en gestion de l'environnement. Côté recherche, le programme pluri formations Interactions biophysicochimiques aux interfaces et hydrodynamique pour procédés de dépollution (IHBIS) vient de s’achever, mais la mise en place d’une plateforme Procédés Effluents Industrie (PEI), initiée dans le cadre du plan Campus, prend la relève. Un projet de laboratoire sur la gestion de l’eau au sud Vietnam est par ailleurs en cours d’examen sur la suggestion du consortium RESCIF (Réseau d'Excellence des Sciences de l'Ingénieur et de la Francophonie). Suite en page 2 GRENOBLE INSTITUTE OF TECHNOLOGY à la Une L’eau, un enjeu mondial Enjeux sanitaires L’eau est la première cause de mortalité et de morbidité au monde de façon directe ou indirecte. Trois millions d’enfants meurent chaque année avant l’âge de cinq ans du fait du manque d’accès à l'eau potable. Enjeux environnementaux L’eau est une ressource naturelle limitée. Cependant, la demande augmente et la ressource est de plus en plus dégradée. Les perspectives laissent entrevoir une aggravation de ces tendances. Enfin, les problèmes liés aux changements climatiques concerneront la ressource en eau. Enjeux alimentaires L’eau est un élément essentiel pour la production des cultures vivrières. On estime que 40% de l’alimentation mondiale est produite par des systèmes d’agriculture irriguée. Enjeux sociaux A l’heure actuelle, plus d’un milliard d’individus n’a pas accès à l’eau potable et 2,4 milliards de personnes ne bénéficient pas de structures d’assainissement fiables. La pression démographique ne devrait pas arranger la tendance… Enjeux économiques Les inondations représentent le tiers des catastrophes naturelles, plus de la moitié de la mortalité et le tiers des coûts liés à ces catastrophes. La consommation mondiale d’eau, essentiellement dans les centres urbains, est d’environ 300 milliards de dollars par an, ce qui représente 1% du produit mondial brut. Enjeux énergétiques Le Grenelle Environnement impose 20% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. Dans un tel contexte, le développement de l’hydroélectricité, qui représente aujourd’hui 40% de la production d’énergie renouvelable dans le monde, est un enjeu majeur. Un panel unique de compétences dans le domaine de l’eau Dès sa création, Grenoble INP a intégré des enseignements en lien avec l’hydroélectricité, aujourd’hui repris dans la filière Hydraulique, Ouvrages et Environnement (HOE) de Grenoble INP - Ense3 (Ecole Nationale Supérieure de l’eau, l’énergie, l’environnement) mais aussi dans les filières Systèmes Energétiques et Marchés (SEM), et Mécanique Energétique (ME). De plus, un master international "Hydraulic Engineering" devrait accueillir ses premiers étudiants à la rentrée prochaine. D’autres écoles proposent des enseignements en lien avec l’eau. C’est le cas de Pagora, impliquée dans le traitement des effluents de l’industrie papetière. A eux six, les laboratoires LTHE, LEGI, 3S-R, GIPSA-Lab, LRP, LGP2 et LEPMI, offrent un panel complet de compétences pour l’analyse et la compréhension du cycle de l’eau, pour son retraitement, ainsi que pour la conception d’ouvrages et la gestion des risques associés. à l'affiche "Trouver de l’ordre dans le désordre" L e Prix Jaffé de l’Académie des sciences a été attribué cette année à Olivier Métais, directeur de Grenoble INP - Ense3. Malgré ses importantes responsabilités, Olivier Métais a toujours fait de la recherche. Sa spécialité : les écoulements turbulents, qu’il étudie et simule depuis 30 ans. "L’attribution de ce prix montre d’ailleurs qu’il est possible de conserver une activité scientifique de qualité tout en étant fortement impliqué dans le fonctionnement d’un établissement", souligne-t-il, non sans fierté. Comprendre les turbulences des fluides, liquides ou gazeux, ouvre des perspectives dans de nombreux domaines : en météorologie bien sûr, mais aussi dans l’industrie avec, par exemple, l’étude du fonctionnement des turbines hydrauliques ou à gaz, ou encore des moteurs de fusées… Par ses recherches, Olivier Métais a contribué à mettre au point des modèles numériques permettant de comprendre et de mieux prédire les tourbillons tridimensionnels, ou comme il le dit, de "trouver de l’ordre dans le désordre". Les fruits de ses travaux commencent à être utilisés dans l’industrie et la météorologie. 2 à explorer Dans le cadre de l’Année polaire internationale 2007-2008, GDF SUEZ s’est associé à la construction, par la Fondation Polaire Internationale, de la station polaire Princess Elisabeth, base scientifique belge située en Antarctique. Différents acteurs du projet ont témoigné sur cette expérience lors d’une table ronde qui s’est déroulée à Grenoble INP - Ense3, le 24 novembre 2011. Station polaire Princess Elisabeth : objectif "zéro émission" ! E n quoi consiste le projet de station polaire Princess Elisabeth ? Thierry Touchais, directeur exécutif de la Fondation Polaire Internationale : Princess Elisabeth est une station de recherche située en Antarctique, avec un fonctionnement "zéro émission" basé sur une production d’énergies renouvelables, une gestion des besoins en énergie avec une efficacité optimale, un traitement des eaux usées et une gestion des déchets. Unique par sa conception, la station polaire Princess Elisabeth est la première à fonctionner exclusivement grâce à des énergies renouvelables (solaire et éolienne), ses besoins énergétiques ne représentant que 25 à 30% de ceux d’une station antarctique classique de taille comparable. Elle est totalement démontable en fin de vie. Quelle a été la contribution de votre partenaire le groupe GDF SUEZ, à ce projet ? T. T. : Le groupe GDF SUEZ, sa filiale Electrabel et son laboratoire de recherche Laborelec, ont contribué au projet en apportant leurs compétences dans les domaines de l’énergie, de l’eau et de la propreté, dans une démarche de développement durable. Les contraintes étaient importantes : là-bas, nous sommes loin de tout, et il faut disposer d’un système éprouvé. Le groupe a apporté ses technologies de pointe dans un environnement difficile, contribué au côté "zéro émission", ce qui impliquait de développer des solutions à base d’énergies renouvelables… Il fallait en outre concevoir un réseau intelligent, capable de prioriser les consommations pour les adapter à une production limitée. S’y ajoutaient quelques défis supplémentaires, notamment piloter la station à distance par satellite : on peut parler de domotique poussée à l’extrême… Quels sont les installations en place ? T. T. : Concernant les éoliennes, le site en comprend neuf. Notre choix s’est orienté vers des appareils de type synchrone avec aimant permanent de 6 KW chacun, développés pour les plateformes pétrolières. Les éoliennes doivent en effet résister à des conditions extrêmes : la température peut descendre à -35°C, et les vents atteignent parfois 180 km/heure. Contrairement aux éoliennes que l’on voit chez nous, celles de la station sont montées à l’envers : les pales sont "sous le vent" et la turbine est "au vent". Ainsi, lorsque le vent est trop fort, les pales se mettent automatiquement en drapeau, ce qui les protège de la casse. Côté énergie solaire, nous étions partis sur un modèle de panneau déjà installé dans d’autres stations en Antarctique. Cette année cependant, nous allons ajouter des panneaux de densité énergétique 30% supérieure. Il faut savoir que dans cette région du globe, le soleil est très bas sur l’horizon, produisant une lumière diffuse plutôt que directe. Le système photovoltaïque est donc choisi pour être plus performant que la moyenne en lumière diffuse. Un autre type d’essai sera fait avec un panneau placé sur un système mécanique de suivi du soleil. Comment l’approvisionnement en énergie est-il géré dans la station ? Alain Hubert, fondateur et président de la Fondation Polaire Internationale : La station est conçue pour accueillir environ 20 scientifiques qui doivent bien évidemment se plier à certaine discipline en ce qui concerne la consommation électrique. Le système de ventilation, avec une puissance de 18 KW/h plus 12 KW/h quand il faut faire fondre de la neige, est de loin le plus consommateur. Il s’agit d’une fonction prioritaire. D’autres fonctions de travail, moins prioritaires, comme le lave-linge, les appareils de cuisine, les prises des bureaux, sont en priorité inférieure. L’ordinateur qui gère le service en fonction d’une horloge sur 24 heures, met ces appareils hors service dès que l’énergie vient à manquer. Bien entendu, on peut forcer manuellement les priorités, mais il est plus facile d’imposer une discipline à un groupe quand c’est un ordinateur qui décide plutôt qu’un chef ! Au final, le système fonctionne assez bien. En quoi cette station diffère-t-elle des autres bases polaires ? A. H. : Ce projet induit un nouveau rapport à l’énergie. De véritables défis technologiques ont été relevés pour minimiser les impacts environnementaux de la station, et tout cela a été rendu possible parce qu’une petite entité comme la Fondation Polaire Internationale a pu s’adjoindre la puissance et le savoir-faire de grandes entreprises comme GDF SUEZ et Schneider Electric. En cette période où une sorte de peur se répand au sujet du changement climatique, il est crucial de prouver aux jeunes générations que l’on peut infléchir le cours des choses. Ce sont eux qui changeront le monde de demain ! GRENOBLE INSTITUTE OF TECHNOLOGY 3 à retenir à suivre GDF SUEZ et Grenoble INP s’unissent en faveur du développement durable Le 24 novembre 2011, le groupe GDF SUEZ et Grenoble INP - Ense3 se sont officiellement engagés à mettre en place des actions pour la réalisation d'objectifs communs en faveur du développement durable et des défis énergétiques et environnementaux de demain. Un partenariat logique au regard des activités de chacun. "On s'aperçoit qu'il y a une réelle attractivité de nos métiers avec Grenoble INP. Nos enjeux de développement se rejoignent en particulier sur l'énergie, l'environnement et l'eau", a noté Philippe Lazzarotto, responsable relations grandes écoles et universités GDF SUEZ, lors de la cérémonie de signature. "Grenoble INP et GDF SUEZ se rejoignent également sur des enjeux d’industrialisation et de mondialisation", a ajouté Paul Jacquet, administrateur général de Grenoble INP. "Cette signature de partenariat permet de réaffirmer le cercle vertueux qui nous lie", a conclu Olivier Métais, directeur Grenoble INP - Ense3. Suite à la signature de la convention, les élèves-ingénieurs de Grenoble INP - Ense3 ont pu découvrir les différents métiers proposés par GDF SUEZ au travers de douze stands. Bientôt un laboratoire sur la gestion de l’eau à Hô-Chi-Minh-Ville ? G renoble INP, qui a déjà de forts partenariats avec certains des établissements impliqués dans RESCIF (Réseau d’excellence des sciences de l’ingénieur de la Francophonie), développe des actions ciblées et croisées avec plusieurs d'entre eux. Parmi elles, la création d’un laboratoire conjoint avec l'Institut polytechnique d'Hô-Chi-Minh-Ville (sud Vietnam) sur la gestion de l’eau, est actuellement à l’étude. Très sensible à cette problématique, le gouvernement vietnamien vient de lancer un important projet sur le climat et la gestion de l’eau. "Il faut savoir que le Vietnam est particulière- ment concerné par le réchauffement climatique : en cas de montée du niveau de la mer d’un mètre, 40 millions de personnes seraient impactées dans le pays, soit près de la moitié de la population", indique Jean-Luc Koning, vice-président des relations internationales à Grenoble INP. Le futur laboratoire, dont le projet de création est piloté par Grenoble INP en partenariat avec l’EPFL, pourra traiter différents aspects du problème de l’eau : de son acheminement à la construction d’ouvrages de génie civil, en passant par l’assainissement et le contrôle sanitaire. RESCIF, un réseau d’excellence francophone Un programme unique de coopération rassemblant les meilleures universités technologiques de langue française a été créé sous l’égide de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de ses partenaires sous le nom de RESCIF* – Réseau d’excellence des sciences de l’ingénieur de la Francophonie. L’enjeu : apporter des réponses concrètes aux problèmes d’eau, de nutrition et d’énergie, plus spécialement pour certains pays du sud, soumis à des conditions climatiques et à des problèmes de sécurité alimentaire extrêmement difficiles. * Ecole Normale Supérieure de Lyon (France), Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), Paristech (France), Ecole polytechnique de Montréal (Canada), Institut polytechnique de Grenoble (France), Université catholique de Louvain (Belgique), Ecole Mohammadia d'ingénieurs de Rabat (Maroc), Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (Cameroun), Ecole supérieure polytechnique de Dakar (Sénégal), Institut international d'ingénierie en Eau et Environnement 2IE d'Ouagadougou (Burkina Faso), Institut polytechnique d'Ho-Chi-Minh Ville (Vietnam) et Université St-Joseph de Beyrouth (Liban). à noter Journée du lycéen Salon de l'étudiant à Lyon Les universités de Grenoble et de Savoie organisent, le mardi 31 janvier 2012, le Passeport pour l'université. Cette journée "portes ouvertes" est l'occasion, pour les lycéens de l'académie, de découvrir, s'informer, s'orienter sur les cursus possibles après le bac. Les six écoles de Grenoble INP seront présentes au salon de l’étudiant qui aura lieu à Lyon les vendredi 13 et samedi 14 janvier 2012 de 9h à 18h, et dimanche 15 janvier 2012 de 10h à 18h, à la Halle Tony-Garnier. Contact : [email protected] Contact : [email protected] à méditer L’eau n’oublie pas son chemin. Le groupe Grenoble INP publie une lettre bi-mensuelle "A savoir", accessible sur internet : www.grenoble-inp.fr Directeur de la publication : Paul JACQUET - Coordination : Nelly BIBOUD - Rédaction : Clotilde WALTZ Conception graphique et réalisation : Arnaud SANGIORGIO - Crédits photos : groupe Grenoble INP / Fotolia ISSN 12558-7218 • Dépôt légal en cours Contact : Tél. 04 76 57 43 91 • E-mail : [email protected] • Grenoble INP, 46 avenue Félix Viallet • 38031 Cedex 1 4 Proverbe russe