Haïti- Saint-Valentin: Des filles recoltent des cadeaux

Haïti- Saint-Valentin: Des filles recoltent des cadeaux...
Écrit par AL/HPN
Mercredi, 15 Février 2012 14:31
En Haïti, le 14 février, jour de la Saint-Valentin, constitue toujours une période idéale
pour les amoureux qui échangent ou tout simplement qui reçoivent des cadeaux.
Nombreuses, sont les jeunes filles qui profitent de cette occasion spéciale pour
moissonner objets, argent et cadeaux divers. Le lendemain de la Saint-Valentin, les plus
intelligentes évaluent leur récolte, a constaté Haïti Press Network.
Port-au-Prince. Au lendemain de la Saint-Valentin. 10 heure 12 du matin. A un restaurant
Fast-food de Delmas, quatre jeunes filles en uniforme d’école, occupent une table placée au
fond de l’entreprise commerciale. Épi d’or, est un lieu très convoité en raison du manque et/ou
de l’absence criant d’espaces de loisir à Port-au-Prince.
Après avoir commandé chacune une « crêpe salée » et un jus de fruits artificiel, elles étalent
leurs sacs et font le décompte des cadeaux reçus de plusieurs amants rêvant de capter des
cœurs frivoles. Catoucha, jolie fille dans la vingtaine, matérialiste jusqu’aux os, lance les
débats.
« Mesdames, comment a été alors votre Saint-Valentin ? Quant à moi, j’ai finalement obtenu
mon téléphone BlackBerry dernier cri tant rêvé. En plus, j’ai reçu des dollars américains et des
boîtes de chocolat. Peterson m’a apporté aussi un bouquet de fleurs multicolores. Vous voyez,
mes copains ont fait mieux cette année par rapport à l’année précédente », raconte-t-elle en
riant.
Dévorant la crêpe à belles dents, affichant un sourire complice accompagné de mille gestes,
Charline, la dirigeante de l’équipe, enchaine: « À mon avis, tu n’as rien reçu Catoucha. Moi je
suis très comblée. Nobert m’a offert un Lap-top. Cet admirable sac que tu vois là me vient de
Gregory. Philippe m’a donné cette jolie bague qui ressemble à une œuvre d’art inédite comme
les prémices d’un amour perpétuel. J’ai failli oublier de te dire que la veille, Olivier m’a emmené
faire du shopping. J’en ai profité pour me procurer une jolie robe que je conserve pour ma
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graduation. »
Sans faire de commentaires, Judith, belle brune aux cheveux de Sirène, ouvre son sac et étale
sur la petite table ses présents à elle. Mieux vaut laisser les yeux faire le constat que de parler !
Les trois autres filles retiennent leur respiration, ébahies. Elles n’en croient pas leurs yeux.
Des boucles d’oreilles rayonnantes, un accroche-cœur Harcourt, une caméra digitale de
marque Olympus, un IPhone de haute technologie, un ordinateur portable touchpoint (écran
tactile), un collier frivole, une montre ornée, une chaîne et un bracelet en or compilés dans un
même boîtier. Ah ! Le compte est vraiment bon!
« Seigneur, un homme a fait toutes ses folies pour prouver ses sentiments à une femme! Ce
n’est pas croyable! Il doit avoir de grands magasins celui-là. Tu finiras par avoir également ciel
et terre aussi Judith », dit Catoucha.
Brisant le silence, Nadine semble, de son côté, utilise tous les mots pour congratuler son amie
Judith. Celle-ci les a battues à plate couture. Surtout elle qui donnait l’air avoir reçu très peu par
rapport aux étalages de ses camarades.
Rien que des chocolats et une carte de vœux paraît-il. Peu importe, le plus important est que
chacune se retrouve avec son lot de cadeaux.
Cette année, ces jeunes filles ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu. Le temps n’est
pas aussi magnanime tous les jours.
« Ces cadeaux m’ont été offerts par deux hommes mariés dont l’un vit aux États-Unis. Ceux-ci
rivalisent pour me posséder comme si je n’ai pas moi aussi à faire ma petite vie », martèle
Judith.
« Ils ne savent pas à qui ils ont affaire. Je leur fais des exigences les unes plus excessives que
les autres. Cependant, ils ne veulent pas lâcher prise et font out pour me combler. Je ne leur
ferai pas de cadeaux. Les hommes sont des idiots mes dames », lâche Judith. Eh bien, c’est
tant mieux ma chère ! Tant mieux, rétorque Charline.
Par ces mots, Judith, la plus fortunée de l’équipe gagnante met un terme au remarquable
concours de présents reçus, sans prêter attention aux regards envieux de ses copines et aux
murmures désapprobateurs des gens, notamment des jeunes gens qui buvaient quelques
bières juste à côté.
En un clin d’œil, les cadeaux retrouvent leur place au fond des sacs. Dans l’horloge de
l’entreprise, il est marqué 11 heures 17. Ouf ! C’est l’heure de se rendre à l’école. Déjà, les
quatre amies complices pensent à l’année prochaine et aux prochains butins.
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L’amour se vend et s’achète à toutes les intersections de la ville. On devient esclave de son
corps et des besoins matériels sans cesse croissants. On s’aime, on se trahit comme on se
salue. Les choses matérielles et l’argent remplacent la romance et les mots suaves.
Alix Laroche
[email protected]
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