apocalypto - Devildead

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APOCALYPTO
Titre original : APOCALYPTO
Année : 2006
Nationalité : Etats-Unis
Acteurs : Rudy Youngblood, Raoul Trujillo, Dalia Hernandez, Jonathan Brewer, Gerardo Taracena, Morris
Birdyellowhead, Carlos Emilio Baez, Ramirez Amilcar, Israel Contreras & Israel Rios
Réalisateur : Mel Gibson
Scénario : Mel Gibson & Farhad Safinia
Musique : James Horner
était attendu au tournant pour son film suivant où beaucoup
essaieront d'y enfoncer des idées préconçues sur la véritable
portée insidieuse de son film !
Patte de Jaguar vit paisiblement dans la forêt de ses ancêtres.
Un matin, des hommes armés attaquent son village et
emmènent une partie de la population vers une destination
inconnue...
A priori, il n'est pas besoin de présenter Mel Gibson, acteur
australien devenu une star hollywoodienne. Mais le comédien
porte d'autres casquettes puisqu'il est aussi producteur,
scénariste et réalisateur. Il va d'ailleurs monter une maison de
production en 1989, Icon Productions, avec Bruce Davey.
L'acteur est alors devenu une vedette du cinéma d'action grâce
au succès de L'ARME FATALE puis de L'ARME FATALE 2.
Entre les deux, il fera un thriller glamour avec TEQUILA
SUNRISE mais le premier film qui sera produit avec Icon
Productions n'aura strictement rien à voir. L'acteur n'hésite
pas à s'embrigader dans une nouvelle version du «Hamlet» de
Shakespeare qui sera réalisée par Franco Zeffirelli. La société
de production oscillera entre des films au ton léger et des
métrages plus ambitieux. C'est évidemment Icon Productions
qui va produire tous les films réalisés par Mel Gibson qui
débutera à ce poste en mettant en scène un joli drame intimiste
(L'HOMME SANS VISAGE). Son film suivant sera déjà plus
expansif puisqu'il va tourner un biographie historique sur la
vie de William Wallace qui sera plébiscité à travers le monde
(BRAVEHEART). Sa troisième réalisation va faire encore plus
parler d'elle mais pour d'autres raisons puisque l'acteur y
exprimera des croyances religieuses marquées. LA PASSION
DU CHRIST ayant généré une grosse polémique, le cinéaste
De religion, c'est vrai, il en est question dans
APOCALYPTO. Mais si le christianisme y fait une courte
apparition sans équivoque, ce n'est certainement pas pour le
montrer comme une vertu salvatrice d'un monde en pleine
déliquescence. Le propos du film étant, de toutes façons, très
éloigné d'un débat sur la meilleure des religions à adopter.
Pour s'en convaincre, il suffit de se placer aux côtés de son
personnage principal. A savoir un homme simple qui n'a
qu'une envie, celle de vivre peinard avec sa famille et en
respectant ses voisins (ceux qui chassent dans les parages).
Seulement, dans APOCALYPTO, c'est un peu, comme
aujourd'hui, l'homme de la jungle (ou de la rue) qui est
embringué dans des histoires qui le dépassent et qui viennent
gâcher sa petite vie tranquille. Le voyage de Patte de Jaguar et
des autres captifs traverse ainsi les strates d'une civilisation
pyramidale où, tout en bas, la plèbe travaille comme des
forçats en crevant de faim alors que tout en haut, les chefs leur
racontent n'importe quoi pour les apaiser sous couvert
d'intégrisme religieux. Car si Mel Gibson est un homme
croyant, son film surprend énormément en pointant très
clairement du doigt ceux qui se servent du pouvoir, dont celui
donné par la croyance religieuse, pour foutre la merde aux
alentours (asservissement des voisins, guerre, destruction
écologique...). La fin du film en est d'ailleurs une preuve
flagrante puisque les survivants choisissent de se mettre à
l'écart des autres pour repartir de rien et retrouver leur vie
simple, respectueuse et paisible. Alors, bien sûr, cela véhicule
aussi quelques idées, par endroit, qui pourront faire tiquer mais
sans pour autant déraper hors du contexte habituel d'un film
d'action.
En effet, APOCALYPTO est avant tout un film d'aventures
et d'action. Les idées qui servent de fond à son histoire ne sont
pas assénées à coup de marteau dans la tête du spectateur qui
pourra appréhender le film seulement comme un
divertissement (certes avec quelques longueurs par endroit). Si
certains se sont amusés à déceler des symboles christiques ou
catholiques dans le film (parfois bougrement tirés par les
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cheveux), APOCALYPTO est aussi un film dans lequel on
retrouve les traces du cinéma d'action que ce soit par pure
coïncidence ou de façon intentionnelle. La dernière partie
ramène le souvenir du PREDATOR de John McTiernan (la
chute d'eau, le héros recouvert de boue...) voire même de
RAMBO (l'avertissement lancé aux poursuivants). Il reprend
même une mise à mort d'un être cher de façon très proche
d'une séquence de BRAVEHEART. Faisons même preuve de
mauvaise fois, comme ceux qui voient dans les paroles des
personnages le discours du Pape, APOCALYPTO rappelle
même L'ARMEE DES OMBRES de Jean-Pierre Melville avec
un jeu cruel et sadique où des prisonniers ont le vain espoir de
s'en tirer vivants au bout d'une course meurtrière. Il sera
possible de trouver l'agencement qui permet au héros de
traverser le film, même prophétisé au préalable, un peu
exagéré. Mais, après tout, l'exagération fait aussi partie du
cinéma qui plie les réalités historiques aux nécessités
cinématographiques. Le film se permet donc quelques
modifications historiques pour mieux
narrer son récit.
Pourtant, même si les deux
scénaristes et la production font des
égratignures à la réalité historique,
APOCALYPTO n'en reste pas moins
un écrasant spectacle où les détails
priment. Les costumes ainsi que les
maquillages
sont
carrément
magnifiques et replacés dans leur
décor, le résultat donne des images
proprement spectaculaires ! Plutôt que
d'utiliser les outils numériques à
outrance, Mel Gibson fera construire
d'énormes décors et y placera des
centaines de figurants, tous maquillés
et costumés de façon adéquate. Après
plusieurs visions du film, la richesse
visuelle reste intacte. Un autre point
apparaît important, c'est le montage et
l'agencement des images. Alors que la
tendance est à la pose suggestive que
les
cinéastes
vous
imposent
longuement, Mel Gibson et son
monteur ne s'attardent quasiment
jamais. Certains plans magnifiques ne
sont parfois montrés que durant une
poignée de secondes, juste le temps
nécessaire, pour illustrer le propos et
non pas comme une fin en soi. Le
souffle de l'aventure et du film
d'action fonctionnent pleinement au
milieu d'images, décors et costumes réalisés avec le plus grand
soin. Le fond épousant la forme de manière largement plus
réussie que dans LA PASSION DU CHRIST où le discours se
perdait durant le chemin de croix.
Toutefois, APOCALYPTO risque d'en rebuter plus d'un.
Tout d'abord par sa violence crue qui semble sans concession
plus particulièrement lors des sacrifices humains. Pourtant,
Mel Gibson avoue s'être auto-censuré à ce sujet, la «réalité»
étant largement plus horrible que ce qui est affiché à l'écran
d'après l'acteur. Il n'en reste pas moins que le spectacle prend
parfois des airs de films d'horreur qui seront, par instant, à
même de choquer les spectateurs les plus sensibles. Le choix,
comme pour LA PASSION DU CHRIST, de tourner le film
dans une langue et de ne proposer aucun doublage n'aide pas
non plus à brosser le public dans le sens du poil car une grande
majorité des spectateurs n'apprécie pas la lecture de sous-
titrages. De plus, les frasques et déclarations de Mel Gibson
n'aident certainement pas à rendre le personnage sympathique.
Pourtant, ces travers et ces choix en font clairement un homme
excessivement humain dans le bon et le mauvais sens. En
choisissant les sujets de ses films, Mel Gibson affiche aussi
une personnalité hors norme en ne cherchant pas la facilité que
sa notoriété d'acteur lui donnerait aisément. Que l'on apprécie
ou pas ses films, force est de reconnaître qu'il s'impose comme
un grand réalisateur !
Edité par Quinta Communications et distribué par TF1
Vidéo, l'édition DVD française reprend en gros le même
contenu que la plupart des disques sortis à travers le monde.
Bien entendu, on trouve le film avec un transfert 16/9 aux
alentours du format cinéma. La richesse des couleurs et des
détails est retranscrite de belle manière sur ce DVD.
APOCALYPTO a été tourné en partie
avec une caméra numérique haute
définition, certains passages arborent
d'ailleurs un look plus vidéo (la
chasse qui ouvre le film) mais sur la
durée, cela ne choque absolument pas,
le DVD affichant une image à l'aspect
largement «cinéma».
Si vous n'aimez pas les soustitrages, vous allez être au supplice.
Le film n'a jamais été doublé et il est
donc présenté en langue maya avec un
sous-titrage français. Le choix est
donné entre Dolby Digital 5.1 et DTS
de manière à contenter toutes les
installations sonores. Les pistes DTS
et Dolby Digital 5.1 offrent un
environnement bien détaillé et
utilisent parcimonieusement le caisson
de grave. La musique de James
Horner, composée de sonorités
rudimentaires, y est particulièrement
bien mise en valeur.
Trois suppléments se disputent
l'espace restant sur le DVD. On
passera rapidement sur la scène
coupée qui dure à peine plus de trente
secondes, celle-ci n'apporte pas grand
chose mais peut être vue avec une
piste stéréo d'ambiance ou bien un
commentaire audio nous donnant
quelques explications à son sujet. Le problème, c'est que des
scènes coupées, il y en a sûrement d'autres. En effet, dans le
commentaire audio, Mel Gibson fait référence par exemple à
une séquence qu'il jugeait trop dure, avec un bébé, et qu'il
aurait donc raccourcie au final. Ce commentaire audio donne
donc la parole à Mel Gibson mais aussi à son co-scénariste
Farhad Safinia. Les deux hommes discutent tout du long, à
l'exception de quelques moments de répit, en donnant toutes
sortes d'anecdotes et informations supplémentaires. Ils
n'hésitent jamais à reporter les qualités du film sur les autres
techniciens ou les acteurs (la plupart inconnus du grand public
ou même carrément débutants pour la circonstance). La
discussion se suit agréablement ce qui, pour un commentaire
audio, est plutôt une qualité. De plus, ce supplément permet de
revoir le film de manière plus ou moins distanciée par rapport à
sa narration et expose encore plus ses qualités visuelles !
Le dernier supplément est un Making Of d'un peu plus de
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vingt minutes. Celui-ci offre des images inédites et des
informations sur les maquillages, les décors, les costumes ou
les armes utilisées. Hélas, on reste un peu sur sa faim, le tout
étant pas mal survolé. Ce petit documentaire se termine de
manière si abrupte que l'on pourrait même se demander s'il
n'en manque pas un bout. Enfin, si le film affiche une
compression qui sait se faire oublier, le Making Of laisse
apparaître ici ou là quelques soucis numériques très visibles.
Antoine Rigaud
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