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Dimanche 8 Août 2010 Bernard SAUVAGNAT, pasteur de l’Eglise adventiste, directeur de l’Institut d’Etude de la Bible par Correspondance (IEBC), responsable de l’Association pastorale de l’UFA. Être une bénédiction (Genèse ch. 12 à 20 consacrés à Abraham) Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. Bénédiction. Malédiction. Qu’est-ce au juste ? Ce n’est sans doute pas le sujet attendu en cette période où beaucoup sont ou s’apprêtent à partir en vacances Devant les difficultés, les drames et les souffrances que nous subissons ou observons autour de nous, il nous arrive de penser que la malédiction s’acharne contre certains. Nous aimerions bien pouvoir intervenir comme de bons génies au pouvoir illimité, pour soulager, guérir et supprimer ces malheurs. Dieu avait promis à Abraham de faire de lui une source de bénédiction pour toutes les familles de la terre. Quel défi ! Et si nous y regardions de plus près ? Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. Accueil Bienvenue à vous toutes et vous tous qui suivez cette émission chaque dimanche. Bienvenue aussi à tous ceux qui nous captent peut-être par hasard. Nous voulons ensemble réfléchir et méditer à partir d’un texte tiré de la Bible, pour y rencontrer Dieu et pour grandir dans notre façon de voir la vie. Lecture Biblique (Gen 12, 1-3) Le livre de la Genèse, le tout premier de la Bible, au début de son douzième chapitre, raconte ainsi la promesse de Dieu à Abraham : Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. Je ferai naître de toi une grande nation ; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres. Je bénirai ceux qui te béniront, mais je maudirai ceux qui te maudiront. A travers toi je bénirai toutes les nations de la terre ». Musique Déborah, Tu es celui qui est, Abraham. Paroles et musique Kresho. Bénédiction. Malédiction. Deux mots construits avec le verbe dire. Dire du bien. Dire du mal. Dire que c’est bien, que c’est bon. Dire que c’est mal, que ça fait mal ! Il serait tout à fait inopportun de s’imaginer que ces mots voudraient dire : jeter un sort positif bienfaisant, ou jeter un mauvais sort, envoyer la poisse à quelqu’un. La Bible ne nous propose pas d’entrer dans une mentalité magique de ce genre. Abram reçoit la promesse de Dieu qu’on dira de lui du bien, que les gens diront : C’est bon d’avoir Abram parmi nous. C’est bon d’avoir près de nous un croyant comme lui, qui sert un Dieu comme le sien. 1 Les chrétiens ont pris l’habitude de voir dans la personne et l’action du Messie, descendant d’Abraham, la grande bénédiction promise à Abram. Je ne conteste pas du tout cette lecture. Je la crois tout à fait valable. Je suis bien convaincu que dans la personne de Jésus, le Messie, mort et ressuscité, se trouve la plus grande des bénédictions divines. Mais je me demande comment, dans le concret de sa vie de nomade, Abraham a été bénédiction pour les gens qu’il a rencontrés et, en particulier, pour ceux dans les pays desquels il est venu planter sa tente, lui, le voyageur, l’immigré. Pour cela, je vous invite à parcourir avec moi les chapitres 12 à 20 du livre de la Genèse. Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. Juste après avoir reçu la promesse de Dieu, Abram s’en va. Il quitte le Nord de la Mésopotamie et descend vers le Sud. Il arrive dans le territoire de Canaan. Mais c’est la sècheresse. La nourriture s’y fait rare. Les marchés ne proposent plus ni fruits, ni légumes, ni graines, ni céréales. Pas de farine non plus. Alors Abram décide de poursuivre sa descente vers le Sud, vers l’Egypte. C’est un pays réputé pour sa richesse agricole. Les crues du Nil alimentées par les pluies de l’Afrique tropicale rendent ce pays fertile. Abram y va. Il y trouvera bien de quoi nourrir sa famille et ses troupeaux. Mais il a peur. Il fait passer sa femme pour sa sœur. Le pharaon la fait entrer dans son harem et, en compensation, offre des animaux qui viennent grossir les troupeaux d’Abram. Nous avons aujourd’hui l’impression qu’Abram se comporte comme un proxénète qui prostitue sa propre femme ! Mais que se passe-t-il ? Le récit de son séjour en Egypte se termine brutalement. Voici les dernières lignes du chapitre 12 de la Genèse : Le Pharaon donna alors à ses serviteurs l’ordre de reconduire Abram à la frontière avec sa femme et tout ce qui lui appartenait (12.20). Abram, c’est raté ! Visiblement ton passage en Egypte n’a pas été perçu comme une bénédiction. Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. Moi aussi, j’ai souvent raté. Je suis un digne fils d’Abram ! Je voudrais bien faire, mais je n’y parviens pas toujours. Dieu ne laisse pas tomber Abram. Sa promesse reste valable. Au chapitre 13 de la Genèse, Abram revient en Canaan. Son neveu Lot et lui se séparent. Leurs troupeaux ont prospéré et la cohabitation devient difficile. Lot s’installe dans la plaine fertile du Jourdain près de la ville de Sodome. Abram, lui, reste sur les collines. Un jour la guerre éclate : Lot et les habitants de la plaine sont faits prisonniers et déportés (Gen 14). Abram ne peut rester insensible à cette situation. Il arme 318 de ses bergers et part à la poursuite des assaillants. Il les rattrape et parvient à délivrer tous les prisonniers. Quand il est de retour, un grand personnage l’accueille. C’est Melkisédec, roi de la ville qui deviendra plus tard Jérusalem et prêtre du Dieu Très Haut, un personnage un peu mystérieux qui sera considéré plus tard comme un précurseur du Messie. Melkisédec accueille Abram et, dit le texte, le bénit : Béni soit Abram par le Dieu Très Haut qui a créé le ciel et la terre ! Loué soit le Dieu Très Haut qui a livré tes ennemis en ton pouvoir (14.19). Cette fois, Abram, tu as été une bénédiction : les gens le voient et le reconnaissent. Et ils louent ton Dieu. Ils disent : c’est bon qu’Abram, le bédouin, soit venu s’installer parmi nous, c’est bon de vivre près d’un croyant qui sert un Dieu comme le sien ! Il m’est aussi arrivé de vivre des situations où des incroyants ont apprécié ma présence et l’on trouvée bienfaisante. Et c’est bien ce que Dieu souhaite. Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. 2 En poursuivant notre lecture de la Genèse, nous découvrons que Dieu passe un traité d’alliance avec Abram (Gen 15), lui permet d’avoir un premier fils, Ismaël, avec une servante égyptienne de sa femme (Gen 16), lui répète sa promesse et lui donne un nouveau nom : Abraham, père d’une foule de nations (Gen 17). Au chapitre 18, Abraham accueille trois visiteurs qui passaient près de ses tentes. Son hospitalité est exemplaire. Lorsque ces visiteurs prennent congé, deux prennent la route de Sodome, et le troisième reste dialoguer avec Abraham. C’est un messager de Dieu, peut-être même une incarnation passagère de Dieu. Il révèle à Abraham que la mauvaise réputation des habitants de la plaine est parvenue jusqu’à lui. Ses deux compagnons sont allés vérifier : calomnie et médisance ou réalité et vérité fondée ? (Dans cette histoire, Dieu se fait homme, le texte le décrit comme s’il était un humain.) Si les gens de la plaine se conduisent aussi mal qu’on le dit, Dieu interviendra pour les faire disparaître rapidement. Il n’a pas l’intention de les voir agoniser à petit feu rongés par des MST ou d’autres troubles affectifs, mentaux ou sociaux qu’entraîne leur manière de vivre. Et là, Abraham réagit comme nous. Il trouve Dieu sévère. Il veut épargner cette population qu’il a délivrée lorsqu’elle avait été déportée. Il plaide auprès de Dieu comme un avocat. Il négocie comme un marchand oriental. Et il obtient l’engagement divin que s’il trouve dix habitants de ces villes qui vivent correctement, il épargnera toute la population. Abraham prie. Abraham intercède pour cette population de mauvaise réputation. Même si le chapitre 19 raconte que ces villes ont été détruites, Abraham avait voulu être bénédiction pour leurs habitants, en intercédant pour eux. Est-ce que je prie pour la population de ma ville, pour les personnes de mauvaise et de bonne réputation qui y vivent ? Prier pour quelqu’un, c’est changer son regard pour cette personne, c’est commencer à l’aimer. Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. Au chapitre 20, de la Genèse, on a l’impression de relire l’histoire d’Abram en Egypte. Cette fois, il a planté ses tentes à Guérar dans le Négev au Nord-Est de la péninsule du Sinaï. Il fait passer sa femme pour sa sœur. Elle est enlevée et toutes les femmes du pays de Guérar deviennent stériles. Abraham, c’est encore raté ! Tu retombes dans les mêmes ornières !! Pourtant cette fois l’histoire se termine différemment : Abraham prie pour la guérison des femmes du pays, et le roi l’autorise à rester dans son territoire. Abraham a au moins appris à prier pour le bien des autres, y compris pour celui des victimes des ses erreurs. Nous aussi, nous aurions intérêt à apprendre à prier pour ceux qui vivent près de nous, en particulier pour celles et ceux qui sont victimes des bêtises des autres. Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. Après le chapitre 20, la Genèse ne nous parle plus des relations entre Abraham et les populations qu’il a côtoyées. Faisons donc le bilan de ces quatre situations. Dans les deux cas où Abraham a provoqué le malheur plutôt que le bonheur des autres, il a abordé les autres en ayant peur d’eux. Peur qu’on lui prenne sa femme, peur qu’on le tue pour lui prendre sa femme. La peur est une émotion négative. Certes, elle peut nous donner des ailes pour échapper à une menace immédiate. Mais elle est mauvaise conseillère. Elle focalise notre attention sur nous-mêmes au lieu de la tourner vers les autres et leurs besoins. Dans les deux autres cas, ceux où Abram a été une bénédiction pour les autres, le texte biblique montre clairement qu’Abram était motivé par la situation de son neveu. Il n’était plus centré sur lui-même mais sur la vie d’un être cher. L’enjeu n’était plus sa propre vie, puisqu’il était prêt à la risquer. C’était la vie de son neveu. Il était mu par l’amour. Et l’amour même impuissant, incapable de faire quoi que ce soit sinon prier pour l’autre, est source de bénédiction. En fait, pour être bénédiction, il nous faut être libérés de nos peurs et apprendre à aimer. Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. C’est pour cela que le Christ dans les évangiles répète si souvent : « N’ayez pas peur ! ». L’apôtre Jean précise 3 que la foi, la confiance en Dieu, bannit la peur. Faisons donc confiance, n’ayons pas peur des autres, soyons là pour rendre leur vie plus belle, pour être source de bénédiction. Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. Prière d’intercession Je vous invite à la prière. Notre Père, nous croyons que c’est toi qui, jadis, as appelé Abraham : tu as voulu faire de sa vie une bénédiction pour toutes les nations. Merci, parce qu’aujourd’hui il est encore une bénédiction pour nous tous qui voyons en lui le père des croyants, chrétiens, juifs et musulmans. Tu nous appelles aussi à être bénédiction dans nos couples, dans nos familles, dans nos villages et nos villes. Comme Abraham, nous ratons souvent. Comme Abraham apprends-nous à prier, à intercéder pour ceux qui vivent près de nous. Comme Abraham, donne-nous de croire en tes promesses et de trouver notre bonheur en rendant la vie des autres plus heureuse. Nous voulons te prier pour toutes celles et tous ceux qui vivent près de nous et qui sont victimes de souffrances diverses. Pour tous ceux qui, dans le monde, sont victimes de la guerre, de la famine, de la maladie, de la misère. Change notre regard sur eux. Libère nous de nos peurs. Apprends-nous à aimer. C’est par Jésus que nous te prions en confiance. Amen Musique Jean-Sébastien Bach, sonate pour fûte en Mi mineur, BWV 1034, Emmanuel Pahud, Trevor Pinnock, EMI Classics. MEDITATIONS RADIODIFFUSEES - France Culture Dimanche 8h30 Texte de la méditation : 6 timbres (ou 3,50 €) par mail : 4 timbres ABONNEMENTS : Envoi mensuel : 47 € ; hebdomadaire : 60 € ; tout abonnement par mail : 40 €. Fédération protestante de France Service Radio 47, rue de Clichy - 75311 PARIS Cedex 09 Tél. : 01.44.53.47.17 - Courriel : [email protected] 4