Le projet Concordiasi en Antarctique
Transcription
Le projet Concordiasi en Antarctique
Campagnes expérimentales 42 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 Le projet Concordiasi en Antarctique Ndlr La rédaction remercie Florence Rabier et les auteurs ainsi que le Bulletin of the American Meteorological Society (BAMS), pour l’autorisation qu’ils lui ont donnée de reproduire cet article paru sous le titre « The Concordiasi project in Antarctica », en janvier 2010, dans le BAMS, volume 91, pages 69 à 86. La traduction a été faite par Michel Rochas. La figure A, le résumé et l’abstract ont été ajoutés par la rédaction. Résumé Au cours des printemps austraux de 2008, 2009 et 2010, des observations météorologiques in situ seront effectuées en Antarctique, incluant des radiosondages faits à Concordia et sur plusieurs autres sites. En 2010, jusqu’à dix-huit ballons stratosphériques surpressurisés (SPB, Stratospheric Superpressure Balloon) seront déployés depuis la station McMurdo (six pour mesurer la température, la pression, l’ozone et les particules, et douze pour larguer des dropsondes à la demande, afin de mesurer les paramètres atmosphériques). L’objectif est d’améliorer la qualité des prévisions météorologiques et celle des enregistrements climatiques en Antarctique, de mieux caractériser la dynamique 3D du vortex polaire et d’étudier ses interactions avec les basses latitudes. Le projet Concordiasi comporte plusieurs volets innovants comme les premières observations quasi lagrangiennes de l’ozone et des particules stratosphériques, le développement de nouvelles techniques pour assimiler ces nouvelles observations lagrangiennes par les ballons et la calibration de l’utilisation de données satellitaires dans les modèles, en particulier celles du sondeur hyperspectral dans l’infrarouge Iasi. L’accent est mis sur les nuages, les précipitations et le bilan de masse des calottes glaciaires ainsi que sur l’analyse des processus microphysiques et dynamiques qui contrôlent les liens entre le vortex polaire et la diminution d’ozone polaire. … F. Rabier(1), A. Bouchard(1), É. Brun(1), A. Doerenbecher(1), S. Guedj(1), V. Guidard(1), F. Karbou(1), V.-H. Peuch(1), L. El Amraoui(1), D. Puech(1), C. Genthon(2), G. Picard(2), M. Town(2), A. Hertzog(3), F. Vial(3), P. Cocquerez(4), S. A. Cohn(5), T. Hock(5), J. Fox(5), H. Cole(5), D. Parsons(5), J. Powers(5), K. Romberg(5), J. Van Andel(5), T. Deshler(6), J. Mercer(6), J. S. Haase(7), L. Avallone(8), L. Kalnajs(8), C. R. Mechoso(9), A. Tangborn(10), A. Pellegrini(11), Y. Frenot(12), J.-N. Thépaut(13), A. McNally(13), G. Balsamo(13) et P. Steinle(14) (1) CNRM-Game - Météo-France et CNRS 42, avenue Gaspard-Coriolis, 31057 Toulouse [email protected] (2) Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE), Grenoble (3) Laboratoire de météorologie dynamique (LMD), Paris (4) Centre national d’études spatiales (Cnes), Toulouse (5) National Center for Atmospheric Research (NCAR), Boulder, Colorado (6) Université du Wyoming, Laramie, Wyoming (7) Université Purdue, West Lafayette, Indiana (8) Université du Colorado, Boulder, Colorado (9) Université de Californie à Los Angeles (Ucla), Los Angeles, Californie (10) Global Modeling and Assimilation Office/Goddard Space Flight Center (GMAO/GSFC), Greenbelt, Maryland (11) Programma Nazionale Ricerche in Antartide (PNRA), Rome, Italie (12) Institut polaire Paul-Émile Victor (Ipev), Brest (13) European Centre for Medium-Range Weather Forecasts (ECMWF), Reading, Royaume Uni (14) Centre for Australian Weather and Climate Research (CAWCR), Melbourne, Australie ’expérience de terrain Concordiasi permet d’effectuer des observations innovantes dans l’atmosphère au-dessus de l’Antarctique, en particulier avec un ensemble de ballons stratosphériques surpressurisés déployés depuis la station McMurdo. L Motivation Le projet Concordiasi est motivé par le besoin urgent de réduire les incertitudes dans différents (mais complémentaires) domaines de la science antarctique. Un enjeu important pour la société est de comprendre si le changement climatique peut engendrer une modification significative dans le bilan de masse de la calotte glaciaire antarctique et, par conséquent, avoir un impact sur le niveau des océans. Des jeux de données réanalysées sont des outils indispensables pour évaluer l’évolution de la distribution des précipitations et d’autres variables importantes pour le bilan de masse sur la calotte glaciaire. L’Antarctique et l’océan austral sont des régions à faible densité de mesures opérationnelles ou climatologiques, même en comparaison avec l’Arctique, à cause du très faible nombre de sites d’observation dans les hautes latitudes australes. Les mesures satellitaires ont le potentiel pour remplir ces trous du réseau de mesures, mais elles présentent leurs propres défis et difficultés. C’est en particulier le cas pour les mesures fournies par les sondeurs infrarouges hyperspectraux comme Iasi (Interféromètre atmosphérique de sondage infrarouge) ou Airs (Atmospheric Infra Red Sounder). Ces défis doivent être relevés et les erreurs doivent être réduites pour produire des réanalyses précises pour les études climatiques qui sont fondées essentiellement sur les observations. Des analyses précises en temps réel sont aussi importantes pour les prévisions locales du temps (utilisées dans les opérations sur le terrain) comme pour une meilleure compréhension des interactions plus globales entre l’Antarctique et les autres régions. 43 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 Abstract The Concordiasi project in Antarctica During the austral springs of 20082010, in situ observations will be gathered in Antarctica, including radio-sounding measurements at Concordia and other sites. In 2010, up to eighteen long-duration stratospheric superpressure balloons (SPBs) will be deployed from the McMurdo station (six to measure temperature, pressure, ozone, and particles and twelve will on demand release drop-sondes to measure atmospheric parameters only). The aim is to increase the accuracy of weather prediction and climate records in Antarctica, to improve the characterization of the 3D polar vortex dynamics and study its interactions with lower latitudes. Unique features of the Concordiasi project include the first quasi-Lagrangian observations of stratospheric polar ozone and particles, the development of new techniques to assimilate these new Lagrangian observations from balloons and the calibration of the use of satellite data in the models, in particular from the hyperspectral infrared sounder IASI. The focus is on clouds, precipitation, mass budget of the ice sheets and on analyzing the microphysical and dynamical processes controlling the links between the polar vortex and polar ozone depletion. La plus forte baisse d’ozone dans l’atmosphère terrestre a lieu dans la stratosphère polaire australe. La diminution d’ozone stratosphérique observée depuis les années 1980 (Farman et al., 1985) est sans doute l’aspect du climat antarctique qui a attiré le plus d’attention de la part du public et de la communauté scientifique. Bien que le rôle des nuages stratosphériques polaires dans la baisse d’ozone au-dessus des régions polaires ait été reconnu depuis plus de deux décennies, des questions fondamentales restent sans réponse sur la chimie et la microphysique de ces nuages, comme le mécanisme de nucléation pour les particules de trihydrate d’acide nitrique (par exemple, Tolbert et Toon, 2001 ; Larsen et al., 2004). Des interrogations subsistent aussi sur les interactions entre ces nuages et la dynamique de la stratosphère australe (Hopfner et al., 2006, par exemple). Aperçu du projet L’étude des précipitations pour contraindre le bilan de masse sur l’Antarctique et de la baisse d’ozone stratosphérique offre une forte motivation pour des mesures in situ multiéchelles améliorées. L’isolement, l’environnement difficile, la haute altitude du plateau antarctique ont rendu difficile la réalisation de campagnes de mesures sur le terrain à partir des bases sur le continent. Toutefois, de nouvelles possibilités sont apparues qui sont au cœur du projet Concordiasi. Il s’agit d’un effort pluridisciplinaire utilisant une constellation de ballons stratosphériques instrumentés de longue durée ainsi que des observations in situ aux stations Concordia (75° S, 123° E) et Dumont d’Urville (66° S, 140° E) sur la côte de la terre Adélie. Le programme de recherche comporte des études allant du transport et de la diminution d’ozone, la microphysique des nuages stratosphériques polaires, jusqu’à l’utilisation des mesures satellitaires pour améliorer les analyses opérationnelles et les réanalyses pour la recherche climatique. Concordiasi s’intéressera aussi à la météorologie du plateau, avec les nuages, l’accumulation des précipitations, et la structure et la dynamique de la couche limite au-dessus de l’Antarctique. Les recherches fondées sur les modèles seront par nature multiéchelle, et utiliseront des modèles de mésoéchelle à haute résolution, des systèmes de prévision numérique du temps et des modèles climatiques globaux. Les bases de données d’observation et de modélisation engendreront des efforts collaboratifs en assimilation des mesures satellitaires, pour comprendre les nuages et les précipitations antarctiques, l’évolution de la couche limite stable, et les effets réciproques des nuages stratosphériques polaires, des ondes de gravité, de la dynamique du vortex et de la diminution d’ozone. Concordiasi est une initiative commune franco-américaine qui a débuté pendant l’Année polaire internationale (API), [IPY en anglais]. Le projet se déroule en Antarctique au cours des mois de septembre à novembre 2008, décembre 2009 et septembre à décembre 2010. Il fait partie de l’ensemble de recherches IPY-Thorpex (http://www.wmo.int/thorpex) appuyé conjointement par le Conseil international pour la science (Icsu) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Il est réalisé par des scientifiques de Région antarctique Concordia et Dumont d’Urville Radiosondages réguliers supplémentaires Concordia Ballons stratosphériques surpressurisés Instruments embarqués Instruments météorologiques Capteurs d’ozone Compteurs de particules Récepteurs GPS Radiosondages fréquents et mât instrumenté Dropsondes 2008 2009 Études préliminaires d’assimilation Préparation des instruments Sondages Iasi à Concordia Études sur la couche limite Préparation des instruments Figure 1 - Déroulement de la campagne expérimentale Concordiasi, des mesures réalisées et des recherches associées. 2010 2011 Dropsondes ciblées Sondages Iasi localisés avec les dropsondes Évaluation des modèles de transport des espèces chimiques Études scientifiques fondées sur les mesures stratosphériques Études d’assimilation fondées sur les mesures sous ballons Validation des assimilations des mesures satellitaires avec les dropsondes 44 France, des États-Unis, d’Italie, d’Australie, et met en jeu des organisations internationales comme le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT). Aperçu du dispositif expérimental Un aperçu du dispositif expérimental de Concordiasi et de la stratégie scientifique associée est donné sous forme schématique sur la figure 1. Les différentes composantes du projet sont décrites ci-après. Mesures à partir du sol En Antarctique (figure A), les mesures régulières sont effectuées principalement le long des côtes, à l’exception de la station de recherche Amundsen-Scott au pôle Sud (mise en œuvre par les États-Unis) et de Concordia, sur le plateau, au Dôme C (gérée par l’Italie et la France). Deux radiosondages par jour sont réalisés à Amundsen-Scott, alors que Concordia alimente le SMT (Système mondial de télécommunications) avec un radiosondage à 12 h UTC. Concordia a été établie récemment avec La Météorologie - n° 69 - mai 2010 un premier hivernage de treize techniciens et scientifiques en février 2005. Le transport par la surface des lourdes charges depuis Dumont d’Urville prend de dix à quinze jours. Concordia a une situation idéale pour valider l’assimilation des mesures satellitaires, parce que la surface du plateau antarctique est très homogène en comparaison de beaucoup d’autres sites. Pour des satellites héliosynchrones comme Aqua et MetOp, l’inclinaison de l’orbite est généralement voisine de 98°, le pôle n’est donc pas directement sur la trace du satellite, bien qu’il soit couvert par l’extrémité de la fauchée, alors que la station Concordia se trouve directement sur cette trace plusieurs fois par jour. Au cours des mois de septembre et octobre 2008, la fréquence des radiosondages à Concordia a été portée à deux par jour, la rendant similaire à celle d’AmundsenScott, avec des sondages spéciaux, synchrones avec les passages du satellite. La fréquence des radiosondages à Dumont d’Urville a aussi été augmentée. À Concordia, des radiosondages supplémentaires ont aussi été réalisés au cours de périodes d’opérations intensives autour de décembre 2009 afin de documenter les conditions locales du temps pour des études plus détaillées des nuages, des précipitations et de la couche limite sur le plateau. En plus des sondages, des instruments spécif iques, pour des observations météorologiques de chute et d’accumulation de neige, ont été déployés par le Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE), avec le support de l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (Ipev) et l’Institut national des sciences de l’univers (Insu). En particulier, un mât d’une hauteur de 45 mètres a été instrumenté sur six niveaux pour des mesures de vent, température et humidité. Ballons stratosphériques surpressurisés (SPB) Durant la campagne de terrain, une constellation comportant jusqu’à dixhuit ballons stratosphériques surpressurisés (SPB, Stratospheric Superpressure Balloon) de longue durée sera lancée en 2010 par le Centre national d’études spatiales (Cnes) depuis la base américaine McMurdo de la National Science Foundation (NSF). Des systèmes de ballons stratosphériques semblables ont été utilisés de façon intensive en recherche atmosphérique. Durant le printemps austral 2005, le projet Vorcore a déployé une constellation de vingt-cinq ballons stratosphériques du Cnes à partir de McMurdo (78° S, 166° E). Les ballons ont dérivé dans la basse stratosphère sur des surfaces isopycniques et effectué des mesures météorologiques toutes les 15 minutes (Hertzog et al., 2007). La durée moyenne de vol de ces ballons a été de 58,5 jours, le record étant de 109 jours. Parmi les résultats scientifiques de Vorcore, il y a une meilleure connaissance du champ d’ondes de gravité dans la basse stratosphère polaire, le régime de dispersion à l’intérieur du vortex polaire et une évaluation de la précision des analyses opérationnelles dans la région polaire (Vincent et al., 2007 ; Boccara et al., 2008 ; Hertzog et al., 2008 ; Plougonven et al. 2008). Figure A – Carte de l’Antarctique. Le potentiel des ballons du type de ceux utilisés dans Vorcore, comme platesformes de recherche, croît rapidement grâce à des développements révolutionnaires dans les dispositifs de calcul, le positionnement et les communications, parallèlement au développement de capteurs miniaturisés à basse consommation. Les ballons utilisés dans Concordiasi comporteront plusieurs améliorations importantes par rapport à ceux de Vorcore. Un système de communication amélioré permettra une fréquence de mesure accrue des 45 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 paramètres météorologiques, passant de 15 à 1 minute, ce qui améliorera la description de processus dynamiques comme les ondes de gravité à haute fréquence. Six des vols seront dédiés à la chimie et aux particules. Ces ballons, qui ont été construits pour une durée de vie de quatre mois, seront lancés durant les mois d’août et de septembre 2010. Le Laboratoire de météorologie dynamique (LMD) développe un petit capteur léger pour mesurer l’ozone au cours de ces vols. Certains ballons emporteront le photomètre UV à base de LED (Light-Emitting Diode, diode électroluminescente) de l’université du Colorado pour mesurer l’ozone. Quatre de ces ballons feront des mesures dans les nuages stratosphériques polaires avec un compteur de particules développé par le groupe de Terry Deshler à l’université du Wyoming. Deux des ballons du Cnes seront aménagés pour emporter des récepteurs GPS bifréquence à haute précision développés à l’université de Purdue. Ils ont la capacité de restituer des profils de réfractivité par radio-occultation qui permettent de calculer des profils de température et d’humidité. La technique de radio-occultation GPS a d’abord été développée pour des satellites en orbite basse, qui enregistrent les signaux réfractés des satellites GPS en orbite haute lorsqu’ils passent au limbe terrestre (Kursinski et al., 1997). Elle a aussi été utilisée sur des avions de recherche à haute altitude (Garrison et al., 2005). Les ballons isopycniques sont bien adaptés à ce type d’observations parce que leur précision croît avec l’altitude du récepteur. Les mesures peuvent être poursuivies pendant toute la durée du vol, fournissant une grande richesse de données. On attend beaucoup des mesures de réfractivité pour la recherche et en tant que tests de comparaison pour l’assimilation des mesures satellitaires dans les modèles numériques sur la région antarctique. Dans le meilleur scénario, il y aurait en moyenne deux profils d’occultation par heure au sud de 60° S, où il y a normalement vingt sondages par jour. Concordiasi va étendre le concept de plate-forme de recherche en vol en lançant en septembre et octobre 2010 jusqu’à douze ballons qui emportent des nacelles, appelées driftsondes, contenant des systèmes de mesure descendant sous un parachute. Chaque driftsonde emporte jusqu’à 50 dropsondes GPS miniatures qui peuvent être larguées à la demande, produisant des profils verticaux à haute résolution de température, humidité, vents par GPS et pression, entre le niveau de vol et la surface. Des dropsondes GPS semblables sont lancées en grand nombre d’avions pour la recherche et la prévision opérationnelle. Par exemple, la prévision de la trajectoire et de l’intensité des cyclones est fondée sur les mesures de telles dropsondes. La driftsonde a été emportée avec succès sur des ballons stratosphériques du Cnes au cours de la saison cyclonique 2006 sur des vols audessus de l’Afrique et l’océan Atlantique tropical (Drobinski et al., 2006). Plus récemment, treize driftsondes ont été lancées au cours de l’expérience 2008 Thorpex Pacif ic Asian Regional Campaign (T-Parc) et ont fourni plusieurs centaines de profils atmosphériques de la basse stratosphère à la surface, au-dessus de l’océan Pacifique tropical où les mesures sont rares. La driftsonde a été modifiée pour les besoins de Concordiasi et pour améliorer ses performances grâce au retour d’expérience de T-Parc. La durée des vols pour Concordiasi sera d’au moins six semaines, comparée à environ une semaine dans les projets précédents, et il y aura plus de dix driftsondes en vol simultanément. Les modifications pour Concordiasi concerneront l’utilisation de plus de batteries et l’ajout de panneaux solaires afin de satisfaire les besoins en puissance et chauffage, des changements dans le processus de largage pour plus de fiabilité et l’amélioration du logiciel pour simplifier les opérations et permettre le traitement de plusieurs driftsondes simultanément. Au cours de l’expérience, les largages de dropsondes seront principalement ciblés sur les passages des satellites emportant Iasi et Airs pour valider l’assimilation de leurs mesures. Cependant, certaines dropsondes seront dédiées à des études de prévisibilité qui seront décrites plus loin. Les dropsondes serviront aussi à valider les mesures déduites du GPS. Traité de l’Antarctique et politique des données Avant la mise en œuvre de Concordiasi, une évaluation environnementale préalable (EEP) a été réalisée conformément aux directives du protocole de Madrid au traité de l’Antarctique, en particulier à celles contenues dans l’annexe I sur l’évaluation des impacts environnementaux. L’étude a été entreprise parce que le rejet ou le largage d’un volume minimal de déchets sur le continent Antarctique et l’océan austral faisait partie des programmes expérimentaux. Sur la base de cette EEP, l’autorité française compétente, l’administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises, a délivré l’autorisation de réaliser l’expérience (arrêté n° 2008-115, du 6 octobre 2008). Les mesures des radiosondes sont mises à disposition en temps réel sur le SMT, de même que celles de dropsondes et quelques mesures en vol (vent et température au niveau de la nacelle). Les autres mesures seront rendues disponibles au fur et à mesure de leur traitement, avec un délai espéré de six mois et un délai maximal de deux ans après la mesure, conformément à la politique des données de l’Année polaire internationale. Les mesures sont accessibles sur le site http://www.cnrm.meteo.fr/ concordiasi-dataset/. Composante modélisation En complément du volet observation, Concordiasi comporte un effort important de modélisation et d’assimilation de données. Météo-France réalisera des simulations globales et régionales à haute résolution. Le modèle global français Arpège (Fourrié et al., 2006, par exemple), développé en collaboration avec le CEPMMT, utilise une assimilation variationnelle quadridimensionnelle et a été adapté pour avoir une résolution spatiale plus forte sur l’Antarctique. Le modèle français sur domaine limité Méso-NH, ou sa version Arome, numériquement plus efficace, sera imbriqué dans Arpège, avec une résolution fine de 2,5 km. Des prévisions à mésoéchelle en temps réel seront aussi réalisées par le modèle Weather and Research Forecasting (WRF) avec l’Antarctic Mesoscale Prediction System (AMPS) [Powers et al., 2003] utilisé conjointement par le National Center for Atmospheric Research (NCAR) et l’Ohio State University. AMPS fournit un support en prévisions numériques du temps (PNT) au « Programme Antarctique » américain et une aide pour les autres pays travaillant en Antarctique. Les modèles régionaux à haute résolution sont des outils précieux pour aborder plusieurs des processus critiques pour le système climatique de la région antarctique, comme les ondes de gravité se propageant verticalement qui peuvent avoir une influence sur les nuages 46 stratosphériques, les circulations orographiques et les tourbillons de mésoéchelle conduisant à des événements précipitants intenses. De plus, les paramétrisations sophistiquées de la couche limite et de la microphysique contenues dans les modèles de mésoéchelle aideront à une meilleure description des nuages troposphériques et du brouillard. Les modèles globaux seront utilisés pour étudier les téléconnexions entre l’Antarctique et les autres régions. Une meilleure compréhension de ces liens apportera une aide pour améliorer la paramétrisation des processus physiques fondamentaux dans les modèles à larges mailles. L’effort français en modélisation comportera une composante forte en assimilation de données visant à améliorer les produits des analyses et réanalyses sur l’Antarctique. La validation des produits des modèles à échelle fine sera réalisée principalement au LGGE (Genthon et al. 2005 ; Krinner et al., 2006) à l’aide d’observations locales sur le terrain. L’impact des améliorations dans la circulation générale de l’atmosphère sur la simulation et la prévision des profils d’ozone sera aussi évalué à l’aide d’un modèle de transport-chimie. La Météorologie - n° 69 - mai 2010 des enregistrements climatiques, est donc d’utiliser le maximum de mesures utiles afin d’éviter de tirer des conclusions qui dépendent du modèle. Audessus de l’Antarctique, la rareté des mesures conventionnelles doit être compensée par l’information satellitaire, particulièrement des satellites en orbite polaire. poids a un maximum haut dans l’atmosphère peuvent être utilisés dans ces cas pour réduire les biais engendrés. La figure 2 montre un exemple de mesures supplémentaires du canal Iasi le plus bas utilisé au-dessus des glaces de mer et de la terre, qui a un maximum à 300 hPa, utilisées dans une expérience d’assimilation dans Arpège, par rapport à l’usage opérationnel. La couverture supplémentaire a apporté une amélioration dans les prévisions sur la région antarctique, dont le bénéfice s’est propagé dans le temps à d’autres régions australes. Mais cela ne représente qu’un premier pas, car nous voulons maintenant utiliser aussi les canaux qui ont un poids maximal beaucoup plus bas. Avant d’aborder le difficile sujet de la détection des nuages dans les régions polaires, nous allons étudier les problèmes de surface dans les régions où les nuages ne sont pas trop fréquents, en étudiant en détail les restitutions au-dessus de Concordia, où nous bénéficierons des radiosondages supplémentaires. Assimilation des mesures satellitaires Les études antérieures ont montré que les observations satellitaires ont un impact beaucoup plus fort sur les prévisions et les réanalyses sur l’Antarctique que dans d’autres régions plus riches en observations comme l’Arctique. Les mesures des satellites ont eu un impact et un succès significatif en assimilation de données (Bouttier et Kelly, 2001), particulièrement depuis que les techniques d’assimilation les plus avancées ont été mises en œuvre, comme le 4DVar (Rabier et al., 2000). Il reste cependant des déf is et l’utilisation des observations satellitaires doit encore être optimisée. Cette optimisation en assimilation de données est l’un des problèmes abordés dans le programme international Thorpex (Rabier et al., 2008). Elle est particulièrement nécessaire pour la nouvelle génération de sondeurs hyperspectraux, comme Airs sur Aqua, Iasi sur MetOp et le futur Cris sur NPOESS (Fourrié et Rabier, 2004, par exemple). Ces nouveaux instruments, qui font des mesures dans l’infrarouge, fournissent des informations sur les profils atmosphériques de température et d’humidité, les gaz traces et les propriétés de la surface. Les objectifs scientif iques de Concordiasi nécessitent des observations et des analyses de l’atmosphère à différentes échelles de temps. Les analyses peuvent être utilisées comme conditions initiales pour des prévisions en temps réel, qui peuvent ensuite aider à une meilleure compréhension et prévision du temps dans les régions polaires, particulièrement pour l’assistance aux opérations de terrain. Pour la recherche climatique, les réanalyses produites par les centres opérationnels sont des outils puissants pour documenter les conditions atmosphériques passées. L’élaboration d’analyses et de réanalyses repose sur des modèles numériques et les champs produits par ces modèles peuvent servir à de multiples usages, comme le calcul de paramètres dans des régions mal échantillonnées, la définition de relations entre les variables et leurs variations dans le temps et l’espace, et la détection d’erreurs d’observation. L’objectif général de l’assimilation de données, particulièrement pour l’étude Les problèmes clés pour le succès de l’assimilation des mesures des sondeurs avancés au-dessus des régions polaires sont la détection des nuages et l’évaluation de la contribution de la surface au signal mesuré. Par exemple, les nuages audessus de surfaces très froides dans une atmosphère stable apparaissent plus chauds que la surface sous-jacente dans les mesures infrarouges. C’est le contraire de ce qui est attendu dans la plupart des algorithmes de détection des nuages au-dessus des surfaces plus chaudes. De plus, les nuages stra- Figure 2 - Localisation des points de mesure du canal Iasi 306, dont le tosphériques polaires peu- poids maximal est à 300 hPa, utilisés dans un système expérimental vent altérer le signal de d’assimilation au-dessus des terres et des glaces en Antarctique. Les température atmosphé- pixels utilisés sont matérialisés par des cercles, la couleur noire indiceux qui ont été utilisés aussi dans l’assimilation opérationnelle. rique car ils sont difficiles quant Les autres couleurs signifient que ces pixels ont été utilisés seulement à détecter. Toutefois, des dans l’expérience d’assimilation (elles correspondent à la température canaux dont la fonction de brillance de la mesure de 170 à 220 K, avec un pas de 5 K). Objectifs scientifiques Le problème que nous voulons étudier est celui de la grande variabilité de la surface des régions polaires. La température et l’émissivité de la surface neigeuse dans les régions hétérogènes peuvent introduire un biais significatif dans les restitutions de la température atmosphérique puisque les canaux choisis pour fournir l’information sur la température dans la troposphère moyenne ont encore une sensibilité de 10 % aux conditions de surface (English, 2008). Les erreurs dans la modélisation de l’émission par la surface dans ces canaux peuvent donc 47 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 Figure 3 - Cartes des corrélations entre observations et simulations du canal 4 d’Amsu-A (53,3 GHz) pour août 2007 (voir texte). Sont présentés : (a) les résultats d’une expérience de contrôle ; (b) d’une expérience où l’émissivité de surface a été estimée en supposant une réflexion lambertienne ; (c) une réflexion spéculaire et (d) une réflexion spéculaire et lambertienne (50 % chaque). Les corrélations ont été calculées avec les mesures dans une cellule de 2° par 2°. détériorer le signal utile au cours de la restitution. En parallèle, des études sont réalisées pour améliorer l’estimation de l’émissivité micro-ondes sur l’Antarctique, en suivant l’approche développée par Karbou et al. (2006). Des études de faisabilité ont aussi été entreprises pour améliorer notre connaissance de la variabilité de l’émissivité de la surface en Antarctique, dans lesquelles plusieurs hypothèses sont faites sur les conditions de surface pour extraire l’émissivité. Par exemple, l’émissivité de surface de la terre est généralement tirée des observations satellitaires en supposant que la surface du sol est plate et spéculaire (Prigent et al., 1997-2000 ; Choudhury, 1993 ; Jones et Vonder Haar, 1997 ; Karbou et al., 2005 ; Morland et al., 2000-2001, entre autres). L’hypothèse spéculaire a été validée pour les surfaces sans neige (Karbou et Prigent, 2005). Matzler (2005) a remis en question l’utilisation de cette hypothèse pour les observations au nadir de surfaces ayant une faible émissivité comme la neige. En réalité, la neige diffuse significativement les microondes (Zwally, 1977) et cette hypothèse peut introduire des biais pour les observations faites avec des instruments à balayage comme Amsu-A et B. Pour étudier la sensibilité des émissivités restituées aux propriétés physiques de la surface, les émissivités dans les bandes de fréquence de l’Amsu ont été calculées en utilisant des réflexions spéculaires, lambertiennes et intermédiaires. On a trouvé que sur la figure 3. Dans l’expérience de contrôle, l’émissivité de la surface a été calculée en utilisant les modèles de Grody (1988) et de Weng et al. (2001) pour les observations de Amsu-B et A, respectivement. Pour obtenir des émissivités qui satisfassent les besoins de la prévision numérique du temps, la version non paramétrique de ces modèles a besoin de paramètres d’entrée comme la rugosité, qui ne sont pas disponibles à l’échelle de la planète. La corrélation entre observations et simulations est bien meilleure lorsque l’émissivité de surface varie dans l’espace et dans le temps. La corrélation la plus forte est obtenue pour la réflexion mixte lambertienne-spéculaire (f igure 3 en bas à droite). Des études plus approfondies sont prévues pour examiner l’impact de descriptions encore plus réalistes de l’émissivité de surface de l’Antarctique sur les analyses et les scores de prévision. Pour tirer avantage de ces nouveaux développements dans l’infrarouge et les les émissivités calculées à 50 GHz micro-ondes, un nouveau système d’aspour des observations proches du nadir similation, utilisant des mesures addisont assez sensibles aux hypothèses sur tionnelles de Airs, Iasi, Amsu-A et B, a la surface. Des simulations de la tem- été testé. Les scores sur l’hémisphère pérature de brillance dans les canaux Sud indiquent de meilleures performande sondage ont été réalisées et les ces pour le modèle (figure 4). Les prévirésultats comparés aux observations. sions à courte échéance de ce modèle Pour les simulations, à chaque canal de ont été comparées aux radiosondages sondage était assignée l’émissivité de supplémentaires réalisés à Concordia en la surface à la plus proche fréquence. septembre-novembre 2008 à 0 h UTC. Par exemple, les émissivités calculées La figure 5 montre les profils moyens à 50 GHz étaient assignées aux canaux de température et d’humidité du modèle de température d’Amsu-A (50-60 et des observations (radiosondages et GHz) et celles pour 89 GHz aux messages Synop) pour Concordia, sur canaux d’humidité d’Amsu-B. Les la période du 15 septembre au meilleurs résultats ont été obtenus en 30 novembre 2008 (soixante-dix prosupposant une réflexion 50 % spécu- fils). Les prévisions du modèle sont laire et 50 % lambertienne (Guedj et indiquées par des cercles et les observaal., 2009). Les résultats sont présentés tions par des étoiles. La figure montre aussi le profil moyen d’ozone pour la même période issu des analyses du modèle Mocage (Massart et al., 2007), sur lequel on peut observer un maximum d’ozone de 6,5 ppmv autour de 7 hPa. Ces prof ils d’ozone seront utilisés pour des calculs de transfert radiatif. Figure 4 - Moyennes zonales des différences entre les écarts quadratiques On peut voir un bon accord entre les promoyens pour le géopotentiel à 72 h dans deux expériences faites avec le modèle Arpège sur une période de trois semaines en juillet 2007. Dans la pre- fils de température du mière, seules les observations utilisées opérationnellement sont utilisées ; dans modèle et les obserla seconde, plus de mesures satellitaires sont utilisées au-dessus de vations, sauf à la surl’Antarctique. Les couleurs bleues (respectivement jaunes) indiquent que les face où l’on compare mesures supplémentaires Airs, Iasi et Amsu ont amélioré (resp. dégradé) les le modèle aux Synop ; prévisions. En abscisse, on trouve les latitudes et en ordonnée les pressions. 48 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 100 Radiosondage Prévision 100 Radiosondage Prévision 1000 10000 10000 Pression (Pa) 1000 200 220 240 260 Température (K) 280 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Humidité relative 0 1 2 3 4 5 6 7 Ozone (ppmv) Figure 5 - Profils moyens de température (à gauche) et d’humidité (au milieu) pour les prévisions Arpège et les observations à Concordia entre le 15 septembre et le 30 novembre 2008 à 00 h 00 UTC (70 cas). Les prévisions à courte échéance du modèle sont indiquées par des cercles, les observations par des étoiles. Le graphique de droite présente le profil moyen d’ozone (en ppmv) analysé par le modèle Mocage pour la même période. le modèle présente un biais chaud, 224 K contre 220 K. En ce qui concerne l’humidité relative, les observations montrent une atmosphère plus sèche que dans le modèle dans les basses couches et plus humide dans la stratosphère autour de 100 hPa. Un comportement similaire est constaté dans la troposphère pour le modèle du CEPMMT (comme il sera montré plus loin figure 8 page 51). À 400 hPa, le modèle du CEPMMT est plus humide que les mesures des radiosondes d’environ 20 %, ce qui est équivalent au biais du modèle Arpège. Comment cela se traduit-il en termes de comparaison aux observations Iasi ? Pour chaque observation de radiosonde à Concordia à 0 h UTC durant la même période, un pixel Iasi a été choisi sur la base de la proximité dans le temps et dans l’espace. Ensuite, un modèle de transfert radiatif a été utilisé avec, soit les profils des radiosondes, soit ceux issus des prévisions à courte échéance d’Arpège et comparés aux spectres d’Iasi. Les simulations utilisent le modèle RTTOV avec des coefficients tirés du modèle ligne par ligne Kcarta, une émissivité de surface de 0,99 et supposent une absence de nuages. Les statistiques sur la période de référence sont données sur la figure 6, pour un sous-ensemble de 294 canaux (du canal numéro 16 au canal 6003, correspondant aux nombres d’onde 648,75 à 2 145,5 cm-1). Les simulations utilisent les profils d’ozone produits par Mocage. Le spectre Iasi présenté est relativement plat ; les profils de température sont plutôt froids et moins contrastés qu’à d’autres latitudes. La première partie du spectre montre des variations liées à la principale bande d’émission du CO2 à différentes altitudes. De 800 à 950 cm-1, le spectre est essentiellement sensible aux propriétés de la surface. Vers 1 050 cm-1, il y a une émission correspondant à l’ozone. Autour de 1 500 cm-1, le spectre est très variable montrant les lignes d’émission/absorption de la vapeur d’eau. Sur les graphiques du milieu et du bas, on peut voir que les spectres calculés à partir des radiosondes (traits pleins) sont en bon accord avec ceux d’Iasi, avec des erreurs généralement inférieures à 4 K. Il y a un léger biais de l’ordre de 1 à 2 K dans les canaux de surface qui pourrait provenir d’un biais chaud dans les champs de surface ou correspondre à une émission/absorption par les nuages, qui ne sont pas pris en compte dans les simulations. Il y avait une forte probabilité d’occurrence de nuages à Concordia durant cette période, d’après la méthode développée par Town et al. (2007) fondée sur les mesures de rayonnement au sol. Le problème posé par les nuages sera étudié ultérieurement. En revanche, les résultats obtenus avec les profils prévus par le modèle sont trop chauds, principalement pour les canaux de surface, et moins précis dans les bandes de la vapeur d’eau (tirés). Une explication pourrait être le biais chaud dans la température de surface du modèle et la surestimation de l’humidité relative. Cette première évaluation des mesures Iasi par rapport à celles des radiosondes est tout à fait encourageante. Elle suggère que l’on peut utiliser les mesures des radiosondes et les modèles de transfert radiatif pour simuler les spectres Iasi. Elle sera utilisée pour progresser dans la restitution des paramètres et l’assimilation des données à partir des mesures Iasi, pour comprendre les problèmes des biais des modèles, des effets des nuages et des procédures d’assimilation basées sur des mesures in situ et les mesures Iasi correspondantes. La comparaison entre les profils des radiosondages de 0 et 49 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 12 h UTC a montré la présence d’un cycle diurne qui sera documenté plus avant au cours du printemps austral 2009 avec des radiosondages intensifs et des mesures en continu sur la tour instrumentée au Dôme C. Amélioration des modèles Un des aspects fondamentaux de Concordiasi consiste dans une meilleure compréhension et prévision des nuages et de l’accumulation des précipitations sur l’Antarctique. Un travail important sera consacré à la région du plateau antarctique, mais un effort significatif ciblera aussi les régions côtières où les précipitations annuelles moyennes et les effets attendus d’un changement climatique sont les plus importants (Genthon et al., 2009). La caractérisation de la variabilité interannuelle des précipitations a été améliorée très fortement dans ERA 40 à la fin des années 1980 avec l’assimilation des données des satellites météorologiques et l’utilisation de leurs mesures dans les processus d’assimilation de données (Genthon et al., 2005). Ce travail utilisera des modèles à haute résolution et des mesures in situ à Concordia et sur la côte de la terre Adélie. L’analyse des résultats de l’approche par les modèles multiéchelle suggèrera des voies pour améliorer la simulation des nuages et les processus de précipitations liés. On attend d’une meilleure utilisation des mesures satellitaires dans le modèle à grande échelle ainsi que des paramétrisations physiques détaillées dans le modèle de petite échelle qui lui est couplé, une estimation des nuages et des précipitations du meilleur niveau. L’optimisation de l’assimilation aura pour but d’améliorer ces prévisions. Les mesures in situ aideront aussi à diagnostiquer les défauts des modèles. Un des premiers résultats de la comparaison des mesures et des sorties de modèles a été l’amélioration du modèle du CEPMMT au-dessus de l’Antarctique en 2008. De fait, la comparaison pour le Dôme C a montré un biais chaud dans la basse troposphère audessus de l’Antarctique qui affectait les prévisions opérationnelles et les réanalyses. Cette découverte a conduit à une modification de l’albédo de la neige permanente avec un impact positif clair pour la période décembre-février et à un degré moindre pour juin-août. La figure 7 montre la température du sol dans le modèle du CEPMMT avant et après la modification ; on voit clairement un impact fort sur l’Antarctique. Les résultats du modèle sont maintenant tout à fait satisfaisants sur Concordia ; la figure 8 montre les écarts aux radiosondages pour la première partie de la campagne de mesure. Le biais de température au plus bas niveau de mesure des radiosondes est maintenant inférieur à 1 K. Température de brillance 270 260 Spectre Iasi 250 240 230 220 210 6 Radiosondage Iasi Prévision Iasi 4 Biais 2 0 -2 -4 -6 Écart quadratique moyen 10 8 6 4 2 0 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 Nombre d'onde (cm-1) Figure 6 - Moyennes des spectres Iasi, moyenne et écart quadratique moyen des différences entre les spectres calculés et les spectres mesurés à Concordia à 00 h 00 UTC, sur la période du 15 septembre au 30 novembre 2008 (70 profils). En haut : moyenne des spectres Iasi (exprimée en température de brillance, BT) pour le pixel le plus proche de Concordia à l’instant le plus proche de 00 h 00 UTC, pour les 294 canaux transmis sur le SMT (canaux numéro 16 à 6003, correspondant aux nombres d’onde 648,75 à 2 145,5 cm-1). Au milieu et en bas, respectivement : biais et écart quadratique moyen des différences entre spectres calculés et spectres mesurés. Les spectres simulés utilisent, soit les profils des radiosondages (trait plein), soit les prévisions à courte échéance du modèle (tirets) pour la température et l’humidité. Pour les simulations avec les radiosondages, on a utilisé les mesures synoptiques au sol (valeurs indiquées au plus bas niveau des profils dans la figure 5). Les deux simulations utilisent les profils d’ozone analysés par Mocage. 50 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 Études de prévisibilité et impact sur les latitudes moyennes Un des buts majeurs de Concordiasi est l’amélioration de la prévision des phénomènes météorologiques sur les régions polaires australes et une meilleure compréhension de leur prévisibilité. Aux latitudes moyennes, on a montré que l’addition de mesures in situ ciblées, fondées sur des informations de prévisibilité, peut améliorer les prévisions – exemple, la campagne de mesure WSRP (Winter Storm Reconnaissance Program) ; Szunyogh, 2002. L’idée de base consiste à augmenter le nombre de mesures dans les régions où l’amélioration de la précision des analyses (la qualité des conditions initiales, par exemple) a une forte rentabilité en termes d’amélioration des prévisions. Pouvons-nous appliquer cette méthode aux régions polaires ? Cela semble probable puisque cette approche a montré un impact plus fort dans les régions à faible densité de mesures quand les conditions initiales sont mal définies. Les observations des driftsondes sont idéales pour une expérimentation dans ce contexte. On prévoit de rassembler des informations sur la prévisibilité, avec la collaboration du CEPMMT à l’aide d’une version de son modèle de prévision d’ensemble, ciblées sur les hautes latitudes pour réaliser des observations dans les régions sensibles, et de façon uniforme, puis de comparer ensuite les résultats de l’assimilation des deux types de mesures. Les campagnes récentes d’observation adaptative ont utilisé, soit des supports dédiés pour les observations, soit des opportunités. Les avions de recherche sont un exemple type de support dédié, avec un contrôle presque total sur les mesures supplémentaires ; de telles mesures ont été utilisées dans WSRP, par exemple. Cependant, ces supports dédiés ont un coût élevé. Des plates-formes d’observation de routine (stations de radiosondage, par exemple) qui sont activées à la demande en dehors de leur programme d’observation normal ont joué le rôle de plates-formes d’opportunité au cours de l’expérience NA-Trec (Northern Atlantic-Thorpex Regional Campaign), en 2003 (Leutbecher et al., 2004 ; Mansfield et al., 2005) et au cours de la campagne de mesure DTS (Data Targeting System) en 2008. Les driftsondes représentent un compromis entre ces deux approches. Bien que la dérive du ballon ne puisse pas être contrôlée, le vortex polaire et le nombre important de Figure 7 - Cartes des températures sous abri dans le modèle du CEPMMT, moyennées sur un an débutant le 1er août 2008 et sur quatre membres de simulations à la résolution T159L91, avec les températures de surface de la mer ERA40. En haut : température moyenne de la version opérationnelle en 2008 du modèle du CEPMMT. Au milieu : température obtenue avec la modification de l’albédo de la neige permanente. En bas : différence entre les deux températures. ballons lancés conduisent à un système temporaire de mesures additionnelles suffisamment dense pour jouer le rôle d’un réseau adaptatif efficace. Au vu des propriétés de tels réseaux, il n’est pas nécessaire de rechercher des phénomènes spécifiques avec la procédure ciblée utilisée dans Concordiasi. Par conséquent, le domaine d’intérêt est d’abord la calotte polaire et ensuite les basses latitudes (Australie, Tasmanie). La stratégie d’échantillonnage sera d’activer les ballons volant au-dessus de régions à haute sensibilité, même lorsque les régions les plus sensibles sont ailleurs et ne peuvent pas être survolées par des ballons. Elle prévoit de lancer environ un tiers des dropsondes au-dessus des régions sensibles autour de 18 h UTC et le restant au passage des satellites quelle que soit l’heure. Les lancers de dropsondes auront lieu pendant une période de quelques semaines à partir de septembre 2010. Les zones sensibles au-dessus de l’Antarctique ont été déduites des vecteurs singuliers (Buizza et Palmer, 1995) avec une période d’optimisation de un jour ; elles sont situées aux marges des régions englacées, ce qui correspond au domaine d’intérêt de Concordiasi. Cette sensibilité peut être expliquée par le maximum du taux de croissance d’Eady (Hoskins et al., 2000) dans les régions situées au nord de 60° S. Les vecteurs singuliers sont connus pour imiter grossièrement ce champ quand ils ne sont pas contraints géographiquement comme dans les calculs actuels. On peut espérer qu’avec une période d’optimisation plus longue, ces régions sensibles se rapprocheront du champ de taux de croissance d’Eady et s’étireront plus vers le nord. L’expérience de l’analyse des erreurs importantes en prévision numérique à moyenne échéance à l’Australian Bureau of Meteorology a montré que leur origine est située aux latitudes sous-polaires (55-70° S). C’est particulièrement vrai pour beaucoup des systèmes identif iés dans le programme scientifique Thorpex pour l’hémisphère Sud, comme les forts événements pluvieux associés à des gouttes froides, les cyclones tropicaux pris dans la circulation des moyennes latitudes et les événements météorologiques propices aux incendies. Les mesures de l’expérience serviront de base à des expériences d’assimilation de données dans divers scénarios d’observation pour évaluer le potentiel des driftsondes pour améliorer les systèmes de prévision numérique du temps sur la calotte polaire et plus généralement sur l’hémisphère Sud. L’impact sur les latitudes plus basses sera évalué en particulier par le Centre for Australian Weather and Climate Research, en Australie, pour les systèmes globaux et régionaux. Cela mettra en œuvre des calculs adjoints d’impact des observations (Zhu et Gelaro, 2008) et de plus traditionnelles expériences de systèmes d’observation dans le contexte de l’assimilation 4D-VAR (Rawlins et al., 2007). Les premiers donnent des informations détaillées sur l’influence de chacune des observations à courte échéance (moins de 48 heures) et les dernières fournissent des informations plus générales sur des échéances plus longues. Structure lagrangienne de l’écoulement et assimilation de données Les trajectoires des ballons stratosphériques surpressurisés (SPB) seront utilisées pour mieux comprendre le contrôle exercé par le vortex polaire sur le mouvement des particules d’air au cours de son processus d’affaiblissement et de rupture. Jusqu’à présent, la dispersion de ballons surpressurisés dans la basse stratosphère a été étudiée avec la base de données Eole (Morel et Bandeen, 51 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 Concordia 15 septembre - 30 novembre 2008 0 3 6 9 12 15 -60 -45 -30 -15 0 15 0 20 40 60 80 100 0 0/ 0 0 5 63/ 9 5 56/ 56 10 252/ 6 10 212/ 212 20 283/ 1 20 195/ 195 30 259/ 0 30 115/ 115 50 246/ 1 50 33/ 33 70 186/ 0 70 0/ 0 100 154/ 0 100 0/ 0 150 154/ 0 150 0/ 0 200 187/ 0 200 0/ 0 250 201/ 0 250 0/ 0 300 235/ 0 300 0/ 0 400 288/ 0 400 11/ 0 500 427/ 0 500 185/ 0 700 528/ 189 700 189/ 1 850 0/ 0 850 0/ 0 925 0/ 0 925 0/ 0 1000 0/ 0 100 0 0 1 2 3 4 5 -2 -1,5 -1 -0,5 Écart quadratique moyen (T) 0 0,5 Biais (T) 1 1,5 2 0/ 0 0 20 40 60 80 100 0/ 0 0 10 20 30 40 Écart quadratique moyen (H) -40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40 Biais (H) Figure 8 - Différences entre les profils verticaux mesurés, analysés et prévus à courte échéance par le modèle du CEPMMT, de température (à gauche) et d’humidité (à droite) à Concordia, sur la période du 15 septembre au 30 novembre 2008. Les différences entre observations et prévisions à courte échéance sont représentées par des traits pleins et les différences entre observations et analyses par des tirets. Les biais sont en rouge et les écarts quadratiques moyens en bleu. Les pointillés représentent la moyenne et la variabilité des observations ; leurs unités sont en haut des figures. Ces profils ont été calculés à l’aide des données brutes aux niveaux standard et significatifs. Le nombre des données utilisées dans les calculs est indiqué dans les colonnes centrales des graphiques. 1973) et révélé plusieurs régimes, de la dispersion exponentielle aux plus petites échelles, à la superdiffusion aux échelles de 100 à 500 km et la diffusion aux plus grandes échelles (Lacorata et al., 2004). D’un autre côté, Joseph et Legras (2002) ont calculé des exposants de Lyapounov sur un temps f ini (FTLE) sur des champs analysés pour étudier la dynamique du vortex stratosphérique. Cette méthode permet de quantifier le taux de dispersion de particules fluides en mesurant l’écartement de leurs trajectoires après un temps déterminé. Les FTLE ont été utilisés pour localiser les régions de maximum de contraction ou expansion des particules d’air, et par conséquent identif ier les variétés hyperboliques des écoulements dans la basse stratosphère. Les variétés hyperboliques invariantes gouvernent le transport et le mélange dans les systèmes dynamiques : les variétés stables et instables agissent comme des lignes matérielles répulsives ou attractives, respectivement. Lorsque des écoulements turbulents dépendent du temps, des variétés stables et instables peuvent se rencontrer dans ce que l’on appelle une trajectoire hyperbolique. Deux particules fluides initialement proches de chaque côté de la variété stable s’approcheront de la trajectoire hyperbolique et divergeront de chaque côté de la variété instable après un temps suffisamment long. Par conséquent, les variétés invariantes constituent une barrière que les particules fluides ne peuvent pas franchir. Des résultats préliminaires (de la Camara et al., 2009) montrent que deux ballons SPB de la campagne Vorcore près du bord du vortex polaire – défini par de forts gradients de tourbillon potentiel – ont quitté le vortex en rejoignant une langue du vortex éjectée par celui-ci. La langue d’air est la signature du déferlement d’une onde. De plus, une intersection de maxima de FLTE en avant et en arrière – approximativement variétés stable et instable – est localisée sur la langue, indiquant la présence d’une trajectoire hyperbolique. Les ballons de Concordiasi donneront de nouvelles possibilités pour étudier ces problèmes dans un contexte 3D. Il y a aussi un fort intérêt à utiliser les observations au niveau de vol des ballons directement dans un système d’assimilation. Il n’y a pas d’observations de vent par les satellites au niveau de la basse stratosphère (les vents Modis atteignent seulement 250 hPa environ). La campagne Vorcore a produit des vents déduits de la position des ballons à 50 et 70 hPa au printemps austral 2005. Ces vents sont suffisamment denses pour avoir un impact significatif sur la qualité des analyses de vent audessus de l’Antarctique, qui à leur tour améliorent les calculs de transport d’ozone et la qualité de sa prévision au cours de la rupture du vortex polaire. La figure 9 illustre le résultat de l’assimilation des vents dérivés par le système 3D-VAR Geos 5 (Rienecker et al., 2007), du 5 septembre au 19 décembre 2005. La différence entre les prévisions à six heures avec et sans assimilation des vents Vorcore montre seulement une faible amélioration pour les 60 premiers jours, suivie par une beaucoup plus forte à partir du 61e jour (6 novembre 2005), le moment où le vortex polaire commence sa rupture. Cela indique que la prévision du processus de rupture, de nature instable (et difficile à prévoir), profite de l’information sur les vents contenue dans la trajectoire des ballons. L’assimilation des vents dérivés des trajectoires des ballons n’utilise pas toute l’information contenue dans celles-ci, 52 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 qui est lagrangienne par nature. Pour tirer complètement parti de cette nature, c’est la position des ballons elle-même qu’il faut assimiler (Ide et al., 2002). Cette approche, appelée méthode d’assimilation de données lagrangiennes (Lada) a été appliquée à l’océan (Salman et al., 2006), et les trajectoires des ballons Vorcore et Concordiasi sont la première opportunité pour appliquer cette technique à l’atmosphère. Dans Lada, des prévisions de la position des ballons sont faites à l’aide d’un modèle de circulation générale. Aux heures d’analyse (c’est-à-dire toutes les six heures), la différence entre la position réelle du ballon et sa position calculée est utilisée pour corriger le champ de vent à l’aide, soit de la covariance d’erreur de modèle (pour un filtre de Kalman d’ensemble, EnKF), soit du modèle adjoint (pour un système 4D-VAR). On a montré que Lada est plus efficace que les systèmes qui utilisent les vents dérivés pour contraindre les vortex instables. Le développement de capacités d’assimilation lagrangiennes à la fois dans 4DVAR et EnKF est en cours au Global Modeling and Assimilation Office et à l’université du Maryland. Réduction d’ozone, nuages stratosphériques polaires et dynamique stratosphérique La couche d’ozone est un élément important du système environnemental terrestre car il protège la biosphère des rayonnements ultraviolets (UV) et réchauffe la stratosphère. À chaque printemps austral, la stratosphère polaire de l’hémisphère Sud subit la plus forte baisse d’ozone de l’atmosphère terrestre. La variabilité interannuelle du trou d’ozone est principalement due à des facteurs dynamiques, comme l’activité des ondes stratosphériques qui module de façon significative la température de la stratosphère et donc la possibilité de formation de nuages stratosphériques polaires (PSC, Polar Stratospheric Cloud). Des ballons de longue durée déployés durant Concordiasi emporteront des instruments qui fourniront des informations sur les processus de formation des PSC contenant des trihydrates d’acide nitrique (NAT), les particules formant les PSC ayant la plus longue durée, et sur les variations d’ozone le long de surfaces quasi lagrangiennes. Ces informations sont très importantes pour les processus stratosphériques qui affectent l’ozone, en particulier les liens entre la chimie, la dynamique et la microphysique des nuages. Vorcore et les vols de ballons surpressurisés précédents ont montré que les ondes de gravité de mésoéchelle de période supérieure à une heure peuvent être complètement caractérisées à l’aide de mesures sur ces ballons (Hertzog et al., 2002). Les observations en vol durant Concordiasi seront effectuées plus fréquemment que durant Vorcore (une par minute au lieu d’une toutes les 7 Observations - Prévisions sans ballons Observations - Prévisions avec ballons assimilés Observations - Analyses sans ballons Écart quadratique moyen 6 Observations - Analyses avec ballons assimilés 5 4 3 2 1 0 20 40 60 80 100 120 Jours d'assimilation Figure 9 - Écarts quadratiques moyens entre les analyses (traits pleins) ou les prévisions (traits tiretés) Geos 5 et les vents dérivés de Vorcore. Les courbes concernent les assimilations avec les mesures satellitaires sans (lignes bleues) et avec (lignes rouges) vents dérivés des ballons. La période d’assimilation va du 5 septembre (jour 1) au 19 décembre 2005 (jour 105). quinze minutes), ce qui permettra d’obtenir des informations plus détaillées sur les ondes de gravité de haute fréquence. Plusieurs autres améliorations seront apportées par rapport aux mesures de Vorcore ; la précision des mesures de pression et de température sera meilleure, et le système bifréquence GPS donnera des altitudes plus précises permettant la séparation des champs d’altitude et de pression. Cela permettra d’améliorer l’estimation du flux de quantité de mouvement associé à ces ondes et de caractériser plus précisément leur rôle dans la circulation de Brewer-Dobson dans l’atmosphère moyenne. Il existe encore des incertitudes dans les constantes des réactions catalytiques qui détruisent l’ozone : en particulier, les estimations en laboratoire du taux de photolyse du dimère de ClO sont en fort désaccord, et les plus récentes (Pope et al., 2007) sont trop faibles pour expliquer la diminution d’ozone observée, dans le cadre de notre connaissance de la chimie de l’ozone (Frieler et al., 2006 ; Santee et al., 2008, par exemple). En complément aux mesures météorologiques déjà mentionnées, le Laboratoire de météorologie dynamique (LMD) et l’université du Colorado développent des capteurs, petits et légers, capables de faire des observations d’ozone au cours de vols de longue durée. Les SPB se comportant approximativement comme des traceurs lagrangiens, au moins pendant quelques jours, les informations recueillies le long de leurs trajectoires permettront d’estimer les taux de destruction de l’ozone. Les observations de température, de la position (et donc de l’angle solaire zénithal), chaque minute, et de la concentration d’ozone typiquement toutes les 10 à 30 minutes apporteront de fortes contraintes sur les taux catalytiques. Ils aideront aussi à déterminer les régions du vortex polaire antarctique où la destruction d’ozone se ferait préférentiellement, comme le côté sous le vent de la péninsule Antarctique. Les observations météorologiques et chimiques seront complétées par des mesures microphysiques. Des compteurs de particules réalisés pour des mesures dans les PSC accompagneront quatre des capteurs d’ozone. Il sera donc possible d’obtenir une information directe sur les liens entre la nucléation des particules (spécialement celle des NAT) et l’histoire de la température de la particule d’air. En particulier, il sera possible de déterminer l’importance relative des refroidissements d’échelle 53 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 synoptique et mésoéchelle (ondes de gravité) sur la formation des PSC, qui reste encore incertaine. Dans le cadre du projet, des expériences d’assimilation d’ozone stratosphérique seront aussi réalisées. Le caractère opérationnel de la mission MetOp est une incitation forte à la fois à des initiatives pour des prévisions en temps quasi réel et opérationnel de la composition chimique (voir Hollingsworth et al., 2008, par exemple), et pour réaliser des recherches sur le bilan global d’ozone et sa tendance pour les quinze prochaines années. Dans ce domaine, l’impact des améliorations dues aux observations supplémentaires de Concordiasi sur les simulations et les prévisions des profils d’ozone sera évalué avec le modèle français de chimie et transport et le système d’assimilation Mocage-Palm, développé en collaboration entre le Centre national de recherches météorologiques/Groupe d’étude de l’atmosphère météorologique (CNRM/ Game), le Laboratoire d’aérologie et le Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). Ce modèle peut assimiler des données satellitaires chimiques de niveau 2, généralement en utilisant une technique variationnelle 3D. Mocage/Palm offre plusieurs options pour la représentation de la chimie atmosphérique allant de paramétrisations linéaires, très efficaces en temps de calcul, à un système détaillé pour la troposphère et la stratosphère (118 espèces, incluant aussi les processus de chimie hétérogène dans les PSC). De bons résultats ont déjà été obtenus avec ce système (Geer et al., 2006, par exemple). L’assimilation des mesures d’ozone dans le cadre de Concordiasi sera réalisée à très haute résolution horizontale et verticale (0,5°, 60 ou 90 niveaux), actuellement disponible dans Mocage-Palm. Il fournira un cadre signif icativement meilleur dans lequel représenter et quantifier les processus dynamiques et chimiques dans cette région à forts gradients horizontaux et verticaux. Les progrès attendus en assimilation de données météorologiques et le jeu de données indépendantes de vérification qui sera obtenu constituent une valeur ajoutée majeure à cette étude. Le système d’assimilation Mocage-Palm a déjà été utilisé pour évaluer la qualité des mesures satellitaires d’ozone (Massart et al., 2007) ; il a aussi été utile pour surmonter les défauts possibles du modèle. Les analyses d’ozone obtenues avec ce système ont été utilisées Figure 10 - Analyses d’ozone (en ppmv) Mocage-Palm 3D sur la surface isentrope 500 K dans l’hémisphère Sud pour le 12 septembre 2008 avec les mesures Iasi (à gauche) et Aura/MLS (à droite). dans de nombreuses études en relation avec la perte d’ozone dans le vortex arctique (El Amraoui et al., 2008b), les échanges entre les tropiques et les latitudes moyennes (Bencherif et al., 2007), entre la troposphère et la stratosphère (Semane et al., 2007) et entre le vortex polaire et les latitudes moyennes (El Amraoui et al., 2008a). Des expériences préliminaires d’assimilation de la colonne totale d’ozone d’Iasi ont été réalisées pour la période septembre-octobre 2008 et les résultats comparés aux analyses obtenues avec le même système et les profils d’ozone Aura/MLS. Une illustration des résultats de la comparaison sur la surface isentrope 500 K est donnée pour le 12 septembre 2008 (figure 10). Sans surprise, on trouve un accord qualitatif entre les deux champs, spécialement en ce qui concerne la structure du vortex polaire qui est largement pilotée par la dynamique. Toutefois, dans les produits MLS, le vortex est sensiblement plus intense et les concentrations d’ozone plus élevées aux latitudes moyennes. Une validation des deux jeux de données d’assimilation par rapport à des mesures indépendantes est en cours. Conclusion Le projet Concordiasi est construit autour d’une coopération internationale, la combinaison de mesures innovantes et d’une composante modélisation, et une expertise scientifique étendue. Il se concentre sur une meilleure analyse et prévision du temps sur l’Antarctique, notamment les nuages et l’accumulation de neige, et sur une meilleure compréhension de la diminution d’ozone dans les régions polaires. Notre intention est de contribuer aux objectifs de l’Année polaire internationale, qui durera longtemps après sa fin officielle. En particulier, on espère que les connaissances acquises au cours de l’expérience aidera à une meilleure utilisation des mesures satellitaires au-dessus des pôles, au bénéfice de la prévision numérique du temps et de la surveillance de l’ozone et du climat. Remerciements Concordiasi a été développé par une équipe scientifique internationale et est soutenu par les organismes suivants : Météo-France, le Centre national d’études spatiales (Cnes), l’Institut polaire Paul-Émile Victor (Ipev), le Programma Nazionale Ricerche in Antartide (PNRA), le Centre national de la recherche scientifique/Institut national des sciences de l’univers (CNRS/Insu), la National Science Foundation (NSF), l’University Corporation for Atmospheric Research (Ucar), l’université du Wyoming, l’université Purdue, celle du Colorado et le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT). Les deux organismes polaires opérationnels PNRA et Ipev sont remerciés pour leur soutien à la station Concordia et sur la côte de la Terre Adélie. La NSF est remerciée pour son soutien à la base de McMurdo. Concordiasi fait partie de l’ensemble Thorpex-IPY au sein de l’Année polaire internationale. Plus d’informations sur Concordiasi sont disponibles sur le site http://www.cnrm.meteo.fr/ concordiasi/. 54 La Météorologie - n° 69 - mai 2010 Bibliographie Bencherif H., L. El Amraoui, N. Semane, S. Massart, D. C. Vidyaranya, A. Hauchecorne et V.-H. Peuch, 2007 : Examination of the 2002 major warming in the southern hemisphere using ground-based and Odin/SMR assimilated data: Stratospheric ozone distributions and tropic/mid-latitude exchange. Can. J. Phys., 85, 1287-1300. Boccara G., A. Hertzog, C. Basdevant et F. Vial, 2008 : Accuracy of NCEP/NCAR reanalyses and ECMWF analyses in the lower stratosphere over Antarctica in 2005. J. Geophys. Res., 113, D20115, DOI: 10.1029/2008JD010116. Bouttier F. et G. Kelly, 2001 : Observing-system experiments in the ECMWF 4D-Var data assimilation system. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 127, 1469-1488. Buizza R. et T. N. Palmer, 1995 : The singular-vector structure of the atmospheric global circulation. J. Atmos. Sci., 52, 1434-1456. Choudhury B. J., 1993 : Reflectivities of selected land surface types at 19 and 37 GHz from SSM/I observations. Remote Sens. Environ., 46, 1-17. de la Cámara A., C. R. Mechoso, K. Ide, R. Walterscheid et G. Schubert, 2009 : Polar night vortex breakdown and large-scale stirring in the southern stratosphere. Climate Dyn., DOI: 10.1007/s00382-009-0632-6. Drobinski P. et al., 2006 : Des ballons stratosphériques traquent la mousson africaine. La Météorologie, 8e série, 55, 2-3. El Amraoui L., N. Semane, V.-H. Peuch et M. L. Santee, 2008a : Investigation of dynamical processes in the polar stratospheric vortex during the unusually cold winter 2004/2005. Geophys. Res. Lett., 35, L03803, DOI: 10.1029/2007GL031251. El Amraoui L., V.-H. Peuch, P. Ricaud, S. Massart, D. Cariolle, H. Teyssèdre et F. Karcher, 2008b : Ozone loss in the 2002-2003 Arctic vortex deduced from the assimilation of Odin/SMR O3 and N2O measurements: N2O as a dynamical tracer. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 134, 217-228. English S. J., 2008 : The importance of accurate skin temperature in assimilating radiances from satellite sounding instruments. IEEE Trans. Geosci. Remote Sens., 46, 403-408. Farman J. C., B. G. Gardiner et J. D. Shanklin, 1985 : Large losses of ozone in Antarctica. Nature, 315, 207-210. Fourrié N. et F. Rabier, 2004 : Cloud characteristics and channel selection for IASI radiances in meteorologically sensitive areas. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 130, 1839-1856. Fourrié N., D. Marchal, F. Rabier, B. Chapnik et G. Desroziers, 2006 : Impact study of the 2003 North Atlantic THORPEX regional campaign. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 132, 275-295. Frieler K. et al., 2006 : Toward a better quantitative understanding of polar stratospheric ozone loss. Geophys. Res. Lett., 33, L10812, DOI: 10.1029/2005GL025466. Garrison J. L., J. S. Haase, B. D. Ventre, E. Calais, M. Sommerville, M. H. Boehme et S. J. Katzberg, 2005 : The GNSS Instrument System for Multistatic and Occultation Sensing (GISMOS) on the High Performance Instrumented Airborne Platform for Environmental Research (HIAPER). GNSSR-05 GNSS Reflections Workshop, University of Surrey, Surrey, Royaume-Uni. Geer A. J. et al., 2006 : The ASSET intercomparison of ozone analyses: Method and first results. Atmos. Chem. Phys., 6, 5445-5474. Genthon C., S. Kaspari et P. A. Mayewski, 2005 : Interannual variability of the surface mass balance of West Antarctica from ITASE cores and ERA40 reanalyses, 1958-2000. Climate Dyn., 24, DOI: 10.1007/s00382-005-0019-2. Genthon C., G. Krinner et H. Castebrunet, 2009 : Antarctic precipitation and climate-change predictions: Horizontal resolution and margin vs plateau issues. Ann. Glaciol., 50, 55-60. Grody N. C., 1988 : Surface identification using satellite microwave radiometers. IEEE Trans. Geosci. Remote Sens., 26, 850-859. Guedj S., F. Karbou, F. Rabier et A. Bouchard, 2009 : Toward a better modelling of surface emissivity to improve AMSU data assimilation over Antarctica. IEEE Trans. Geosci. Remote Sens., 48, 4, 1976-1985. Hertzog A., F. Vial, C. R. Mechoso, C. Basdevant et P. Cocquerez, 2002 : Quasi-Lagrangian measurements in the lower stratosphere reveal an energy peak associated with near-inertial waves. Geophys. Res. Lett., 29, 1229, DOI: 10.1029/2001GL014083. Hertzog A. et al.., 2007 : Stratéole/Vorcore - Longduration, superpressure balloons to study the Antarctic lower stratosphere during the 2005 winter. J. Atmos. Oceanic Technol., 24, 2048-2061. Hertzog A., G. Boccara, R. A. Vincent, F. Vial et P. Cocquerez, 2008 : Estimation of gravity wave momentum flux and phase speeds from quasi-Lagrangian stratospheric balloon flights. Part II: Results from the Vorcore campaign in Antarctica. J. Atmos. Sci., 65, 3056-3070. Hollingsworth A. et al., 2008 : Toward a monitoring and forecasting system for atmospheric composition: The GEMS project. Bull. Amer. Meteor. Soc., 89, 1147-1164. Hopfner M. et al., 2006 : MIPAS detects Antarctic stratospheric belt of NAT PSCs caused by mountain waves. Atmos. Chem. Phys., 6, 1221-1230. Hoskins B. J., R. Buizza et J. Badger, 2000 : The nature of singular vector growth and structure. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 126, 1565-1580. Ide K., L. Kuznetsov et C. K. R. T. Jones, 2002 : Lagrangian data assimilation for point vortex system. J. Turbul., 3, DOI:10.1088/1468-5248/3/1/053. Jones A. S. et T. H. Vonder Haar, 1997 : Retrieval of microwave surface emittance over land using coincident microwave and infrared satellite measurements. J. Geophys. Res., 102 (D12), 13609-13626. Joseph B. et B. Legras, 2002 : Relation between kinematic boundaries, stirring, and barriers for the Antarctic polar vortex. J. Atmos. Sci., 59, 1198-1212. Karbou F. et C. Prigent, 2005 : Calculation of microwave land surface emissivity from satellite observations: Validity of the specular approximation over snow-free surfaces? IEEE Trans. Geosci. Remote Sens. Lett., 2, 311-314. Karbou F., C. Prigent, L. Eymard et J. R. Pardo, 2005 : Microwave land emissivity calculations using AMSU measurements. IEEE Trans. Geosci. Remote Sens., 43, 948-959. Karbou F., E. Gérard et F. Rabier, 2006 : Microwave land emissivity and skin temperature for AMSU-A and -B assimilation over land. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 132, 2333–2355. Krinner G., O. Magand, I. Simmonds, C. Genthon et J.-L. Dufresne, 2006 : Simulated Antarctic precipitation and surface mass balance at the end of the 20th and 21st centuries. Climate Dyn., 28, 215-230. Kursinski E. R., G. A. Hajj, K. R. Hardy, J. T. Schofield et R. Linfield, 1997 : Observing Earth’s atmosphere with radio occultation measurements. J. Geophys. Res., 102, 23429-23465. Lacorata G., E. Aurell, B. Legras et A. Vulpiani, 2004 : Evidence for a k−5/3 spectrum from the EOLE Lagrangian balloons in the low stratosphere. J. Atmos. Sci., 61, 2936-2942. Larsen N. et al., 2004 : Formation of solid particles in synoptic-scale Arctic PSCs in early winter 2002/2003. Atmos. Chem. Phys., 4, 2001-2013. Leutbecher M., A. Doerenbecher, F. Grazzini et C. Cardinali, 2004 : Planning of adaptive observations during the Atlantic THORPEX regional campaign 2003. ECMWF Newsletter, No. 102, ECMWF, Reading, Royaume-Uni, 16-25. Mansfield D., D. Richardson et B. Truscott, 2005 : An overview of the Atlantic THORPEX Regional Campaign, A-TRec. Proc. THORPEX Science Symp., Montreal, QC, Canada, World Meteorological Organization. La Météorologie - n° 69 - mai 2010 55 Massart S., A. Piacentini, D. Cariolle, L. El Amraoui et N. Semane, 2007 : Assessment of the quality of the ozone measurements from the Odin/SMR instrument using model assimilation. Can. J. Phys., 85, 1209-1223. Matzler C., 2005 : On the determination of surface emissivity from satellite observations. IEEE Trans. Geosci. Remote Sens. Lett., 2, 160-163. Morel P. et W. Bandeen, 1973 : The EOLE experiment: Early results and current objectives. Bull. Amer. Meteor. Soc., 54, 298-306. Morland J. C., D. I. F. Grimes, G. Dugdale et T. J. Hewison, 2000 : The estimation of land surface emissivities at 24 GHz to 157 GHz using remotely sensed aircraft data. Remote Sens. Environ., 73, 323-336. Morland J. C., D. I. F. Grimes et T. J. Hewison, 2001 : Satellite observations of the microwave emissivity of a semi-arid land surface. Remote Sens. Environ., 77, 149-164. Plougonven R., A. Hertzog et H. Teitelbaum, 2008 : Observations and simulations of a large-amplitude mountain wave breaking over the Antarctic Peninsula. J. Geophys. Res., 113, D16113, DOI: 10.1029/2007JD009739. Pope F. D., J. C. Hansen, K. D. Bayes, R. R. Friedl et S. P. Sander, 2007 : The ultraviolet absorption spectrum of chlorine peroxide, ClOOCl. J. Phys. Chem., 111, 4322-4332. Powers J. G., A. J. Monaghan, A. M. Cayette, D. H. Bromwich, Y.-H. Kuo et K. W. Manning, 2003 : Real-time mesoscale modeling over Antarctica: The Antarctic Mesoscale Prediction System. Bull. Amer. Meteor. Soc., 84, 1533-1545. Prigent C. et W. B. Rossow, 1999 : Retrieval of surface and atmospheric parameters over land from SSM/I: Potential and limitation. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 125, 2379-2400. Prigent C., W. B. Rossow et E. Matthews, 1997 : Microwave land surface emissivities estimated from SSM/I observations. J. Geophys. Res., 102, 21867-21890. Prigent C., W. B. Rossow et E. Matthews, 1998 : Global maps of microwave land surface emissivities: Potential for land surface characterization. Radio Sci., 33, 745-751. Prigent C., J.-P. Wigneron, W. B. Rossow et J. R. Pardo-Carrion, 2000 : Frequency and angular variations of land surface microwave emissivities: Can we estimate SSM/T and AMSU emissivities from SSM/I emissivities? IEEE Trans. Geosc. Remote Sens., 38, 2373-2386. Rabier F., H. Järvinen, E. Klinker, J.-F. Mahfouf et A. Simmons, 2000 : The ECMWF operational implementation of 4D variational assimilation. Part I: Experimental results with simplified physics. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 126, 1143-1170. Rabier F. et al., 2008 : An update on THORPEX related research in data assimilation and observing strategies. Nonlinear Processes Geophys., 15, 81-94. Rawlins F. et al., 2007 : The Met Office global four-dimensional variational data assimilation scheme. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 133, 347-362. Rienecker M. M. et al., 2007 : The GEOS-5 data assimilation system: A documentation of GEOS-5.0. NASA Tech. Rep. TM-104606, vol. 27. Salman H., L. Kuznetsov, C. K. R. T. Jones et K. Ide, 2006 : A method for assimilating Lagrangian data into a shallow-water equation ocean model. Mon. Wea. Rev., 134, 1081-1101. Santee M. L. et al., 2008 : A study of stratospheric chlorine partitioning based on new satellite measurements and modeling. J. Geophys. Res., 113, D12307, DOI: 10.1029/2007JD009057. Semane N., V.-H. Peuch, L. El Amraoui, H. Bencherif, S. Massart, D. Cariolle, J.-L. Attié et R. Abida, 2007 : An observed and analysed stratospheric ozone intrusion over the high Canadian Arctic UTLS region during the summer of 2003. Quart. J. Roy. Meteor. Soc., 133, 171-178. Szunyogh I., Z. Toth, A. V. Zimin, S. Majumdar et A. Persson, 2002 : Propagation of the effect of targeted observations: The 2000 Winter Storm Reconnaissance Program. Mon. Wea. Rev., 130, 1144-1165. Tolbert M. A. et O. B. Toon, 2001 : Solving the PSC mystery. Science, 292, 61-63. Town M. S., V. P. Walden et S. G. Warren, 2007 : Cloud cover over the South Pole from visual observations, satellite retrievals, and surface-based infrared radiation measurements. J. Climate, 20, 544-559. Vincent R. A., A. Hertzog, G. Boccara et F. Vial, 2007 : Quasi-Lagrangian superpressure balloon measurements of gravity-wave momentum fluxes in the polar stratosphere of both hemispheres. Geophys. Res. Lett., 34, L19804, DOI: 10.1029/2007GL031072. Weng F., B. Yan et N. Grody, 2001 : A microwave land emissivity model. J. Geophys. Res., 106 (D17), 20 115-20123. Zhu Y. et R. Gelaro, 2008 : Observation sensitivity calculations using the adjoint of the Gridpoint Statistical Interpolation (GSI) analysis system. Mon. Wea. Rev., 136, 335-351. Zwally H. J., 1977 : Microwave emissivity and accumulation rate of polar firn. J. Glaciol., 18, 195-215.