Une comparaison entre procédés offset et flexo - WAN-IFRA

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Une comparaison entre procédés offset et flexo - WAN-IFRA
» www.ifra-nt.com
Interview
octobre 2006
techniques de presse
Charlotte Janischewski
Le choix de Rizzoli pour le Corriere della Sera
Une comparaison entre
procédés offset et flexo
Sergio Vitelli
Consultant
La Stampa
Turin, Italie
Sergio Vitelli est ingénieur
en économie et a travaillé
dix ans dans le secteur des
technologies de l’information avant d’entrer, en
1980, au quotidien italien
Il Messagero en qualité de
directeur technique. De
1994 à 1995, il a été
directeur général d’Editoriale Omnibus, la société
d’édition du quotidien
L’Informazione. En 1996,
il est entré chez RCS
Quotidiani, la division
journaux de Rizzoli
Corriere della Sera (RCS),
à Rome, où il a d’abord
occupé les fonctions de
directeur de la production,
responsable à ce titre de la
coordination et de la
production des quotidiens
Corriere della Sera et
Gazzetta dello Sport, avant
d’être nommé directeur
technique en 2002. En
2004, il a dirigé le projet
« Full Colour », bouclé avec
succès, du Corriere della
Sera, qui avait pour objet
l’introduction de la
quadrichromie complète.
Depuis 2006, il exerce les
fonctions de consultant
pour l’éditorial, l’impression et le marché de
l’édition à La Stampa, à
Turin.
Rizzoli Corriere della Sera (RCS) compte
parmi les rares sociétés médias du monde
qui produisent leurs journaux à la fois en
offset à bobines et en flexo. En 2003, le
groupe a décidé de tester l’impression flexo,
appliquée depuis lors en exploitation quotidienne. Sergio Vitelli, ancien directeur technique de la division journaux de RCS et
responsable du projet Full Colour de RCS,
connaît bien les deux techniques. Le Corriere della Sera, tiré au total à 900 000
exemplaires, est produit dans huit imprimeries d’Italie (sept offset et une flexo), ainsi
que dans deux imprimeries en Europe, une
en Amérique du Nord, deux en Amérique
du Sud et une dernière en Australie. Lors du
salon Ifra Italia de cette année, Vitelli a
comparé différents aspects de la production
de journaux avec les deux procédés.
techniques de presse : Quelles rotatives utilise
RCS et quels produits sont imprimés dessus ?
Sergio Vitelli : Nous avons deux rotatives
flexo Cerutti S4 en configuration satellite à
l’imprimerie Niber de Bologne, sur lesquelles nous imprimons 100 000 exemplaires de
notre journal principal Corriere della Sera,
ainsi que des encarts. Et pour la production
du journal en offset, nous utilisons neuf
KBA Commander, deux KBA Comet et une
Goss Universal 75.
tdp : Lors du salon Ifra Italia de cette année, vous
avez comparé les deux procédés d’impression.
Quels domaines et/ou aspects ont été comparés ?
Sergio Vitelli : J’ai comparé les cinq grands
domaines suivants : utilisation de la rotative, maintenance, vitesse de production et
gâche, flux de production des plaques, ainsi
que coût des matériaux et consommables et
de la production.
tdp : Quels sont les avantages et les inconvénients de la flexo par rapport à l’offset sur le plan
de l’utilisation de la rotative ?
Sergio Vitelli : La production et le contrôle de
qualité sont plus aisés en flexo, car la qualité produite par une rotative flexo est
constante, tandis que sur une rotative offset, l’équilibre encre-eau peut se modifier
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Au cours de la conférence Ifra Italia qui s’est tenue à
Bologne à la mi-juin, les participants ont été invités à
visiter l’imprimerie flexo Niber de RCS, où la
production est assurée par deux rotatives Cerutti en
configuration satellite.
en l’espace de quelques secondes. C’est la
raison pour laquelle les rotatives flexo ne
nécessitent pas une main-d’œuvre d’utilisation aussi qualifiée.
tdp : Qu’en est-il de la maintenance ?
Sergio Vitelli : Les rotatives flexo exigent
certes moins de maintenance que les rotatives offset, mais il faut tout de même en effectuer à intervalles réguliers. Par exemple,
la rotative doit absolument être nettoyée
toutes les nuits, au terme de la production,
afin d’éviter que l’encre ne se solidifie.
tdp : Quels résultats avez-vous obtenu avec le
procédé flexo en matière de taux de gâche au
démarrage ?
Sergio Vitelli : La gâche au démarrage atteint
300 à 600 exemplaires en flexo, contre 400
à 1 000 exemplaires en offset avec préréglage de l’encre. En flexo, le taux de gâche
imprimée oscille entre 0,5 et 1 %, alors qu’il
représente souvent de 1 à 2 % en offset
avec préréglage de l’encre.
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Interview
octobre 2006
techniques de presse
Charlotte Janischewski
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» CEPIPRINT : Améliorer le désencrage des papiers imprimés en flexo : 2633
Il ne faut pas oublier que de nombreux professionnels préfèrent
les encres flexo pour leur rendu plus brillant et parce qu’elles lais» Sergio Vitelli
sent les mains du lecteur propres.
tdp : Il y a non seulement le procédé d’impression,
mais aussi les plaques et les matériaux et consommables. Que pouvez-vous nous dire sur les flux
dans le secteur de la fabrication des plaques ?
Sergio Vitelli : Durant la première année (de
juillet 2005 à septembre 2006), nous avons
travaillé avec un flux manuel (exposition
du film avec une exposeuse Agfa et insolation des plaques avec un système MacDermid). En septembre, nous allons tester le
nouveau système automatisé NAPPflex-CTP
de MacDermid pouvant traiter jusqu’à 85
plaques/heure. Si le test s’avère positif, le
flux sera traité sur une ligne complète CTP.
> Pour ou contre la flexo
La flexographie est un procédé au cours duquel une encre à base d’eau et à séchage rapide est transférée directement d’un rouleau anilox sur des plaques photopolymères. Elle est utilisée pour l’impression des emballages et pour la fabrication
des journaux. Ses caractéristiques comparées à l’offset sont les suivantes :
> Utilisation et maintenance
Comme il n’existe ni vis d’encrier ni systèmes de mouillage, et qu’il ne faut pas
veiller à l’équilibre encre-eau, les rotatives flexo peuvent être utilisées par une
main-d’œuvre moins qualifiée que pour l’offset. La structure plus simple des rotatives nécessite moins de maintenance. Cependant, le traitement des encres est
plus exigeant, et lorsque la rotative reste arrêtée un certain temps, les dispositifs
d’encrage doivent être nettoyés pour que les encres ne sèchent pas.
Un prototype CTP manuel a donné des résultats satisfaisants lors des tests, mais sa
vitesse de traitement s’est avérée insuffisante (30 plaques/heure).
tdp : Quelles sont les différences entre les deux
procédés d’impression sur le plan de la consommation d’encre ?
Sergio Vitelli : Actuellement, la consomma-
tion d’encre observée en flexo est supérieure
de 80 % à celle de l’offset. RCS étudie actuellement avec Cerutti la possibilité d’appliquer un nouveau rouleau anilox avec des
alvéoles plus plates, afin de réduire la
consommation d’encre et d’améliorer la
qualité : des alvéoles plus petites donnent
un point de trame plus précis.
tdp : Que pouvez-vous nous dire sur le CTP au
point de vue du coût des matériaux et consommables et du traitement ?
Sergio Vitelli : Le coût total du processus CTP
> Encre d’impression : désencrage et consommation
est comparable pour les deux procédés. Le
problème réside plutôt dans le prix des plaques : les plaques flexo coûtent environ
70 % plus cher que les plaques offset. La
proportion consacrée au développement et
à la fixation s’élève à 7 % pour la flexo et à
19 % pour l’offset. MacDermid travaille actuellement au développement d’une nouvelle plaque présentant une plus faible
épaisseur de polymère pour une meilleure
qualité et un prix inférieur de 5 à 15 %.
Les encres flexographiques ont beau être à base d’eau, elles ne peuvent pas
être enlevées du papier en appliquant le processus habituel de désencrage. À
la production de papier recyclé, on ne peut donc tolérer qu’une quantité limitée de papier imprimé en flexo (grisaillement). On travaille à résoudre ce problème. La consommation d’encre est beaucoup plus élevée qu’en offset.
tdp : Est-il possible de comparer objectivement la
qualité d’impression (linéature de trame, blancs,
noirs, registre des couleurs) ?
Sergio Vitelli : La flexographie pose certains
> Gâche
La gâche au démarrage et la gâche imprimée étaient autrefois bien moins élevées en flexo qu’en offset. Mais les rotatives offset modernes permettent d’obtenir des taux de gâche comparables à ceux de la flexographie.
> CTP : coût des plaques et flux
Le CTP n’en est encore qu’à ses débuts, et les plaques sont beaucoup plus
onéreuses (peu de fournisseurs). La fabrication des plaques est assez lente.
> Qualité d’impression
La linéature de trame en flexo est généralement faible (environ 32 l/cm), mais
parfois on utilise des résolutions similaires à celles de l’offset (40 l/cm). Un des
problèmes de l’impression de journaux réside dans la reproduction insuffisante
des détails (perte de netteté dans les blancs) dans les photos ou les textes tramés (annonces). Enfin, les couleurs paraissent plus saturées avec la flexo, notamment parce que le taux d’encrage est plus élevé qu’en impression offset.
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problèmes de reproduction des détails dans
les photos, ainsi que de teintes. RCS et Cerutti travaillent au développement de nouvelles plaques et d’un rouleau anilox devant
permettre d’obtenir la même qualité qu’avec
une trame offset de 42. Mais il ne faut pas
oublier que de nombreux professionnels
préfèrent les encres flexo pour leur rendu
plus brillant et parce qu’elles laissent les
mains du lecteur propres. Au final, il est
difficile d’effectuer une comparaison objective des deux procédés d’impression. <