dis, maîtresse comment tu sais que je suis moi

« DIS, MAÎTRESSE
COMMENT TU SAIS QUE JE SUIS MOI ? »
SECTION AGEEM 22 - CONGRES VICHY 2011
Marité BECHU – ATELIER E38
CONSTAT DE DEPART
Comme chaque année à la rentrée, l'école intègre de nouveaux élèves dans la Section
des Petits.
Le vécu préscolaire de chacun est bien différent. Certains sont plus habitués que d'autres
à quitter le milieu familial (nourrice...) ou encore évoluent dans une famille plus nombreuse
avec donc la possibilité de côtoyer d'autres enfants...
Si l'accueil de ces enfants fait l'objet d'une attention toute particulière en fin d'année
scolaire (visite des locaux pendant et hors du temps de classe, présence durant l'accueil
en étant accompagné d'un parent...), il n'en demeure pas moins que ces derniers vont
devoir évoluer dès le mois de Septembre dans un nouvel univers bien dépourvu de
visages familiers.
Il est donc nécessaire de redonner aux enfants au plus vite des repères pour ne
pas entraîner des situations de retrait dans le groupe classe.
PROBLEMATIQUE
Comment aider les élèves de Petite section à prendre des indices visuels pertinents
de reconnaissance de soi et des autres ?
De manière plus générale, comment aider chaque élève à construire son identité à
partir d’un travail sur la photographie d’identité ?
La définition de l’identité retenue ici s’appuie sur la définition officielle. « La carte
nationale d’identité permet à son titulaire de certifier de son identité, même lorsqu’elle est
périmée, sous réserve dans ce cas que la photo soit ressemblante. »
Le préalable à ce projet est de réaliser des photographies d’identité de chaque élève. Les
enfants réalisent « en partie » eux-mêmes les prises : l’appareil étant fixé sur un trépied et
les modèles assis sur une chaise, les enfants se contentent de déclencher l’appareil. Cette
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activité de prise de vues est plus symbolique qu’autre chose… Un logiciel de photographie
(GIMP 2) est utilisé pour le recadrage avant tirage. Les portraits sont tirés en format A4.
I.
CONSTRUIRE SON IDENTITE :
LE VISAGE, LEXIQUE ET SPATIALISATION
Il s’agit de proposer aux enfants des activités langagières et de manipulation pour :
 Comprendre, acquérir et utiliser un vocabulaire pertinent pour nommer avec
exactitude les éléments du visage
 Savoir organiser dans l’espace les éléments du visage
 Se saisir d’un nouvel outil linguistique fourni par l’enseignante en situation pour
exprimer ce qu’il a à dire
 Répondre aux sollicitations de l’adulte en se faisant comprendre
ACTIVITE 1 : La comptine
Apprentissage de la comptine « Ma tête » (extraite de l’ouvrage « Vers les maths
PS » aux éditions Accès) pour découvrir le lexique et l’organisation spatiale des éléments
du visage.
La comptine est volontairement simplifiée, l’essentiel étant de focaliser à ce
moment de l’année l’intérêt des enfants sur les éléments du visage les plus utiles pour
aider à la reconnaissance de soi et des autres. Elle sera enrichie ultérieurement (joues,
front, oreilles…).
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D’abord travaillée en petits groupes, ce qui permet une évaluation individuelle des
connaissances des enfants, elle est reprise très régulièrement dans des moments
collectifs.
Ma tête
Deux yeux
(pointer chaque œil avec chaque index)
Un nez
(tirer sur son nez)
Une bouche
(faire le tour de sa bouche avec son index)
Une tête
(faire
Et beaucoup de cheveux dessus !
le
tour
de
sa
tête
avec
son
index)
(ébouriffer ses cheveux avec ses deux mains)
ACTIVITE 2 : Les « Photo-puzzle »
Pour passer à la représentation photographique, cette fois le support utilisé n’est
plus une comptine mais une photographie d’identité. Les objectifs sont d’utiliser, de
réinvestir le vocabulaire dans une situation de production langagière et de pouvoir restituer
la disposition des éléments du visage.
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En début de séance, le lexique est réactivé collectivement puis une activité de
manipulation d’éléments du visage est mise en place.
Afin que chaque enfant dispose du même matériel et pour atténuer le côté affectif et
souvent très individualiste des Petits en début d’année, on choisit arbitrairement la
photographie de l’enseignante.
On propose donc aux enfants la photographie d’identité de l’enseignante en
couleur, que l’on découpe devant eux en quatre parties (les cheveux, les yeux, le nez, la
bouche). Chaque enfant a également à sa disposition la même photographie en noir et
blanc non découpée.
Les morceaux de toutes les photographies découpées sont mélangés sur la table.
Le nombre important de morceaux proposés n’est pas un problème car au final il n’y a que
quatre éléments différents et chaque élève doit reconstituer le même visage.
A tour de rôle, les enfants choisissent un morceau, nomment avec exactitude
l’élément du visage représenté et le posent au bon endroit sur la photographie en noir et
blanc. L’enfant constate ainsi la progression de son travail en posant au fur et à mesure
les éléments. La validation se fait par l’enseignante et les pairs.
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D’autres activités de « photo-puzzle » sont proposées à l’enfant. L’élève est en
autonomie avec à sa disposition le matériel pour reconstituer une seule photographie soit
quatre éléments. Il peut s’agir de :

Son portrait à refaire avec ou sans modèle

Le portrait de ses camarades…
Ces activités permettent à la fois de travailler sur l’organisation spatiale du visage et de
rendre familier le portrait des autres enfants.
II. S’APPROPRIER SON IDENTITE : TOUS PAREILS ET POURTANT
DIFFERENTS…
L’idée est ici de proposer des activités d’observation et de manipulation basées sur
des éléments de discrimination visuelle. Il s’agit de s’intéresser plus en détail aux
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caractères physiques, c’est-à-dire de mettre en évidence pour les enfants que tous les
visages sont constitués des mêmes éléments (cheveux, yeux, nez, bouche) mais que
chaque élément est différent d’un individu à l’autre (aspect, couleur…).
L’objectif est d’aider l’enfant à saisir les informations visuelles qui l’aideront à se
reconnaître et à reconnaître les autres.
 Sélectionner des informations visuelles
 Découvrir ses particularités physiques et celles des autres
 S’identifier et identifier ses camarades
ACTIVITE 1 : Autour du livre
« Va-t’en, Grand Monstre Vert ! »
Pour amener les enfants à découvrir leurs particularités physiques et celles des
autres, à sélectionner des informations visuelles pour se reconnaître et reconnaître leurs
camarades, un travail est mené autour de l’album « Va-t’en, Grand Monstre Vert ! » de Ed
Emberley (L’Ecole des Loisirs).
A ce stade du projet, les enfants connaissent le vocabulaire relatif aux éléments qui
composent le visage. C’est pourquoi en observant collectivement chaque illustration de
l’album, l’enjeu est de conduire les élèves, sous forme de questionnement, à percevoir les
détails de ces éléments (« Comment sont ses cheveux ? », « De quelle couleur sont ses
yeux ?… »).
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Vient ensuite une activité d’observation sur les photographies individuelles menée
en petits groupes. De la même manière, on observe, on questionne, on décrit les
particularités de chacun.
Pour l’essentiel, le travail porte ses fruits en ce qui concerne les cheveux et les
yeux. En effet, ce sont surtout ces deux éléments qui mettent en évidence des différences
entre individus perceptibles par des Petits. Le lexique se trouve alors enrichi de quelques
adjectifs (cheveux courts, longs, raides, bouclés, blonds, bruns ; yeux bleus, verts,
marron).
Ainsi chaque enfant construit peu à peu son identité, s’approprie son image.
ACTIVITE 2 : Livret individuel « Qui suis-je ? »
Un livret individuel à la manière de l’album « Va-t’en, Grand Monstre Vert ! » est
réalisé. Il constitue un support langagier mais associe également une trace écrite de la
parole de l’enfant.
La fabrication du livre est effectuée par l’adulte. Le visage se construit de façon
chronologique en respectant volontairement un ordre d’apparition des différents éléments
qui maintient le suspense quant à l’identité de l’enfant.
Les pages réalisées en séances d’arts plastiques par les élèves (empreintes
diverses) sont évidées afin de laisser apparaitre au fur et à mesure les différents éléments.
La double page comporte sur la partie gauche le nom de l’élément visible du visage. Les
noms s’accumulent progressivement à la lecture du livret. Afin de repérer à chaque fois le
nom du nouvel élément, la couleur d’écriture est en rapport avec celle de la production
plastique. Sur la partie droite, on trouve l’élément et sa description par l’enfant sous la
forme d’une phrase répétitive « j’ai… » avec des adjectifs qualificatifs pour les cheveux et
les yeux. En dernière page, le portrait se dévoile accompagné de l’étiquette prénom.
Pour soutenir l’intérêt des enfants, les livrets restent à disposition dans le coin
bibliothèque ou circulent dans les familles. On emprunte son livret, celui d’un autre élève
pour la soirée…
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ACTIVITE 3 : Le jeu du « C’est à moi ou c’est à toi ? »
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Il s’agit de reconstituer sa propre photographie sous forme d’un puzzle mais avec
au préalable un tri à effectuer. En effet les enfants travaillent groupés par trois et ce sont
les morceaux des trois puzzles qui sont mélangés.
Le matériel à la disposition de chaque enfant est deux fois sa photographie
d’identité en couleur, l’une pour le modèle et l’autre à découper pour le puzzle. Cette fois,
le portrait est découpé seulement en trois morceaux (cheveux, yeux, nez et bouche).
Effectivement le nez étant un élément assez difficile à reconnaître, il reste associé à la
bouche afin de ne pas trop compliquer la tâche. Il est également important de constituer
des groupes avec des enfants ayant des caractères physiques si possible assez distincts.
Les neuf éléments sont mélangés au milieu de la table. A tour de rôle, les élèves
cherchent un élément constitutif de leur visage et le place au même niveau à côté de la
photographie modèle. L’enseignante demande aux enfants de justifier leurs choix en
utilisant des éléments de vocabulaire plus précis (adjectifs qualificatifs). Une fois la
photographie reconstituée, la validation se fait par l’adulte, les pairs ou par comparaison
avec leur livret « Qui suis-je ? ».
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En fonction des réussites et du moment de l’année, des variantes sont proposées aux
enfants :

Leur portrait à refaire sans modèle

Le portrait de leur camarade

Un groupe plus nombreux donc plus d’éléments à trier…
III.
REINVESTIR
Le dernier volet de ce travail a pour objectif de proposer aux enfants un ensemble
d’activités ludiques ou d’arts plastiques au travers desquelles ils pourront :
 Réinvestir le lexique
 Mieux appréhender leurs particularités physiques et celles des autres
 Percevoir les différences et les similitudes qui les distinguent
 Être sensibilisés par le biais d’œuvres d’art à des représentations plus ou moins
conventionnelles du visage
ACTIVITE 1 : Le portrait à travers des œuvres d’art
Il s’agit de proposer aux enfants de réinvestir leurs acquis sur d’autres supports :
des œuvres d’art.
On utilise quatre reproductions de portraits. Elles sont découpées (cheveux, yeux,
nez, bouche) puis collées sur un support de façon à faire apparaître des éléments d’un
même visage à plusieurs endroits. On recouvre ensuite le tout d’une feuille dans laquelle
des volets ont été aménagés.
En petits groupes, les élèves ouvrent tour à tour un volet et découvrent
progressivement les éléments sélectionnés par l’enseignante. C’est alors le moment de
s’interroger sur ce que l’on voit (« Qu’as-tu découvert ? », « Est-ce que c’est une
photographie, un dessin ou une peinture ? »…), de le décrire, de le nommer, de trouver
des similitudes avec d’autres éléments déjà découverts (appartenance à la même œuvre)
…
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Par la suite, ces quatre œuvres seront affichées dans la classe et pourront donner
lieu à des activités plastiques.
Tête de femme, Méduse
Portrait de Marie-Thérèse Walter
ALEXEJ VON JAWLENSKY
PABLO RUIZ PICASSO
Dhôtel nuancé d’abricot
GASTON CHAISSAC
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JEAN DUBUFFET
ACTIVITE 2 : Le jeu du Loto
Ce jeu ressemble en partie au Loto classique.
Pour le matériel, on utilise une plaque composée au minimum de trois éléments de
visages d’enfants de la classe. Celle-ci sera différente pour chaque enfant.
En petits groupes, les élèves piochent tour à tour un élément dans le bac
contenant tous les morceaux, le nomment, le décrivent puis le montrent aux autres. Celui
qui possède cet élément peut le prendre et le poser sur sa grille. Le premier à compléter
sa plaque a gagné.
En variante, on peut proposer aux élèves des éléments de visages
sélectionnés dans des reproductions d’œuvres d’art.
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ACTIVITE 3 : Le jeu du « Qui est-ce ? »
Inspiré du jeu du commerce, il consiste à retrouver par élimination le portrait
identique à celui détenu par le meneur du jeu.
L’adulte est le meneur du jeu : il donne des indications étape par étape sur la
photographie que les enfants doivent retrouver. Face à lui, des élèves plus ou moins
nombreux disposent de quatre photographies (format A5). La description portera
principalement sur la couleur des cheveux ou des yeux, l’aspect des cheveux… Une seule
photographie doit pouvoir être éliminée à chaque fois. Cela suppose une sélection bien
pensée des portraits associés.
Dans l’exemple ci-dessous, trois enfants blonds et un brun… « Il est blond ». Puis
deux enfants aux yeux marron et un aux yeux bleus parmi les trois restants… « Il a les
yeux marron ». Enfin un enfant aux cheveux longs et un aux cheveux courts… « Il a les
cheveux courts ». On élimine donc successivement une seule photographie à la fois
(l’enfant brun, les yeux bleus et les cheveux longs).
A la fin du jeu, il reste une seule photographie à chacun. L’enfant essaie de dire de
qui il s’agit avant de vérifier s’il a gagné.
Il est possible d’enrichir le jeu avec de nouvelles photographies. En effet lors d’une
nouvelle séance de prise de vues, on peut demander aux enfants de garder
volontairement les yeux fermés, la bouche ouverte ou de porter un chapeau, un nez rouge
de clown…
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ACTIVITE 4 : Des productions plastiques
Des activités de productions plastiques sont proposées aux enfants :
 Réalisation à la peinture du portrait décrit dans la comptine « Ma tête »
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 Leur portrait reconstitué à partir des quatre éléments et sa mise en valeur par un
cadre peint (empreintes)
 Un portrait reconstitué à partir de quatre éléments n’appartenant pas aux mêmes
visages afin de réaliser un portrait « bizarre » et sa mise en valeur
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Il peut aussi s’agir d’une production « à la manière de… ». La séance inclut alors un
temps fort de mise en présence de reproductions d’œuvres d’art puis d’observation
collective. Elle est également l’occasion d’associer au groupe des PS les enfants de MS
et/ou GS.
 A la manière d’ARMAN, des accumulations sous forme de collage pour les PS
 A la manière de CHAISSAC, des portraits pour les MS et GS
Ou simplement réaliser le portrait d’un camarade pour les GS…
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D’autres productions inspirées de sculptures du Pérou…
IV.
QUELQUES REMARQUES EN CONCLUSION
C’est un projet qui bien évidemment s’étale dans le temps. Pour certains enfants,
les objectifs seront plus longs à atteindre. Cependant on remarque que les capacités des
enfants à observer et à échanger sur les caractères physiques se sont améliorées. Par
exemple, en regardant à nouveau avec eux des productions plastiques comme les
portraits bizarres, on constate que la majorité d’entre eux est capable de dire à qui
appartiennent les divers éléments constituant ces portraits.
Il est également intéressant de proposer aux enfants l’utilisation de différents outils
qui apportent tout au long de l’année un étayage à ce projet. C’est par exemple le
trombinoscope dont on se sert pour faire l’appel chaque matin, on donne à entendre mais
aussi à voir. C’est encore le recours à l’utilisation importante de la photographie de l’enfant
(étiquette porte-manteau, de présence…).
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