l`etat de la muraille - La Sentinelle de Néhémie

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l`etat de la muraille - La Sentinelle de Néhémie
L'état de la muraille, Austin Sparks
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L’ETAT DE LA MURAILLE
Austin Sparks
Nous venons d’étudier le personnage de Néhémie avec son engagement. Nous aborderons
maintenant son action.
Comme nous l’avons déjà vu plus haut, Néhémie n’a pas regardé la situation de loin avec un esprit
critique. Il n’a pas uniquement pointé le doigt sur ce qui n’allait pas. Il a immédiatement envisagé tout
ce qu’il allait falloir entreprendre pour réhabiliter la gloire de Dieu. Il est entré dans l’action. Si dans la
Bible (ou en tous cas dans l’Ancien Testament), il se trouve un livre caractérisé par l’action, c’est bien
celui de Néhémie.
Lorsque Néhémie est entré dans l’action, qu’a-t-il fait en tout premier lieu ? Il a pris connaissance de la
situation dans ses moindres détails. Nous pouvons lire le verset suivant :
« Hanani, l’un de mes frères et quelques hommes arrivèrent de Juda. Je les questionnai au sujet des
juifs rescapés qui étaient restés de la captivité et au sujet de Jérusalem » (Néhémie 1:2).
Lorsqu’il s’est rendu lui-même à Jérusalem, nous pouvons lire également ce qu’il fit dans ce petit
compte-rendu :
« Puis, je me levai pendant la nuit avec quelques hommes, sans avoir indiqué à personne ce que mon
Dieu m’avait mis au cœur de faire pour Jérusalem. Il n’y avait avec moi d’autre bête de somme que
l’animal que je montais. Je sortis de nuit par la Porte de la Vallée… en inspectant les murailles de
Jérusalem qui avaient des brèches et ses portes dévorées par le feu » (Néhémie 2:12-13).
Nous pouvons constater que le prophète n’a pas ménagé ses efforts. Il est vrai qu’il avait déjà été
informé de la situation par ceux qui étaient revenus de Jérusalem mais, dès que possible, il s’est
rendu lui-même sur place. Ainsi, il a pu vérifier le rapport qu’on lui avait fait, et voir exactement ce qu’il
en était. C’est ce que nous devrions faire nous-mêmes lorsque le Seigneur nous amène à agir pour la
restauration de Son témoignage. Nous devrions nous rendre compte par nous-mêmes de la situation
et la connaître de façon précise. Nous ne devons pas nous contenter d’un rapport fait par d’autres
personnes mais connaître exactement l’état des choses par nous-mêmes. Le Seigneur ne nous
utilisera pas tant que nous ne connaîtrons pas l’état spirituel des choses et le moyen d’y remédier.
Nous devons connaître parfaitement et intimement la situation.
Le fait est qu’aujourd’hui, pratiquement partout dans le monde, rare sont ceux qui déplorent la
situation spirituelle au sein du peuple de Dieu. S’il s’en trouve quelques-uns, ils pensent tous à peu
près la même chose. Comme nous l’avons dit plus haut, ils murmurent, critiquent ou se plaignent sans
jamais proposer de remède. Néanmoins, leur appréciation de la situation est juste. Car il est vrai
qu’aujourd’hui plus rien ne va dans l’Eglise. Les choses ne sont pas comme elles devraient être,
comme le Seigneur les souhaiterait. Par ailleurs, nous ne pouvons pas nous baser sur le sentiment
que plus rien ne va dans l’Eglise sous prétexte que ce sentiment est général…
Notre prise de conscience doit être toute personnelle. Il ne s’agit pas d’aller faire un bilan et de
dresser la liste de tout ce qui est à déplorer aujourd’hui. Mais je dis que si nous nous sentons appelés
à coopérer avec Dieu, la situation actuelle de l’Eglise doit tout d’abord toucher notre cœur. Nous
devons la connaître pour nous-mêmes. Ne pas devenir des experts de la critique mais être de ceux
qui ont le cœur brisé à cause de tout ce qu’ils voient, tout ce qui saute aux yeux et cause beaucoup
de peine.
Tout d’abord, Néhémie s’est informé de la situation. Elle était si catastrophique que n’importe qui
aurait pu en être affecté. Le prophète était si déconcerté qu’avant de faire quoi que ce soit, il est
retourné à Babylone et s’est écrié : « Nous devons absolument renverser la situation. Les choses ne
sont pas ce qu’elles devraient être, elles sont désastreuses. »
Cependant, dans cette situation si désespérante, il n’a pas baissé les bras. Je suis certain que si vous
aviez accompagné Néhémie lors de sa visite à Jérusalem cette nuit-là, vous auriez dit : « Voilà
quelque chose qui me dépasse, on ne pourra pas faire grand-chose. C’est sans espoir. » Mais
Néhémie ne s’est pas exprimé de la sorte. Je crois qu’il était l’un des hommes les plus courageux de
l’Ancien Testament. Un vrai héros. Il a fait face à la situation avec toute sa foi en Dieu parce qu’il
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savait que Dieu était sur le point de tout restaurer. C’était dans la volonté de Dieu qu’il en soit
autrement. Et si c’est effectivement Dieu qui souhaite une chose particulière, nous avons une bonne
raison de mettre notre foi en action, quand bien même la situation nous paraîtrait sans espoir.
Néhémie n’a pas abandonné. Il a fait face à cent pour cent.
En parallèle avec le livre de Néhémie, je me suis tourné vers les autres livres de la Bible et, en
particulier, vers ceux du Nouveau Testament, comme nous le verrons plus loin. Je me suis intéressé à
l’apôtre Paul, ce grand homme de la nouvelle dispensation. Lui aussi a dû affronter une situation
terrible parmi les chrétiens. Nous avons le sentiment, en lisant la première lettre aux Corinthiens, qu’à
sa place nous aurions abandonné la partie. Prenant conscience de l’état de l’Eglise de son époque,
nous aurions probablement dit : « C’est abominable ! Peut-on encore qualifier cela de
christianisme ? »
Mais nous constatons que Paul, lui, a courageusement fait face à la situation. Il n’a pas baissé les
bras.
De nous jours, nous pouvons nous sentir profondément découragés et penser qu’il n’est plus possible
d’avoir un témoignage authentique qui glorifie Dieu. Nous voyons que l’Eglise est détruite, nous
voyons que la muraille est démolie, que les portes ont été consumées. Nous voyons que tout le
témoignage est déchiré, en ruines. Oui, la situation est déconcertante, mais nous devons nous poser
les questions suivantes :
Dieu ne souhaite-t-Il pas qu’il en soit autrement ? Ne veut-Il pas changer les choses ? Nous aurait-Il
abandonnés ? N’est-Il pas en train de se mouvoir pour établir de nouvelles choses ?
Si nous avons la certitude que Dieu est complètement concerné par la question, alors nous ne
pouvons pas baisser les bras. Il nous faudra beaucoup de courage, tout le courage que Dieu peut
nous donner si nous voulons affronter la situation présente. Ceux qui parmi nous en ont pris
conscience savent parfaitement que je n’exagère pas.
La vision et l’inspiration de Néhémie
Tout d’abord, Néhémie ne dit à personne ce que le Seigneur lui met à cœur de faire. Il garde cela pour
lui-même. C’est une affaire entre lui et Dieu. Tout cela prend forme et mûrit dans son esprit
parallèlement à ses investigations. Ce n’est que bien plus tard qu’il ouvre son cœur aux autres et qu’il
les fait entrer dans sa vision. Voilà quelque chose que nous devrions bien retenir car il est facile
d’avoir de bonnes idées et de les diffuser largement pour finalement laisser le fardeau aux autres.
Mais c’est tout différent de prendre la situation en mains, d’en saisir toute la portée, d’être
constamment travaillé seul avec Dieu par l’importance de la tâche à accomplir, et ensuite, de faire
entrer nos frères dans notre vision.
Voyez-vous, à la lecture de son livre, nous constatons que Néhémie était non seulement inspiré par
Dieu, mais qu’il était un homme de persuasion. Beaucoup, grâce à sa vision se sont lancés dans une
tâche qui paraissait impossible à réaliser. Il était capable de remonter le moral de tous ceux qui étaient
découragés. Il faisait vraiment entrer les autres dans sa vision. Ne pensez-vous pas que le besoin soit
le même aujourd’hui ? Oui, nous avons besoin de chrétiens qui ont soupesé les choses, qui ont cerné
les problèmes et qui ont une totale confiance en Dieu. Des chrétiens qui ont l’assurance que Dieu va
changer les choses et qui, par leur impact font entrer leurs frères dans leur vision. Il est plus aisé,
évidemment, de jouer le rôle de passager plutôt que celui de transporteur. Il est facile de devenir un
parasite, de vivre par les autres et de se faire constamment tirer par les autres. Il est plus difficile
d’être un homme d’inspiration, d’être de ceux qui aident leurs frères afin de les amener à entrer dans
le plan de Dieu. Néhémie était de ceux-là. Si vous avez le sentiment profond que les choses doivent
changer, si vous avez conscience que Dieu voudrait qu’il en soit tout autrement, alors soyez tout
d’abord objectif dans votre façon de voir, et ensuite vous serez capable de faire entrer vos frères dans
votre vision.
Néhémie, après avoir mesuré et soupesé toutes choses, s’est senti complètement concerné par la
tâche à accomplir. Et plutôt que de tomber dans le désespoir face à cet immense travail, il s’est tourné
vers les autres et leur a ouvert son cœur, disant : « Levons-nous et bâtissons ! »
Aujourd’hui encore, que le peuple de Dieu qui a saisi l’urgence du moment puisse se lever et s’écrier :
« Levons-nous et bâtissons ensemble ! »
C’était là le tout premier pas de l’action de Néhémie. Et vous serez d’accord avec moi qu’il était déjà à
ce moment-là dans l’action. Evidemment, dans ce travail de reconstruction, nous ne pouvons pas
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considérer les choses d’un point de vue humain uniquement, car personne ne peut faire face à une
telle tâche s’il n’est pas poussé par l’Esprit de Dieu.
Revenons à l’apôtre Paul qui connaissait les conditions de vie de l’Eglise et qui savait que le peuple
de Dieu peut très facilement se décourager dans certaines situations. Sa prière était la suivante :
« Que le Père vous donne selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par Son Esprit
dans l’homme intérieur» (Ephésiens 3:16).
« Devenez puissants à tous égards par Sa force glorieuse, en sorte que vous soyez tout à fait
persévérants et patients » (Colossiens 1:11).
La puissante énergie de l’Esprit de Dieu pénétrant dans notre être intérieur est la seule énergie par
laquelle nous pouvons aller de l’avant. Nous devons accorder une grande place à ce travail dans
l’Esprit que Dieu a accompli dans la vie de Néhémie, car nous savons pertinemment que c’est
uniquement par l’Esprit de Dieu que ce prophète a été capable de faire face à la situation du moment.
Le but, la muraille
Venons-en maintenant aux points particuliers dont il est question dans ce livre. Nous avons dit, dans
nos études précédentes, qu’il y en avait trois : la muraille, le travail, la lutte ou encore : l’objet, la
conduite, le conflit.
Nous commencerons par la muraille. Nous devons savoir clairement ce qu’elle représente et ce à quoi
elle sert. Je mentionnerai d’abord trois choses au sujet de cette muraille afin que nous comprenions
bien ce qu’elle était à l’époque de Néhémie et ce qu’elle représente de nos jours.
Premièrement, la muraille était quelque chose de précis, de défini - une limite. Selon la pensée divine
elle distingue « ce qui est de Christ » de « ce qui n’est pas de Christ ». Cette muraille de Jérusalem
définit un certain territoire. Elle est là pour exprimer, depuis son origine, que tout ce qui est à l’intérieur
de cette muraille est régi par un certain ordre. Ici les choses sont comme ceci et comme cela. Bien
sûr, le caractère particulier de ce lieu était donné par le Temple lui-même. Mais la muraille était aussi
une chose significative, et nous ne devons pas la considérer comme superficiel. Il est nécessaire de
rappeler qu’en ce qui concerne la restauration du témoignage du Seigneur, nous devons avoir une
définition claire de « ce qui est Christ » et de « ce qui n’est pas Christ ».
Aujourd’hui, les choses sont devenues terriblement confuses. On peut voir cette muraille démolie
d’une part, et les décombres d’autre part. C’est un fait certain, beaucoup de décombres gisent ça et là
à la place de la muraille donnant une image de désordre et de confusion. Un nombre impressionnant
de chrétiens, actuellement, n’ont pas un discernement clair de la personne de Christ ou ne savent pas
ce qu’est le vrai christianisme. Au sein du mouvement évangélique également, les choses ont été
terriblement embrouillées. A l’évidence, il nous faut absolument réapprendre à connaître Christ. Il faut
que Christ soit clairement compris, que chacun Le connaisse personnellement et qu’ainsi toute
confusion soit éliminée.
La muraille était une chose bien définie. Spirituellement, elle était là pour représenter le caractère de
Christ. J’ai mentionné, quelques pages plus haut, que je pourrais aller bien plus profondément dans le
sujet qui porte en lui jusqu’à l’inexprimable. Je me contenterai de dire que j’ai longuement médité au
sujet de la signification des murs, de tous les murs cités tout au long de la Bible, jusqu’à celui de la
nouvelle Jérusalem dont parle l’Apocalypse. Et j’ai constaté que, quelque soit le mur, il définit toujours
la nature de ce qu’il protège. N’est-ce pas le cas pour ce grand mur de la nouvelle Jérusalem qui nous
est décrit à la fin de nos bibles ? Sa caractéristique principale est la gloire, la beauté, la pureté. Il
témoigne des attributs, du caractère de Christ. Cela doit être clairement établi pour chacun d’entre
nous.
Deuxièmement, nous pourrions penser que cette distinction attribuée au mur ne revêt pas une
importance capitale. Nous voyons pourtant que ce mur établit une démarcation claire et nette entre ce
qui est à l’intérieur et ce qui se trouve à l’extérieur. Ce mur se tient à un endroit précis. Il ne représente
pas quelque chose de banal. Il n’accepte pas le mélange entre le spirituel et le profane. C’est une
chose claire, distincte, et dont le maître mot est le suivant :
« Ce qui n’a pas revêtu le caractère de Christ, ne peut entrer et demeurer ici. »
Nous verrons maintenant, en poursuivant notre étude que Hanani, le frère de Néhémie, devait
probablement travailler dans la police. Le travail d’un policier consiste, entre autre, à garder l’entrée de
lieux importants. Il doit surveiller tous ceux qui entrent, notamment tous les commerçants. Aujourd’hui
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encore, beaucoup de commerçants souhaitent entrer là où l’on prêche Jésus afin de servir leurs
propres intérêts, de mettre en place leur propre commerce. Et ils ont tant de choses à proposer dans
ce domaine qui touche à Dieu et à Jésus-Christ ! Mais le mur dit : « Non ! » Et nous pouvons lire de
quelle façon Néhémie et son frère policier appréhendaient les marchands. Ils les chassaient
radicalement. C’est exactement ce que Jésus a fait avec les marchands du Temple. Il les a chassés
avec un fouet. Oui, nous pouvons dire que le mur fait la distinction entre ce qui est vil et ce qui est
précieux. Il établit un véritable fossé entre ce qui est de l’Esprit de Dieu et ce qui est d’un tout autre
esprit.
Troisièmement, à l’époque de Néhémie, cette muraille représentait une véritable défense. Il se trouvait
là pour protéger les intérêts du Seigneur et le peuple du Seigneur de toute invasion, de toute attaque,
de tout ce qui aurait pu corrompre le lieu ou en changer le caractère.
Aujourd’hui, par Sa glorieuse présence, le Seigneur met au défi quiconque souhaiterait s’approcher de
Lui sans avoir été auparavant sanctifié par Lui. Et c’est justement sur ce point que les choses ont
commencé à se dégrader entre le peuple de Dieu et la gloire du Seigneur. Un grand nombre de
chrétiens se sont faufilés dans le camp de Dieu et ont tenté de s’y faire une place que le Seigneur ne
leur avait pas assignée. En conséquence, il n’y a pas eu un témoignage suffisamment puissant de la
gloire du Seigneur, si bien que la réalité de Sa gloire n’a pas été reconnue ni comprise réellement.
Pour revenir au Nouveau Testament, nous voyons que, dès la naissance de l’Eglise, un mur spirituel
avait été construit, une barrière claire, un rempart puissant de l’Esprit Saint, si puissant qu’au début,
beaucoup hésitaient à se joindre aux disciples. Ils n’osaient pas, ils avaient peur. Sa situation était
telle que chacun tremblait lorsqu’il ne se sentait pas en règle avec Dieu. Et celui qui souhaitait
vraiment entrer dans l’Eglise tombait à genoux devant les disciples et s’écriait : « Oui, je reconnais
que Dieu est vraiment au milieu de vous. » N’est-ce pas une telle attitude de cœur que notre Seigneur
attend de nous aujourd’hui ? A l’époque, ce témoignage était si puissant que tous ceux qui ne
saisissaient pas les choses de Dieu préféraient s’éloigner rapidement.
« Ils sont sortis de chez nous mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils avaient été des nôtres, ils
seraient demeurés avec nous ; mais de la sorte, il est manifeste que tous ne sont pas des nôtres » (1
Jean 2:19)
Cela était un signe de bonne santé de l’Eglise. Les choses vont bien lorsqu’il en est ainsi. Et lorsque
l’Eglise craint de perdre ses membres et essaie par tous les moyens de les retenir, c’est alors que le
Seigneur dit : « N’essayez pas de retenir tout le monde, n’essayez pas de faire entrer tout le monde ».
Cette muraille, ce témoignage de la présence de Dieu est un rempart contre tout individu non
sanctifié, contre toute chose non sanctifiée. Comme cela était indispensable à la ville de Jérusalem du
temps de Néhémie ! Tout le livre nous le démontre. Elle avait une grande signification pour l’ennemi
Tobija et ses acolytes. Ces derniers avaient finalement compris ce que représentait la muraille et ne
se hasardaient plus à la franchir !
Voilà ce qu’était cette muraille dans un sens pratique. Mais essayons d’aller un peu plus loin dans sa
signification.
La muraille représente Christ de deux manières :
Extérieurement, elle représente Christ face aux nations. Intérieurement, elle représente Christ par
rapport à Son peuple. En d’autres termes, la muraille est le témoignage de la réalité du Fils de Dieu :
Fils de Dieu face au monde, et Fils de Dieu pour le peuple de Dieu.
La nécessité de réparer la muraille
Je voudrais, tout d’abord, donner une petite précision au sujet de la muraille pour éviter tout
malentendu. Néhémie n’a pas construit la muraille depuis ses fondations, depuis sa base. Si vous
regardez les choses de plus près, vous constaterez que les travaux consistaient à réparer uniquement
ce qui avait été démoli. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous ne sommes pas appelés à
construire la muraille depuis ses fondations. Dieu merci, les fondations étaient déjà posées et la
muraille avait déjà été construite avant l’intervention de Néhémie.
Le livre des Actes également nous présente le mur comme reflétant la présence du Seigneur en
gloire, en grandeur, en plénitude. Ce mur est non seulement un puissant rempart mais aussi une
révélation de Christ pour les nations. Il a également une signification extraordinaire pour le peuple de
Dieu. La muraille existe depuis très longtemps. Ce n’est pas Néhémie qui en a commencé la
construction. Mais quand ce dernier arrive sur les lieux, il constate que ce qui, à l’origine, devait être
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parfait n’est que ruines. Son travail va consister à réparer les brèches jusqu’à l’obtention d’une
muraille aussi parfaite que la muraille d’origine. Pour traduire cela dans un sens spirituel, si nous
n’avons pas un appel précis de la part du Seigneur, nous sommes en tous cas appelés à réparer la
muraille. Nous ne serons peut-être pas appelés à faire ce qu’ont fait les apôtres. Ils ont fait leur travail
et celui-ci a été efficace. Mais, tout comme à l’époque de Néhémie, nous pouvons constater
aujourd’hui que l’état dans lequel se trouve le peuple de Dieu ressemble fort à l’état de la muraille :
délabrement, désintégration, effondrement, pillage. Et le Seigneur nous appelle à rebâtir, à retrouver
ce qui était à l’origine. Voilà sans aucun doute le travail auquel chacun d’entre nous est appelé.
« Je leur dis alors : Vous voyez le malheur où nous sommes ! Jérusalem est détruite et ses portes
sont consumées par le feu ! Venez rebâtissons la muraille de Jérusalem et nous ne serons plus dans
le déshonneur » (Néhémie 2:17).
Le dernier mot de ce verset nous révèle un point crucial. Si nous considérons un instant le grand
ennemi de Dieu, nous sommes d’accord pour dire qu’il s’emploie sans cesse à jeter le discrédit sur le
nom du Seigneur. Par tous les moyens, que ce soit par des assauts directs ou par de subtiles
manœuvres, il déshonore le témoignage de notre Seigneur. « Que nous ne soyons plus dans le
déshonneur ». Voilà le mobile qui a rassemblé le peuple en vue de la reconstruction de la muraille.
L’idolâtrie, principale raison de l’état déplorable de la situation
Avant d’aborder le travail de reconstruction, il nous faut examiner et établir clairement le pourquoi de
l’état déplorable de la situation. En nous basant sur le livre de Néhémie et sur d’autres livres où il est
question de murailles, nous arrivons à la conclusion suivante :
La cause unique de ce désastre est l’idolâtrie. L’idolâtrie est la seule réponse possible à tous nos
« pourquoi ? » lorsque nous contemplons cette muraille démolie.
Il n’est finalement pas si difficile de reconnaître que c’est à cause de l’idolâtrie que le peuple a été
déporté. Curieusement, il fut envoyé dans un pays complètement idolâtre. Chacun sait que Babylone
était le centre mondial de l’idolâtrie.
Le peuple d’Israël avait permis à l’idolâtrie de s’installer dans son pays. Mais l’Eternel voulait guérir
Son peuple de ce mal. Il l’amena jusqu’à Babylone pour lui donner une overdose de cette idolâtrie à
laquelle il aspirait tant. C’est ainsi que Dieu agit souvent : Il nous donne jusqu’à l’overdose des choses
après lesquelles nous soupirons constamment afin de nous en débarrasser définitivement.
Les prophètes ont crié, pleuré et intercédé afin que le peuple s’éloigne des idoles païennes des
nations environnantes. Mais le peuple n’a pas changé d’attitude.
« Très bien dit le Seigneur, puisqu’il en est ainsi, faites ce que vous voulez, jouissez pleinement de ce
qui vous tient tant à cœur… »
Et c’est ce qu’a fait le peuple. Il a vécu dans l’idolâtrie la plus totale et c’est ainsi qu’il a été guéri de ce
mal pour toujours. Je ne veux pas dire qu’il a été débarrassé de l’esprit de l’idolâtrie mais de cette
forme extérieure de l’adoration des idoles. Et cette adoration cessa lorsque le peuple eut l’occasion
d’assouvir pleinement ses désirs les plus fous.
Et nous avons ici un exemple de l’application d’une certaine loi. Le psalmiste dit à propos d’Israël dans
le désert :
«Il leur accorda ce qu’ils demandaient. Puis Il envoya le dépérissement dans leurs personnes »
(Psaumes 106:15).
Les enfants de Dieu refusèrent d'abandonner leurs idoles. Ils obtinrent ce qu’ils voulurent. Ils osèrent
dire « Si ! » lorsque Dieu avait dit « Non ! », et en agissant selon leurs propres désirs, ils devinrent les
grands perdants.
Ce principe a bien fonctionné dans le passé et je pense qu’il agit encore de nos jours. L’Eglise de
Dieu est allée dans le « monde » et a ramené les choses du « monde » en son sein. Il y a eu
complicité avec l’esprit du monde et celui-ci a pris une grande place dans la chrétienté. Il ne m’est pas
facile d’en parler mais je dois être fidèle au Seigneur. Imperceptiblement, dans les églises
évangéliques, on a fait entrer des principes du monde, des choses non spirituelles : des noms, des
titres, des ressources matérielles, une quantité de choses non sanctifiées. On se donne du mal pour
s’attirer des faveurs, pour avoir l’avantage. Derrière tout cela, se cache l’esprit d’idolâtrie. Et cet esprit
a un tel pouvoir sur les enfants de Dieu !
Que s’est-il passé ? Le Seigneur a tout simplement laissé Son Eglise avoir ce qu’elle voulait. Et
maintenant, elle se rend compte, petit à petit, qu’elle a perdu la position qu’elle aurait dû avoir et
qu’elle a perdu sa puissance. Tout cela parce que le monde a pris beaucoup trop de place en son
sein. N’est-il pas manifeste qu’en voulant gagner, elle a finalement tout perdu ?
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Malheureusement, ce principe fonctionne toujours. Et nous pouvons remarquer qu’il est valable pour
chacun d’entre nous. Notre cœur est parfois si fermement attaché à quelque chose que nous
n’écoutons plus le « Non ! » du Seigneur. Nous insistons, nous menaçons le Seigneur pour garder à
tout prix ce quelque chose que nous chérissons. Bien sûr, nos menaces ne se traduisent pas en
paroles, mais finalement si nous ne l'obtenons pas, nous refusons tout simplement d’avancer. Alors le
Seigneur nous accorde ce que nous voulons et cela se transforme pour nous en malédiction. C’est
exactement ce qu’Abraham a fait en engendrant Ismaël. Et nous connaissons tous la malédiction qui
s'est installée suite à cet événement. Le même principe agit pour tous ceux qui accueillent l’idolâtrie,
que se soit dans son esprit ou dans ses formes. Tout au long des générations, le Seigneur n’a-t-Il pas
donné des avertissements par la voix de Ses fidèles prophètes ? Mais on refuse d’écouter la voix des
prophètes ! Alors le Seigneur dit : « Très bien, vous aurez ce que vous voulez, soyez déportés à
Babylone ! »
Mais qu’est-ce que l’idolâtrie ? Ce n’est pas forcément se prosterner devant des idoles de bois ou de
pierre. L’idolâtrie prend des formes subtiles et variées. Il s’agit tout simplement d’une communion de
cœur avec quelque chose qui prend la place de Dieu. L’idolâtrie fait obstacle au plan de Dieu pour
notre vie. Le Seigneur ne peut plus agir au travers de nous comme Il l’entend lorsqu’Il est supplanté
par l’idolâtrie. Le but unique de l’idolâtrie est justement de contrer, d’empêcher toute action de Dieu
dans notre vie.
J’ai mentionné, plus haut, qu’Israël avait été débarrassé d’une forme extérieure d’idolâtrie. Mais le
principe ou l’esprit de l’idolâtrie ne fut pas éradiqué. Nous constatons, par exemple, que lorsque Jésus
est venu, le peuple juif était fortement attaché aux traditions. La tradition peut devenir une idole.
Lorsque nous sommes complètement dévoués à nos traditions, nous laissons le Seigneur de côté. La
tradition entrave Son chemin tout comme les détritus de la muraille entravaient la marche de
Néhémie. La monture qu’il chevauchait ne pouvait franchir les décombres. Très souvent, les
décombres qui entravent le chemin du Seigneur ne sont que nos vieilles traditions qui n’ont plus lieu
d’être aujourd’hui. L’idolâtrie agit comme un principe. Elle a été la cause principale de l’écroulement
de la muraille. L’idolâtrie est une communion de cœur avec tout ce qui n’est pas le Seigneur Luimême.
A la lecture du livre de Néhémie, nous voyons à quel point la situation du peuple de Dieu est
désastreuse. Celui-ci vit dans l’erreur, dans la confusion. Le mal règne en maître. A cela correspond
l’état de délabrement de la muraille. Il y a une corrélation totale entre l’état de la muraille et l’état
spirituel du peuple. La muraille en ruines n’est qu’une illustration des conditions spirituelles du peuple.
Et Néhémie a bien compris qu’en relevant ces ruines, il relevait l’état spirituel du peuple de Dieu. Il
s’agissait d’une seule et même chose. N’aurait-il pas été ridicule de relever les ruines et de laisser le
peuple dans les mêmes conditions spirituelles ?
Les deux choses doivent aller de pair : l’état spirituel et le témoignage. Le témoignage doit reposer sur
des bases saines. Une condition spirituelle saine soutient notre témoignage. Nous ne pouvons pas
construire sur un fondement qui n’est pas la vérité.
Nous approfondirons encore ce sujet pour comprendre davantage la signification de cette muraille,
pour savoir de quoi elle est faite plus exactement.
Mais pour l’instant, je prie le Seigneur de nous amener dans Sa vision, dans Son propre dessein, afin
qu’Il nous donne l’énergie de Ses serviteurs Néhémie et Paul, l’énergie de tous ceux qu’Il a utilisés
pour la restauration du témoignage de Son cher Fils.
Référence: The Recovering of the Lord's Testimony in Fullness, Austin Sparks - chapitre 2: "The
State of the Wall".
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