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cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général samedi 12 avril - 20h / salle des concerts Igor Stravinsky Concerto pour orchestre à cordes, en ré majeur vivace, arioso, rondo (durée : 12 minutes) Frédéric Chopin Concerto pour piano et orchestre n° 1, en mi mineur, op 11 allegro maestoso, romance, rondo (durée : 35 minutes) entracte Richard Strauss Le Bourgeois gentilhomme, suite d’orchestre, op 60 ouverture de l’acte I, menuet, le maître d’armes, entrée et danse des tailleurs, menuet de Lully, courante, entrée de Cléonte, prélude de l’acte II, le dîner. (durée : 37 minutes) Emmanuel Krivine, direction Maria-João Pires, piano Chamber Orchestra of Europe Chamber Orchestra of Europe Igor Stravinsky Concerto pour orchestre à cordes, en ré majeur Depuis 1939, date de son émigration aux Etats-Unis, Stravinsky n’avait plus reçu aucune commande de la vieille Europe. Paul Sacher mettra fin à cette situation en appelant l’auteur de la récente Symphonie en trois mouvements (1945) à composer une pièce pour le vingtième anniversaire du Basler Kammerorchester. De cette sollicitation naîtra le Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur, composé à Hollywood entre le début de 1946 et le 8 août de la même année, et créé à Bâle le 27 janvier 1947 sous la direction de Paul Sacher. Reconnu pour ses performances techniques autant que pour les créations importantes auxquelles il avait donné lieu (notamment la Musique pour cordes, percussions et célesta et le Divertimento de Bartók en 1937 et 1940), l’Orchestre de chambre de Bâle jouissait au milieu du siècle d’une grande réputation. En connaissance de cause, Stravinsky s’attacha dans son Concerto à une écriture très subtile pour les cordes. Il établit, par exemple, un jeu d’une haute finesse entre l’écriture en staccato et en spiccato, deux détachés dans lesquels l’archet quitte (spiccato) ou ne quitte pas (staccato) la corde. Notons la couleur particulière que revêtent les phrases legato accompagnées à l’unisson ou à l’octave par ces différentes techniques de détachés. Cette partition entretient également, dans l’esprit du Concerto pour violon (1931) et de la Symphonie en ut (1940), un rapport très particulier avec l’histoire de la musique et de ses formes. La tradition classique renaît, non seulement dans la simple référence au matériau, comme dans Pulcinella (1919) ou Apollon Musagète (19271928), mais surtout dans la prégnance que prend soudain le modèle sur les techniques mêmes de l’écriture. Frédéric Chopin Concerto pour piano et orchestre n° 1, en mi mineur, op 11 Ce premier Concerto pour piano est en fait le second que Chopin ait composé. Il a été conçu pendant l’été 1830 et joué par l’auteur le 11 octobre de la même année au Théâtre National de Varsovie devant quelque sept cents personnes réunies en ce lieu pour entendre une dernière fois le virtuose avant son départ pour Vienne puis pour Paris. 2 | cit de la musique Chamber Orchestra of Europe Si le jeune compositeur polonais, alors âgé de vingt ans, conserve pour la réalisation de son « œuvre d’adieu » la découpe traditionnelle du concerto en trois mouvements, il ne manque pas de ménager à l’intérieur de ce cadre quelques tournures inattendues, notamment d’ordre harmonique. Dans l’allegro maestoso initial en mi mineur, par exemple, le second thème est d’abord exposé dans la tonalité homonyme de mi majeur, pour ne réapparaître à la fin du mouvement qu’au relatif (sol majeur). Issue de la même veine que le larghetto du Concerto en fa mineur, la romance centrale s’en distingue néanmoins par une économie de gestes et d’ornements beaucoup plus marquée : « Je n’y ai pas recherché la force, écrit Chopin à Tytus Woyciechowski le 15 mai 1830. Il s’agit plutôt d’une romance calme et mélancolique. Elle devrait donner l’impression d’un doux regard plongé en un lieu évoquant mille souvenirs charmants, comme une rêverie par un beau temps printanier, mais au clair de lune. » L’enchaînement de cette « cantilène italienne » avec le finale en rondo apporte un contraste radical. La rêverie disparaît au profit d’une ronde effrénée qui n’est autre que la stylisation d’un krakowiak, danse au rythme pointé (à 2/4) issue des terres cracoviennes. Quant à l’orchestration, fort critiquée et souvent dépréciée, elle se caractérise pourtant par la délicatesse de ses colorations qui prononce légèrement le contour des figures pianistiques. Schumann sera l’un des rares à prendre sa défense en 1836 sous la plume d’Eusebius : « Chopin ne marche pas avec une armée orchestrale comme font les grands génies ; il ne possède qu’une petite cohorte, mais elle lui appartient tout entière, jusqu’au dernier champion ». Richard Strauss Le Bourgeois gentilhomme, suite d’orchestre, op 60 C’est à l’instigation de son librettiste Hugo von Hofmannsthal, qui avait été séduit par une représentation parisienne du Bourgeois gentilhomme de Molière en 1911, que Strauss composa une musique pour accompagner cette comédie. L’enjeu était de taille, puisqu’il s’agissait pour les deux artistes de travailler à une nouvelle forme théâtrale basée sur « une pièce permettant l’insertion d’un divertissement en forme d’opéra ». Représentée une première fois à Stuttgart en 1912, l’oeuvre fut néanmoins un échec. Le poète remanie alors la notes de programme |3 Chamber Orchestra of Europe pièce, Strauss revoit sa « musique de scène » en 1917, et une nouvelle tentative a lieu au Deutsches Theater de Berlin en 1918. Le résultat n’est pas plus convaincant : pour Hofmannsthal c’est l’optique dramaturgique choisie qui est responsable des échecs successifs de l’œuvre. Il confie à Strauss dans un courrier daté du 8 juillet 1918 ses sentiments sur ce point : « L’élément fondamental du drame, c’est l’action : soit elle avance sans cesse, soit elle vous emporte, soit elle possède la douceur des poupées, soit elle est tissée de psychologie. Dans l’opéra, la musique est le véhicule de cet élément (...). Ici, dans cette forme unique créée par nous, la musique ne participe pas, ne concourt pas à l’objectif dramatique ; au contraire, elle retarde le courant (...). L’action, en soi ténue et frêle, est constamment interrompue par des passages où la musique sert de toile de fond, et l’instinct naïf du public qui veut que l’action aille toujours de l’avant, se voit contredit, impatienté par cet élément retardateur. » D’un commun accord le projet est une nouvelle fois abandonné. Néanmoins persuadé que « l’ouvrage possède trop de charme dans sa forme et son contenu pour ne pas pouvoir être un jour apprécié à sa juste valeur » (1918), Strauss tirera de cette pièce une Suite pour orchestre (1919) donnée en première audition le 31 janvier 1920 à Vienne. Composée de neuf parties, dont trois sont des adaptations des intermèdes originaux de Lully, la partition pastiche la musique du siècle de Louis XIV le tout dans un anachronisme troublant mais délicieux. Corinne Schneider 4 | cit de la musique dimanche 13 avril - 16h30 / salle des concerts Richard Wagner Siegfried Idyll (durée : 18 minutes) Frédéric Chopin Concerto pour piano et orchestre n° 1, en mi mineur, op 11 allegro maestoso, romance, rondo (durée : 35 minutes) entracte Wolfgang Amadeus Mozart Symphonie n° 39, en mi bémol majeur, K 543 adagio-allegro, andante con moto, menuetto allegretto, finale allegro (durée : 27 minutes) Emmanuel Krivine, direction Maria-João Pires, piano Chamber Orchestra of Europe le concert est présenté par Jean-Pierre Derrien concert enregistré par Radio France Chamber Orchestra of Europe Richard Wagner Siegfried Idyll « Il dit qu’il n’a jamais su composer d’œuvre de circonstance (...). Siegfried Idyll est, selon lui, la seule pièce de circonstance qu’il ait réussie » (Journal de Cosima, 30 août 1877). On a toujours l’impression de pénétrer dans la plus haute intimité du célèbre couple à chaque fois que l’on aborde cette oeuvre achevée le 4 décembre 1870 et offerte par Wagner en cadeau à Cosima pour son anniversaire, le jour de Noël. Pour cette occasion, le compositeur avait organisé, dans sa villa de Tribschen, une « aubade » inattendue donnée par treize musiciens. La musique de cet « hommage symphonique d’anniversaire » provient d’un premier mouvement de quatuor à cordes esquissé par Wagner en 1864, à Starnberg. Le musicien retravaillera surtout son second thème, en changeant notamment la mesure (4/4 devient 3/4), et incorporera à la nouvelle version plusieurs motifs, dont une berceuse confiée à l’origine au hautbois dans l’opéra Siegfried, sa principale préoccupation compositionnelle du moment. Ce n’est qu’en décembre 1871 que la partition sort de l’intimité du couple.Wagner l’arrange en effet pour grand orchestre afin de la livrer au public allemand le 20 décembre de la même année au Théâtre de la Cour de Mannheim. Pas moins de deux orchestres avaient été réunis pour son exécution : ceux de Mannheim et Karlsruhe. L’œuvre était de plus insérée au sein d’un programme « monumental » qui faisait entendre la Kaisermarsch de Wagner, l’ouverture de La Flûte enchantée, la Symphonie n° 7 de Beethoven, le prélude de Lohengrin, l’ouverture des Maîtres chanteurs et le prélude de Tristan suivi de la Mort d’Isolde ! A cause des évènements si personnels liés à sa création,Wagner refusera pendant très longtemps de publier cette partition. C’est finalement l’éditeur Schott qui la gravera en 1878. Wolfgang Amadeus Mozart Symphonie n° 39 en mi bémol majeur, K 543 « Avec Mozart commence une ère nouvelle pour la musique, le temps de l’euphorie et de la jouissance sensuelles unies à des actions d’éclat, le temps si charmant où la pensée en possession de toute sa maturité porte encore le souffle de la fraîcheur de sa jeunesse. » Jamais cet 6 | cit de la musique Chamber Orchestra of Europe hommage rendu à Mozart par Franz Liszt à l’occasion de son centenaire (1856) n’aura eu plus d’écho qu’à l’écoute de ses trois dernières grandes symphonies (en mi bémol majeur K 543, en sol mineur K 550 et en ut majeur K 551). Elles semblent avoir littéralement jailli de l’esprit de Mozart, sans répondre à aucune commande extérieure particulière, et dans l’espace incroyablement court de six semaines (été 1788). Aucun fragment, aucune esquisse de ces partitions ne sont parvenus jusqu’à nous : fait assez rare à cette époque de la vie du compositeur. Production spontanée donc, mais qui renferme un sens de l’équilibre structurel et des proportions, une richesse du matériau thématique et un souci des textures orchestrales jusque-là encore jamais atteints dans ce genre. L’écriture des instruments à vent et le rôle qui leur est confié dans la Symphonie en mi bémol majeur demeure en ce sens exemplaire. Chaque intervention des clarinettes, bassons ou trompettes, entre en correspondance avec les évènements formels importants de la partition (transition des vents à découvert avant la réexposition dans l’Allegro initial ou passage précédant le premier intermède en fa mineur du mouvement lent). Soutenus et caractérisés par ces instruments, les touches de couleur propres au premier mouvement, « l’euphonie » qui caractérise certains passages de l’Andante con moto et les « actions d’éclat » du finale se trouvent ainsi transformés en de véritables gestes dramaturgiques. C. S. notes de programme | 7 Chamber Orchestra of Europe biographies 8 | cit de la musique Emmanuel Krivine Maria João Pires, s’enthousiasme très jeune pour l’orgue et la musique symphonique. C’est pourtant comme violoniste qu’il débute. Premier prix du Conservatoire de Paris à 16 ans, il étudie avec Szeryng et Menuhin, et s’impose dans les concours internationaux les plus renommés : Naples, Londres, Paganini. En 1965, sa rencontre avec Karl Böhm donne un tournant définitif à sa carrière : il délaisse peu à peu l’archet pour la baguette, sa passion de toujours. De 1976 à 1983, il est chef invité permanent du Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France. Depuis 1987, il est directeur musical de l’Orchestre national de Lyon, sans délaisser les autres grandes formations internationales (Berliner Philharmoniker, Gewandhaus de Leipzig, London Symphony Orchestra... née à Lisbonne, se produit pour la première fois en public à l’âge de quatre ans, donne son premier récital à cinq ans puis remporte à l’âge de neuf ans le plus grand prix portugais récompensant de jeunes artistes. Elle étudie ensuite sous la direction de Campos Coelho et Rösl Schmidt jusqu’en 1964 et remporte en 1970 le premier prix du Concours Beethoven. Commence à cette époque sa carrière internationale avec des tournées en Europe, en Afrique, aux EtatsUnis et au Japon. The Chamber Orchestra of Europe, fondé en 1981, compte cinquante membres de quinze pays différents. Les musiciens, tous solistes, chambristes ou premiers pupitres d’orchestres, se retrouvent environ 140 jours par an. Le fait de partager la passion de la Chamber Orchestra of Europe musique avec des musiciens possédant la même sensibilité, conduit l’orchestre à développer ses propres qualités artistiques, sans l’aide d’un chef permanent. Bien qu’il se produise souvent sans chef d’orchestre, le Chamber Orchestra of Europe a tissé des liens très étroits avec Claudio Abbado et Nikolaus Harnoncourt. trompettes Nicholas Thompson Julian Poore Clare Thompson Sylvain Vasseur Martin Walch trombone basse altos Nicholas Eastop Jane Atkins Gert-Inge Andersson Charlotte Geselbracht Sophie Renshaw Dorle Sommer Stephen Wright timbales Geoffrey Prentice percussions Andreas Böttger Jeremy Cornes Gerald Kirby Nicholas Ormrod violoncelles flûtes Charlotte Sprenkels Richard Lester Henrik Brendstrup Kim Bak Dinitzen Howard Penny Ursula Smith Jaime Martin Sarah Newbold piano contrebasses John Alley Enno Senft Martin Heinze Lutz Schumacher harpe hautbois Douglas Boyd Alison Alty clarinettes Richard Hosford Lynsey Marsh bassons Mathew Wilkie Christopher Gunia cors Jaime Sommerville Andrew Moxon Jan Harshagen Timothy Caister violons Arvid Engegard Fiona Brett Katrine Buvarp Francis Cummings Barbara Doll Christian Eisenberger Kolbjorn Holthe Sylwia Konopka Hanno de Kogel Maria Kubizek Fiona McCapra Harald Orlovsky Hàkan Rudner Henriette Scheytt Vesna Stankovic technique régie générale régie plateau régie lumières notes de programme | 9