Doit-on interdire les jeux de bataille et les jeux de guerre???

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Doit-on interdire les jeux de bataille et les jeux de guerre???
Doit-on interdire les jeux de bataille et
les jeux de guerre???
La plupart des éducatrices en milieu de garde interdissent les jouets, les jeux de guerre et
les jeux de batailles et elles privilégient les jeux pacifiques, par crainte que :
-
Que les enfants deviennent violents
-
Que le comportement d’agressivité augmente.
-
Que les enfants développent des manières d’agir inadéquates.
-
Que les enfants se blessent, qu'ils comprennent que la violence est acceptable
-
Qu'il y ait une imitation de jeux trop violents dans leur groupe
-
Que les jeux deviennent trop bruyants.
Ces craintes nous ont amené à poser plusieurs questions :
-
Devons nous permettre des jeux de batailles en mettant des règles claires et
précises?
-
Est-ce que les enfants sont portés à agir ainsi car les jeux de motricité sont peu
nombreux?
-
Avons-nous peur de laisser les enfants participer à des jeux de défoulement? Nous
avons peur de quoi?
-
Est-ce que ces inquiétudes sont assez importantes pour leur en interdire
complétement ce type de jeu?
Les réponses à ces questions seront différentes selon le milieu, le tempérament et les
besoins des enfants et les limites de l’éducatrice. Nous avons tous des valeurs, des
limites, une personnalité et une philosophie éducative différentes. Par contre, notre
profession nous amène à faire régulièrement des mises au point et de se ressourcer.
Qu’est ce que c’est un jeu violents
Bien souvent, ce que nous croyons être un jeu violent, ne l’est pas en soi. Les enfants ne
font habituellement que reproduire un geste qu’ils ont déjà vu sans avoir l’intention
première de jouer à un jeu à caractère violent. Par exemple, un enfant dont le père est un
grand amateur de chasse va probablement, lors de la période de jeu, prendre différents
objets et les transformer en fusils. Lorsque nous prenons le temps d’observer le
comportement de cet enfant, nous comprenons alors qu’il ne fait qu’imiter son père.
Parfois, permettre aux enfants de se défouler, par l’entremise de jeux encadrés bien sûr,
les amène à être moins portés à se batailler, se chamailler. Les conflits physiques
deviennent moins présents car des activités semblables sont permises. Vous serez
certainement d’accord qu’on est davantage tenté de faire quelque chose lorsque l’on ne
peut pas.
Certaines se questionnent sur l'exploitation commerciale des sous-produits des héros du
cinéma, tandis que d'autres trouvent les jeux de ces héros répétitifs et soulignent l'absence
de créativité des enfants qui les imitent.
Les exploits de Batman, de Superman et de Spiderman impressionnent les enfants. Ces
héros surmontent les difficultés et se sortent de toutes les situations périlleuses.
Spiderman, par exemple, voit même quand il fait nuit et se promène partout sans avoir
peur. L'enfant désire, lui aussi, détenir des pouvoirs magiques qui lui permettent de
maîtriser ses peurs et, surtout, de les contrôler. Cette force héroïque lui permet d'être
moins dépendant par rapport aux adultes. Dans ce genre de jeux, l'enfant a le droit de
décider; il surmonte ses craintes, il devient maître de son monde imaginaire. Si vous les
interdisez, vous découvriez des Batman cachés sous la table ou des Spiderman derrière un
paravent: Les jeux se feront en cachette. Devenez plutôt complice des enfants.
Un objet peut devenir éducatif par l'usage que l'on en fait. Un chaudron peut devenir un
tambour, un casque de soldat ou une chaise. Les jouets ni sont ni mauvais ni bon en soi.
S'ils l'étaient, on pourrait aussi bannir les Barbies, trop stéréotypées, les dinosaures
carnivores ou les déguisements de chevalier ou de policier, toujours prêts à utiliser la
force. Les jouets sont avant tout des objets permettant à l'enfant de se projeter, d'exprimer
ce qu'il ressent ou souhaite à travers un personnage, un animal, une fantaisie. L'épée de
carton, le fusil construit de blocs ou la baguette magique servent à faire semblant de
combattre, de tuer ou de transformer quelque chose dans un monde imaginaire.
Connaitre le développement affectif et social des enfants de 4-5ans
Développement affectif
Le développement affectif signifie que l’enfant manifeste plusieurs émotions, de la
tristesse à la joie en passant par la colère, et qu’il apprend à les maîtriser. Cette étape
l’aide à bâtir son estime de soi et l’amène à développer des qualités plus profondes,
comme la sympathie, la compassion, la résilience, l’affirmation de soi et l’empathie, de
même que la capacité d’affronter la vie.
À cet âge :

l’enfant joue à faire semblant pour mieux maîtriser les expériences qui le
frustrent ou l’effraient.

il a une bonne estime de soi, une bonne image de lui-même et est fier de ses
réussites.

il se conforme plus souvent aux demandes de ses parents.

il se concentre et s’occupe seul pendant 20 à 30 minutes.

il persévère plus longtemps devant une tâche difficile.
Peu à peu, il commence à :

se montrer désireux de prendre part aux tâches de la maison.

se montrer capable de se remettre en question et de réfléchir à ses gestes, par
exemple en disant « ce que j’ai dit n’était pas gentil ».

ressentir des émotions positives ou négatives envers une autre personne et à
comprendre ces émotions.

faire la distinction entre imagination et réalité.

se montrer plus intéressé à prendre soin de lui, par exemple en nettoyant sa
chambre, en allant seul à la toilette et en prenant seul son bain.
Développement social
Le développement social désigne la capacité de se faire des amis et de s’entendre avec les
autres, de travailler en équipe et d’être un bon meneur. Toutes ces habiletés reposent sur
l’estime de soi, la confiance en soi et la coopération avec les autres.
À cet âge :

l’enfant joue à des jeux assortis de règles simples.

il démontre de l’attachement envers un camarade de jeux.

il porte intérêt aux différences entre les sexes et peut jouer à se déshabiller avec
d’autres enfants

il aime faire des jeux de rôles avec d’autres enfants.

il commence à comprendre la notion de partage.
Peu à peu, il commence à :

expliquer les règles d’un jeu ou d’une activité aux autres.

jouer de manière coopérative dans un groupe de 2 ou 3 enfants.

s’excuser pour les gestes qu’il a posés sans le vouloir.

comprendre ce qui est bien et ce qui est mal.

écouter les autres lorsqu’ils parlent.
Quoi faire pour changer la direction des jeux chez les enfants.
-
Tentez de cerner ce qui caractérise les héros, ce que représentent ces personnages
pour eux. En entrant dans leur jeu, vous pourrez amener les enfants à l'enrichir, à
le diversifier, par exemple en proposant des amis au héros, ou en lui attribuant
d’autres notions. Vous soutenez ainsi leur créativité.
-
Jouer avec l'enfant l'aide à rediriger son jeu, à exprimer ses sentiments de façon
symbolique et ainsi à développer sa capacité à contrôler ses conduites agressives.
Si vous acceptez les jeux de guerre et les jeux combatifs ou de héros, ou que vous
y participiez, vous reconnaissez le besoin des enfants de maitriser leur monde.
Vous pourrez alors leur proposer des solutions de rechange, leur apprendre à
s'autocontrôler, enrichir leur jeu créatif et agir à l'occasion en tant que médiatrice.
Vous mettez alors à leur disposition du matériel et un espace favorisant la liberté
du jeu et leur sécurité.
-
Permettre aux enfants de participer à des activités de chamaille en encadrant ces
périodes. Lorsque le besoin se fait ressentir dans votre groupe, aménager un coin à
cet effet. Placer du papier collant de couleur au sol pour délimiter l’espace qui est
permis. Afficher au mur des images représentant Mettez des règles claires et un
temps limites : Exemple on ne touche pas au visage, quand ton ami te dit stop, tu
dois arrêter….ETC
-
Prendre conscience de vos inquiétudes, de vos résistances face au jeu vigoureux
des enfants et, surtout, replacer ces gestes enfantins dans le contexte du
développement de l'enfant. Cette dernière joue, il ne fait pas la guerre. Il n'est pas
conscient de la triste réalité des conflits armés entre adultes. Il vit intensément au
cœur de son monde intérieur et fantaisiste.
Suggestions d’activités

Sur une pile de matelas, jouer à bataille d’oreillers et combat d’épée (utiliser des
tubes en mousse communément appelés « frites pour la piscine »). Établir des
consignes claires, les respecter et être constante.

Planifier régulièrement des activités de motricité globale permet aux enfants de
dépenser leur énergie adéquatement et peut-être ainsi éviter certains conflits
physiques. Cependant, il n’est pas toujours évident d’en planifier en abondance
car le matériel ou l’espace est souvent manquant. Quelques idées gagnantes :
1. Déplacer les meubles et entrer les tricycles à l’intérieur.
2. Réaliser un parcours moteur gigantesque qui passera par exemple par le
vestiaire et plusieurs autres locaux : grimper sur une chaise, marchée à
quatre pattes sous une table, sauter sur des matelas, …
3. Faire des pirouettes sur de grands matelas.
4. Jouer au hockey, au soccer.

Petites mains agitées, pourquoi ne pas les occuper! Offrir différentes activités
dans lesquelles les mains seront à l’honneur.

Lancer des sacs de pois, sac de sable.

Suspendre au plafond des ballons de plage sur lesquels les enfants pourront
frapper.

Écraser des objets avec les mains ou les pieds tels qu’un emballage de carton ou
une boite d’œufs.

Pâte à modeler en grande quantité. Offrir peu d’outils pour les laisser manipuler
davantage.

Peinture au doigt.

Déchirer du papier.

Lorsqu’il y a de l’électricité dans l’air, les jeux d’eau procurent une atmosphère
de détente :
1. Laver les poupées.
2. Eau colorée.
3. Eau savonneuse.
4. Transvider avec des tasses à mesurer, des entonnoirs et des comptegouttes.

Organiser des batailles de boules de papier.

La bataille, le corps à corps ou le jeu avec des dinosaures menaçants font aussi
partie du processus de symbolisation. Bien que ces comportements semblent
parfois contenir un élément d'agressivité, il est important de ne pas les confondre
avec une conduite agressive.
Le jeu combatif offre la possibilité à l'enfant d'exprimer des émotions fortes, de pratiquer
le contrôle de soi, en modulant et en refrénant ses gestes, et de négocier des rôles. Dans
l'imagination de l'enfant, le jeu combatif prend forme dans le "faire semblant". Ceux qui y
participent crient, courent, simulent la colère, se bousculent parfois, mais le plaisir est au
rendez-vous. En revanche, les conduits agressifs sont pour leurs parts sous-tendues par
des sentiments réels : frustrations ou colère, par exemple. Dans le feu de l'action, les
bataillent dégénèrent parfois; les enfants s'excitent et éprouvent de la difficulté à freiner
leurs élans moteurs. L’éducatrice doit alors arrêter le jeu et faire prendre conscience aux
enfants que ce n'est plus un jeu amusant quand l'un d'entre eux se blesse.
Bibliographie
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Revue Enfants Québec, mai 2007, écrit par Sylvie Bourcier.
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Naître et grandir.net « Développement 4-5 ans»