Format PDF - Journal des anthropologues

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Journal des anthropologues
Association française des anthropologues
128-129 | 2012
Dites-le avec des fleurs
Séminaire de l’AFA
Anthropologie, psychanalyse et politique : Regards sur les terrains,
Année 2011-2012
Éditeur
Association française des anthropologues
Édition électronique
URL : http://jda.revues.org/5970
ISSN : 2114-2203
Édition imprimée
Date de publication : 14 octobre 2012
Pagination : 381-391
ISBN : 979-10-90923-03-4
ISSN : 1156-0428
Référence électronique
« Séminaire de l’AFA », Journal des anthropologues [En ligne], 128-129 | 2012, mis en ligne le 14 octobre
2012, consulté le 05 octobre 2016. URL : http://jda.revues.org/5970
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.
Journal des anthropologues
S ÉM I N A I R E D E L’A F A
Anthropologie, psychanalyse et politique
Regards sur les terrains
Année 2011-2012
En partenariat avec
la FMSH et le laboratoire CRPMS, Paris VII Diderot
Maison SUGER
16-18 rue Suger – Paris-75006
Ce séminaire a proposé que soient repensés les dialogues et les
mises à l’épreuve réciproques entre anthropologie et psychanalyse.
Il s’est efforcé d’articuler trois lignes de questionnement.
– Clinique du terrain et terrains cliniques : des anthropologues
se sont interrogés sur la nature des relations interpersonnelles
développées durant leurs enquêtes, le sens et les modalités de leur
écoute, et, corollairement, les mobiles intimes de la parole des
acteurs. Les crises économiques et politiques qui bouleversent de
nombreuses sociétés s’impriment, en effet, dans la situation
ethnologique. De surcroît, l’ethnologue se trouve de plus en plus
fréquemment en contact avec des populations en fragilisation
croissante, en état de non inscription, et même d’errance.
– Folie et État : nous avons développé une réflexion croisée,
d’un côté sur les effets sur les élaborations identitaires des nouvelles
représentations du bien-être psychique, de l’autre, sur les instances
de légitimation sur ce que serait une bonne santé psychique en
termes de prévention, de diagnostic, de traitement et de leur
évaluation. Enfin, le lien a été souligné entre les terreurs issues de la
violence de l’État et les confusions des registres du Réel, de
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l’Imaginaire et du Symbolique, qui font tenir l’existence singulière
et les échanges sociaux. D’une certaine manière, la folie a disparu
au profit de l’exclusion et de la stigmatisation des perdants. Dans les
pays lointains qui ne rentrent pas dans cette industrialisation du
soin, l’OMS, au contraire, préconise un retour aux dispositifs dits
« traditionnels », légitimant médiums, devins et autres guérisseurs.
Dans ces deux configurations du monde globalisé, les États jouent
un rôle majeur, idéologique, symbolique, mais aussi
institutionnalisant les corps des professionnels du soin psychique.
La psychanalyse fait actuellement l’objet d’un débat social, d’autant
plus aigu que c’est la singularité du sujet individuel qui est en jeu.
La présence de la psychanalyse dans les institutions de soin et
d’enseignement redevient l’enjeu d’une lutte, alors que la
psychiatrie et la psychopathologie sont de plus en plus biologiques.
– Un dernier volet : rouvrir le débat entre anthropologie et
psychanalyse de l’ordre épistémique et épistémologique, à l’heure
où le cognitivisme est, pour un nombre croissant d’anthropologues,
un outil de validation de leurs recherches et de leurs résultats. La
généralisation de l’économie de marché a eu des effets de plus en
plus prononcés sur les définitions de la souffrance psychique, des
troubles mentaux, leurs modes de diagnostic et leur traitement. Dans
les démocraties industrielles, on constate la dominance des
modélisations biologiques et neurologiques, le retour à un primat
héréditaire et la mise en avant de polices de rééducation
comportementaliste.
Le séminaire annuel, fondé en 2008, s’est organisé durant
l’année 2011-2012 autour de séances mensuelles de novembre à
juin. Il a été accueilli de 2008 à 2011 par l’EHESS. Il est hébergé
depuis septembre 2011 à la maison Suger. Il est codirigé par trois
chercheurs :
Marie Bonnet, anthropologue-psychanalyste, chercheure
associée au laboratoire CRPMS université Paris VII,
[email protected]
Olivier Douville, psychanalyste, Laboratoire CRPMS
université Paris VII, [email protected]
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Séminaire « Anthropologie, psychanalyse et politique »
Monique Selim, anthropologue, directrice de recherche à
l’IRD, [email protected]
Les 8 séances ont abordé cette année des thématiques variées
dont en voici une brève synthèse.
« Démarche clinique d’orientation psychanalytique en sciences
sociales et humaines. Réflexion et études de cas sur les rites de
passage aujourd’hui »
Françoise Hatchuel et Maryline Nogueira-Fasse, de l’équipe
« Clinique du rapport au savoir », du Centre de recherches en
éducation et formation/université Paris Ouest Nanterre, ont proposé
une analyse de leur pratique de l’entretien non directif de sujets
engagés dans une problématique éducative.
Créée en 1989 par Jacky Beillerot, l’équipe « Savoirs et rapport au savoir » a travaillé, pendant près de 20 ans au sein du CREF
(centre de recherches en éducation et formation) de l’université
Paris X Nanterre), la notion de rapport au savoir, qu’elle a contribué
à installer durablement dans le paysage des sciences de l’éducation,
sous le double angle de la psychanalyse et des sciences sociale (voir
l’ouvrage de Françoise Hatchuel Savoir apprendre transmettre,
2007, La Découverte, qui en donne une synthèse). Sa diversification
en 2009 a donné naissance à l’équipe « Clinique du rapport au
savoir », fondée par Claudine Blanchard-Laville et dirigée
aujourd’hui par Philippe Chaussecourte, qui s’inscrit dans le
mouvement de développement et de structuration de la recherche
clinique d’orientation psychanalytique en sciences de l’éducation
(voir par exemple la note de synthèse publiée en 2005 dans la Revue
française de pédagogie). En effet, si la démarche clinique en
sciences humaines (voir l’ouvrage du même nom sous la direction
de Claude Revault d’Allones en 1983) s’appuie sur l’analyse fine
des mouvements transférentiels du chercheur ou de la chercheuse
vis-à-vis de ses données de recherche telle que l’a théorisée Georges
Devereux, dans une visée davantage compréhensive qu’explicative,
elle est particulièrement riche en sciences de l’éducation où elle
contribue à mieux cerner les enjeux psychiques de la relation
éducative. Dans ce cadre, Françoise Hatchuel a développé une
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ouverture à l’anthropologie qui lui permet de relier ces enjeux
psychiques aux grandes questions humaines et la façon dont les
sociétés aident les sujets à y faire face. La question des rites de
passage, et de ce qu’ils signifient, psychiquement et anthropologiquement, semble particulièrement intéressante.
Les intervenantes ont présenté donc les grandes lignes de leur
réflexion, étayée par deux exemples de recherches cliniques menée
via l’analyse d’entretiens non directifs de sujets engagés dans une
problématique éducative. Elles ont montré ainsi la façon dont les
concepts de la psychanalyse et de l’anthropologie sont mobilisés
afin de construire des hypothèses permettant d’approcher la
singularité d’un sujet en lien avec nos élaborations personnelles et
l’analyse de la dynamique des entretiens. La première recherche
présentée a été menée auprès d’enseignants ayant participé à un
dispositif d’écriture dans le cadre de leur formation en IUFM. Ce
temps de formation, envisagé comme une crise identitaire, telle
qu’elle a été analysée par Louis–Marie Bossard (2004), nous
apparaît lié au « passage » que constitue le « devenir enseignant ».
Des liens ont été tentés entre les marquages corporels des sociétés
premières et les phénomènes « d’inscription de soi » proposés, par
un travail écrit, dans une perspective commune de mouvement
identitaire. La seconde recherche portait sur le rapport au savoir de
jeunes dits « en difficulté » (en tout cas désignés comme tels par
leur placement dans un institut spécialisé). Là encore, la question du
passage à l’âge adulte et de la façon dont il peut être étayé par
l’environnement s’avère cruciale. Les réflexions théoriques sur le
rapport au savoir poussent à penser que cet étayage n’est pas sans
lien avec le type de savoirs et de rapport au monde valorisés dans
une société donnée.
« Interactions et entretiens cliniques dans un projet sur le
rapport au corps des adolescents : questions d’éthique de
l’évaluation »
Animée par Virginie Valentin, docteure en anthropologie et
chercheure associée à la Bibliothèque nationale de France, cette
séance a développé une réflexion sur la position d’évaluateur dans
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Séminaire « Anthropologie, psychanalyse et politique »
le cadre d’un projet organisé en partenariat avec un festival de danse
contemporaine qui vise notamment à développer la pratique et la
créativité artistique de jeunes lycéens.
Les différentes interventions effectuées par un chorégraphe, le
responsable des relations avec les publics du festival et un ethnologue tendent, en particulier, à donner une ouverture culturelle aux
jeunes en les initiant notamment à la danse contemporaine, à
l’histoire de l’art, à l’anthropologie et en leur faisant découvrir l’art
contemporain. La mise à disposition de ces matériaux culturels et,
en particulier, l’initiation à la danse contemporaine doivent permettre aux jeunes de modifier leur regard et leur rapport au corps.
Les coordinateurs de ce projet intitulé « Féminin/masculin : la fabrique de la beauté » font l’hypothèse que, dans le contexte de notre
culture occidentale qui a tendance à proposer une éducation
corporelle basée sur la dissociation du corps et de l’esprit, un questionnement sur le sens de la beauté et le travail corporel donne aux
jeunes gens les moyens de vivre mieux leur rapport au corps.
Dans une perspective interactionniste, l’hypothèse consiste en
l’idée selon laquelle le rapport des jeunes aux différents intervenants, les échanges avec ceux-ci doivent permettre de développer un
lien de confiance et de changer l’image de soi. À partir de
l’expérience de terrain vécue au cours de ce projet sur une année
avec deux classes de lycéens, et en s’appuyant sur des travaux relatifs à la question de l’esthétique et des techniques du corps essentiellement en anthropologie complétés par des apports en science de
l’éducation et en psychanalyse, la réflexion sur le cadre a pour but
de permettre une meilleure mise en condition des jeunes. Il s’agit
aussi de penser la position éthique et le mode de relation que les
enseignants peuvent adopter pour faciliter ce processus de changement de position subjective des adolescents.
« Internet en Chine :
l’anthropologue »
problèmes
méthodologiques
pour
Wenjing Guo, doctorante contractuelle en anthropologie au
laboratoire IEDES/UMR 201 Développement et Sociétés - Paris 1, a
montré de quelle manière Internet joue un rôle majeur dans les
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Association française des anthropologues
transformations de la société chinoise. L’État central et les
gouvernements locaux l’utilisent pour s’adresser à la population et
tenter de susciter son adhésion aux politiques menées. Les
internautes l’investissent pour la constitution de réseaux sociaux
virtuels ou réels, la mise en place d’ONG, la création de nouveaux
modèles de comportement et des mobilisations ponctuelles sur des
questions sociales et des événements perçus comme révélateurs
d’injustices et d’oppressions. Les autorités locales et les couches
dominantes, dont les abus de pouvoir et la consommation
ostentatoire sont régulièrement dénoncés, sont une cible essentielle
des internautes.
L’État-Parti n’est plus en mesure de bloquer complètement les
connexions à des sites internes et externes jugés menaçants pour sa
légitimité. Les internautes s’inscrivent dans le monde global, y
produisent des connaissances sur la société chinoise qu’ils renvoient
à l’ensemble de leurs réseaux. L’étude est centrée sur les espaces de
communication et de contestation (par exemple les conflits sur la
terre) qui se déploient sur internet, leurs capacités de déclenchement
de mouvements sociaux et les manifestations de débats moraux et
politiques qu’ils mettent en scène. L’attention est portée aux
expressions langagières qui puisent à des sources très diverses,
politiques et culturelles, jouant sur les mots, les slogans, les
proverbes, les dictons et les métaphores. Les sites de toutes sortes
constituent le terrain de recherche qui interroge les relations entre la
nature et les régulations du régime politique chinois et les processus
de démocratisation en cours.
« Histoire et actualité de la psychanalyse en Chine »
Yan Helaï, docteur en psychologie, laboratoire CRTTP, Paris
XIII, et Olivier Douville, psychanalyste, chercheur au laboratoire
CRPMS, ont proposé une analyse de la situation de la psychanalyse
en Chine. La psychanalyse a-t-elle, comme la philosophie, quelque
chose à gagner (du côté de ce qui la fonde) ou à perdre (du côté de
ses illusions) à passer par la Chine ? C’est probable. C’est, en tout
cas, un pari qu’il faut faire. Mais à condition qu’un tel passage ne
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Séminaire « Anthropologie, psychanalyse et politique »
l’entraîne pas à s’y laisser diluer, ni à croire s’y retrouver comme
étant déjà là ou déjà attendu. Bref, à condition que la Chine soit
autre chose que la dernière coqueluche du monde psychanalytique
parisien, et continue à se présenter comme une occasion féconde
d’interroger ce qui, dans la psychanalyse, dans son extension dans le
monde, ne se réduirait pas à une machine à occidentaliser les
esprits. De cette interrogation, il est juste d’attendre des retours sur
le rapport à la psychanalyse, en tant que théorie de l’énonciation,
plus encore en tant que pensée du sujet et théorie de l’acte.
« "L’autothérapie" : un phénomène religieux de "New Age" » ?
Élisabeth
Kaluaratchige,
psychanalyste,
psychologue
clinicienne, maître de conférences, chercheuse, équipe « Corps,
pratiques sociales et anthropologie psychanalytique », CRPMS,
université Paris VII a proposé une analyse concernant l’autothérapie.
L’« autothérapie » est un phénomène du monde moderne, auquel la
théorie psychanalytique de l’entendement collectif confronte, et qui
en outre est apte à l’illustrer. Détaché de la « foule », encadré dans
un système fermé, engagé dans une pratique plutôt « auto et solo :
soi-même et seul » ou quasi individuel, l’homme triste de la
modernité est-il un « malade qui multiplie les remèdes » ?
L’« autothérapie » renvoie à l’univers des psychothérapies non
conventionnelles,
pseudo-scientifiques,
parapsychologiques…
provenant de différents horizons. Se situe-t-elle entre la
souveraineté des organisations religieuses qui s’occupent du corps
de la sublimation et celle de la médecine qui traite le corps
biologique ? Freud trace déjà au début du XXe siècle, l’énigme de la
pulsion qui force un certain homme moderne de mener une quête
d’« auto-solution » ascétique. L’homme « autoïque » du « New
Age » insinue-t-il qu’il est malade d’une « maladie du moi » et d’un
malaise de l’individualisme, plutôt que d’un malaise dans la civilisation ? Il s’est agi ici de questionner les techniques qu’il utilise
pour éliminer le moi ou pour transformer « quelque chose de son
moi qu’il ne veut pas assumer ». Au travers de cette interrogation, il
est juste de saisir l’articulation entre un piétisme saisonnier ou un
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Association française des anthropologues
protestantisme plus protestant que le protestantisme chrétien et un
Gethsémani de la modernité.
« "Ceci n’est pas une guerre", à propos de la violence en
Colombie »
Tania Roelens, anthropologue et psychanalyste a effectué une
présentation à partir de son expérience de terrain comme analyste en
Colombie. La Colombie présente une situation politique
apparemment stable alors qu’elle est traversée par un conflit d’une
extrême et ample violence qui s’enracine dans une longue histoire :
près de 20 000 homicides par an, entre 50 000 et 250 000 disparus,
4 millions de déplacés internes, le resurgissement permanent de
bandes armées. Des sources diverses témoignent chaque année de
dizaines d’assassinats de syndicalistes, de juristes, de leaders
populaires, de journalistes, d’enseignants, d’indiens, de noirs, de
marginaux, des dizaines de massacres dans les campagnes et
d’enlèvements. La banalisation, le déni et l’amnésie recouvrent
cruellement ces crimes tout comme l’impunité et les courageuses
tentatives pour en sortir. Tania Roelens s’est interrogée sur les
ressorts de ce paradoxe aux niveaux subjectif et collectif.
« Le coaching de dirigeants en entreprise : retour sur une
pratique »
Marie Rebeyrolle, coach, docteure en anthropologie, est
intervenue à partir d’une expérience de chercheuse et d’intervenante
en entreprise en tant que coach, la conférencière a porté un regard
anthropologique sur le coaching. L’évolution des demandes de
coaching en dix ans de pratique met à jour l’apparition et le
développement d’une volonté de mise sous contrôle du risque en
particulier depuis quelques années des « risques psychosociaux ».
Qu’est-ce que l’évolution de cette demande raconte sur la pratique
du coaching et sur l’entreprise elle-même ? Quels sont ensuite
l’apport et la place de l’anthropologie dans le coaching ? La
méthode d’observation et d’analyse anthropologique propose des
clés afin de repérer le fonctionnement de collectifs. En quoi ces
outils de repérage des relations à l’autre et aux autres peuvent-ils
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Séminaire « Anthropologie, psychanalyse et politique »
être utilisés en coaching par le coach et le coaché ? Enfin, de quelle
manière le coach se trouve à la frontière de l’anthropologie et de la
psychanalyse ?
« Lacan : la femme n’existe pas »
Marie Bonnet, psychanalyste, anthropologue et chercheure
associée au laboratoire CRPMS, a effectué un exposé théorique et
clinique concernant la phrase « la femme n’existe pas » extraite des
séminaires de Jacques Lacan. En effet Jacques Lacan, psychiatre et
psychanalyste français (1901-1981) a développé dans son œuvre et
dans le cadre de ses séminaires, une réflexion sur les relations entre
l’homme et la femme. La phrase « la femme n’existe pas » fait partie
des quelques citations souvent commentées. Sa recherche
concernant la place du phallus dans les relations entre les hommes et
les femmes a pu être interprétée comme l’avatar d’une pensée
phallocentrée, pourtant cette opinion n’est pas unanime dans la
communauté intellectuelle. Lacan ne s’est pas contenté de proposer
une réflexion sur ce que pouvait être LA femme, il s’est également
interrogé cliniquement sur ce que pouvait signifier la jouissance
féminine qui ne se réduit pas à la jouissance phallique. Ce qu’il
avance à partir du séminaire « D’un discours qui ne serait pas du
semblant » concernant les femmes, puis dans les séminaires qui
suivent notamment « Encore », peut-être lu aussi en écho aux écrits
féministes relatifs à l’essence féminine et à la domination masculine.
* *
Programme 2012-2013
Maison Suger
16-18 rue Suger – Paris 6
(RER Saint-Michel)
Cette année, nous invitons les auditeurs du séminaire à venir
assister et participer à la journée d’étude annuelle de l’Association
française des anthropologues. Intitulée « Désir d’éthiques », elle se
tiendra à la maison Suger le jeudi 22 novembre, de 9h45 à 16h30.
Le constat du développement de comités d’éthiques requis par les
instances de financement et d’évaluation de la recherche ainsi que
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Association française des anthropologues
de chartes de bonnes pratiques dont se dotent nombre d’associations
professionnelles en sciences sociales a conduit l’AFA à organiser
une journée pour interroger ce désir d’éthiques.
Personnes pressenties : Philippe Amiel, Annie Benveniste, Marie
Bonnet, Frédérique Guyader, Françoise Lafaye, Louis Moreau de
Bellaing, Sandrine Musso, Ilaria Pirone, Monique Selim, Victor
Stoczkowski.
Argumentaire
Un numéro du Journal des anthropologues de 1993 avait déjà
interrogé l’« éthique professionnelle » en la mettant en rapport avec
l’expérience de terrain. Faisant remarquer que « l’usage du terme
"éthique" s’était trouvé banalisé par le développement de la bioéthique », Nicole Échard montrait comment l’éthique professionnelle,
bien que se constituant aux deux niveaux de l’individu et de la
communauté sociale, relevait surtout de la responsabilité du
chercheur. Elle était liée à la réflexivité. Quant aux questions que
soulève la pratique d’une anthropologie institutionnelle, mobilisant
des prises de position vis-à-vis des sujets de l’enquête, elles étaient
posées dans les termes du politique.
Aujourd’hui, s’interroger sur l’emprise de l’éthique dans les
sciences sociales, c’est poser la question du contrôle des recherches
scientifiques, de leur soumission à des normes éthiques édictées par
les instances politiques et à la formalisation que ces normes
entraînent. C’est aussi interroger l’épistémologie et les méthodes du
terrain de l’anthropologie. Nous souhaitons ne pas dissocier les
deux questionnements et inviter les participants à revenir sur un
certain nombre de points abordés par Alice Desclaux et Aline
Sarradon-Eck dans l’introduction au dossier « L’éthique en
anthropologie de la santé : conflits, pratiques, valeur heuristique »
(http://www.ethnographiques.org/2008/Desclaux,SarrandonEck).
– Dans quelle mesure, en acceptant l’idée du contrat éthique,
l’anthropologue se trouve-t-il/elle confronté/e à des règles qui le/la
dépossèdent de son rapport singulier aux objets de la recherche et à
la réflexivité propre à sa démarche ?
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Séminaire « Anthropologie, psychanalyse et politique »
– L’anthropologie travaille-t-elle sur des constructions culturelles
particulières qui l’affranchiraient du rapport à l’universel ; le/la
chercheur/e est-il/elle confronté/e à une redéfinition des valeurs
éthiques par les groupes singuliers avec lesquels il/elle travaille ?
– Que faire concrètement face à la menace de voir les normes
éthiques bouleverser nos pratiques et contraindre négativement
notre discipline ?
Telles sont les questions dont nous voulons débattre. À cet effet, les
intervenants que nous avons invités à cette journée pourront
s’appuyer sur des études de cas qui montrent les conséquences, sur
le terrain, du passage par l’éthique normative mais la réflexion
devra également prendre en considération les autres questions
évoquées ci-dessus
Séances 2012-2013
• 4 décembre 2012 – 11h-13h
Évelyne Fiorenza, Françoise Crégut Dinet, Annick Richet
(groupe Coaching) : « L’entreprise ».
• 8 janvier 2013 – 11h-13h
Daniel Delanoë : « La ménopause sous domination
symbolique ».
• 26 février 2013 – 11h-13h
Thierry Baudet : « Traumatisme, identité et possession ».
• 26 mars 2013 – 11h-13h
Élisabeth Kaluaratchige : « Père-Fille, quelle domination ? ».
• 16 avril 2013 – 11h-13h:
Bernard Hours : « L’humanitaire ».
• 14 mai 2013 – 11h-13h
Louis Moreau de Bellaing : « La légitimation »
• 25 juin 2013 – 11h-13h
Marie-Laure Dimon, Michel Brouta (CIPA) : « Fraternités,
emprises, esclavages »
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