aidons les rescapés à se relever

Transcription

aidons les rescapés à se relever
Aider plus loin
# 81 décembre 2013 | janvier | février 2014
issn 2109-036x - 0,76 €
philippines
page 3 | urgence
aidons
les rescapés
à se relever
Devant les ravages
du typhon Haiyan
dans la ville de Tacloban
(Leyte), un enfant blessé
par un éclat de débris
page 8 | dossier spécial
réfugiés
à leurs côtés
3 | urgence
philippines
“ La journée
de la fin du
monde ” selon
un rescapé !
Le 8 novembre à 4h40, le typhon Haiyan frappe les Philippines
avec des vents de plus de 300 km/h, des vagues immenses
ravageant tout sur leur passage, des villes et des villages,
semant la désolation, le malheur, la douleur, l’isolement et
laissant les survivants exsangues. À la télévision vous avez
sûrement vu ces images de fin du monde à Tacloban sur l’ile de
Leyte.
Chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, c’est la mobilisation
générale. Faire vite et bien, c’est la règle de l’urgence.
Sur place, Sandra notre responsable urgence nous dit
qu’il n’y a plus d’électricité, de télécommunication, que
l’approvisionnement en eau est coupé, les maisons se
sont littéralement envolées, les conditions d’hygiène sont
catastrophiques et les Philippins ont faim et soif d’eau potable.
L’aide internationale reste encore insuffisante et pourtant c’est
une véritable course contre la montre. Heureusement, pour
secourir les survivants, nous pouvons compter sur vous et
sur des partenaires rapides. Il nous faut maintenant amplifier
les secours, sortir de Tacloban vers les villages les plus
inaccessibles et commencer dès que possible à reconstruire
les maisons et tout le reste. Là encore votre don va faire la
différence.
Les fêtes de fin d’année approchent. Puissent les Philippins
à nouveau avoir alors un toit, de quoi manger, boire de l’eau
potable, espérer… grâce à votre générosité tant il est vrai “ qu’il
n’y a pas d’espoir dans le silence des autres ”.
Notre équipe, qui passera les fêtes aux Philippines, comme
tous les membres de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL où qu’ils
soient de par le monde, se joignent à moi pour vous souhaiter
de bonnes fêtes de Noël et de nouvel an, pour vous, vos
proches, vos familles en vous disant un immense merci.
Alain Boinet
Fondateur de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
journal des donateurs
de solidarités international
sommaire
3
6
7
8
12
14
15
urgence
Philippines
Dans l'œil du cyclone
Repères
• 7 107 îles
• 3 régions :
Luçon (capitale Manille),
les Visayas, et Mindanao
• 96,5 millions d’habitants
• Superficie : 300 000 km²
• 316 habitants/km²
• 114e rang sur 187
à l’indice de
développement
humain (PNUD 2012)
infos
focus
contre la faim
Des sacs qui n'ont
rien d'accessoire
dossier spécial
réfugiés
à leurs côtés
reportage
liban
“ Nous étions
professeurs... ”
rencontre
édouard
lagourgue
“ Un regard peut
changer tant de choses ”
ensemble
NOTRE MISSION
Depuis 32 ans, l’association d’aide humanitaire SOLIDARITéS
INTERNATIONAL porte secours aux victimes de conflits armés
et de catastrophes naturelles. Notre mission est de répondre
en urgence à leurs besoins vitaux : boire, manger, s’abriter ;
et de les accompagner vers l'autonomie. Particulièrement
engagées dans le combat contre les maladies liées à l’eau
insalubre, première cause de mortalité au monde, nos équipes
humanitaires développent une expertise et un savoir-faire
reconnus dans le domaine de l’accès à l’eau potable et à
l’assainissement, mais aussi dans ceux, essentiels, de la sécurité
alimentaire et de la reconstruction.
Association humanitaire selon la loi de 1901 | 89 rue de paris 92110 Clichy-la-Garenne | 01 80 21 05 05 | www.solidarites.org
Directeur de la publication Alain Boinet | Rédacteur en chef Renaud Douci | Coordination éditoriale Rachel Erskine
Rédaction Renaud Douci, Rachel Erskine, Camille Niel, Marine Pradel | Édouard Lagourgue
Photos Sylvain Cambon, Constance Decorde, Renaud Douci, Reza Kasraï, Marine Pradel, REUTERS / Erik De Castro | Couverture REUTERS / Erik de Castro
Conception graphique F. Javelaud | Impression Imprimerie Jean Bernard | Tirage 25 000 exemplaires | N° commission paritaire 0910 H 87781
Dans l’œil
du cyclone
DERNIèRE MINUTE Le journal des
donateurs bouscule son sommaire
pour vous faire vivre, en coulisses,
les premiers jours de la catastrophe
qui a frappé les Philippines
le 8 novembre dernier. à l’heure
où nous bouclons, nous sommes
le 20 novembre. Ayant surmonté
de nombreux défis logistiques et
uniquement grâce à la mobilisation
des donateurs de l’association,
l’équipe d’urgence de SOLIDARITÉS
INTERNATIONAL vient en aide à plus
de 12 500 personnes. Une première
action qui consiste à répondre aux
besoins vitaux des rescapés des
environs de la ville de Tacloban,
en leur fournissant eau potable,
abris et kits de survie.
photo offerte par trust.org
éDITORIAL
8 novembre
4h40 heure locale • 11h40 en France
Un super typhon de catégorie 5 frappe les côtes philippines. Avec des rafales
pouvant atteindre 275 km/heure et des chutes de pluie allant jusqu’à 30 mm/
heure, Haiyan est, d’après les météorologues, le typhon plus puissant jamais
enregistré. Dans la journée, il traverse le pays d’est en ouest.
La ville de Tacloban (Leyte), peuplée de 200 000 âmes, est dévastée. Bien
que le gouvernement philippin ait évacué préventivement plus de 800 000
personnes des zones menacées, on estime que le nombre de personnes affectées se situe entre 11 et 13 millions. Le gouvernement fait appel à l’aide
internationale.
17h Siège de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
Réunion de crise chez Solidarités International. Sandra Lamarque, responsable de notre équipe d’urgence, a convoqué tous les services qui vont
travailler pour répondre à la crise. Une dizaine de personnes de tous les départements ont pris place autour de la table.
“ La décision a été prise par le comité de direction de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL : l’équipe d’urgence se rend sur l’île de Leyte, la plus touchée selon
les premières informations. Avec Andrea, expert en eau, hygiène et assainissement, nous prenons le premier avion, dimanche soir, pour Cebu, deuxième
ville du pays, située face à l’île de Leyte. Direction ensuite Tacloban, pour réaliser un diagnostic précis des besoins en vue d’une intervention d’urgence. ”
11 novembre
13 novembre
Arrivée de Sandra et d’Andrea
à Cebu dans la soirée après deux transits à
Dubaï, puis Manille. Le lendemain, ils rencontreront autorités et acteurs humanitaires présents pour récolter toutes les informations disponibles. à Clichy, l’association
lance un premier appel à dons sur le web. Un
courrier sera également adressé aux donateurs dans la semaine.
Objectif Réunir les fonds nécessaires
pour financer les premières étapes cruciales de notre réponse d’urgence permettant de couvrir dans un premier temps les
besoins en eau, hygiène et assainissement,
ainsi qu’en abris, de 2 500 familles.
15 novembre
Une journée
de perdue
Une journée de perdue. Sandra et Andrea ont attendu 5
heures à l’aéroport de Cebu
avant d’embarquer dans
l’avion qui fera finalement
demi-tour avant d’arriver
sur Tacloban. Les donateurs
quant à eux ont répondu présents pour apporter leur aide aux Philippins.
60 000 € sont pour le moment collectés. La Fondation EDF Help (100 000 €)
et l’agence de l’eau Loire Bretagne (20 000 €) se sont également mobilisées
en urgence.
14 novembre
Enfin arrivée avec Andrea à Tacloban pour débuter
immédiatement leur diagnostic, Sandra témoigne.
Notre matériel est prêt
à partir aux Philippines
depuis le stock d’urgence à
Dubaï : 3,5 tonnes de matériel
d’approvisionnement et de
traitement de l’eau, des kits de
fabrication d’abris et de survie
(couvertures, tapis de sol,
moustiquaires)
“ Des
centaines
de sacs
alignés
au bord
de la
route ”
Le choc intervient
dès notre arrivée à
l’aéroport, à peine
remis en état. Une
foule de gens hagards et épuisés
attendent entre les
bâtiments
éventrés et tordus, dans l'espoir d'un éventuel départ...
Mais l'aéroport est saturé. Les candidats au départ
sont trop nombreux. Malgré la boue noirâtre qui
recouvre le moindre cm² du sol et l’odeur extrêmement forte dégagée par les toilettes éventrées et
débordantes, des centaines de familles, le regard
vide de fatigue, restent là. Certaines depuis plusieurs jours déjà.
Assis à nos côtés dans l’avion, Marlon, ingénieur
expatrié à Mexico, est revenu chercher son épouse
restée au pays. Il nous tend vite des masques
chirurgicaux sortis de son sac : “ La ville est sale,
noire. Elle sent mauvais. Les gens ont peur des maladies. ” Il nous déposera chaleureusement dans le
centre-ville quelques heures plus tard. Partout, les
gens sont affublés de masques à cause des détritus
qui s’amoncellent et de cette odeur nauséabonde
qui ne trompe pas : celle de la mort, omniprésente.
Partout là aussi, des cadavres dans des sacs noirs
sont alignés sur le bord des routes. Nombreux sont
trop méconnaissables pour être identifiés. Autant
de familles qui ne retrouveront jamais les leurs.
Ici, une vague de 6 à 8 mètres a emporté le reste
des maisons éventrées sous l’effet des vents déchaînés. Une bonne moitié d’entre elles sont détruites.
Reste la boue, les poteaux électriques couchés, les
arbres à terre, les voitures retournées, les plaques
de tôles comme venues du ciel.
En prévision du cyclone, les gens se sont regroupés dans 32 centres d’évacuation en dur répartis
dans la ville. Certains n'ont pas tenu le coup et se
sont effondrés sur celles et ceux qu’ils étaient censés protéger. Depuis, des familles ont tout abandonné pour se réfugier dans la ville d’Ormoc, à
quelques heures de route, voire sur l’île de Cebu.
Mais la majorité des habitants vivent désormais
dans un abri de fortune fait de frêles matériaux
de récupération, à côté de ce qui leur reste de leur
maison. En zone rurale, à quelques kilomètres de là,
le niveau de destruction dépasse les 90 %. Les maisons en bois et au toit de palmier se sont envolées.
L’équipe logistique arrive quant à elle à Cebu.
Alex et son épouse Justine, contactés par un ami
d’un des salariés de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL,
mettent un étage de leur société à notre disposition, ainsi qu’une partie de leur stock. Un gain de
temps qui permet à Etienne, coordinateur logistique, d’organiser avec l’appui du siège le transport de notre stock d’urgence depuis Dubaï (plus
de 3 tonnes d’unités de traitement et de potabilisation de l’eau). Avec Win Htay, dépêché depuis le
Myanmar et Anaïs de retour de mission du Tchad,
l’équipe s’occupe d’acheter de quoi permettre à
l’équipe opérationnelle d’agir efficacement (voiture, carburant, instruments d’analyse de l’eau supplémentaires…), de se procurer le matériel nécessaire pour composer les kits de survie & abris qui
seront distribués “ et surtout de trouver le moyen
d’acheminer le tout jusqu’à Tacloban ”. Une semaine après la catastrophe et malgré une grande mobilisation
humanitaire, très peu d’acteurs sont opérationnels sur le terrain du fait
de la destruction des infrastructures. Le dernier bilan de la catastrophe
fait état de 4 000 morts, 18 000 blessés, 1 500 disparus, 11 millions
de personnes affectées, 3 millions de personnes ont été évacuées.
500 000 maisons, 2 000 écoles et 90% des structures de santé
sont endommagées, la moitié complètement détruites.
Depuis Tacloban, Sandra tient à souligner le courage, l’entraide
et la solidarité dont les Philippins font preuve :
“ Les
sourires
malgré
les
ténébres ”
Aujourd’hui, trois jeunes gens nous ont arrêtés dans
la rue... Pour me donner une barre chocolatée. Un
don tellement précieux, octroyé de si bonne grâce
et sous leurs encouragements : “ Prenez de l’énergie
pour votre marche ! ” Leur situation est pourtant si
critique. Le décor tellement noir. Le malheur comme
stagnant à tous les coins de rue. Et malgré tout, tous
ces gens croisés qui vous sourient quand ils vous
croisent… alors que nous n’avons encore rien fait.
Je m'attendais à des questions impatientes, voire un
peu hostiles. Au contraire, “ thanks for helping us ”.
C’est si dur. Ces hommes et ces femmes sont si forts.
Nous sommes dans la phase de diagnostic. Un
impératif avant de commencer toute action, dont
les effets se révèleraient néfastes si elle n’est pas
adaptée et coordonnée avec les autres acteurs humanitaires, les municipalités et les militaires également présents. En zone urbaine, où les gens avaient
de l'eau du robinet, le réseau de la ville est endommagé. La station de traitement pour toute la ville
fonctionne seulement au tiers de sa capacité. Les
tuyaux sont cassés, à cause du cyclone, de la marée,
mais aussi parce que les gens n’ont eu d’autre choix
que de les arracher à certains endroits pour avoir de
l’eau.
Là où le réseau de Tacloban ne va plus, nous allons installer des stations de traitement alimentées
par des générateurs, couplées avec des réservoirs
souples d’eau chlorée et des rampes de distribution. En zones rurales, notamment dans le district
de Tolsa (où sont regroupés 18 villages avec un total
de 17 530 habitants), pendant que nous désinfecterons les puits et réhabiliterons les pompes, nous
mettrons des mini réseaux en place et organiserons, là où il le faudra, des distributions d’eau par
camion et de jerricans.
Nous distribuerons également des kits abris
(bâches, cordage et outils), ainsi que des kits hygiène.
Nous construirons des toilettes d’urgence sur les
fosses sceptiques qu’il nous faudra déblayer. Pour le
moment, les gens ont aménagé des endroits où faire
leurs besoins. Dans le meilleur des cas, ils partagent
leurs toilettes avec leurs voisins. Les effets, qui ne se
font pas sentir tout de suite, seront catastrophiques
d’ici peu. Les cas de diarrhée se multiplient déjà.
Reste que la nourriture est le besoin immédiat
qui fait le plus souffrir la population. Nous allons tout
faire pour trouver et distribuer des rations alimentaires au plus vite et au plus grand nombre. Après
4 jours à Tacloban, j’en sais déjà trop sur ce qu’est
la faim. Peut-être aussi beaucoup trop sur ce qu’est
le courage. Cela a assez duré. C’est à nous de jouer.
18 novembre
Le stock d’urgence arrive enfin à Cebu
Il fait partie d’un chargement de 90 tonnes de matériel.
Xavier, chef de mission adjoint, est arrivé à Cebu la veille. Il
part sur le ferry du soir pour Tacloban et prête main forte
à Sandra et à Andrea. Le stock d’urgence arrivera le lendemain. Nous pourrons alors commencer ce pourquoi nous
sommes venus : apporter une assistance humanitaire dont
les gens, à bout de force, ont plus que jamais besoin.
RD depuis Cebu, en route pour Tacloban
AIDER
Avec 90 €,
vous nous aidez
à procurer à une
famille un abri
d’urgence, de l’eau
potable et un kit
de survie.
(soit 22,50 € après
déduction fiscale)
6 | infos
instantané
7 | focus
Coordination
Fondateur de SOLIDARITÉS
INTERNATIONAL, Alain
Boinet a été élu président
de la Coordination
Humanitaire et
Développement qu’il
représente au sein du
Conseil d’Administration
de Coordination Sud. Il
milite pour que le lien
urgence - reconstruction
- développement figure
dans la Loi d’orientation
pour le développement et
la solidarité internationale
qui va être présentée au
parlement.
en chiffre
10 OCTOBRE
SOLiDARITÉS INTERNATIONAL a invité ses donateurs et ses partenaires à l’inauguration
de son nouveau siège à Clichy. L’occasion de leur faire découvrir les coulisses de notre
association humanitaire, de leur faire rencontrer nos équipes, de leur expliquer nos
métiers et de partager notre engagement tourné vers l’action de terrain au bénéfice
des plus fragiles. Merci aux 250 personnes qui ont fait le déplacement pour rejoindre
la chaîne de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
Merci
325 000
C’est le nombre de personnes qui ont
vu notre campagne Aider plus loin sur
le web. Avec un slogan volontairement
provocateur (‘‘ Tout le monde ne peut
pas aider sur le terrain, mais tout le
monde peut faire un don ’’), ces spots
mettent en scène de façon décalée
des candidats au départ en mission
humanitaire, loin de se douter que leur
profil est très éloigné des exigences du
terrain.
Ils nous soutiennent aux Philippines
Merci à nos partenaires historiques et nouveaux
pour leur mobilisation rapide après la catastrophe.
Leur soutien nous a permis de répondre au plus vite
aux besoins des rescapés du Typhon Haiyan.
contre la faim
MALNUTRITION Lors de la Journée
Mondiale de l’Alimentation, le
16 octobre dernier, SOLIDARITÉS
INTERNATIONAL a mobilisé le grand
public pour financer son programme de
sacs potagers dans le camp de Mae La,
en Thaïlande. Participez vous aussi à
cette opération humanitaire et offrez à
598 familles les moyens d’avoir accès à
une alimentation à la fois plus complète
et plus variée.
des sacs
qui n'ont rien
d'accessoire
870 millions de personnes souffrent actuellement de la faim dans
le monde. Parmi elles, nombreuses sont celles confrontées à la pauvreté, au
manque d’espace et à la surpopulation, explique Julie Vray, experte en sécurité
alimentaire. Habitants des bidonvilles ou des camps de réfugiés, ils n’ont pas
accès à la terre et doivent tout acheter. Ils dépensent 80 % de leurs revenus pour
se nourrir. Résultat, ils diminuent leur nombre de repas par jour, en allègent leur
composition et sont sous-alimentés. ”
Pour combattre ce problème alimentaire majeur, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL met en œuvre une solution simple, peu coûteuse et porteuse d'avenir, qui renforce la sécurité alimentaire des habitants. Lancé la première fois
en 2008 dans le bidonville de Kibera, à Nairobi au Kenya, le projet sac potager
a rapidement connu un vif succès. Des dizaines de milliers de familles de ce
bidonville se nourrissent aujourd’hui grâce à lui. Des résultats qui poussent
l'ONG à introduire cette technique dans d'autres pays : au Soudan du Sud, en
Haïti, dans les camps de réfugiés en Thaïlande et au Myanmar.
Un quart des réfugiés de Mae La
ne mangent pas à leur faim
À voir & à partager sur notre page
Dailymotion, ainsi que sur les chaînes
LCP et du groupe AB Productions,
partenaires gracieux de l’opération.
À l'occasion de la Journée Mondiale de l'Alimentation, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a lancé un appel à la générosité sur le web pour continuer à développer ce programme et en faire bénéficier toujours plus de familles, dont
celles qui survivent dans le camp de Mae La, en Thaïlande. “ Depuis plus de 30
ans, ce camp dit “ temporaire ” est une ville fermée dont il est interdit de sortir
“ Avec le sac potager,
faisons fleurir des garde-manger
dans les bidonvilles
et les camps de réfugiés. ”
Julie Vray
experte en sécurité alimentaire
sans autorisation. Plus de 45 000 réfugiés birmans survivent dans cet environnement restreint, sans accès à la terre et sans avoir le droit de travailler. Près
d'un quart ne mangent pas à leur faim et, pour 5 % d’entre eux, leur vie même
est en danger. ”
Pour donner à ces familles un accès à une alimentation à la fois plus complète et plus variée, nos équipes apportent, grâce aux sacs potagers, une solution concrète et efficace aux familles qui manquent d'argent et d'espace cultivable pour se nourrir. “ À Mae La, nous avons pour objectif d’équiper les 598
familles les plus fragiles de sacs potagers, mais pas seulement. Le projet a aussi
pour vocation de distribuer aux bénéficiaires du matériel agricole (semences,
plants, outils, fumier, terreau), de les former et à les suivre de façon individuelle
et enfin de créer une pépinière pour leur fournir des plants. ”
À l’heure actuelle, les dons récoltés nous permettent d’équiper 118 familles. 480 ont encore besoin de vous. Participez vous aussi à ce beau projet.
Rejoignez la chaîne de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL et avec nous, aidez plus
loin. RD
AIDER
Avec 15 €, vous équipez une famille de sacs potagers
et du matériel agricole nécessaire, et participez
à la création d’une pépinière. (soit 3,75 € après déduction fiscale)
8 | dossier spécial | réfugiés
URGENCE Syriens,
Maliens, Birmans,
Congolais, Haïtiens et
aujourd’hui Philippins…
Près de 45 millions
de personnes dans le
monde sont considérés
comme réfugiées.
Derrière ce terme
générique se cachent
des hommes, des
femmes et des enfants
courageux qui ont dû se
résigner à partir loin de
chez eux pour échapper
à la guerre, à la
pauvreté ou parce qu’ils
ont tout perdu suite à
une catastrophe. Leur
reste alors l’espoir de
protéger les leurs et de
trouver sur leur chemin
des humanitaires pour
sauver la vie des plus
faibles et répondre à
leurs besoins vitaux :
boire, manger,
s’abriter. Grâce à votre
aide, SOLIDARITÉS
INTERNATIONAL
intervient auprès de
plusieurs millions
d’entre eux.
DÉCRYPTAGE
Réfugiés
parce que
personne
ne choisit
d'être
réfugié...
Selon le dernier rapport
du Haut-Commissaire des Nations
Unies pour les Réfugiés (HCR), ils
étaient 45,2 millions dans le monde
fin 2012 à fuir leur terre d’origine
en raison ‘‘ d’une persécution, d’un
conflit, d’une violence généralisée ’’
ou ‘‘ d’atteintes aux droits de
l’homme ’’ pour se réfugier à
l’étranger (ils sont alors considérés
comme réfugiés) ou ailleurs dans
leur pays (ce sont les déplacés).
C’est le chiffre le plus élevé jamais
atteint depuis 1994 (47 millions),
année qui marquait la fin du génocide
rwandais et l’éclatement de la
Yougoslavie.
Voir notre film d’animation
sur solidarites.org
crise
syrienne
…Nous avons choisi
d’être à leurs côtés.
Crise humanitaire ’’ Ces mots
sont synonymes de guerres, d’épidémies
ou de catastrophes naturelles. Il s’agit dans
tous les cas d’hommes, de femmes et d’enfants qui voient leur vie soudainement bouleversée après avoir tout perdu : leur toit,
leurs biens, leur statut social, leurs proches,
leurs rêves... Qu’ils aient été riches ou
pauvres, agriculteur, pharmacien, instituteur, pêcheur, couturière ou marchand
ambulant, ils deviennent ce qu’on appelle
communément des rescapés, des réfugiés,
des déplacés, des déracinés. Soit plus de 45
millions de personnes dans le monde.
N’ayant d’autre choix que d’abandonner
leur maison pour mettre les leurs en sécurité, ils se retrouvent sur les routes, bravant
tous les dangers et emportant ce qu’ils
peuvent pour échapper à leur sort. Fatigués, ils finissent par s’installer là où ils le
peuvent, quitte à se retrouver par centaines,
voire par milliers, à trouver ou construire
des abris de fortune pour s’y abriter. Dans
ces camps, les conditions de vie peuvent
être terribles. L’eau potable et la nourriture
manquent. L’insalubrité s’installe. Les maladies apparaissent, mettant leurs vies en
danger. Sans aide extérieure, il leur est bien
souvent impossible de s’en sortir. Agir vite
et de façon efficace
Pour faire face à cette situation d’urgence,
la réactivité est primordiale. Chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, les équipes sont en
veille permanente. Instantanément alertées
en cas de crise humanitaire, elles peuvent à
tout moment lancer un protocole d’action
pour agir le plus rapidement et le plus effi-
À LIRE Notre reportage
en p.12-13 sur notre
action auprès des
familles syriennes
réfugiées au Liban
cacement possible. ‘‘ Une enveloppe budgétaire est dégagée pour envoyer une équipe
spécialisée réaliser sur place un diagnostic
précis des besoins, indique Frédéric Penard,
notre directeur des opérations. Au plus
proche des familles affectées, nos experts
mesurent très précisément l’ampleur de la
catastrophe, leurs besoins et les dangers
qui pèsent sur elles. Chaque minute compte.
Ils doivent agir très vite pour envoyer leur
rapport de diagnostic. C’est à l’aide de ces
informations que nous préparons la réponse
humanitaire la mieux adaptée. ’’
Deuxième étape : informer le grand public de la situation, et appeler à la solidarité. Donateurs, institutions internationales,
entreprises, fondations et collectivités sont
sollicités. Ce sont ces fonds collectés qui
nous permettent d’envoyer sur le terrain
une équipe d’intervention et l’aide humani-
taire nécessaire pour secourir celles et ceux
dont la santé et la vie sont menacées.
‘‘ Sur place, nos équipes humanitaires
travaillent main dans la main avec les populations. Ensemble, elles installent des points
d’eau potable et des toilettes pour pallier
aux maladies. Elles construisent des abris et,
en coordination avec les autres acteurs présents, elles distribuent à grande échelle et
selon les besoins : nourriture, couvertures,
savons, eau potable, jerrycan, ustensiles de
cuisine, chlore pour potabiliser l’eau… ’’
7 personnes secourues
chaque minute
Même dans l’urgence et la difficulté, chacune de nos actions se doit d’être durable,
concertée et tournée vers l’avenir. Le rôle
de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL va au-delà
d’une simple assistance humanitaire. Nos
équipes transmettent aux populations leur
savoir-faire et les outils nécessaires pour
s’en sortir. Le but est d’aider ces familles à
reconstruire leur vie dès que possible et
retrouver leur dignité. C’est ce que nous appelons ‘‘ Aider plus loin ’’. Et c’est pour aider
plus loin que nous avons besoin du soutien
de nos donateurs.
‘‘ SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, c’est près
de 20 pays d’intervention, plus de 2 000 humanitaires dans le monde et plus de 4 millions de personnes secourues chaque année.
Soit plus 7 personnes aidées chaque minute,
détaille Frédéric Penard. Votre soutien pour
aider les populations en danger est essentiel.
Et mieux encore, quand ce soutien est régulier, il nous permet d’aider plus loin. Rejoignez
la chaîne de Solidarités International
et, avec nous, aidez plus loin… ’’ EB & RD
10 | dossier spécial | réfugiés
parce que personne ne choisit d'être réfugié...
…Nous avons choisi
d’être à leurs côtés.
soudan du sud échouée à yida
Réfugiés,
déplacés, oubliés,
déracinés... Les
chemins de l’exil
sont longs et cruels,
parfois sans retour.
Chassés par la
violence de la guerre,
par le déchainement
des éléments, ils
ont souvent tout
perdu ou presque.
Pourtant, ils sont
dignes, courageux. Se
battant pour survivre
et pour sauver leurs
enfants, ils forcent
notre respect. Face
à la faim, la soif, la
maladie, la perte d'un
toit... Ils s’entraident,
s’appuient, s’épaulent.
Mais dans l’adversité
la plus noire, ce n’est
malheureusement
plus suffisant. Reste
alors notre solidarité
qui peut faire toute la
différence. ’’
Alain Boinet,
fondateur de
SOLIDARITÉS
INTERNATIONAL
A
ssise sur sa natte, derrière sa moustiquaire bleue, précieuse relique emportée de sa vie d’avant, Nadia veille, dans sa
tente faite de branches et de bâches, sur son
dernier né. Avec son mari et son fils aîné, elle
a fui sa terre, dans les Monts Nouba, en avril
2012. Alors enceinte de 6 mois, elle est partie avant de ne plus en avoir la force.
Comme elle, ce sont les combats et la
faim qui ont poussé, début 2012, plus de
70 000 personnes du Sud Kordofan à abandonner leur maison
et à prendre la fuite.
Pour ces familles parvenues jusqu’ici, Yida
représente pourtant
une bouée de sauvetage précaire, où les
humanitaires pourront leur donner à manger et à boire, peut-être sauver leurs enfants
malades. C’est aussi un refuge où ils tentent
de ne pas perdre pieds et de rester en vie.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL y intervient
en urgence depuis juin 2012.
‘‘ Deux mois après notre arrivée, j’ai accouché d’un garçon, se souvient-elle, jetant
un coup d’œil sur les deux maigres valises
à roulettes que son mari a réussi à traîner
jusqu’ici. Nous l’avons appelé June, parce
qu’il est né en juin pendant le premier mois
de la saison des pluies. L’hôpital était rempli
d’enfants mourants et de mères souffrantes.
Quand notre aîné est tombé malade en juil-
“ Je ne devrais pas,
mais j’en veux
à mon mari ”
let, j’étais terrifiée. Atteint de diarrhée, il ne
tenait plus sur ses jambes. Au centre de santé, ils m’ont dit qu’il y avait trop de monde.
Nous l’avons soigné à l’aide d’une plante
que l’on trouve ici et que l’on mélange à
l’eau. Et même si depuis quelques jours, il va
mieux, ajoute-t-elle, démunie, je suis très
inquiète. Comment les préserver des maladies avec toutes ces mouches et quand on
a si peu d’eau ? Je ne devrais pas, mais j’en
veux à mon mari. C’est plus fort que moi.
Avant il était instituteur. Nous avions une
maison. Nous avions à manger. Nous étions
respectés et nourrissions des rêves pour
nos enfants. Qu’avons-nous aujourd’hui ?
Même pas un avenir. ’’
Pour elle comme pour les dizaines de
milliers de personnes qui peuplent désormais Yida, mais aussi le camp de Yussuf
Batil, à l’est du pays, nos équipes mènent
chaque jour un travail vital : donner un
accès à une eau potable, construire des toilettes, distribuer des kits de première nécessité, mener des campagnes de sensibilisation à une hygiène adaptée. Si le flot de
réfugiés s’est réduit, au Soudan, de l’autre
côté de la frontière, combats et bombardements perdurent. Le camp de Yida n’est pas
prêt de disparaître. À défaut de redonner
des rêves à Nadia, il s’agit de faire en sorte
que Yida n’engloutisse plus la vie de celles
et ceux qui y échouent.
MYANMAR
‘‘ Aider sans autre
considération que celle
des besoins ’’
À
l’ouest du pays, l’État du Rakhine est le
terrain de violences entre bouddhistes
et musulmans majoritairement issus de la
minorité rohingya présente sur le territoire
depuis plusieurs siècles. Depuis 1982 et la
loi relative à la citoyenneté birmane, les
800 000 Rohingyas sont considérés comme
apatrides. Selon l’ONU, cette minorité ethnique est l’une des plus persécutées au monde. En mai, puis en octobre 2012, deux vagues de violence ont provoqué la
mort de 189 personnes et la destruction de 10 000 maisons et bâtiments. 170 000 personnes déplacées se trouvent depuis
dans des camps surpeuplés.
‘‘ Faisant évidemment fi de leurs origines, nos équipes apportent une aide humanitaire à près de 12 000 familles parquées dans 3 camps situés dans le district de Sittwe : Baw Du Pah, Dar Paing et Thea Chaung, explique Christophe Vavasseur, responsable de nos opérations en Asie. Pour leur venir en aide, il nous a fallu transporter par bateau depuis Sittwe de
l’eau, ainsi que tout le matériel de stockage et de traitement nécessaire. Nous construisons aujourd’hui des points d’eau,
des toilettes et distribuons régulièrement des kits d'hygiène et de survie. Nous aidons enfin des centaines de ménages à
cultiver des sacs potagers pour qu’ils puissent eux-mêmes répondre à leurs besoins alimentaires. ’’
MAURITANIE Point de non-retour
F
adimata Walett a fui les combats qui sévissent au Mali, et plus particulièrement dans la région de Tombouctou, en février 2012. Elle vit
depuis avec ses 5 enfants et ses 3 petits-enfants dans le camp de Mberra,
dans le sud de la Mauritanie.
‘‘ Grâce aux distributions d’eau potable effectuées par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, je parviens à m’approvisionner en eau potable et à remplir
les 4 jerrycans que je stocke dans ma tente, explique-t-elle. ’’ Alors que la
température est en moyenne de 45°C à l’ombre, il est primordial pour elle
et sa famille que ces distributions continuent : ‘‘ Pour boire, mais aussi pour
préparer à manger et pour maintenir une hygiène minimum. ’’
Aujourd’hui, sa préoccupation majeure est la paix au Mali, la condition
nécessaire pour retourner vivre chez elle, dans sa communauté d’origine.
Mais son inquiétude principale concerne la survie de sa famille dont elle se
sent profondément responsable. ‘‘ J’ai tout laissé derrière moi pour venir
me réfugier en Mauritanie. Je sais malheureusement que mon avenir dépend exclusivement de l’aide apportée par les acteurs humanitaires. ’’
À l’image de Fadimata, les 70 000 personnes qui vivent aujourd’hui dans
le camp ne sont pas prêts de regagner le nord du Mali où règne encore l’insécurité. Consciente de cette réalité, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL prend
actuellement en main toute l’alimentation en eau potable du camp pour
améliorer la desserte et donner aux familles de réfugiés des conditions de
vie dignes. ‘‘ Nous venons de finir de construire un château d’eau qui permettra d’alimenter le camp en eau de façon continue. Les familles n’auront
plus à faire la queue comme jusqu’à présent parce que l’eau n’était disponible que quelques heures par jour, indique Erwann Lacoste, expert en eau,
hygiène et assainissement de retour de mission sur place. ’’
12 | reportage
peine, la Syrie. Une quinzaine de familles se
sont installées sur ce terrain, loué 100$ par
foyer et par mois à un propriétaire de la région. Avec un revenu moyen par famille estimé à 150$ par mois, le loyer est le principal poste de dépense des réfugiés. Ce n’est
malheureusement pas leur seul problème.
Fatima, venue de la banlieue de Homs,
est là depuis un peu plus de quatre mois,
fuyant les bombardements. Dans l’obscurité de sa tente, on compte neuf enfants.
Sur la peau de sa fille, des taches rouges,
comme des brûlures : “ L’eau est contaminée. Ce sont les enfants qui attrapent des
maladies les premiers. ”
liban
Les enfants, premières
victimes des maladies
LIBAN Depuis avril
dernier, SOLIDARITÉS
INTERNATIONAL vient
en aide aux réfugiés
des deux districts de
Zgharta et MiniehDenniyeh, dans le nord
du pays. à la situation
déjà très critique de ces
familles loin de chez
elles -abris précaires,
manque d’eau
potable, d’hygiène, de
nourriture- s’ajoute
maintenant l’hiver et
des températures qui
descendent en dessous
de 0°.
“ nous
étions
professeurs,
mais ça,
c'était
avant ”
Reportage
de Marine Pradel
Nous voulons rentrer en Syrie. ”
C’est par cette phrase que les réfugiés syriens au Liban commencent souvent. L’expression d’une volonté, appuyée par une
pression des mains ou un regard fixe, qui
sonne presque comme une formule introductive. “ Nous n’avons pas choisi d’être
ici ”, insistent-ils. Eux, les 1 900 000 réfugiés
syriens qui ont fui leur pays depuis le début
du conflit au printemps 2011. Plus de 2 ans
de guerre, et 6 000 personnes qui fuient la
Syrie tous les jours, un rythme jamais at-
teint depuis le Rwanda. C’est le petit Liban
qui paye proportionnellement le plus lourd
tribut des convulsions de son voisin. Ils
sont un million de Syriens selon l’ONU, de
tous milieux sociaux, de tous âges, à s’être
réfugiés au Liban. Bientôt, un Libanais sur
quatre sera un réfugié, dans un pays à peine
plus grand que la Corse.
Dans le district de Minie, au nord du
pays, des dizaines de milliers de personnes
vivent désormais le long de la grande route
côtière. Au nord-est, à 15 kilomètres à
Le couple voisin est arrivé de Hama il y a 9
mois. Leur maison a disparu dans un nuage
de poussière, sous une bombe larguée par
l’aviation du régime. Le camion de Ziyad,
chauffeur routier, a été confisqué par l’armée. Leur tente est vide. “ Le plus dur quand
on devient réfugié et qu’on doit vivre dans des
endroits comme ici, c’est l’hygiène, arriver à
ne pas tomber malade. ” Hélas, la partie est
déjà presque perdue pour le jeune couple.
Hana Rachet, leur bébé de 13 mois, les inquiète. Elle semble comme désarticulée, sa
tête ne tient pas toute seule. Son regard est
vide. “ Quand nous sommes partis de Syrie,
elle avait juste de la fièvre. En arrivant ici, cela
s’est propagé dans sa colonne vertébrale.
Le médecin ne sait pas ce que c’est. ” Ziyad
a beau savoir que le mal de sa fille est plus
complexe, il est en colère. Il soulève un pan
de sa tente, découvrant un amas de détritus
qui pourrissent au soleil : “ C’est à cause de
toutes ces ordures, et de ces excréments. ”
Des réfugiés syriens vivant dans le nord
du Liban reçoivent de la nourriture et
des biens de première nécessité de
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
Comme la plupart des réfugiés syriens,
Yazi et Ziyad refusent de se laisser photographier. La peur d’être reconnus par des
hommes du régime est trop forte. Un seul
homme acceptera, mais de dos, et sous un
nom d’emprunt : Muhammad. “ Nous étions
des professeurs. Mais ça c’était avant. Nous
sommes aujourd’hui des réfugiés ”, lâche-til comme pour clore la conversation.
“ Une crise
sans précédent ”
Dans ces campements improvisés, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL apporte une aide
d’urgence sur tous les fronts : eau, assainissement, sécurité alimentaire, hygiène,
réhabilitation de logements. “ Quand nous
sommes arrivés au Liban, en mars 2013, il
y avait environ 16 000 réfugiés enregistrés
dans ces deux districts, indique Jérôme Voisin, Coordinateur terrain. Aujourd’hui, ils
sont plus de 43 000, soit presque trois fois
plus ! ”
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a tenu
à mettre en place une réponse adaptée,
presque au cas par cas, aux problèmes des
réfugiés. “ Cette crise n’est pas une crise habituelle. La plupart des personnes à qui nous
portons assistance avaient jusque-là un
niveau de vie de classes moyennes dans un
pays développé. Ils se retrouvent du jour au
lendemain réfugiés, obligés de devoir survivre au jour le jour, or ces populations ne
sont pas armées pour faire face à ce genre
de situations. ”
Une observation qui se vérifie sur le terrain : ceux qui sont arrivés il y a un an avec
des économies ont pu un temps louer un
appartement. Mais aujourd’hui leurs ressources sont épuisées, car le coût de la vie
est 40 à 50% plus cher au Liban qu’en Syrie
et le marché des travaux journaliers ouvert
aux Syriens est complètement saturé.
Des populations
marginalisées de plus
en plus vulnérables
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL met un point
d’honneur à impliquer les autorités et les
populations locales dans l’assistance aux
réfugiés. Comme dans ce campement situé
dans le district de Zgharta. Pour s’y rendre,
il faut prendre une petite rue en plein village, puis descendre à pic dans une cave.
Les yeux mettent quelque temps à s’habituer à l’obscurité, et puis on les aperçoit :
80 personnes, surtout des femmes et des
enfants, qui vivent là, à trois mètres sous
terre, avec pour toute ouverture deux soupiraux et une grille de garage.
Ici, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a installé des toilettes et fait poser des panneaux
de contreplaqué pour que chaque famille
puisse avoir un minimum d’intimité. Le propriétaire exige 600 dollars par mois pour ce
réduit. “ Nous avons fait appel aux entreprises du coin pour effectuer les travaux de
réhabilitation, explique Jérôme Voisin. L’idée
étant que leur présence génère un surplus
d’activité économique. ” La solidarité dont a
fait montre le Liban dans les deux premières
années du conflit risque d’être mise à mal par
le pourrissement de la situation en Syrie et
le nombre toujours plus important de réfugiés arrivant sur son territoire chaque jour.
L’arrivée de l’hiver fait craindre des situations
d’extrême détresse pour les centaines de
milliers de personnes vivant dans des tentes
ou des immeubles en construction. MP
14 | rencontre
Votre nouvel espace d'expression,
d'information
et de dialogue
édouard lagourgue
“ Un regard
peut changer
tant de choses ”
SOLIDARITéS INTERNATIONAL a lancé
en 2012 une dynamique de changement
pour toujours mieux répondre aux défis
humanitaires d’aujourd’hui et de demain.
En juin dernier, édouard Lagourgue a notamment
succédé à Pierre de la Bretesche au poste
de président. Présentation.
président
de solidarités
international
17 juin 1961
Naissance à Neuilly
1979-1983
Diplômé de l’ESCG Paris, auditeur de
l’IHEDN(57SN) et EMTD SciencesPo
1986
1re mission avec Solidarités International
au Pakistan & en Afghanistan
1991-2002
Co-fonde & dirige une ong en faveur de
l’éducation et l’enfance
2002
Prend la direction générale puis la direction
d’une PME de services aux entreprises
2008
Devient membre du conseil d’administration
puis du bureau (2011)
de Solidarités International
2013
Est élu président de Solidarités
International
L’Afghanistan, source de plus
de 20 ans d’engagement humanitaire
La longue chaîne
de Solidarités international
Je suis venu à l’humanitaire par conviction
profonde de la nécessité et de l’utilité du
regard sur l’autre. Les yeux ne mentent pas.
Un regard peut changer tant de choses…
J’ai connu Solidarités international en
1984, à l’initiative d’Alain Boinet, lorsqu’il
fallait parler des ‘’caravanes humanitaires
de l’urgence’’, en Afghanistan, avec le soutien de Paul Emile Victor. J’ai vécu des années intenses de militantisme humanitaire,
tourné vers ce pays en guerre, que nous traversions à pieds et en partageant la vie de
ceux que nous venions aider. Une aventure
au bout de nous-mêmes, utile à la vie des
autres. Et depuis, tant de chemin parcouru
ensemble…
Une longue chaine d’amitié du donateur
aux envoyés, des équipes nationales au
siège, et une chaine de solidarité qui sans
cesse se renouvelle pour inventer, adapter
et porter une réponse humanitaire juste
et pérenne au coeur des populations en
danger. Ces besoins vitaux auxquels nous
répondons sont un devoir international et
un droit de l’homme essentiel. Solidarités International participe à mettre en
pratique et à faire respecter ce droit par
cette réponse humanitaire.
Nous n’avons pas changé le monde,
mais la vie de certains
La fascination qu’exerçait l’Afghanistan sur
notre jeunesse est quasi inexplicable. Le besoin de s’engager dans une cause, l’inconnue
que représentait un tel pays, le sens humanitaire d’une telle démarche sont les fondements de mon engagement à Solidarités
International en 1986 pour ma première
mission. J’en ai été changé à jamais et ai passé
plus de 20 ans sur ces sujets, à vivre l’engagement humanitaire. Nous n’avons pas changé
le monde, mais la vie de certains. C’est là
l’essentiel. En 20 années, j’ai mené plus de
90 missions humanitaires dans plus de 25
pays, avec toujours autant d’enthousiasme.
courrier
des lecteurs
15 | ensemble
AIDEZ
PLUS
LOIN
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
renforce ses équipes de bénévoles
Comment puis-je être sûre
que les dons seront bien affectés
en faveur des Philippins ? Maryse H.
Chère Maryse,
Je comprends votre interrogation et vos doutes concernant
la bonne affectation des dons suite à l’appel à don Philippines. Nous nous devons d’être tout à fait transparents visà-vis de nos donateurs, nos partenaires et l’ensemble des
membres de notre communauté quant à l’utilisation de ces
fonds.
Un dispositif de suivi et de traçabilité des dons est en place de
leur réception jusqu’aux activités développées sur le terrain.
De plus, notre association a mis en place de nombreuses procédures de contrôle. Cette transparence est obligatoire au
regard des audits réalisés par les commissaires aux comptes
et des bailleurs de fonds d’une part, d’autre part vis-à-vis de
nos comptes qui sont publics et en consultation libre à partir
de notre site Internet www.solidarites.org, volonté de l’association depuis ses débuts.
En complément de ce double contrôle externe indépendant, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a également mis en
place un contrôle interne de l’ensemble de ses activités. Il
est animé par une cellule composée de contrôleurs de gestion spécialistes au sein du service “ AGIR ” (service audit
interne et gestion intégré des risques).
Nos comptes emplois ressources ainsi que notre Rapport
annuel 2012 sont disponibles en accès libre sur notre site
Internet, rubrique “ comptes et chiffres ”, si vous souhaitez
le recevoir, n’hésitez pas à me contacter au 01 76 21 87 00.
Pour toujours plus de dialogue
avec nos donateurs et de forces
vives lors de nos événements
grand public, nous avons besoin
de vous !
VOTRE CONTACT
Si vous souhaitez vous aussi
vous exprimer et nous poser
des questions, n’hésitez pas
à joindre Vanessa Perrier,
notre chargée des relations
donateurs.
01 76 21 87 00
[email protected]
89 rue de Paris - 92110 Clichy
Impliqué, autonome et capable
d’initiatives, vous êtes à l’aise
à l’écrit comme à l’oral. Vous
maîtrisez les outils multimédias
et de bureautique (word, excel),
ainsi que l’outil téléphonique. Si
vous disposez de quelques jours
par mois en semaine, voire parfois
le week-end, que vous avez une
sensibilité particulière pour nos
actions et que vous êtes motivé,
n’hésitez plus. Rejoignez-nous ! Je
me tiens à votre disposition pour
toute information supplémentaire.
L’ensemble des équipes de l’association remercient
tous les donateurs pour leur grande générosité
suite à l’appel à dons Urgence Philippines.
Cela permettra aux familles rescapées de bénéficier
de kits de survie, d’eau potable et d’un abri.
Un grand merci pour votre soutien !
Veiller à notre intégrité
et à notre indépendance
élu en juin dernier, j’ai pour mission d’épauler, avec les membres du conseil d’administration et du bureau, ceux qui rendent
active cette solidarité. Nous allons veiller
au sens et à l’application de notre mandat, accompagner la réflexion et la mise en
place d’une transformation de notre structure pour nous adapter aux grands changements de notre époque. Enfin, seront au
cœur de ma responsabilité : la bonne transformation des dons, l’intégrité de notre travail humanitaire, notre indépendance et la
sécurité de ceux qui portent l’action humanitaire de Solidarités International sur
tous les terrains où nous sommes présents.
MERCI
PHilippines
Merci à Marc Haffner (ténor), Marion Dhombres (soprano) et
Romain Dumas (piano) qui ont chanté et joué Wagner au profit des
victimes du typhon Haiyan aux Philippines, le 16 novembre dernier
à l’église écossaise (Scots Kirk) de Paris, évènement organisé par
Paul Snelgrove. Plus de 500 € ont ainsi été collectés pour l’action
d’urgence menée par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
BythewayCreacom – Crédit Coopératif – Société coopérative anonyme de Banque Populaire à capital variable – RCS Nanterre 349 974 931 – APE 6419 Z – N° ORIAS 07 005 463 – 12, boulevard Pesaro – CS 10002 – 92024 Nanterre cedex – Illustrateur : Adrian Johnson.
ÉPARGNER
OU PARTAGER
POURQUOI CHOISIR ?
ÉPARGNEZ
ET PARTAGEZ
EN MÊME
TEMPS !
En plaçant votre épargne sur le livret Agir du Crédit Coopératif, vous faites
fructifier votre argent tout en soutenant SOLIDARITÉS INTERNATIONAL qui,
depuis plus de 30 ans, porte secours aux populations victimes de conflits
armés et des catastrophes naturelles. Particulièrement engagés dans la lutte
pour l’accès à l’eau potable, les humanitaires de l’association sont venus en
aide, en 2012, à près de 4,6 millions de personnes à travers le monde. Chaque
année, la moitié de vos intérêts lui sera automatiquement reversée.
Pour plus d’informations sur le livret Agir SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, j’ai trois possibilités :
SI001
✂
• Internet : www.credit-cooperatif.coop/particuliers/
• Téléphone : N° Azur 0 810 63 44 44 (prix d’un appel local depuis un poste fixe ou selon opérateur)
• Courrier : je renvoie ce coupon-réponse sans l’affranchir à :
Crédit Coopératif – MonCreditCooperatif.coop – Libre réponse 93 336 – 92019 Nanterre cedex
Monsieur
Madame
Nom :
Prénom :
Adresse :
Code postal :
Ville :
Téléphone :
E-mail :
Je souhaite recevoir des informations sur le livret Agir SOLIDARITÉS INTERNATIONAL du Crédit Coopératif *
* Les informations communiquées seront enregistrées par le Crédit Coopératif uniquement pour le traitement de votre demande. Ces informations sont obligatoires. Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’opposition et de suppression
dans les conditions prévues par la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. Ces droits peuvent s’exercer auprès du Crédit Coopératif (12, boulevard Pesaro - CS 10002 - 92024 Nanterre Cedex).

Documents pareils