Annales Chronik sujet A

Transcription

Annales Chronik sujet A
ANNALES – SUJET
3ème Année
Durée de l’épreuve : 2h00
Coefficient 3
Consignes :
Vous êtes journaliste pour une émission de radio hebdomadaire consacrée à la communication sous toutes ses formes, aux
médias et aux tendances émergentes. Cette émission se veut à la fois sérieuse, impertinente et audacieuse.
1/La chronique
L’émission démarre toujours par une chronique consacrée à un sujet choisi. C’est elle qui donne le ton et « lance » l’émission.
Cette semaine, elle porte sur : Cyril Hanouna et l’émission « Touche pas à mon poste ». A partir des annexes jointes, rédigez votre chronique (tous les articles doivent y être abordés). Pour cela, faites une synthèse de 2 pages maximum. Il s’agira de faire le tour de la question en vous appuyant sur les points de
vues exposés dans les articles à votre disposition. Vous ne manquerez pas de commenter la ou les publicités insérées.
Effectuez une hiérarchisation des sujets en la justifiant au fil de votre chronique (du plus important ou intéressant… au moins
important, selon vous en tant que journaliste).
Votre texte doit comporter un titre, des transitions, être vivant et agréable à écouter (ce n’est pas une dissertation). Prenez
soin de citer vos sources pour chaque article évoqué.
2/ Le billet d’humeur
Dans un second temps, vous rédigerez un billet d’humeur (2 pages maximum), c’est à dire un texte où vous défendez votre
point de vue (quel qu’il soit) de façon personnelle et critique sur un sujet.
Ici, vous répondrez à la question : « Selon vous, Cyril Hanouna a-t-il sa place au musée Grévin ? ». Pour exposer votre thèse,
appuyez-vous sur les articles ainsi que sur vos connaissances et expériences personnelles. Le but est de convaincre en
argumentant et justifiant vos propos.
Le musée Grévin est un musée de cire privé (propriété de Grévin & Cie, inauguré le 5 juin 1882, une filiale de la Compagnie des Alpes
depuis sa privatisation) situé dans le 9e arrondissement de Paris, en France, et dans lequel sont regroupées des reproductions en cire de
personnages célèbres. Font aussi partie de la visite du musée le théâtre Grévin (salle de spectacle) et le Palais des Mirages (attraction
utilisant le principe de l'illusion d'optique). La salle de la Coupole et la salle des Colonnes possèdent de très beaux décors de style
baroque datant de 1882. Il ne compte pas moins de 200 personnages de cire allant de Albert Einstein au Mahatma Gandhi en passant
par Michael Jackson ou Alfred Hitchcock. De nombreuses scènes de l'Histoire de France y sont reconstituées, comme la captivité de
Louis XVI au Temple ou Jeanne d'Arc sur le bûcher.
Régulièrement, de nouvelles personnalités font leur entrée au Musée Grévin : en 2015 la statue de cire de Zlatan Ibrahimovic a fait son
entrée à Grévin Paris.
NB : Une attention particulière sera portée à l’expression écrite et à l’orthographe.
| Page 1
Magazine Stratégies – 24 mars 2016 BUSINESS / Veille médias
Les tribulations d’un trublion
TÉLÉVISION Attaqué par les médias, critiqué par de nombreux journalistes, Cyril Hanouna est
au cœur de la polémique. Pourtant, Touche pas à mon poste, sur D8, n’a jamais été autant regardée.
BRUNO FRAIOLI
@Bruno_Fraioli
CONSTANCE DANS LE DÉSAMOUR. Désigné parmi les animateurs préférés des Français lors des enquêtes annuelles Animat publiées
par Stratégies, Cyril Hanouna
était, en 2015, jugé drôle, sympathique, dynamique et dans l’air
du temps. Mais, juste après, l’item
« arrogant » avait gagné 4,4 points !
Un signe ? Dans l’édition 2016 de
l’enquête réalisée par OMG et que
24/03/2016
© D8. Source : Médiamat/Médiamétrie 4ans et +
«t
ouche pas à son poste»,
titrait, le 4 mars, Society. Depuis quelques
semaines, Cyril Hanouna est la cible des médias. L’animateur vedette de D8 fait l’objet de
commentaires peu élogieux : « Il en
fait trop », « insupportable », « fauxcul »… les noms d’oiseaux fusent
sur Twitter. L’animateur, qui tance
vertement au téléphone les journalistes osant le critiquer, est dans
l’œil du cyclone. Et la démission du
chroniqueur Bertrand Chameroy
semble attester d’un malaise interne. Pourtant, Cyril Hanouna a de
quoi se sentir intouchable : jamais
son talk-show quotidien sur D8,
Touche pas à mon poste, n’a été autant regardé.
Depuis début mars, l’audience de
l’émission bat des records avec
une moyenne de 1,6 million de téléspectateurs (+ 17 % par rapport à
mars 2015). Sur les plus de 4 ans,
la part d’audience monte à 6,9 %
quand la moyenne de D8 s’élève à
3,7 % (Médiamétrie, février 2016).
Le soufflé risque-t-il de retomber ?
« Les articles sont de moins en
moins élogieux et la couverture de
Charlie hebdo [“Hanouna, le virus
qui rend con”] montre bien que le
personnage ne fait plus l’unanimité », estime Corinne Abitbol, directrice générale études et recherche
d’Omnicom Media Group (OMG).
Stratégies révélera jeudi 31 mars,
il apparaît comme… la moins aimée des personnalités testées.
« Son score de désagrément est homogène sur les différentes cibles »,
relève Corinne Abitbol.
À l’antenne quasiment tous les
jours de l’année sur D8 et au micro quotidiennement sur Europe 1,
Cyril Hanouna paie son omniprésence médiatique. « À l’image d’Arthur, on observe un effet de désamour, analyse Corinne Abitbol. Il
bénéficie d’une audience fidèle,
mais en termes de volume on ne
CHIFFRES CLÉS
870
42 %
heures diffusées par H2O,
maison de production
de Cyril Hanouna (détenue
par Banijay) en 2014-2015.
Part des recettes
publicitaires de D8 attribuée
aux émissions de Cyril
Hanouna, selon Vivaki.
23
parle “que” d’un bassin de 1,8 million de téléspectateurs au maximum. On a beaucoup parlé de lui
car il a cassé les codes avec un programme différenciant. »
D8 doit-il s’inquiéter de cet « Hanouna Gate » ? Pas vraiment, répond Corinne Abitbol : « Il n’y a pas
d’effet majeur sur l’audience. Cyril
Hanouna s’appuie sur une base de
fans très fidèles. En revanche, c’est
sa capacité à recruter qui semble
aujourd’hui entachée. » Vincent
Bolloré, lui, croit en son poulain.
En novembre dernier, le patron de
Vivendi, qui détient D8, a offert un
contrat de 250 millions d’euros sur
cinq ans à l’animateur. À ce tariflà, nul doute que le boss garde un
œil attentif sur son trublion. ◊
À LIRE JEUDI 31 MARS:
L’ENQUÊTE ANIMAT 2016
AVEC OMG
STRATÉGIES N° 1852
| Page 2
Contre «Society», Cyril Hanouna lâche les siens Par Kim Hullot-­‐Guiot — 8 mars 2016 à 13:20 Epinglé dans une enquête du magazine, l'animateur de «Touche pas à mon poste» a répliqué à l'antenne, lundi soir, laissant à ses fans le soin de s'indigner sur les réseaux sociaux. Cyril Hanouna contre le reste du monde, acte trois. En février, l'animateur et producteur télé éreintait le chroniqueur de France Inter Bruno Donnet, qui avait dénoncé dans une chronique la culture de l'humiliation véhiculée par Touche pas à mon poste, une quotidienne emmenée par Cyril Hanouna et son équipe sur Direct 8, après que l'un des intervenants de l'émission, Matthieu Delormeau, s'était vu remplir le slip de nouilles devant 8% de l'audience française. Il y a quelques jours, l'humoriste Julien Cazarre et le journaliste Arnaud Ramsay portaient plainte contre lui, affirmant avoir été menacés par téléphone pour l'avoir critiqué à l'antenne. Lundi soir, c'est le magazine Society (50 000 exemplaires vendus en kiosque tous les quinze jours) qui a fait les frais de ses humeurs. Le quinzomadaire a effectivement sorti vendredi une enquête de six pages sur l'émission Touche pas à mon poste et son leader Hanouna, qu'il présentait sous un jour peu glorieux : patron exécrable («Il me disait "T’as rien compris, t’es qu’une merde, si t’es pas content je te vire demain, c’est moi le vrai roi du groupe Canal"» y explique une source anonyme) voire tyrannique («Son truc, c’est de dézinguer la concurrence directe. L’année dernière, on n’avait pas le droit de dire du bien du Grand Journal, et cette année, on n’a plus le droit d’en parler du tout, parce que c’est Bolloré»), ambiance délétère au sein de l'équipe («C’est horrible mais dans la boîte, plus personne n’a envie de faire TPMP. Chaque soir, on y va en traînant des pieds parce qu’on sait que quelqu’un en plateau va se prendre une plume dans le cul» ; «Une fois, je me suis fait défoncer après l'émission parce que je n'avais pas assez tapé sur quelqu'un» ; «Je me demande comment on va faire pour terminer la saison»). Lundi soir, donc, Cyril Hanouna a épinglé le magazine, à sa manière, c'est-­‐à-­‐dire avec l'air de ne pas y toucher... et en se posant en défenseur de ces mêmes équipes que le journal décrit comme tyrannisées. Façon patriarche. Ces révélations «ont beaucoup fait parler dans les équipes de Touche pas à mon poste, et les équipes à l'antenne aussi, elles étaient pas bien. Voilà, y'a plein de gens voilà, dans les équipes, qui m'ont dit "on se reconnaît pas dans ce papier, on reconnaît pas ce qui est dit, ça nous fait de la peine"» a-­‐t-­‐il affirmé, avant de laisser faire sa palanquée de fidèles chroniqueurs [voir ci-­‐dessous le montage qu'en a fait la rédaction du Huffington Post]. «Surtout, vous ouvrez la porte de tout, de votre société, de la régie, des coulisses, tout, vous êtes transparents de ouf, s'est émue une Enora Malagré qu'on a connue plus inspirée, vous êtes gentil avec eux !», «Moi ça m'a franchement attristé, parce que Dieu sait qu'on répète partout qu'on vient ici avec plaisir, le seul accident du travail qu'on puisse avoir c'est d'avoir mal aux machoires tellement on se marre en venant» a renchéri le chroniqueur Jean-­‐Michel Maire. «Si on a pas envie de venir on vient pas, moi j'ai d'autres boulots à côté [notamment homme-­‐sandwich pour une marque de fenêtres, ndlr] et je viens parce que je suis heureux de venir» a encore expliqué Julien Courbet, ex-­‐animateur de ce bijou télévisuel qu'était Sans aucun doute. Bref, un concerto façon «merci patron» comme on en a rarement vu – pas même quand Julien Lepers a été évincé de Questions pour un champion, c'est dire. «Je suis très fâché, très en colère, a expliqué à son tour le journaliste sportif Gilles Verdez, lui-­‐même cité dans l'enquête de Society, contre le magazine et l'article, parce que c'est pas du journalisme correct. Le journalisme correct, c'est contradictoire, à charge si vous voulez, mais à décharge. Tout ce qui n'allait pas dans leur sens, ils l'ont écarté». «Ils ont pris que des faux témoignages» a aussi accusé Cyril Hanouna, feignant de ne pas comprendre que lorsqu'un employé tape sur son patron dans la presse, il est plus sage de | Page 3
ne pas livrer son identité... Surtout quand on apprend ce mardi qu'une ancienne collaboratrice de Touche pas à mon poste, virée comme une malpropre après avoir dénoncé une baisse de salaire à l'antenne, vient de gagner son procès pour licenciement abusif aux prud'hommes... «Le papier n'est même pas particulièrement méchant» Au téléphone, le directeur de la publication de Society Franck Annese recadre : cette enquête «s'est passée comme tout sujet, on a interviewé plein, plein, plein de gens, de la production, de la programmation, des chroniqueurs, des gens qui ont travaillé avec Hanouna... C'est un sujet très normal. Le papier n'est même pas particulièrement méchant. [...] C'est un peu triste. Là où [Cyril Hanouna] déconne c'est quand il dit qu'on a inventé des témoignages, ça je ne peux pas laisser dire ça.» En fait, croit savoir Julien Courbet, «ce qu’il faut expliquer c’est qu’il y a un papier à vendre et qu’est-­‐ce qui fait vendre aujourd’hui ? Vous [Cyril Hanouna, ndlr] faites vendre. Donc à partir de là ils sont prêts à raconter n’importe quoi». Réponse, dans un rire, de Franck Annese : «Ça ne fera pas vendre un canard de plus. Allez, peut-­‐être trois...» Cyril Hanouna, ajoute-­‐t-­‐il, lui aurait même envoyé un SMS pour l’assurer qu’il continuerait à acheter Society... On le disait : Cyril Hanouna n'a pas besoin de taper lui-­‐même (il a expliqué au cours de l'émission ne pas en vouloir à Society ni à l'Obs, également épinglé pour un article qui rapporte notamment que les cadeaux promis aux fans de l'émissions n'arrivent que rarement à destination), il a une arme bien plus efficace pour monter n'importe quelle affaire en épingle, ses chroniqueurs. Mais aussi ses téléspectateurs. Ou plutôt ses «fanzouzes», terme désignant les afficionados de Touche pas à mon poste, qui réagissent abondamment sur Twitter lors de l'émission... et après. Ces fans, choyés par l'animateur à grand renfort de «mes amours», «je vous kiffe», «mes beautés» et autres «je vous aime très fort», sont donc montés au créneau lundi soir pour défendre leur «Baba», surnom de Cyril Hanouna -­‐ quand on vous parlait de patriarche... «C'est la première fois» que des internautes s'acharnent à ce point contre une enquête de Society, reconnaît Franck Annese, qui a passé une partie de la soirée à «faire le service après-­‐vente» sur Twitter. «C'est exceptionnel. Mais 99% des gens [qui ont défendu l'émission sur Twitter] n'ont pas lu l'article. Je ne sais pas s'ils lisent la presse. Après, tout le monde n'a as de "fanzouzes"...», ironise-­‐t-­‐il, «affligé». | Page 4
Dans un portrait que consacrait Libération à Cyril Hanouna en 2012, alors qu'il devenait la vedette de la jeune chaîne Direct 8, le comédien Bruno Solo le qualifiait de «Michel Drucker punk». Vu comme ça, c'est vrai qu'avec un Jean-­‐Pierre Coffe balançant un plat de nouilles dans le futal d'Anne Roumanoff ou un Drucker goguenard déféquant dans le chapeau de Geneviève de Fontenay, Vivement dimanche aurait une autre gueule... Kim Hullot-­‐Guiot | Page 5
Cyril Hanouna au musée Grévin Le 07/02/2016 à 12:19 par Thierry Wojciak L'animateur Cyril Hanouna aura bientôt sa statue de cire au musée Grévin, après Patrick Sébastien et Michel Drucker, a confirmé le musée vendredi après que l'animateur l'eut annoncé dans son émission. L'animateur rejoint aussi Jean-­‐Pierre Foucault, Stéphane Bern et Bernard Pivot au panthéon télévisuel de la célèbre galerie de statues parisienne. Le double en cire de l'animateur et producteur phare de Direct 8, ne devrait pas être présenté "avant six mois", a indiqué le musée Grévin à l'AFP. | Page 6
«Touche pas à mon poste», ou l'école des fanzouzes 11.02.2016 -­‐ 4 h 08 -­‐ Vincent Manilève Les aficionados de «TPMP» font partie des groupes de fans les plus influents de France. Et les plus critiqués. Natalia a tout prévu. Ce 28 janvier, un peu après 21 heures, la vie de cette jeune femme originaire de Dijon va prendre un nouveau tournant: elle va demander en mariage son compagnon Tonio. Et pour cela, elle va lui faire une surprise très spéciale. Après lui avoir masqué les yeux et bouché les oreilles avec un casque, elle l’emmène à Boulogne-­‐Billancourt dans le 92. À 21 heures 37 précisément, elle rentre dans un bâtiment en tenant Tonio par le bras, visiblement mal à l’aise à l’idée de plonger dans l’inconnu. Une fois le petit couple arrêté, Cyril Hanouna, le présentateur de D8, surgit pour lui enlever le bandeau: Tonio réalise alors qu’il est sur le plateau de «Touche pas à mon poste» pour un prime spécial de l’émission phare. Tonio, d’abord gêné face à cette surprise qu’il n’attendait pas, va finir dans les bras de sa femme à qui il vient de dire «oui» et l’embrasser fougueusement devant les caméras de D8. Cette «séquence» faisait partie d’une émission exceptionnelle de l’équipe de «Touche pas à mon poste» (TPMP), diffusée en primetime et dont le but était de réaliser les vœux des téléspectateurs de l’émission. Lors de cette soirée, le hashtag twitter #TPMPvoeux, qui permettait à chacun de faire part de ses rêves afin que Cyril Hanouna les exauce, s’est hissé à la première place des tendances mondiales et a compté 373.000 messages entre 18h20 et 00h30. Un succès pas si étonnant quand on se penche sur l’armée de fans qui, comme Tonio et Natalia, suivent tous les jours ou presque les pitreries d’Hanouna et de sa bande. Deux fois plus de téléspectateurs que Le Grand Journal Rien qu’en termes de chiffres, les «fanzouzes» (surnom officiel des fans de «TPMP») écrasent tout sur leur passage. En moyenne chaque soir lors du mois de janvier 2016, ils étaient 1,79 million devant leur télévision du lundi au jeudi (7,5% de part d’audience), faisant de D8 la cinquième chaîne nationale. Il y a un an, le record s’élevait à «seulement» 1,6 million de téléspectateurs. Si «TPMP» est encore loin des trois millions atteints par Nagui sur France 2 et des quatre de «Money Drop» sur TF1, elle bat largement le Grand Journal, qui plafonne à 700.000 téléspectateurs chaque soir. Mais le vrai tour de force de D8 est d’avoir réussi à capitaliser sur l’audience jeune de l’émission (26,6% sur les 15-­‐34 ans le 29 janvier). Ça s'est fait grâce aux réseaux sociaux où ils réunissent 1,84 million d’abonnés sur Twitter et 2,1 millions de fans sur Facebook, et peut-­‐être aussi grâce au recrutement de Matthieu Delormeau, transfuge de NRJ12 où il captait un large public adolescent. La communion quotidienne des «fanzouzes» Seuls quelques grands chanteurs comme M. Pokora ou des émissions comme «Secret Story» peuvent se targuer d'une plus grande popularité que «TPMP» sur Internet en France. Mais l'émission réussit également, de par sa diffusion quotidienne, à s'inscrire dans la vie des téléspectateurs. C'est pour cela que l'on compte des dizaines de pages et de comptes fans, qui commentent l’émission tous les jours et débattent à propos des chroniqueurs. Jeremy, 19 ans, fan de l’émission depuis le début, est le créateur d’un groupe Facebook privé dédié à l’émission: «les véritables Fanzouzes ! #TPMP», qui compte | Page 7
presque 11.000 membres. Joint par téléphone, il nous explique que ce groupe permet par exemple «d’avoir le regard des gens qui sont allés assister à l’émission, de parler du comportement de certains chroniqueurs.» On retrouve ainsi des fans qui racontent leur soirée d’anniversaire dans le public de l’émission, des sondages sur leur chroniqueur préféré, ou des débats sur telle ou telle polémique. Les commentaires et les publications défilent à longueur de journée, et Jeremy nous explique qu’il reçoit «une demande pour rejoindre le groupe toutes les dix minutes». Gabriel Segré, maître de conférences en sociologie et anthropologie à l’université Paris-­‐Ouest Nanterre-­‐la Défense et auteur du livre Fans de… Sociologie des nouveaux cultes contemporains, a surtout étudié les fans de chanteurs... comme Elvis Presley. Mais quand on lui parle de la communauté des «fanzouzes», il nous explique qu'il s'agit de la même volonté «d'identité collective»: «Dans notre société, il s'agit de quelque chose de tout à fait important pour un individu dans un contexte de repli sur soi. Le fan traduit ce besoin de former une tribu avec une culture commune, des rites communs, des attributs communs. Et en son sein, forcément, on se sent plus fort.» «TPMP» et leurs fans, la construction d'une «famille» Et pour alimenter cette force collective, l'émission peut miser sur une chose essentielle, que l’on a rarement vue à la télévision avec une telle force depuis l'époque du Club Dorothée: le lien tissé entre l’équipe et son audience. À l’instar d’un boysband, Hanouna et sa bande inondent leur émission et les réseaux sociaux de messages affectueux, souvent pour remercier leur public quand l’audience est au rendez-­‐vous ou pour s'assurer qu'il sera bien devant sa télé lors de la diffusion. Notons également que le surnom d'Hanouna est «Baba», lui conférant une aura paternelle, et que les membres de l'émission s'appellent régulièrement entre eux «chéri(e)» ou «chat». De l'affection en permanence? Un besoin de se voir tous les jours? Le rapport en devient presque familial, sinon amoureux. «Chez les vedettes, explique Gabriel Segré, il y a une multitude de gestes faits pour faire naître un lien de complicité, le maintenir, et le renforcer. Il y a des mécanismes, plus ou moins honnêtes, mis en place par les vedettes et leur entourage et qui se traduiront chez le fan par des actes de consommation. Cela passe par les discours de la vedette lors de concerts, qui va dire aux fans "Vous êtes tout pour moi, je vous adore, je vous aime", par des interviews où il va témoigner de sa proximité, et puis la diffusion de différents aspects de son intimité, avant via la presse, aujourd'hui sur les réseaux sociaux. Mais ce n'est pas dénoué de calcul, la vedette a tout intérêt à entretenir cette relation.» Pour François Jost, professeur à la Sorbonne Nouvelle, spécialiste des médias, le succès de l'émission repose également sur une scénarisation de l'émission, comme pour une série TV: «L'idée de bande est très forte, | Page 8
Hanouna a su recréer ce que Ruquier a fait avant lui, et dans cette bande on retrouve des "personnages", c'est-­‐à-­‐dire le bouc-­‐émissaire, le dragueur, etc. En fait, ils ont des personnalités qu'on retrouve dans des sitcoms.» Paul, jeune adepte de 20 ans, confirme: «Les chroniqueurs ressemblent à une famille! Enora (Malagré) la cousine rebelle, Isabelle (Morini-­‐Bosc) la tata très drôle, Jean-­‐Michel Maire le tonton pervers, Bertrand (Chameroy) le petit frère, etc...» Dans un reportage du Tube de Canal+, diffusée le 23 janvier, le présentateur de la version libanaise de «TPMP» montre au journaliste la «Bible» de l'émission, qui définit les règles à respecter. On peut y lire notamment qu'un chroniqueur a le rôle de «l'homme à femmes», un autre du «sniper» et une dernière de «la rebelle». L'émission, qui promeut une transparence et un franc-­‐parler, est donc plus calculée qu'on ne le croit et met en avant une relation fictive entraînant des sentiments réels chez les fans. «Antidépresseur télévisuel» Pourtant, il y a également eu des moments très émouvants pour le public et l'équipe de «TPMP», où il est extrêmement difficile de douter de la sincérité de l'équipe. Par exemple lorsque Cyril Hanouna, en larmes, rend hommage à un jeune fan décédé, ou lorsqu'il remercie le public d'être présent quelques jours après les attentats du 13 novembre dans un discours forcément très fort. Pour les fans, «TPMP» est un «antidépresseur télévisuel», «un yoga quotidien». Le public de son côté, retourne cette affection en la décuplant. Le hashtag #TPMP fourmille de milliers de commentaires, d’éclats de rire et de déclarations d’amours pour chacun des membres de l’émission, y compris Moktar Guetari, l’agent de sécurité de l’émission, ressort comique et Musclor attitré vite devenu indispensable dans le groupe. Sur le groupe de fans Facebook mentionné plus haut, nous avons posté quelques questions pour recueillir l'avis de certains membres. Pour eux, l'émission représente un «moment de détente», de «bouffée d'oxygène», d'«antidépresseur télévisuel» et même de «yoga quotidien». Rose, retraitée de 63 ans vivant seule, nous explique que cela lui «apporte de la gaieté»: «C'est comme si de bons amis passaient tous les soirs à la maison prendre un verre, et avec qui on discuterait tous ensemble autour d'une table.» Touche pas à mon poste face à sa réputation d'émission «pour les cons» L'histoire d'amour aurait pu être parfaite. Mais il y a un hic. Face à l'avalanche de pitreries en tous genres (déguisement de Chantal Goya pour Jean-­‐Luc Lemoine, anecdotes sexuelles de Jean-­‐Michel Maire, mensonges à Mathieu Delormeau, hypnotisation des chroniqueurs pour leur faire faire des choses débiles; ils ont aussi transformé Gilles Verdez en homme canon), les critiques fusent régulièrement à l'encontre de l'émission. Dernier exemple en date: le journaliste Bruno Donnet, lors d'une émission sur France Inter, qui a reproché à Hanouna d'humilier ses chroniqueurs, rapportant une scène de l'émission lors de laquelle l'un des chroniqueurs se voyait verser, dans son caleçon, un bol de nouilles –après avoir supplié qu'on ne lui fasse pas subir ça. Bruno Donnet: «J'ai vu quelque chose qui, à ma connaissance, est sans précédent dans l'abjection à la télévision. » | Page 9
Cyril Hanouna avait alors répondu, visiblement très agacé: «Je ne sais pas où vivent ces gens, mais ils n’ont pas compris. En fait, il faut qu’ils sortent un peu, qu’ils aillent voir des gens, qu’ils échangent un peu, qu’ils arrêtent de rester entre eux.» Les gens justement, fans de «TPMP», sont eux aussi pris à partie en raison de la passion qu'ils portent à l'émission, recevant souvent des mots très durs. En octobre dernier, l'acteur Alain Delon estimait dans une interview à TV Mag, que «ces émissions [type «TPMP»] sont faites parce qu'on est sûr d'accrocher des millions de cons». La levée de bouclier de l'équipe de l'émission et des fans sera impressionnante, d'autant plus que le public, directement attaqué cette fois, va faire monter le hashtag #TouchePasAMesCons et répondre avec virulence à l'acteur. Mais Delon n'est pas le seul à présenter le public de «TPMP» de cette façon. À la suite de la polémique, le site parodique belge Nordpresse publiera par exemple un faux article intitulé «87% des fans de Touche Pas à Mon Poste sont en retard mental avec un QI inférieur à 80». Fin décembre 2015 sur le site de Rue89, un blogueur, très critique à l'égard de l'émission, parlait des «jeunes sous influence» qui «idolâtrent [Cyril Hanouna]». Une pétition a été lancée récemment contre l'émission, estimant que «nos jeunes méritent mieux». Elle a recueilli au moment de l'écriture de cet article 6.626 signatures. Et puis il y a eu cette Une de Charlie Hebdo pour son édition du 10 février. Sur les réseaux sociaux, les critiques sont encore plus directes. Dans la vraie vie, les critiques sont moindres, mais elles existent. «Beaucoup me traitent de con quand ils apprennent que je regarde "TPMP", avoue Paul, 20 ans. Ils disent que Cyril est trop bête et méchant avec les chroniqueurs, ils disent aussi que l'humiliation est omniprésente... En bref, "Une émission de con, pour les cons", où le respect a totalement disparu.» Donovan, 19 ans, ajoute avoir déjà été qualifié de «gogole qui n'a rien d'autre à foutre que de regarder un animateur faire le pitre, comme le ferait un animateur pour enfants en centre aéré». Cassandre, 23 ans, est étudiante en communication. Si elle ne se considère elle-­‐même pas comme une fan absolue, elle nous avoue en avoir assez des débats récurrents autour de son intérêt pour «TPMP»: «Ce n’est pas parce qu’on regarde cette émission pour rigoler et se détendre qu’on ne peut pas regarder d’autres émissions considérées comme "plus intelligentes" à côté, comme "Ce soir ou jamais" par exemple. Je ne vois pas en quoi regarder cette émission fait des téléspectateurs des cons. | Page 10
Si le fan est effectivement disqualifié, selon Gabriel Segré, notamment par les médias ou les intellectuels, «c'est parce que l'objet de sa passion est lui-­‐même disqualifié. Il y a une disqualification de la culture populaire en général et une disqualification de la pratique des fans, de leur façon d'exprimer leur admiration, jugée excessive par une norme bourgeoise, qui rejette l'ostentatoire et accorde de la valeur à la retenue.» François Jost, professeur à la Sorbonne Nouvelle, spécialiste des médias, confirme que la division socio-­‐culturelle entre les Français trouve un nouvel avatar en la personne de Cyril Hanouna: «On sait par exemple que des jeux télévisés en général sont plus appréciés par les catégories populaires que par les cadres supérieurs ou les intellectuels. Ce sont des données qui existent dans la sociologie des pratiques culturelles. On ne s'étonne donc pas qu'un public plus populaire aille vers des jeux et donc vers la franche rigolade que propose Hanouna.» Mais la donnée la plus importante est peut-­‐être la jeunesse du public, qui apprécie la moquerie plus ou moins gentille, comme elle a pu le faire pour les vidéos de Jackass ou les émissions de télé-­‐réalité: «A la télévision publique, la moyenne d'âge des spectateurs dépasse les 50 ans. Hanouna représente un des moments où les jeunes se réunissent encore devant la télé. Au lieu de les stigmatiser en disant qu'ils sont débiles et beaufs, je dirais que cette émission correspond à une certaine jeunesse, qui apprécie ce qui est un peu sadique, un peu bête et méchant, comme dans les cours de récré ou sur les réseaux sociaux. [...] Sauf que l'on a plus le droit de bizuter dans les écoles, alors que la télévision le fasse, c'est problématique.» Mais ce qui lui importe c'est le plaisir des spectateurs. Et il n'estime manifestement pas prendre les gens pour des cons puisqu'il assure: «Ma priorité, c'est de bien travailler mes émissions afin de proposer la meilleure qualité possible». Même chose pour les critiques permanentes, qu'il a cessé d'écouter il y a longtemps: «Ça ne me dérange plus du tout, expliquait-­‐il le 9 février sur Le Divan de Marc-­‐Olivier Fogiel. J’ai vu combien de gens disaient il y a deux ans "Hanouna ça y est, c’est fini, on en a trop parlé, on a trop fait de choses sur lui". Mais nous on trace notre route, on travaille tous les jours pour que l’émission soit de mieux en mieux.» Tant que son armée de «fanzouzes» sera là, Hanouna reste roi de la télé et son émission pourra tout se permettre, y compris remplir un slip de nouilles. Vincent Manilève | Page 11
Campagne de publicité pour le lancement de la chaîne D8 en 2012 | Page 12

Documents pareils