Jean-Marc Ingea

Transcription

Jean-Marc Ingea
Interview
Interview
Jean-Marc Ingea
PDG d’Elcir
Alliant créativité, éthique, bienveillance et persévérance, mais aussi beaucoup de débrouillardise et
d’énormes efforts, l’entreprise industrielle Elcir a réussi à surmonter de dures épreuves et à connaître une
forte expansion à l’intérieur du Liban et à l’étranger.
Prestige a rencontré Jean-Marc Ingea, PDG d’Elcir, qui
nous raconte son parcours et ses objectifs. Entretien.
Les cabanes en tech à l’hôtel Atlantis, Bahamas.
Jean-Marc Ingea, devant l’hôtel Atlantis, Bahamas.
«La réussite professionnelle a peu de
valeur sans une éthique qu’on doit avoir
dans ce monde difficile des affaires.»
«Ces projets nous communiquent une reconnaissance
de la qualité des produits et du service, mais aussi un encouragement
à persévérer et croire à un bel avenir.
C’est une formidable leçon de courage et de persévérance.»
Depuis votre entrée dans l’entreprise familiale, quels ont
été les changements majeurs remarqués? Elcir a été fon-
© Archives Jean-Marc Ingea
Dame de Jamhour et plusieurs écoles à Paris: Saint-Honoré
d’Eylau, Gerson et Janson de Sailly, selon les événements du Liban.
J’ai poursuivi mes études au Canada où j’ai obtenu un Bachelor
of Engineering avec mention, de l’Université McGill ainsi qu’un
Minor en management. Après deux ans de travail en tant qu’ingénieur commercial chez Bouygues à Paris, j’ai été admis à 22
ans à la Harvard Business School. Deux ans plus tard, armé d’un
MBA et après un stage chez The Walt Disney Company à Paris,
j’ai donc rejoint l’entreprise familiale Elcir, qui comme beaucoup
peuvent le savoir, est une société industrielle spécialisée dans la
conception, la fabrication et la pose de divers travaux de finition de bâtiment, notamment la menuiserie bois, l’agencement,
le mobilier, la métallerie, etc. Récemment, j’ai également cofondé avec Charles Corm et d’autres partenaires internationaux,
Inco Capital, une entreprise spécialisée dans l’intermédiation
financière et la mise en relation d’investisseurs et d’entrepreneurs. Quoiqu’étant assez satisfait du parcours académique, je
suis toutefois convaincu que la réussite professionnelle a peu
de valeur sans une éthique qu’on doit avoir dans ce monde difficile des affaires, et que cette réussite résulte, entre autres, d’une
persévérance qu’on exprime au jour le jour. J’espère y arriver.
Vous avez sûrement travaillé sur plusieurs projets. Quels
sont ceux dont vous êtes le plus fier? L’hôtel Atlantis, aux
© Archives Jean-Marc Ingea
Parlez-nous un peu de vos études et de votre parcours
universitaire... J’ai entrepris mes études entre le Collège Notre-
dée par mon père, René Ingea, qui a bâti une entreprise leader
dans son domaine mais surtout qui a réussi à surmonter des
épreuves très tumultueuses qui sont venues avec ce temps, notamment durant la guerre. C’est une formidable leçon de courage et de persévérance qu’il nous laisse encore tous les jours à
mon frère Paul et moi. De notre côté, on pense avoir donné à
Elcir une expansion géographique qui dépasse les marchés habituels du Moyen-Orient pour atteindre également l’Europe, la
France en particulier; l’Asie centrale, le Turkménistan en particulier; et les Caraïbes. Elcir a réussi à bâtir une très prestigieuse liste de références incluant les hôtels Four Seasons au Caire,
à Amman et à Sharm El Sheikh; l’hôtel Ritz Carlton à Qatar; l’ilôt
Hachette à Paris; le Palais présidentiel au Turkménistan… Tout
cela en ne négligeant pas le marché libanais avec des projets tels
que: Byblos Sud, l’hôtel Intercontinental Mzaar 2000, plusieurs
immeubles pour Jamil Ibrahim, l’aéroport de Beyrouth, l’appartement témoin de la Tour Damac Versace dont les photos ont
été publiées partout au Liban… La gamme de produits offerts a également été sérieusement élargie et a touché de nombreux produits de bâtiment. Elcir a aussi travaillé avec les décorateurs internationaux les plus prestigieux: Pierre-Yves Rochon, Hirsch
Bedner, Richmond International… La capacité de production s’est
également beaucoup développée avec l’apport de nombreuses machines à contrôle numérique, offrant ainsi une plus grande précision. Nous pensons également poursuivre le renforcement de la qualité des produits que l’on peut offrir mais aussi la qualité du service.
Jean-Marc, René et Paul Ingea.
Bahamas, tient certainement une place de choix. A part le résultat
financier qui a été à la hauteur des risques qui ont été pris pour
un projet si lointain, il y a bien sûr la fierté d’avoir réussi à obtenir la confiance de clients si exigeants et prestigieux et de réaliser la fabrication et la pose des travaux de décoration et de menuiserie de bois de l’hôtel le plus grand et le plus médiatique des
Caraïbes. Atlantis comporte en effet aux Bahamas 3000 chambres
cinq étoiles, un casino, une marina pour yachts de 100 mètres,
le plus grand parc aquatique au monde… Elcir y a réalisé The
Cove qui en est l’expansion la plus récente et la plus haut de gamme, et qui comprend 750 chambres mais aussi des cabanes de
relaxation à la page (toutes en teck de Birmanie, une essence de
bois très prisée mais très rare) ou encore les restaurants et allées
flottantes… Nous sommes fiers d’avoir exécuté au Liban des travaux estimés à près de 25 millions de dollars qui ont par la suite été transportés aux Bahamas et installés par plus de 100 ouvriers qualifiés libanais que nous avons dépêchés sur place et supervisés.
Ce projet nous a également renforcé aux Caraïbes où Elcir est devenue une société très connue et prisée et où elle a également de nombreuses autres références prestigieuses: The Ocean Club Residences,
the One & Only Ocean Club, étant l’hôtel où a été tourné le film
de James Bond, Casino Royal; l’hôtel Sandy Lane à la Barbade
qui accueille régulièrement les stars du cinéma et qui affiche les
prix les plus élevés des Caraïbes, le projet résidentiel Albany dont
le golfeur Tiger Woods et le milliardaire Joe Lewis sont les
principaux actionnaires, ou encore le siège de la Banque Edmond
de Rothschild ou la Banque Centrale d’Haïti. Tout cela, sans oublier le projet balnéaire Byblos Sud, développé par Dr Ghaith
Pharaon et M. Sami Raad et qui est certainement le plus réussi
sur la côte libanaise. A part la fierté, ces projets nous communiquent aussi une reconnaissance de la qualité des produits et du
service que nous pouvons offrir mais aussi un encouragement à
persévérer et croire à un bel avenir. C’est en apprenant sur de
grands projets que nous pouvons également mieux servir des clients
individuels pour leur villa ou appartement au Liban ou ailleurs.
Quel but avez-vous fixé pour votre avenir? Au sein d’Elcir,
nous avons l’ambition d’accomplir encore de nombreux challenges:
fidéliser de nouveaux clients dans plusieurs zones géographiques du monde, renforcer notre part de marché au Liban, relancer l’activité de vente au détail... Nous souhaitons devenir un
modèle de productivité et avons la volonté d’allier créativité,
éthique, bienveillance et persévérance. Je compte aussi beaucoup
sur notre débrouillardise et notre effort. Personellement, j’ai également bien sûr de nombreux plans avec Inco Capital. Nous aimons surprendre et n’aimons pas divulguer les deals sur lesquels
nous travaillons, mais je peux dévoiler qu’Inco Capital a mis en
place le plus grand fonds de Private Equity pour le Levant, en
mettant en relation une société financière de New York avec
l’une des plus grandes banques libanaises pour un fonds de
250 millions de dollars. Nous ne pensons pas nous arrêter là...
Propos recueillis par S.J.

Documents pareils