RH 3 - Aout 14 - Tannenberg

Transcription

RH 3 - Aout 14 - Tannenberg
LA TOILE DE FOND
Deux grandes œuvres littéraires apportent à la fois un témoignage saisissant et une réflexion profonde sur
l’entrée des puissances européennes dans une guerre qui allait constituer le suicide de l’Europe, aboutissant à la
destruction des trois empires allemand, austro-hongrois et russe, et à l’essor des deux puissances qui ont fini par
dominer le XXe siècle jusqu’en 1989, les États-Unis d’Amérique et l’Union Soviétique. Dans L’Été 1914, qui
occupe près de la moitié » de son grand roman Les Thibault, Roger Martin du Gard plonge son lecteur dans
l’ambiance de plus en plus électrique qui conduit de l’attentat de Sarajevo, le dimanche 28 juin 1914, à l’entrée
en guerre des deux blocs européens – les puissances centrales et la Triple Entente – dans les premiers jours du
mois d’août. Avec Août 14, premier tome de l’immense massif historico-romanesque que constitue la Roue
rouge, Alexandre Soljénitsyne brosse un tableau dramatique et fascinant de l’engloutissement de l’armée russe
du général Samsonov en Prusse orientale, vaincue à Tannenberg, sur le lieu même d’une victoire des Russes
contre les Chevaliers Teutoniques en 1415. La guerre qui allait s’enliser dans les tranchées avant l’hiver
commence par un double mouvement de grande ampleur : l’offensive allemande sur Paris et l’offensive russe en
direction de Berlin. Le sacrifice de l’armée Samsonov dans les forêts ensablées des lacs de Mazurie soulage la
pression sur Paris en forçant l’Allemagne à ramener d’urgence des renforts en Prusse orientale et permet ainsi le
sursaut victorieux de la bataille de la Marne au début septembre. Pour la Russie le prix à payer sera lourd : une
situation militaire presque constamment sur la défensive, débouchant finalement sur l’insurrection de Petrograd
en mars 1917 puis sur la prise du pouvoir des bolcheviks en octobre 1917.
H2
La toile de fond – 1905-1920
ZE/VU=PV/AD – Commencement d’une grande guerre de portée mondiale.
ZE/VU=PV/AD
SA-PL
UR-NE
JU-UR
2
Sur le plan astrologique, la toile de fond de la Grande Guerre se compose de trois éléments cycliques :
l’opposition Uranus-Neptune, en orbe du printemps 1906 à l’automne 1910, symbolise, selon André Barbault, la
confrontation des puissances européennes en deux blocs rivaux – situation qui ne se produira pas avant les
années 2078 à 2081. Or, durant les quatre années de la Première Guerre mondiale, ce cycle traverse la phase du
quindecile involutif (un aspect de 165°). Toute une tradition de l’astrologie américaine, à partir d’Edmund
Johndro jusqu’à Bill Meridian en passant par Charles Jayne, a mis en valeur l’importance de cet aspect,
notamment dans le domaine de l’astrologie financière1. Les deux guerres franco-allemandes de 1870 et de 19141918 s’inscrivent à deux étapes majeures du cycle Uranus-Neptune : le carré en 1870, à 18° Bélier-Cancer, puis
le quindecile involutif de 1914 à 1918. Cet aspect « mineur » apparaît en quelque sorte apporter la réalisation de
ce qui est signifié par l’opposition. Il en va de même, par exemple, de la grande crise économique de 1929 et du
début des années trente, qui s’articule autour d’une opposition Saturne-Pluton ; celle-ci s’annonce avec le
quindecile évolutif d’avril 1929 et s’achève avec le quindecile involutif de fin janvier 1933 (qui marque ainsi
également l’arrivée de Hitler au pouvoir).
Après cela, la pièce maîtresse est la conjonction Saturne-Pluton, qui est exacte deux fois à l’automne 1914 et se
répète encore au printemps 1915 à 0° Cancer. Ainsi est ouvert un grand cycle de 32 ans qui s’achève avec la
conjonction de 1947 : les deux guerres mondiales s’inscrivent dans ce cycle Saturne-Pluton, constituant un bloc
analogue, pour ainsi dire, à une nouvelle Guerre de Trente Ans qui ravage toute l’Europe et le monde entier. Le
troisième élément, qui met le feu aux poudres, est la conjonction Jupiter-Uranus du 4 mars 1914 (à 9° Verseau).
A cela on peut ajouter que la conjonction Saturne-Pluton (à 2° Cancer le 4 octobre
puis le 1er novembre 1914 et à 0° Cancer le 19 mai 1915), tombe sur l’axe
Zeus/Vulcanus au carré d’Admète sur le Point vernal – que l’on peut interpréter
comme le commencement d’une grande guerre à portée mondiale. Il faut remonter
au début du Xe siècle pour trouver une configuration analogue, c’est-à-dire au
moment de l’installation des Vikings en Normandie, des raids hongrois en Europe
occidentale et de la fondation du califat fatimide à Mahdia en Tunisie, avant son
installation au Caire après la conquête de l’Égypte.
H8
Juin-Septembre 1914
H16
H16
1er août
29 août
16 sept.
28 juin
1
MERIDIAN Bill, « Johndro’s Astrology », The Mountain Astrologer, n° 97, June/July 2001, p. 85-92. Malheureusement, les
astrologues français - et même les meilleurs - semblent peu à l’écoute des travaux de leurs confrères anglo-saxons ou
germaniques, d’où la difficile intégration d’outils aussi précieux cependant que les mi-points (Alfred Witte ou Reinhold
Ebertin) et les harmoniques (John Addey).
3
Durant la fin de l’été et le début de l’automne 1914, on peut distinguer deux zones critiques sur le Zodiaque :
celle de Saturne-Pluton et Admète à proximité du Point vernal, avec l’axe Zeus/Vulcanus significateur de la
guerre ; et la zone de l’opposition Hadès-Poséidon (à 22° Mutables) affectée par le transit de Saturne et renforcée
par l’axe Jupiter/Zeus. La signification dominante de cette zone est donnée par sa composante de base, l’axe
Hadès/Poséidon, que nous interprétons comme une lumière venant d’en bas, soulignant l’attitude de défi
prométhéen de nature luciférienne qui caractérise le monde moderne en fin de cycle, et qui est illustré, deux ans
avant le déclenchement de la guerre, par le naufrage du Titanic ; à l’autre bout du cycle Saturne-Pluton, à la fin
de la Seconde Guerre mondiale, le même esprit titanesque se manifestera par la bombe atomique et par
Hiroshima2. Dans ce contexte, en liaison avec Hadès/Poséidon, l’axe Jupiter/Zeus, ordinairement significateur de
créations de l’esprit heureuses, de raison et de sagesse, se trouve comme perverti, traduisant le manque de bon
sens et le malheur par l’explosion de haine et de méchancetés – signification que renforce Saturne, qui apporte
un sentiment de dépression, de solitude et de détresse.
C’est sur cet axe que se situent les transits majeurs du 28 juin (Sarajevo) et du début août (l’entrée en guerre) –
transits activés par les relais solaires et martiens au moment des batailles de Prusse-Orientale et de la Marne.
Plusieurs lunaisons affectent ces deux zones : trois d’entre elles se situent sur le mi-point Jupiter/Uranus, dans la
zone du Point vernal le 24 juin, puis le 6 août et le 19 septembre. Durant cette période ont lieu une éclipse solaire
à 27° Lion le 20 août, et une éclipse lunaire à 11° Vierge-Poissons le 4 septembre.
Sarajevo
28 juin 1914 – 12H
Guerre
1er aout 1914 – 12H
De Sarajevo à la guerre
Sarajevo
Guerre
MA
SO/MA
SO
HA/PO : Attitude de défi prométhéen, de nature luciférienne
Hadès/Poséidon = Jupiter/Zeus
Les deux thèmes de l’attentat de Sarajevo et de l’entrée dans la guerre le 1er août affectent la zone
Hadès/Poséidon, à 22 des signes Mutables. Ces deux figures sont affectées par les relais solaires et martiens : le
28 juin, le mi-point Soleil/Mars transite à 4° Lion, le 1er août, le Soleil est à 8° Lion et Mars à 22° Vierge, sur
Poséidon en opposition de Hadès.
L’entrée dans la guerre s’est effectuée selon un processus assez complexe de mobilisations générales suivies de
déclarations de guerre, qui s’échelonne sur les premiers jours d’août 1914. Suite à la mobilisation de l’armée
russe, l’Empire allemand déclare la guerre à la Russie le 1er août. Le 2 août, l’Allemagne envahit le Grand-Duché
de Luxembourg et lance un ultimatum à la Belgique. Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 4
août, après la violation par le Kaiser de la neutralité belge, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne.
Nous pouvons prendre comme thème de la guerre la date du 1er août, les positions fondamentales demeurant
pratiquement inchangées durant les quelques jours suivants, mis à part les mouvements des luminaires et des
planètes rapides.
2
Voir sur le site notre article du RAM n° 3 : « Transneptuniens : mode d’emploi. Les voies de l’interprétation ».
4
1er août 1914 – 12h
H8
JU/UR
SA/PL
NE/VU
NN/ZE
ZE/VU
1er août 1914 – Zone Saturne/Pluton
PV=AD – 0°
PV - AD – SA - PL
ZE/VU=PV/AD
H16
JU/SA
Le thème de ce jour d’entrée dans la guerre est particulièrement lourd et chargé. Nous traiterons donc
séparément les deux zones Saturne-Pluton et Hadès-Poséidon.
A 0° du Cancer, conjoint au mi-point Saturne/Pluton, nous trouvons l’axe significateur de guerre,
Zeus/Vulcanus. De façon extraordinaire, cet axe est relié au mi-point Jupiter/Uranus, qui indique en ce cas
l’irruption brusque, soudaine et foudroyante de la guerre. Ainsi sont réunies les deux signatures « classiques »
du conflit de 1914 : les conjonctions Saturne-Pluton et Jupiter-Uranus. Le transit, durant le mois d’août, de Mars
au sesqui-carré Jupiter-Uranus viendra mettre le feu à la poudrière.
Saturne/Pluton relié au Point vernal évoque une collectivité qui ne peut s’adapter à de nouvelles situations – la
révolution industrielle et la mondialisation des échanges par le biais de l’expansion coloniale à travers tous les
continents, aggravant les rivalités entre puissances européennes – et une lente séparation (entre les deux blocs
rivaux) qui aboutit à des contradictions inconciliables. L’implication d’Admète dans le tableau vient renforcer
l’idée d’un développement bloqué, entravé, d’une adaptation difficile. La présence d’Admète sur le Point vernal
(qui se produit au rythme d’une fois tous les 625 ans) au moment de l’entrée dans la Grande Guerre revêt une
signification haute, à lire sur le plan de la cyclologie traditionnelle : Admète sur le Point vernal pointe sur
l’achèvement d’un cycle d’environ sept siècles : cela renvoie au franchissement d’un seuil dans la descente
cyclique qui s’est produit entre 1289 (la chute de Saint-Jean d’Acre, dernière place des Croisés en Terre Sainte)
et 1314 (la liquidation de l’Ordre du Temple) ; cette période marque l’entrée dans le dernier dixième du Kali
Yuga. Quant à la Grande Guerre, elle a pour fonction de mettre un terme au Cycle de Daniel, ouvert en 603 av.
J-C. et achevé en 1917 avec la Révolution d’Octobre et l’avènement du communisme en Russie, cycle d’une
durée de 2520 ans, soit une Semaine de 360 ans (7 x 360 = 2520).
5
1er août 1914 – 12h
HA/PO – 82°30
1er août 1914 – Zone Hadès/Poséidon
SO - MA – HA - PO
HA/PO
JU/ZE
H8
H16
SO/MA
KR/AD
ZE/AD
PL/KR
PL/ZE
SA/NE
NE/AD
NE/PL
SA/KR
En H4, HA/PO=MA sur carré MA-NE des États-Unis
En H16, flux ondulatoire sur le SO à 13° Cancer
Nous distinguerons, pour la zone Hadès/Poséidon (à 22° des signes Mutables) les flux ondulatoires en
Harmonique 8 (aspects de 0°, 180°, 90°, 45°, 135°) et en Harmonique 16 (aspects de 22°30 et leurs multiples,
67°30, 112°30, 157°30). Nous avons déjà traité de la figure en H8, avec les axes Hadès/Poséidon et Jupiter/Zeus,
le Soleil et Mars jouant ici simplement le rôle de relais déclencheurs.
En H16, l’axe Kronos/Admète est à la source d’une multiplicité de flux qui impliquent Saturne, Neptune et
Pluton. Sont affectées les zones de 28°-30° des Fixes et de 13°-15° des Cardinaux.
Il est frappant de constater qu’en H4, l’axe Hadès/Poséidon=Mars tombe précisément sur le carré Mars-Neptune
des États-Unis, tandis qu’en H16, le flux ondulatoire lié à Kronos/Admète affecte directement le Soleil des ÉtatsUnis. Ainsi, dans le thème même de l’entrée dans la Grande Guerre, la puissance américaine était invisiblement
désignée comme fortement impliquée dans le conflit, alors qu’elle n’entrerait effectivement dans la guerre qu’au
moment où les puissances européennes se seraient mutuellement décimées et affaiblies dans leur affrontement
insensé. Mais cette lecture n’est possible qu’avec l’intégration des Transneptuniens et avec une exploration
abyssale du thème de la guerre, démarche rendue possible aujourd’hui par une approche conceptuelle ouverte de
la part de l’astrologue et par le recours aux outils performants de l’informatique.
6
LA BATAILLE DE TANNENBERG
La guerre va commencer par une première phase très active de guerre de mouvement, tant à l’ouest, en Belgique
et en France, qu’à l’est, en Prusse-Orientale. Cette guerre de mouvement s’achèvera avec la stabilisation, à partir
du 17 décembre, du front occidental sur une ligne allant de Nieuport à Belfort, au moment où une conjonction
SO-MA transitera en opposition de la conjonction SA-PL. Le moment décisif où s’engage vraiment une bataille
acharnée se situe juste après le 17 août, au moment où le sesqui-carré Mars-Jupiter vient affecter la conjonction
Saturne-Pluton. C’est le coup d’envoi de la grande bataille de Prusse-Orientale, destinée à empêcher l’armée
allemande d’emporter d’emblée une victoire décisive sur le front occidental par la prise de Paris. Le 19 et le 20
septembre, l’armée française échoue dans son offensive en Lorraine et, du 20 au 23, la retraite s’accompagne
d’une hécatombe effroyable de 40 000 morts. Le 2 septembre, les Allemands sont à Senlis, à 45 km de la
capitale. Les autorités, le gouvernement et le Président de la République, quittent Paris pour Bordeaux, laissant
Gallieni gouverneur militaire de la capitale. Ils sont suivis par des centaines de milliers de Parisiens qui
s’enfuient en province. Du 6 au 13 septembre, la bataille de la Marne va marquer le coup d’arrêt de la
progression allemande, Joffre exploitant les erreurs tactiques du général von Kluck. Les Allemands font retraite
vers l’Aisne, la Vesle et la Suippe. S’engagent alors, d’octobre à la mi-décembre, des batailles de stabilisation du
front : bataille des Flandres (du 1er au 27 octobre), bataille d’Arras (du 1er au 9 octobre), bataille de l’Yser (du 18
au 27 octobre), bataille d’Ypres (du 14 octobre au 13 novembre), bataille de Dixmude (du 6 au 10 novembre).
L’offensive allemande est bloquée et, le 10 décembre, le gouvernement retourne à Paris. Cependant, sur le front
de l’est, après une première victoire russe du général Rennenkampf en Prusse-Orientale, à Gumbinnen (du 18 au
21 août), la IIe armée, commandée par le général Samsonov, est encerclée et anéantie dans les forêts
sablonneuses et les lacs dans la région de Tannenberg (du 26 au 30 août), où Hindenburg vient venger, cinq
siècles après, la défaite infligée au même endroit par les Polonais et les Lithuaniens aux Chevaliers Teutoniques
(le 15 juillet 1410). En septembre, les troupes allemandes remporteront de nouvelles victoires sur les Russes
dans la région des lacs de Mazurie. La bataille de Tannenberg et l’engloutissement de la IIe armée russe du
général Samsonov dans les profondeurs des forêts de Prusse-Orientale ont fait l’objet d’un récit grandiose et
hallucinant par Soljénitsyne, dans la première partie de son roman Août 14, qui constitue le « premier Nœud »
d’une vaste épopée romanesque intitulée La Roue Rouge, et dont le morceau essentiel, après un « second
Nœud » - Septembre 1916 - qui relate la guerre de tranchées et la décomposition de la société et du pouvoir en
Russie, est constitué par un récit extrêmement détaillé et passionnant de la révolution de Février jusqu’à
l’abdication du Tsar. A ce « troisième Nœud » - Mars 1917 - en succède un quatrième, Avril 1917, qui va
jusqu’au retour de Lénine à Pétrograd. L’auteur, qui avait conçu dès l’âge de 18 ans cette fresque historique qui
devait comporter vingt nœuds et s’étendre jusqu’à 1945, à renoncé à poursuivre au-delà d’avril 1917. Nous nous
inspirerons largement du récit de Soljénitsyne, appuyé sur une documentation historique fouillée et solide, pour
suivre de près les phases de cette terrible bataille de Tannenberg.
Le lien entre les deux événements - bataille de France qui amène les Allemands aux portes de Paris, forçant le
gouvernement à se réfugier à Bordeaux, et engagement des forces russes en Prusse-Orientale alors que la
mobilisation de l’armée russe est à peine ébauchée - est bien mis en relief par Soljénitsyne dans Août 14.
L’auteur dresse le tableau des atermoiements de l’État-Major russe qui fait un choix stratégique funeste :
D’après l’entente passée avec la France, nous étions libres de choisir nos directions
opérationnelles. Pendant des années, on avait comparé les avantages des deux directions
naturelles : contre l’Autriche, contre l’Allemagne. La frontière austro-russe était facile à
franchir ; au contraire, les lacs de Prusse favorisaient la défense et gênaient l’attaque.
L’offensive contre l’Allemagne exigeait des forces nombreuses, pour un espoir assez mince.
L’attaque de l’Autriche garantissait de gros succès, la défaite de toute son armée,
l’écroulement de tout son empire, le gain d’un territoire long comme la moitié de l’Europe cependant qu’on pouvait aisément se défendre contre les Allemands avec des forces minimes,
en leur mettant dans les jambes notre manque de routes aux abords des frontières et nos
chemins de fer à voie large. C’est le choix qu’on avait fait. C’est ce que Palitsyne avait
préparé avec la chaîne de forteresses - Kovno - Grodno - Osowiec - Nowo-Georgiewsk. (…)
Mais Soukhomlinov était arrivé à l’État-Major général et, plein de la légèreté de l’ignorance
(si semblable à l’esprit de décision !), il avait concilié les oppositions dans la querelle des
directions : nous attaquerions ici et là simultanément ! Face à deux solutions, il avait choisi la
plus mauvaise, les deux ensemble.3
3
SOLJENITSYNE Alexandre, La Roue rouge, Premier nœud : Août quatorze, Paris, Fayard, 1984 [version complète], p.
107.
7
Mais en outre, Soljénitsyne met en évidence le fait que la Russie accepte le sacrifice délibéré d’une armée entière
pour venir au secours de la France envahie :
Mieux encore : l’année précédente, Jilinski [le successeur de Soukhomlinov à la tête de
l’État-Major général] avait pour Joffre généreusement réduit aux dépens de la Russie les
délais de mise en place du dispositif ; nous commencerions non le 60e jour de la mobilisation,
ni même le 30e - mais, l’impréparation étant totale, le 15e jour. (…) Même dans la vie
personnelle, personne ne doit par amitié se changer en serpillière (on n’en est jamais
récompensé) ; à plus forte raison dans les affaires d’État… La France se souviendrait-elle
longtemps du sacrifice de la Russie ? de son tribut sanglant ?4
L’auteur revient sur cette question lorsqu’il signale qu’à la suite de deux premières défaites allemandes en
Prusse-Orientale - à Gumbinnen devant les troupes de Rennenkampf et à Orlau face au général Martos - l’ÉtatMajor allemand est amené à retirer des forces du front occidental pour les engager à l’est :
En réalité, le G.Q.G. allemand avait effectivement déplacé deux corps d’armée, mais c’était
pour les retirer de l’imminente bataille de la Marne, de l’aile droite marchant sur Paris, et les
transférer en Prusse. Or, selon le plan de Schlieffen, c’était précisément sur l’aile droite que
devait se porter le poids de la bataille de Paris, avec l’idée de régler leur compte aux Français
dans les quarante jours suivant le début de la guerre. Ainsi cette petite bataille perdue dans le
flux de l’histoire (la défaite allemande d’Orlau, suite à celle de Gumbinnen), livrée par un
général de corps d’armée Martos dont personne n’a jamais célébré la gloire, avait-elle fait
échouer la prise de Paris par les Allemands, et décidé ainsi de l’issue de la guerre.5
L’affrontement entre Russes et Allemands en Prusse-Orientale connaîtra deux phases, entre le 18 et le 30 août :
une victoire aux confins orientaux, remportée par le général Rennenkampf, qui aura le tort de ne pas exploiter
son succès et de laisser les Allemands reconvertir leur dispositif pour accueillir l’offensive, venant du sud, de la
IIe armée russe, dirigée par le général Samsonov, qui va se trouver encerclée dans les forêts et les lacs dans le
triangle Allenstein-Neidenburg-Willenberg. Voici comment Soljénitsyne présente la situation après la victoire de
Gumbinnen, le 20 août :
Cette victoire ne sauvait rien : en effet, le plan stratégique russe interdisait à Rennenkampf la
combativité la plus résolue, lui réservant le rôle d’aimant face à l’armée de Prusse orientale ;
celui qui devait mener l’offensive, à revers, c’était Samsonov. Or, le lendemain matin de
Gumbinnen, les Allemands avaient disparu, ils s’étaient évanouis dans les profondeurs de la
Prusse. Et Rennenkampf ne s’était pas lancé à leurs trousses [son infanterie avait subi de
lourdes pertes, il était à court d’obus]. On souffrait de l’impréparation de l’arrière, de cette
hâte suicidaire, sacrificielle pour l’amour de la France. La IIe Armée [de Samsonov] devait
s’engager dans une manœuvre à la Souvorov : se ruer en avant, couper la Prusse orientale,
commencer la guerre de façon atterrante pour l’Allemagne.6
4
Ibid., p. 108.
Ibid., p. 202.
6
Ibid., p. 101.
5
8
Prusse-Orientale
Rennenkampf
Samsonov
Soljénitsyne expose aussi avec clarté le plan allemand, dont la réalisation est confiée d’abord au général Prittwitz
puis, après sa défaite devant Rennenkampf, à Hindenburg et à Ludendorff qui, après s’être illustré sur le front
occidental par la prise de Liège, est envoyé en Prusse-Orientale pour reprendre les choses en main :
Grâce à l’important réseau routier et ferroviaire densifié à cette fin en temps utile, on se
dégageait de la poche en deux ou trois jours et on arrivait à temps pour tomber sur le flanc de
la principale concentration ennemie, la surprendre, l'encercler, l'écraser même. Le général
von Prittwitz, commandant de l’armée de Prusse, jeta presque toutes ses forces à l’extrémité
orientale de la Prusse. Et la victoire aurait pu être assurée : Rennenkampf, avec toute sa
cavalerie inactive, ignorait l’approche de l’adversaire. (…) A Gumbinnen, malgré son
artillerie deux fois supérieure, l’armée de Prittwitz avait été coupée en deux et la bataille
perdue. [Retraite sans problème de l’armée allemande vers l’ouest du 21 au 23 août Rennenkampf ne bouge pas]. Prittwitz décida de ne pas se replier de l’autre côté de la
Vistule, mais plutôt de se regrouper à l’arrière, vers sa droite, et d’attaquer l’aile gauche de
l’armée Samsonov qui approchait, venant du sud.7
7
Ibid., pp. 200-201.
9
Bataille de Tannenberg
Bischofsburg
Allenstein
Mühlen
Tannenberg
Willenberg
Usdau
Neidenburg
Soldau
Mlawa
Le drame se noue alors à ce moment-là : l’armée Samsonov, au lieu de faire front contre l’adversaire situé sur
son flanc gauche va ignorer sa présence et foncer dans le vide, au nord et à l’est, créant ainsi les conditions de
son encerclement prochain :
[Cette armée] n’essayait ni de tâter un peu le corps d’armée qu’elle avait en face d’elle (celui
de Scholz, qui protégeait la Prusse comme un bouclier oblique), ni de l’encercler, ni même de
l’attaquer de front, et, avec assurance, elle se déplaçait en diagonale à travers un espace
désert et passait devant Scholz en lui présentant son flanc.8
La journée décisive est celle du, mercredi 26 août, où commence véritablement la bataille de Tannenberg et où
les deux mâchoires du piège commencent à se refermer sur l’armée de Samsonov. Un des héros de cette bataille
est le général prussien von François qui imposera sur le terrain la réalisation de cette manœuvre d’encerclement,
malgré les réticences de ses supérieurs, Hindenburg et Ludendorff, conscients des risques de l’opération l’encercleur étant lui-même menacé d’encerclement, comme cela se produit au jeu de go !
La tentation était grande d’envelopper toute l’armée Samsonov. Il fut décidé qu’on se
bornerait à repousser les corps d’armée extrêmes à Usdau [à l’ouest] et à Bischofsburg [à
l’est], de façon à ouvrir un passage pour introduire les branches de la tenaille. C’était la
journée du 26 août où Samsonov transportait enfin son état-major à Neidenburg et où l’on y
portait des toasts à la prise de Berlin, sous la menace de la tenaille déjà engagée et au son de
l’artillerie allemande toute proche, sept fois supérieure à la nôtre, qui tirait devant Mühlen
contre la division de Mingin. La journée où le corps d’armée de Martos, qui longeait les
flancs de Scholz mais en s’accrochant de plus en plus, en se tournant de plus en plus contre
lui, le harcelait courageusement et avec beaucoup de succès. La journée où le corps d’armée
de Kliouïev, ne voulant rien savoir de l’adversaire, fonçait à travers les sables, vers le nord
désert, en plein dans le traquenard, en plein dans le piège à loup.9
8
9
Ibid., p. 201.
Ibid., p. 203.
10
C’est à quatre heures du matin, le 26 août, que le général von François engage les hostilités sur le village
d’Usdau, à l’ouest de Neidenburg où se trouve l’état-major de Samsonov. C’est ici, en ce moment crucial, que
Soljénitsyne a placé un épisode symbolique, qui éclaire l’ensemble de son épopée La Roue rouge, la vision du
moulin d’Usdau en flammes et dont les roues tournent lentement - vision à laquelle répond plus loin, dans le
roman, celle des roues rouges d’une locomotive qui permet à Lénine de se réfugier en Suisse au début de la
guerre - double symbole d’une guerre qui débouchera sur la révolution.
Le moulin à vent est en flammes !
Le moulin a pris feu ! (…)
Le moulin flambe ! non pas détruit par un obus, mais saisi tout entier par les flammes.
L’armature pyramidale, des langues pourpres traversent le revêtement, et dans l’espace elles
blondoient, elles rougeoient.
Et les ailes sont immobiles. Le feu court sur les pales du bas et au croisement, rayonne le
long des pales du haut.
Le moulin tout entier ! En flammes ! ! Tout entier !
Voilà comment le feu s’y prend : en premier lieu il ronge les lattes du revêtement, et la
carcasse tient toujours,
une carcasse toujours plus claire, plus dorée - qui tient ! les chevilles sont encore là.
Toutes les arêtes sont de feu - celles des ailes, de l’armature !
Et voilà que les ailes - est-ce au souffle de l’air chaud ? - avant de s’écrouler, commencent
lentement,
lentement,
lentement à tourner ! Sans vent ! Quel miracle !
En une étrange rotation se meuvent des rayons pourpres-dorés qui ne sont que des arêtes comme roule dans les airs une roue de feu.
Et puis s’écroule,
s’écroule en morceaux,
en débris de feu.10
Le 29 août au soir, les deux tenailles ont refermé leurs mâchoires sur Willenberg dont s’empare le général von
François venant de Neidenburg par la route qui longe la forêt au sud, tandis que du nord déferlent les troupes de
Mackensen. Peu après minuit, le 30 août, le général Samsonov, isolé dans la forêt non loin de Willenberg, se
donne la mort. Une ultime tentative des Russes, envoyant - mais trop tardivement - un corps d’armée à partir de
Mlawa au sud, sur Neidenburg, est impuissante à rompre l’encerclement de la IIe Armée.
10
Ibid., pp. 228-229.
11
Tannenberg – Bataille
26 août 1914 – 4h
Allenstein (Usdau)
Bataille de Tannenberg
LU trigone SA-PL
LU opposition UR/NE
26-30 août 1914
Tannenberg – Bataille
Suicide de Samsonov
30 août 1914 – 3h
Allenstein (Willenberg)
LU opposition SA-PL
MA trigone UR
Nous concentrerons notre attention, sur le plan astrologique, sur trois moments forts : le carré Mars-Pluton du 17
août, qui préside aux grandes offensives de la semaine suivante avec la retraite de l’armée française du 20 au 23
et la victoire des Russes à Gumbinnen ; le thème du 26 août à 4h du matin à Usdau, lors de l’engagement de la
bataille de Tannenberg ; et le thème du 30 à 3h du matin, moment approximatif du suicide du général Samsonov.
Nous dresserons ces thèmes pour Allenstein (aujourd’hui Olsztyn, en Pologne), qui est la pointe nord du triangle
dont Neidenburg et Willenberg constituent les deux autres pointes.11
La lourde et puissante configuration du carré de Mars-Vénus à Lune-Saturne-Pluton, au double sesqui-carré de
Jupiter conjoint à Uranus, le 17 août, donne le climat de la période, ouvre un moment de tempête guerrière.
Au matin du 26 août, tous les instruments de l’orchestre évoquent le fracas des armes. Les trigones de Mars et
Vénus à Uranus, tandis que la Lune tombe pile à l’opposition du mi-point Uranus/Neptune (4° TaureauScorpion) évoquent peut-être l’indécision du sort de la bataille, la surprise possible (une première victoire russe
sera suivie d’une défaite catastrophique ; la foudroyante avancée allemande sur Paris sera suivie d’une retraite
conséquente). L’Ascendant au carré d’Algol – réputée comme la plus maléfique des étoiles fixes - est le signe de
l’hécatombe à venir.
Suivons le mouvement des rapides du 26 au 30 août. Mars demeure trigone à Uranus - peut-être le signe que la
victoire sera donnée au camp « uranien » (symbolisant l’Allemagne) opposé au camp « neptunien » (la Russie) ?
Le plus significatif semble être le mouvement de la Lune : conjointe à Saturne-Pluton le 17, au trigone le 26 et
en opposition le 30. En outre, le 26, au début de la bataille, la Lune est au relais de l’opposition Uranus-Neptune,
symbolisant l’affrontement des deux camps. Mais ne nous lassons pas de le répéter : ce type de repérage de
subtils mouvements des rapides par rapport à des configurations de lentes n’a de sens qu’après-coup, dans une
démarche de compréhension historique - et quasi de contemplation des harmonies entre le Ciel et la Terre - et
non dans le but de construire une prévision.
11
Allenstein se situe à 20°30 Est et 53°48 Nord ; Neidenburg (aujourd’hui Nidzica) est environ à 20°30 Est et 53° Nord,
Willenberg (aujourd’hui Wielbark) à 21° Est et 53° Nord environ.
12
Tannenberg
17 août 1914 – 11h36 TU
Allenstein
Carré Mars-Pluton
MA/PL=JU
Tannenberg – 1914 // 1410
Tannenberg
15 juillet 1410 – 12h TU
Allenstein
MA/PL=UR
Parmi ces « harmonies » entre Ciel et Terre, il en est une, spectaculaire, qui concerne la bataille de Tannenberg.
Car, comme chacun sait, il y a eu dans l’histoire deux batailles de Tannenberg, celle de 1914 et une autre, le 15
juillet 1410, où les forces lituaniennes et polonaises ont infligé une lourde défaite aux Chevaliers Teutoniques.
Ce parallélisme n’a évidemment pas échappé à Soljénitsyne qui évoque les deux batailles en s’insinuant, non
sans quelque ironie que souligne l’indication en allemand de certains termes, dans l’esprit de Hindenburg :
Et puis, il y avait l’ombre de la Providence (Vorsehung) qui s’étendait sur cette ligne fortifiée
de Mühlen, sur ces rochers surplombant le lac et ces sapins vieux de cinq cents ans qui
avaient poussé sur cette terre natale protectrice et protégée, où, déchaînée, avançait à
découvert la IIe Armée russe : c’était là qu’en 1410 étaient arrivées les forces coalisées des
Slaves et que, près du village de Tannenberg, entre Hohenstein et Usdau, elles avaient écrasé
l’ordre des chevaliers Teutoniques. Cinq cents ans après, le destin avait voulu que
l’Allemagne fût en mesure d’exécuter la sentence d’expiation (das Strafgericht).12
Cinq cents ans : c’est, bien sûr, le temps d’un cycle Neptune-Pluton, qui se trouvaient former en 1410 un aspect
de 15° - équivalent par rapport à la conjonction à un aspect de 165° pour l’opposition. En outre, le Pluton de
1410 se trouve à l’emplacement du Neptune de 1914, à 0° Cancer, sur le point Apex. Mais la comparaison des
deux thèmes est encore plus surprenante : dans les deux cas, on retrouve un carré Mars-Pluton engagé dans un
sesqui-carré - avec Uranus en 1410, avec Jupiter en conjonction d’Uranus en 1914 ; et en 1410, ce carré MarsPluton est aggravé par un double semi-carré avec le Soleil à 0° Lion (position de Pluton en 1939). On pourrait en
rajouter en relevant que le Jupiter de 1410, à 17° Lion, se trouve sur l’Ascendant du thème du suicide de
Samsonov (mais ici l’heure est incertaine, et seul le « hasard » nous a fait choisir comme vraisemblable 3h du
matin).
12
Ibid., pp. 293-294.
13
LA BATAILLE DE LA MARNE
Nous serons plus bref pour la bataille de la Marne, et nous examinerons ici le tableau de la semaine du 6 au 13
septembre 1914 en H8.
NL – 24 juin 1914
15h33 TU - Berlin
Ingrès Cancer
Nouvelle Lune du 24 juin 1914
NL sur PL=ZE/VU
SA sur HA/PO
AS de la bataille
de Tannenberg
AS : opposition à PL
de l’Empire allemand
SO du 11 novembre
Mais auparavant, nous ferons un détour par la Nouvelle Lune du 24 juin 1914,
qui suit d’un jour l’Ingrès solaire en Cancer, et qui place la lunaison sur Pluton
conjoint à l’axe Zeus/Vulcanus relié au mi-point Jupiter/Uranus, avec Saturne
sur Hadès/Poséidon. L’Ascendant de ce thème (à 17° Scorpion) est éloquent : il
est en effet à l’opposition de Pluton dans le thème de l’Empire allemand (à 17°
Taureau) et correspond à l’Ascendant de la bataille de Tannenberg ; en outre,
c’est la position du Soleil du 11 novembre – jour de l’armistice de Rethondes
qui signe la défaite allemande en 1918 et position transitée en novembre 1989
au moment de la chute du Mur de Berlin. C’est donc une « zone sensible » du
Zodiaque en relation avec l’histoire de l’Allemagne. Cette position de Pluton à
17° Taureau dans le thème de l’Empire allemand est d’autant plus remarquable
qu’elle est en fait celle de la triplice Mars-Saturne-Pluton, signature majeure de
ce thème.
14
Bataille de la Marne
6 sept. 1914 – 3h17 TU
Bataille de la Marne - 6-13 sept. 1914
Bataille de la Marne
13 sept. 1914 – 15h03 TU
LU : du carré à la
conjonction avec SA-PL
LU=SO/MA sur AD
LU=SA/PL=ZE/VU
MA=SA/NE=SO/JU
La bataille commence et s’achève par des transits de la Lune en relation avec la conjonction Saturne-Pluton (du
carré le 6 à la conjonction le 13 septembre). Nous dressons en conséquence nos deux thèmes pour le moment
précis où la Lune est conjointe à Admète sur le Point vernal le 6 septembre et au moment où elle est conjointe au
mi-point Zeus/Vulcanus le 13 septembre. Le 6, nous observons que le mi-point Soleil/Saturne, qui agit comme
déclencheur, transite précisément à l’opposé du Point vernal, activant puissamment la lourde configuration
toujours en place durant tout l’été 1914.
Nous voulons porter à la connaissance de nos lecteurs un témoignage peu mentionné dans la sphère médiatique
actuelle, qui concerne un miracle de la Vierge durant la bataille de la Marne. Le 8 janvier 1917, Le Courrier de
Saint-Lô publiait une lettre datée du 3 janvier 1915, rapportant les propos tenus par un prêtre allemand fait
prisonnier par les Français aux infirmières qui le soignaient, avant de mourir. Ce témoignage a été exposé dans
un Bulletin d’un monastère Saint-François de Sales par André Vanderbeken13 ; cet auteur commence par rappeler
la dévotion mariale du Maréchal Foch :
Le Maréchal Foch ne faisait pas mystère de sa dévotion envers la Très Sainte Vierge. Le 30
septembre 1919, il alla s’agenouiller devant la grotte de Lourdes pour la remercier du
triomphe des armées et lui rendre hommage pour la victoire. En montrant la statue dans le
rocher, le chanoine Bellenay lui demanda : « Vous avez grande confiance en Elle ? – Ma
mère connaissait Bernadette, répondit le maréchal. Elle l’accompagnait à la grotte. C’est
d’elle que je tiens ma croyance en Notre-Dame. J’ai dit mon chapelet entier tous les jours de
ma vie. – Même aux jours de grande bataille ? – J’en avais encore plus besoin. Maintes fois,
je me suis vu pris. Alors, je m’accrochais à Elle comme un enfant de deux ans s’accroche à sa
mère. Elle nous a toujours sauvés ».
Pendant la grande tourmente, un jour qu’il sortait d’une visite aux blessés de l’hôpital des
Sœurs de Saint-Charles, à Nancy, il est acclamé par les habitants du quartier. Descendant de
voiture, Foch répond à la foule ; « Je ne suis rien, mais priez, faites prier les petits enfants ».
Il remonte et, s’adressant à la Supérieure : « Que l’on prie pour moi dans cette communauté.
Nous, nous ne faisons que de la ferraille ! »
13
VANDERBEKEN André, « Le miracle de la Marne. Le secret du Maréchal Foch », Le Bulletin, Monastère Saint-François de
Sales.
15
Le maréchal comptait en effet beaucoup sur la prière des enfants. Souvent, dans les villages
près du front, il rassemblait les petits qui s’amusaient sur les places et il les conduisait à
l’église où, à genoux au milieu d’eux, il leur faisait réciter quelques Je vous salue Marie. Il
ne se contentait pas de demander des prières. Lm était un homme de prière. « Les personnes
qui prient prennent en main le salut de leur pays. Elles sont ma force », écrivait-il à un
membre de sa famille.
Maréchal Ferdinand Foch
2 octobre 1851 – 22h
Tarbes
Maréchal Foch
ZE/KR - 25°03
MC
ZE/KR
UR/AP
SA/HA
MA/VU
Né à Tarbes le 2 octobre 1851, Ferdinand Foch est un natif de la triplice
Saturne-Uranus-Pluton conjointe à Vulcanus de 1850, une des plus puissantes
configurations des Temps Modernes, qui marque l’entrée dans la société
industrielle que symbolisera la Tour Eiffel et dans la période des grands
affrontements impérialistes qui conduiront à la Grande Guerre. Le thème porte
la signature de la formule de base pour le grand général, le mi-point
Zeus/Kronos relié au Milieu du Ciel et à Jupiter - indice de chance et de
réussite dans la stratégie de guerre. L’implication d’Uranus/Apollon dénote
l’application à l’étude (Foch enseignera à l’École de guerre) et l’éclatement
soudain de la guerre, alors qu’il sera âgé de 63 ans. L’axe Mars/Vulcanus
pointe sur l’activité intense , l’action d’autorité qui s’impose, l’engagement
dans une grande guerre où les pertes seront considérables - ce qu’indique
Saturne-Hadès au MC, qui laisse entendre également que le chef de guerre est
lui-même affligé par les événements terribles auxquels il participe, mais qu’il
s’y résigne. Le thème présente avec Lune-Hadès un pôle mélancolique, en
opposition de Mars-Apollon, signe de générosité et d’esprit large.
Lors de la bataille de la Marne, le mi-point Hadès/Poséidon (à 22°30 du Sagittaire) tombe sur une figure
marquante du thème natal de Foch – le mi-point Soleil-Neptune associé au mi-point Soleil-Zeus – qui prend
toute son importance du fait que ces deux axes sont en relation directe avec le mi-point MC/AS. C’est à ce
moment précis de sa vie que le chef militaire sera appelé à mettre en œuvre sa doctrine stratégique, qui repose
avant tout, comme celle de Napoléon, sur l’offensive à outrance. L’axe Soleil/Zeus témoigne de ce caractère
ardent et d’une capacité à s'investir à fond, avec une nature de chef. L’axe Soleil/Neptune, relié à Hadès et à
Poséidon évoque une grande sensitivité, et une grande réceptivité aux affaires spirituelles et à leur dimension
subtile.
16
Après avoir rappelé la dévotion mariale du Maréchal Foch, André Vanderbeken expose le « miracle » de la
Vierge qui eut lieu durant la bataille de la Marne.
La Divine Mère ne déçut pas la confiance que Foch avait placée en Elle. Les comptes rendus
des journaux parus fin août et au commencement de septembre 1914 faisaient allusion au
« miracle de la Marne » en se contentant d’exalter le sursaut du combattant de 1914 qui, le 8
septembre, avait refoulé l’envahisseur.
Pour quelqu’un qui a pris part à ces événements, ce sursaut est impensable – les forces
ennemies disposaient d’une supériorité écrasante en hommes et en matériel – et auraient pu
tout juste permettre un coup d’arrêt de 24 ou 48 heures.
C’est une coupure de journal de l’époque, Le Courrier de la Manche, numéro du 8 septembre
1917, qui relate ce qu’auraient dit les Allemands faits prisonniers après les combats du 5 au 8
septembre 1914. A Pontmain, les Pères auraient un dossier plus complet sur ces faits. Et voici
le texte tiré du journal Le Courrier de Saint-Lô, le 8 janvier 1917. C’est une lettre datée du 3
janvier 1915.
Et voici la lettre publiée dans le Courrier de Saint-Lô le 8 janvier 1917 :
Un prêtre allemand, blessé et fait prisonnier à la bataille de la Marne, est mort dans une
ambulance française où se trouvaient des religieuses. Il leur dit : « Comme soldat, je devrais
garder le silence ; comme prêtre, je crois devoir dire ce que j’ai vu. Pendant la bataille de la
Marne, nous étions surpris d’être refoulés car nous étions légion, comparés aux Français, et
nous comptions bien arriver à Paris. Mais nous vîmes la Sainte Vierge, tout habillée de blanc,
avec une ceinture bleue, inclinée vers Paris… Elle nous tournait le dos et de la main droite
semblait nous repousser. »
Dans les jours où ce prêtre allemand parlait ainsi, deux officiers allemands, prisonniers
comme lui et blessés, entraient dans une ambulance française de la Croix-Rouge. Une
infirmière parlant allemand les accompagnait. Quand ils entrèrent dans une salle où se
trouvait une statue de Notre-Dame de Lourdes, ils se regardèrent et dirent : « Oh ! la Vierge
de la Marne ! »
Une autre preuve de l’authenticité du récit qui précède es la suivante, qui se rapporte au
même fait. Une religieuse qui soignait les blessés à Issy-les-Moulineaux, écrit : « C’était
après la bataille de la Marne. Parmi les blessés soignés à l’ambulance d’Issy se trouvait un
Allemand très grièvement atteint et jugé perdu. Grâce aux soins qui lui furent prodigués, il
vécu encore plus d’un mois. Il était catholique et témoignait de grands sentiments de foi. Les
infirmiers étaient des prêtres. Il reçut les secours de la religion et ne savait comment
témoigner sa gratitude. Il disait souvent : « Je voudrais faire quelque chose pour vous
remercier ». Enfin, le jour où il reçut l’Extrême-Onction, il dit aux infirmiers : « Vous
m’avez soigné avec beaucoup de charité ; je veux faire quelque chose pour vous en vous
racontant ce qui n’est pas à notre avantage, mais qui vous fera plaisir. Je payerai ainsi un peu
ma dette.
Si j’étais au front, je serais fusillé, car défense a été faite, sous peine de mort, de raconter ce
que je vais vous dire. Vous avez été étonnés de notre recul si subit quand nous sommes
arrivés aux portes de Paris… Nous n’avons pu aller plus loin : une Vierge… oui, une Vierge
se tenait devant nous, les bras étendus, nous repoussant chaque fois que nous avions l’ordre
d’avancer.
Pendant plusieurs jours, nous ne savions pas si c’était une de vos saintes nationales,
Geneviève ou Jeanne d’Arc. Après, nous avons compris que c’était la Sainte Vierge qui nous
clouait sur place. Le 8 septembre, Elle nous a repoussés avec tant de force que tous, comme
un seul homme, nous nous sommes enfuis.
Ce que je vous dis, vous l’entendrez sans doute redire plus tard, car nous sommes peut-être
cent mille hommes qui l’avons vue ».
Oserons-nous un rapprochement curieux ? Le plus grand adversaire de Foch, le maréchal
Hindenburg, avait de l’admiration pour la Vierge. A un prêtre qui lui exprimait sa surprise de
trouver en place d’honneur, dans son cabinet de travail, l’image de Marie, le vieux soldat
luthérien répondit : « C’est que je vois en la Vierge l’incarnation des valeurs humaines
17
nécessaires à ma vie ». Foch voyait en l’Immaculée davantage : la mère de Dieu et sa divine
Mère.
Nous avons récemment découvert qu’il existait un autre fait singulier, concernant cette fois-ci un épisode durant
l’invasion de la Belgique par les Allemands. Il s’agit de l’histoire des Anges intervenant au milieu de la bataille
de Mons, qui débuta le 21 août 1914 dans le Hainaut belge. L’armée allemande enfonçait l’armée britannique
pour qui tout semblait perdu. Les Allemands étant entrés en possession de la ville et prenant les Britanniques en
tenaille, ces derniers se voyaient encerclés et incapables de battre en retraite. Alors que tout espoir était évanoui,
apparut dans le ciel, au-dessus de Mons, durant la nuit du 23 août, un bataillon d’archers célestes conduit par
saint Georges. Attaquant les Allemands postés dans la ville, ce bataillon permet aux Britanniques de se replier et
de venir en renfort au front français qui protégeait Paris face à l’offensive allemande. Durant les mois qui
suivirent, de nombreux articles ou ouvrages parurent relayant les témoignages de soldats ayant participé à la
Grande Retraite. Des artistes peignirent la scène et des œuvres musicales furent composées pour louer
l’intervention des anges. Après la guerre, de nombreuses personnes vont se lancer à la recherche de l’apparition
des Anges de Mons. Des soldats revenus du Front ont confirmé qu’ils avaient vu des cavaliers dans le ciel. Cet
épisode est illustré par le tableau de Marcel Gillis, Les Anges de Mons, créé en 1934.
Charles Ridoux
Amfroipret, le 22 novembre 2014

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