Planète Paix n°504 - Mondialiser la Paix : Le peuple japonais veut
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Planète Paix n°504 - Mondialiser la Paix : Le peuple japonais veut
Planète Paix n°504 – Mondialiser la Paix : Le peuple japonais veut la Paix Mondialiser la Paix Le peuple japonais veut la Paix Expédition irakienne, budgets militaires en hausse, accords de Défense renouvelés avec les Etats-Unis, Tadaaki Kawata, secrétaire du Comité de paix (Japan Peace Committee) dresse le tableau d’une opinion publique japonaise mobilisée contre ces tentatives de (re)militariser le pays de la première tragédie nucléaire. Comment l’opinion publique voit-elle l’engagement de l’armée japonaise dans la guerre en Irak ? Tous les sondages montrent qu’une majorité de Japonais est contre l’implication des forces japonaises en Irak. Aujourd’hui, 62% sont opposés à la prolongation de cet engagement contre 29%. Les Japonais restent très attachés aux obligations pacifiques de la Constitution qui stipule que le Japon « renonce pour toujours à la guerre comme un droit souverain et à la menace d’emploi ou à l’usage de la force », et interdit la possession d’un « potentiel de guerre » (Article 9). Cet article fut créé sur la base d’une intense réflexion après la guerre d’agression menée par le Japon durant la 2 ème Guerre mondiale. De surcroît, la critique grandit à l’égard de la politique des Etats-Unis et le mouvement anti-guerre se renforce. L’impasse dans laquelle s’enferrent les forces de la Coalition en Irak a creusé un fossé croissant entre les gens et le gouvernement japonais qui semble suivre « aveuglément » la politique des Etats-Unis. Y a-t-il toujours une volonté du gouvernement d’augmenter les dépenses militaires ? Les dépenses militaires du Japon atteignent 47 milliards de dollars US, le 2 ème budget derrière les Etats-Unis. Le gouvernement souhaite poursuivre cette augmentation pour adapter l’équipement militaire du Japon aux standards des Etats-Unis. Ceci fait partie de la stratégie US : renforcer ses capacités de contrôle et d’attaque depuis le Japon. Plus de 40 000 soldats US sont stationnés au Japon, répartis dans 130 bases militaires. C’est le résultat du traité de Sécurité Japon-USA qui nous entraîne dans une politique agressive. Quelles sont les conséquences de la présence récemment déclarée d’armes nucléaires en Corée du Nord ? Bien sûr, tous les Japonais se sentent très concernés et y sont très opposés. C’est en plus un prétexte pour accélérer la militarisation du Japon. Des secteurs de plus en plus importants de l’industrie ou de la recherche travaillent pour la Défense, comme la participation au système de bouclier antimissile US. Quelques extrémistes osent même plaider ouvertement pour le développement d’options nucléaires Quoi qu’il en soit, la majorité des Japonais est en faveur d’une solution négociée avec la Corée du Nord et reste attachée à l’option non-nucléaire du Japon. Aucun politicien en place ne peut défendre l’idée d’une nucléarisation de la Défense japonaise, tant reste fort l’attachement antinucléaire après Hiroshima et Nagasaki. Comment le Japon prépare-t-il le 60 ème anniversaire des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki ? Les mouvements japonais opposés à l’arme nucléaire sont très mobilisés. A cause de la signification historique du 60 ème anniversaire, bien sûr, mais aussi contre l’attitude des Etats-Unis lors de la conférence de révision du Traité de nonprolifération en mai à New York. Plus de 800 Japonais porteurs de 5 millions de signatures pour l’abolition des armes nucléaires y ont participé. Après le peu de résultats constatés, la colère grandit à l’égard des Etats-Unis et de son fidèle suiveur, le gouvernement japonais. Le mouvement contre les bases militaires US et pour empêcher la révision de la Constitution se développe. Pour toutes ces raisons, la Conférence mondiale contre les bombes A et H à Hiroshima et Nagasaki, cette année, sera un énorme rassemblement. Nous attendons également de nombreux délégués étrangers. Parmi eux, une importante délégation française avec de nombreux jeunes, ce qui est encourageant. J’espère que votre présence constituera une nouvelle étape pour développer encore plus les relations entre les mouvements de paix de nos deux pays. Interview réalisée par Arielle Denis