allocution de l`ambassadeur smail chergui, commissaire a la paix et
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allocution de l`ambassadeur smail chergui, commissaire a la paix et
ALLOCUTION DE L’AMBASSADEUR SMAIL CHERGUI, COMMISSAIRE A LA PAIX ET A LA SECURITE, A LA REUNION MINISTERIELLE SUR LA SECURITE ET LA SÛRETE MARITIMES, VICTORIA, SEYCHELLES, 8 – 9 FEVRIER 2015 Monsieur Dany Faure le Vice President de la République des Seychelles, Mesdames et Messieurs les Ministers, Monieur le Secrétaire General Adjoint du Service d’action extérieure de l’UE, Distingués représentants des organisations internationales et des pays partenaires, Mesdames et Messieurs, C’est avec un immense plaisir que nous nous retrouvons ici à Victoria, pour cette 1ère réunion ministérielle sur la sûreté et la sécurité maritimes initiée par l’Union africaine. Celle-ci intervient à un moment où le continent, dans le cadre de l'Agenda 2063 que vient d'adopter le Sommet de notre Union, s'emploie à imprimer une dynamique renforcée à ses efforts de développement socio-économique et de promotion de la paix. Je saisis cette occasion pour remercier le Gouvernement des Seychelles pour avoir bien voulu abriter cette réunion. Ce faisant, il témoigne, une fois de plus, de son engagement renouvelé à apporter sa pierre à l'édifice d'une Afrique en paix et prospère. Il ne pouvait y avoir d'endroit plus indiqué pour abriter notre rencontre que les Seychelles tant en raison de la configuration géographique du pays que des répercussions négatives qu'a eu sur son économie la piraterie au large des côtes somaliennes, lorsque celle-ci était à son paroxysme. Plus que jamais havre de paix, les Seychelles nous accueillent avec la chaleur et le style qui caractérisent son peuple. Je remercie l'ensemble des pays et organisations ici représentés pour avoir répondu positivement à notre invitation. Votre présence illustre la prise de conscience croissante de la nécessité d'une action internationale plus soutenue pour relever les défis de l'heure. Je renouvelle mon appréciation à nos partenaires pour leur accompagnement et leur soutien. Mesdames, Messieurs, La présente rencontre s'inscrit dans le prolongement de la réunion tenue à Bruxelles, le 1er avril 2014, sous l’égide de la Commission de l’Union européenne pour discuter des questions de sûreté et sécurité maritimes dans la Corne de l'Afrique et dans le Golfe de Guinée. Il avait alors été convenu de convoquer une réunion ministérielle pour assurer le suivi requis. Nous sommes reconnaissants à l'Union européenne et aux autres partenaires concernés pour la contribution précieuse qui a été la leur à cet égard. L'importance que revêt l’économie liée à la mer pour le développement de l’Afrique et le bien-être de ses populations n'a point besoin d'être soulignée. La maîtrise du domaine maritime du continent est cruciale pour permettre à l'Afrique d'exploiter pleinement les immenses potentialités qu'il recèle. Pour ce faire, nous nous devons de faire plus efficacement face aux nombreuses menaces qui pèsent sur l'espace maritime du continent. Celles-ci portent, entre autres, sur la piraterie maritime et les vols à main armée en mer, la pêche illégale, le déversement de déchets toxiques, la pollution, ainsi que sur nombre de trafics illicites qui participent de la criminalité transnationale organisée. Le danger couru est d'autant plus grand que les liens entre cette criminalité et le terrorisme sont de plus en plus avérés et étroits. Dans cette entreprise, nous pouvons et devons prendre appui sur les nombreuses décisions et initiatives prises par les instances compétentes de l'Union africaine et par les Communautés économiques régionales. A cet égard, je voudrais relever que le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a, à plusieurs reprises, marqué sa préoccupation face aux graves dangers que posent tant la piraterie maritime que la pêche illégale et d'autres fléaux connexes. Le Conseil a souligné la nécessité de l'élaboration d'une Stratégie globale pour assurer une gestion efficace du domaine maritime africain. De même, nous nous devons de garder à l'esprit la décision prise il y'a de cela quelques années par le Comité technique spécialisé sur la défense, la sécurité et la sûreté en vue de la mise en place, dans le cadre de la Force africaine en attente, d'une Cellule d'information et de coordination maritime. La Commission se propose de prendre sans autre délai les dispositions requises pour rendre cette structure pleinement opérationnelle. De façon plus globale, l'Union africaine a adopté une Stratégie maritime à l’Horizon 2050. Celle-ci vise à promouvoir une approche intégrée et concertée impliquant tous les acteurs concernés, de façon à maximaliser les bénéfices que l'Afrique et ses populations tirent du vaste domaine maritime du continent. Nombre d'initiatives sont en cours pour la mise en œuvre de cette Stratégie. Mesdames et Messieurs, Le travail remarquable accompli par les Communautés économiques régionales doit également être pris en compte dans la formulation des conclusions de la présente rencontre. C'est ici pour moi le lieu de saluer les efforts des États membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Commission du Golfe de Guinée (CGG) pour leur engagement. Les décisions convenues à l'occasion du Sommet tenu à Yaoundé en juin 2013 doivent être pleinement soutenues, notamment à travers la mobilisation de l'appui financier et technique nécessaire, qu'il s'agisse du Mémorandum sur la «sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest», qui fixe les premiers objectifs et les domaines de coopération; du Code de conduite relatif à «la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre»; ou de la création d’un Centre inter-régional de coordination pour mettre en œuvre la stratégie régionale de sûreté et de sécurité maritimes. Ces décisions doivent également servir de source d'inspiration ailleurs sur le continent. Il me plait de relever que le Conseil de paix et de sécurité et d'autres instances compétentes de l'Union africaine ont apporté leur plein soutien aux conclusions du Sommet de Yaoundé. Sur cette base, la Commission continuera à travailler avec la CEEAC, la CEDEAO et la Commission du Golfe de Guinée dans le cadre du suivi de ces conclusions. La contribution de nos partenaires est également attendue pour transposer l’expérience réussie au large de la Somalie en Gulf de Guinée Tout en nous félicitant des avancées significatives enregistrées dans la coopération régionale, il importe de aussi que nous redoublions d'efforts pour s'attaquer aux causes profondes des menaces qui pèsent sur le domaine maritime africain. Pour cela, une action soutenue est requise pour traiter les problèmes structurels qui se posent sur terre. Ceux-ci sont liés à la mauvaise gouvernance dans le domaine maritime, à la pauvreté et aux conflits. Il s'agit là d'autant de facteurs qui favorisent l'émergence et le développement d'activités criminelles de toutes sortes, comme le soulignent les tragédies à répétition en méditerranée et les images insoutenables d’embarcations de fortune brisant à jamais l’illusion d’espoir d’une vie meilleure de nos jeunes. Ces questions doivent faire l'objet d'échanges francs et ouverts. En effet, notre action ne doit pas seulement se limiter au traitement des symptômes que constituent la piraterie, la pêche illégale et d'autres manifestations des défis auxquels l'Afrique est confrontée dans le domaine de la sécurité et de la sûreté maritimes. Elle doit également traiter les problèmes sous-jacents, sous peine de nous voir revenir continuellement à la tâche. Mesdames et Messieurs, L'action à entreprendre pour réaliser pleinement le potentiel du domaine maritime africain ne peut aboutir sans soutien international adéquat et coordonné. Ce soutien ne doit pas être compris comme constituant seulement un acte de générosité. Il s'inscrit aussi dans l'intérêt bien compris de nos partenaires internationaux. La piraterie qui a sévi le long des côtes somaliennes a montré à suffisance l'impact global des difficultés rencontrées en Afrique en matière de sécurité et de sûreté maritimes. En conclusion, je voudrais réitérer l'engagement de l'Union africaine à ne ménager aucun effort pour favoriser une action africaine collective plus forte pour relever le défi de la sécurité et de la sûreté maritimes. C'est dans cette perspective que s'inscrit la tenue prévue à Lomé, au Togo, le 7 novembre prochain, d'un Sommet extraordinaire de l'Union africaine sur cette question. Je suis convaincu que Victoria inspirera nos délibérations pour la formulation de recommandations pratiques de nature à nous rapprocher collectivement des objectifs poursuivis. Je vous remercie de votre aimable attention.