LE BRACELET PERDU ri - Cité internationale de la bande dessinée

Transcription

LE BRACELET PERDU ri - Cité internationale de la bande dessinée
M» 'l.O. — Dixième année (461"^ livraison).
Dimanche 11 mai 1930.
-.elle baise avec ferveur la main de la Jeune Française.-
LE BRACELET PERDU
© Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image
ri^-""^
3
Vous êtes-vous amusées à regarder dans la montagne les troupeaux de chèvres s'ébattre à leur giiise,
sans souci du berger qui les garde?... Elles vont,
viennent, les chevrettes, au gré de leur fantaisie,
arrachant une touffe d'herbe au bord du précipice,
enlevant d'une langue gourmande toute une éclosion
de fleurs nouvelles, se dressant contre le tronc des
arbres, pour y cueillir un frais et tentant rameau.
Spectacle bien curieux, en vérité, car elles sont, en
somme, gracieuses, ces petites bêtes vives et légères,
mais spectacle fécond en leçons aussi.
Etudiez le champêtre troupeau. Vous n'y voyez
que bonds et ciilbutes. Ici, deux ennemies jouent des
cornes l'une contre l'autre; là, une imprudente se
hisse à une hauteur qui donnerait le vertige; là,
encore, cette petite maussade s'acharne après l'écorce
d'un vieil arbre.
Aussi, pour désigner les personnes qui n'agissent
que d'après leur fantaisie, n'a-t-on pu trouver un
meilleur mot qu'un mot dérivé du mot chèvre (capra),
caprice, capricieux. Donc, en étant capricieuse, petite
amie qui m'avez demandé cette causette — dont vous
aviez besoin, me disiez-vous — vous copiez le petit
animal que je viens de décrire...
Si sympathique, si gracieuse quepuisse voiis paraître
la chèvre, ce n'est pas flatteur de lui trop ressembler...
aVoilà! me dites-vous, je n'agis que suivant ma fantaisie du moment, allant à droite, à gauche, quittant une
occupation inachevée pour en entreprendre une autre
qui me semble meilleure ou plus amusante; commençant tout, n'achevant rien, n' écoutant aucun conseil. "
Et vous sentez bien, petite amie, que votre conception de la vie est mauvaise, que ces caprices perpétuels
sont dangereux potir votre formation morale, puisque,
si gentiment, vers moi, vous criez : « A l'aide! »
Votre appel, ma filleule, je l'ai entendu... et, comme
les marraines des contes de fées, je voudrais, d'un
coup de baguette, vous transformer...
D'un coup de baguette ? non, pourtant ! Il faut que
cette transformation soit votre œuvre à vous, l'œuvre
1. 1
s Q.(j t
de vos efforts répétés, l 'œiovre de votre volonté.
Je ne puis et je ne veux, moi, que vous montrer h
route et vous indiquer les moyens de vaincre.
Tout d'abord, pour vous vaincre, petite amie, il
faut le vouloir, mais le vouloir fermement. Puis,
connaissant le remède, il faut l'appliquer sans écouter
vos propres révoltes.
Fixez-vous, chaque matin, une tâche — pas troj)
difficile, pour commencer — mais cette tâche, n'ayez
de cesse que lorsque vous l'aurez menée à bien.
Voits serez, certainement, tentée de la laisser en
plan pour passer à une autre : obligez-vous à l'achever... Ne livrez rien à la fantaisie. Faites-vous,
d'accord avec une personne en qui vous avez confiance,
un règlement assez large, pour ne pas en être rebutée,
mais dont les principales lignes encadrent vos journées,
vous contraigfiant à exercer sur vous un continuel
contrôle. Infligez-vous de petites punitions, chaque
fois que vous aurez manqué au devoir tracé. Revenez
courageusement à la tâche abandonnée pour h
reprendre, et ainsi, peu à peu, vous disciplinerez votre
esprit, votre volonté, vos habitudes, comme le pâtre,
à l'aide de sa flexible baguette, s'efforce de corriger
les têtes folles de son troupeau.
Et vous serez'bien étonnée, petite amie, — et avec
vous celles qui vous ressemblent, ■—• de voir qu'au
bout de quelques mois vous êtes devenue entièrement
autre et que la pondération a remplacé le caprice dont
vous et tous les vôtres souffriez tant. — MARRAINE.
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H- LtflUVEl^rilÈt^H
Résumé des chapitres précédents. — Violente et habltue'e à voir tous ses caprices
satisfaits, Tanie a aperçu une fillette qui revenait du marché. Prise d'un
engouement subit pour cette inconnue, elle la guette et lui demande de venir
jouer avec elle. Pour la première fois de sa vie, Tanie voit quelqu'un résister à
son désir et folle de rage, jette un pot de fleur sur la fillette. Celle-ci est blessée
au pied. Affolée de ce qu'elle a fait, Tanie appelle sa nourrice Manuela qui
panse la blessée. Toutes deux reconduisent Noële chez sa tante. Miss Channing.
Tanie, avec franchise, confesse sa faute à sa grand'rnère et la supplie d'écrire à
Miss Clianning pour lui demander que sa nièce vienne jouer avec elle. Mme d'Astorrèchc promet d'envoyer un mot dans le courant de l'après-midi.
Miss May Channiug rentrait à la lu'ite, pressée i;.;r
l'heure de la prochaine leçoti qui, à deux heures, la rappellerait à l 'autre bout de Biarritz, là où la côte remonte vers le
phare. Elle ouvrit la porte et pénétra directement dans la
pièce qui lui servait à la fois de salon, de salle à manger et
de bureau. Par la baie ouverte, par-dessus les villas qui
bordent l'abrupte côte des Basques, la mer se déployait à
perte de vue. Habituellement, le premier regard de l'Anglaise
était pour cette mer qu'elle aimait ; pour cette incomparable
vue, elle avait choisi ce petit home en dépit de son eloignenient du centre qui allongeait ses courses.
Ce jour-là, elle vit aussitôt Noële à demi couchée sur le
divan. Cette fîânerie, si inusitée chez la fillette laborieuse,
l'inquiéta tout de suite.
-7 Qu'as-tu, chérie ?
lu voyant le bandage qui saillait sous le bas :
— Tu t'es fait mal ?
Jlais Noële, sachant combien les minutes de sa tante étaient
comptées, sitôt redressée, assura que ce n'était rien ; en boitillant, elle se précipita dans le petit réduit qui faisait office de
cuœme et revint avec le plat de viande et de pommes de
terre (]ni constituait le fond de leur déjeuner. Miss :\Iay avait
enlevé la paille légère qui emprisonnait ses cheveux.
~ Exi)lique -raoi, Noële, reprit-elle en dépliant sa serviette.
. l'.lle disputait le pain quotidien à chaque heure de la
journée, miss Mav, et les minutes qu'elle eût passées à
s attendrir étaient "trop chè res pour sa bourse.
l'.lle avait pourtant, sous sa réserve britannique, un coeur
viljrant qui adorait l'enfant qu'elle avait élevée.
Noële narra la .scène du matin comme quelques jours
auparavant elle avait raconté la première colère de Tanie.
Jiiss May avait pâli. Elle passa sa main sur sou front :
— Mou Dieu ! dit-plle, si le coup avait porté !
~ ff^'''' ^'i"*^' puisque je suis là, bien en vie, pourquoi
\ous eilrayer ainsi ? Elle semblait bien regretter après, mais
e e ûoit être toujours comme cela : elle frappe, elle caresse,
V 01
sottises, elle embrasse... Quelle vie pour cette
vieil e bonne ! Une brave femme... Elle~m'a si bien pansée,
T-?
Me ramener jusqu'ici,
la voir '
'i^^ ^^^^^ petite voudrait que tu ailles
î
« Aïez-vous dééjà servi dans les grandes maisons ? — Oh 1 oui, Madame, j'ai
été femme de cl;nambre à Chicago, dans une maison de quarante-cinq étages I »
f ABOfflEMENTS : i ai, 12 tacs
Homaft inédit
r^n~ Y ^^^M répétait saus cesse. C'est parce que je ne voulais
l'ao m arrêter qu'elle s'est mise si fort en colère. Je ne serais
pas étonnée qu'au fond elle fût contente de m'avoir blessée
pour m'obliger à entrer, conclut Noële âprement, mais si
elle croit...
— Noële, si tu pouvais lui faire du bien ?
La fillette lâcha la grappe de raisin qu'elle picorait.
— Non ! tante, vous ne pensez pas à m 'envoyer là ! Le
mois dernier, vous ne teniez pas plus que moi à m'emnieuer
chez Térésa Marquinez qui vous le demandait depuis h i;^;temps. Je n'ai pas le temps, vous vous fatiguez tant, je
dois faire mon possible pour vous aider.
— Tu es jeune, chérie, il est juste que tu aies un i)eu de
délassement, et ma petite Noële deviendrait sauvage si je n'y
mettais ordre.
— Oh ! tante, je suis si bien ainsi...
]\Iais Miss May continuait :
— Cette petite Tanie est orpheline — connue toi — enfant
gâtée, oui. Crois-tu que cela la rende heureuse ?
— Non, tante, je ne voudrais pas changer avec elle, mais...
elle ne m'est rien. Pourquoi irais-je subir ses caprices ?
— Les subir, non... Lui montrer à leur résister. Toi, ma
douce petite fille, peut-être aurais-tu sur cette nature emportée
plus d 'influence que son entourage habituel. Ce n'est jjas
possible que cette enfant n'ait pas de riches Cjualités. EUcs
sont tellemetit embroussaillées de ' nervosité, de violence,
par l'habitude de tout voir céder devant elle, qu'on no les
distingue plus.
Jlay Channiug monologuait ainsi tout eu agitant distv.-iitemeut la cuillère dans la tasse de café que Noële lui a\aii
apportée. Elle restait debout contre le bureau, les yeux au hii;; ,
sur ce même horizon mouvant où ceux de l'aïeule tout à l'heure
s'égaraient.
La demie sonna au vieux cartel Louis X\ I, débris
d'autan comme le délicat bonheur-du-jour niché contre le
sopha ; mais le bureau d'acajou massif, où s'accoudait la
jeune fille, couvert de livres, de papiers, large assez ijour
deu.x, les rocking-chairs et la table pliante que Noële desservait et qui allait se tapir dans un coin jusqu'au soir, étaient
seulement pratiques et confortables.
Miss May tressaillit en entendant le rappel du timbre,
avala d'un trait son café.
— Ton pied, Noële ? J'aurais dû l'examiner.
— Inutile, tante, il ne me fait presque plus ma!.
rc-
© Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image
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— En tout cas, repose-toi cet après-midi. Rien ne presse
dans la maison.
— Sovez tranquille, fît en riant Noële, j 'ai du raccommodage,
cela ne fatiguera pas mon pied, et puis mon corsage bleu à
finir. Partez, petite tante, vous serez en retard.
— Quelles tristes vacances tu passes, pauvre petite, soupira Miss May.
— Qu'allez-vous inventer ? Je ne m'ennuie jamais.
— Tu es trop raisonnable pour ton âge.
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LISETTE
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OOoo
Miss Channing ne rentra que pour dîner. Elle ouvrit aussitôt la lettre :
— Oui, c'est de Mme d'Astorrèche, répondit-elle aux yeux
qui l'interrogeaient.
Noële avait fini son potage, Miss May lisait toujours en
remuant sa cuillère d'un geste machinal.
— Eh bien, tante ?
— Lis toi-même.
Et Miss May, de cet air grave qu 'elle avait eu le matin
tendit la missive à travers la table.
— Tante, je n'y tiens pas du tout, supplia Noële, sentant
que sa tante ne dirait pas non d'elle-même.
— Je ne te forcerai pas d 'accepter, mon enfant... je regretterai
si tu refuses.
— Mais, tante, pourquoi?
Miss May hésitait:
— Je te l'ai dit ce matin. Tu peux lui faire du bien...
essayer... au moins une fois...
— Comme vous vous intéressez à elle ! ne put s'empêcher
de remarquer Noële avec un peu de dépit.
Miss May ne répondit pas, le dîner s'acheva en silence.
Alors, elle enlaça la fillette, la fit asseoir près d'elle sur le
sopha : ■
— J'ai connu sa mère, fit-elle la voix tremblante, je l 'aimais
beaucoup.
— Sa mère ! Vous ne m'en avez jamais parlé I
— Et nous n'en parlerons pas encore, chère petite; il ne
faut pas non plus en parler à Tanie qui ne l'a pas comme:
elle est morte à sa naissance.
— Tante, j 'irai pour vous faire plaisir et je tâcherai de lui
faire du bien comme vous le désirez.
— Merci, ma Noële, tu en seras récompensée ! s'écria -t-elle.
Les joues brûlantes, les yeux brillants, la jeune fille
semblait perdue dans un passé qui l'hallucinait. Noële la
regardait, surprise de la voir si différente d'elle-même.
— Tantine, n'y pensez plus, cela vous fait mal.
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QOoc-
Augustine, la cuisinière de Mme Machin, vient d'acheter
un panier d'œufs au marché.
Mais la pluie commence à tomber. La servante pose
son panier sur le rebord d'une fenêtre...
VV
"Augustine le redresse alors pour se mettre à l'abri.
Hélas 1... elle a accroché avec l'extrémité du manche l'anse
du panier... Celui-ci se renverse
...et tous les œufs tombent à terre, formant une magnifique
omelette. La pauvre Augustine, navrée, se demande comment elle va apprendre la catastrophe à Madame 1 ! 1
LISETTE
QooooooooooûOOOOOOOOOOOOOOÛOOOûOOOOOOOOOooooooooooooooooooooooooooooooooooûOOoeo 0000000000000000 00000000
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UNE PROMENADE EN AUÏO
Un domestique s'éloignait d'un pas tranquille.
— Et c'est pour cela que vous consentiriez à me frotter à
cette capricieuse Tanie pour qu'elle me passe sa déraison ?
— Je juge, mieux ma Noële, dit gravement Miss May,
c'est elle qui aurait la victoire.
Noële l'avait dit : elle ne s'ennuyait pas. Et cet après-midi
lui parut même court, elle était si surprise du désir qui perçait
dans les paroles de sa tante ! Se lier avec cette coléreuse petite
fille ! Que pourraient-elles faire ensemble ? Elles étaient si
dissemblables de caractère d'abord et puis de milieu !
May Channing était certes d'excellente famille. La branche
aînée menait une existence seigneuriale dans le vieux château
du Sussex, mais les cadets, comme c'est l'usage en Angleterre, devaient se débrouiller. Le père de Miss Channing,
officier sans fortune, était mort assez jeune, laissant sa veuve
et quatre enfants dans une situation fort gênée. Les fils
avaient suivi la carrière du père, les filles avaient travaillé
de leur côté. May Channing n'avait plus qu'un frère aîné fixé
dans l'Inde ; son second frère, son beau-frère tués pendant la
guerre, sa sœur morte, elle avait vécu quelgues années avec
l'orpheline chez une vieille tante dans un village du Sussex.
Depuis un an, elle s'était installée à Biarritz; patronnée par
des amis, elle y avait trouvé tout de suite de nombreuses leçons.
Reçue en égale chez les parents de ses élèves, il n'eût tenu
qu'à'elle d'aller chaque jour à un de ces thés qui occupent les
fins d'après-midi de la société de Biarritz, mais elle était trop
fière pour accepter des politesses qu'elle ne pouvait rendre et
elle ne voulait pas non plus que Noële prît pied dans un
monde trop riche qui lui aurait rendu plus dure leur étroite
exifetence. Noële savait parfaitement cela. Comment tante
May n'y pensait-elle pas aujourd'hui? Elle ne pouvait ignorer
que Mme d'Astorrèche, qui chaque année passait quelques mois
dans la somptueuse villa des Ypréaux, avait une grosse fortune. Elle avait auto, nombreux personnel, et à Bordeaux un
bel hôtel. Et c'est dans ce milieu que, tout d'un coup, sa
étante acceptait de la jeter — toute objection fondue? — Noële
rn'en était point éblouie, elle, et si grande était sa peur que
Tanie ne vînt la relancer qu'elle ne répondit pas à un coup de
sonnette qui tinta soudain. Elle resta immobile, le cœur
battant, persuadée qu'un charivari allait succéder au premier
coup sous l'impulsion de l'enfant qui ne savait dire que « je
veux ». Point. La sonnette ne bougeait plus. Noële passa sans
bruit dans la chambre de sa tante et à l'abri du rideau surveilla le jardin. Un domestique s'éloignait d'un pas tranquille.
Elle se gourmanda, ouvrit la porte ; sur le seuil, une lettre
était déposée à l'adresse de sa tante. '
« C'est de la grand'mère, sûrement, se dit-elle, j'ai été
sotte, tout de même ; cette Tanie me fait perdre la tête. »
Et elle reprit son aiguille.
- "
'
W 19 (461)
Un mot que Miss Channing déposa elle-même à la villa
des Ypréaux prévint Mme d'Astorrèche que Noële irait
passer l'après-midi avec sa petite-fille, comme elle eu aTait
exprimé le désir.
Tanie, en apprenant la nouvelle, sauta en l'air, buta dans
la corbeille de laine de sa grand'mère, se raccrocha à un
guéridon et fit tomber la potiche de vieille faïence d'oiï
débordait une gerbe de glaïeuls.
Les fleurs, les débris du vaSe jonchèrent le sol, tandis que
...sauta en l'air, buta dans la corbeille de laine...
les'pelotes fuyaient sous tous les meubles. Mme d'Astorrèchs
eut un mouvement d'impatience :
— Vraiment, Tanie, tu es insupportable !
Mais cela avait été dit tant de fois sans sanction autre que
de renvoyer l'enfant à sa vieille bonne, que Tanie n'interrompit pas sa course échevelée ; s'empêtrant dans les laines
qui tourbillonnaient à l'entour, les cassant d'un coup de pieOi
elle s'élança appelant:
,
— Manuela ! Manuela '
(A suivre.)
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© Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image
N-19 (461)
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QOoooooooooooooooMoooûoeooooodooooooooooooooooooooeoooooooôooooooooooooooaoooeoooa^ooooooooooooooêOOOoooooO
eoupira, regarda Edith qui tenait, tout
apeurée, la main de son frère:
Peu à peu, la plaie du blessé se cica— Gente damoiseile, n'ayez crainte !
trisa, et la convalescence commença.
dit-il. Au manoir, vous et votre frère
Un matin, accompagnant Renaud,
compterez un défenseur. Je ne suis pas
Edith eut la surprise de trouver le comte
sans recours sur le cœur de mon maître
debout et, de pied en cap, revêtu de son
et, s'il le faut, je saurai parler en votre
armure. Et la fillette frémit, car il avait,
faveur, foi de Renaud !
Quelques précautions qu'eussent prises^ du coup, repris son redoutable aspect.
L'émoi de la petite fille s'accrut lorsles porteurs, le transport nuisit grand eque, s'adressant à son écuyer, Hugues
nient au blessé qui s'évanouit. Il ne
lui ordonna :
reprit connaissance qu'au manoir, et ce
— Ça, Renaud ! Mandez par devers
fut pour sombrer dans un violent délire.
moi messire Vital d'Orsigny!
Nul médecin ne se trouvant céans,
L'écuyer sortit et revint bientôt, préBenaud requérit courtoisement Vital de
cédant le jeune homme. Un instant, qui
bien vouloir continuer ses bons soins à
son maître, ce à quoi le jeune homme fit
Trop fier pour être à la chart;e de ses
serfs et estimant qu'il n'est deshonneur
— Messire, trop pauvret suis-je pour
à gagner le pain que l'on mange, Vital,
payer comme il sied votre gracieuse hospour la vie quotidienne d'Edith et la
pitalité. Toutefois, s'il vous piait, écousienne propre, mania la cognée du bûchetez bon avis : Hugues le Cruel a résolu
ron.
de s'emparer de " vos terres, de votre
*
manoir, et de vous mettre à mal...
* *
Ainsi parla le gentil ménestrel auquel
Le premier jour du mois de mai s'était,
Vital d'Orsigny offrait bénévolement vice matin-là, levé sur le bois. Parfaitevres et couveit, et, saus doute, le chanment habituée à son nouveau genre de
teur errant n'était-il demeuré céans que
vie, gente Edith, comme une enfant
pour aviser son hôte du danger qui le
menaçait.
qu'elle était, jouait dans la clairière.
Sur. sa robe de futaine remplaçant les
Banger réel, car le comte Hugues,
atours de naguère, elle plaça des guirjadis féal et noble chevalier, maintenant
landes de pervenches. Elle orna ses cheaigri par une succession d'infortunes i|ui
veux blonas des jolies fleurettes au bleu
n'entrent pas dans le cadre de notre
semblable à celui de ses yeux. Puis elle
récit, s'avérait adversaire redoutable.
s'assit au creux moussu d'un très vieil
Et Vital d'Orsigny, jeune homme de
arbre.
di.x-sept à dix-huit ans, ne s'y méprit
A son frère qui, souriant, la regardait,
pas. Atterré, il baissa le front et dit :
la mignonne dit :
— Contre l'impitoyable agresseur, que
— Je suis le joli Mai, le doux mois...
ferai-je, seul, sans garnison, sans souChevalier Printemps, quel don me fereztien? Je n'aurai qu'à me laisser occire!
vous?
— Vital, et moi? murmura une fraîche
Vital se prêta au jeu.
voix angoissée.
Voici, joli Mai, le don de joyeux
Vital sursauta: près de lui se tenait
avènement du chevalier Printemps.
sa sœur Edith, gente et blonde fillette
Mettant un genou en terre, il tendit
de onze ans, dont les regards levés vers
lui, disaient Teffroi.
à la fillette un gros bouquet de clochettes
blanches. Dès la prime aube, il était allé
Ce fut le ménestrel qui répondit :
trouver, en leurs cachettes, les blancs
— Vous, damoiseile ! Il n'entre point
muguets de inai et les avait cneilhs !
dans les desseins de messire Hugues de
Edith les prit', les respira, puis remervous tuer, car voici ses paroles : « J'éparcia :
gnerai la fille que la loi salique écarte
— J 'agrée si précieux hommage ! Et,
de l'apanage; quant à l'héritier du nom,
pour vous récompenser, mon chevalier
je lui trancherai le col. Ainsi serai-je
Printemps, je vous veux parer de mes
certain de n'avoir à subir nulle revencouleurs.
dication ! »
Ce disant, elle lui présentait un ra— Mais... que lui avons-nous fait?
meau fleuri de pervenches.
— Rien, damoiseile ! Le comte Hugues
... Caché derrière un arbre, Hugues le
se complaît en œuvres mauvaises! Vos
Cruel, jiarti seul en chasse, ne perdait
terres lui conviennent, il les prend... Et,
rien de ce puéril amusement. Il gronda:
s'il est un conseil que vous daigniez
entendre, le voici : fuyez avant que no
— Voici donc ceux qui m'échappèrent !
Car il avait cherché vainement les
parviennent céans les" troupes du spoliateur; elles ne sont plus qu'à un jour
orphelins pour en faire à sa volonté.
de marche !
Pourtant, malgré lui, ses yeux perdaient
leur dur éclat d'acier èn se posant sur
Fuir? La native vaillance de Vital
la gente Edith, si confiante et si joyeuse.
repoussait cette suggestion. Sa prudence,
la pensée qu'il était le seul protecteur
Allait-il donc détruire cette fragile joie?
de la mignonne Edith, puisqu 'il ne leur
Il hésita.
restait pas de famille, l'incitèrent à suiMais un brutal froissement de feuilles
vre l'avis donné.
détourna soudain son attention. Au bruit.
— Merci, gentil « minstiel ». Messire
Vital et la fillette se dressèrent, égaleHugues trouvera place nette !
ment anxieux, et ce fut pour voir leur
redoutable ennemi tomber sous le bou*
toir d'un sanglier dérangé dans sa bauge.
Ce même soir. Vital d'Orsigny abandonna le manoir. Néanmoins, il ne jout se
résoudre à quitter ses domaines ; puis
fl lui fallut ménager les forces de sa
sœur, qui n'aurait su fournir longue
route. Aussi la forêt proche oii logeaient
des bûcherons, serfs d'Orsigny, lui fut
on asile. Une huile, vite aménagée par
les serviteurs dont ils avaient su se faire
aimer, reçut et abrita les deux orphelins.
W 19 (461)
II
Cruellement atteint à la poitrine,
Hugues était à la merci de l'animal, qui
s'apprêtait à renouveler son attaque.
Vital d'Orsigiïy ne laissa pas au fauve
le temps d'achever le massacre : s'élancer, arracher de la main du blessé son
large coutelas de chasse, le~ plonger dans
la gorge de la bête, tout cela, par le
robuste jeune homme, fut accompli en
un clin d'œil.
A demi mort, mais gardant pleine connaissance, Hugues vit se pencher sur lui
les deux orphelins. Il entendit la douce
voix d'Edith demander :
— Vital, n'est-ce pas là le méchant (jui
nous voulait occire? Nous le soigneior.s
quand même, n'est-ce pas?
— Certes, ma mie... Ainsi rendronçiious à notre ennemi bien pour mal.
Sans plus attendre, il se mit en devoir
<le panser le blessé, que les bûcheions
accourus ti'aiisportèrent ensuite dans la
hutte de Vital.
Toutefois, les serfs n'accomplirent )!as
de bon cœur cette œuvre charitable. I. un
d'eux, même, prit à part son jeune suzerain et lui dit :
— Messire Vital, ce sera pour vous
fâcheuse aventure! Que n'avez-vous lais.sé
périr celui qui vous fut si malfaisant!
Je pense que, dès maintenant, il vous
faut fuir !
— Ainsi ferais-je, ami, si vous me
juriez qu'entre vos mains la vie de nitssire Hugues serait en sûreté !
Le bûcheron était brutal et franc;
pour toute réponse, il serra le manclie
de sa hache, et Vital ne' se trompa pas
sur l'éloquence muette de ce geste. Lui
])arti,- ses serfs achèveraient le. blessé, le
feraient disparaître. La grand^ générosité du jeune homme ne pouvait tolérer
la pensée de cette exécution.
— S'il, est ainsi, je reste céans! décida-t-il. L 'un de voiis ira, prévenir la
maisnie du comte ! Cela, vous ne nie le
refuserez?
— Non, messire! j 'exécuterai votre
ordre... Puissiez-vous n'avoir à vous «a
repentir !
A grands pas, le bûcheron s'éloign.'^
se perdit sous le couvert du bois, et,
près de messire Hugues, qui paraissait
as.soupi, demeurèrent seuls Vital et la
gente Edith.
'Siais le patient se débattait, balbutiait de sourdes paroles. Pourtant, par
deux fois, d'une voix nette, il demanda :
— Joli Mai, le doux mois ! Venez, joli
Mai!
_
A Edith épouvantée, qui néanmoins
l'assistait, le jeune homme fit un signe.
Docilement, la petite fille s'avaiiça et,
de sa voix claire et douce, elle dit :
— Me voici près de vous, messire?
Malgré sa crainte, elle posa ,sa main
fraîche sur le front brûlant du blessé,
dont un sourire détendit les traits farouches et beaux.
Plusieurs fois cette scène se reproduisit: la présence de la fillette dissipait
la fièvre, chassait le délire. Aussi généreuse que son frère, Edith passa de longues heures au chevet du blessé. Un jour,
le regardant dormir et admirant le jeune
visage, aux lignes sévères adoucies par
le repos, elle ne put se tenir de remarquer :
— Il n'a pourtant pas l'air si méchant !
Eenaud, qui veillait auprès d'elle, releva vivement la phrase._
— N'est-ce pas, damoiseile? Jadis, il
était bon ! Mais il a subi l'injustice et
n'a point supporté l'épreuve... Ah! si
je pouvais le retrouver tel qu'autrefois !
Edith pensa qu'un dévouement comme
celui de' Renaud ne pouvait avoir été
suscité que par les belles qualités du
comte. Joignant les inains, elle pria :
— Mon Dieu ! faites que messire
Hugues guérisse... et qu'il redevienne
bon !
,
...le redoutable ennemi tomba sous le boutoir
d'un sanglier...
parut un siècle à Edith, le comte examina Vital qui, sans faiblir, supporta
ce froid examen. Enfin, le convalescent
prit la parole.
— Ne saviez-vous pas bien, messire
d'Orsigny, que j'avais décidé votre mort?
— Je ne l'ignorais certes pas, messire !
affirma sans se troubler le noble damoiseau.
— Cela étant, vous ne m'en avez pas
moins sauvé du fauve, puis de vos gens
qui, si je ne m'abuse, songeaient à
m'achever. Pourquoi?
La question, si nettement posée, reçut
tout aussi nette réponse :
— Pourquoi, messire? Parce qu'il faut.
'7
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à autrui, faire ce que nous voudrions qui
nous fût fait, d'abord ! Ensuite, parce
que je pensai qu'une telle action pèserait
désormais sur vos décisions futures, tant
pour mon rachat que pour le vôtre !
Devant semblaEle hardiesse de son
frère, Edith sentit redoubler sa terreur.
Mais déjà le comte répliquait :
— Fort bien raisonné, messire Vital !
Durant mes longues heures d'immobilité,
j'eus le temps de juger ma conduite et
la vôtre. Si je ne me sentais indigne,
sur-le-champ je vous donnerais la « celée » et vous adouberais chevalier. Mais
je ne puis qu'une chose : vous débarrasser
de ma présence importune. Rentrez en
possession de votre bien, je vais partir.
— Oh ! messire, ne partez pas!
Dans un élan de son bon petit cœur,
Edith jeta cette exclamation, puis devint
toute rose ; balbutiante, elle ajouta :■
— Vos forces, messire, sont loin d'être
revenues !
Un sourire inattendu éclaira les traits
du rude comte, qui se pencha vers l'enfant :'
— Joli Mai, dit-il, tout ému, je sais
que, la première, vous avez sollicité pour
moi. Et mon âme, fermée à toute bonté,
se rouvrit à votre douce voix. Tout le
mal que j'ai fait, je le réparerai. Loin
de vous opprimer, je désire, si vous le
voulez bien, joindre ma protection à celle
de votre chevalier Printemps.
— Mon maître m'est rendu ! balbutia
Eenaud, joignant les mains.
Et la mignonne Edith saisit la main
du comte, en disant :
— Oh ! je suis contente ! Messire,
j'avais tant prié Dieu pour qu'il vous
guérisse !
— D'âme et de corps, la chose est
faite. Joli Mai...
Souriant, Vital écoutait ce débat ; le
comte se tut et le regarda. Alors, s'avançant, le jeune homme confirma l'invitation de sa sœur.
— Messire, grand plaisir nous feriez
en nous honorant de plus longue présence. Demeurez céans avec nous, si
d'autres devoirs ne vous appellent?
Seul au monde, Hugues n'avait aucune
raison de partir. Il demeura, se fit le
protecteur des orphelins qui le payèrent
de tendre et loyale amitié.
LIVERANI.
—.—.
1
Cette semaine vous ti*ouverez,
en vente partout, le n* 57 de la
qui vous donnera le film du délieieux roman
de Jean de BELCAYRE i I^*OmM>re blctxc.
Prix
: O fr. 50 le volume ; franco, O fr. 60* Les deux volumes, franco : "1 fr. "flO. L'abonnement d'un an à la Collection Printemps, "f 2 francs (24 volumes),
Mandat- Poste -f , rue Gazan, Paris-l-^'.
kil'
Bientôt, du manoir, arriva l'écuyer du
comte, homme déjà d'âge mûr, accompagné de quelques serviteurs. Il s'approcha
de son maître si mal en point ; mais
celui-ci, qui n'avait pas perdu connaissance, ouvrit les yeux. Du regard, désignant le jeune homme et l'enfant demeurés près de lui, il ordonna:
— Ne les laissez s'éloigner, emmenezles ! Sur votre vie, vous me répondez
d'eux...
Des archers s'avancèrent, prêts à peter la main sur Vital qui, se dégageant,
protesta :
— Ne vous mettez en peine, de bon
gré nous vous suivrons.
Tandis que les soldats aménageaient
une civière, l'écuyer interrogeait le damoiseau et, de lui, apprenait le détail
de la tragique aventure du comte. 1'
En ce beau mois de mai, mes
gentilles nièces, les fraises font
leur apparition dans les jardins
et sur les marchés. Il faut donc
vite en profiter pour exécuter
quelques friandises.
Aujourd'hui, en voici une qui,
certainement, vous plaira.
Procurez-vous une brioche
mousseline en forme de saucisson, afin que les tranches en
soient bien régulières. Pour
qu elle se coupe plus facilement,
utilisez une brioche de la veille.
Donnez à vos tranches l'épaisseur d 'un quart de centimètre
environ.
Votre brioche étant coupée, fouettez «n instant deux jaunes
Q œafs avec trois cuillerées de lait froid, une bonne cuillerée
de kirsch et du sucre semoule en
quantité facultative, suivant le
goût. Mettez tremper vos tranches de brioche dans ce mélange,
afin qu'elles en soient bien imbibées.
Faites-les frire, égouttez-les
vivement sur une serviette propre, et teuez-les bien au chaud
jusqu'à ce qu'elles soient toutes
passées dans la friture.
Dressez -les alors sur votre
plat de service, et couvrez chacune d'elles de fraises bien
mûres et que vous aurez fait
macérer dix minutes dans un
sirop tiède.
Egouttez-les avant de les poser sur vos tranches et servez
chaud cet excellent entremets.
TANÏE BISCUIT.
N 19(461)
© Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image
ERVENCHE
Deisini de E. DOT.
î, ...dontellen'aYaitjaniais
entendu parler qu'en riant,
car ils ne rapportaient rien.
Elle s'arrêta et contempla
enfin l'immense paysage
neigeux,
symphonie de
blancheur coupée en haut
par le ciel gris, en bas par
les troncs noirs des arbres.
La vallée du Drac perçait
l'horizon, mais au delà on
ne voyait plus rien.
Un pas glissa sur la
route. Roselyne releva la
tête, un homme passait
marchant très
vite, le chapeau
rabattu et le col
(le son manteau
remonté aussi
haut que possible.
— Tiens, murmura Roselyne, le
fameux monsieur
Gerrier, où va-t-il donc 7
— Là-bas, aux Bruses, bien sûr.
Roselyne ignorait les Bruses et le geste de la femme
était très vague. Alors aiguisée par une curiosité nouvelle,
elle voulut en savoir plus long :
— C'est un homme qui finira en prison, déclara-t-elle
â'un ton péremptoire.
— En prison 1 mon Dieu, est-ce bien vrai, j'ai entendu
dire ça à la Mure, mais je ne l'ai pas cru : M. et
Mme Yériot sont des personnes si bien I
— C'est-à-dire qu'ils font tous les
5. ...en ce moment des choses pas très honnêtes et que, le jour
où on les arrêtera, vous ne vous en tirerez pas facilement, car
on vous traitera comme une complice.
— Ce n'est pas possible, je n'ai rien fait.
— Si, vous m'empêchez de sortir. Vous les
aidez doue à me cacher
ce gu'ils font.
Ji!i
illllillltHUltllt
6. Ayant jeté une peur salutaire dans l'esprit de la r<^
pauvre Ernestine, la fillette n'insista pas. Elle
espérait seulement que la surveillance de sa geôlière
se relâcherait et que, enfin, elle pourrait quitter la
Solitude et explorer la montagne.
Elle voulait absolument connaître ces terrains
gui s'appelaient les Bruses, elle voulait voir elle-même ce qu'on y faisait.
En pénétrant dans le Yestibule du manoir, elle aperçut une bêche et une pioche posées
dans un coin.
\>Çlle les contempla en silence,
"^■c-* instruments servaient sûrement à M. Yériot, et il avait commis l'imprudence
ne pas les ranger en rentrant.
Que cherchait-on à coups de bêche dans ces landes incultes où rien ne pouvait
pousser?
(A. suivre.)
N- 19 (iei)
© Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image
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Le crépuscule a jeté son
voile sur toutes choses. A
côté de la place du VieuxMarché, à Bouen, la prison
n'offre aux regards qu'une
masse sombre. Elle est sinistre, cette prison, avec
ses hauts murs crénelés et
sa lourde porte bardée de
fer.
,
Cependant, dans un étroit
et humide cachot, Jehanne
s'est endormie pour la dernière fois. Par un _excès_ de
cruauté, ses tortionnaires
l'ont chargée de chaînes ;
mais l'angélique visage de
cette vierge de dix-neuf ans
toute sa sérénité !
Jehanne dort!... Et son rêve
duit, non point sur les champs de bataille, non point à Orléans qu'elle a délivré, ni même à Reims où l'onction sainte
a fait du gentil dauphin Charles, le roi
de France, mais sur la route de Domrémy, son pays natal.
Voici, groupées autour du clocher, les
petites maisons au toit de chaume ou de
tuiles roses... Voici l'atbre sous lequel
elle s'abritait quand, pour la première
fois, ses voix lui parlèrent... Voici le
champ du vieux voisin qui lui contait
de belles histoires quand elle était petite
fille!...
Sur la route, Jehanne se hâte car,
déjà, elle aperçoit l'humble demeure où,
si Dieu veut, elle va, pour toujours, retrouver les siens.
A côté du vieux puits, le chat dort et
c'est à peine si ses yeux s'entr'ouvrent
quand les pieds de Jehanne font rouler
les pierres. Le cœur de la douce guerrière
se serre... Serait-elle devenue une étrangère que,-^e reconnaissent pas même les
animaux familiers?... Mais un joyeux
aboi résonne, un chien s'élance, le chien
fidèle avec qui elle a tant couru dans
l'herbe parsemée des gaies fieurettes du
prin.temps !
Lentement, tant<elle est émue, Jehanne
pousse la porte de sa vieille maison. Près
de l'âtre, seule, sa mère est penchée sur
la- toile qu'elle achève de filer.
— Mère !...
— Oh! Jehanne... ma Jeannette!... Tu
nous reviens donc!...
Deux bras l'étreignent et, durant un
instant, le silence n'est rompu que par
le bruit des tendres baisers maternels.
•—■ Mon père?... jNles frères?... interroge Jehanne.
— Tout à l'heure ils seront là ! Grande
sera leur joie, mon enfant!... Ils ont
tant craint .pour tes jours quand, sous
l'armure, tu bataillais contre les Anglais !
— En sa sainte garde Dieu m'a eue,
mère. C'est Lui qui m'a conduite et inspirée. Lui qui m a menée à la victoire,
Lui qui a fait triompher les fleurs de
lys et a rendu au gentil dauphin son
royaume !...
'Douce et simple comme autrefois,
Jehanne s'est assise aux pieds d'Isabelle
Romée. ,
— Mère, parlez-moi des gens d'ici...
La vieille Catherine?...
— Elle dort sous les pervenches, au
cimetière...
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— Oh ! fait tristement Jehanne. Et
Guillaume?
— Il est tombé devant Patay !
Pour la seconde fois, Jehanne se signe.
— Il nous attend à la droite du Pere.
Car celui-là est sauvé qui a donné sa vie
pour son pays !...
Un long silence succède à ces graves
paroles !... L'héroïque jeune fille, redevenue l'humble pastoure, n'ose plus
interroger... Que de deuils en ces années
terribles !
Mais elle secoue ces tristes pensées et,
le sourire aux lèvres au souvenir des
amies de son enfance, elle demande :
Le bûcher
s'élève...
— Mengette n'a point quitté Domrémy ?
— Non... La bonne petite, souventes
fois, est venue égayer ma tristesse... Et
le dimanche, au Bois-Chenu, elle répète
ton nom devant l'image de Notre-Dame.
— Chère Mengette!.. Cela m'est doux
qu'elle ne m'ait point oubliée!... Ditesmoi... Hauviettef...
Un brave garçon de chez noua
l'épousa l'an dernier, et hier, il lui est
né un fils !...
— Un fils !... J'en suis moult heureuse !
— On lui a donné nom : Jehan, pour
l'amour de toi!... Tu seras sa marraine,
Jeannette !...
Jehanne bat des mains, transportée
d'allégresse.
— Un enfantelet à aimer, à bercer !...
Cher angelot, je lui veux apprendre à
aimer Dieu et à servir son roi !...
Loin, bien loin est le souvenir des
souffrances endurées, des heures de doute
et d'angoisse, des triomphes éclatants!
Ce petit Jehan qui vient de naître
comme pour l'accueillir, c'est le symbole
de la vie nouvelle, modeste et heureuse,
qu'elle va mener au foyer retrouvé.
— Mère, où est ma cotte rouge de paysanne? Je m'en veux revêtir!... Votre
Jeannette est là pour vous aider |jà tourner la laine, à filer le lin, à faire la
lessive!... Maintenant, pour vous, a
sonné l'heure du repos! C'est moi qui'
travaillerai pour vous épargner toute
fatigue... Et le dimanche, au Bois-Chenu,
j'accompagnerai Mengette et montrerai
à mon filleul l'arbre des Fées!...
Jehanne dort !...
Tandis qu'elle goûte ces douces chimères, sur la place, maintenant toute
noire, quelques torches fumeuses jettent
une clarté blafarde. ■ Des ombres ^ s'agitent. Des hommes d'armes, à l'allure
sinistre dans cette demi-obscurité, apportent des fagots; lentement, le bûcher
s'érige. Par instants quelques coups de
marteau résonnent lugubrement dans le
silence nocturne. Encore quelques fagots,
et les hommes se retirent, osant à peine
regarder l'épouvantable machine!
L'aube se lève à l'orient, éclairant le
lieu du supplice et l 'estrade des juges,
déjà dressée. Une légère rumeur se fait
entendre. C'est la populace qui ne veut
rien perdre de l'odieux spectacle !
Dans sa cellule, Jehanne dort toujours,
son beau visage irradié par la douce
vision !...
Tout à l'heure les bourreaux la viendront chercher et briseront, sans le savoir, le rêve qui a embelli ses derniers
instants.
BEBIRAND DE SIVEAÏ.
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0° ^-^r ç
La Lhice et sa i^omipag
Une lice élaut sur son terme.
Et 1"' -ucliant où mettre un fardeau si pressant.
Fuit SI bien qu'à la fm sa compagne consent
A lui prêter sa hurle, où la lice s'enferme.
Au bout de quelque temps sa compagne revient.
La lice lui demande encore une quinzaine;
ijcs petits ne marchaient, disait-elle, qu'à peine.
^ l'our faire court, elle l'obtient.
Le second terme échu, l'autre lui redemande
Sa maison, sa chambre, son lit.
La lice cette fois montre les dents, et dit:
n Je suis prête à sortir avtc toute mu. liaude
Si vous pouvez ntjus mettre hors, n
Ses enfants étaient déjà forts.
Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le rePour tirer d'eux ce qu'on leur prête, (grette :
Il lout que l'on en vienne aux coups;
Il faut plaider, il i'aut combattre.
Laissez-leur prendre un pied chez vous.
Ils en auront bientôt pris quatre.
Nous pouvons procurer à nos lectrices le
carré « La lice et sa compagne «,
n* 738, mesurant o m. 275^0 m. 275, dfssi :'C
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Des tabliers pour tous les âges
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chronique de mode fut, ces dernières semaines,
consacrée aux jolies robes créées pour vous, petites
amies, en vue de la saison pnntanière. Nous parlerons
aujourd'hui des coquets tabliers chargés de les protéger quand
vous restez à la maison.
Aussi élégants que la plus élégante de vos robes, les
tabliers nouveaux n'ont plus rien du sarrau disgracieux
d'autrefois que vos grand'mères revêtaient avec quelque répugnance... Joli dans ses couleurs, taillé dans un tissu lavable, mais
très souple, le tablier d'aujourd'hui ne montre plus cette coupe
toujours semblable qui en faisait un uniforme pratique ceites,
mais fort peu seyant. Aussi varié dans sa forme que dans ses
garnitures, il est bleu pâle, rose, rouge, et se fait dans toutes les
couleurs que la mode propose pour vos plus fraîches robes d'été.
Les toiles de Vichy, unies ou filetées, les cretonnes, les
percales à bouquets, sont surtout employées à la confection
des tabliers modernes que l'on désire pratiques et lavables.
Pour d'autres, réservés aux grandes occasions, tabliers très
fantaisie pour les dimanches et l'heure du thé au jour de
maman, des tissus plus légers, tels que le taffetas, la toile de
soie, le voile de coton uni ou imprimé, sont alors admis. Brodés
en soie ou en laine, garnis d'applications de fleurs ou de motifs
réappliqués, de ruchés, de volants, ces tabliers coquets sont
façonnés et élégants autant qu'il convient à leur destination.
Mais nous parlerons surtout
aujourd'hui, chères petites
amies, de ceux plus pratiques
que vous revêtez chaque jour,
après la classe, ou, le jeudi,
1S5151. Syhaine.
100783. Mi<jae«e.
155152. France.
quand vous aidez vos mamans
à la cuisine ou au ménage.
Rien n'est plus pratique pour les travaux de la maison, qu'il s'agisse de cuisine,
lavage ou nettoyages, que le tablier-blouse que vous montre Miquette. Cette blouse
longue, très enveloppante, facile à mettre puisque boutonnée en avant, protège
parfaitement la robe dont elle peut même tenir lieu quand il fait très chaud. Taillée ici
en percale à larges Ccirreaux, elle peut aussi être faite en toile de Vichy unie, bleu pâle
ou rose, tissu si facilement lavable, qui la rend plus seyante encore.
Plus élégant est le tablier de Sylvaine qui, avec ses manches courtes, a l'air d'une
petite robe. Taillé en cretonne à fond bleu pâle imprimé de fleurs roses, il s'orne à
l'encolure, aux manches et aux poches d'une bordure de toile rose unie.
Le tablier de France est exécuté en tissu fileté bleu clair et foncé. Une ceinture de
cuir verni marine resserre la taille et lui donne un genre assez classique, le désignant
comme tablier de classe pour les écoles ou pensions où le noir n'est pas de rigueur.
Annie, qui semble si fière d'être admise à porter à sa sœurette malade son déjeuner
matinal, nous semble être une bien coquette infirmière avec son tablier à bretelles en
percale blanche semée de grosses pastilles rouges. Entièrement encadré d'un liséré de
percale rouge vif, ce joli tablier se complète de poches et d'un large ourlet de même tissu.
ROSELYNE.
jfoTRE
Métrages: 155151,
100783.
1 55 1 52;
155145.
pour
pour
pour
pour
5 à
11 à
8à
11 à
7 ans,
13 ans,
1 0 ans,
13 ans,
1 ™55
2'"90
2"M0
1 "M 5
en 0"80.
en 0"^80.
en 0™80.
en 1 mètre.
Ces tabliers existent en Patrons-Modèles, aux âges indiqués, avec métrage, plan,
explications, croquis d'exécution et de montage, franco : 2 fr. 25 ; Etranger, 3 fr. 25.
227
32!
32
33Z32Ï
351
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32:
155145. Annie.
351
32E
Demandez partout les LAINES et les SOIES WELCOMME MORO " Le Fil Enchanté ", marque déposée
W 19 (481)
Recevoir à dîner l'oncle et la tante
Colombin, ce n'était pas rien !
Javotte fronça le sourcil et passa une
sévère revue de son petit ménage.
Quel gentil tout petit ménage !
Un ménage de quinze jours, tout
battant neuf comme un joujou sortant
de sa boîte.
Rien ne paraissait avoir été touché
jamais... Sauf Thorloge, don du {^randpère ÎMadou, qui était une très vénérapie horloge pleine d'expérience, enrouée
à force de sonner les heures.
Brillaient sur le dressoir, au soleil
d'automne, douze assiettes à fleurs rouges et bleues, deux pichets d'étain. .
Et, le tiroir ouvert, vous eussiez vu.
rangées en bon ordre, bien alignées, six
cuillers également d'étain et six fourchettes.
Javotte pouvait recevoir à table.
Elle battit des mains, riant d'avance
au bel effet du couvert dressé sur la nappe
de toile aux plis raides, trop neuve, la
soupe fumant au milieu.
La soupe, diantre ! Un effarement se
peignit sur la figure en pomme de la
petite ménagère...
Et dans quoi, sur la table, fumerait
la soupe, je vous le demande? Puisqu'il
n y avait point de soupière à la maison!
Non, point de soupière !
La mère de Javotte avait dit:
— C'est déjà beaucoup d'argent dépense... Remettons à plus tard d'acheter
la soupière.
Alors, simplement, Javotte emplissait
leurs deux écuelles, celle de Christophet
son mari, et la sienne, à la marmite. Et
c etMt très bien ainsi.
Mais il n'en pouvait aller de même
a-^'ec les parents de Christophet, l'oncle
^oiombm si imposant, la face entre les
ûeux pointes de son faux col, et la tante
une vraie dame, à chaîne d'or et à pendants d'oreilles.
Le n'était point là du monde à traiter
■imsi, a la bonne franquette...
Alors? Alors?
=n
son souci, Javotte s 'en fut
au jardin comme si elle attendait de
nlnT'°? ^°"seil et assistancé des oiseaux
ptp . nt dans le pommier, des abeilles
afiairees autour de leur ruche.
Malheureusement, les oiseaux n'interrompirent point leurs chants pour si peu,
et les abeilles continuèrent a se presser
à la porte de leur château de paille,
comme si de rien n'était.
Javotte s'assit, pour voir plus clair à
son aiïaire, sur une grosse citrouille, la
plus grosse de son jardin, d'un jaune si
vif qu'il tournait au rouge... Javotte
s'assit, et:
— Couic I...
Le petit lutin Jememêledetout, furieux,
se dressa devant elle, comme un aspic
sur sa queue.
—• En voilà un toupet ! s'écria.t-il, de
quel droit te permets-tu de t'asseoir sur
ma maison?
•—• Votre maison?
— Oui,
ma maison ! J'habite la
courge. Elle est à moi !
— Ah! dit Javotte, je vous présente
toutes mes excuses, je ne savais pas...— Alors, si tu ne savais pas, je ne
..et que voit-elle, fumant au milieu,
de la table ?...
puis plus t'en vouloir. Quelle figure ta
fais!... Il arrive quelque chose de fâcheux ?
— Il arrive l'oncle et la tante Colombin et je n'ai pas de soupière pour servir
la soupe...
— Vrai? Eh bien! c'est facile: il faut
en acheter une.'
— Les marchands sont à la ville.
— Prête-moi ton âne. Je grimpe dessus, je galope et je te rapporte une soupière, tout ce qu'il y a de mieux en fait
de soupière !
Javotte dut avouer, confuse, qu'elle
n'avait point d'argent pour un achat
aussi considérable.
— Flûte! ne put retenir Jememêledetout, Et à quelle heure arrivent tes
gens: l'oncle et la tante Colombin?
— Mais bientôt... tout à l'heure! Ils
passent, s'en allant à la foire, et ne s'ar
rêteront que le temps de dîner.
— Nous voilà dans de beaux drapsV
D'ici à tout de suite se procurer une
soupière, sans un sou pour l'acheter '.
Depuis que je me mêle de tout je n'ai
pas encore rencontré d'affaire si épineuse. Enfin, attends, je vais réfléchir...
— C'est que je n'ai guère le temps
d'attendre, petit homme de mon cœur.
Je dois m'occuper du dîner. Il n'y a
déjà point de soupière, si par-dessus le
marché il n'y avait point de soupe...
— Ce serait la fin de tout ! déclara
Jememêledetout. Ça donnerait de toi une
mauvaise opinion à l'oncle et à la tante
Colombin. Ils trouveraient que Christophet n'a pas fait un bon choix... Va-t'en
donc vite plumer et trousser, moi je vais
rêver à notre soupière.
Javotte courut souffler sûr les braises.
Elle pluma, troussa, fit tout au mieux
pour offrir tout à l'heure un repas présentable, mit la table...
Je voudrais que vous eussiez vu le joli
couvert : les assiettes fleuries et les étains
luisants !
Malheureusement, au 'milieu, cette
place vide: la place de la soupière...
Entre temps, elle retournait au jardin
retrouver Jememêledetout, assis sur une
rave, la tête dans ses mains, ainsi qu'un
vrai penseur.
•—• Eh bien? demandait-elle, .vous est-il
venu une idée?
— Pas la queue d'une ! rageait Jememêledetout. Mais, patience ! ça va venir !
Quand je me mêle de quelque diose, il
faut que ça aboutisse !
Javotte retournait lever le couvercle
de la marmite, et Jememêledetout continuait de bon cœur à se tarauder la cervelle.
— Eh bien? revint s'informer Javotte,
cette fois toute tremblante. Dépêchezvous, petit homme si bien intentionné,
mes gens vont arriver !
— Apporte-moi un grand couteau ! répondit Jememêledetout d'un ton si farouche qu'elle put croire que de dépit il s'en
voulait transpercer.
Elle lui apporta son plus grand pouteau. Et l'on entendit dans le même instant une carriole s'engager sur le chemin
de traverse.^ Comme jamais voiture ne
venait par là, il n'y avait point à hésiter : Javotte courut faire accueil à l'oncle et à la tante Colombin.
Des baisers sur le seuil et des : « Comment ça va-t-il? » et : « Avez- vous fait
bonne route? »
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© Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image
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Christophet surgit à son tour. Il huma
vers la porte et dit: «Ça sent bon!...
Vous allez voir, tante Colombin, quelle
bonne cuisinière est ma Javotte ! »
Aïe ! Aïe ! voici venu le temps de servir la soupe...
Javotte, consternée, se retourna... et
que vit-elle, fumant au milieu de la
table? Une soupière d'un jaune éclatant
qui ne manquait certes point d'originalité...
— Tiens ! lui dit Jememêledetout a
voi.x basse avant de s'éclipser. Je t'ai
apporté la moitié de ma maison... Ce
n'est pas pour tout le monde que j'aurais fait un pareil sacrifice !
Il avait coupé sa citrouille par le milieu, avait proprement évidé une des
deux moitiés et, mon Dieu ! cela faisait
une soupière comme une autre, moins
banale, assurément.
Ce fut l'avis de l'oncle Colombin, et
Javotte entendit la tante qui disait à
l 'oreille de Christophet :
— ïa femme n'est point de ces gens
qu'on prend sans vert ! Elle a l'esprit
d'à-propos et se tire d'affaire ingénieusement.
— Et puis, dit encore l'oncle, c'est
une soupière qui ne se tasse pas et d'une
si riante couleur qu'elle vous réjouit les
yeux !
Us louèrent beaucoup les talents culinaires de Javotte, la taçon dont le ménage était tenu, se félicitèrent de leur
nouvelle nièce... On voyait qu'ils l 'adoptaient dans leur cœur.
Christophet se redressait, tout fier.
Au moment du départ, l'oncle et la
tante embrassèrent Javotte sur les deux
joues... Des baisers si sonores que Jememêledetout les entendit du fond du jardin.
Le lendemain, en revenant de la foire.
LA
PERLES ET PENDELOQUES EN MIE DE PAIN
Prenez du pain frais, triturez-le pour en faire une masse
compacte, malléable (fi.i,'. 1), que vous pourrez travailler et transInrmcr en perles (li;,'. 3, 4, 5, 6, 7), percées ou traversées par des
brins de fil de fer bouclé F, (fig. i et 6), fi.1 de fer fin comme celui
(les modistes (fig. 2). Vous laisserez sécher les perles que vous aurez
laliriquées, puis vous les ripolinerez, à plusieurs couches, eu blanc
bleuté, eu corail, vert jade, rouge, jaune, noir, etc. Purs vous les
assemblerez en combinaisons intéressantes, pour bordures (fig. 8, !t),
(;u eu pendeloques (fig. 10 et 11), pouvant être employées dans
ditt'ércuts travaux.
LIiSETTE
OOofl
ils firent un crochet jusqu'à la maisonnette, mais cette fois sans s'arrêter, sans
descendre de voiture, juste le temps
de remettre aux mains de Javotte une
superbe soupière au gros ventre brilli
tout fleuri de fleurs rouges et de fleiiis
bleues.
De plaisir, Javotte devint aussi roane
que les premières, quand elle plaça au
milieu du dressoir cet objet inagnifique
— Hein ! fit Jememêledetout, te voilà
bien fière!... IMaintenant, tu vas faire li
de ma soupière... Ce n'était pas la [leiiis
que je te sacrifie la moitié de ma liuij.
son !...
— Mais je n'en fais pas fi, , mon tlier
petit homme ! Elle m'a rendu trop grand
service pour cela ! Cette belle-la,_ c'esl
pour figurer sur le dressoir et servir au.î
jours de fête... La tienne servira tous
les jours, en sorte que je me souviendiï
toujours de toi !
PIMPRENELLK,
QUESTION
DES
CISEAUX
Prenez une pointe, un bout d'allumette, etc., et partez d'uno des
branches des ciseaux A. Suivez ensuite cl. par le bout de la poinle,
vous arriverez à un autre ciseau. Eu suivant; la branche qui fait .snile,^
vous passerez au suivant, etc., etc. Pour jiaii-ner. il faut aboutir iiiinc
des pointes des ciseau.x B. Afin d'avoir le droit de passer d'un ci^oaiià
un autre, vous ne devez pas sauter d'intervalle, mais passer li'i
ponite dans une boucle. Autrement, ce sciait tricher !... En K^IU
il faut partir de A pour arriver en B !...
LE DJICH OU
DES BRIGANDS
pour un jeu 'Le Djich"
valable
jusqu'au
18
mai
1930
LISETTE
OOooooooooooooooooooooaooooooooooooilOooooooooooooooooooooooooooooooooosooooooooooooooooooooooooooooooooooooO
arraîne rappelle à ses petites filleules
que TOUTE LETTRE demandant un'
réponse doit être accompagnée d'UN
timbre et d'UN bon remboursable.
Les lettres demandant une réponse
par courrier express doivent contenir
^EUX timbres et DEUX bons remboursables.
Libellule de la Naturby. — Mieux vaut tard
jamais ! Merci de votre aimable lettre
i m'a vivement touchée. Je suis si heureuse
penser à la joie que a Lisetl^ » apporte
aque semaine à la gentille maisonnée!
Petite fleur des Pyrénées. — L'eczéma est
e affection si tenace et "parfois si difficile
guérir qu'il faut vous adresser à un mécin, si possible à un spécialiste, qui, en plus
in traitement local, vous donnera un rêne pour votre état général. Faites cautéer vos verrues par le pharmacien. Tante
scuit est très sensible à votre bon souvenir.
Christiane G. — Il est inutile de nous enyer la solution des jeux d'esprit et devittes qui paraissent dans « Lisette ». Ils ne
nt partie d'aucun concours,
"ouris blanche. — Bravo, petite
filleule,
re lettre est encore mieux écrite que la
iiière et je vous félicite de vos progrès,
vois que vous avez été une heureuse gâ: et que vous aussi vous avez fait de jolies
rprises à tous les vôtres. Appréciez votre
nheur d'appartenir à une famille unie. Amis et merci de votre carte,
œur portugais. — Si j'ai reçu vos autres
ssives, mignonne, je vous ai certainement
ondu. Avez -vous bien regardé dans « Li? Je vous remercie de vos souhaits si
timeut exprimés pour votre cher journal.
:itiés.
ayinonde C. — Vous êtes gentille d'avoir
isé à « Lisette » et je vous remercie de
re historiette. Affectueux souvenir,
eanne C. — Les patrons ne sont pas en'és contre remboursement. Adressez votre
mande au service des patrons, accbmpad'un mandat-poste de a fr, 75. Amitiés,
"uslcienne en fleurs. — Vous avez bien fait
vous décider à m'écrire, je suis très conte de vous accueillir dans ma grande faFaites-vous des lotions avec une des
parations à base de pétrole ininflammaspéciales pour le cuir chevelu, et que
. trouverez préparées dans le commerce,
vois avec plaisir que votre fière est, lui
si, un ami fidèle de nos publications. Paravec lui mes meilleures amitiés,
etile Montpelliéraine. ~ C'est avec plaisir
je vous accueille dans ma grande famille,
fait généralement bien ce que l'on aime,
'entez-vous donc vers la dact3'lographie, si
métier vous plaît. Bonne chance et amii Tsin. — Cela m'a fait plaisir d'avoir de
nouvelles, merci de votre aimable lettre,
.^uis si heureuse de penser que mes cautes vous aident à devenir une " bonne et
'lante fillette! Votre frimousse m'est tout
ait sympathique, vous avez eu une genidée de m'envoyer votre photo,
onaparte. — Merci de votre bonne lettre,
irae votre _ franchise,, petite filleule, mais "otrp âge il faut prendre un peu sur vous
lie pas ergoter sans cesse comme, cela,
man a joliment raison de vous faire donquelques leçons. Beaucoup de jeunes filles
orent un tas de choses qui sont indîspenles pour être une femme instruite et
tivee, et j'espère que vous saurez profiter
cours que l'on vous fait. D'ailleurs,
doit être un vrai plaisir de travailler
un aussi joli bureau. Amitiés
etit angora blanc. — C'est avec plaisir
J accueille une aussi gentille filleule
• ma grande famille. Comme vous le
z> je modifie un peu votre pseudo-
Le Djich se joue avec 22 personnages
métalliques, indéformables, incassable
et parfaitement décorés.
Ces 22 personnages représentent une famille de 7 colons (père, mère, 5 enfants)
et un" Djich" de I 5 brigands
(un chef et 14 brigands).
Ce jeu, dérivé du jeu du
"Loup et des Moutons", est
aussi facile que les Dames,
mais beaucoup plus varié et plus animé ;
la variété des combinaisons dont il est
susceptible en fait l'amusement et deux
parties suffisent pour savoir jouer.
Il a sa place tout indiquée en famille,
aussi bien pour les petits que pour les
grands.
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ABO!»n*fEMElWTi
20 fr. par an.
«9<V
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© Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image
nymc. N'oubliez pas de me le rappeler toutes
les fois que vous viendrez bavarder avec moi.
Je suis heureuse que mes causettes vous
lassent
du
bien.
Votre
chemise
est-elle
réussie? Travaillez-vous aussi pour petit frère
et petite sœur?
Bijoux. — La coquetterie, mignonne, n'est
un vilain défaut que poussée à
l 'excès.
Vous devez être propre, soignée et gentiment arrangée pour faire plaisir à vos chers
parents. Pourquoi ne passez-vous pas vos
examens? Amitiés.
La Provençale. — C'est avec plaisir, mignonne, que je vous accueille dans ma grande
famille. J'espère que vous viendrez souvent
me donner de vos nouvelles et que vous me
ferez part de vos victoires sur vous-même,
car il faut absolument vous corriger de la
vilaine paresse dont vous me parlez. Avec de
la volonté ou arrive à tout, et cette volonté
est le seul moyen de triompher de votre défaut. Bon courage et amitiés au gentil trio,
avec un grand merci pour les jolies violettes
qui me sont parvenues dans la seconde missive. J'ai été très touchée de cette attention.
Les fleurs d'or. — Essayez pour vos cils la
piéparation suivante; 20 gr. de vinaigre aromatique; 10 gr. de glycérine et 2 gr. d'extrait
do jaborandi. Je ne connais la pommade
« Rosat » que pour les lèvres. On vend dans
le commerce toutes sortes de produits pour
les ongles, qui sont très bons. Evitez les liquides qui enduisent l'ongle d'un vernis brillant. C'est très laid et abîme la transparence
naturelle de la matière cornée. D'une façon
générale, petite filleule, ne faites jamais rien
en cachette de vos parents. De cette façon
vous serez toujours certaine d'agir correctement. Si cette correspondance avec une étrangère doit vous faire faire des progrès en
anglais, acceptez-la, à condition que maman
préside ,à cet échange de missives. Vous avez
un joli papier à lettres et je pense que vous
devez être une heureuse fillette, très gâtée et
un tantinet coquette! Amitiés,
Fleur d'avril. — Ces deux noms sont également jolis. Josiane serait amusant à cause
des prénoms de vos autres « filles », mais Lucienne est plus simple et plus agréable à prononcer. Merci de me dire aussi gentiment
votre affection pour « Lisette » et vôtre reconnai.ssance pour tout le bien que vous font
mes causettes.
Votre lettre m'a beaucoup
touchée. Tante Biscuit est heureuse de satisfaire la gourmandise de sa gracieuse nièce.
J'embrasse Josette, Janine et leur petite maman
Pichîcato de Tatiana. — Merci de votre
carte, je suis toujours si contente d'avoir des
nouvelles de mes petites filleules. Je pense
que re rhume n'a pas eu de suites graves.
Cœur d'exilé. — Vous avez bien fait de
vous décider à m'écrire. Je suis charmée de
connaître ma sympathique ■ filleule. Je vois
avec plaisir que vous êtes une fidèle amie de
nos publications et vous remercie de me dire
combien vous aimez les jolis romans que nous
publions. Je suis sûre que vous avez beaucoup de goût et d'habileté et que vous devenez une experte modiste. Bonne chance et
amitiés.
Madidinette. — Ne m'avcz-vous pas déjà
écrit, mignonne, il me semble que.voti^ nom
ne m'est pas inconnu? En tous cas, vous
savez avec quelle joie . j 'accueille toutes
mes petites filleules dans ma grande famille
et par conséquent vous devinez, sans peine,
que vous êtes la bienvenue. J'espère que vous
passerez avec succès votre certificat d'études,
car vous devez être en avance, votre lettre
étant fort bien écrite^pour une gentille bonne
femme de votre âge. Soyez sérieuse et raisonnable, pour donner le bon exemple aux
chers petits qui viennent- après vous, et partagez avec eux mes meilleures amitiés.
L. E. — Inutile de nous envoyer la solution
des jeux d'esprit, ils ne font partie d'aucun
conçours.
Fidèle je suis. — J'espère, petite amie, que
vos inquiétudes sont passées et que votre
papa a pu. reprendre sa place à votre foyer.
Oui, vous avez raison, c'est dans ces moments
d'angoisse que l'on sent toute la place occupée par ceux qui nous sont chers. La façon
dont vous me parlez de vos impressions me
révèle la délicatesse de vos sentiments. Du
courage, mignonne, travaillez avec cœur, ce
sera le meilleur moyen d'être heureuse, La
vie au grand air a bien ses charmes et vous
êtes mieux au milieu des champs et des bois
qu'enfermée entre les quatre murs d'une
usine. Je pense souvent à vous
et serai
contente de connaître votre pays. Amitiés.
MARRAINE.
Les manuscrits 11c sont pas rendus, Qîi *ils aient
été acceptes ou refusés.
15
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LE BRACELET PERDU
16
«ç.
Sous le hailc multicolore qui l'enïeloppe, la petite Arabe s'en va d'un...
JCZI}=
...pas souple et léger. Ella
a relevé un des pans de
son ïêtement et s'en cache le bas du visage, ne
laissant apercevoir que
deux grands yeux noirs où
toute la lumière du soleil
s'est enclose. Adossée à la
boutique du pâtissier où
elle vient de goiîter en
compagnie de sa vieille
bonne, Madeleine la regarde passer avec plaisir ;
elle admire les fines attaches, l'allure élégante de
la fillette. Brusquement,
celle-ci revient sur ses pas
et, penchée vers la terre,
semble chercher quelque
chose. « Qu'avez- vous
perdu I demande la jeune
Française en s'approchant. — Un bracelet... Oh! 'pourvu que
je le trouve !. » Le haïk a glissé et découvre un pauvre petit visage bouleversé
par l'angoisse. « Comment est-il 1 Je vais le
chercher avec .vous... En métal précieux,
sans doute?... — Non, il n'a que peu de...
Des larmes coulent des grands
yeux. Doucement,
Madeleine l'interroge. En un français assez pur,
l'enfant explique
qu'elle a eu envie
de mettre ce bracelet au bras, ne
fût-ce qu'une fois,
pourse faire admi. \ rer de ses amies 1
I
I \ En cachette, elle
l'a pris dans le
coSret où il était
enfermé I Mais, si
la seconde femme
de son père s'aperçoit de sa disparition, la pauvre
Lala sera battue
et privée de nourriture. «Vous avez été trop coquette, petite 1...
f
Elle va s'éloigner... Mais Madeleine
a saisi le mince pçignet brun : c Vous
feriez cela, petite Lalal... Vous accuseriez une innocente?... C'est très mal de
mentir?.,. Dussions-nous en souffrir,
nous devons toujours dire la vérité 1 Que
penseriez-vous d'une compagne qui agirait envers vous comme vous voulez
agir envers Sarah ? »
Le gérant:
JEAN LUGARO.
...dit Madeleine avec bonté. Ne
vous désolez pas, pourtant I...
Nous allons peut-être le retrouver I > De concert, les...
...fillettes recommencent leurs recherches, aidées de
la vieille Benoîte, j
( On dirait uneA
tresse, a déclaré^
l'enfant, une large
tresse dorée I »
Toutes trois parcourent la rue et
les ruelles avoisinantes, hélas.sans
résultat !... Tout ,
à coup, Lala sèche ses larmes et
redresse la tête
d'un air décidé:
(Tant pisl... Je
dirai à ma bellemère que je n 'ai
rien pris et ce sera
peut-être SaraJi.sà
servante, qu'elle
accusera... Merci
Lala baisse la tête !.,. Sa conscience peu
éclairée ne lui impose pas, comme à Made ;,v
leine, la droiture et la sincérité! Cependant elle comprend que son intention est
coupable: «Alors... le serai battue! murmure-t-elle... Et pendant tout un long jour,
je n'aurai, pour me soutenir, qu'un peu
d'eau dans une cruche! — Non, vous ne
serez pas battue, Lala. Je connais, à deux
pas, un marchand qui vend des bracelets
comme celui que vous venez de décrire. Je
vais en acheter un que vous replacerez vite
dans son coffre. Mais,en retour...
.. ... ...
...valeur... Mais la forme en est jolie!.,
Et ma belle-mère y tenait tant I î
m'avoir aidée 1
...promettez-moi que vous direz toujours la vérité désormais ! » De grand
cœur, la petite Arabe fait sa promesse,
puis elle baise avec ferveur la main de
la douce et généreuse Française 1 Tiendra-t-elle son serment?... En tout cas,
Madeleine a jeté une petite lueur dans
l'âme enténébrée, avec l'espoir gue
cette flamme ne s'éteindra pas I
*•>
Imp. de Montsouris, y, rue Lemaignan, PARIS (XIV*). — R. C. Seine 53S79. — N* 19
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