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Indifferent or Just Different? The Political and Civic Engagement of Young People in Canada Tracer la voie pour une participation des jeunes à la vie civique et politique Brenda O’Neill Professeure agrégée Université de Calgary Résumé Juin 2007 Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques 214 – 151, rue Slater, Ottawa (Ontario) K1P 5H3 Tél. : 613-567-7500 Site Web : www.rcrpp.org Ce document de recherche fait partie d’une série de six documents préparés dans le cadre du projet des RCRPP sur le Renouveau démocratique, Tracer la voie pour une participation des jeunes à la vie civique et politique. Tous les documents de recherche et le rapport de synthèse de ce projet sont accessibles depuis le site Web des RCRPP à l’adresse www.rcrpp.org. Les titres des six documents sont énumérés ci-dessous : 1. A Group Apart: Young Party Members in Canada – Lisa Young et William Cross 2. Indifferent or Just Different? The Political and Civic Engagement of Young People in Canada – Brenda O’Neill 3. The Meaning of Political Participation for Indigenous Youth – Taiaiake Alfred, Jackie Price et Brock Pitawanakwat 4. Rendre compte et soutenir l’action bénévole des jeunes – André Thibault, Patrice Albertus et Julie Fortier 5. The State and Potential of Civic Learning in Canada – Kristina R. Llewellyn, Sharon Cook, Joel Westheimer, Luz Alison Molina Girón et Karen Suurtamm 6. “What Do You Mean I Can’t Have a Say?” Young Canadians and Their Government – André Turcotte Les auteurs assument l’entière responsabilité des observations et des conclusions contenues dans ces documents. Élections Canada a contribué financièrement à la préparation de ce document de recherche. Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques et Élections Canada © 2007 Résumé Dans ce rapport, nous présentons une analyse exhaustive de la documentation actuelle portant sur la participation des jeunes à la vie civique et politique au Canada afin de déterminer l’état actuel des connaissances dans ce domaine et de faire ressortir les lacunes qui demeurent au niveau de la recherche. Nous concluons en présentant un ensemble de considérations en matière de politique visant à augmenter la participation des jeunes. Les jeunes Canadiens affichent une forme de participation à la vie civique et politique qui diffère de celle des autres Canadiens. Ils sont moins susceptibles que les autres Canadiens d’exercer leur droit de vote et d’être membres de partis politiques et de groupes d’intérêts, ils s’intéressent moins aux affaires politiques et ils connaissent moins bien la politique. Les jeunes Canadiens ne sont toutefois pas indifférents à l’égard de la politique. Au contraire, ils affichent des niveaux de participation significatifs à des activités politiques non traditionnelles – signer des pétitions, boycotter et manifester leur appui – qui sont semblables à ceux des autres Canadiens. Ils sont aussi plus enclins que les autres Canadiens à participer à des démonstrations politiques, à faire du bénévolat et à être membres d’un groupe ou d’une organisation. Au lieu d’être indifférent ou apathique, leur engagement est tout simplement différent. Des chercheurs ont laissé entendre que le type d’engagement des jeunes est le reflet d’un virage en faveur de formes d’activités plus individualisées et plus privées, qui est attribuable en partie à leur niveau plus poussé de subtilité politique et de mobilisation cognitive. Leur retrait relatif à l’égard des formes traditionnelles d’engagement politique pourrait être attribuable au caractère hiérarchique, à long terme et relativement insatisfaisant de ces activités. De nombreuses explications ont été apportées pour caractériser la forme de participation des jeunes Canadiens. En dépit de la hausse des niveaux de scolarité, le niveau des connaissances politiques ne semble pas s’être accru parmi les générations récentes, ce qui s’est traduit par l’absence d’une participation plus poussés. Le fait d’accorder moins d’attention aux actualités a aussi été mentionné comme une explication possible du déclin de la participation aux activités politiques traditionnelles. D’autres font état du rôle des médias qui découragerait la participation; la faute se situe peut-être davantage au niveau du choix du contenu et du format de la couverture médiatique plutôt qu’à l’attitude même des jeunes. La documentation existante a aussi mis en relief et souligné l’importance qu’exercent l’éducation civique et l’éducation d’une façon plus générale sur la participation à la vie politique. La socialisation politique a été évoquée de nouveau à cause du rôle qu’elle remplit dans le processus de développement des convictions politiques, des valeurs et des comportements des jeunes. Le postmatérialisme et la mobilisation cognitive représentent deux importants changements à l’échelle de la société qui ont retenu l’attention en tant qu’explications possibles des formes d’engagement modernes. La question de savoir si les campagnes électorales récentes ont négligé d’aborder les enjeux que les jeunes jugent importants et qu’en conséquence, on peut les blâmer pour ne pas avoir réussi à les mobiliser, demeure une explication contestée. On a aussi fait allusion à l’échec d’organisations comme les partis politiques dans leurs efforts en vue d’encourager la participation des jeunes. En s’appuyant sur une analyse de la documentation existante sur l’engagement des jeunes, nous avons pu déterminer que les domaines de recherche suivants méritent une attention plus poussée : 1 • L’interaction qu’exercent d’autres caractéristiques identitaires sur la forme que prend l’engagement civique et politique des jeunes. (Parmi ces caractéristiques figurent les suivantes : situation socioéconomique, sexe, statut d’Autochtone, origine ethnique, statut d’immigrant et statut de minorité visible. La mesure dans laquelle ces caractéristiques identitaires diffèrent en fonction des dimensions rurales-urbaines et régionales au Canada est aussi une question qui n’est pas très bien comprise.) • Les liens entre l’engagement civique, l’engagement politique traditionnel et l’engagement politique non traditionnel. (Des questions demeurent sans réponse concernant lequel de ces comportements déclenche les autres, s’il y a lieu, et dans quelle mesure des activités d’un type s’ajoutent au lieu de remplacer des activités d’un autre type.) • La mesure dans laquelle le rôle des organisations, du système politique et des médias encourage ou décourage la participation des jeunes. • La mesure dans laquelle le rôle de l’éducation civique et de la connaissance des services encourage ou décourage la participation des jeunes. • La socialisation politique et, notamment, le rôle que jouent la famille, les groupes de pairs et les associations dans le développement de l’intérêt à l’égard de la politique, des connaissances politiques et des activités politiques. • Le virage en faveur de nouvelles formes d’engagement individualisées et privées, ainsi que le virage connexe au niveau de la conceptualisation du statut de citoyen parmi les générations plus jeunes. • Le rôle que jouent les nouvelles technologies de l’information et des communications – cellulaires et Internet – au niveau de l’expression, de l’activisme et de l’engagement politiques des jeunes. • L’attention à accorder à la façon dont les choix méthodologiques et les modèles traditionnels d’engagement politique pourraient empêcher les chercheurs de percevoir l’évolution de la nature et des mécanismes relatifs à l’engagement parmi les jeunes. Enfin, nous attirons l’attention sur les considérations suivantes sur le plan des politiques : • Les politiques visant à influencer l’engagement des jeunes doivent éviter le piège de s’appuyer sur un cadre « uniforme pour tous ». Parmi les jeunes Canadiens, on trouve des femmes, des Autochtones, des immigrants, des minorités visibles, des gens pauvres et des personnes moins scolarisées qui font face à des ensembles précis de difficultés, ce qui rend particulièrement difficile la tâche de tenir compte de leurs désavantages respectifs en matière de participation. • Des preuves laissent croire que les jeunes Canadiens sont peut-être en voie de s’orienter vers des actions politiques axées sur des résultats de nature individualisée au lieu de se retirer complètement d’une participation à la vie politique. Un tel virage ouvre la possibilité que les mesures de politiques prises par les institutions politiques représentatives soient moins susceptibles de refléter leurs valeurs et leurs aspirations. Dans ce contexte, les responsables des politiques ne doivent pas négliger l’importance d’inculquer aux jeunes Canadiens le désir et la motivation de participer aux activités politiques et électorales. • Il faut encourager les jeunes Canadiens à participer à des activités politiques axées sur des résultats de nature individualisée. Par exemple, les politiques visant à aider les organismes bénévoles dans leur recrutement, leur organisation, leur développement et leurs autres fonctions permettent d’augmenter le nombre d’avenues propices à l’engagement. 2 • Les gouvernements devraient procéder à un examen introspectif en vue de déterminer dans quelle mesure il est possible que les institutions et les processus ne « s’adressent » désormais plus aux citoyens les plus jeunes et qu’ils peuvent même les dissuader de participer. Pour les jeunes cognitivement mobilisés, les processus formels et les organisations hiérarchiques de la politique représentative ne leur offrent que très peu en termes de satisfaction et de pratiques axées sur des résultats. Dans la mesure du possible, des structures de participation à la prise de décision devraient être adoptées, soutenues et mises en place sans restrictions. Cette stratégie entraîne nécessairement la cession d’une certaine marge de pouvoir politique mais elle s’accompagne aussi d’une foule d’avantages sous la forme de citoyens engagés, renseignés et impliqués. • L’éducation civique s’avère un mécanisme efficace, peut-être même le plus efficace, pour s’attaquer aux lacunes en matière de connaissances politiques et de compréhension des responsabilités publiques associées au statut de citoyen. On devrait faire une priorité de la nécessité de répondre aux besoins des éducateurs dans leur tentative d’assumer cette responsabilité. • Les familles constituent un agent de base de la socialisation politique en ce sens qu’elles diffusent directement et indirectement des renseignements et des connaissances politiques, qu’elles transmettent des convictions et des valeurs concernant le système politique et qu’elles peuvent représenter des modèles d’engagement politique. Les gouvernements devraient inclure les familles en tant qu’agents importants dans le contexte des politiques visant à faciliter la participation des jeunes. 3 Remerciements Nous, les RCRPP, tenons à exprimer notre appréciation aux organismes suivants qui ont fait une contribution financière et en nature au projet : Laidlaw Foundation Élections Canada Ressources humaines et Développement social Canada Gouvernement de la Saskatchewan, Department of Culture, Youth and Recreation Conseil canadien sur l’apprentissage Gouvernement de la Nouvelle-Écosse, Nova Scotia Youth Secretariat Fireweed Democracy Laboratoire en loisir et vie communautaire (LLVC), Université du Québec à Trois-Rivières, en collaboration avec la Table de concertation des Forums jeunesse régionaux du Québec Ce projet a aussi tiré avantage des réflexions et des conseils collectifs des membres du Groupe consultatif du projet (GCP). Nous voulons également les remercier d’avoir assisté (à titre d’observateurs) à l’Atelier de travail des jeunes du 7 mars et d’avoir participé à la Table ronde du 16 mai. Le GCP était composé des membres suivants : Rick Anderson, Fireweed Democracy Uttara Chauhan, Élections Canada Jennifer Corriero, TakingITGlobal Nevin Danielson et Spencer Roberton, gouvernement de la Saskatchewan, Department of Culture Youth and Recreation Violetta Ilkiw, Laidlaw Foundation Peter MacLeod, The Planning Desk Andrew Medd, Canada 25 Melinda Morin, Aboriginal Youth (Saskatchewan) Deborah Pellerin, gouvernement de la Nouvelle-Écosse, Department of Education Daryl Rock et Deborah Monette, Conseil canadien sur l’apprentissage Tom McIntosh, Université de Regina Nous remercions aussi les évaluateurs anonymes des documents, les jeunes participants à l’Atelier de travail des jeunes du 7 mars et les participants à la Table ronde du 16 mai pour leurs commentaires et leurs suggestions utiles. Nous transmettons aussi un merci bien spécial à Larry Booi, (membre du conseil d’administration) du Conseil canadien sur l’apprentissage, pour ses réflexions et ses conseils supplémentaires. 4