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LES AUTRES THÈMES
EFFLUENTS VINICOLES
Les effluents vinicoles
résultent d’une activité
agroalimentaire saisonnière où l’essentiel de la
pollution est rejeté sur
trois à quatre mois à partir
des vendanges. En
moyenne, un volume donné
d’effluents viticoles est
près de dix fois plus
polluant que le même
volume d’effluents urbains.
Chaque litre de vin produit
générant une pollution
organique de 8 à 12 g de
DBO, on estime que les
effluents vinicoles
représentent chaque
année une pollution
équivalant à 10 millions
d’E.H. Comment traiter
efficacement ces effluents
au meilleur coût ? Cet
article tente de répondre à
ces questions.
KWI
Effluents vinicoles : quelles
filières de traitement choisir ?
Pierre Serpolet
ABSTRACT
Vine-growing effluents:
which treatment lines
do you choose?
Vine-growing effluents are produced by a seasonal agro-food activity where the essential part
of new pollution is dumped over a period of
three to four months after the wine harvest. On
average, a given volume of vine effluent pollutes
almost 10 times more than the same volume of
urban effluent. Every litre of wine produced
generates organic pollution of 12g of DCO ; it
is estimated that Vine-growing effluents represent, every year, equivalent pollution of 10 million E.I. How do we treat these effluents efficiently at the lowest cost? This article attempts
to address these questions.
a filière vinicole utilise de grandes
quantités d’eau. On estime que la production d’un hectolitre de vin
entraîne une consommation moyenne de 1 à
2 hectolitres d’eau dans une fourchette
allant de 0,5 à 10 hectolitres d’eau selon les
chais. Cette consommation intervient lors
des différentes étapes du processus d’élaboration du vin, de la vinification à la mise en
bouteilles avec une nette prépondérance des
eaux de lavage du matériel, des locaux,
etc…
La pollution contenue dans ces effluents
provient soit des composants même du raisin (rafles, sucres, acides, alcool, polyphénols), soit des eaux de nettoyage, soit des
composants qui interviennent dans le processus de vinification (média filtrants ou
colles) ou bien encore d’effluents comportant des produits de nettoyage, voire de
détartrage. À l’exception de cette dernière
catégorie, tous concourent à faire de la
L
matière organique la principale source de
pollution. Fortement biodégradable, elle
provoque le développement de microorganismes qui consomment l‘oxygène de l’eau à
l’origine d’effets dévastateurs sur le milieu.
Collectés pour être traités en station d’épuration municipale, leur concentration en
DCO est la cause de nombreux dysfonctionnements. On estime en effet que les effluents
vinicoles sont environ 10 fois plus concentrés que les effluents urbains ! L’acidité de
ses effluents engendre également des phénomènes de corrosion dans les réseaux.
Ces particularités sont renforcées par le
caractère éminemment saisonnier de ces
effluents : au cours des vendanges, les
charges atteignent des valeurs extrêmes, qui
décroissent ensuite jusqu'à à la fin de l’année pour s’établir à un niveau quasi-nul pour
les élevages de courte durée. Pour les chais
élevés en barriques, la production d'effluents est moins irrégulière.
N° 290 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES
- 25
Flygt
Vaslin Bucher propose un procédé de traitement biologique “extensif”, de type de stockage aéré avec un traitement sur massif de sable.
La pollution est concentrée sur les périodes de vendanges et de vinification. Le traitement est effectué tout au long de l’année.
L’impact de l’activité vinicole sur l’environnement est donc très important. Il est à l’origine de contraintes réglementaires très
strictes qui sont fonction de la capacité de
production des chais.
Des contraintes réglementaires
très strictes
Le contexte réglementaire propre à chaque
catégorie de ces établissements fait partie
des contraintes. La tendance est que la
filière vinicole intègre de plus en plus le
domaine industriel. Car le décret du 29
décembre 1993 a intégré l’activité vinicole
dans la nomenclature des ICPE sous la
rubrique N° 2251 « préparation et conditionnement des vins ». Depuis, les établisse-
ments vinicoles se répartissent en trois catégories:
- lorsque que leur capacité de production est
supérieure à 20.000 hl/an, les installations
sont soumises au régime d’autorisation des
ICPE.
- Entre 500 et 20.000 hl/an, ils sont soumis au
régime de déclaration des ICPE;
- En dessous de 500 hl/an ils ne relèvent pas
du régime des installations classées mais
restent soumis à plusieurs textes parmi lesquels le règlement sanitaire départemental.
Le contexte étant réglementaire étant posé,
il convient de choisir une filière de traitement susceptible de satisfaire aux exigences
de la réglementation tout en étant adaptée
aux contraintes techniques de chaque éta-
blissement. Avant ceci, des mesures préventives indispensables doivent être mises en
place pour limiter la production d’effluents
en amont.
Comme il n’existe pas de solution universelle, le choix d’une technique de traitement
doit reposer avant tout sur une étude
détaillée de la situation et des contraintes
propres à l’établissement. Pour ceci, la première étape visant à caractériser la charge
polluante et ses volumes est primordiale.
Caractériser la charge polluante
et ses volumes
On ne le dira jamais assez, la première des
actions à entreprendre pour réduire la quantité d’effluents à traiter consiste à agir sur la
Prétraiter les effluents pour un traitement
centralise en station d’épuration communale
Flygt
À Saint-Julien Beychevelle, dans le
médoc, 21 propriétés vinicoles
occupent 55 % de la surface
disponible.
En 1996, après recommandations
de l'Agence de l'Eau, les élus ont
choisi de partir sur un projet d'assainissement traitant l'ensemble
des effluents produits sur la commune. Coût de l'opération : 2,6 M€ pour
1.200 EH en domestique, et 13.000 EH
en viticole.
Au terme d'une
étude confiée à la
DDAF de la Gironde,
il a été décidé de
mettre en place deux
réseaux distincts de collecte, dans
une tranchée commune. Sur le site
choisi pour la station d'épuration,
on trouve donc deux filières distinctes de traitement biologique,
permettant de réguler et neutraliser
l'effluent vinicole avant traitement.
Le dispositif fait appel à une quinzaine de stations préfabriquées TOP
fournies par Flygt, équipées cha-
26 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - N° 290
cune de 2 pompes submersibles
Flygt. L'opération a été rendue possible par la constitution d'un GIE qui
a financé les 8 km de canalisations,
les stations de pompage et la filière
d'épuration propre aux effluents vinicoles, soit au total 450.000 €.
Sur chaque propriété, l'effluent vinicole est tamisé,
décanté, et fait l'objet de contrôles pour
en vérifier la conformité avec la convention de rejet. Une
convention spécifique a été signée
afin que les propriétés participent équitablement aux frais
d'exploitation. Le
premier avantage pour les viticulteurs est d'ordre économique :
l'équipement de chaque propriété
aurait en effet coûté plus de
150.000 €.
De plus, la station d'épuration communale a été implantée dans une
zone basse, impropre à la culture
de la vigne, épargnant ainsi le
patrimoine foncier.
consommation d’eau. Pour ce faire, des
solutions existent. Les réseaux d’évacuation
communs aux eaux pluviales et aux eaux de
lavage que l’on rencontre aujourd’hui encore
dans la plupart des chais doivent être séparés. Autre piste, la conception des chais doit
rendre plus facile la gestion et l’utilisation de
l’eau. La récupération de sous-produits valorisables (bourbes, lies, marcs) permet également d’alléger les charges transmises aux
process de traitement. Enfin, il est absolument indispensable de sensibiliser le personnel pourfaire émerger une prise conscience
liées aux conséquences de nouveaux comportements adaptés aux économies d’eau.
Ces démarches engagées, il convient de
choisir les dispositifs adaptés de traitement.
De nombreux facteurs doivent être pris en
compte. Ceux-ci sont d’ordre techniques
(volume et charge des effluents, capacité ou
non de stocker les effluents avant traitement), environnementaux (contraintes de
rejet, situation de l’exploitation) ou encore
économiques (coûts d’investissement mais
aussi coûts de fonctionnement), aides éventuelles, etc… Pour satisfaire à l’ensemble de
ces contraintes, bon nombre de techniques
de traitement se sont développées ces dernières années pour le traitement des
effluents vinicoles. S’il n’existe pas de solution universelle, les techniques proposées
sont suffisamment vastes pour trouver le
bon compromis technico-économique entre
le volume de stockage, le dimensionnement
du dispositif et la fiabilité de la filière.
On distingue traditionnellement les traitements discontinus plutôt adaptés aux
volumes d’effluents moyens ou faibles, des
traitements continus plutôt dévolus aux
volumes d’effluents élevés.
Michael Paetzold
Station d'épuration du château Lafite Rotschild à Pauillac.
Les traitements discontinus: des
volumes moyens ou faibles
À condition d’être mis en œuvre dans de
bonnes conditions, l’épandage est une
méthode économique qui permet une bonne
épuration des effluents vinicoles. Cette
méthode mise sur la capacité épuratoire du
sol. L’épuration s’opère grâce à la transformation de la matière organique par les
micro-organismes présents dans le sol en
éléments assimilables par les cultures. La
difficulté liée à cette technique est de trouver des parcelles réceptrices, d’autant que la
réglementation impose qu’une même parcelle soit soumise à l’épandage qu’une fois
tous les trois ans.
Le stockage aéré est une autre technique de
traitement qui permet d’abattre la DCO pendant la période de stockage. Ce traitement
convient bien au traitement des effluents
vinicoles dès lors que la production des
effluents est limitée dans le temps et que la
capacité du bassin peut contenir l’ensemble
du volume annuel produit. Euralis Vignes
dans le sud-ouest a développé cette technique notamment en travaillant sur la ges-
Ternois
Procédé à boues activées construit par Ternois Environnement à la cave du Bourdic (Gard).
tion des rejets en lits plantés de roseaux en
partenariat avec la SINT. Cette activité a été
rachetée par Agro Environnement depuis
2003 et compte actuellement 50 références
parmi lesquelles le château Clarke, propriété
de la compagnie vinicole Baron de Rotschild, les Domaines Rémy Martin ou le Château d'Angludet à Margaux. Cette activité a
fait l'objet d'une extension pour le traitement de vinasses fin 2005. Vaslin Bucher
propose par ailleurs deux solutions spécifiquement destinées au traitement des
effluents vinicoles, basées sur le principe du
stockage aéré dont la société est l’un des
pionniers puisque ses premières réalisations
datent de 1977.
La première solution est destinée aux caves
autonomes, la seconde, collective, s’adresse
aux Coopératives d’utilisation de matériels
agricoles (CUMA) regroupant plusieurs viticulteurs géographiquement proches. Le procédé Vaslin Bucher, qui s’apparente à un
traitement biologique extensif est issu des
résultats d’un projet Fair Craft “Clean Oenology” dans lequel Vaslin Bucher a collaboré
avec huit partenaires européens, dont les
sociétés Purflo-Calona et Flygt, avec la participation d’organismes tels que le CIVC et le
CSTB (France), le SLFA (Allemagne) et l’INCAVI (Espagne). La pollution est concentrée
sur les périodes de vendanges et de vinification. Le traitement est effectué tout au long
de l’année. Aujourd’hui, cette société
compte plus de 50 installations en service
dont un tiers à l'étranger, principalement en
Espagne et au Portugal, mais également en
Amérique latine. Elle met en œuvre le même
procédé sur le traitement des vinasses de
distilleries dans la région de Cognac ainsi
qu'aux Antilles françaises.
Selon un schéma testé sur ces 50 installations, chaque station de traitement comN° 290 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES
- 27
KWI
KWI a réalisé une quinzaine de stations d'épuration dans le domaine vinicole. Avec des
particularités intéressantes comme celle mise en œuvre pour Château Giscours qui a consisté à
développer un procédé biologique à capacité variable.
ment station préfabriquée;
• Pompes de servitudes, de nettoyage automatique des sondes, etc…
Sodev propose un process similaire qui se
complète d’un rejet sur filtre planté de
phragmites: en fin de process, les eaux sont
envoyées sur un filtre à sable planté de
phragmites qui retient les MES résiduelles.
Labaronne Citaf propose également un traitement par stockage aéré, via son procédé
Mérou ®Viti, créé
pour répondre aux
contraintes
des
petites et moyennes
propriétés vinicoles.
Il s’agit d’un procédé
rustique, adapté au
rythme de l’élaboration des vins, d’utilisation simple pour
Nucleos
porte les équipements suivants:
• Aération du stockage: 1 ou 2 pompes Flygt
C 3085 ou 3102 + hydro éjecteur;
• Pompe de recirculation du réacteur au
bassin : 1 ou 2 pompes Flygt DP 3067 ou
3085 (+ compresseur d’aération);
• Pompe d’injection sur filtre à sable: 1 ou 2
pompes immergées 5” inox;
• Pompe de relevage de la cave vers la station: 2 pompes Flygt C ou D plus éventuelle-
des non-spécialistes de l’épuration permettant de rejeter l’eau traitée dans les milieux
naturels sensibles avec des coûts d’investissement et de fonctionnement maîtrisés. Ce
procédé est suivi par l’Agence de l’eau
Rhône - Méditerranée - Corse (RMC) depuis
l’année 2001. Le Mérou®Viti est une alternative intéressante entre le béton, relativement
coûteux en investissement et en entretien et
la lagune (risques de chutes et de nuisances
olfactives, impact visuel…).
L’évaporation naturelle ou forcée constitue
également deux procédés de traitements
intéressants. Le premier est peu répandu car
trop largement dépendant des conditions climatiques. Le second a donné lieu à des développements intéressants. Traditionnellement, les systèmes de concentration d'effluents aqueux par évaporation naturelle
sont basés sur l'utilisation de bassins peu
profonds et étendus. La dimension de ces
bassins est peu compatible avec la croissance des besoins et surtout la rareté des
surfaces disponibles. Pour remédier à ce
problème, Irrigaronne a conçu Nucleos, un
système basé sur l'évaporation naturelle, qui
accélère le processus et réduit l'espace
occupé pour un prix de revient intéressant.
L’effluent est projeté sur une importante surface d’échange. La ventilation mécanique
accélère le processus d’évaporation. L’effluent excédentaire retourne au bassin de
stockage. Avec ce procédé, environ 95 % de
l’effluent est évaporé; Il ne reste qu’à gérer
les 5 % de concentrât, boues liquides qui
peuvent être déshydratées ou valorisées en
agriculture.
Sodev propose un procédé similaire avec
Nucleos est un système basé sur l'évaporation naturelle, qui accélère
le processus et réduit l'espace occupé pour un prix de revient
intéressant. Aux Caves de Valflaunes (34), 14 panneaux traitent
environ 5 000 m3/an d’effluents vinicoles.
28 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - N° 290
SCM Tecnologie
SCM Tecnologie propose une gamme étendue d’équipements d’aération répondant à
une grande variété de besoins d’oxygénation
dans le domaine des effluents vinicoles.
une pulvérisation des effluents sur une
maille en polypropylène.
Les traitements continus: des
volumes plus importants
Les traitements biologiques aérobies font
intervenir un traitement continu avec séparation de la phase d’aération et de décantation. Ils sont généralement utilisés dans les
caves de grandes capacités. Le procédé se
suffit à lui-même lorsqu’en raison de la
concentration initiale des effluents, il y a
plusieurs réacteurs en série. Il se caractérise
par de bons rendements avec une élimination de 98 % sur la DCO, 99 % sur la DBO5 et
98 % sur les MES.
Plusieurs prestataires proposent aujourd’hui
des équipements et services basés sur ces
procédés et spécialement dédiés au traitement des effluents vinicoles. C’est par
exemple le cas de la société Michael Paetzold qui conçoit et construit des stations
d’épuration vinicole individuelles ou collectives, en assure la gestion tout en garantissant la qualité des rejets. C'est aussi le cas
d'Agro Environnement : «Nous avons développé en traitement continu des systèmes
intégrés dans des cuves en matériaux composites, explique Pierre-Yves Rioual d'Agro
Environnement. Ces systèmes, brevetés,
sont généralement enterrés. La première
propriété a avoir installé un système de ce
type pour obtenir un agrément des administrations est le château Cheval Blanc à
Saint Emilion. A ce jour, 180 propriétés
nous ont suivis dans le Sud-ouest de la
France et en Espagne, parmi lesquelles
Calon Ségur et les propriétés de l'INRA qui
possède deux propriétés en Gironde ».
De son côté, Alba Environnement a développé des stations containérisées dont une
dizaine fonctionnent actuellement en
France : dans un container préfabriqué en
béton les équipements (roue, clarificateur,
armoire électrique, pompes…) sont montés
en usine. Ceci permet une économie de
génie civil importante. Ce procédé est
constitué par un rotor immergé au 3/4 présentant à sa périphérie des modules en polypropylène. Grâce à ceux-ci, le rotor assure à
lui seul le brassage et l’aération du bassin
biologique, tout en servant de support à une
culture fixée. La rusticité et la simplicité du
procédé le rendent bien adapté au traitement des effluents vinicoles. Une station de
ce type a été installée pour traiter les
effluents vinicoles du Château Mont-Redon
à Châteauneuf du Pape (84) dont la production annuelle avoisine les 6.000 hl de vin
avec un volume annuel d’effluents de
500 m3/an, une charge maximum en DCO de
17.000 mg/l et en DBO5 de 10.000 mg/l. Les
performances épuratoires de la station ont
permis de ramener la concentration en
DBO5 à 100 mg/l, la concentration en DCO à
300 mg/l et la concentration en MES à
35 mg/l. Ce procédé est adapté pour des
chais de 4 à 10.000 hl. Au delà du container,
pour les plus grandes capacités, les rotors
seront de plus
grande taille et installés dans des bassins réalisés sur
mesure. La cave des
Vignerons catalans
(embouteillage de
400.000 hl/an) a été
équipée d'une station Alba Environnement en 2005.
À noter qu’Alba
Environnement propose également le
procédé breveté,
FGR, un procédé de
traitement
des
effluents par filtration gravillonnaire à
recirculation, constitué par une virole
remplie de granulats
d’une porosité particulière, qui sert de
support à une biomasse qui va dégrader la pollution. Une
dizaine d'installa-
tions sont en service ou en cours de réalisation. Ce procédé a été suivi par L’Agence de
l’Eau RMC en 2001. Mais le procédé FGR
travaille de façon discontinue, uniquement
durant les phases d'activité au sein de la
cave. Il n'y a pas de gestion de boues. Il est
bien adapté pour les caves de 500 à
3-4.000 hl
De son côté, Aderbio Développement propose des unités compactes et modulables
- STBR 1 (effluents vinicoles) et STBR 2 intéressantes lorsque la dispersion des
exploitations rend rédhibitoires les coûts de
raccordement aux stations de traitement
collectives. À partir de la fosse de stockage
tampon, désormais obligatoire, dans laquelle
on opère un prétraitement, l’effluent est
repris à un rythme compatible avec la succession d’opérations de traitement : digestion bactérienne aérobie, précipitation,
décantation et filtration, en cuves séparées.
La société Ternois Environnement propose
quant à elle trois technologies pour traiter
les effluents vinicoles : la traditionnelle
boues activées dont un exemple est donné
par la station de la coopérative du Bourdic
dans le Gard, la technique SBR pour des
petites caves (moins de 10.000 hl) comme à
N° 290 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES
- 29
La technologie Proveo de Naskeo Environnement traite des vinasses de distillerie issues
de la distillerie de Peyriac-de-mer (Aude 11).
En régime stationnaire, l’installation fonctionne durablement sur ce digesteur avec
une charge organique appliquée supérieure à
30 kg de DCO / m3/jour avec des
rendements épuratoires supérieurs à 80 %.
Naskeo
donc passer d'une quantité de biomasse de
3 g/l x Volume du bassin / 2 à une quantité
de biomasse de 6 g/l x Volume du bassin
complet. Une fois les vendanges terminées
et le bassin tampon vidé, on peut alors revenir progressivement à un fonctionnement
hors saison.
Depuis le rachat d’Agrochem, fin 2004, Fairtec s’intéresse également au traitement des
effluents vinicoles sur des exploitations de
moyennes ou grandes capacités. Cette
société qui figure parmi les leaders dans le
domaine du traitement des levures de
vinasses et des déchets des distilleries, dispose en effet de toutes les technologies
nécessaires (biologiques, membranaires,
évapo-concentration, cristallisation…) pour
s’implanter sur ce marché et y proposer des
solutions adaptées, y compris dans le
domaine de la méthanisation.
30 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - N° 290
Du côté des traitements anaérobies, la
méthanisation est également appropriée au
traitement d’effluents vinicoles car elle permet d’abattre la DCO avec des rendements
élevés. D’autre part, cette technique permet,
si besoin est, un arrêt du réacteur pendant
plusieurs mois sans inconvénient majeur.
L’épuration s’effectue par des microorganismes anaérobies qui transforment la
charge polluante en méthane, dioxyde de
carbone et biomasse.
La distillerie de Thouarce, qui ne souhaitait
plus réaliser l’épandage de ses effluents
Phytorem
la coopérative de Passy Grigny en Champagne et la technique UASB qui met en
œuvre des granules anaérobies et qui est en
cours de construction chez Champagne Pannier à Château Thierry.
KWI qui conçoit et réalise des stations de
traitement des effluents industriels et
urbains a également réalisé une quinzaine de
stations d'épuration dans le domaine vinicole. Avec des particularités intéressantes
comme celle mise en œuvre pour Château
Giscours qui a consisté à développer un procédé biologique à capacité variable. La station est constituée de deux bassins (1 bassin
tampon et 1 bassin biologique). Hors
période de vendange, le bassin tampon est
vide et le bassin biologique fonctionne en
SBR à mi-volume. Ceci permet de maintenir
une quantité de biomasse juste suffisante
pour traiter les effluents de l'année (embouteillage, soutirage...) et donc de garantir le
rendement sans surconsommation d'oxygène puisque la quantité de biomasse est
réduite.
En période de vendange, le bassin biologique est progressivement rempli et la biomasse adaptée à la nouvelle charge alors
que le surplus est stocké dans le bassin tampon. Ainsi la quantité de flux polluant est
parfaitement contrôlée. Le remplissage progressif du bassin biologique permet de
garantir les normes de rejet et l'adaptation
de la biomasse à la nouvelle charge. On peut
La méthanisation, un process
adapté au traitement des
effluents vinicoles
liquides, a par exemple récemment commandé à Proserpol une station clé en main
de traitement de ses effluents. Proserpol,
ingénierie spécialisée en traitement des
déchets liquides, a conçu un procédé en
trois phases:
• Méthanisation des effluents avec récupération du méthane produit,
• Traitement biologique aérobie, en procédé
SBR,
• Traitement physico-chimique de finition.
Ce process permet un abattement supérieur
à 99,9 % de la charge organique biodégradable contenue dans les effluents. La motivation de la distillerie de Thouarce est de
s’inscrire dans une logique de développement durable qui unit un retour sur investissement à une triple amélioration environnementale:
- Exploiter un important gisement d’énergie:
la méthanisation de la biomasse contenue
dans les effluents liquides de la distillerie
produira chaque année l’équivalent énergétique en méthane de 700 tonnes de fuel
lourd, soit une économie annuelle supérieure à 250.000 € sur la facture énergétique
de la société.
- Réduire la production de gaz à effet de
serre: le remplacement partiel du fuel lourd
comme combustible pour les chaudières,
par le méthane issu de la biomasse végétale
contenue dans les effluents, réduira les
émissions de CO2 fossile dans l’atmosphère
de plusieurs milliers de tonnes.
- Supprimer le transport des effluents : les
transports actuellement pratiqués génèrent
beaucoup de rotations d’engins agricoles
Phytorem a développé un procédé original, le Bambou Assainissement®. Station à long terme et
dispositif de goutte à goutte enterré.
Phytorem
Contre étiquette du Côtes de Provence rosé,
du domaine de la Lauzade au Luc en
Provence (83)
Une solution écologique pour les viticulteurs et
les petites communes
ERE, filiale de la branche « Eau » du
groupe lyonnais de travaux publics Serpollet
(140 M € de CA, 1000 personnes) va
étendre son concept Roseaupure sur le
plan national. Ce nouveau marché aura
deux cibles:
- Les vignerons afin qu’ils ne déversent plus
leurs fonds de
cuves dans les
s t a t i o n s
d’épuration
communales
- Les communes de
2500 équivalents
habitants
en
substitution aux
équipements
classiques.
Né de la recherche
d’un
groupe
d’universitaires de
Chambéry et commercialisé sous licence de
savoir faire par ERE depuis 3 ans,
Roseaupure présente de nombreux
avantages, à la fois écologiques et
financiers : il permet une épuration
naturelle par un filtre à base de roseaux ;
les eaux sont épurées par les bactéries qui
se développent autour des racines.
Utilisant la technique dite de lits à
macrophytes, Roseaupure combine
l’efficacité de filtres à percolation verticale
à celle de filtres à écoulement horizontal au
ERE
entre la distillerie et les lieux d’épandage. La
disparition de ces transports constitue un
progrès notable en termes de pollution
atmosphérique et de nuisances pour le voisinage.
D’autres prestataires comme Bio-Environnement ou Naskeo environnement possèdent
également une bonne maîtrise de ce process
dont les avantages, compte tenu du renchérissement des coûts de l’énergie, sont loin
d’être négligeables.
Ainsi, Naskeo Environnement a développé
en partenariat avec l’INRA la technologie
Proveo© (Procédé de Valorisation des
Effluents Organiques). Proveo© combine les
points forts de deux technologies bien distinctes : les « lits fixes » et les « lits
mobiles ». Dans un « lit fixe », les bactéries
se développent sur une structure immobile,
alors que dans un « lit mobile », elles s’accrochent à des petits supports mis en mouvement en permanence. Un réacteur pilote
industriel est en fonctionnement depuis plus
d’un an au Laboratoire de Biotechnologie de
l’Environnement de Narbonne. Il traite des
vinasses de distillerie issues de la distillerie
de Peyriac-de-mer (Aude 11). En régime stationnaire, l’installation fonctionne durablement sur ce digesteur avec une charge organique appliquée supérieure à 30 kg de
DCO/m3/jour avec des rendements épuratoires supérieurs à 80 %.
La technologie SBR (Sequencing Batch
Reactor) consiste en un traitement par
bâchée des effluents. Une cuve qui contient
les boues reçoit l’effluent à traiter, c’est la
première étape. L’aération est mise en route
et la réaction biologique de dépollution a
lieu, c’est la seconde étape. L’aération est
ensuite stoppée et les boues décantent au
fond du réacteur c’est la troisième étape (de
décantation). Lorsque les boues sont au
fond, l’étape d’élimination de l’effluent traité
commence, c’est la dernière étape. Le cycle
ensuite recommence. Les Ateliers d’Occitanie de Narbonne ont largement appliqué
cette technique avec succès. C’est environ
80 références qui ont été réalisées dans les
laiteries et dans les caves vinicoles. Pour ces
dernières, il faut compter une vingtaine de
réalisations. Cette technologie est non seulement rustique mais elle a des rendements
extrêmement intéressants.
À titre d’exemple, la cave coopérative du
Quincié dans le Beaujolais produit 32.000 hl
de vin par an. Elle a été mise en service en
1997 et traite 4,6 m3 par jour en période de
vendange (avec une DCO moyenne de
21.000 mg/l) Ce procédé est équipé de 3 bassins de stockage de 140 m3, et 3 réacteurs
biologiques de 85 m3 et deux stockages de
boues de 65 m3. Les rendements obtenus
sont les suivants: 98 % sur le DCO, 99 % sur
la DBO5 et 95 % sur les MES. Le procédé est
travers de complexes drainés et plantés de
roseaux. La combinaison des filtrations
verticale et horizontale permet un
abattement de MES, DBO5 et DCO de l’ordre
de 95% et une réduction significative du
taux d’azote, de phosphore et de bactéries
pathogènes. C’est parallèlement une bonne
alternative
économique
puisque le coût
est de 3 fois
inférieur à une
station d’épuration
c l a s s i q u e .
Roseaupure ne
produit pas de
boues et peut
garantir
une
qualité de rejets
niveau « D4 »
voire « qualité
baignade ». A la différence des systèmes
d’épuration par boues activées, la filtration
permet de transformer les matières en
suspension en compost ; il n’aura besoin
d’être enlevé que tous les 10 à 15 ans.
Depuis son lancement, 20 sites ont été
équipés dans le grand quart Sud-Est de la
France. Des recherches sont actuellement
menées sur une unité pilote pour traiter les
effluents industriels, phase d’un futur
développement de l’entreprise.
également proposé par Bio Environnement
en version cuves ou lagunes. Il combine les
avantages d’un système extensif en terme de
coût d’investissement puisque l’on économise un clarificateur grâce au mode de
conduite spécifique et aux équipements
avec les avantages d’une boue activée, c'està-dire un encombrement plus réduit.
« Le procédé SBR est intéressant pour les
toutes petites propriétés » analyse PierreYves Rioual, Directeur général d'Agro Environnement qui le met en œuvre occasionnellement. « Mais nous avons déposé un brevet
l'an dernier qui est une extension du SBR
avec possibilité de rejet des boues sur lits
plantés de roseaux ».
Enfin, des solutions éprouvées existent également du côté de la phytoremédiation.
La phytoremédiation au secours
des effluents vinicoles
Phytorem a développé un procédé original,
le Bambou Assainissement®, suivi par
l’Agence de l’eau depuis fin 2004 pour le traitement des effluents vinicoles. L’épuration
des effluents est assurée par le système {climat-sol-bambou}. Les polluants organiques
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sont dégradés par la micro faune du sol et
les éléments minéraux (N, P, K, Cu…) sont
absorbés par le bambou. Ils se retrouvent en
effet, dans le chaume du bambou qui sera
coupé à maturité et valorisé dans une filière
bois énergie ou bois matériaux. L’efficacité
du Bambou Assainissement® est supérieure
à 99 % et ce sur tous les paramètres suivants
(DCO, DBO, MES, N, P et Cu).
Elle a été démontrée par un comité scientifique comprenant l’INRA, l’IMEP/CNRS et la
Chambre d’Agriculture des Bouches du
Rhône grâce à un suivi rapproché portant
sur le compartiment {eau - sol - bambou}.
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Chaque station Bambou Assainissement®
est conçue sur mesure. Elle comprend une
capacité de stockage de 5 jours de production d’effluents en pointe afin de ne pas
épandre par temps de pluie et un dispositif
de répartition homogène des effluents sur la
plantation de bambous.
Le domaine de Sulauze à Miramas (13) a
choisi un dispositif de goutte-à-goutte souterrain, tandis que le domaine de la Verrière
au Crestet (84) a préféré un épandage par
micro-aspersion sur trois terrasses végétalisées et distinctes.
Les eaux usées d’habitations proches ou des
bureaux peuvent également être traitées.
Contrairement aux systèmes classiques, le
Bambou Assainissement® permet d’avoir
zéro rejet hydrique par temps sec et le
dimensionnement va permettre d’accepter
une augmentation graduelle de la production de vin.
Enfin, le Bambou Assainissement® permet
aux producteurs d’ajouter une valeur ajoutée environnementale au vin et d’être un
acteur à part entière du développement
durable comme le démontre le Domaine de
la Lauzade dans le Var (83) et sa nouvelle
contre-étiquette du millésime 2005. ■

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