Le tourisme en Turquie

Transcription

Le tourisme en Turquie
Hérodote 2007- 4 (n° 127)| ISSN 0338-487X | ISSN numérique : en
cours | ISBN : 978-2-7071-5355-5 | page 89 à 102
Distribution électronique Cairn pour les éditions Éditions La Découverte. ©
Éditions La Découverte. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf
accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par
photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans
une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et
de quelque manière que ce soit.
Le tourisme en Turquie : de la manne
financière aux changements de mentalités
Laurent Mallet
RESUME — Le tourisme est devenu, en quelques années seulement, un
secteur majeur de l’économie turque. Cette croissance ininterrompue ne
s’est pas faite sans mutation, en particulier depuis la fin des années 1990.
La Turquie s’est ouverte à d’autres pays émetteurs de touristes que la
seule Europe occidentale et le tourisme national connaît lui-même un
essor jusqu’ici méconnu. Aujourd’hui le secteur est à la croisée des
chemins: l’offre doit être améliorée en termes de qualité comme de
diversité, d’autant plus que les acteurs du tourisme turc – à commencer
par l’État – envisagent un doublement des entrées de touristes sur le sol
turc d’ici 2013. Le tourisme international reste cependant une activité
tributaire de l’image du pays à l’étranger, qui est par ailleurs en
concurrence avec des pays disposant d’offres similaires. À ce titre, le recul
enregistré en 2006 montre bien la fragilité du secteur. Enfin le tourisme
est aussi un enjeu politique interne notamment en ce qui concerne
l’aménagement du territoire, mais aussi en termes d’évolution des
mentalités. Un pays n’accueille pas sur son sol 22 millions de touristes –
bientôt 40 millions – sans que cela n’ait des conséquences sur le rapport
au monde qu’entretient une société, ou une partie de cette société.
Le tourisme est devenu, en quelques années seulement, un secteur majeur
de l’économie turque. Cette croissance ininterrompue ne s’est pas faite
sans mutation, en particulier depuis la fin des années 1990. La Turquie
s’est ouverte à d’autres pays émetteurs de touristes que la seule Europe
occidentale et le tourisme national connaît lui-même un essor jusqu’ici
méconnu. Aujourd’hui le secteur est à la croisée des chemins: l’offre doit
être améliorée en termes de qualité comme de diversité, d’autant plus que
les acteurs du tourisme turc – à commencer par l’État – envisagent un
doublement des entrées de touristes sur le sol turc d’ici 2013. Le tourisme
international reste cependant une activité tributaire de l’image du pays à
l’étranger, qui est par ailleurs en concurrence avec des pays disposant
d’offres similaires. À ce titre, le recul enregistré en 2006 montre bien la
fragilité du secteur. Enfin le tourisme est aussi un enjeu politique interne
notamment en ce qui concerne l’aménagement du territoire, mais aussi en
termes d’évolution des mentalités. Un pays n’accueille pas sur son sol 22
millions de touristes – bientôt 40 millions – sans que cela n’ait des
conséquences sur le rapport au monde qu’entretient une société, ou une
partie de cette société.
ABSTRACT — In a few years only, tourism has become a major sector of
activity in the Turkish economy. This steady growth did not happen
without a mutation, in particular since the late 90s. Turkey has reached
to countries emitting tourists other than Western Europe and national
tourism is showing a growth unseen before. Today the sector is at the
crossroads: the offer must be improved in terms of quality as well as
diversity, even more because the actors of Turkish tourism, the State for
starters, foresee double the number of entries of tourists on the Turkish
soil from now to 2013. International tourism remains nevertheless an
activity tributary of the country’s image abroad, which is also in
competition with other countries with similar offers. And the decline in
2006 shows this shakiness. Finally tourism is also an internal political
stake especially in what concerns territory development, but also in
regards to the evolution of the mentalities. A country does not welcome on
its soil 22 millions of tourists, soon 40 millions, without consequences on
the relationships with the world or within a society.
In a few years only, tourism has become a major sector of activity in the
Turkish economy. This steady growth did not happen without a mutation,
in particular since the late 90s. Turkey has reached to countries emitting
tourists other than Western Europe and national tourism is showing a
growth unseen before. Today the sector is at the crossroads: the offer
must be improved in terms of quality as well as diversity, even more
because the actors of Turkish tourism, the State for starters, foresee
double the number of entries of tourists on the Turkish soil from now to
2013. International tourism remains nevertheless an activity tributary of
the country’s image abroad, which is also in competition with other
countries with similar offers. And the decline in 2006 shows this
shakiness. Finally tourism is also an internal political stake especially in
what concerns territory development, but also in regards to the evolution
of the mentalities. A country does not welcome on its soil 22 millions of
tourists, soon 40 millions, without consequences on the relationships with
the world or within a society.